La foi et les œuvres
Harmonie entre la foi et les œuvres
Qu’est-ce que la foi ?
La foi d’un croyant « comptée à justice »
« Travailler à son propre salut » (Phil. 2 : 12)
« Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Act. 16 : 31)
Les œuvres
Il a été dit que la foi et les œuvres sont absolument inconciliables. C’est loin d’être vrai. La plupart des idées fausses contiennent cependant un grain de vérité quelque part, et celle-ci n’échappe pas à la règle. Il est tout à fait vrai que la doctrine populaire du salut fondé sur le mérite humain, par quelque œuvre que ce soit, est absolument contraire à la vérité biblique de la justification par la foi. Pourtant, les Ecritures parlent de « bonnes œuvres » ! Mais elles sont d’un tout autre ordre et sont autant en harmonie et intimement liées à la foi que le sont les fruits et les feuilles d’un arbre, à la sève qui coule dans le tronc et les branches.
Harmonie entre la foi et les œuvres
En Colossiens 1 : 21, nous trouvons l’expression « mauvaises œuvres ». Il n’est pas besoin de les décrire. Elles sont le triste résultat de la nature déchue et dépravée des enfants d’Adam. Une mauvaise œuvre est le mauvais fruit d’un mauvais arbre.
En Hébreux 9 : 14, nous avons l’expression « œuvres mortes ». Ces œuvres, comme l’accomplissement de devoirs religieux, sont réalisées dans le but d’obtenir la vie et la bénédiction. Ce sont les « justices » de l’homme, qui ne sont que des « linges souillés » aux yeux de Dieu (Es. 64 : 6). Elles sont ce que produit un mauvais arbre cultivé à l’extrême ; un mauvais fruit en fait, car rien ne fera que des épines donnent des raisins, ou que des figues donnent des chardons.
En Tite 2 : 7, 9, il est parlé de « bonnes œuvres » qui sont vivement exhortées aux chrétiens. Ce sont les fruits de la nouvelle nature (à laquelle participe le chrétien) qui a sa vitalité dans la foi et dont l’Esprit de Dieu est la puissance. Une bonne œuvre est le bon fruit qui pousse sur le bon arbre.
En Romains 3, 4 et 5, la justification devant Dieu est considérée comme reposant uniquement sur le principe de la foi. Un verset suffit à le prouver : « Nous concluons que l’homme est justifié par la foi sans œuvres de loi » (3 : 28).
En Jacques 2, il nous est présenté avec la même clarté que la justification – sous l’aspect public, devant les hommes – n’est pas seulement ou principalement par la foi, mais par les œuvres que les chrétiens sont vivement exhortés à produire. Un verset suffira encore pour le prouver : « Vous voyez qu’un homme est justifié par les œuvres et non par la foi seulement » (Jac. 2 : 24).
Etudiez attentivement le contexte de ces deux passages et vous y verrez la preuve frappante de l’harmonie qui existe entre la foi et les œuvres. Paul dans l’épître aux Romains et Jacques dans son épître citent Abraham comme étant le grand exemple de l’Ancien Testament qui étaye leur affirmation. Dans la vie de cet homme remarquable, appelé par Dieu à devenir « le père de tous ceux qui croient » (Rom. 4 : 11), nous voyons la foi comme une réalité vivante entre son âme et Dieu : en regardant dans les cieux étoilés, il crut Dieu – acceptant avec certitude ce qui était humainement impossible – « et cela lui fut compté à justice » (Gen. 15) Nous voyons également une grande œuvre de foi lorsque, des années plus tard, par pure obéissance, il s’est rendu sur le mont Morija pour sacrifier Isaac en qui les promesses reposaient (Gen. 22). Il croyait en Dieu en tant que Celui qui ressuscite les morts, et il est incontestable que cet acte l’a prouvé. C’était la manifestation extérieure de la foi intérieure.
En Romains 4, Paul se réfère à Genèse 15, tandis que Jacques fait référence à Genèse 22.
Ce serait comme deux hommes se trouvant, l’un à l’intérieur d’une boule creuse, l’autre à l’extérieur – l’un la déclarant concave, et l’autre, convexe – Paul donnant le côté intérieur, dit que nous sommes justifiés « par la foi » ; Jacques regardant les choses extérieurement, dit que nous le sommes « par les œuvres ». Mais, contrairement à l’exemple des deux hommes avec la boule, Paul et Jacques ne sont pas en désaccord.
Passons maintenant à quelques questions.
Des définitions élaborées pourraient être données, mais elles seraient probablement moins satisfaisantes que la réponse donnée par une petite fille à cette question même. Elle a simplement répondu : « La foi, c’est croire ce que Dieu dit, parce que c’est Dieu qui le dit ».
La foi est comme une fenêtre qui reçoit la lumière. La lumière du soleil brille sur le mur extérieur, mais entre par la fenêtre ; rien n’y est ajouté, mais ses rayons illuminent la pièce qui serait obscure sans elle. Pour « croire Dieu » comme Abraham, la lumière divine doit pénétrer dans l’âme.
Mais la foi est plus que cela. C’est non seulement avoir de la lumière, mais se reposer entièrement sur Celui que la lumière nous révèle.
Le docteur Paton disait que lorsqu’il traduisait les Ecritures dans la langue des habitants des Nouvelles-Hébrides, pendant un certain temps il ne trouvait pas de mot approprié pour « faire confiance » ou « croire ». Un jour cependant, il appela une chrétienne indigène intelligente et, s’asseyant sur une chaise, lui demanda : Qu’est-ce que je fais ? - Vous vous reposez, monsieur, dit la femme.
Le docteur connaissait ce mot, ce n’était pas ce qu’il voulait, mais il lui vint une idée lumineuse. Il souleva les deux pieds du sol et, les posant sur le barreau de la chaise, il dit : Qu’est-ce que je fais maintenant ? - Oh, monsieur ! vous vous reposez complètement, vous êtes confiant », dit la femme, utilisant un mot tout à fait nouveau aux oreilles du docteur. C’était le mot qu’il voulait !
La foi repose entièrement sur Christ – les deux pieds soulevés de terre.
La foi d’un croyant « comptée à justice »
« A celui qui, sans faire des œuvres, croit en Celui qui justifie l’impie, sa foi est comptée à justice » (Rom. 4 : 5). Nous ne devons pas donner à cette expression un sens « commercial », comme si cela signifiait que nous venions à Dieu en apportant telle quantité de foi pour laquelle nous recevrions en échange tant de justice, tout comme un commerçant qui échangerait des biens contre de l’argent.
Nous ne devons pas non plus lui donner un sens « chimique », comme si cela signifiait que nous apportions notre foi pour qu’elle soit transformée en justice, à la manière de la fameuse pierre philosophale qui transforme tout ce qu’elle touche en or !
Non ! Abraham est le grand exemple de la signification de ces mots (v. 3). Lui – et nous – sommes considérés par Dieu comme justes au vu de la foi. C’est son simple sens. La foi apporte toutes les vertus justifiantes du sang de Christ qui est la base de cette justice. Nous pouvons affirmer que la première chose droite (ou juste), et le début d’un chemin droit, dans la vie de quiconque, c’est le moment où cette personne se tourne vers Dieu en tant que pécheur et croit au Seigneur Jésus Christ.
« Travailler à son propre salut » (Phil. 2 : 12)
Quelques versets, comme celui-ci, semblent faire dépendre le salut, des œuvres. Comment devons-nous les comprendre ?
Nous devons toujours les considérer dans leur contexte. Mais même si nous n’avions aucun contexte auquel se référer, nous sommes sûrs que « travailler à son propre salut » ne peut pas être en conflit avec la vérité de Ephésiens 2 : « Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi… non pas sur le principe des œuvres afin que personne ne se glorifie » (v.8- 9)
Le contexte montre que le sujet de l’apôtre en Philippiens 1 et 2, c’est la marche pratique du croyant. Les adversaires étaient nombreux (Phil. 1 : 28). Les difficultés croissaient au sein de l’Eglise (Phil. 2 : 2-4). Paul lui-même, ce pasteur vigilant, avait dû partir, en raison de sa première captivité (Phil. 2 : 12). Il dit pratiquement : JésusChrist est votre grand Exemple. Soyez conscient de votre faiblesse à cause de la chair qui est en vous, travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement, pour échapper aux différents dangers qui vous menacent. - Et, afin qu’ils ne pensent à aucun moment se fier à leurs propres capacités, il ajoute : « car c’est Dieu qui opère en vous » (v. 13). Par son Esprit, Dieu fait un travail intérieur et nous, nous faisons un travail extérieur.
« Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Act. 16 : 31)
Prêcher : « croire seulement », sans exiger de bonnes œuvres, ne mène-t-il pas à des résultats désastreux ? Oui, prêcher « croire seulement » sans discernement peut conduire les hommes à mal faire. Mais nous ne prêcherons pas mieux que ne faisaient les apôtres. Voyons donc ce que Paul a fait.
Aux hommes en général, il a prêché : « la repentance envers Dieu et foi en notre Seigneur Jésus-Christ » (Act. 20 : 21). S’adressant au geôlier de Philippes, dans l’âme duquel avait déjà commencé une œuvre de repentance, il dit seulement : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Là, « croire seulement » était tout à fait à sa place, et « demander de bonnes œuvres » aurait été inutile. D’ailleurs, il est dit que moins d’une heure après sa conversion, le geôlier avait fait sa première bonne œuvre ; c’était le fruit et la preuve de sa foi (voir v. 33). Il l’a fait non pas pour être sauvé, mais suite au changement que la grâce avait opéré intérieurement.
De plus, Paul a dit qu’il prêchait aux hommes « de se repentir et de se tourner vers Dieu, en faisant des œuvres convenables à la repentance » (Act. 26 : 20). C’est absolument nécessaire. Si un homme professe s’être repenti, nous pouvons exiger que le changement soit manifeste dans sa vie quotidienne avant d’accepter pleinement ce qu’il professe. Mais cela n’a rien à voir avec la prédication de bonnes œuvres comme étant un supplément nécessaire pour la justification.
Il est parlé non seulement d’« œuvres mortes » en Hébreux, mais aussi d’une « foi morte » en Jacques 2 : 17. Qu’est-ce que cela signifie ?
Une foi morte, c’est la foi humaine, ou une simple croyance intellectuelle, et non la foi vivante qui prend sa source en Dieu. Les démons partagent cette foi, comme le montrent les versets suivants. En apparence, cela ressemble beaucoup à la vraie foi, mais à y regarder de plus près, on découvre qu’elle est fausse. Elle « n’a pas d’œuvre », c’est un arbre sans fruits qui n’a que des feuilles.
Les Ecritures nous donnent des exemples de cette foi morte. Comparez Jean 2 : 23-25 et Jean 6 : 66-71. Dans cette dernière scène, Simon Pierre illustre la foi vivante ; les nombreux disciples qui ont quitté Jésus illustrent la foi morte, alors que Judas Iscariote nous montre un homme qui a beaucoup de profession et pas de foi du tout !
Beaucoup de chrétiens professants ne montrent pas, ou peu, de bonnes œuvres. Qu’est-ce que cela signifie ?
Qui peut vraiment le dire sinon Dieu seul ? Les bonnes œuvres sont plutôt les aiguilles d’une montre, qui indiquent le résultat de l’activité intérieure, que les rouages eux-mêmes. La foi est le ressort de l’activité. Il se peut que ces personnes ne soient que des professants, comme une montre-jouet dont les aiguilles sont uniquement peintes, et sans rouage du tout ! Il se peut aussi que quelque chose ait mal tourné dans le travail intérieur ; ce sont de vrais chrétiens, mais ils ont sombré dans une basse condition charnelle et comme l’homme dont parle Pierre, qui est « aveugle et ne voit pas loin, ayant oublié la purification de ses péchés d’autrefois » (2 Pier. 1 : 9).
Le principe reste vrai que « l’arbre est connu par son fruit » (Matt. :12 : 33). En nous rappelant également que « le chrétien est la Bible du monde », nous pouvons bien comprendre l’accent mis sur l’importance des bonnes œuvres dans les Écritures (voir Eph. 2 : 10 ; 1 Pier. 2 : 9-12 ; Tite 2).
Les œuvres du croyant sur la terre déterminent-elles sa place au ciel ?
Pas du tout. Il a une place au ciel sur la seule base de l’œuvre de Christ. Le Père « nous a rendu capables de prendre part au lot des saints dans la lumière » (Col. 1 : 12). Nos œuvres n’ont rien à faire quant à cela. Tout est grâce. Il n’y a qu’un seul titre qui nous assure une place au ciel, et tout vrai chrétien le possède.
Cependant, nos œuvres affecteront fortement notre place dans le royaume de notre Seigneur Jésus Christ, comme le montrent les paraboles bien connues des « talents » (Matt. 25) et des « mines » (Luc 19). La même chose est clairement enseignée dans 2 Pierre 1 : 5-11, où, après avoir exhorté les chrétiens, à qui il avait écrit, d’abonder en toute grâce et œuvre spirituelle, il dit que l’entrée leur sera richement donnée non pas dans le paradis, mais dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Le caractère de notre entrée dans le royaume dépend de nos œuvres.
F.B. Hole