Le désert et ses ressources
Lire : Nombres 11
Des murmures et des plaintes
La colère de l'Eternel
Regret du monde ou jouissance de notre héritage ?
Les ressources divines
Notre manque de foi
Le livre des Nombres, qui fait le récit du voyage des Israélites à travers le désert, nous rapporte aussi leurs rébellions continuelles. C'est la triste histoire du peuple de Dieu, mais toutefois elle est pleine d'encouragement pour nos âmes, en ce qu'elle exalte Dieu et montre toute sa patience envers son peuple. Tout à la fin du voyage, Dieu déclare « qu'il n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni n'a vu d'injustice en Israël » (Nom. 23 : 21).
Israël campait au commandement de l'Eternel ; l'arche de l'alliance conduisait le peuple et Dieu lui donnait en toutes choses ses directions. Mais lorsque l'arche, partant de la montagne de Sinaï, les eut conduits trois jours, ils se mirent à murmurer et à se plaindre de la fatigue. Nos cœurs ne font-ils pas de même ? Se plaindre du chemin, c'est le commencement de l'incrédulité, même dans le cœur des croyants.
Après avoir passé la mer Rouge, Israël avait chanté le cantique de la délivrance ; mais quand il est question de marcher dans un désert où il n'y a ni eau ni chemin, et où il faut, en tout, dépendre de Dieu, le peuple commence à se fatiguer et regrette les jouissances qu'il avait en Egypte.
Il nous est permis d'être fatigués. Non pas de Dieu, mais de ce que nous sommes et de ce qu'ayant un trésor, nous le portons dans des vases de terre. Cette fatigue-là ne nous éloigne pas de Dieu. Plus je suis en la présence de Dieu, plus mon cœur est fatigué du mal. C'est une fatigue et une tristesse selon Christ, qui était lui-même « un homme de douleurs, et sachant ce que c'est que la langueur » (Es. 53 : 3). Dieu approuve cette fatigue et la soulage ; elle provient de l'amour de Christ en nous ; elle ne se relâche pas dans le travail, et ne succombe pas dans la tentation. Si je suis fidèle, il est impossible que je ne sois pas fatigué du péché qui est en moi et autour de moi. Combien était différente la fatigue d'Israël ! Elle provenait de la faiblesse de la chair qui craint les difficultés, n'aime pas à résister, redoute l'effort, et qui, au fond, se plaint de Dieu et murmure contre Lui. Comment pourrait-elle Lui être agréable ?
Dieu entend les plaintes de son peuple et sa colère s'embrase contre lui ; car, en se plaignant, ils avaient « méprisé l'Eternel » qui était au milieu d'eux (Nom. 11 : 20). N'avait-Il pas pris soin de tout ce qui les concernait ? Sans doute, mais la chair ne veut pas être fatiguée et se plaint. Alors l'Eternel leur fait sentir sa présence et le feu de son jugement en dévore quelques-uns (v. 1). L'humiliation survient et la miséricorde reprend son cours.
Il y avait parmi le peuple des gens dont le cœur était encore en Egypte. Nous n'avons besoin que de peu de chose pour le voyage. Plus notre bagage sera léger, plus la marche nous sera facile. Dieu ne nous donne pas ce qui pourrait nous attacher à ce monde de péché, mais ce qui nous suffit pour le voyage vers notre patrie céleste.
Regret du monde ou jouissance de notre héritage ?
Les mondains ne peuvent se contenter de ce que Dieu donne, parce que cette patrie n'est pas leur but, et qu'ils n'y ont ni leur espoir, ni leur héritage. Israël se met à pleurer et désire de la chair à manger, c'est-à-dire autre chose que ce qui est nécessaire pour le voyage. Quel malheur pour nous, si Dieu nous accordait ce qui nous attache à la terre ! Notre repos n'est pas ici-bas ; c'est la chair qui désire un repos dans ce monde.
Israël dit : « Il nous souvient du poisson que nous mangions en Egypte pour rien, des concombres, et des melons, et des poireaux, et des oignons, et de l'ail ; et maintenant notre âme est asséchée ; il n'y a rien, si ce n'est cette manne devant nos yeux » (v. 5-6). Ils retrouvent le souvenir des choses du monde, mais c'est un souvenir et non une espérance. La manne que leurs yeux voyaient était la grâce suffisante pour le voyage. Elle n'avait aucun rapport avec ce qui était en Egypte ; elle n'était pas non plus la nourriture que le peuple allait trouver en Canaan, mais elle contenait tout ce qui était nécessaire pour le soutenir pendant le voyage. Israël se souvenait des ressources agréables de l'Egypte, mais il avait oublié les « briques » (Ex. 1 : 14 ; 5 : 8, 14) ; car Satan a soin de ne pas nous rappeler les souffrances qui se trouvent dans le monde.
Israël pensait que la nourriture d'Egypte le rendrait heureux. Si Dieu nous rendait heureux ici-bas avec les choses qui s'y trouvent, il ne serait pas satisfait dans son amour envers nous. Jamais Il ne nous donnera ce qui peut nous faire oublier que nous sommes des voyageurs dans le désert. Il veut que sa grâce nous suffise et, quand elle ne nous suffit plus, c'est que la chair agit en nous. Il en est de la grâce comme de la manne. Impossible d'en faire provision pour demain (Ex. 16 : 19), ni de s'appuyer sur la grâce d'hier. Il faut que nous n'ayons aucun autre appui que Dieu, que nous dépendions journellement de Lui ; voilà ce qu'Il veut. Quant à Lui, Il s'est souvenu chaque matin d'Israël pendant quarante ans. S'Il n'avait donné la manne qu'une fois par mois, Il n'aurait montré son amour qu'une fois par mois et non tous les jours. En fait, Il montre à chaque moment combien Il nous aime. Si nos yeux ne sont pas satisfaits de voir la manne tous les matins, nous méprisons l'amour de Dieu. La joie du fidèle est de comprendre cet amour et de vivre dans une continuelle dépendance de Dieu.
Moïse dit : « D'où aurais-je de la chair pour en donner à tout ce peuple ?… Je ne peux, moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi » (Nom. 11 : 13-14). Il oublie que la difficulté est devant Dieu et qu'elle concerne Dieu. Les disciples dans la barque ont eu peur, comme si Jésus, qui était avec eux, était en danger d'être noyé (Matt. 8 : 25). Alors que Dieu a lié sa gloire à nos intérêts, notre incrédulité sépare nos intérêts de la gloire de Dieu.
Le plus grand châtiment que Dieu puisse nous infliger est d'accorder à la chair ce qu'elle désire (Nom. 11 : 18-20). Les Israélites auraient dû, à la vue des cailles, confesser leur péché et retourner à Dieu. Loin de là, ils en mangent, et la chose même qui satisfait leur convoitise les frappe et les punit.
D'après J. N. Darby - « Messager évangélique » (1891 p. 406 ; 2002 p. 221)