Aller à la dérive
« C'est pourquoi nous devons porter une plus grande attention aux choses que nous avons entendues de peur que nous nous écartions » (Héb. 2 : 1)
Le promeneur qui a perdu la bonne orientation pour traverser une forêt, ou le navigateur qui part à la dérive sur la mer, pourraient illustrer la perte morale que réalisent ceux qui ne portent pas une attention suffisante aux choses qu'ils ont entendues.
Petit à petit, du bon chemin, on « glisse loin ». Spirituellement, il n'y a pas de mort subite. Le défaut qui, au début, n'est qu'un petit travers, une chose bien pardonnable en apparence, deviendra, s'il n'est pas jugé, une fâcheuse habitude, un mauvais penchant, une vraie passion, et conduira à la chute fatale.
Qui peut douter de la bonne volonté de Simon Pierre ? « Nous avons tout quitté et nous t'avons suivi » (Marc 10 : 28). Lui-même n'en doutait pas puisqu'il peut dire au Seigneur Jésus – et cela bien qu'ayant été averti de sa faiblesse : « Je laisserai ma vie pour toi » (Jean 13 : 37). Il avait pourtant rendu un beau témoignage : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matt. 16 : 16). Mais il avait dû aussi s'entendre dire : « Va arrière de moi Satan, tu m'es en scandale » (Matt. 16 : 23). Il suivit « de loin » son Maître enchaîné (Marc 14 : 54) ; puis, par trois fois, il renia le « Saint et le Juste ».
Propre volonté non jugée, et même plus ou moins cultivée, qui conduira à la chute, d'où seule la grâce infinie saura le faire remonter.
Valons-nous davantage que Simon Pierre ? L'ennemi n'aura-t-il aucune prise sur nous ? Inutile d'énumérer les travers qui sont en nous, chez l'un ceci, chez l'autre cela. Chacun, à la lumière de la présence de Dieu et dans la contemplation de l'Homme parfait, guidé par la Parole, peut juger son coeur : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur, éprouve-moi et connais mes pensées, et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139 : 23-24).
Démas avait aimé le présent siècle (2 Tim. 4 : 10). Il avait abandonné l'apôtre et aussi le bon chemin.
Qu'avait-il pu trouver dans le monde d'alors ? Sans doute le monde actuel est-il encore plus séduisant qu'à cette époque ? Mais le coeur de Démas, son « présent siècle mauvais » (Gal. 1 : 4), c'est notre coeur, c'est notre siècle. « Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde » (1 Jean 2 : 16). Rien n'est changé. La parole de Dieu est comme son auteur : toute puissante et tout aussi vraie qu'au premier siècle.
L'exhortation de l'apôtre : « ne soyez pas sages à vos propres yeux » (Rom. 12 : 16), amène à l'humilité et au jugement du moi ; jusqu'à la fin ce moi revendique ses droits, et a donc besoin d'être continuellement mis de côté.
En moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite aucun bien (Rom. 7 : 18) ; et c'est ce moi laissé à lui-même qui est la source de bien des péchés, de bien des malheurs. Ainsi l'amour de l'argent (la cupidité) est de l'idolâtrie (Col. 3 : 5) ; le goût de l'alcool, « le vin et le moût, ôtent le sens » (Osée 4 : 11) ; de même, les choses les plus nobles pratiquées sans mesure ou avec passion peuvent être des motifs d'égarement ou de chute. Veillons ! Le sommeil spirituel (Prov. 6 : 10), le relâchement moral, ouvriront la porte à la langue sans bride, à l'esprit de querelle, à la calomnie (Jac. 3), au mensonge.
Arrêtons-nous avant de contraindre le Maître à nous faire passer par des épreuves disciplinaires et purificatrices. Le « prends garde » est toujours de saison : « Que celui qui croit être debout prenne garde qu'il ne tombe » (1 Cor. 10 : 12). Il n'est pas debout : il croit l'être !
Veiller, prendre garde, écouter dans l'humilité... voilà le moyen d'avancer avec assurance.
« C'est pourquoi, bien-aimés, étudiez-vous à être trouvés sans tache et irréprochables devant Lui en paix » (2 Pier. 3 : 14).
D'après H. Al. – article paru dans « Feuille aux jeunes »