Annoncer la Parole de Dieu avec hardiesse
Lire Actes 2 à 4.
Le chapitre 2 des Actes nous rapporte que les disciples furent tous remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'énoncer ; ils annonçaient les « choses magnifiques de Dieu », certainement ce que nous trouvons plus loin dans le discours de Pierre : Dieu avait donné à Israël un Seigneur et un Christ, ce Jésus même, qu'Israël venait justement de crucifier.
Voilà donc des gens simples, des gens du commun, sans aucune autorité morale en Israël, qui commencent à proclamer, face à la foule, qu'un homme exécuté, cinquante jours auparavant, comme malfaiteur avec deux autres malfaiteurs, est le Christ, le Seigneur glorieux attendu ; que cet homme, jugé et condamné par les autorités religieuses établies par l'Eternel même, Dieu l'a ressuscité des morts, et qu'il est prêt à venir pour rétablir toutes choses. Plus encore, voilà ces hommes, qui, sans détour, accusent le peuple d'être directement responsable de la mort du saint et du juste : « Vous l'avez cloué à une croix et vous l'avez fait périr », « ce Jésus que vous avez crucifié ». Quelle audace !
Nous vivons au milieu de nations habituées au nom de Jésus, habituées à entendre parler de sa mort et de sa résurrection, ayant même fait de la croix un objet d'ornement. Pouvons-nous imaginer un instant la hardiesse qu'il fallait aux disciples pour annoncer ces choses et lancer de telles accusations à la foule, cette foule venue pour adorer l'Eternel ? Quoi d'étonnant à ce qu'on les ait accusés d'être pleins de vin doux ? Des hommes qui, devant tous, proclamaient des choses aussi déraisonnables, risquant de leur attirer les pires ennuis, devaient être ivres assurément, et cette hardiesse devait leur venir du vin ! Comment Pierre, qui, peu de temps auparavant, avait renié Jésus devant une simple servante, aurait-il pu, s'il avait été lui-même, annoncer à la foule cette chose invraisemblable, la résurrection de ce Jésus ? Comment aurait-il eu l'audace d'accuser ce peuple de l'avoir mis à mort ? Il fallait bien qu'il ait perdu le sens. Pourtant, Pierre n'était pas ivre ; certes, il ne parlait pas par sa propre force ; ce n'était pas son courage naturel, si faible, qui le soutenait ; non, mais Pierre était rempli de l'Esprit Saint.
Les chapitres 3 et 4 des Actes nous montrent l'opposition commençant à se manifester, à se préciser. On met les mains sur eux. Pierre et Jean, hommes illettrés et du commun, se trouvent traduits devant l'assemblée la plus introduite d'Israël, représentant la plus haute société, les chefs, les anciens, les scribes, et tous ceux qui faisaient autorité en matière religieuse, ceux également qui avaient, en fait, pouvoir dans le pays. Comment Pierre et Jean vont-ils se comporter ? Vont-ils chercher à complaire à cette brillante assemblée ? Vont-ils chercher à diminuer ce qu'ils prêchaient la veille ? Vont-ils essayer de dire la vérité sans lui donner cette forme directe, brutale, accusatrice ? Il semble, en effet, qu'avec un peu de prudence dans leurs paroles, un peu de précaution, ils auraient pu présenter presque toute la vérité, l'essentiel du moins, et en même temps ménager leurs juges, et ainsi préserver leurs intérêts en évitant de s'attirer la défaveur des puissants. Mais Pierre et Jean ne sont pas occupés de leur propre intérêt, ils n'adoucissent pas la parole, ils ne diminuent pas la vérité pour la rendre plus acceptable à la raison ou à l'orgueil des hommes ; ils disent « toute » la vérité, celle qui heurte la raison, mais celle aussi qui frappe la conscience ; ils ne cherchent pas de compromis, ils sont pour Dieu contre le monde. Pierre ouvre la bouche et annonce Jésus « que vous, vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité d'entre les morts », les accusant par là, d'un crime et d'un crime contre le Dieu dont ils sont les sacrificateurs. Quelle hardiesse ! Que ce soit devant la foule du commun peuple ou devant les plus hautes autorité, le message de Pierre est le même, aussi direct en ses termes, aussi percutant pour les consciences : « vous avez livré..., vous avez renié le saint et le juste, vous avez mis à mort le prince de la vie, vous l'avez cloué à une croix, vous l'avez crucifié... ». Comment Pierre, le pusillanime (nous le retrouvons au naturel en Gal. 2 : 11) pouvait-il avoir une telle hardiesse qui le faisait reconnaître pour avoir été avec Jésus ? Pierre était rempli de l'Esprit Saint.
Peut-être pensera-t-on que les révélations reçues par les disciples, le fait d'avoir vu le Seigneur ressuscité, les avaient mis dans un tel état d'exaltation qu'ils n'avaient plus conscience du danger. Bien au contraire, ils sentaient profondément ce danger, tout comme leur faiblesse, ainsi que la crainte et la peur qui s'immisçaient dans leur coeur.
C'est pourquoi, aussitôt qu'on leur eut interdit avec menaces de parler de Jésus, ils s'adressent au « Souverain », à Celui qui a fait les cieux, la terre, et la mer et toutes choses qui y sont, qui domine sur toutes choses et qui est donc parfaitement capable de les secourir, d'abattre l'opposition, de préserver leurs vies ou leur liberté. Mais que demandent-ils ? Que le danger soit ôté ? Que leurs vies ou leur liberté soient préservées ? Nullement. Leur propre intérêt, leurs existences même ne sont aucunement l'objet de leurs soucis ; une seule chose les occupe : la Parole du Seigneur ; une seule crainte devient la leur : celle de fléchir devant le danger ; aussi ne présentent-ils qu'une seule prière : « Donne à tes esclaves d'annoncer ta parole avec toute hardiesse... ». Annoncer la parole, malgré la moquerie, l'opposition, les menaces, le danger, voilà quel était l'unique souci des disciples, parce que leur coeur était rempli d'un unique objet ; le Seigneur Jésus. En réponse à leur prière, « ils furent tous remplis du Saint Esprit... ils annonçaient la parole avec hardiesse ».
« Donne à tes esclaves d'annoncer ta parole avec toute hardiesse » (Actes 4 : 29)
Et nous, amis chrétiens, montrons-nous quelque chose de cette sainte hardiesse pour annoncer la Parole, cette hardiesse produite par l'Esprit Saint remplissant un coeur dont l'unique objet est le Seigneur ? Avons-nous un tel souci du témoignage ? Désirons-nous seulement, au fond de nous-mêmes, dans notre coeur, remplir un tel service ? On dira : mais nous ne sommes pas tous appelés à prêcher sur les places publiques, il y a un témoignage rendu, simplement, par la conduite, sans parole... Certainement, nous ne sommes pas tous appelés à prêcher aux foules ; mais annoncer la Parole de Dieu ne signifie pas seulement cela. Le témoignage rendu par la conduite, indispensable certes, ne doit pas être considéré comme seul nécessaire ; il est incomplet. Si nous ne sommes pas tous appelés à la prédication, à tous il nous est réclamé de confesser de la bouche, Jésus comme Seigneur.
Si nous le faisons chaque fois que l'occasion nous en est donnée, cela soulèvera des questions auxquelles il faudra répondre ! N'avons-nous pas tous à parler la vérité chacun à notre prochain, toute la vérité, même si elle est dure à entendre ou à dire ? La vérité sur Dieu, sur l'homme, sur Satan, sur le monde, en ces temps où les hommes s'interrogent et s'inquiètent, ou s'exaltent devant les progrès extraordinaires de leur science, devant le bouleversement des empires établis.
Ayant le privilège de connaître la vérité, et même la vérité concernant l'avenir, l'avons-nous dite ? C'est cependant ce que Dieu veut, de même qu'il veut que nous disions la parole qui est bonne, propre à l'édification selon le besoin, afin qu'elle communique la grâce à ceux qui l'entendent.
Il ne faut pas entendre les ordres à moitié, accepter le côté négatif, rejeter le côté positif. Dieu ne nous demande pas de nous taire, afin de ne pas mentir ; mais il dit : « Parlez la vérité » (Eph. 4 : 25). Ne pas prononcer de paroles déshonnêtes n'impliquera pas de garder la bouche fermée : Dieu désire que nous exprimions la parole bonne qui communique la grâce. L'avons-nous fait ? Nous sommes bien élevés, nous ne disons que rarement des paroles déshonnêtes, nous ne mentons pas ou peu, mais, quantité de gens font de même sans être pour autant des disciples du Seigneur. Ce qui distingue le disciple c'est que, non seulement il ne ment pas, mais il dit la vérité ; non seulement il ne dit pas de paroles déshonnêtes, mais il dit la parole d'édification. Nous sommes-nous ainsi distingués ?
Et tous encore nous avons à répondre à quiconque nous demande raison de l'espérance qui est en nous (1 Pier. 3 : 15), ce qui suppose d'abord que nous ne cachons pas cette espérance, mais qu'elle se voit en nous. Tous aussi, nous avons à suivre un chemin de bonnes oeuvres préparées à l'avance (Eph. 2 : 10) qui forcément nous conduira à ne pas agir comme les autres, à ne pas réagir comme les autres, à ne pas parler comme le monde autour de nous.
Il faut le dire : penser à ces choses nous humilie. Reconnaissons-le, nous avons eu des occasions, souvent, et souvent aussi, manqué de hardiesse pour les saisir. N'avons-nous pas rencontré beaucoup de monde dans notre vie ? Je pense plus particulièrement à la période de jeunesse, au collège, au régiment... tous ces camarades venus de tous les milieux, de toutes les régions, et que nous n'avons peut-être jamais revus de notre vie, avons-nous toujours saisi l'occasion ? Puis au bureau, à l'atelier, dans le voisinage, avec ceux que nous côtoyons journellement... Oui, elles ne nous ont pas manqué, les occasions d'annoncer la Parole. Avons-nous su le faire, par notre attitude déjà, avec sobriété et sans discours inutile ?
Hélas ! trop souvent nous avons été timides. Pourquoi ? Par orgueil, par amour propre, c'est-à-dire amour de soi ; par respect humain, parce que annoncer la Parole c'est réellement endosser l'opprobre de Christ ; nous avons craint de déplaire aux hommes parce que la vérité les condamne et risque de les indisposer à notre égard ; nous avons craint de choquer le monde, nous avons craint de perdre la considération de notre entourage, nous avons craint de passer pour des illuminés, des fanatiques, des rétrogrades ; nous avons craint la moquerie, le sourire ironique, les rebuffades ; et surtout, nous avons craint ce que les autres en pourraient dire par derrière...
Et pourtant, nous n'avons pas devant nous, par pure grâce de Dieu, une opposition violente, nous sommes au milieu de nations dites christianisées, habituées à entendre parler du Christ de temps en temps, au milieu d'hommes que la vérité scandalise peu, à cause de leur indifférence, ou ne scandalise que lorsqu'elle est dite tout entière et sans mélange, et c'est notre responsabilité. On ne met pas les mains sur nous ; on ne nous fait tort en rien dans nos intérêts ; des autorités qui se réclament plus ou moins du Christ protègent et assurent la liberté, et nous avons peur...
Oh ! craignons d'être de ceux qui ont honte de Lui et de ses paroles ; entendons l'avertissement : « Celui qui aura honte de moi et de mes paroles, le fils de l'homme aura honte de lui... » (Luc 9 : 26). Mais, dirons-nous, nous n'avons pas honte du Seigneur, nous ne craignons pas de dire que nous sommes chrétiens. Oui, mais craignons d'avoir honte de « ses paroles », de ses paroles rapportées dans leur totalité ; celles qui font grâce et celles qui condamnent, celles qui sont tolérées par tous et celles qui sont une folie et un scandale pour tous... ; et d'avoir honte, aussi, de celles qu'il faudrait dire, mais qui nous jugent et nous condamnent nous-mêmes.
Ah, si nos coeurs et nos pensées étaient remplis de Lui, si nous désirions réellement son approbation plutôt que l'approbation et la considération des hommes, si nous n'avions, véritablement, dans le coeur que le seul souci de le servir, Lui et sa parole, plutôt que nous servir, nous, alors, nous aussi, nous serions remplis de l'Esprit Saint, et nous aurions, nous aussi, toute hardiesse pour dire la parole à propos.
Prenons garde ; nous sommes ceux qui voient venir l'épée sur le pays, ne sonnerons-nous pas de la trompette ? Nous sommes ceux qui ont entendu la parole de la bouche de Dieu : « Méchant certainement tu mourras ! » N'avertirons-nous pas le méchant ? (Ezé. 33 : 1-9).
Puisse la prière des disciples être aussi, sincèrement, la nôtre : « Donne à tes esclaves d'annoncer ta parole avec toute hardiesse... ». Soyons de ceux qui ne peuvent pas ne pas parler des choses qu'ils ont vues et entendues (Act. 4 : 20).
J. Thomas – article paru dans « Feuille aux jeunes »