LE LIVRE DE RUTH (3)
La foi active de Ruth dans le champ de Boaz lui a fait trouver la bénédiction, une abondante nourriture qu'elle a voulu partager avec Naomi. Où va-t-elle maintenant découvrir le repos et le bonheur, sinon aux pieds de Boaz, type de Christ qui a dit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatigués et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28) ?
1-1 : Le voeu de bonheur de Naomi pour Ruth : v. 1
Naomi désire le véritable bonheur de Ruth qu'elle aime : « Ma fille, ne te chercherai-je pas du repos, afin que tu sois heureuse ? ». Cette femme pieuse comprend que Ruth doit faire un pas de plus. Jusqu'ici sa belle-fille a travaillé dans le champ du Maître ; elle est appelée maintenant à se tenir à ses pieds. Elle est comme Marthe de Béthanie qui servait (Jean 12 : 2) ; elle va devenir comme Marie, assise aux pieds de Jésus, l'écoutant (Luc 10 : 39), pleurant (Jean 11 : 32) et adorant (Jean 12 : 3).
Naomi donne à Ruth de précieux conseils d'amour que celle-ci, parfaitement soumise, va écouter et accomplir pour sa propre bénédiction.
1-2 : Les indications de Naomi à Ruth : v. 2-4
Quel guide précieux trouve Ruth avec Naomi dont les pensées révèlent l'expérience de la foi et une profonde connaissance du coeur de Boaz ! Pleine de confiance, Naomi indique à sa belle-fille le chemin de la bénédiction, le secret du repos.
Naomi dirige d'abord les pensées de Ruth sur la personne du rédempteur : « Boaz, avec les jeunes filles duquel tu as été, n'est-il pas de nos amis ? » (v. 2). Tous ceux qui ont reçu le salut par la foi en Christ, sont appelés « enfants de Dieu » (Jean 1 : 12) : le Seigneur, mort et ressuscité pour eux, les nomme ses « frères » (Jean 20 : 17 ; Héb. 2 : 11).
Si nous avons le privilège de savoir que Jésus nous appelle ses « amis » (Jean 15 : 13, 15), désirons-nous que beaucoup d'âmes viennent encore aujourd'hui trouver le repos auprès de Lui ?
Ensuite, Naomi parle de ce que Boaz est en train de faire : « Voici, il vanne cette nuit les orges dans l'aire » (v. 2). Cette activité évoque celle du Seigneur dans le ciel. Il s'occupe des siens (« ses orges »), sanctifiant son assemblée afin de « se la présenter à lui-même sans tache, ni ride, ni rien de semblable » (Eph. 5 : 26-27).
Naomi montre enfin à Ruth quel est l'état qui convient en présence de Boaz : « Lave-toi donc, et oins-toi, et mets sur toi tes habits » (v. 3). De manière imagée, ces instructions indiquent un état convenable de l'âme dans la présence de Dieu :
- « lave-toi » : Les disciples de Jésus devaient avoir les pieds lavés, afin de pouvoir jouir de sa communion. Le Seigneur dit à Pierre: « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi ». Veillons à mettre en pratique ces paroles de Jésus ; « vous êtes bienheureux si vous les faites », nous dit-Il (Jean 13 : 8, 17).
- « oins-toi » : si le lavage des pieds élimine la souillure contractée dans le chemin, l'onction permet de dégager ensuite un parfum agréable. Pensons, non seulement à purifier nos esprits de toute mauvaise pensée, mais occupons-les de Christ et des choses énumérées en Philippiens. 4 : 8, afin de répandre autour de nous la « bonne odeur de Christ » (2 Cor. 2 : 14-15).
- « mets sur toi tes habits » : le vêtement parle ici du témoignage rendu devant le monde par le croyant qui a revêtu Christ (Gal. 3 : 27 ; Rom. 13 : 14). Ceci dans l'attente du jour où la robe de « fin lin éclatant et pur » sera le vêtement de l'Epouse de Christ. La Parole précise que « le fin lin, ce sont les justices des saints » (Apoc. 19 : 7-8).
Lavés, oints et revêtus, sommes-nous prêts, comme Ruth à venir écouter ce que le Maître aura à nous dire ?
Rendue propre pour la présence de Boaz, Ruth doit se rendre discrètement dans l'aire. Selon les moeurs primitives de l'époque, elle devra se coucher aux pieds de Boaz. Elle montrera ainsi qu'elle est venue chercher la protection et un héritage en Israël auprès de celui qui a le droit de rachat.
Elle apprendra aussi ce qu'elle devra faire : « lui, te fera connaître ce que tu auras à faire (v. 4).
Désirons-nous être « remplis de la connaissance de la volonté du Seigneur » ? (Col. 1 : 9). C'est à ses pieds qu'elle nous sera révélée (Deut. 33 : 3 ; Luc 10 : 39 et Marc 14 : 8).
1-3 : Le ferme désir d'obéir : v. 5
« Tout ce que tu as dit, je le ferai », dit Ruth à Naomi. Ces mêmes paroles seront reprises par Boaz à l'égard de Ruth (v. 11). Quelle récompense accordée à la foi et à l'obéissance de l'humble servante !
En réponse à l'obéissance de la foi, Dieu se plaît à dispenser de précieuses bénédictions aux siens. Ayons à coeur d'être des « enfants d'obéissance » (1 Pier. 1 : 14).
Ainsi préparée à cette rencontre avec Boaz, Ruth présente le caractère du résidu d'Israël trouvé fidèle lorsque le Messie lui apparaîtra (Zach. 12).
Quant à nous, chrétiens, sommes-nous entrés dans l'aire de notre divin Boaz ? Avons-nous entendu préalablement son appel à nous « purifier nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit » (2 Cor. 7 : 1) et à venir écouter sa Parole ?
Le récit s'arrête maintenant sur ce que Boaz va accomplir pour satisfaire les désirs que sa grâce a suscités dans le coeur de Ruth, mais aussi afin de répondre aux besoins de son propre coeur, image de l'amour de Christ pour son Eglise. L'amour du Seigneur ne se contente pas de délivrer du jugement et de purifier de leurs péchés ceux qui viennent à Lui : Il veut les avoir auprès de lui, semblables à lui (Jean 14 : 3 ; 17 : 24 ; 1 Jean 3 : 2).
2-1 : La foi qui agit et attend : v. 6-7
Avec courage et pudeur, Ruth suit exactement les indications de sa belle-mère en venant se coucher aux pieds de Boaz endormi. Elle attend, paisible, que l'homme puissant et riche lui fasse connaître ce qu'elle a à faire (v. 4).
Apprenons à nous attendre au Seigneur, notre âme se reposant paisiblement sur Lui (Ps. 62 : 1). Après avoir exposé nos besoins à Dieu, nous pouvons goûter une paix profonde en attendant sa réponse (Ps. 5 : 3 ; Phil. 4 : 6-7).
2-3 : Ruth reconnue par Boaz : v. 8-9
« Je suis à mon Bien-aimé, et son désir se porte vers moi » (Cant. 7 : 10) : c'est la réalité de ce que Ruth connaît maintenant, au réveil de Boaz.
Au milieu de la nuit, Boaz découvre celle qui avait désiré s'abriter « sous les ailes du Dieu d'Israël » (2 : 12). La requête de Ruth est simple et confiante : « Je suis Ruth, ta servante ; et étends ta main sur ta servante, car tu as le droit de rachat » (v. 9).
L'attente de Ruth et sa confiance en la fidélité du rédempteur rappellent les paroles de Job : « Je sais que mon rédempteur est vivant » (Job 19 : 25).
Soyons « pleins de confiance » en Celui qui nous a rachetés par son sang précieux (1 Pier. 1 : 18-19 ; Héb. 13 : 6).
2-4 : L'assurance de la bénédiction de Boaz : v. 10-13
Ruth reçoit aussitôt la promesse de la bénédiction de Dieu : « Bénie sois-tu de l'Eternel, ma fille ! » (v. 10).
Boaz la loue ensuite pour sa bonté et sa vertu :
- Ruth avait exercé son amour envers Naomi (représentant le peuple de Dieu) ; elle agit maintenant par amour pour Boaz vers lequel elle a été conduite par Naomi.
- cette femme « vertueuse » (v. 11) qui ne recherchait pas de compagnons selon les affections naturelles auprès de « jeunes hommes, pauvres ou riches » (v. 10), avait « joint à sa foi la vertu », la première des sept qualités jointes à la foi dont parle l'apôtre Pierre. Imitons-la afin que l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ nous soit richement donnée (2 Pier. 1 : 5-7, 11).
Boaz rassure celle dont la fidélité a touché son coeur : « Ne crains pas ; tout ce que tu me dis, je le ferai pour toi » (v. 11). Toutefois, bien qu'ayant le droit de rachat, il ne peut l'exercer dès maintenant, car un plus proche parent d'Elimélec a la priorité sur lui pour faire valoir ce droit (v. 12).
Ruth peut néanmoins rester couchée jusqu'au matin, assurée que tous les obstacles à l'accomplissement du propos de Boaz seront surmontés.
Savons-nous vraiment remettre notre voie à Dieu sachant que Lui, « il agira » (Ps. 37 : 5-6) ? Nous pouvons « rejeter sur lui tout notre souci car Il a soin de nous » (1 Pier. 5 : 7).
En attendant la réalisation de sa promesse de rachat, Boaz supplée à tous les besoins de Ruth qui retourne comblée vers Naomi.
3-1 : Le départ discret de Ruth : v. 14
Avant qu'on puisse la reconnaître, Ruth quitte l'aire. Il ne convient pas que son séjour nocturne près de Boaz soit mal interprété et donne l'occasion à des reproches (1 Tim. 5 : 14b). Boaz a soin de la réputation et de la sainteté de celle qui sera son épouse. Il lui dit : « Qu'on ne sache pas qu'une femme est venue dans l'aire ».
Cette discrétion dans la venue de Ruth auprès de Boaz parle de la communion secrète entre un croyant et son Seigneur. La Parole ne nous révèle rien de l'entretien intime de Jésus avec Marie (lors de la scène de Luc 10 rappelée plus haut), ou avec Pierre (1 Cor. 15 : 5). « Le secret (les communications intimes) de l'Eternel sont pour ceux qui le craignent » (Ps. 25 : 14). Le « secret » de Dieu qu'il révèle à ses serviteurs (Amos 3 : 7) et l'intelligence de ses pensées sont inséparables d'une marche fidèle (Gen. 18 : 17-19).
3-2 : La générosité de Boaz : v. 15
Les serviteurs du Seigneur ne repartent jamais à vide après avoir joui de son intimité. Boaz remet à Ruth six mesures d'orge, ce qui correspondait à 20 omers, c'est-à-dire le double du fruit de son travail journalier (2 : 17) ! Quelle portion bénie, même si elle n'atteint pas encore la plénitude qui serait symbolisée par 7 mesures !
3-3 : Le retour de Ruth vers Naomi : v. 16-17
« Qui es-tu, ma fille ? interroge Naomi, à l'arrivée de sa belle-fille, toujours animée d'un profond intérêt pour elle. Elle veut savoir si Ruth a trouvé la paix (Cant. 8 : 10).
Ruth raconte avec joie à sa belle-mère « tout ce que l'homme a fait pour elle » (v. 16), et non ce qu'elle-même a pu faire pour lui. Son coeur n'est-il pas déjà rempli de sa personne ?
3-4 : Le conseil plein de confiance de Naomi : v. 18
Naomi exhorte Ruth à la patience : celle-ci doit demeurer tranquille et ne pas chercher à précipiter les événements. « Demeure tranquille, appuyé sur l'Eternel, et attends-toi à lui » (Ps. 37 : 7). « Dans la tranquillité et dans la confiance sera votre force » (Es. 30 : 15).
Souvent nous nous agitons inutilement au lieu de nous attendre humblement à Dieu (Ps. 42 : 5). N'est-Il pas, pour chacun des siens, « le rocher des siècles » ? « Tu garderas dans une paix parfaite l'esprit qui s'appuie sur toi, car il se confie en toi. Confiez-vous en l'Eternel à tout jamais » (Es. 26 : 3-4).
« L'homme n'aura pas de repos qu'il n'ait terminé l'affaire aujourd'hui » (v. 18), affirme Naomi. Boaz est un homme d'action. N'a-t-il pas assuré à Ruth : « s'il ne lui plaît pas de te racheter, l'Eternel est vivant que je le ferai, moi ! » (v. 13) ?
Avons-nous conscience de l'amour inlassable de Jésus ? Pour accomplir l'oeuvre que le Père lui avait donnée à faire, Il avait hâte d'atteindre Jérusalem, la ville qui tue les prophètes (Luc 12 : 50 ; 13 : 32-35). Il est prêt à racheter, aujourd'hui même, toute âme qui se tourne vers lui (Ps. 95 : 7-8 ; 2 Cor. 6 : 2).
Attendons-nous chaque jour Celui qui « ne se donnera pas de repos qu'il n'ait terminé l'affaire aujourd'hui » ? « Encore très peu de temps et Celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10 : 37).
Attendons-nous chaque jour Celui qui « ne se donnera pas de repos qu'il n'ait terminé l'affaire aujourd'hui » ? « Encore très peu de temps et Celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10 : 37).
La grâce et les faveurs de Boaz avaient su éveiller les affections de Ruth (chapitre 2). C'est la connaissance de Boaz lui-même qui lui donnera le repos (chapitre 3) et comblera son coeur.
Nous ne pourrons trouver le véritable repos de nos âmes dans nos bénédictions spirituelles, en dehors de Celui qui les dispense. Le Seigneur est plus grand que toutes les bénédictions qu'Il accorde : Lui seul peut pleinement satisfaire le coeur de son racheté !
Irions-nous chercher quelque satisfaction éphémère dans les choses du monde ? Nous devrions alors vérifier la vérité des paroles du prophète : « ce n'est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure » (Mich. 2 : 10).
Peut-être pensons-nous trouver le repos et le bonheur dans le service pour le Seigneur ? Nous devrons apprendre que le service, si bon qu'il soit, ne peut remplir le coeur. S'il nous occupe trop, il nous distrait plutôt, comme ce fut le cas pour Marthe : elle était « distraite par beaucoup de service » (Luc 10 : 40).
C'est dans la mesure où nous jouirons de la communion avec le Seigneur que notre paix et notre joie seront véritables. Lui seul peut « donner du repos » (Matt. 11 : 28), en attendant la réalisation du « repos sabbatique qui reste pour le peuple de Dieu » (Héb. 4 : 9).