bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

MEDITATIONS SUR LE MINISTERE D'ELISEE (20)

 

« LE ROI EN PLEURS ET LE CHEMIN DE LA VICTOIRE »

Comment la victoire peut succéder à la défaite


Un peuple en plein déclin
La dernière délivrance d'Israël par le moyen d'Elisée
 

            « Et Joakhaz implora l'Eternel, et l'Eternel l'écouta, car il vit l'oppression d'Israël, car le roi de Syrie les opprimait. Et l'Eternel donna à Israël un sauveur, et ils sortirent de dessous la main de la Syrie : et les fils d'Israël habitèrent dans leurs tentes comme auparavant... Car il n'avait laissé de peuple à Joakhaz que cinquante cavaliers et dix chars, et dix mille hommes de pied, car le roi de Syrie les avait fait périr, et les avait rendus comme la poussière de l'aire... Et Elisée était malade de la maladie dont il mourut ; et Joas, roi d'Israël, descendit vers lui et pleura sur son visage, et dit : Mon père ! mon père ! Char d'Israël et sa cavalerie ! Et Elisée lui dit : Prends un arc et des flèches. Et il prit un arc et des flèches. Et il dit au roi d'Israël : Mets ta main sur l'arc. Et il y mit sa main. Et Elisée mit ses mains sur les mains du roi, et dit : Ouvre la fenêtre vers l'orient. Et il l'ouvrit. Et Elisée dit : Tire ! Et il tira. Et il dit : Une flèche de salut de par l'Eternel, une flèche de salut contre les Syriens ; et tu battras les Syriens à Aphek, jusqu'à les détruire. Et il dit : Prends les flèches. Et il les prit. Et il dit au roi d'Israël : Frappe contre terre. Et il frappa trois fois, et s'arrêta. Et l'homme de Dieu se mit en colère contre lui, et dit : Il fallait frapper cinq ou six fois, alors tu eusses battu les Syriens jusqu'à les détruire ; mais maintenant tu ne battras les Syriens que trois fois » (2 Rois 13 : 4-5, 7, 14-19).

 

Un peuple en plein déclin

            Le dernier incident de la vie d'Elisée n'est pas moins instructif que le reste de son histoire. Le chapitre dans lequel il est relaté nous décrit la misère et la pauvreté du peuple en quelques mots succincts : « Le roi de Syrie les opprimait ... les avait fait périr, et les avait rendus comme la poussière de l'aire ». C'est un peuple en plein déclin. Ils ont tourné le dos à Dieu, ont suivi un chemin de propre volonté en poursuivant leurs idoles, et ne font que récolter ce qu'ils ont semé. Alors le roi Joakhaz implore l'Eternel et, comme nous le savons, ceci est toujours le dernier recours pour ces enfants de Jacob ; cela a toujours été la preuve qu'ils sont à bout de ressources. Cependant, l'Eternel prête l'oreille à son cri, mettant ainsi en évidence la longue patience de leur Dieu et du nôtre. Dieu est prêt à pardonner et à manifester sa miséricorde. C'est pourquoi nous lisons : « Il usa de grâce envers eux, et eut compassion d'eux, et leur donna un sauveur, et ils sortirent de dessous la main de la Syrie : et les fils d'Israël habitèrent dans leurs tentes comme auparavant » ; ce qui signifie qu'ils sont libres, en sécurité et heureux, comme Dieu l'avait toujours désiré pour eux.
            Mais quel déclin par rapport au temps où ils suivaient le victorieux Josué à la conquête du pays que Dieu leur donnait, et quel changement depuis les jours prospères de David et de Salomon ! Ce sont leurs péchés qui les ont amenés si bas, c'est la miséricorde de Dieu qui les a préservés d'une entière destruction.
            Il existe certainement une analogie entre le déclin de ces enfants de Jacob et celui de l'Eglise sur la terre. La Parole nous parle des jours où « les assemblées... étaient en paix, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit » (Act. 9 : 31) ; où « les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint » (Act. 13 : 52) ; et où « la parole de Dieu croissait et se multipliait » (Act. 12 : 24). C'était des jours merveilleux, alors que d'un cœur et d'une pensée les chrétiens combattaient ensemble pour la foi, qu'ils se réjouissaient « d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1 : 8) ; « des fleuves d'eau vive » (Jean 7 : 38) découlaient d'eux, et de chez eux... la parole du Seigneur avait retenti, et ... partout leur foi envers Dieu s'était répandue (1 Thes. 1 : 8). Nous sommes conscients du fait que les choses ne sont plus ce qu'elles étaient : nous sommes parvenus aux jours dans lesquels les hommes méchants et les imposteurs [vont] « de mal en pis, séduisant et étant séduits » (2 Tim. 3 : 13) ; dans la chrétienté et ce qui porte le nom de Christ le sain enseignement n'est pas supporté ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, les hommes s'amassent pour eux-mêmes des docteurs selon leurs propres convoitises, qui vont leur prêcher des fables, et non la vérité (2 Tim. 4 : 3-4). Ce n'est pas le cas de tous ; certains sont orthodoxes à l'extrême, mais sans aucun cœur pour Christ. Ils ont le nom de vivre, mais ils sont morts. D'autres encore ont le sincère désir de marcher dans la vérité. Ils ont rejeté toute autre autorité que celle de la Parole de Dieu, et pourtant que d'erreurs et de manquements ; et ceux qui sont le plus près de Dieu sont ceux qui y sont les plus sensibles. Pour ceux-là, y a-t-il le moindre remède, le moindre espoir de guérison ? Oui, Dieu merci, il y en a un, et cet espoir est fondé en premier lieu sur l'amour patient et la compassion infaillible de notre Dieu. Il est le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation ; et de même qu'il donne à Israël appauvri un sauveur, qui sans aucun doute est Elisée, il délivrera encore son peuple. La présence d'Elisée dans le pays semble être oubliée durant quarante ans, et cependant il est là, prêt à révéler la bonté de Dieu au peuple dès qu'il se tournera vers lui. Nous savons qu'il nous parle de Christ, qui est notre grand Libérateur au travers de tout, et jusqu'à la fin. En Christ il y a espérance, car il ne meurt plus, contrairement à Elisée ; « Il est toujours vivant afin d’intercéder » pour nous (Héb. 7 : 25).
            Dieu ne s'est jamais détourné et ne se détournera jamais du cri de détresse de son peuple, car Il l’aime d'un amour qui ne change pas. Et, même s'il doit souvent discipliner les siens à cause de leur égarement, car « celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils auquel il prend plaisir » (Héb. 12 : 6 ; Prov. 3 : 12), Il ne les abandonnera pourtant jamais. C'était au sujet de ces enfants d'Israël obstinés, appelés la vierge d’Israël, qu'Il avait dit : « Je t'ai aimée d'un amour éternel ; c'est pourquoi je t'attire avec bonté » (Jér. 31 : 3), et aussi : « Une femme oubliera-t-elle son nourrisson, pour ne pas avoir compassion du fruit de son ventre ? Même celles-là oublieront ; … mais moi, je ne t'oublierai pas. Voici, je t'ai gravée sur les paumes de mes mains » (Es. 49 : 15-16). Et si son amour envers Israël était aussi grand et aussi fidèle, s'ils en ont toujours fait l'expérience chaque fois qu'ils revenaient de leur égarement vers Lui, combien plus en ferons-nous l'expérience dans ces jours richement bénis de l'Evangile de la grâce. Il nous a introduits dans sa propre famille, tous ceux qui ont cru en son Fils sont ses enfants, et ils composent Son Assemblée dans laquelle il doit être glorifié « dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles » (Eph 3 : 21).

            C'est dans l'épître qui nous révèle la faveur et la joie liées à notre relation avec Dieu comme notre Père, que nous lisons : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9). Partout où il y a eu égarement, voilà le chemin de la restauration ; et une communion restaurée avec notre Dieu et Père et avec notre Seigneur Jésus-Christ, c'est la délivrance de l'oppression et de la défaite, et le renouveau spirituel. Nous sommes libérés de l'oppression du Syrien, et « habitons dans nos tentes » comme autrefois. Nous jouissons de nos bénédictions et vivons comme il convient à des enfants de Dieu.

 

La dernière délivrance d'Israël par le moyen d'Elisée

            Le prophète est mourant, et le roi Joas se hâte de venir à son chevet. Ses pleurs indiquent que son cœur est lourdement oppressé, et son cri : « Mon père ! mon père ! Char d'Israël et sa cavalerie ! » (v. 14) montre qu'il réalise que, sans Elisée, ils vont être comme orphelins, et ne pourront plus espérer remporter aucune victoire sur leurs ennemis. Si seulement ce peuple avait réalisé cela continuellement, comme son histoire aurait pu être différente ! Mais nous trouvons là un défi pour chacun d'entre nous. Réalisons-nous à quel point le Seigneur Jésus nous est indispensable ? Que ferions-nous sans Lui ? S'il cessait d'être l'Administrateur de la grâce de Dieu envers nous, que deviendrions-nous ? Le seul fait d'y penser nous remplit d'effroi. Pour rien au monde nous ne voudrions être séparés de Lui. Appliquons-nous donc à L'apprécier avec une ferveur accrue, faisons appel à Lui avec une foi plus grande. Considérons-le sous ce double aspect : « Comme un père a compassion de ses fils, l'Eternel a compassion de ceux qui le craignent » (Ps. 103 : 13). Il s'occupe de nous avec un soin tendre et constant, et Il est aussi notre protecteur face à tous nos ennemis. Ces deux aspects de la vérité se trouvent en Jean 10, où le Seigneur est vu d’abord comme Celui qui, dans sa grâce, nous fait sortir de la bergerie juive, puis comme le bon Berger qui nous attire et nous protège, Celui dont les soins sont incessants. Ils.ont été illustrés aussi par un oiseau et sa couvée. Le nid douillet sur lequel les jeunes oisillons reposent nous parle des tendres soins de notre Seigneur, les ailes puissantes qui les abritent des attaques de leurs prédateurs nous parlent de la protection que nous trouvons en Lui contre nos ennemis. Nous pouvons à juste titre reprendre les paroles de ce roi en pleurs, et dire à notre Seigneur avec une intelligence spirituelle accrue : « Mon père ! mon père ! Char d'Israël et sa cavalerie ! ». Et nous pouvons reprendre ce cri sans pleurer, si ce n'est sur notre propre folie et notre égarement ; car à ce sujet, comme sur la condition d'appauvrissement de l'Eglise, nous avons bien lieu de pleurer ; mais nous pouvons en même temps le reprendre avec joie, car notre Seigneur n'est plus dans la mort. Il a dit : « Je suis ... le vivant ; et j'ai été mort, et voici je suis vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1 : 18). Et encore : « Je ne te laisserai pas et je ne t'abandonnerai pas ; de sorte que, pleins de confiance, nous disions : Le Seigneur est mon aide ; je ne craindrai pas : que me fera l'homme ? » (Héb. 13 : 5-6). Il est notre guide, et le chef de notre salut.
            Maintenant nous apprenons d'une autre façon quel est le chemin de la victoire, quand tout espoir humain est perdu. « Ouvre la fenêtre vers l'orient » (v. 17), dit le prophète. C'est certainement une parole propre à nous encourager à garder notre visage tourné vers le soleil levant. Nous ne devons pas être occupés des manquements ou être découragés, alors que la dispensation présente touche à sa fin. C'est peut-être vrai, et c'est un fait, que le jour est fort avancé, mais nous attendons le Sauveur. L'espérance de la gloire encore à venir est un grand stimulant pour l'esprit abattu ; c'est le salut pour ceux qui la possèdent. Ils peuvent lever leurs têtes, parce que cette espérance est un bouclier pour eux.

                        Tous nos cœurs battent plus fort
                        
Car l'aurore est bien proche
                        
Qui va clore notre pèlerinage
                        
Dans la gloire qui nous est préparée.

            Cette attitude est essentielle, et dans ce chapitre qui clôt notre livre nous désirons insister sur cela. C'est un regard vers l'extérieur et vers le haut qui ranime le cœur. Et la sûre parole de la promesse nous contraint à ce regard ferme et résolu. La lumière jaillit comme à nouveau pour l'âme qui se tourne vers le soleil levant. C'est un renouveau de force pour ceux qui s'attendent à l'Eternel (Es. 40 : 31).

            Le prophète place donc ses mains sur celles du roi. Cela signifie que le roi lui abandonne sa force. La main d'Elisée est là pour guider cette flèche dans sa course. Le roi n'est qu'un instrument passif, et pourtant tellement identifié avec la force d'Elisée en s'abandonnant à lui, que l'acte de tirer devient le sien. C'est seulement de cette manière que l'arc de tout serviteur du Seigneur peut demeurer ferme. Il en a été ainsi de Joseph. Il était la cible de ses ennemis, mais « son arc est demeuré ferme, et les bras de ses mains sont souples par les mains du Puissant de Jacob. De là est le berger, la pierre d'Israël : du Dieu de ton père, et il t’aidera » (Gen. 49 : 24). Force, protection, stabilité. La puissance de Dieu pour nous diriger dans nos combats, le Berger d'Israël pour nous protéger dans chaque danger, et le Rocher inébranlable sur lequel nous sommes fermement établis – toutes ces choses sont à la disposition de celui qui abandonne toute la force personnelle qu'il pensait posséder, et qui se livre entièrement à Dieu.

            Dieu est toujours plus grand que notre foi. Notre foi est faible et limitée. Ses ressources sont sans limites et inépuisables. « Vous n'avez pas, parce que vous ne demandez pas » (Jac. 4 : 2) ; nous déshonorons souvent Dieu et perdons beaucoup, parce que nous demandons et attendons si peu. Joas frappe donc trois fois et s'arrête, alors qu'il aurait pu frapper cinq ou six fois. En fait, il aurait dû continuer à frapper jusqu'à ce qu'Elisée lui dise d'arrêter. « Quand cesseras-tu de me demander des faveurs ? », demandait un grand monarque à un courtisan insistant. « Quand votre Majesté cessera de donner », fut l'astucieuse réponse. « Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit complète », dit le Seigneur. « Car le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé et que vous avez cru que moi je suis sorti d'auprès de Dieu » (Jean 16 : 24, 27).

            C'est notre désir d'être plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés (Rom. 8 : 37). Le moyen pour cela, c'est de remettre nos mains entre les siennes, de demander et puis d'attendre. De frapper sur son ordre, et de continuer à le faire, afin que « le monde, la chair et le diable » puissent réellement être des ennemis battus et vaincus. Si quelqu'un désire être un vainqueur dans sa vie personnelle, et une aide et un libérateur pour d'autres, voilà le seul moyen. L'histoire du roi Joas et du vieux prophète a sûrement été écrite pour nous exhorter dans ce but.


D'après J.T. Mawson

 

A suivre