Un encouragement pour les croyants éprouvés par la maladie ou le deuil
Quand le croyant a sa conscience libérée par la foi en un Seigneur ressuscité et exalté, quand il a la joie que donne l'Esprit de Dieu à un homme « céleste » qui est un fils de Dieu, ayant la vie éternelle, il concentre son coeur et son esprit sur la personne du Seigneur Jésus Christ lui-même. Il peut le faire, alors même qu'il connaît la maladie ou qu'un bien-aimé vient de le quitter pour être avec Jésus.
Le Seigneur n'a-t-il pas le droit d'avoir ses saints avec lui ? Souvenons-nous de ses propres paroles : « Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je vais au Père, car mon Père est plus grand que moi » (Jean 14 : 28). Ces paroles sont vraies aussi dans notre cas. N'avons-nous donc aucun amour pour ceux qui partent ? Ne nous réjouissons-nous pas de les savoir heureux, même si cela nous coûte quelques privations ? C'est notre volonté propre, notre égoïsme, qui nous font oublier la joie de Dieu, la joie de Christ en voyant arriver en sa présence une âme qui nous a quittés ; c'est ce qui nous empêche de penser à ce qu'elle a gagné.
Dieu est un Dieu jaloux. Il désire que notre coeur trouve sa satisfaction en Christ au milieu des vicissitudes de cette vie. Il veut que nous pensions à Lui, et à la joie qu'Il a avec ceux qui se sont « endormis » en lui (1 Cor. 15 : 18 ; 1 Thes. 4 : 14-15). Il veut que nous apprenions à avoir des pensées et des sentiments en accord avec la sphère dont Christ est le centre.
Pensons au bonheur dont jouit déjà notre bien-aimé : « être avec Christ », n'est-ce pas bien meilleur que de demeurer ici-bas ? (Phil. 1 : 23). Si le moi, si l'égoïsme remplissent notre coeur, ils trouvent leurs aliments dans le monde ; si nous sommes pleins de nous-mêmes, nous ne profiterons guère de la pensée du bonheur de ceux qui sont « absents du corps » et « présents avec le Seigneur » (2 Cor. 5 : 8). Cela ne satisfera pas notre égoïsme. Que connaissait le brigand au sujet du paradis ? Rien, probablement ; mais il avait trouvé celui qui n'a pas de semblable. La foi lui avait révélé le Seigneur ; elle avait ouvert son coeur à la sainteté, à la confession, à la confiance en son Juge, à la douceur d'un Sauveur dont on ne se sépare jamais : « tu seras avec moi » (Luc 23 : 43). Avec Lui ! C'était pleinement suffisant.
Ces pensées nous conduisent à mesurer un peu notre appréciation et notre connaissance du Seigneur Jésus Christ. Ceux qui Le connaissent, font grand cas de lui, se réjouissant à la pensée d'être avec lui, car, pour un saint, rien ne vaut la présence du Seigneur.
Un des grands résultats de la douleur et du deuil n'est-il pas de jeter un voile sur les choses présentes pour nous amener à considérer les choses éternelles ? Nous sommes étonnés de voir combien nous y étions étrangers, car savoir ce que nous avons par la foi en Christ et le pratiquer journellement, sont deux choses bien distinctes. Je sais que, par la foi en Christ, je suis à lui pour l'éternité ; son Père devient mon Père ; l'Esprit est le Consolateur. Par la foi, j'ai le ciel et j'ai l'éternité devant moi. Mais hélas ! savoir que l'on est ainsi béni et l'être en agissant en conséquence, sont deux états bien différents, d'autant plus qu'un langage théorique a été appris et employé.
Lorsque les chagrins et le deuil surviennent, les choses présentes s'évanouissent pour un temps et font place aux choses éternelles qui deviennent présentes à nos esprits. L'objet de notre affection est parti dans le ciel, pour être avec Dieu, avec Christ. Ici-bas, une place est vide ; des eaux rafraîchissantes ont tari ; et bien que nous soyons laissés seuls sur la terre, notre esprit, par grâce, est en pensée auprès de celui ou de celle que nous aimions. Peut-être qu'à ce moment nous nous apercevons combien peu nous connaissions le Dieu vers qui ils sont allés, le Sauveur qu'ils ont rejoint, comme aussi l'état de félicité dans lequel ils se trouvent actuellement ; combien peu nous avions été en rapport avec la source de laquelle nous obtenons la grâce en même temps que l'épreuve.
Que de fois dans de tels moments, avons-nous appris que nous n'avons pas vécu à la gloire de Dieu et que « voici je viens pour faire ta volonté » n'a pas été le principe de notre conduite ! Dieu nous était alors étranger ; nous l'avions négligé et, en pratique, nous avons vécu sans lui. Satan profite de notre ignorance de nous-mêmes pour nous inspirer des pensées dures à l'égard de Dieu et même peut-être des paroles contre lui, si nous ne reconnaissons pas ce que nous sommes et n'attribuons nos épreuves au fait d'avoir vécu loin de lui.
Il est clair que Dieu est parfait en sagesse, en amour, en puissance, en bonté ; c'est moi, son enfant, qui ne suis pas à la hauteur de ses plans et de sa sagesse, qui pense que j'aurais pu agir mieux qu'Il ne l'a fait lui-même ! Ce qu'il m'avait donné, il me l'a probablement retiré pour m'éviter quelque tentation, comme celle d'Ezéchias ; alors je me suis aperçu que je m'étais occupé bien plus des dons de Dieu que de Dieu lui-même. J'ai agi comme Job. Pauvre Job ! L'ignorance de lui-même l'avait conduit à prendre Dieu pour Satan et Satan pour Dieu ; ne dois-je pas apprendre la même leçon que lui ? Si je ne sens pas la dureté de mon propre coeur, je trouverai que Dieu est dur ; si je vis à quelque distance de lui, si je ne confesse pas que l'égoïsme d'une humanité déchue me conduit, moi, un saint, à marcher comme si un voile était tendu entre Dieu et moi, ici-bas, j'aurai l'impression que les cieux sont d'airain et que c'est Dieu qui les a rendus ainsi. Je ne me suis pas reposé sur les bras divins selon l'Esprit ; j'ai à confesser cela, sinon je laisserai Satan me suggérer que le bras de Dieu s'est levé contre moi.
Mais l'amour divin qui nous a tout donné en Christ insiste pour qu'Il soit tout pour nous. Son amour, comme celui du Père, ne sera satisfait que lorsque Il sera, lui seul, la joie et la portion de nos coeurs. Ces leçons nous brisent pour permettre à Dieu et à Christ d'entrer dans nos âmes.
Il se peut que notre coeur soit amené à passer par toutes sortes de difficultés, pour qu'il apprenne ce qu'il possède en Christ, pour qu'il sache ce que c'est que d'être en rapport avec Celui qui nous aime. Le connaissons-nous comme celui qui s'occupe de tout ce qui nous concerne ? La pensée qu'Il nous suit ainsi devrait nous empêcher d'être surmontés par les difficultés qui surgissent, et nous amener à nous écrier : se peut-il que Christ sur le trône de Dieu m'appartienne, à moi, pauvre et faible créature !
Paul trouvait que l'amour de Christ était personnel (Gal. 2 : 20); oui, c'était un amour personnel qui faisait Jean se pencher sur le sein de Jésus (Jean 13 : 23) ; c'était aussi un amour personnel qui avait poussé la femme à arroser les pieds du Sauveur de ses larmes (Luc 7 : 38), et il y en a encore sur cette terre qui comprennent ce qu'est la puissance de l'amour.
Quand nous voyons les défaillances de saints tels que Pierre et Paul, nous pensons combien l'homme, dans son meilleur état, est peu de chose ; mais quelle bénédiction inexprimable d'avoir affaire à un Dieu qui ne fait jamais défaut !
Nous savons que lorsque nous quitterons cette terre, Dieu nous prendra à lui, et de notre pauvre corps il fera un corps de gloire semblable à celui de l'Homme ressuscité, assis à sa droite.
Quoi qu'il arrive, nous avons les bras éternels au-dessous de nous !
Les saints qui nous ont quittés ne jouissent pas encore d'une bénédiction complète, bien qu'ils aient fait un immense pas en avant.
La position des croyants n'est pas changée par la mort ; ils attendaient ici-bas, et ils attendent encore, présents auprès du Seigneur glorieux. Dans le cas d'Etienne, nous voyons le Seigneur recevoir immédiatement l'esprit de son serviteur ; il en est de même pour tous les bien-aimés qui se sont endormis en Jésus. C'est là un baume pour le coeur qui souffre du vide qui s'est fait et qui ressent le brisement laissé par le départ de ceux qui s'en sont allés. C'est une chose cruelle et humiliante que la mort : elle met fin à tous les arrangements et brise toutes les affections naturelles. Mais il y a d'autre part la conscience de toute la sympathie de Jésus, quand la mort s'est approchée de nous (Jean 11 : 35).
Si j'ai Christ, qu'importe si mon coeur se brise ? Il aime un coeur brisé ! Il prend souci de nous, plus qu'une mère de son enfant ; chacune des pulsations de notre coeur lui est connue. Il est beau de voir comment Il sait nous montrer qu'il est souverainement capable de donner le repos (Ps. 62 : 1) et la paix qui surpasse toute intelligence (Phil. 4 : 7).
Si notre coeur est brisé, c'est afin de mieux nous préparer à la place que Dieu nous réserve. Pour ceux qui trouvent leur appui dans l'amour de Christ, il y a un repos parfait, une paix divine que Satan ne peut pas ébranler. Nous nous étonnerons même d'éprouver cette paix, et, en présence de ce qui frappe ou détruit nos plus chères espérances, nous serons en état de dire : « Je rends grâces à Dieu » (Jean 11 : 41 ; 1 Thes. 5 : 18).
La pensée que le Seigneur vient n'est-elle pas aussi une immense consolation et une vraie puissance dans la vie pratique ? Si elle était constamment devant nos coeurs, nous ne succomberions pas, comme il nous arrive trop souvent, sous la fatigue et les difficultés du chemin. Christ peut venir cette nuit ; il se peut aussi que nous ayons à passer par des jours de souffrance et de persécutions avant qu'Il vienne ; mais, sachant qu'Il viendra nous chercher et qu'en attendant, sa main nous soutient, supportons les épreuves qui nous sont dispensées pendant que nous sommes dans le corps de notre abaissement.
Si nous savons compter sur l'amour de Christ pendant tout le chemin, nous serons en état de faire face à toutes les difficultés. L'amour qui le fait venir nous chercher et qui sera manifesté alors, nous est déjà connu aujourd'hui.
Une marque éclatante de son amour, c'est qu'Il viendra lui-même nous chercher, pour nous introduire dans la maison de son Père.
D'après G.V. Wigram