Il nous parlait par le chemin (Luc 24)
Jésus marche avec les deux disciples
Le Seigneur met les disciples à l'épreuve
Les yeux des disciples sont ouverts par Jésus
Une Personne à aimer, un Objet pour nos affections
Lorsque nous entendons les deux disciples du Seigneur Jésus se demander l'un à l'autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait par le chemin, et lorsqu'il nous ouvrait les Ecritures ? », nous souhaitons sans doute faire la même expérience (Luc 24 : 13-35). Que nous faut-il donc, pour que le Seigneur se joigne à nous dans nos étapes quotidiennes et nous parle par le chemin ? Ce récit bien connu répond à cette question si, sans perdre de vue les circonstances particulières de ces deux enfants de Dieu, nous nous attachons au caractère général des enseignements que nous pouvons y trouver.
Jésus marche avec les deux disciples
Ils étaient en chemin pour aller à un village dont le nom était Emmaüs. Nous pouvons penser qu'ils rentraient chez eux méconnaissant les promesses du Maître et pourtant occupés de ce qui était arrivé « ces jours-ci à Jérusalem » (v. 18). Ils n'étaient pas les seuls à s'étonner de ces choses. Le témoignage des femmes qui s'étaient trouvées de bonne heure au tombeau de Jésus avait semblé « comme des contes » aux yeux des apôtres eux-mêmes (v. 11). Le Seigneur a alors pris le soin de préparer les siens à se réunir autour de Lui, en ce premier jour de la semaine, agissant envers eux selon les besoins et l'état de leurs cœurs. Ainsi, Il se montre à Marie de Magdala et lui parle, tandis qu'Il ne laisse à Pierre et à Jean que le témoignage du sépulcre vide - et Jean entra : « il vit et crut » (Jean 20 : 8). De même envers les deux voyageurs attristés qui s'éloignaient de Jérusalem, Jésus use des soins nécessaires pour les y ramener.
Le Seigneur avait le désir de rassembler les siens autour de Lui, au jour de sa résurrection. Ce jour est pour ses rachetés un antitype du jour de la Pâque, un nouveau commencement des mois, qui marque de son caractère la vie de ceux qui peuvent dire : « Notre pâque, Christ, a été sacrifiée » (1 Cor. 5 : 7), et peuvent célébrer la fête avec des pains sans levain de sincérité et de vérité. Il attachait tant de prix à la présence de ses bien-aimés autour de Lui, qu'Il est allé Lui-même faire avec eux une partie, au moins, du trajet d'Emmaüs, et c'est en leur parlant qu'Il les a consolés et éclairés. Remarquons qu'il s'étonne de leur incrédulité et de leur lenteur de cœur à croire, plutôt qu'Il ne leur en fait le reproche. Et aussitôt, leur ayant rappelé qu'il fallait que le Christ souffrît ces choses, il commence, par Moïse et par tous les prophètes, à leur « expliquer dans toutes les Ecritures, les choses qui le concernent » (v. 27). C'est ainsi qu'Il prend aussi soin de l'assemblée : Il « s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifie, en la purifiant par le lavage d'eau par la Parole…» (Eph. 5 : 25-26). Il y avait peut-être des reproches à faire à ces disciples : ils étaient tristes, déçus, ne recherchaient pas la compagnie des autres disciples… Mais la réponse qu'apporte le Seigneur à toutes leurs détresses, c'est la révélation de Lui-même. Il détourne d'eux-mêmes leurs regards, leurs pensées, leurs espérances, pour remplir leurs cœurs de Lui-même, réchauffer leurs affections pour Lui, en leur expliquant les choses qui le concernent.
Le Seigneur met les disciples à l'épreuve
Au terme de l'étape, Jésus, qui veut bénir encore plus ses disciples, met à l'épreuve le travail accompli en eux, en faisant comme s'Il voulait aller plus loin. Or les deux disciples s'étaient déjà attachés à Lui, comme Jacob à Peniel ; il ne connaissait pas encore le nom de l'homme qui avait lutté avec lui, mais ne voulait pas le laisser aller sans avoir reçu sa bénédiction ; eux aussi « le pressèrent, en disant : Reste avec nous » (v. 29).
Alors le même amour, qui ne demande qu'à être ainsi « forcé », qui ne veut rien que donner et donner encore, répond à ce profond désir. « Il entra pour rester avec eux » (v. 30). Son ministère de grâce va s'accomplir jusqu'au bout car, puisque les siens désirent Sa présence, Il peut rester avec eux. Un de nos frères conducteurs a écrit : Si Jésus n'est à nos yeux qu'un étranger, bien-aimés, Il poursuivra son chemin au dehors. Jusqu'à ce que nous le connaissions comme le Sauveur, Celui qui nous aime, il est certain qu'Il ne nous demandera rien. Mais sitôt que nous Le reconnaissons comme le Fils de Dieu qui nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, il désire une place dans nos cœurs et dans nos maisons et alors Il entre pour rester avec nous et souper avec nous (J. G. Bellet).
C'est un fait frappant que le Seigneur Jésus ne s’est jamais imposé nulle part. Invité, Il répond à l'invitation sans abandonner pour autant Sa liberté et Son autorité de reprendre et d'enseigner (voir Luc 7 : 36-50 ; 10 : 38-42 ; 11 : 37-54). Il peut même devancer une invitation non formulée (Luc 19 : 1-10). Rejeté, Il s'en va, sans essayer de convaincre ceux qui le chassent (Luc 4 : 29-30 ; 8 : 37 ; 9 : 52, 56). Une occasion offerte et méprisée ne se retrouvera sans doute jamais et peut être une perte éternelle.
Les yeux des disciples sont ouverts par Jésus
Invité par les siens, Jésus est donc entré avec eux. Par la fraction du pain, Il ouvre leurs yeux après avoir ouvert leurs cœurs. Il peut alors devenir invisible pour eux, car ce qu'il a accompli est désormais parfait. Nous sommes, nous aussi, en chemin chaque jour. Nous ne pouvons demeurer toujours dans nos maisons, aux pieds du Seigneur, écoutant sa Parole, ni être toujours réunis en assemblée autour de Lui. Mais alors, dans le chemin, nous pouvons pourtant entendre Sa voix, si du moins les choses qui sont arrivées à Jérusalem, touchant Jésus le Nazaréen, ont quelque prix pour nous. C'est aujourd'hui la tâche bénie de l'Esprit de vérité de nous conduire dans toute la vérité et Il le fait en glorifiant le Seigneur Jésus, car Il prend de ce qui est à Lui et nous l'annonce (Jean 16 : 13-14). Le Consolateur rend témoignage au Fils de Dieu et c'est ainsi, en nous rappelant toutes les choses qu'Il nous a dites, qu'Il nous fortifie et ranime nos affections pour notre Sauveur (Jean 14 : 26).
Comment pouvons-nous entendre Sa voix ? Il est vrai que souvent, au cours de la journée, nos yeux sont retenus. Ce qui les retient, ce sont nos préoccupations, le souci que nous avons de nous-mêmes, de notre travail, et aussi peut-être, d'autres objets moins légitimes… Le Seigneur le sait ; Il lit dans nos cœurs, mais Il voit aussi ce que sa seule grâce s'est plu à y opérer. Il nous parle et, à notre insu peut-être, Ses paroles nous parviennent et nous préparent pour le moment où nous pourrons Lui dire : « Reste avec nous » !
Une Personne à aimer, un Objet pour nos affections
Les objets qui nous entourent peuvent avoir une voix pour nous, si nous nous souvenons de la manière dont le Seigneur savait en parler quand Il cheminait Lui-même ici-bas. La farine, le levain, le pain, nous donnent d'abondantes et profondes instructions. (voir Ex. 2 ; Jean 6 : 32, 50, etc. ; Jean 12 : 24 ; 1 Cor. 5 : 6-8...). Les oiseaux du ciel nous rappellent que notre Père céleste a soin de nous et sait de quoi nous avons besoin ; le balancement des nuages nous parle de Celui qui est parfait en connaissance (Job 37 : 16).
Nous pouvons aussi retirer instruction de certaines scènes qui ont lieu durant la journée. Il y a bien des années, un frère nous faisait part des réflexions que lui avait inspirées un dessin, représentant une horloge, dans une vitrine. Les aiguilles, nous disait-il, étaient peu avant minuit et il était écrit au-dessous : Il est plus tard que tu ne penses. Nous n'aurions pas placé les aiguilles près de minuit, ajoutait-il, mais beaucoup plus tard. Nous savons bien que « le jour s'est approché » (Rom. 13 : 12). Une telle pensée peut ainsi ranimer en nous, au milieu de l'agitation du monde, la bienheureuse espérance, la confiance, la paix. « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur… Le Seigneur est proche, ne vous inquiétez de rien » (Phil. 4 : 4-5). Mais ce qui fait l'incomparable puissance d'enseignement et de consolation de ces choses vient de ce que, par elles, Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous, Christ est donc placé et replacé devant nos yeux et dans nos cœurs, comme la réponse à tous nos besoins (Rom. 8 : 34-39).
Tout homme a besoin de se savoir aimé et a besoin d'aimer. L'enfant de Dieu a la parfaite réponse à ce besoin, car « l'amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4 : 7-10). C'est l'amour du Seigneur entrant dans les perplexités de ses disciples qui les a consolés sur le chemin d'Emmaüs ; c'est leur amour pour Lui, ranimé dans leurs cœurs, qui les a détournés de leurs propres pensées, pour leur donner le désir de partager leur joie avec ceux qui sont nés de Dieu. Nous avons maintenant une Personne à aimer, un Objet pour nos affections, dont la connaissance est assez excellente pour que ce qui occuperait naturellement nos cœurs soit mis à sa vraie place, tenu même pour une perte (Phil. 3 : 8).
Ce sont de telles choses qui peuvent faire brûler nos cœurs au dedans de nous, lors même que nous sommes en chemin, et peuvent nous remplir d'une joie telle que nous désirons la partager avec ceux qui ont part à ces mêmes bénédictions. C'est ce qui constitue le Culte, où nous pouvons nous réjouir ensemble en un Sauveur parfait, nous dire les uns aux autres que nous avons vu le Seigneur, et tout d'abord dire à notre Dieu et Père ce que nous avons pu saisir des gloires et de l'amour de son Fils bien-aimé.
Il nous parle par le chemin et Il nous ouvre les Ecritures.
Qu'à sa voix notre âme attentive,
Toujours en paix, jamais craintive,
Près de son cœur doucement vive…
D'après J-P. Fuzier - « Messager évangélique » (1985)