LE DEUXIEME LIVRE DE SAMUEL (23-24)
CHAPITRE 23
Les hommes forts de David
CHAPITRE 24
Le mont Morija et la grâce
Conclusion
LE TRIOMPHE DE LA GRACE (2) (ch. 23-24)
Introduction
Dans ses dernières paroles, David avait rendu hommage à la fidélité de Dieu ; il témoigne maintenant du dévouement de ses compagnons d’armes. Malgré les abandons et les trahisons de quelques-uns, ses amis du temps de son abaissement lui sont restés fidèles. L’apôtre Paul aussi, à la fin de sa vie, sera encouragé et consolé par de fidèles compagnons comme Timothée, Luc et Onésiphore. Cette énumération rappelle la bravoure et le zèle de vaillants soldats pour leur roi. Rien de ce qui aura été fait dans ce monde pour le Seigneur ne perdra sa récompense ; et, devant le tribunal de Christ, chacun recevra sa louange de la part de Dieu (2 Cor. 5 : 10). « Et alors, pour chacun, l’approbation viendra de Dieu (1 Cor. 4 : 5).
Bien que son nom soit mentionné incidemment trois fois (v. 18, 24, 37), Joab est absent de cette liste des hommes forts ; pourtant, il avait pris la ville de Jérusalem des mains des Jébusiens, et il avait été chef de l’armée de David pendant bien des années. Mais, étranger à la grâce de son roi, il n’a jamais recherché, et par des moyens répréhensibles, que sa propre gloire. Chef militaire habile et audacieux, mais sans foi ni piété, il a été dominé par l’ambition. Aussi, il connaîtra une fin comparable à celle qu’il a infligée à plusieurs : ayant « versé le sang sans cause », il est mort dans son péché (1 Rois 2 : 31-34).
Le palmarès des hommes forts de David, véritable tableau d’honneur, contient au total 37 noms (v. 39), groupés comme suit, en trois, deux et 32 :
- Les trois premiers (v. 8-12), mentionnés à part des trente.
- Trois autres (v. 13-17), dont le nom n’est pas donné, mais qui font partie des trente.
- Deux autres (v. 18-23), distincts des trente.
- Enfin, les trente (v. 24-39). En fait, ils étaient 32, mais deux d’entre eux étaient morts (Asçaël et Urie).
Les trois premiers hommes forts (v. 8-12)
Ces trois hommes forts, placés en tête de la liste d’honneur, accomplissent des exploits individuels contre les Philistins, les dangereux ennemis qui habitent le pays même. Leur conduite personnifie l’énergie persévérante de Dieu, réalisée dans les siens.
D’abord Josheb-Bashébeth (v. 8), dont le nom signifie « assis sur un trône » ou « sur la première place », manifeste une belle persévérance dans le combat.
Ensuite Eléazar (v. 9-10), c’est-à-dire : « aidé de Dieu ». Il manie l’épée (en figure la parole de Dieu) et ne s’en dessaisit pas, même quand le combat est terminé. Le peuple peut ensuite jouir de la victoire acquise par cet homme fort.
Enfin Shamma (v. 11-12). Au risque de sa vie, il sauve un champ de lentilles (substantielle nourriture du peuple) de l’emprise des Philistins. A son image, sachons combattre pour conserver la précieuse nourriture spirituelle donnée par notre Seigneur, et la préserver des mains de l’Ennemi, quel que soit l’enjeu du combat.
L’eau du puits de Bethléem (v. 13-17)
Parmi les trente chefs, trois sont maintenant spécialement désignés pour avoir accompli un acte exceptionnel en faveur de leur roi. Leur nom n’est pas révélé, car ils personnifient le dévouement obscur de la foi pour les intérêts du Maître.
Profondément attaché à la terre d’Israël, David souffrait de voir les Philistins occuper sa ville natale, Bethléem. Au temps de la moisson, il se souvient de l’eau rafraîchissante de son puits, et exprime le désir d’en boire. Le puits était, pense-t-on, près de la maison d’Isaï, père de David. Il est vraisemblable que l’épisode rapporté ici a eu lieu pendant la guerre mentionnée au chapitre 5. La vallée des Rephaïm (5 : 18 ; v. 13) était remplie de Philistins. Cette vallée se trouve effectivement entre Adullam à l’ouest et Bethléem à l’est. Par affection pour lui, et au péril de leur propre vie, trois hommes forcent le passage et apportent l’eau à David.
David ne se sent pas digne de boire d’une eau acquise à un tel prix ; il en fait l’offrande à l’Eternel. Elle avait la valeur du sang même de ces trois hommes forts, qui avaient accepté le sacrifice de leur vie pour leur roi. Ainsi, tout ce qui est fait pour Christ, l’est aussi pour Dieu, et il l’agrée.
Le Seigneur nous demande de répondre à certains de ses désirs, malgré les difficultés. Peut-être rencontrerons-nous des obstacles dangereux en travers de notre route. Mais ensuite quel bonheur de goûter, avec Christ, une douce communion (Jean 14 : 21). Pensons aussi à sa joie de voir les siens répondre à sa pensée.
Abishaï et Benaïa (v. 18-23)
Il est question ici d’un nouveau groupe de trois hommes, distinct à la fois des trois de l’épisode précédent (v. 13) et des trente (v 23). Deux d’entre eux seulement sont nommément désignés : Abishaï et Benaïa.
Abishaï est le chef de ces trois et le plus honoré d’entre eux ; mais il reste inférieur aux trois mentionnés antérieurement (v. 8-12). Le haut fait qui motive sa mention ici, est rappelé avec exactitude mais sans détail. Son énergie est spécialement soulignée.
En revanche, pour Benaïa, plusieurs exploits sont mis à son actif dans ses combats contre les ennemis du dehors. Benaïa est déjà connu (8 : 18 ; 20 : 23). Il était chef des Kéréthiens et des Peléthiens, les gardes de corps du roi. On le verra agir au début du règne de Salomon, et notamment pour exercer le châtiment sur Joab (1 Rois 1 : 38 ; 2 : 34). En premier lieu, il frappe deux héros de Moab (assimilés à des lions du fait de leur fière apparence). Puis, il a affaire à un vrai lion, jeté volontairement ou tombé accidentellement dans une fosse. Comme David (1 Sam. 17 : 34-35), il le met à mort dans un combat solitaire. N’est-ce pas là une image de Satan, en grande fureur, lié d’abord au désert puis vaincu par Christ, l’homme fort par excellence, à la croix ? En troisième lieu, Benaïa frappe un Egyptien, lui aussi d’aspect effrayant et cela avec la propre arme de l’ennemi. En cela, il imite à nouveau David, vainqueur de Goliath, et reçoit en récompense l’accès à une intime communion avec le roi. Rappelons-nous que le Seigneur fait maintenant une promesse au vainqueur : « A celui qui vaincra, je donnerai de la manne cachée » (Apoc. 2 : 17).
Les trente hommes forts (v. 24-39)
Le tableau se termine par la liste des 30 hommes forts (ou 32 si l’on y ajoute Asçaël et Urie). Certains sont déjà connus : Elkhanan (21 : 19) ou Asçaël, fils de Tseruïa, donc neveu de David (2 : 18).
Urie le Héthien clôt la liste : il y a sa place et ne peut être oublié. Fort dans la bataille (Héb. 11 : 34), il ne s’embarrassait pas des affaires de la vie (2 Tim. 2 : 4), mais il pensait avec sollicitude à l’arche de l’Eternel (11 : 11). Son nom rappelait à David sa propre chute, mais aussi l’immense grâce de Dieu.
Que cette page des Ecritures encourage chacun de nous à prendre sa part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ (2 Tim. 2 : 3). Si une couronne est attribuée au combattant ou au serviteur fidèle, elle sera jetée en hommage aux pieds de Celui à qui revient toute gloire (Apoc. 4 : 10-11) !
Ce dernier récit du livre montre d’une manière saisissante comment s’exercent successivement la discipline et la grâce divines, et comment la colère fait place à la bénédiction : « Il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur » (Ps. 30 : 5). La scène se termine par une révélation merveilleuse de l’œuvre de la rédemption.
Le dénombrement
Par suite d'un péché dont Israël s’était rendu coupable, la colère divine s’embrase contre lui. Comme le précise le livre des Chroniques, Dieu permet à Satan de tenter le roi David (v. 1 ; 1 Chr. 21 : 1). L’histoire de Job est une autre illustration d'une action de Satan permise par Dieu. De même, plus tard, Dieu donne une écharde à Paul qui la désigne comme « un ange de Satan pour me frapper au visage » (2 Cor. 12 : 7).
David décide donc de dénombrer son peuple. On peut se demander en quoi un tel dénombrement était si grave. Mais tout dépend de l’intention du cœur. A plusieurs reprises, le peuple avait déjà été dénombré :
- pour recueillir l’argent consacré au sanctuaire (Ex. 38 : 25) ;
- pour recenser les moyens dont disposait le peuple pour combattre les combats de l’Eternel (Nom. 1 : 2-3) ;
- soit, enfin, en vue du partage de l’héritage promis (Nom. 26 : 51). Mais Dieu avait commandé ces dénombrements dans un but précis.
Ici, le mobile de David est tout autre : « afin que je sache le nombre du peuple » (v. 2). Son succès avait été grand dans le monde d’alentour : son empire était devenu puissant. Il veut connaître la puissance de son armée, pour en tirer une gloire personnelle. Après avoir succombé à la convoitise des yeux et de la chair dans l’affaire de Bath-Shéba, voilà David atteint par l’orgueil de la vie (1 Jean 2 : 16).
Quelle honte pour David de se faire reprendre par Joab, complètement étranger à la crainte de l’Eternel. La parole du roi est pour lui une abomination (1 Chr. 21 : 6), car il ne voyait aucun intérêt à mépriser Dieu dans l’affaire. Beaucoup de gens, sans engagement de cœur, pensent qu’il vaut mieux avoir Dieu pour soi que contre soi. Mais le bon sens de l’homme naturel ne peut rien contre la volonté de Dieu en châtiment, ni contre les ruses de Satan. En définitive, la voix de David est la plus forte, et pendant neuf mois et vingt jours son péché se poursuit jusqu’à son terme. Beaucoup de peine est dépensée pour un résultat d’ailleurs incomplet, car ni Lévi ni Benjamin ne sont dénombrés (1 Chr. 21 : 6).
Le gouvernement de Dieu (v. 10-17)
Le résultat du dénombrement ne réjouit pas le cœur de David, mais au contraire le remplit d’amertume. Le fruit de nos péchés nous déçoit toujours. Si Satan cherche à nous séduire avant la chute, il ne nous cache pas après les conséquences de nos folies, mais plutôt les exagère pour nous accabler. Mais lorsque la vie divine est là, la conscience se réveille pour nous amener devant Dieu.
Spontanément, David, repris dans son cœur, confesse sa faute à l’Eternel, sans chercher d’excuses : « J’ai grandement péché… j’ai agi très follement » (v. 10). Il n’en avait pas été ainsi dans l’affaire de Bath-Shéba. David s’humilie sous la puissante main de Dieu, non à cause du châtiment qui doit l’atteindre mais à cause du péché lui-même. C’est pourquoi Dieu lui envoie Gad le prophète.
Après la confession du péché, la grâce peut pardonner, mais la discipline reste nécessaire. Il faut que David apprenne, une fois de plus, que ce qu’un homme sème, il le moissonnera inévitablement de la main de Dieu (Gal. 6 : 7).
L’attitude de soumission de David devant les divers châtiments proposés par le prophète de la part de Dieu (v. 13) est déjà un sûr indice de son relèvement moral. Il ne voulait tomber ni dans les calamités aveugles de la nature (la famine) ni dans les mains des hommes (les ennemis) mais dans celles de l’Eternel dont il connaissait la miséricorde. Son péché avait été grand (v. 10), sa détresse maintenant était grande (v. 14), mais les compassions de l’Eternel aussi étaient grandes (v.14) : « Elles sont nouvelles chaque matin », et « ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3 : 23, 33).
Dieu envoie donc la peste en Israël, l’un des quatre jugements désastreux de l’Eternel (Ezé. 14 : 21) ; et le fléau va suivre le même chemin que les messagers du roi, qui avaient dénombré le peuple : de Dan à Beër-Shéba, (v. 2, 15), et cela jusqu’au temps assigné. L’ordre royal du dénombrement était parti de Jérusalem, et c’est à Jérusalem que la plaie s’arrête. Mais ce n’est pas à cause du repentir de David, mais à cause d’un autre déroulement des voies de Dieu (v. 16).
La grâce pouvait-elle être plus glorieuse si ce n’est en s’exerçant sur un Jébusien appartenant à une race ennemi et maudite (5 : 6) ? Mais Arauna montre qu’il était déjà touché par la grâce de Dieu et qu’il s’associait de cœur avec son peuple.
David revendique pour lui seul et sa maison la responsabilité du jugement ; puis il intercède pour le peuple : « ces brebis, qu’ont-elles fait ? » (v. 17). Quoique dans d’autres circonstances, nous retrouvons ces mêmes admirables sentiments chez Moïse (Ex. 32 : 32) et chez l'apôtre Paul (Rom. 9 : 3). Il est à nouveau le bon berger d’Israël, type du Seigneur. Mais si David avait conscience d’être pleinement coupable, le Sauveur, Lui, était innocent ; en donnant sa vie pour ses brebis, Il s’offrait volontairement pour porter les péchés des élus.
Le fondement de la grâce (v. 18-25)
Cette scène merveilleuse se complète par l’offrande d’un sacrifice offert sur l’autel (v. 25). La miséricorde divine en face du jugement ne peut s’exercer que sur la base du sacrifice expiatoire de Christ à la croix.
Le mont Morija, lieu désigné à Abraham pour l’offrande de son fils unique (Gen. 22 : 2), l’aire d’Arauna le Jébusien et l’emplacement du temple de Salomon (2 Chr. 3 : 2) sont un seul et même lieu. Quel site extraordinaire, unique ! L'endroit où la victime innocente a été immolée est le lieu même où la grâce arrête la plaie. Le lieu de la substitution devient celui de la propitiation.
Bien des siècles plus tard, et en un lieu tout proche, Golgotha, Dieu se pourvoira de l’Agneau du sacrifice expiatoire qui ôte le péché du monde (Jean 1 : 29).
Arauna, le Jébusien, dans un esprit de générosité et de respect pour le roi, veut tout offrir. Mais le sacrifice présenté par David, pour lui-même et pour tout le peuple, devait être payé de son plein prix. David s’en charge seul pour le compte de tous ; en cela, il est un beau type du Seigneur qui a seul acquitté le salaire du péché.
L’autel de Moïse et le tabernacle étaient encore à Gabaon (1 Chr. 21 : 29). Un autre lieu de témoignage et de culte est maintenant établi : c'est Sion, la montagne de la grâce royale, choisie par l’Eternel pour être son habitation (Ps. 132 : 13). Le feu des cieux descend sur l’holocauste pour le consumer (1 Chr. 21 : 26). De même, un jour, le jugement divin est tombé sur la sainte victime. Mais ce feu était aussi le signe de l’approbation du sacrifice (Jug. 6 : 21).
Ainsi, le mont Morija, lieu du sacrifice et du jugement, devient le lieu de la miséricorde divine et de la rencontre éternelle de tous les rachetés avec leur Dieu.
A l’occasion d’une circonstance historique, l’Ecriture met en valeur la profondeur des richesses et de la sagesse de Dieu. Quel moyen magnifique qui permet la rencontre de la bonté et de la vérité, de la justice et de la paix sans altérer le caractère d’aucune d’elles (Ps. 85 : 10) !
Le Fils de Dieu, son sacrifice expiatoire et sa mort accomplie à Jérusalem, forment la base de toutes les bénédictions terrestres et célestes ; c’est le fondement sur lequel est bâtie l’Eglise, aimée du Seigneur (Matt. 16 : 16, 18 ; 1 Pier. 2 : 6).
Ainsi le livre s’achève sur un nouveau et dernier triomphe de la grâce.
D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 8)