TROIS ATTITUDES DE DAVID
Couché dans le repentir
Assis comme un adorateur
Debout comme serviteur
Dans sa vie si mouvementée et si profondément instructive, David nous est présenté par les écrits inspirés dans trois attitudes remarquables : couché et repentant ; assis dans l'adoration ; debout comme serviteur. Non seulement nous le voyons dans ces attitudes, mais nous avons aussi ses propres paroles, et il y a une profonde instruction morale pour nos âmes à le considérer et à l'entendre. Que le Saint Esprit nous rende capables d'en profiter et qu'II nous accorde de penser à David, à son repentir, à son adoration et à son service.
« David jeûna ; et il alla et passa la nuit couché sur la terre» (2 Samuel 12 : 16). Il est là couché dans l'attitude d'un homme ayant un vrai repentir. La conviction de son péché a atteint sa conscience comme une flèche. La parole pénétrante de Nathan : « Tu es cet homme ! » (v. 7) est entrée avec une puissance divine dans son cœur. Il prend sa place dans la poussière ; sa conscience est touchée et son cœur est brisé devant Dieu. Telle est son attitude ; par quelles paroles s'exprime-t-il ? Nous les trouvons dans le Psaume 51 : « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! selon ta bonté ; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions » (v. 1). Il y a en lui un travail réel. L'homme repentant expose ses péchés en présence de la bonté et des compassions de Dieu. C'est ce qu'il pouvait faire de mieux. La meilleure place pour une conscience convaincue de péché se trouve auprès de la grâce divine. Quand le pécheur coupable et cette grâce sont en présence l'un de l'autre, la question du péché est aussitôt réglée. C'est la joie de Dieu de pardonner au pécheur, Il trouve ses délices dans la grâce. Le jugement est pour Lui son « œuvre étrange » (Es. 28 : 21). Il veut produire en nous la conviction du péché afin que nous le jugions et le haïssions. Il nous envoie dans ce but une flèche ; mais, béni soit son Nom, la flèche de son carquois sera sûrement suivie de l'amour de son cœur, et la blessure qu'elle a faite sera guérie par le baume excellent que cet amour applique toujours sur la plaie. « Tu es cet homme », puis : « J'ai péché contre l'Éternel » (Ps. 51 : 4 ; 2 Sam. 12 : 13a ;), et enfin : « Aussi l'Éternel a fait passer ton péché » (v. 13b).
Oui, cher lecteur, le péché doit être jugé dans la conscience, et plus il sera jugé profondément, plus la bénédiction sera grande. Un travail superficiel de la conscience est à craindre ; car la paix qui en résulte est fausse. Nous aimons à voir une conscience éprouvée jusque dans les plus grandes profondeurs de l'âme, par l'action de la Parole et par l'Esprit de Dieu. La grande question du péché et de la justice doit être agitée dans le cœur jusqu'à ce qu'elle soit finalement réglée entièrement.
Rappelons-nous que Satan se transforme en « ange de lumière » (2 Cor. 11 : 14), et sous ce dangereux caractère il est tout à fait possible qu'il tâche d'amener les âmes à une paix et à un bonheur qui sont faux parce qu'ils ne sont pas fondés sur la croix, seule ressource divine qui réponde aux profonds besoins du pécheur. Il est très dangereux de ne connaître que par l'intelligence le moyen de salut sans qu'il y ait un travail spirituel dans la conscience. Il se peut, et cela arrive fréquemment, qu'une telle paix soit accompagnée de joyeuses émotions, parce que les sentiments naturels ont agi ; mais, si la vérité n'a pas pénétré dans le cœur, lorsque le temps de l'épreuve arrive, il n'y a aucune force pour persévérer.
Que le lecteur ne pense pas que nous méconnaissions l'importance du travail de conscience dans la question de la conversion. Nous sommes pleinement convaincus que ce qui sauve nos âmes c'est d'atteindre Christ lui-même, et non pas le chemin par lequel on y arrive. De plus, le vrai fondement de la paix de l'âme n'est pas le résultat d'un progrès ou d'un exercice quelconque du cœur, de la conscience ou de l'intelligence. C'est le sacrifice divinement efficace du Fils de Dieu qui purifie la conscience et qui procure la paix à l'âme convaincue. Ce qui délivre l'âme et lui donne une paix que rien ne peut plus troubler à l'avenir, c'est une assurance reposant sur l'autorité de Dieu et reçue par la grâce du Saint Esprit, que l'importante question du péché a été réglée une fois pour toutes à la croix. Tout cela est clair, et si quelqu'un venait nous dire : « J'ai la paix parce que j'ai passé par un profond exercice de conscience », nous lui répondrions sans hésitation qu'il se trompe lui-même. Un exercice de conscience n'a jamais satisfait les exigences de Dieu et ne pourra pas satisfaire les besoins insatiables d'une conscience troublée. C'est Christ qui est tout ; en le possédant il ne nous manquera rien. Nous pensons que c'est une grande erreur de se fonder en quelque manière que ce soit sur le mode de conversion. L'Ennemi s'en servira avec avantage pour ébranler la confiance. La paix du croyant ne vient pas de ce qu'il a été converti de telle ou telle manière, de ce qu'il a senti profondément sa culpabilité, de ce qu'il a beaucoup pleuré ou de ce qu'il a prié souvent, quoique ces choses aient de la valeur à leur place. Paul n'a sans doute jamais oublié la scène qui s'est passée entre Jérusalem et Damas, mais soyons bien certains que sa paix ne reposait pas sur les remarquables circonstances de sa conversion, ni sur ce qu'il a éprouvé, mais uniquement sur ce que Christ avait fait pour lui sur la croix. Il doit toujours en être ainsi : « Christ est tout et en tous » (Col. 3 : 11). Ce n'est pas Christ et quelque chose avec Lui, mais Christ seul : c'est son œuvre accomplie pour nous et non le travail fait en nous qui sauve notre âme. Les deux choses sont intimement liées, c'est pourquoi elles ne peuvent pas être séparées ; mais elles sont tout à fait distinctes l'une de l'autre et elles ne doivent pas être confondues. Nous ne pouvons connaître l'œuvre accomplie pour nous que par le travail fait en nous et c'est en proportion de la profondeur et de l'intensité de ce travail que nous jouirons clairement et d'une manière invariable de notre repos en cette œuvre.
Nous sommes assurés que David a trouvé son repos non point par des exercices intérieurs, mais par des communications du dehors, par les précieuses promesses et les assurances données par Dieu à son âme. Il ne s'est pas reposé sur le fait qu'une flèche avait pénétré dans son cœur par ces mots : « Tu es cet homme », et lui avait fait ensuite pousser ce cri de repentir : « J'ai péché contre l'Éternel », mais sur la précieuse vérité qui lui a été communiquée : « L'Éternel a fait passer ton péché ». Nous ne voudrions pas cependant jeter du trouble dans les âmes dont les premiers moments de vie spirituelle n'auraient pas été caractérisés par de profonds exercices de repentance, mais plutôt par des émotions de paix et de bonheur. Il est impossible que « la bonne nouvelle » du salut puisse produire autre chose que de la joie dans l'âme qui a cru. Il y eut une grande joie à Samarie quand Philippe y prêcha Christ (Act. 8 : 8) ; et l'eunuque éthiopien continua son chemin tout joyeux après avoir appris que Jésus était mort pour ses péchés (v. 39). Pouvait-il en être autrement ? Comment quelqu'un qui a cru ne serait-il pas heureux en ayant cette assurance ? Impossible ! La bonne nouvelle « d'un grand sujet de joie » (Luc 2 : 10) doit remplir le cœur de bonheur.
« Le pardon». Ce mot résonne avec joie aux oreilles de ceux qui sont condamnés à la mort.
Il en est sûrement ainsi ; mais cela peut-il à aucun degré contrarier la valeur d'un travail profond et complet de la conscience ? Certes pas ! Mais si l'âme n'est pas sauvée par les exercices de conscience, toutefois plus ces exercices auront été profonds, plus la possession de Christ sera solide, et plus la réalisation pratique du christianisme sera ferme et vigoureuse.
Combien il est désirable qu'il y ait un témoignage plus effectif rendu au Seigneur par les siens dans une dépendance plus complète et avec un cœur plus entièrement consacré au nom et à la cause de Christ. Nous ne pouvons pas nous attendre à trouver ces caractères dans les rangs de ceux qui n'ont jamais connu un profond exercice de conscience ni éprouvé la puissance de la croix de Christ.
Au commencement du chapitre 7 du second livre de Samuel, nous voyons David habitant dans sa maison de cèdre et considérant toutes les grâces variées dont la main de l'Éternel l'avait entouré. « Et quand le roi habita dans sa maison, et que, tout autour, l'Éternel lui eut donné du repos de tous ses ennemis, il arriva que le roi dit à Nathan, le prophète : Regarde, je te prie, moi j'habite dans une maison de cèdres, et l'arche de Dieu habite sous des tapis. Et Nathan dit au roi : Va, fais tout ce qui est dans ton cœur, car l'Éternel est avec toi » (v. 2-3).
En un mot, David voulait bâtir une maison pour Dieu ; mais il n'était pas l'homme désigné pour le faire et ce n'était pas non plus le moment voulu. Nathan est donc envoyé vers David pour corriger son erreur. L'intention était bonne, mais cela ne suffisait pas ; ce n'était ni la pensée de Dieu, ni le moment voulu par Lui. David avait versé beaucoup de sang (1 Chr. 22 : 8) et de plus il se trouvait aux prises avec des ennemis et du mal. Il devait encore être instruit par de profonds exercices, de la grâce de Dieu envers lui. Dieu avait déjà fait beaucoup pour lui ; mais tout ce qui en était du passé n'était rien en comparaison de ce qu'Il devait faire encore dans l'avenir. Si une maison de cèdres était une grande chose aux yeux de David, combien plus grands encore seraient une maison et un royaume éternels.
« L'Eternel t'annonce que l'Éternel te bâtira une maison » (v. 11). Cela renversait entièrement les choses. Les voies de l'Éternel envers David dans le passé, avaient été pleines de grâce ; celles de l'avenir devaient être pleines de gloire. Dieu, dans son amour, avait élu David et l'avait pris des parcs, d'auprès du menu bétail, pour le faire prince sur son peuple Israël. « Et encore cela a été peu de chose à tes yeux, Seigneur Éternel ! Et tu as même parlé de la maison de ton serviteur pour un long avenir » (2 Sam. 7 : 19). Le passé et l'avenir sont présentés l'un et l'autre sous un brillant aspect aux yeux du roi David et il ne peut que baisser la tête et adorer.
« Et le roi entra et s'assit devant l'Éternel et dit : Qui suis-je, Seigneur Éternel !» (v. 18). Telle est la seconde attitude de David. Au lieu de sortir pour bâtir à l'Éternel, il entre pour s'asseoir devant Lui. Il y a une grande beauté morale dans sa conduite.
Il peut paraître à un œil peu intelligent que l'attitude de David était toute naturelle ; mais soyons bien assurés de ceci : personne ne peut se tenir debout comme serviteur, s'il ne s'est pas assis d'abord comme adorateur. Il faut avoir eu à faire avec le Seigneur avant de pouvoir travailler pour Lui. Indiquez-moi un homme ayant réellement occupé la place d'adorateur et je vous montrerai que lorsqu'il s’est élevé sur ses pieds, il s'est manifesté comme vrai serviteur. Mais il faut bien noter qu'il ne s'agit pas de nous asseoir pour considérer notre travail, notre service, notre prédication, nos circonstances, notre expérience ou quelque chose de nous. Combien souvent nous sommes portés à nous asseoir pour penser à nos différents exploits dans le travail que nous avons fait pour le Seigneur ! Combien cela montre notre faiblesse ! Rien ne peut être plus misérable que d'être occupé de soi-même. Si le Seigneur s'est servi de nous en quelque chose dans son œuvre, qu'il n'y ait en nous aucun autre sentiment que celui de la reconnaissance. Prenons garde de n'avoir pas notre propre personne devant nos yeux, soit directement, soit indirectement. Ne soyons pas satisfaits de nous-mêmes dans les différentes choses dont nous nous sommes occupés et que nous avons réglées, ni dans les différentes sphères d'actions auxquelles nous avons pris part. Tout cela ne fait qu'enfler notre nature et laisse l'âme stérile et misérable.
Voyez le contraste ! « Et le roi David entra et s'assit devant l'Éternel et dit : Qui suis-je, Seigneur Éternel ! ». Le moi disparaît dans l'obscurité et l'oubli quand nous sommes assis devant le Seigneur. Nous pouvons difficilement dire ce qu'il faut le plus admirer en David son attitude ou ses paroles : « Il s'assit et dit : Qui suis-je ? » ; les deux choses sont admirables et dans un ordre moral exquis.
Qu'il nous soit accordé de connaître mieux la profonde signification de ces paroles et leur puissance pratique ! Puissions-nous réaliser ainsi ce que c'est de s'asseoir dans la présence divine en nous oubliant nous-mêmes et tout ce qui nous concerne.
Nous n'entreprendrons pas de faire un exposé du Psaume 51, qui est, comme nous l'avons dit, l'expression de la repentance de David, ni non plus du chapitre 7 du second livre de Samuel qui nous montre ce qu'est un adorateur. Nous avons cité ces deux précieux passages de la Parole pour que le lecteur les médite, et nous passons maintenant à la troisième attitude prise par David.
« Et le roi David se leva sur ses pieds » (1 Chr. 28 : 2.) Cela complète son caractère si admirable. ? Nous l'avons vu couché à terre lorsque la flèche de conviction de péché avait pénétré sa conscience et que le châtiment de Dieu pesait sur lui ; nous l'avons vu assis dans le sanctuaire, se souvenant de toute la grâce dont il avait été l'objet dans le passé et anticipant les rayons de la gloire future. Maintenant nous le voyons dans l'attitude d'un vrai serviteur, ayant le cœur occupé du service et se mettant lui-même avec toutes ses ressources aux pieds du Seigneur. Tout cela est d'une profonde réalité : le cri de repentance, les ardentes aspirations de l'adorateur ; les accents de dévouement et de consécration à Dieu, le tout est profond, fervent et pur. « Et moi, de toute ma force, j'ai préparé pour la maison de mon Dieu » (1 Chr. 29 : 2). «Et de plus dans mon affection pour la maison de mon Dieu, je donne pour la maison de mon Dieu » (v. 3). Quel oubli de soi-même et quel dévouement nous avons ici ! David ne le faisait pas pour avoir l'honneur de bâtir la maison ; mais qu'était cela pour celui qui avait sa place dans le sanctuaire et qui avait appris à dire: « Qui suis-je ? ». La maison de son Dieu allait être bâtie, et cela lui suffisait. La force de son bras, l'amour de son cœur, et toutes les ressources de ses trésors, il les offrait volontairement pour la construire.
Nous ne nous étendons pas davantage sur ce sujet et nous terminons. Que le Saint Esprit applique ces choses avec puissance à nos cœurs. Lecteurs croyants, ne tardez pas à vous dévouer entièrement et de tout votre cœur au Seigneur. Consacrez-vous à Christ et à sa cause dans ce monde avec tout ce que vous possédez ; recherchez continuellement Sa présence. Après avoir quitté l'attitude de la repentance, continuez votre chemin dans l'adoration et, quand l'occasion favorable se présentera, vous serez alors prêts à occuper la position d'un vrai serviteur.
C. H. M – Messager évangélique 1944 p. 169-177