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Sentiers anciens, chemins frayés


Un but inaccessible ?
Trois éléments quant à ce qu'enseigne un chemin
            Le point de départ
            Le but où il conduit
            La nature de son tracé

 

            Depuis plus de 200 ans, un sentier conduisait du village vers une petite clairière au flanc de la colline. Là, les anciens habitants avaient planté une vigne, et les propriétaires s'y rendaient à travers la forêt de châtaigniers. Venus dans ces lieux il y a plus de 40 ans, nous avions suivi ce sentier pour jouir d'une douce tranquillité dans cet endroit idyllique, d'où l'on disposait d'une vue étendue sur toute la vallée. La vigne était déjà délaissée, seuls quelques ceps fructifiaient encore. Deux ou trois grappes nous avaient désaltérés au terme d'une chaude journée de septembre.
            En me remémorant ce lieu paisible, je voulus m'y rendre à nouveau. J'empruntai le petit sentier qui y conduisait, ne sachant pas quel en était l'état. A peine 500 mètres étaient-ils parcourus que déjà la trace du chemin se dérobait au regard. Une abondante végétation faite de grandes fougères, puis de ronces et de broussailles, avait conquis les lieux. De loin en loin, un restant de mur construit pour soutenir le sentier, un petit pont pourri, quelques vestiges d'une ancienne présence humaine - voilà les seuls indices visibles de ce sentier ancien.
            Revenu déçu de cette exploration, je me prends à réfléchir sur ce que représente cette expérience : 43 ans de distance, soit un peu plus d'une génération, et plus rien n'est reconnaissable… Pourquoi ? Faut-il tirer de cette illustration une exhortation pour la jeunesse chrétienne ? Celle-ci pourrait répondre : Nous ne sommes pas responsables si nos aînés ont failli à leur devoir. Et à quoi sert-il de m'adresser aux frères et sœurs de ma génération ? Il nous est impossible de revenir en arrière. Le cas est-il donc désespéré ?


Un but inaccessible ?

           Le but que  nous désirons atteindre ensemble, jeunes gens et aînés, est-il devenu inaccessible parce que les sentiers anciens qui y conduisaient ont été embroussaillés ? Non certes ! Mais puisque nous avons laissé s'obstruer le chemin, il faut se poser des questions quant à la manière de le défricher à nouveau. Nous le ferons ensemble, mais à la suite du Seigneur Jésus, car Lui seul peut nous ouvrir la voie.
            Le prophète Jérémie, au temps de la ruine d'Israël, s'exprime de la part de l'Eternel en disant : « Tenez-vous sur les chemins, et regardez, et enquérez-vous touchant les sentiers anciens, quelle est la bonne voie ; et marchez-y, et vous trouverez du repos pour vos âmes » (Jér. 6 : 16). Le Seigneur Jésus nous a ouvert le chemin pour aller au Père, et Il est lui-même ce chemin. Nous avons répondu à l'appel initial de l'Evangile : « Venez à moi, vous tous… et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28). Nous avons goûté la faveur divine et le repos de notre conscience. Nous avons appris à connaître Dieu comme un Père, et Jésus comme notre bon Berger. Le chemin nous est tracé dans la Parole de Dieu, elle est le guide sûr qui nous permet un contact continuel avec le Dieu d'amour.
            Comment se fait-il que ce chemin s'estompe, disparaisse même par endroit pour devenir le « chemin non frayé » qu'une nouvelle génération n'arrive plus à discerner ? N'avons-nous pas, nous les aînés, négligé une chose importante : un défrichement continuel ? La doctrine chrétienne a été abondamment développée, les portions les plus difficiles de la Bible, analysées et expliquées ouvertement. Nous avons pensé que les premiers éléments de l'Evangile avaient une importance secondaire, et alors, perdant de vue les besoins de la jeune génération, nous laissons derrière nous le sentier. Nous ne le fréquentons plus à partir de son point de départ ; pas étonnant qu'il soit rempli de broussailles !


Trois éléments quant à ce qu'enseigne un chemin

                        Le point de départ

            Ne négligeons pas l'élément initial de l'Evangile. En effet, le chemin commence là où Dieu nous a trouvés, « morts dans nos fautes et dans nos péchés » (Eph. 2 : 1, 5). Sans avoir conscience de sa perdition, comment l'homme peut-il apprécier le salut ? Dans nos familles, nous nous sommes habitués à donner simplement à nos enfants une bonne éducation chrétienne. Nous avons cherché à leur faire voir l'excellence de la personne et de l'œuvre de Jésus Christ. Dans une mesure aussi, et toujours trop faiblement, nous avons cherché par notre comportement à être en exemple à la génération suivante. En revanche, nous avons peut-être moins insisté sur la nécessité d'avoir une conviction profonde de péché, d'où chez beaucoup un manque de vraie repentance et par conséquent, une déficience de notre zèle évangélique. C'était déjà l'expérience de la génération « précédente ». La diminution des consécrations pour l'évangélisation s’en est suivie. Il peut s'agir un manque d'ouvriers ou d'engagement de la plupart des jeunes croyants. Le tracé du « sentier ancien » n'est plus clairement visible à son origine ; il est encombré par des herbes, sa trace est peu visible, faute d'un usage régulier.

                        Le but où il conduit

            Il faut donc se ressaisir et fixer les yeux sur le but vers lequel ce sentier nous conduit, car le but est Dieu lui-même ; le Père que Jésus nous a révélé ! Nous redécouvrons alors la marque des pas de Celui qui nous a frayé la route. Il faudra peut-être se faire griffer par les ronces qui envahissent tout, ayons le courage d'assumer notre responsabilité. Nos jeunes nous en seront reconnaissants et nous aideront s'ils sont « stimulés » par leurs aînés. Si nous préférons nous complaire dans notre « confort spirituel » en laissant se perdre ceux qui nous entourent et s'égarer ceux qui nous suivent, notre Dieu nous en demandera des comptes (voir Prov. 24 : 11-12).

                        La nature de son tracé

            Quant à la nature de ce sentier, c'est Jésus lui-même, c'est son amour et sa vérité ! Marchons-y résolument en y engageant ceux qui nous suivent. La Parole, par de nombreuses exhortations, nous donne des indications précieuses quant à la nature et au tracé de ce sentier ancien :
                  - « Marchez en lui » (Col. 2 : 7). C'est le fondement, la base solide sur laquelle repose notre foi.
                  - « Marchez dans l'amour » (Eph. 5 : 2). C'est la « nature » du terrain.
                  - « Tu marches dans la vérité », dit l'apôtre à Gaïus (3 Jean 3). C'est la direction du tracé.
                  - « Si nous marchons dans la lumière…» (1 Jean 1 : 7). Ce doit être l'environnement dans lequel un croyant se complaît.
                  - « Vivre dans la paix » (1 Cor. 7 : 15) est une chose nécessaire pour la marche collective.
                  - « Marchez dans la sagesse » (Col. 4 : 5). C'est une façon de se conduire quelles que soient les circonstances.
                  - « Marchez par l'Esprit » (Gal. 5 : 16). Notre énergie sera renouvelée.
                  - « Celui qui dit demeurer en lui (en Christ), doit lui-même aussi marcher comme lui a marché » (1 Jean 2 : 6). Voilà la conclusion la meilleure à toutes ces citations. Le Modèle est parfait, et les empreintes qu'Il y a laissées sont les indications d'un jalonnement sûr.

            Bien-aimés - jeunes et aînés - abstenons-nous de critiquer la marche de ceux qui nous précèdent, nous suivent ou nous accompagnent ! Cherchons à suivre plutôt «des sentiers droits à nos pieds, afin que ce qui est boiteux ne se démette pas, mais plutôt se guérisse» (Héb. 12 : 13) ! En abandonnant un esprit de condamnation, nous deviendrons des « intercesseurs » en faveur de ceux qui paraissent boiter. En priant Celui « qui est puissant pour nous maintenir debout » (Rom. 14 : 4), nous rendrons grâces à Dieu. Il nous fera voir dans le cœur de nos frères, le fruit porté par sa grâce et par son Esprit.

 

D'après un article du « Messager évangélique » (1993)

 

                        Jour après jour, Seigneur, enseigne-moi ;
                        
Garde mon faible cœur bien près de toi.
                        
Que dans un chemin droit je marche par la foi,
                        
Les yeux fixés sur toi, mon Rédempteur.

                        Par ton Esprit, Seigneur, enseigne-moi
                        
A vivre à ton honneur, où que je sois.
                        
Jusqu'au bout du chemin, par ton pouvoir divin,
                        
Que je reste en ta main, ô mon Sauveur !