Pour quel monde ?
Lémec, un homme dirigé par sa propre volonté
Les fils de Lémec
Le contraste entre la marche de Lémec et celle de son contemporain, Hénoc
L'avertissement sérieux donné par l'histoire de Lémec
William Kelly (1821-1906), spécialiste des langues et auteur de précieux commentaires de la Bible, fut un jour en contact avec un professeur de Dublin, expert en philologie ancienne. Les deux érudits furent bientôt absorbés dans une conversation approfondie.
Soudain le professeur lui posa cette question :
« Monsieur Kelly, que faites-vous exactement dans la vie courante ?
- J'étudie la Bible, écris à son sujet et donne des conférences.
- Quel dommage qu'un tel talent soit perdu pour le monde ! s'écria le professeur.
- Pour quel monde, Monsieur ? », répondit alors William Kelly.
Cette question et cette réponse nous incitent à réfléchir. Pour quel monde vivons-nous et travaillons-nous ? Pour quel monde élevons-nous nos enfants ?
Nous proposons de considérer ce que l'Ecriture nous dit à propos de la famille de Lémec, en demandant à Dieu de rendre nos coeurs attentifs à l'avertissement contenu dans ce récit.
Nous trouvons en Genèse 4 et 5 deux généalogies. L'une est celle de la descendance de Caïn, l'autre, celle de la descendance de Seth. Toutes deux se terminent par la courte présentation d'une famille ; la première d'entre elles est la famille de Lémec :
« Lémec prit deux femmes : le nom de l'une était Ada, et le nom de la seconde, Tsilla. Et Ada enfanta Jabal ; lui, fut père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail. Et le nom de son frère fut Jubal : lui, fut père de tous ceux qui manient la harpe et la flûte. Et Tsilla, elle aussi, enfanta Tubal-Caïn, qui fut forgeur de tous les outils d'airain et de fer. Et la soeur de Tubal-Caïn fut Naama. Et Lémec dit à ses femmes : Ada et Tsilla, écoutez ma voix ; femmes de Lémec, prêtez l'oreille à ma parole : je tuerai un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure ; si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois » (Gen. 4 : 19-24).
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Ce court récit montre clairement que Lémec possédait tous les traits de caractère de son ancêtre Caïn. Ses paroles et ses actes prouvaient qu'il s'était encore plus éloigné de Dieu et de sa Parole que son ancêtre. Ce dernier avait pris une femme, en accord avec la pensée de Dieu. On demande souvent où il l'avait prise ; il n'y a qu'une seule réponse biblique sans équivoque : Adam « engendra des fils et des filles » (Gen. 5 : 4). Dieu « a fait d'un seul sang toutes les races des hommes » (Act. 17 : 26). Donc, Caïn s'est marié avec une de ses soeurs. Lémec, lui, a agi en contradiction évidente avec la pensée de Dieu en prenant deux femmes. La polygamie est en opposition avec l'ordre divin dans la création. Toute personne qui connaît la Bible sait que Dieu a toléré la polygamie mais ne l'a jamais approuvée ! Nous voyons à ses conséquences que ce mal aboutit toujours à son propre châtiment. Il ne faut pas s'attendre à des couples et des familles harmonieux lorsqu'ils sont fondés sur cette base qui n'est pas biblique.
Lémec n'a pas agi dans l'ignorance. Nous pouvons déduire de Genèse 4 : 24, que les paroles de Dieu ne lui étaient pas inconnues. Mais il n'éprouvait pas le besoin de cette protection que Dieu avait promise à Caïn. Dans son discours, tout à sa propre gloire, il donne à entendre qu'il s'estime bien capable de se défendre lui-même. Il se porte lui-même garant de ses droits ! Il n'avait besoin de Dieu en aucune manière. La propre volonté, l'indépendance et le désir de se faire valoir sont les traits dominants de son caractère. Avec de telles qualités, la « réussite » est possible dans ce monde pécheur.
La courte description de la famille de Lémec est l'exemple d'une réussite brillante dans le monde, mais elle a lieu dans l'indépendance de Dieu.
Les trois fils de Lémec font preuve des « qualités » de leur père. Tous trois se sont fait un nom dans le monde à leur époque. Ils ont été des pionniers dans le domaine où leur talent et leur activité ont trouvé à s'exercer.
Jabal, un agriculteur, a été le père de tous ceux qui habitaient dans des tentes et qui possédaient du bétail.
Jubal a été le père de ceux qui jouaient de la harpe et de la flûte. Il a joué un rôle prépondérant dans le monde de l'art et de la culture.
Tubal-Caïn a été le père des forgerons, de tous ceux qui travaillent l'airain et le fer. Nous pouvons le considérer avec raison comme le fondateur de l'industrie de son temps.
On peut penser que les contemporains de Lémec le considéraient avec respect. Quelle famille brillante cet homme avait ! Comment ne pas l'envier ? Avoir trois fils qui occupaient chacun une position dominante dans la société !
Quels sont les parents qui ne se réjouissent pas lorsque leurs enfants occupent une bonne situation dans ce monde ? Pour leur éducation, ils ne reculent devant aucun sacrifice financier et ils y emploient tout leur temps et toute leur énergie. Ne se réjouiraient-ils donc pas alors de leur réussite et n'en seraient-ils pas même un peu fiers ? C'est ce que pensent la plupart des pères d'aujourd'hui, et il en a été de même pour Lémec. Pourtant, tout était-il aussi beau qu'il paraissait ? Lémec ne se laissait-il pas éblouir par de belles apparences ?
Lémec avait un contemporain du nom d'Hénoc, appartenant comme lui à la septième génération après Adam, mais de la descendance de Seth. On invoquait chez ce dernier le nom de l'Eternel. Hénoc marcha avec Dieu, ce que Lémec ne fit pas, tout au contraire ! Hénoc aussi se maria ; lui aussi engendra des fils et des filles. Pour autant qu'on le sache, dans le monde de son temps, Hénoc avec sa famille, n'a pas été un homme influent. En effet, Hénoc ne vivait pas pour ce monde. Non, il marchait avec Dieu.
Celui qui marche avec Dieu a un autre idéal que celui qui vit seulement pour ce monde. Il a une autre échelle de valeurs. Hénoc voyait sa mission et sa place dans ce monde tout autrement que Lémec.
Deux autres passages nous parlent de l'attitude d'Hénoc et complètent ce qui est dit dans la Genèse ; sa marche avec Dieu était sur le principe de la foi et elle se termina par son enlèvement dans la gloire (Héb. 11 : 5-6). Par la foi, cet homme discernait le caractère du monde de son temps : un monde ennemi de Dieu. De ce fait, il comprit aussi que ce monde allait au-devant du jugement prononcé par un Dieu saint. Il prophétisa au sujet de ce jugement à venir et, par ce moyen, ses contemporains furent avertis (Jude 14). Malheureusement, le monde d'alors n'y prit pas garde. Trois générations plus tard, aux jours de Noé, un jugement tomba sur eux sous la forme du déluge.
L'histoire de Lémec et de sa famille renferme aussi un sérieux avertissement pour nous et nos familles. Certes, il est compréhensible de vouloir donner à ses enfants une bonne instruction. Ce n'est évidemment pas un péché d'exercer une profession dans ce monde. Que nous travaillions dans l'agriculture, dans le domaine culturel, industriel ou dans tout autre, ce n'est pas ce qui importe, aussi longtemps que nous pouvons exercer notre profession en communion avec Dieu et pour sa gloire. Les croyants n'appartiennent plus à ce monde. Dieu nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour (Col. 1 : 13). Par grâce, nous sommes de ceux que le Père a donné du monde à son Fils. Mais nous sommes encore dans le monde. De ce fait, nous avons à remplir une tâche comportant de nombreuses responsabilités.
L'apôtre Jean écrit : « N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde : si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui ; parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s'en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2 : 15-17).
Pour marcher d'une manière conforme à notre place et à notre responsabilité dans ce monde, il faut avoir la foi d'un Hénoc. Paul a vu le danger de faire un mauvais usage du monde et il a donné des avertissements à ce sujet. Il montre qu'on peut en faire un bon usage et glorifier Dieu en cela (1 Cor. 7 : 31). Il peut être parfois difficile de trouver la limite entre user et abuser. On passe facilement de l'un à l'autre.
Pour clarifier cette pensée, citons un exemple. Très tôt, l'homme a trouvé des moyens pour retenir ses pensées et les transmettre à d'autres. Job connaissait déjà l'art de l'écriture et de la gravure (Job 19 : 23, 24). Plus tard, on inventa l'imprimerie ; plus tard encore, d'autres médias. Comme quelqu'un l'a dit, toutes ces inventions ont été des pas vers le ciel ou vers l'enfer. Nous pouvons constater que le diable s'en sert de façon intensive pour l'expansion de son royaume usurpé. Est-ce pour les croyants un motif de rejeter toute culture, et d'avoir une attitude d'hostilité et d'isolement ?
L'imprimerie, les techniques de diffusion du son et de l'image ont déversé sur ce monde un flot de corruption. Voilà où se montre clairement l'abus. Mais, utilisée avec profit, l'imprimerie permet aujourd'hui de placer la Bible entre les mains de millions de lecteurs. Et combien de personnes ont pu recevoir la bonne nouvelle du salut, ou avoir accès à de précieux enseignements sur la Parole de Dieu, par des messages radiodiffusés ou par Internet.
Usons des choses du monde, mais n'en abusons pas ! Réalisons que nous ne sommes « pas du monde » et comptons sur la fidélité du Seigneur pour nous garder du mal et nous « sanctifier par la vérité » (Jean 17 : 14-17).
Lémec, cet homme du monde, a élevé ses enfants pour le monde – mais c'est un monde qui passe. « Car que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier, et qu'il fasse la perte de son âme ? » (Matt. 16 : 26).
Ayons plutôt à coeur, avec Josué, de dire : « Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel » (Josué 24 : 15).
D'après H. Wilts - « La famille selon le plan de Dieu »