LE JOUG DE CHRIST
De mauvais jougs
Le « joug facile » que Christ donne au croyant
Un joug est, au sens propre, une pièce de bois que l’on mettait sur la tête des bœufs ou d’autres animaux, et qui unissait deux bêtes dans un effort commun, le labourage par exemple - il n'est pas rare de le voir encore utilisé dans certains pays où les méthodes agricoles ne sont pas mécanisées.
Ce mot « joug » sert aussi à décrire certaines situations qui se présentent chez les hommes. Il s’agit d’une contrainte matérielle ou morale, pesant souvent lourdement sur celui qui la subit et entravant parfois sa liberté ! On peut citer le joug d’un envahisseur, d’un tyran, ou le joug que l'on peut avoir à porter à la suite d’un mariage malheureux. Le joug du péché pèse en outre sur tous les êtres humains depuis la chute d’Adam, le premier homme (Gen. 3).
Quelle sorte de « joug » avons-nous choisi de porter ? Les conséquences d’un tel choix sont capitales pour chacun de nous.
Nous désirons évoquer deux sortes de jougs très différents dont parle l’Ecriture.
Un joug « mal assorti » (2 Cor. 6 : 14)
L'apôtre Paul met en garde les enfants de Dieu d’agir follement, en désobéissance à la volonté de Dieu, en se mettant sous un joug mal assorti, de quelque nature qu’il soit, et en tout premier lieu, celui du mariage. Ce joug « mal assorti » pèsera sur leur vie personnelle, sur leur témoignage et sur leur famille.
Paul dit aux croyants à Corinthe : « Nous vous parlons très librement… Notre cœur est grand ouvert… En juste retour - je parle comme à mes enfants - ouvrez largement votre cœur, vous aussi » (2 Cor. 6 : 11-13). Les affections de l'apôtre se traduisent en termes touchants. Il parle dans la vérité et dans l’amour - deux caractères divins qui vont toujours ensemble. Ce texte suffit à lui seul à nous enseigner la pensée de Dieu et à faire comprendre « la marche à suivre » pour chaque croyant devant un joug mal assorti.
Les bonnes nouvelles que l’apôtre venait de recevoir au sujet des Corinthiens lui permettaient d’user à leur égard d’une plus grande liberté que lors de sa première lettre. Aussi les avertit-il encore, car dans cette assemblée il y avait du désordre au milieu des saints. Il parle très sérieusement, mais avec douceur : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle relation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? Et quel accord de Christ avec Béliar ? Ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? Et quelle compatibilité y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (v.14-15). Impossible de contester, si l’on est droit, cette série de questions posées par l’apôtre sous la conduite du Saint Esprit !
Des chrétiens essaient, par des raisonnements spécieux, de se soustraire au tranchant de l’épée de la Parole de Dieu, et prétendent qu'en épousant une personne non croyante ils pourront l'amener à se tourner vers le Seigneur. En agissant ainsi, ceux-ci désobéissent à la volonté divine clairement exprimée, et se placent sciemment sur un mauvais terrain. Or Dieu n’autorise jamais ses enfants à désobéir - sous quelque prétexte que ce soit, même avec les meilleures intentions. Sa volonté doit toujours primer sur la nôtre.
Considérons, en revanche, deux exemples d’obéissance de nature à nous encourager ; ils nous montrent la bénédiction qui s’en est suivie.
Il y a d’abord celui de cet homme de la famille de Lévi qui s’en alla et prit une fille de Lévi (Ex. 2 : 1). Dieu a grandement béni cette famille ! Moïse, né de leur union, a été en bénédiction pour tout le peuple de Dieu.
Rappelons aussi l'exemple des filles de Tselophkhad, au sujet desquelles l'Eternel a dit : « Elles deviendront femmes… dans la famille de la tribu de leur père, afin que l’héritage ne passe pas de tribu en tribu chez les fils d’Israël ; car les fils d’Israël seront attachés, chacun à l’héritage de la tribu de leurs pères (Nom. 36 : 6-7). Ces filles, qui ont montré combien leur attachement à l’héritage était grand, vont faire ce que l’Eternel leur a commandé et se marier dans la tribu de leur père. Celui qui apprécie l’héritage spirituel reçu de nos devanciers, et qui a à cœur de garder ce précieux « dépôt » que Dieu nous a confié, s’unira avec quelqu’un qui partage ce même héritage. Ne pas tenir compte de cet enseignement de la Parole quant au mariage nous amènera à abandonner ce précieux héritage.
Des jougs qui lient au monde
Il n’y a pas de crainte de Dieu chez les incrédules (Rom. 3 : 18). Ils n’ont pas, et ne peuvent pas avoir, les scrupules qui sont dans le cœur et la conscience d’un chrétien. Leurs « objectifs » ne sont pas les mêmes ; leurs ressources sont entièrement différentes ; ils n’ont pas les mêmes joies. On comprend l’impossibilité pour deux hommes de marcher ensemble, s’ils ne sont pas d’accord, ce que souligne Amos (3 : 3). Il nous convient d’en tenir constamment compte, comme le psalmiste (Ps. 119 : 63). Ceux qui ne se soumettent pas à cette règle divine se transpercent eux-mêmes de beaucoup de douleurs, comme ceux qui aiment l’argent (1 Tim. 6 : 10).
C’était le cas du malheureux Abdias. Il restait le serviteur dévoué d’Achab, ce roi idolâtre dont il exécutait servilement les ordres. Il avait beau souligner « ses bonnes œuvres », elles étaient inconciliables avec la crainte de Dieu. Le prophète Elie, pour parler à sa conscience, le lui fait sentir (1 Rois 18 : 3-16).
Nous pensons également au roi Josaphat. Au début de son règne, il recherche le Dieu de son père Asa et marche dans les commandements de l’Eternel (2 Chr.17 : 4). Ensuite, il s’allie avec Achab par mariage ! Son fils Joram, épouse la fille de ce roi d’Israël incrédule (2 Chr. 21 : 6.). Josaphat ose déclarer à Achab : « Je suis comme toi, et mon peuple, comme ton peuple » (18 : 3) et il lui promet d’aller avec lui à la guerre. Il sera prisonnier de sa promesse. Au retour d’une campagne guerrière infructueuse, où Josaphat a été en grand danger de perdre la vie, Jéhu, fils de Hanani vient à sa rencontre et l’interroge ouvertement : « Aides-tu au méchant et aimes-tu ceux qui haïssent l’Eternel ? » (19 : 2). Josaphat se repent - de façon hélas passagère et ne tarde pas à retomber dans les mêmes errements. La fin de la vie de ce croyant est gâchée par ses rechutes. Retenons les paroles solennelles que Dieu avait confiées à Jéhu et craignons de nous laisser un jour ou l'autre entraîner dans un mauvais chemin.
Souvenons-nous aussi de Démas. Il avait d’abord été l'un des compagnons de service de l’apôtre Paul. Ils avaient en commun le désir de servir le Seigneur en servant les saints. Mais Démas s’était ensuite « peu à peu » éloigné et finalement Paul doit écrire à son sujet, le cœur serré : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle » (2 Tim. 4 : 10). Il ne cherchait plus désormais la si précieuse communion entre les disciples du Seigneur. Il était parti à Thessalonique mais ce n’était pas apparemment pour y servir Dieu.
Nous pleurons peut-être des frères qui se sont éloignés. Ils ont négligé de tenir compte les avertissements d’amour de leur Sauveur et Seigneur. Parfois même nous avons perdu de vue leurs traces dans ce monde. Mais leur Berger les suit des yeux et peut les ramener. Ne cessons pas de prier pour eux !
La séparation du monde
Les chrétiens sont le temple du Dieu vivant. Il a dit : « J’habiterai avec eux et j’y marcherai et Je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple. C’est pourquoi sortez du milieu d’eux et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous recevrai. Et je serai pour vous un père, et vous, vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant. » (2 Cor. 6 : 16-18). Plusieurs passages prophétiques sont en filigrane dans ce texte : Esaïe 43 : 6 ; 52 : 11 ; Jérémie 31 : 9 ; 51 : 45.
Entendre l’Ecriture parler de séparation rebute malheureusement d’emblée plusieurs chrétiens. Car « achever la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 7 : 1) signifie se séparer du monde, et souvent en particulier de sa forme religieuse (v. 16-18).
Cette séparation concernait déjà Israël, qui était alors le peuple de Dieu : « Vous me serez saints (séparés), car je suis saint, moi, l’Eternel ; et je vous ai séparé des peuples, pour être à moi » (Lév. 20 : 26). Cette parole de Sa part était sans ambiguïté.
Cela ne veut pas dire que dans la vie journalière il faille cesser entièrement toute relation, tout contact ou toute affaire avec les incrédules qui nous entourent. L’apôtre Paul dit clairement que l'on ne peut pas ne pas avoir affaire aux fornicateurs si nombreux dans ce monde, ou aux cupides (qui convoitent et veulent toujours augmenter leurs biens sur la terre) ou aux ravisseurs (qui cherchent à dérober et iront jusqu’au rapt ou au crime), ou encore aux idolâtres (adonnés à des idoles variées telles que l’argent, les stars...), car pour se séparer radicalement ainsi, il faudrait « sortir du monde » (1 Cor. 5 : 10). Or le Seigneur envoie encore ses disciples dans le monde, comme Dieu l’avait Lui-même envoyé. C’est encore un jour de grâce et de salut. Nous devons rendre dans ce monde un témoignage clair à la vérité, à commencer par notre conduite (Jean 17 : 16-19).
Le « joug facile » que Christ donne au croyant
« Prenez mon joug sur vous » (Matt. 11 : 29)
Nous avons évoqué ci-dessus plusieurs jougs qui ne peuvent manquer de faire beaucoup souffrir ceux qui en sont chargés, parfois par faiblesse et contre leur gré.
Mais la Parole de Dieu veut attirer notre attention sur un tout autre joug. Il ne fatigue pas celui qui le porte, au contraire, il lui accorde la délivrance à tous égards. C’est le joug de la soumission au Seigneur. Acceptons de le prendre sur nous avec une grande reconnaissance. Jésus l’offre encore aujourd’hui à tous les hommes. Il nous dit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est facile et mon fardeau est léger » (Matt. 11 : 28-30). Nous pouvons chanter avec joie et gratitude :
Nous trouvons le repos quand nous courbons la tête,
O Sauveur adoré, sous ton joug plein d’amour,
Apprenant de toi seul, de ta grâce parfaite,
A porter patients le faix de chaque jour.
Les versets de Matthieu 11 qui précèdent ceux que nous venons de citer nous montrent quel doit être l’état de cœur pour réaliser ces choses : « Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11 : 25-26). Venons à Lui avec une foi enfantine qui accepte simplement ce qu’Il nous dit.
« Apprenez de moi » ! Ses paroles sont « vie et paix », et ce n’est pas seulement par sa bouche qu’Il nous instruit, mais avant tout par son merveilleux exemple (1 Pierre 2 : 21). Il veut que nous « apprenions le Christ » (Eph. 4 : 20).
Le joug de Christ, symbole de l'obéissance « de cœur » à la volonté du Seigneur
Près de Jésus on goûte avec bonheur à deux choses apparemment contradictoires : le repos et le joug. Son joug est caractérisé par l’obéissance, entre autres dans le service. Le joug du monde ou du péché sont pesants et accablants, mais celui du Seigneur est « léger », en le prenant, sa volonté fait toutes nos délices. Heureux ceux qui acceptent le repos que Jésus seul peut leur donner, en marchant dans un chemin d’obéissance. Ainsi, le racheté échange la fatigue et la charge qui résultent inévitablement du péché (v. 28) contre un dévouement heureux qui découle de l’amour (2 Cor. 8 : 3-5).
« Bienheureux les débonnaires (ceux qui sont doux) », a dit le Seigneur Jésus (Matt. 5 : 5). Quel privilège de Lui ressembler ! Soyons vraiment « humbles de cœur » comme notre cher Sauveur.
Dans ce chemin d’obéissance, il y a des bénédictions d’une valeur incomparable : la jouissance de relations bénies avec Dieu devenu notre Père ! Dans l’attente d’être avec le Seigneur, cherchons à Lui plaire, en nous tenant séparés du mal sous toutes ses formes (2 Cor. 6 : 17-18). N’oublions pas le témoignage qu’Il nous confie :
Quand vous saurez combien Jésus vous aime,
Quand vous saurez combien son joug est doux,
Ne gardez pas ce trésor pour vous-même,
Mais proclamez ce qu’il a fait pour vous !
Mon Sauveur vous aime, Ah ! Cherchez en Lui
Votre ami suprême, votre seul appui.
Ne pas revenir sous un joug de servitude
Amis croyants, le Seigneur Jésus a payé le prix immense de notre rédemption pour que nous Lui appartenions : Il nous a « achetés à prix » (1 Cor. 6 : 20). D'autre part, « Christ nous a placés dans la liberté, en nous affranchissant » (Gal. 5 : 1). Jésus avait déjà parlé à ses disciples de cet affranchissement : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres… la vérité vous affranchira » (Jean 8 : 36, 32). Ce sujet est traité dans les épîtres aux Romains (6 : 16-22 ; 8 : 2) et aux Galates. Si Christ nous a placés dans une telle liberté, Il nous appelle à nous tenir fermement dans cette liberté et à ne pas nous laisser retenir « sous un joug de servitude », quel qu’il soit.
Dans la première épître aux Corinthiens, l'apôtre Paul rappelle que chaque croyant est à la fois un homme affranchi et un esclave. Il a été libéré de la domination du péché et de Satan et il est devenu un « esclave de Christ ». En se référant à la condition de l’esclavage terrestre, Paul dit : « L’esclave qui est appelé dans le Seigneur est l’affranchi du Seigneur ; de même aussi l’homme libre qui a été appelé est l’esclave de Christ » (7 : 22).
Puissions-nous ne pas être tentés de nous replacer sous le joug d’une loi quelconque, en tenant ferme la liberté dans laquelle l’œuvre de Christ nous a placés. Et sachons véritablement porter son joug sur nous, en faisant de cœur sa volonté et en Lui exprimant cette demande :
Tu nous as donné la vie ;
Que notre âme chaque jour
A ton joug soit asservie,
Heureuse dans son amour.
Ph. L Le 27-06-2018