Israël à Beer-Shéba
Lire : Genèse 46 : 1-7
Chers rachetés du Seigneur, la grâce de notre Dieu brille dans toutes les pages de son saint Livre. Il en est même quelques-unes dans lesquelles l’éclat de cette grâce est si vif que tout autre chose semble disparaître devant elle, même la noirceur de nos fautes. Devant une telle manifestation de la grâce divine, il ne nous reste plus qu'à nous prosterner et adorer : c'est l'infini de l'amour qui est dans le cœur de notre Dieu, ce Dieu qui veut bien s'intituler lui-même le « Dieu de Jacob ». Maintenant, plus que jamais, nous avons à nous fortifier dans cette grâce, et c'est ce que nous désirons faire en parlant un peu de Jacob, ou plutôt d'Israël quand il était près du puits de Beer-Shéba, le « puits du serment » (Gen. 26 : 33). Là, il peut se désaltérer aux eaux assurées de la grâce et adorer le Dieu de son père Isaac.
Isaac était un creuseur de puits et il avait laissé en héritage à sa postérité ce puits du serment, héritage plus précieux que de l'argent ou de l'or. Israël venait d'apprendre que son fils Joseph vivait encore : le fils de sa femme bien-aimée, celui qu'il avait pleuré comme mort pendant bien des années. Et il était même gouverneur sur toute l'Egypte ! Nous pouvons un peu nous représenter ce qui se passait dans son cœur de père. Certainement ce cœur lui criait bien fort de descendre en Egypte, afin de revoir ce fils qui lui était si cher. Joseph, lui aussi, lui avait envoyé dire de descendre vers lui. Le Pharaon même avait donné des ordres à son sujet et avait fait mettre à sa disposition des chariots pour le voyage.
Jacob se met en route ; il descend aux limites de Canaan, mais ne les franchit pas. Belle dépendance ! Il avait dit : « J'irai » (45 : 28), répondant à l’appel de Joseph, mais pour l'exécuter il lui fallait une parole de Dieu. Il descend là où Isaac remontant de Guérar avait trouvé la pleine bénédiction. Il y sacrifie au Dieu d'Isaac et attend ; aussi est-il prêt quand Dieu l'appelle. « Me voici ». Il n'a pas de volonté à lui, malgré le puissant lien qui l'attire. Puis il n'y a que Dieu qui puisse lui dire de descendre en Egypte (voir 26 : 2), mais du moment que Joseph s'y trouve, Jacob peut y descendre et Dieu peut y descendre avec lui. Jacob a trouvé, par la dépendance, la communion avec Dieu dans la marche. Aussi, le Dieu des promesses lui assure qu’il trouvera Joseph et sera avec lui, jusqu'à son dernier soupir. Tels sont les fruits de l'épreuve en Canaan : la soumission (43 : 14), la satisfaction (45 : 28), l'adoration, la dépendance, l'obéissance et la communion» (46 : 1-4).
Quelle scène que celle qui est devant nos yeux dans ces quelques versets ! Ce n'est plus le Jacob d'autrefois qui n'avait d'autres motifs pour agir que sa propre volonté et sa propre sagesse. Le temps où il trompait son père, où il descendait à Charan, où il gardait les troupeaux de Laban, était passé pour lui. Ce n'était plus un Jacob, mais un Israël mûri par la discipline et n'ayant plus aucune volonté. Jacob avait pour ainsi dire disparu avec toute sa volonté, ses ressources, ses marchés, ses tromperies ; on ne voyait plus en ce vieillard qui adorait, que le nouvel homme et les fruits de la grâce mûris par la discipline. Quel changement !
Nous pouvons contempler dans l'Israël de Beër-Shéba, un rayon de la gloire de Celui qui restait deux jours au lieu où Il était lorsque dans la maison de Béthanie chacun le réclamait (Jean 11 : 6). Ce que la grâce a pu faire d'un Jacob ! Pendant qu'il est là près du puits, Dieu lui parle dans les visions de la nuit et lui dit de descendre en Egypte. Il lui fait la promesse qu'Il descendra avec lui et qu'Il l'en fera aussi remonter. Alors Jacob peut poursuivre sa route. Oh ! quel moment dans sa vie : il va voir Joseph ! Mais ce n'est ni son cœur qui le fait aller, ni la parole de Joseph, ni les ordres du Pharaon, c'est la simple obéissance à la parole de son Dieu.
Chers frères, nous ne pourrions que ternir la gloire du Dieu de Jacob en voulant faire des commentaires sur cette page bénie. Ce que nous avons à faire, c'est apprendre par son moyen, et pour nous-mêmes, ce que Dieu veut nous enseigner. Tous, d'une manière ou d'une autre, nous sommes sous sa discipline : c'est dans sa grâce insondable qu'Il nous exerce par ce moyen. Avec quelle sagesse Il le fait ! Quel but glorieux Il se propose ! Quels résultats merveilleux Il peut obtenir par ce qui nous brise et nous humilie ! Ne méprisons pas sa discipline, et ne perdons pas courage quand nous sommes repris par Lui (Héb. 12 : 5). Le but qu'Il se propose est glorieux, merveilleux.
A. Guignard - « Messager évangélique » (1934 p. 106-109)