LES SOUFFRANCES DU SEIGNEUR JÉSUS (1)
Extraits de méditations
Introduction
Les souffrances de l’homme de douleurs dans son corps, dans son cœur, dans son âme
Une question de Jérémie qui s’adresse aussi à nous
Le sujet que nous proposons d'aborder est à la fois très vaste et très précieux.
Un sujet très vaste
Il y a tant de pages dans l'Ecriture où il est question des souffrances de Christ : que ce soit sous une forme symbolique (pensons, par exemple, à tout ce qui nous est dit des sacrifices du Lévitique) ; que ce soit par l'Esprit prophétique dans les Psaumes ; que ce soit d'une manière historique par les descriptions des souffrances du Seigneur dans les Evangiles.
On peut dire que la Parole entière nous parle des souffrances de Christ, « l 'Homme de douleurs, sachant ce que c'est que la langueur » (Es. 53 : 3). Et quand Il enseigne lui-même les deux disciples d'Emmaüs au chapitre 24 de l'évangile de Luc, Il pose cette question : « Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances et qu'il entre dans sa gloire ? ». Puis, « commençant par Moïse et par tous les Prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Ecritures, les choses qui le concernent » (v. 26-27). Comme nous aurions aimé être là, n'est-ce-pas, pour entendre de la bouche même de notre adorable Sauveur ce qu'Il a enseigné, ce soir-là, aux deux disciples d'Emmaüs au sujet de son chemin de souffrance !
Un sujet très précieux
Nous pouvons bien, au début de ces méditations, exprimer le désir que, conduits par le Saint Esprit, ce soit toujours nos cœurs qui soient touchés et qu'il n'y ait rien d'intellectuel dans la méditation des souffrances de notre bien-aimé Sauveur, qu'il s'agisse de celles qu'Il a supportées durant son chemin ou de celles qu'Il a rencontrées sur la croix et plus particulièrement les souffrances expiatoires des trois heures de ténèbres. Rien ne touche autant nos cœurs et n'affermit nos affections pour Lui que la méditation de ses souffrances. Et pourquoi ? - Parce qu'elles sont le témoignage de l'amour qui L'a conduit dans un tel chemin.
Un sujet précieux parce que, pour parler d'abord de ses souffrances expiatoires, elles constituent le fondement même de notre salut, de notre délivrance de la puissance de Satan et de toutes les bénédictions que nous possédons en Christ. C'est par ces souffrances que notre Seigneur Jésus nous a acquis une part si glorieuse et une rédemption éternelle. Mais ces souffrances sont aussi précieuses à considérer parce qu'elles Lui sont survenues dans l'accomplissement de cette œuvre par laquelle Il a parfaitement glorifié Dieu. Certes, Il l'a glorifié tout au long de sa carrière. Il a pu dire : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre », et : « Je fais toujours ce qui lui est agréable » Jean 4 : 34 ; 8 : 29). Mais sur la croix, et particulièrement durant les heures de ténèbres, Dieu a recueilli une moisson de gloire comme Il n'en a point recueilli d'aussi belle, d'aussi éclatante, durant toute la vie d'obéissance et de dépendance de notre bien-aimé Seigneur. Vie si parfaite qu'à deux reprises Dieu a proclamé, du haut des cieux : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3 : 17 ; 17 : 5) ! Et pourtant la croix n'était pas encore passée ; il fallait encore que s'accomplisse cette heure pour laquelle Il était venu (Jean 12 : 27). Souffrances de Christ - source de joie pour nous qui savons que l’œuvre est parfaitement accomplie, que les droits de la justice et de la gloire de Dieu ont été pleinement satisfaits. Dieu n'a plus rien à exiger du pécheur repentant. Il peut l'accueillir comme un enfant bien-aimé, Il peut lui conférer cette relation d' « enfant de Dieu » (Jean 1 : 12) et le faire entrer dans la jouissance de toutes les grâces et de toutes les bénédictions qui en découlent. C'est sur le fondement de cette œuvre accomplie à la croix que Dieu a pu donner libre cours à son amour et à sa grâce. « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5 : 20) - oui, comme un fleuve puissant qui a tout emporté. « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8 : 1). Et ce sont ses souffrances expiatoires qui sont le fondement de toutes nos bénédictions.
Les souffrances de l’homme de douleurs dans son corps, dans son cœur, dans son âme
« Qui a cru à ce que nous avons fait entendre, et à qui le bras de l'Eternel a-t-il été révélé? Il montera devant lui comme un rejeton, et comme une racine sortant d'une terre aride. Il n'a ni forme, ni éclat ; quand nous le voyons, il n'y a point d'apparence en lui pour nous le faire désirer. Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et sachant ce que c'est que la langueur, et comme quelqu'un de qui on cache sa face; il est méprisé, et nous n'avons eu pour lui aucune estime » (Es. 53 : 1-3).
Dans son corps
Jésus a été l'homme humble, le Galiléen qui allait son chemin, assujetti à toutes les servitudes de la condition humaine : Il a ressenti la fatigue, la soif, la faim. Nous le voyons, un soir d'orage, couché à l'arrière d'une barque, dormant sur un oreiller, accablé de fatigue (Marc 4 : 37-38). Mais ces souffrances, que sont-elles comparativement à celles qu'Il a rencontrées plus tard aussi dans son corps, quand se sont manifestées la violence et la brutalité des hommes : les gifles (Marc 14 : 65b), les coups (Marc 14 : 65c), les crachats (Matt. 27 : 30 ; Marc 14 : 65a), la couronne d'épines (Matt : 27 : 29a ; Marc 15 : 17), le roseau mis dans sa main (Matt. 27 : 29b) et utilisé ensuite pour Lui frapper la tête (Marc 15 : 19), la flagellation ordonnée par Pilate (Matt. 27 : 26 ; Marc 15 : 15) et enfin le crucifiement (Matt. 27 : 35 ; Marc 15 : 24) ? Ces souffrances physiques de la croix, nous ne les oublions pas.
Dans son cœur
Les souffrances que le Seigneur a connues dans son cœur Lui ont été, nous n'en doutons pas, beaucoup plus sensibles encore. Il y a la haine, le mépris; car Il a été méprisé : « Quand nous le voyons, il n'a point d'apparence en lui pour nous le faire désirer. Il est méprisé et délaissé des hommes… il est méprisé, et n'avons eu pour lui aucune estime » (Es. 53 : 2-3). Nous l'exprimons dans un cantique :
Dans l'humilité profonde,
Suivant ton obscur chemin,
Tu fus méprisé du monde,
Toi qui lui tendais la main.
Oui, Il a connu la haine, la méchanceté, les sarcasmes. On a tordu ses paroles, Il a été épié par des agents secrets (Luc 20 : 20). Il a tout éprouvé : l'incompréhension, l'abandon des disciples – tous « l’abandonnèrent et s'enfuirent » (Matt. 26 : 56) au moment où Il aurait eu, pour parler à la manière des hommes, le plus besoin de leur présence.
Dans son âme
Nous pouvons parler aussi des souffrances de son âme - celles qu'Il a éprouvées de la part de Dieu. C'est de son âme qu'il est question dans ce même chapitre 53 du livre du prophète Esaïe : « S'il livre son âme en sacrifice pour le péché » ; « il aura livré son âme à la mort », « il verra du fruit du travail de son âme » (v. 10-12). Nous l'entendons s'écrier au Psaume 69 : « les eaux me sont entrées jusque dans l'âme » (v. 1). A ses disciples, Il dira : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu'à la mort » (Matt. 26 : 38). Et en Jean 12, à l'approche de l'heure de la croix, Il s'écriera : « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? » (v. 27). Va-t-Il demander : « Père, délivre-moi de cette heure ? ». Non, Il ajoute aussitôt : « Père, glorifie ton nom ». Et Dieu ne peut rester indifférent à une telle soumission, à un tel désir. Alors que Jésus ressentait dans son âme, par anticipation, les souffrances qu'Il allait rencontrer sur la croix, du haut des cieux Dieu proclame : « Et je l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau » (v. 28).
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Souffrances du corps, souffrances du cœur, souffrances de l'âme ! Dans l'expression « homme de douleurs » d'Esaïe 53, le mot douleurs est au pluriel comme pour bien marquer qu'aucune souffrance ne Lui a été épargnée. Et, durant les trois heures de ténèbres, aucune ressource divine ne venait en atténuer l'acuité. Il a connu la « langueur », forme de peine qui l'accompagnait sans cesse. Tel a été notre Sauveur bien-aimé, dans ce chemin où Il était entré volontairement pour glorifier Dieu et pour sauver les pécheurs perdus. Certes, nous devons nous garder, lorsque nous méditons sur les souffrances du Seigneur, d'essayer de les analyser. Nous sommes ici sur « une terre sainte » que nous devons aborder dans une attitude de saint et profond respect, selon ce qui était dit par l’Eternel à Moïse (Ex. 3 : 5) ou à Josué (Jos. 5 : 15). Les sacrifices du Lévitique sont différents, mais parlent tous d'une seule offrande, de Christ lui-même. Dans les souffrances du Seigneur, nous retrouvons des aspects divers de ces sacrifices. Mais c'était toujours la souffrance de Christ. Il l'a ressentie pleinement ayant un cœur humain parfait. En même temps, Il était Dieu « manifesté en chair », mystère que nous ne pouvons pas sonder (1 Tim. 3 : 16).
Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, Victime !
Ton regard infini sonda l’immense abîme,
Et ton cœur infini, sous ce poids d’un moment,
Porta l’éternité de notre châtiment.
Une question de Jérémie qui s’adresse aussi à nous
« N'est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s'il est une douleur comme ma douleur qui m'est survenue, à moi que l'Eternel a affligée au jour de l'ardeur de sa colère » (Lam. 1 : 12).
Nous aimerions dire quelques mots au sujet de ce verset, tout en sachant bien qu'historiquement il concerne Jérusalem.
- Il y a d'abord une première catégorie de personnes à qui cette question pourrait être adressée : ce sont ceux qui, sachant que Jésus est mort sur la croix, ne se soucient pas de Lui. Ils sont totalement indifférents, ils passent leur chemin. « N'est-ce rien pour vous ? ». Voyez s'il est une souffrance comme cette souffrance. Nous nous adressons à ceux ou à celles qui, peut-être, sont passés jusqu'à maintenant devant la croix du Seigneur Jésus sans se demander ce que cette croix signifie pour eux personnellement. Oh ! qu'ils réalisent que le Seigneur Jésus a dû subir sur la croix le jugement qu'ils méritaient, et se tournent vers Lui en l'acceptant comme leur Sauveur !
- Un deuxième groupe de personnes est interpellé par cette question : il s'agit de ceux qui ont reçu le Seigneur pour leur Sauveur, mais n'ont pas encore répondu à l'appel qu'Il leur adresse de se souvenir de ses souffrances et de sa mort. Le Seigneur a Lui-même institué, dans la nuit où Il a été livré, un mémorial de ses souffrances et de sa mort : « Ceci est mon corps », a-t-Il dit à ses disciples en rompant le pain ; il est donné pour vous. « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang : faites ceci, toutes les fois que vous la boirez, en mémoire de moi » (1 Cor. 11 : 23-25). Cher ami, ce désir du Seigneur Jésus que nous nous souvenions de lui, de ses souffrances et de sa mort en participant à ce mémorial, est-ce qu'il ne vous dit rien ? Allez-vous demeurer indifférent ? Que celui qui se sent concerné par cette question réponde de son cœur au Seigneur lui-même.
- Mais la même question s'adresse à nous tous : à nous qui L'avons reçu comme notre Sauveur, qui savons à quel prix nous avons été rachetés, à nous qui rappelons les souffrances du Seigneur en participant à ce mémorial qu'Il a institué. N'avons-nous pas tous besoin d'être réveillés dans nos affections pour Lui ?
Il y a des paroles que l'on s'habitue à prononcer, que l'on s'habitue à entendre. Il y a des gestes que l'on s'habitue à faire, et voici que le Seigneur nous interpelle, Lui qui lit dans nos cœurs à tous : N'est-ce rien pour toi ? Contemple et vois la souffrance que j'ai éprouvée pour toi ! - Or c'est bien dans la mesure où nos cœurs seront rendus sensibles à la souffrance du Seigneur Jésus que nous pourrons, chaque premier jour de la semaine, répondre, dans la sincérité de nos cœurs, au désir qu'Il a exprimé : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22 : 19). Nous sommes invités à le faire « jusqu'à ce qu'Il vienne » (1 Cor. 11 : 26). Dans la gloire, nous n'aurons plus besoin d'un mémorial : nous verrons Jésus face à face (1 Cor. 13 : 12 ; 1 Jean 3 : 2). Et nous contemplerons durant l'éternité les marques de ses souffrances dans ses mains, dans ses pieds, dans son côté : témoignage éternel de l'amour dont nous avons été aimés. Mais pour le temps de son absence, pour le temps présent, notre privilège est de répondre de tout notre cœur à son désir pressant.
Aux célestes parvis, terme de notre attente,
Où dès l’éternité tu voulais des humains,
Nous pourrons contempler ta beauté ravissante,
Et les blessures de tes mains.
Quand de la grâce immense on verra les richesses,
Trésor illimité dont rien ne passera,
La gloire, sceau divin de toutes les promesses,
En toi, Jésus, resplendira.
Gloire éternelle à Dieu ! Gloire à toi, Fils du Père,
Gloire à toi, Fils de l’homme, à toi, l’Agneau de Dieu !
D'après M. Tapernoux - « Messager évangélique » (1990)
A suivre