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LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS (5)


LA GLOIRE DE DIEU DANS DES VASES DE FAIBLESSE (suite)
            CHAPITRE 5
                    La gloire, terme du service (v. 1-8)
                    Sainte crainte et obéissance de cœur du croyant
                    La réconciliation 
 

LA GLOIRE DE DIEU DANS DES VASES DE FAIBLESSE (suite)

                        CHAPITRE 5

            Dans ce chapitre, l’apôtre précise et développe ce qu’il avait déjà évoqué à la fin du chapitre précédent à propos de la gloire future.
            Il a été question de la gloire du Seigneur au chapitre 3, de la gloire de Dieu au chapitre 4 et de notre gloire à la fin du chapitre 4 et au début du chapitre 5. Pour nous, bien sûr, il s’agit de gloire future.
            Le chapitre 5 met en évidence trois points particuliers :
                   – la gloire, aboutissement du service selon le dessein de Dieu,
                   – la responsabilité dans le service,
                   – l’effet de l’amour de Christ sur le service chrétien.

                                    La gloire, terme du service (v. 1-8)

                                                Un corps glorieux

            Voici, d’emblée, un nouveau contraste, entre deux destinées :
                   – celle de nos corps actuels dont le dépérissement progressif aboutit à la « destruction », c’est-à-dire à la mort,
                   – celle de nos corps glorieux futurs, comparés à un édifice céleste et éternel.

            Le corps du chrétien sur la terre est mortel et corruptible, bien qu’il soit le temple du Saint Esprit. Son corps futur sera un temple glorieux pour le même Esprit de Dieu, remplaçant l’habitation terrestre. De toutes les choses merveilleuses que la grâce nous apporte, il nous manque encore celle d’être conformes à l’image du Fils de Dieu. Il s’agira d’une transformation physique et immédiate, différente de celle de la fin du chapitre 3 qui est morale et progressive. Cette vérité ne faisait aucun doute dans la pensée de Paul, car Dieu en est à l’origine, lui à qui appartient toute puissance. « Nous savons », écrit-il. La vivification de nos corps mortels est donc une certitude. Elle est fondée sur la résurrection de Christ d’entre les morts, et nous est confirmée par la présence de l’Esprit de Dieu en nous (Rom. 8 : 11). Christ est venu sur la terre en prenant notre nature humaine. C’est le grand mystère de la piété. Il est venu « en ressemblance de chair de péché » (Rom. 8 : 3). Il a été « fait à la ressemblance des hommes » et « trouvé, quant à son aspect, comme un homme » (Phil. 2 : 7-8).
            A la différence de tous les autres hommes, le corps de Jésus était saint et pur, et n’était pas assujetti à la mort, comme conséquence du péché. Toutefois, l’Homme Christ Jésus pouvait mourir, quand il a volontairement laissé sa vie. « Détruisez ce temple », dit-il aux Juifs en parlant de son corps, « et en trois jours je le relèverai » (Jean 2 : 19). Il pouvait donc être détruit et ses ennemis ne s’en sont pas privés : « Détruisons l’arbre avec son fruit, et retranchons-le de la terre des vivants », ont-ils comploté (Jér. 11 : 19).
            Notre Seigneur a été « crucifié en faiblesse », mais le corps qu’Il a revêtu est maintenant glorieux et immortel, c’est-à-dire en dehors de toute atteinte possible de la mort. Et c’est à la conformité d’un tel corps (que Paul appelle notre édifice céleste) que nous sommes destinés. Précisons que cet édifice céleste du verset 1 n’est pas la maison du Père dont a parlé le Seigneur en Jean 14. Il s’agissait dans ce cas d’une habitation collective (de nombreuses demeures).

                                                Plusieurs éventualités (v. 2-4)

            Les gémissements et l’ardent désir de l’apôtre (v. 2) ne sont pas des murmures ; ils expriment une souffrance due à la faiblesse du corps et surtout à la limitation de l’action du Saint Esprit en lui.
            Un frère a écrit au sujet de Paul : C’était une peine pour lui de se trouver encore dans cette nature mortelle, parce qu’il voyait quelque chose de meilleur.
            L’état présent du croyant est à la fois provisoire et anormal : dans un corps mortel (la tente) habite un être spirituel dont l’appel est céleste. La résurrection changera cette situation : un corps glorieux adapté à l’homme nouveau, spirituel, que nous sommes déjà. Et c’est ce qui explique le désir de l’apôtre, d’autant plus vif qu’il entrevoit la gloire par la foi (v. 7).
            Il ne désire pas la mort, c’est-à-dire être dépouillé de sa tente, quoique cela soit préférable à la vie terrestre. Mais son vœu est que le mortel soit absorbé par la vie. En effet, trois états sont envisagés ici :
                   – 1. la vie du chrétien sur la terre : c’est une vie de foi et de service, mais, absente du Seigneur : le Seigneur n’est pas physiquement avec nous. Cette notion d’absence et de présence avec le Seigneur n’est pas en contradiction avec ses paroles de Matt. 18 : 20 : « Là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d’eux », ni avec celles de Matt. 28 : 20 : « Voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle ». En tant que Personne divine incarnée, Il est soit ici-bas et non au ciel, soit au ciel et non pas sur la terre. C’est ainsi qu’Il dit à ses disciples : « Un peu de temps et vous ne me verrez plus… parce que je m’en vais au Père » (Jean 16 : 16), et s’adressant à son Père, Il dit : « Quand j’étais avec eux, je veillais sur eux en ton nom » (Jean 17 : 12). Mais en tant qu’ayant, en toute plénitude, la nature de Dieu, Il est présent en esprit avec chacun de nous, et nous tous réunis.
                   – 2. la mort du corps. C’est un gain pour le croyant, car l’esprit a quitté le corps, pour être « présent avec le Seigneur » ;
                   – 3. la vie dans un corps céleste adapté à la perfection de son habitant, état le plus désirable : cela se passera pour tous les croyants vivants au moment de la venue du Seigneur sur la nue. L’apôtre envisageait de ne pas passer par la mort : dans ce cas, l’âme et le corps ne sont jamais séparés, ce dernier étant changé. Telle est l’espérance chrétienne pour nous (Jean 11 : 12 ; 1 Cor. 15 : 51-54 ; 1 Thes. 4 : 15-18 ; Phil. 3 : 20-21).

            « Si toutefois, même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus » (v. 3) : Quel solennel avertissement pour la conscience de certains Corinthiens ! Être nu, c’est être sans Christ. Les méchants, lors de la résurrection, auront un corps ressuscité, mais pas glorieux : moralement, ils seront nus. Pensons à la nudité d’Adam et d’Eve qui essayèrent de se cacher derrière les arbres du jardin. La fuite sera impossible et ce sera la terreur.
            Mais tous les bienheureux qui auront part à la première résurrection (Apoc. 20 : 6) seront revêtus de Christ : habit glorieux et incorruptible.

                                                L’hôte divin (v. 5)

            Les chrétiens sont l’ouvrage de Dieu, « des vases de miséricorde préparés d’avance pour la gloire » (Rom. 9 : 23). Ils sont « formés », c’est-à-dire préparés pour leur nouvelle destinée. Leur corps est le temple du Saint Esprit qui y habite éternellement. Celui-ci est dès maintenant un gage d’espérance (« les arrhes de l’Esprit »). L’épître aux Romains parle aussi des « prémices de l’Esprit » (8 : 23), parce qu’Il produit en nous la joie par anticipation et l’espérance de la gloire.

                                                Ce qui nous attend (v. 6-8) 

            Le témoignage de l’apôtre ici est complet. Il présente d’abord (v. 6-7) la situation des croyants vivant sur la terre. Au handicap de la vulnérabilité et des limites de la tente (v. 1-2), s’ajoute le fait d’être « absent du Seigneur ». C’est le temps de la foi et non de la vue.
            Si le Seigneur patiente encore avant de revenir, le corps du croyant s’endort en Jésus : c’est la mort, l’absence du corps (v. 8). Cet état n’est ni la gloire, ni la perfection (Héb. 11 : 40). De plus, les âmes ne sont pas en relations mutuelles. Sur la sainte montagne, nous ne voyons pas que Moïse et Elie entrent en relation avec les disciples, une seule personne les occupe : Christ. Les allusions à cet état provisoire montrent que sa caractéristique, c’est la jouissance du Seigneur seul (lire Phil. 1 : 23 ; Luc 23 : 43). Mais la vie est intacte et c’est la présence avec le Seigneur, état plus désirable que celui décrit auparavant, mais moins que celui d’être « revêtu » d’un corps semblable à celui de notre Seigneur. C’est la condition requise pour le voir « comme il est » (1 Jean 3 : 2 ; lire aussi à ce sujet : Jean 11 : 12 ; 1 Cor. 15 : 51-54 ; 1 Thes. 4 : 15-18 ; Phil. 3 : 20-21).
            L’enseignement donné ici par l’apôtre Paul sur l’état présent et futur de nos corps de croyants rejoint d’autres passages des Ecritures. En particulier, l’apôtre Pierre, dans sa deuxième épître, parle de la tente de son corps.
            Ne méprisons pas notre corps, respectons-le : il a été acheté à prix, il est le temple du Saint Esprit. Glorifions Dieu dans notre corps (Col. 2 : 23 ; 1 Cor. 6 : 19-20). Mais réjouissons-nous et soyons consolés à la pensée de l’édifice glorieux et éternel que nous aurons dans le ciel. En attendant, vivons dans la confiance en notre Dieu pour tous les détails de notre vie sur la terre. Le temps que nous vivons ici-bas est celui de la foi (v. 7). C’est notre seule occasion de montrer notre confiance en Dieu (v. 6, 8). Cette possibilité de l’honorer ainsi cessera au retour du Seigneur.

                                    Sainte crainte et obéissance de cœur du croyant

                                                Le tribunal du Christ (v. 9-10)

            Les pensées qui précèdent conduisent au second point, le jugement. L’apôtre s’adresse à la conscience des croyants et même à celle de tous les hommes.
            Paul, quant à lui, recherchait dans sa vie ce qui est agréable au Seigneur, quelle que soit l’issue de sa course. Que le Seigneur, à sa venue, le trouve présent (c’est-à-dire vivant ici-bas), ou absent (c’est-à-dire endormi en Jésus), peu lui importait. Il révèle le motif de son ardeur, et l’étreinte de son cœur : c’est le tribunal du Christ (v. 10, 14).
            On peut penser que ce tribunal concerne tous les hommes, qu’ils soient justes ou injustes, car il est question de persuader les hommes, tous les hommes, c’est-à-dire aussi les incrédules. Mais il faut bien savoir qu’il y aura deux comparutions à ce tribunal, correspondant à deux résurrections. La première comparution sera celle des croyants, ceux qui auront part à la résurrection de vie. Puis, il y aura la deuxième comparution, celle des morts, qui seront passés par la résurrection de jugement. Paul, devant le souverain sacrificateur Ananias, rappelle que cette résurrection, tant des justes que des impies, faisait partie de l’espérance juive (Act. 24 : 15). Le Seigneur lui-même, s’adressant aux Juifs, annonce que « l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, pour une résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement » (Jean 5 : 29).
            C’est la première comparution qui nous intéresse surtout ici. Il n’y aura pas de jugement à proprement parler, ni de condamnation, mais il y aura « manifestation ». Les croyants seront déjà glorifiés, semblables à Christ. La pensée de ce tribunal ne doit pas nous alarmer. L’offense de nos péchés contre Dieu ne sera plus sous ses yeux (Héb. 10 : 14 ; Ps. 103 : 12), mais nos actes, paroles, pensées, désirs, mobiles seront entièrement dévoilés.
                   – 1. Quant au bien : rien ne sera oublié. « Dieu n’est pas injuste pour oublier votre œuvre et l’amour que vous avez montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore » (Héb. 6 : 10). Ces paroles adressées aux Hébreux convertis sont propres à nous encourager. Dieu nous réserve des récompenses. Ce ne seront pas nos mérites qui seront exaltés, mais la grâce divine qui aura opéré en nous pour produire le bien.
                   – 2. Quant au mal : cette grande rétrospective de nos fautes sans condamnation magnifiera la grâce et la miséricorde de Dieu, sa bonté, sa patience. La manière dont Il aura agi envers nous sera alors connue et comprise à la perfection, quoi que nous ayons pu en penser à l’époque dans notre folie. Nos pensées seront enfin en parfait accord avec celles de Dieu.
            Quel événement extraordinaire, que cette mise au point avant l’éternité ! La lumière divine projetée sur nos vies, loin de nous effrayer, nous prosternera dans l’adoration. C’est le moment merveilleux où l’Eglise, la femme de l’Agneau, s’apprête pour les noces (Apoc. 19 : 7), « préparée comme une épouse ornée pour son mari » (Apoc. 21 : 2).
            Quant aux incrédules ou injustes, ils comparaîtront tous :
                   – soit avant le règne de mille ans (Matt. 25 : 31, 41, 46) pour ceux qui vivront sur la terre,
                   – soit après le règne, pour ceux qui sont morts dans leurs péchés (Jean 8 : 24).

            Ces derniers seront « rendus vivants » (1 Cor. 15 : 22). Mais, répétons-le, tout en étant vêtus d’un corps de résurrection, ils seront nus devant Dieu (v. 3), dépourvus de la robe de la justice, condamnés et jetés dans le feu éternel (Apoc. 20 : 11-15). Ce sujet concernant les incrédules n’est qu’implicite dans le texte.

                                                Conséquence pratiques (v. 11)

            La perspective de ce tribunal du Christ a plusieurs effets pratiques pour l’apôtre et pour nous tous. Elle doit produire de la crainte dans nos consciences et l’amour dans nos cœurs :
            Premièrement, l’apôtre ne craint pas de se placer dans la lumière de ce tribunal. Elle éclaire déjà sa marche sur la terre. « Nous sommes à découvert pour Dieu », dit-il.
            Mais deuxièmement, il désire aussi être à découvert devant la conscience des Corinthiens. Sa vie est transparente. Il avait déjà exprimé cela (4 : 2).
            Enfin, troisièmement, il est urgent d’avertir les incrédules, de les supplier (v. 20). Il est vital de « fuir la colère qui vient » (Matt. 3 : 7 ; Luc 3 : 7). Quelle chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Héb. 10 : 31), et de paraître seul avec ses péchés dans la lumière d’un Dieu juste et saint !
            On ne parlera plus du péché après la condamnation à la mort. Il n’en sera plus question dans l’enfer où il ne se développera plus. Ce sera l’éternité. Le temps de la responsabilité et de la grâce sera révolu. La sainteté de Dieu ne supportera pas la continuation du péché : plus de rébellion, ni de manifestations de méchanceté dans l’enfer qui est une prison. Le jugement laissera les pécheurs perdus dans leur état. Leurs cœurs ne seront pas changés, mais obligatoirement soumis. Les genoux de tout être infernal se fléchiront (Phil. 2 : 10). Dans l’étang de feu et de soufre, il n’y aura pas l’odeur de la corruption car la mort sera abolie.

                                                L’activité de l’amour (v. 12-13)

            Comme au verset 11, l’apôtre espère que sa marche soigneuse sera pour les Corinthiens un motif de gloire par opposition à l’attitude orgueilleuse et ostentatoire de certains. Paul ne vit pas pour lui-même.
            Il est vrai qu’il est parfois « hors de lui-même ». Il a d’heureux moments de relations étroites et secrètes avec Dieu, tout son être étant absorbé dans une bienheureuse contemplation. Il vivait par avance, en esprit, cette position : « présent avec le Seigneur » (v. 8). Il ne faut voir là rien d’extatique, ni de mystique.
            Cependant, dans l’intérêt des Corinthiens, il était de sens rassis, disponible, accessible, dévoué et plein d’amour (Act. 26 : 25).

                                                L’étreinte de l’amour de Christ et de son évangile (v. 14-15)

            L’amour qui remplissait le cœur de Paul et l’étreignait n’était pas le sien, mais celui de Christ, source de l’amour. Celui-ci, versé dans nos cœurs, devient notre amour. Paul avait été acheté à prix (1 Cor. 7 : 23). D’où son zèle pour l’évangile dont il va être question dans la fin de ce chapitre.
            Son ministère ne concernait pas seulement l’assemblée. Il se déclarait serviteur de l’assemblée mais aussi de l’évangile (Col. 1 : 23, 25). « Malheur à moi si je n’évangélise pas », avait-il dit (1 Cor. 9 : 16). Il lui fallait avertir « tous les hommes », les persuader, les supplier.
            L’évangile prêché ici n’est pas celui de la gloire comme au chapitre 4, mais celui de la mort. Tous les hommes sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. La propitiation est donc à l’intention de tous. « L’homme Christ Jésus... s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Tim. 2 : 6). La justice de Dieu est manifestée « envers tous » (Rom. 3 : 22). Le Seigneur avait dit : « Si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même » (Jean 12 : 32).
            Mais lorsqu’il s’agit de l’application de la croix aux âmes, c’est-à-dire de la substitution d’une victime sainte à un être coupable, il n’est pas question de tous mais de « ceux qui vivent » (v. 15), les croyants seulement. Quelqu’un a écrit : « L’intention est envers tous, mais l’application est sur tous ceux qui croient ».
            Résumons les points forts de ces versets : le chrétien a conscience par le Saint Esprit qu’il possède la vie de Jésus Christ. Cela est tellement vrai que la mort n’est qu’une absence passagère du corps et une heureuse présence immédiate avec le Seigneur. La pensée du tribunal de Christ, loin de nous alarmer, produit un effet moral sanctifiant. Elle fait naître dans le cœur une sainte crainte et un désir d’être agréable à Dieu. Enfin, l’évangélisation apparaît au chrétien comme une urgence ; il est responsable d’avertir les hommes.

                                    La réconciliation 

                                                La nouvelle création (v. 16-17)

            Le Seigneur, « durant les jours de sa chair » (Héb. 5 : 7), était présenté comme le Messie à son peuple terrestre qui appartenait à l’ancienne création. Les autres apôtres avaient connu le Christ selon la chair. Ce n’est le cas d’aucun d’entre nous, mais par l’Esprit de Dieu nous reconnaissons Jésus Christ venu en chair (1 Jean 4 : 2).
            La connaissance historique de la vie de Jésus sur la terre nous est très profitable. Mais notre connaissance personnelle, intime, vitale, est celle d’un Christ ressuscité, prémices d’une nouvelle création à laquelle nous appartenons dorénavant.
            Pour ceux qui avaient eu des relations humaines avec le Seigneur Jésus pendant sa vie d’abaissement sur la terre, il fallait que ces relations changent de caractère. C’est ce que le Seigneur a voulu faire comprendre à Marie de Magdala en lui disant : « Ne me touche pas » (Jean 20 : 17). Marie aimait de tout son cœur le Seigneur, tel qu’elle l’avait connu jusqu’à ce jour. Elle devait maintenant apprendre à connaître le Ressuscité, le premier d’une nouvelle génération. Et il appelle « ses frères » ceux qui, à sa suite et en lui, sont ressuscités. En effet, nous ne sommes plus « en Adam » mais « en Christ » : nous n’avons plus, aux yeux de Dieu, Adam pour père, ni sa nature, mais nous sommes participants de sa propre nature divine (Rom. 5 : 12-21 ; 2 Pier. 1 : 4).
            Les croyants ne sont pas de nouvelles créatures, mais une « nouvelle création », fruit d’un nouveau travail du Créateur. Cette nouvelle création est éternelle, céleste, et le péché n’y entrera pas. Certes, la Parole de Dieu seule nous permet de savoir cela, non pas notre expérience, car malheureusement, dans la pratique, nous réalisons bien imparfaitement notre vraie position en Christ. Néanmoins, pour nous, « les choses vieilles sont passées » ; et si nous sommes encore rattachés par nos corps à la première création, nous n’en faisons plus partie, car « toutes choses sont faites nouvelles » (v. 17).
            Paul, lui, un « homme en Christ », a connu expérimentalement, dans un moment exceptionnel (12 : 1-4), ce qu’est cette nouvelle création impossible à décrire par des paroles humaines. Et sans avoir fait une semblable expérience, nous, croyants, sommes conscients d’appartenir à ce monde nouveau. De ce fait, toutes nos relations (familiales ou sociales), revêtent un caractère nouveau. Toutes choses sont faites nouvelles : les relations naturelles, certes, mais aussi les pensées, les affections, les désirs, l’espérance. Les hommes en Adam sont considérés comme morts. Et c’est à ces êtres morts dans leurs fautes et dans leurs péchés qu’il est impérieux d’annoncer l’évangile de la réconciliation pour les arracher à cet état de perdition.

                                                La réconciliation acquise et annoncée (v. 18-20)

            L’apôtre parle de la réconciliation du monde avec Dieu (v. 19). Elle est acquise et peut être prêchée. De quel monde s’agit-il ? Ce n’est ni l’univers créé, ni l’organisation des hommes pécheurs, gouvernés par Satan (1 Jean 2 : 15). Ce monde-là reste ennemi de Dieu (Jac. 4 : 4).
            Mais c’est toute l’humanité vivant sur la terre qui est invitée. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean 3 : 16). Et le message n’est pas seulement celui du pardon : les fautes des croyants ne leur sont pas imputées ; leur culpabilité est ôtée et leur souillure est nettoyée.
            Dieu ne s’arrête pas là. Il y a réconciliation, terme répété quatre fois dans ces versets : « Etant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (Rom. 5 : 10). Sur la base du sacrifice de Christ, Dieu reprend avec l’homme de nouvelles relations, plus étroites que celles du temps de l’innocence avant la chute et l’entrée du péché dans le monde. Les croyants peuvent éprouver la douceur d’une intimité familiale avec leur Dieu et Père, dès maintenant et pour l’éternité.
            Un jour viendra où cette réconciliation s’étendra aussi effectivement à toutes les choses créées. « La création elle-même aussi sera délivrée de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom. 8 : 21 ; Col. 1 : 20).
            Le « service de la réconciliation », c’est-à-dire le message de l’évangile, est apporté par ceux qui ont été eux-mêmes réconciliés (v. 18). Ce service faisait partie du ministère de l’apôtre Paul en premier, et à sa suite de celui de tous les croyants. Ceux-ci, bien sûr, ne sont pour rien dans cette œuvre de réconciliation, ils n’en sont que les ambassadeurs, mais c’est en soi un grand honneur. Toute la gloire en revient à Dieu et nous verrons comment elle a pu être obtenue (v. 21).
            Quand Christ était ici-bas, c’est Dieu qui n’imputait pas les fautes : par exemple celles du paralytique (Luc 5 : 20) ou de la femme adultère (Jean 8 : 11). Remarquons comment tout vient de Dieu : c’est Lui qui réconcilie, Lui qui n’impute pas, Lui qui exhorte. Les moyens qu’Il utilise sont Christ pour la réconciliation, les ambassadeurs pour l’exhortation. Mais Dieu, dans sa majesté, ne supplie pas. C’est nous qui supplions pour Christ !
            Donc, dans sa grâce, Dieu nous envoie comme des ambassadeurs pendant le temps de l’absence du Seigneur. Le livre des Proverbes dit « qu’un ambassadeur fidèle est santé » (Prov. 13 : 17), santé spirituelle évidemment. Quel privilège, mais aussi quelle responsabilité ! Le Seigneur est-Il glorifié par notre conduite, notre fidélité, notre sagesse, notre témoignage dans la vie quotidienne ?
            L’apôtre était un « ambassadeur lié de chaînes » (Eph. 6 : 20). Il souhaitait les prières des saints en faveur de son service. Chacun de nous a aussi besoin des prières des autres. Ainsi, nous sommes invités à agir avec zèle et hardiesse, car il y a urgence (v. 11). Nous donc qui en connaissons le prix et le bonheur, supplions les hommes d’être réconciliés avec Dieu.

                                                Le grand et unique moyen de la réconciliation (v. 21)

            Ce dernier verset du chapitre donne la clef de tout ce qui précède. La pensée qu’il contient est impossible à sonder. Nous savons bien que notre Seigneur a été le seul à ne pas commettre de péché (1 Pier. 2 : 22). De plus, Il n’était pas de la race d’Adam. « Il n’y a pas de péché en lui » (1 Jean 3 : 5).
            Mais que signifie qu’il ait été « fait péché » pour nous ? Il fut la parfaite offrande pour le péché. « Dieu a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8 : 3). Dans l’Ancien Testament, le don pour le péché était assimilé au péché lui-même. C’est ce qui explique l’expression de Genèse 4 : 7 : « le péché (ou le sacrifice pour le péché) est couché à la porte ». Notre Seigneur a été identifié avec le péché de l’homme et traité comme tel.
            Et maintenant, comment comprendre cette magnifique vérité : être « justice de Dieu en lui » ?
            A la croix, Christ, par son sacrifice volontaire a pleinement magnifié tous les attributs de Dieu, son amour et sa justice. Alors, Dieu montre sa justice en ce qu’Il a ressuscité, glorifié et fait asseoir à sa droite son Fils bien-aimé.
            Les croyants sont identifiés à Christ par sa mort et par sa résurrection. Ils sont « en lui ». Ils ne sont pas seulement justifiés, mais ils sont vus comme Christ lui-même : « justice de Dieu ».

                      Ta justice parfaite et pure,
                      
O Dieu Sauveur, est la beauté
                      
Et la glorieuse parure
                      
Du pécheur par toi racheté.

                      Seigneur Jésus, notre justice,
                      
Tu nous dis : Je viens promptement.
                      
Que l’Eglise se réjouisse,
                      
O Rédempteur, en te voyant !


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 6)

 

A suivre