LES QUARANTE JOURS DE L’ECRITURE (8)
LES QUARANTE JOURS D'EZECHIEL - La fin d'Israël ou la culpabilité, la grâce et la gloire
Vue d’ensemble du livre
Première partie : jugement de Jérusalem
Deuxième partie : jugement des nations à l’entour
Troisième partie : restauration d’Israël
« Et il arriva en la trentième année, au quatrième mois, le cinquième jour du mois, comme j’étais au milieu des captifs, près du fleuve Kebar, que les cieux furent ouverts, et je vis des visions de Dieu. Le cinquième jour du mois (c’était la cinquième année de la transportation du roi Jehoïakin), la parole de l’Eternel vint expressément à Ezéchiel, le sacrificateur, fils de Buzi, dans le pays des Chaldéens, près du fleuve Kebar ; et la main de l’Eternel fut là sur lui » (Ezé. 1 : 1-3).
Ces versets nous présentent un homme très remarquable, qui était à la fois sacrificateur, poète, prophète et pas des moindres. La signification de son nom, Ezéchiel, « Dieu fortifiera », est instructive quand on sait qu’il faisait partie des captifs. C’est en étant soutenu par Dieu, qu’il s’est identifié avec les afflictions de la nation coupable dont il a d’abord prédit le jugement avec beaucoup de détails, puis décrit avec précision la délivrance finale et l’exaltation par Dieu lui-même.
Josèphe dit qu’Ezéchiel était jeune homme quand il fut emmené captif, mais il n’y a aucun moyen d’en être sûr. Le caractère général de ses écrits rend cette supposition peu probable. Il était contemporain de Jérémie et de Daniel, et il semblerait que sa prophétie commence la cinquième année de sa captivité, en 594 A.C. Nous l’apprenons par le deuxième verset du livre. Jehoïakin, roi de Juda, avait été emmené en captivité la huitième année de Nebucadnetsar, avec beaucoup de ses sujets. En voici le récit : « Et Nebucadnetsar, roi de Babylone, vint contre la ville, pendant que ses serviteurs l’assiégeaient. Et Jehoïakin, roi de Juda, sortit vers le roi de Babylone, lui, et sa mère, et ses serviteurs, et ses chefs, et ses eunuques ; et le roi de Babylone le prit, la huitième année de son règne. Et il emporta de là tous les trésors de la maison de l’Eternel et les trésors de la maison du roi, et mit en pièces tous les ustensiles d’or que Salomon, roi d’Israël, avait faits dans le temple de l’Eternel, comme l’Eternel l’avait dit. Et il transporta tout Jérusalem, et tous les chefs, et tous les hommes forts et vaillants, dix mille captifs, et tous les charpentiers et les forgerons ; il ne demeura rien de reste que le peuple pauvre du pays. Et il transporta Jehoïakin à Babylone ; et la mère du roi, et les femmes du roi, et ses eunuques, et les puissants du pays, il les emmena captifs de Jérusalem à Babylone, et tous les hommes vaillants, sept mille, et les charpentiers et les forgerons, mille, tous hommes propres à la guerre ; et le roi de Babylone les amena captifs à Babylone (2 Rois 24 : 11-16).
Bien que la puissance de Juda fut brisée, et que Jehoïakin ait été amené captif, Jérusalem n’était pas encore détruite et le roi de Babylone y avait établi l’oncle de Jehoïakin, en changeant son nom de Matthania en Sédécias. Celui-ci régna onze ans à Jérusalem en faisant ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel, en se rebellant contre le roi de Babylone et en rompant finalement son alliance, ceci conduisant au sac de la ville dans la dix-neuvième année de Nebucadnetsar (voir 2 Rois 25 : 8-10). Pendant ces onze années Ezéchiel est demeuré près du fleuve Kebar, comme captif, et c’est là qu’il a dit : « les cieux furent ouverts, et je vis des visions de Dieu ». Il a appris là que le peuple ancestral de Dieu était non seulement en captivité mais captif des nations, et que, à cause de leur culpabilité, Dieu ne les reconnaissait plus comme siens. Il a appris ensuite que le gouvernement allait passer aux mains des nations, bien qu’à ce moment-là la prise de Jérusalem sur laquelle régnait alors Sédécias, n’avait pas encore eu lieu.
Tandis qu’il est à Kebar, Ezéchiel reçoit les instructions suivantes de la part de l’Eternel : « Et toi, fils d’homme, prends une brique et mets-la devant toi, et trace sur elle une ville, Jérusalem. Et mets le siège contre elle, et bâtis contre elle des tours, et élève contre elle une terrasse, et pose des camps contre elle, et place contre elle des béliers tout autour. Et toi, prends une plaque de fer, et mets-la comme un mur de fer entre toi et la ville ; et dresse ta face contre elle, et elle sera assiégée, et tu l’assiégeras : ce sera un signe pour la maison d’Israël. Et toi, couche-toi sur ton côté gauche, et mets sur lui l’iniquité de la maison d’Israël : le nombre des jours que tu coucheras sur ce côté, tu porteras leur iniquité. Et moi, je t’ai assigné les années de leur iniquité selon le nombre des jours, trois cent quatre-vingt-dix jours, et tu porteras l’iniquité de la maison d’Israël. Et quand tu auras accompli ceux-là, tu te coucheras une seconde fois sur ton côté droit, et tu porteras l’iniquité de la maison de Juda, quarante jours ; je t’ai assigné un jour pour chaque année. Et tu dresseras ta face vers le siège de Jérusalem ; et ton bras sera découvert, et tu prophétiseras contre elle. Et voici, j’ai mis sur toi des cordes, et tu ne te tourneras point de l’un de tes côtés sur l’autre, jusqu’à ce que tu aies accompli les jours de ton siège. Et toi, prends du froment, et de l’orge, et des fèves, et des lentilles, et du millet, et de l’épeautre ; et tu les mettras dans un même vase, et tu t’en feras du pain selon le nombre des jours que tu te coucheras sur ton côté : tu en mangeras trois cent quatre-vingt-dix jours. Et ton manger que tu mangeras sera au poids, vingt sicles par jour ; tu le mangeras de temps en temps. Et l’eau, tu la boiras à la mesure, un sixième de hin ; tu la boiras de temps en temps » (4 : 1-11).
En représentant ainsi le siège menaçant Jérusalem, Dieu indique que son jugement est selon les années d’iniquité qui y ont conduit, pour Israël 390, et pour Juda 40. L’ordre qui est donné à Ezéchiel est impressionnant : « Couche-toi sur ton côté gauche… trois cent quatre-vingt-dix jours » (v. 4-5) Et ensuite « tu te coucheras une seconde fois sur ton côté droit, et tu porteras l’iniquité de la maison de Juda, quarante jours ; je t’ai assigné un jour pour chaque année » (v. 6). Le péché d’Israël dépassait celui de Juda, mais Israël est considéré comme un tout. Les intérêts de la nation entière sont devant les yeux du prophète, et il doit s’identifier avec leurs iniquités. Bien que la nation coupable l’ait peu ressenti, le pieux prophète ressentait sans doute profondément devant Dieu le péché de sa nation, en acceptait les conséquences et portait leurs iniquités en esprit devant Dieu dans la position remarquable que ces versets décrivent, savoir 390 jours pour Israël, et 40 jours pour Juda. Il était sans aucun doute soutenu par Dieu, car il aurait été impossible pour lui, pendant une période si longue, de rester ainsi et d’obéir à cette rigoureuse injonction : « tu ne te tourneras point de l’un de tes côtés sur l’autre, jusqu’à ce que tu aies accompli les jours de ton siège » (v. 8), ou de vivre du régime sévère décrit aux versets 9-11. La question des « quarante jours » d’Ezéchiel semblerait être son identification absolue avec l’iniquité de sa nation, et le fait qu’il supporte sans un murmure les conséquences de leur iniquité.
Un trait frappant de l’histoire d’Ezéchiel est la soumission absolue de sa vie entière et de ses sentiments comme homme à la grande œuvre prophétique à laquelle il avait été appelé. Il ne parle jamais et n’agit jamais comme un homme ordinaire, mais pense et ressent comme un prophète. On en trouve une illustration très frappante à l’occasion de la mort de sa femme. Ce bref récit est très touchant. L’Eternel lui dit : « Fils d’homme, voici, je vais t’ôter, par une plaie, le désir de tes yeux ; et tu ne mèneras pas deuil, et tu ne pleureras pas, et tes larmes ne couleront pas. Gémis en silence, tu ne feras point le deuil des morts. Enroule ton turban sur toi, et mets tes sandales à tes pieds, et ne couvre pas ta barbe, et ne mange pas le pain des hommes. Et je parlai au peuple le matin, et ma femme mourut le soir ; et, le matin, je fis comme il m’avait été commandé » (24 : 15-18).
C’était vraiment un jour mémorable. Dieu l’a consigné par ce commandement : « Fils d’homme, écris pour toi le nom de ce jour, de ce propre jour, le roi de Babylone s’approche contre Jérusalem, en ce jour même » (24 : 2). Le jour où Nebucadnetsar commença le siège, la femme du prophète mourût, et bien qu’elle fût l’objet de ses plus tendres affections, il ne devait pas mener deuil, et il ne l’a pas fait. Qu’il possédât les sympathies et les affections humaines est manifeste par le trait de tendresse qui introduit le récit ; mais il se soumet entièrement à la volonté de l’Eternel, et ses intérêts personnels disparaissent dans l’activité de son service prophétique.
Tout ceci contraste beaucoup avec l’histoire des autres grands serviteurs de Dieu de l’Ancien Testament. Alors que l’on ne voit rien des évènements de la vie privée d’Ezéchiel, il est intéressant de noter sa fermeté et son énergie remarquables. Dieu savait qu’il avait à s’opposer à « une maison rebelle » qui avait « le front dur et le cœur obstiné » (3 : 7-9), aussi lui dit-il : « Voici, j’ai rendu ta face dure contre leurs faces, et ton front dur contre leur front ; j’ai rendu ton front comme un diamant, plus dur que le roc. Ne les crains pas, et ne sois point effrayé d’eux, car ils sont une maison rebelle ».
Les écrits d’Ezéchiel abondent en représentations imagées, mais que ce soit en exposant les visions célestes ou les vérités présentées sous forme d’allégorie et d’énigme, la concision de ses paroles est très frappante. Ses visions sont décrites avec une clarté, une précision et une minutie qui appartiennent presque au réel. Nous ne pouvons que sentir que c’était un homme extraordinaire – en fait, c’était le vase approprié dont Dieu pouvait se servir pour révéler Sa pensée au sujet d’Israël, soit quant à son jugement proche, soit quant à sa gloire future, par ses prophéties exposant de remarquables vérités.
Le bref rappel des traits saillants du livre et du plan général aidera à lire sa prophétie avec plus d’intérêt. « Les vingt-trois premiers chapitres contiennent les témoignages de Dieu contre Israël en général, et contre Jérusalem en particulier. Après cela, les nations environnantes sont jugées. Ensuite, à partir du chapitre 33, le prophète reprend le sujet d’Israël, en annonçant sa restauration aussi bien que son jugement. Puis du chapitre 40 jusqu’à la fin, nous trouvons la description du temple et la division du pays » (citation de « Etudes sur la Parole de Dieu » par J.N. Darby, dont la lecture est recommandée).
Les premiers chapitres décrivent le péché d’Israël qui nécessite le jugement de Dieu, parce que son nom a été déshonoré et sa maison souillée. En conséquence la gloire de l’Eternel quitte cette maison et se retire au ciel. Le jugement tombe alors sur Jérusalem, et la nation est dispersée. Leurs nombreux ennemis, qui se réjouissent de leur châtiment par la main de Dieu, de la disparition de Sa maison et de Sa présence sur la terre, sont ensuite sévèrement jugés par Dieu. Puis un travail de repentance et de jugement de soi a lieu en Israël lorsqu’ils sont rétablis dans leur pays et qu’ils retrouvent la jouissance de la faveur de Dieu. Leur ancien ennemi, l’Assyrien, qui cherche ensuite à les chasser, est écrasé par l’intervention directe de Dieu. Le temple, la maison terrestre de Dieu, est alors rebâti, pour n’être plus jamais ébranlé. La gloire retourne à cette maison et à Israël, en liaison avec leur acceptation de leur Messie, le vrai David, qui avait été rejeté mais qui est maintenant reconnu avec joie. Le livre se termine avec la bénédiction de Dieu répandue sur toute la terre, maintenant en paix et en repos sous la domination du Seigneur, le dernier mot de la prophétie étant : « l’Eternel est là » (48 : 35).
La destruction de Jérusalem est le point central des premières prophéties d’Ezéchiel. Avant que la visitation de la main de Dieu en châtiment arrive, par la verge qu’Il avait choisie, Nebucadnetsar, Il met en garde le peuple de ne pas se livrer avec une confiance aveugle dans l’aide de l’Egypte (Ezé. 17 : 15-19 ; cf. Jér. 37 : 7-9) pour se débarrasser du joug de Babylone, et les avertit que la destruction de leur ville et du temple était certaine et toute proche. Cette prophétie est finalement confirmée par l’annonce que Nebucadnetsar avait envahi la ville (24 : 2).
Dans l’intervalle, entre le commencement du siège et l’annonce que Jérusalem était réellement tombée (33 : 21), l’oracle de sa prophétie (25-32) est contre les nations étrangères, que Dieu jugera parce qu’elles avaient touché ceux qui avaient été Son peuple, mais qu’Il avait maintenant appelé Lo-Ammi (pas mon peuple) et traité comme tel, à cause de leurs péchés.
A partir du chapitre 33, son principal objet est de montrer comment Dieu interviendra pour restaurer Juda et Israël qui étaient maintenant captifs et dispersés, et les bénir sous le vrai David, quand il les fera « être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël, un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes » (37 : 22). Après cela suit le jugement final de leur premier ennemi - l’Assyrien - le Gog et Magog des chapitres 38 et 39 puis suivent les indications concernant la reconstruction du temple de l’Eternel, le rétablissement des sacrifices appropriés à ce moment-là et le redécoupage du pays de Palestine.
Sans entrer dans les détails, nous jetterons un coup d’œil rapide au contenu des trois divisions principales qui viennent d’être indiquées.
Première partie : jugement de Jérusalem
Le chapitre 1 s’ouvre sur une vision d’Ezéchiel : il contemple le trône de Dieu, qui ne se trouve pas dans Jérusalem, comme autrefois, mais en dehors de la ville et sans lien avec elle. Les attributs de Dieu, sous la figure de quatre classes distinctes de créatures terrestres – un homme, un lion, un bœuf et un aigle – les quatre étant unis en un – sont les soutiens de ce trône sur lequel le Dieu de vérité est assis. C’est évidemment le trône universel du Dieu souverain qui est présenté ici, en relation avec les Gentils. Il juge depuis son trône ceux qu’Il avait jusque-là reconnus comme son peuple. Il n’est plus au milieu d’eux. Ce qu’a vu Ezéchiel l’a profondément impressionné. Il dit : « C’était là l’aspect de la ressemblance de la gloire de l’Eternel. Et je vis, et je tombai sur ma face et j’entendis une voix qui parlait » (v. 28). Cela nous rappelle la vision que Jean a eue à Patmos quand il est tombé aux pieds du Seigneur, comme mort (Apoc. 1 : 17).
Au chapitre 2, ce qu’Ezéchiel a entendu indique clairement la relation de Dieu avec Israël. Et il dit : « Fils d’homme, tiens-toi debout sur tes pieds, et je parlerai avec toi » (v. 1). L’épithète « fils d’homme » est celui par lequel Dieu s’adresse à son prophète de façon répétée dans tout le livre, et nous donne la clé de Sa position en rapport avec Israël. C’est le titre que Christ aimait prendre en parlant de Lui-même dans les évangiles où Il est vu comme rejeté par Israël, et comme étant réellement en dehors de la nation. Dieu, en le donnant à Ezéchiel, le met en relation directe avec Christ rejeté. Il est important de comprendre la signification de ce titre que le psaume 8 attribue à Jésus en rapport avec son rejet et son exaltation, et que le Seigneur Lui-même adopte alors qu’Il était rejeté par Israël en tant que Messie (voir Psaume 2). Cela est rapporté en Luc 9 : 19-22. Il avait demandé aux disciples : « Parmi les foules, que dit-on que je suis ?... Pierre répondit : Le Christ de Dieu ! Mais lui, s’adressant à eux avec force, leur commanda de ne dire cela à personne, ajoutant : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il soit ressuscité le troisième jour ».
Ezéchiel se met du côté de Dieu qui était rejeté par Israël ; et il est alors envoyé avec des messages vers le peuple décrit ici comme impudents, obstinés et rebelles. Il devait leur parler ; « et eux, soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien, car ils sont une maison rebelle, ils sauront qu’il y a eu un prophète au milieu d’eux » (2 : 4-7). Il voit alors une main lui tendant un rouleau de livre, écrit devant et derrière, comme celui que Jean a vu (cf. Apoc. 5 : 1).
Au chapitre 3, Ezéchiel mange le rouleau qu’il avait reçu, le trouvant doux comme du miel dans sa bouche. Les communications de Dieu sont toujours douces pour celui qui les reçoit, bien que leur intention finale n’ait pas toujours ce caractère. Il est alors fortifié par Dieu et peut aller de l’avant vers les fils de son peuple. Il est nécessaire que son front soit comme un diamant (v. 9) pour témoigner à une telle « maison rebelle » dont les iniquités morales ont obligé Dieu à les rejeter. Transporté par l’Esprit de Dieu à Thel-Abib parmi les captifs (v. 15), il voit alors de nouveau la gloire de l’Eternel (v. 23), et il lui est dit de ne pas aller parmi le peuple. Ils étaient tellement rebelles qu’ils ne devaient pas être avertis. Dieu collerait sa langue à son palais (v. 26) pour lui imposer le silence, car Il ne plaiderait plus avec eux en amour, comme Il l’avait fait par Jérémie, jusqu’à ce qu’Il ouvre de nouveau sa bouche.
Le chapitre 4 que nous avons déjà considéré, dépeint le siège et la famine menaçant Jérusalem dont l’Eternel dit, au chapitre 5, qu’Il l’avait « posée au milieu des nations, et autour d’elle, des pays » (v. 5) pour rendre témoignage à Lui-même. Elle avait été tellement loin que sa méchanceté, pire que celle des nations autour d’elle (v. 6), imposait Son jugement mérité, une juste rétribution pour ses péchés. Par conséquent au lieu d’être un témoin pour Lui, elle serait un opprobre et une insulte, une instruction et un étonnement pour les nations qui sont autour (v. 15).
Le chapitre 6 montre que ce jugement allait être exécuté non seulement sur Jérusalem, mais sur tous les hauts lieux des montagnes d’Israël - connus pour leurs idoles - aussi bien que les ravins et les vallées. Ils connaîtraient que l’Eternel n’avait pas dit en vain qu’Il leur ferait ce mal (v. 10), car celui qui est loin mourra par la peste, et celui qui est près tombera par l’épée (v. 12), cependant la miséricorde épargnerait un reste (v. 8).
La désolation atteint son point culminant au chapitre 7, quand une « fin vient sur les quatre coins du pays » (v. 2). « Il viendra calamité sur calamité » (v. 26) en est la conclusion impressionnante. La raison de ce terrible jugement de l’Eternel est évidente. « Et de la beauté de son ornement il a fait sa gloire ; mais ils y ont fait des images de leurs abominations et de leurs choses exécrables. C’est pourquoi j’en ai fait pour eux une impureté abjecte ; et je l’ai livrée en pillage aux mains des étrangers, et pour butin aux méchants de la terre, et ils la profaneront » (v. 20-21). Le temple, le lieu de sa sainteté dans lequel le peuple de Dieu avait introduit l’idolâtrie sous toutes ses formes, devait être profané par « les iniques des nations » (v. 24). Avec le chapitre 7, la première prophétie qui décrit le jugement du peuple terrestre de Dieu se termine. Ils ne sont plus ses témoins, si ce n’est que leur jugement même, qui dure jusqu’à ce jour, témoigne que sa Parole est la vérité, témoignage qui est à considérer solennellement par la chrétienté sans foi et sans Christ.
Du chapitre 8 jusqu’à la fin du chapitre 19, une nouvelle section de la prophétie d’Ezéchiel contient diverses révélations. Le prophète est dans sa maison avec les anciens de Juda, quand la gloire de l’Eternel lui apparaît, et « dans les visions de Dieu », il est emmené à Jérusalem, « à l’entrée de la porte intérieure qui regarde vers le nord, où était le siège de l’idole de jalousie qui provoque à la jalousie » (v. 3). Il voit alors en détail les raisons du jugement de Dieu, quand il aperçoit l’idolâtrie affreuse commise par les conducteurs mêmes d’Israël. L’année précédente l’Eternel avait menacé d’abandonner son sanctuaire. Maintenant Ezéchiel voit pourquoi Il était obligé d’agir ainsi.
Au chapitre 9, on voit des hommes avec leurs instruments de mort, la destruction arrive au seuil de Jérusalem (v. 1, 2). Ensuite « la gloire du Dieu d’Israël » se met à quitter la maison. Elle s’élève d’abord de dessus le chérubin sur lequel elle était, et vient sur le seuil de la maison (v. 3) et de là, Dieu commande que la vengeance si méritée soit exécutée sur ceux qui ont tant péché. Seuls ceux « qui soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations qui se commettent » seront épargnés (v. 4). Les autres ont montré leur état moral de dépravation en disant : « L’Eternel a abandonné le pays, et l’Eternel ne voit pas » (v. 9). Parce qu’Il n’avait pas jugé leur péché, ils en déduisaient qu’il y était indifférent. Erreur fatale !
Le chapitre 10 est très intéressant. On voit de nouveau le trône et Celui qui l’occupe (v. 1). Il est commandé à l’homme vêtu de lin et possédant l’encrier : « Viens entre les roues, au-dessous du chérubin, et remplis le creux de tes mains de charbons de feu pris d’entre les chérubins, et répands-les sur la ville. Et il entra, devant mes yeux. Et les chérubins se tenaient à droite de la maison lorsque l’homme entra, et la nuée remplissait le parvis intérieur. Et la gloire de l’Eternel s’éleva de dessus le chérubin, et vint sur le seuil de la maison ; et la maison fut remplie de la nuée, et le parvis fut rempli de la splendeur de la gloire de l’Eternel » (v. 2-4). Au commencement, cette maison avait été remplie de la gloire de l’Eternel pour la plus grande bénédiction (voir 2 Chr. 5 : 13-14) ; maintenant il en était de même, mais pour le jugement. La ville où elle se trouvait devait être consumée par les charbons de feu. La colère de l’Eternel ne pouvait pas être retenue plus longtemps, alors Il quitte son trône, se tient sur le seuil, et, pour ainsi dire, supervise le jugement qu’il a commandé. C’est très solennel. Les chérubins et les roues qui écrasent, à nouveau détaillés ici (v. 7-17), auraient pu l’exécuter facilement, mais il n’en est pas ainsi. Le Maître de cette maison honteusement souillée, se tient personnellement sur le seuil même, pour diriger le jugement qui effacera l’existence de cette maison. Nebucadnetsar est la puissance providentielle qui sera employée peu après dans ce but, mais l’intervention personnelle de l’Eternel ici, ne peut que nous frapper.
Le chapitre 11 révèle l’incrédulité qui régnait parmi les habitants de Jérusalem. Le prophète voit 25 princes du peuple, décrits comme des « hommes qui méditent l’iniquité et qui donnent de mauvais conseils dans cette ville » (v. 2). Ces 25 hommes étaient probablement le souverain sacrificateur et 24 chefs des classes de sacrificateurs. Combien c’est affreux, quand les conducteurs de la religion sont les principaux instigateurs de l’idolâtrie et du péché ! Ils considéraient Jérusalem comme imprenable, malgré les avertissements préalables de Jérémie. Dieu les menace à nouveau, et l’un d’eux meurt sur le champ, pendant qu’Ezéchiel parle (v. 13). Ceci le conduit à intercéder. Il apprend alors qu’en ce qui concerne ceux qui ont déjà été emmenés captifs, Dieu leur sera « un petit sanctuaire » (v. 16), et les ramènera finalement dans leur pays.
Ensuite, la gloire de l’Eternel qui était sortie du seuil de la maison, comme à regret, pour se tenir au-dessus des chérubins (10 : 18-19) – qui, à leur tour, s’élèvent de terre – part finalement. Il est dit : « Et la gloire de l’Eternel monta du milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui est à l’orient de la ville » (v. 23). Cette montagne était donc la montagne des Oliviers, d’où Jésus a été élevé et sur laquelle Il reviendra.
Ainsi, la gloire de Dieu a quitté la terre, mais elle l’a revisitée à la naissance du Seigneur Jésus. Cependant, après avoir été rejeté de la terre, elle s’est retirée à nouveau quand il est monté au ciel. Quand Il reviendra, cette gloire non seulement remplira la maison qui sera rebâtie, mais remplira la terre (cf. Nom. 14 : 21), sur la base de l’œuvre de Sa rédemption. Nos cœurs peuvent bien s’écrier : « Seigneur, hâte ce jour ».
Le chapitre 12 annonce les vains efforts du roi Sédécias pour échapper au piège qui lui sera tendu et avertit qu’il sera amené à Babylone. « Mais il ne le verra point, et là il mourra » (v. 13) ; c’est ce qui arriva environ cinq années plus tard, selon l’avertissement divin. « Et ils prirent le roi, et le firent monter vers le roi de Babylone à Ribla, et on prononça son jugement. Et on égorgea les fils de Sédécias devant ses yeux ; et on creva les yeux de Sédécias, et on le lia avec des chaînes d’airain, et on l’amena à Babylone. » (2 Rois 25 : 6-7) En Israël, le proverbe impie qui disait : « Les jours seront prolongés, et toute vision a péri ? » (v. 22) – c’est-à-dire que les messages de Dieu étaient nuls et non avenus – devait cesser, car l’Eternel ordonnait au fils d’homme de dire : « Les jours se sont approchés, et l’accomplissement de chaque vision » (v. 23). A l’incrédulité qui disait : « La vision que celui-ci voit est pour des jours lointains, et il prophétise pour des temps éloignés » (v. 27), Dieu répondait : « Aucune de mes paroles ne sera plus différée ; la parole que j’aurai dite sera exécutée » (v. 28).
Au chapitre 13, les faux prophètes d’Israël qui séduisaient et trompaient le peuple par « des visions de vanité » et « des divinations de mensonge » (v. 7), disant : « Paix ! et il n’y a point de paix ; et que, si celui-ci bâtit un mur, ceux-là l’enduisent de mauvais mortier » (v. 10), sont démasqués et jugés.
Le chapitre 14 montre à nouveau les anciens d’Israël assis devant le prophète ; ils apprennent qu’ils seront jugés selon leurs iniquités. « Revenez, détournez-vous de vos idoles » (v. 6) est alors prononcé aux oreilles des prophètes et du peuple. Dieu déclare que la présence au milieu d’eux d’hommes tels que Noé, Daniel et Job n’arrêterait pas Son jugement, mais que ceux-ci, par leur justice, ne délivreraient que leurs âmes (v. 14-20).
Sous la figure du bois de la vigne (voir Ps. 80 et Es. 5) qui ne porte pas de fruit, le chapitre 15 montre que Jérusalem et ses habitants ne pouvaient attendre qu’une destruction totale. Un bois sans valeur n’était bon que pour être brûlé.
Au chapitre 16, il est rappelé à Jérusalem que Dieu avait agi en grâce envers elle, l’avait lavée de sa misère et de sa déchéance, et l’avait ointe et ornée. Cependant elle avait employé toute cette bienveillance au service des idoles, et pour se procurer le soutien de l’Egypte et de l’Assyrie. Elle s’était prostituée et devait être traitée comme telle, ses amants même étant les exécuteurs du juste jugement de Dieu sur elle. Malgré cela, Son serment et l’alliance de la promesse (v. 8) seraient encore tenus (v. 62-63).
L’énigme et la parabole des deux grands aigles du chapitre 17 trouvent leur explication dans le jugement certain que Sédécias subirait pour avoir rompu son alliance avec Nebucadnetsar. Celui-ci lui avait fait jurer par Dieu de la garder (2 Chr. 36 : 13). Dieu avait mis la puissance du royaume dans la main de Nebucadnetsar (il était la tête d’or de la statue que Daniel avait vue). Le roi de Babylone craignait Dieu dans une certaine mesure, et respectait Son nom. Sédécias a rompu l’alliance à laquelle avait été attaché le nom de l’Eternel, en soudoyant le Pharaon pour échapper au joug de Nebucadnetsar. La coupe de sa méchanceté étant comble, ceci a conduit à sa chute, car Dieu a dit : « Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Eternel, si, dans le lieu même du roi qui l’a fait roi, dont il a méprisé le serment et dont il a rompu l’alliance, près de lui, il ne meurt au milieu de Babylone ! » (v. 16).
Le chapitre 18 contient le principe important que « l’âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui » (v. 20). L’individu a affaire à Dieu selon sa propre conduite. Il n’est pas question de ce que les pères ont été. Leurs propres iniquités exigeaient et entraînaient le jugement de Dieu. Le principe de visiter « l’iniquité des pères sur les fils » (Exo. 34 : 7), duquel Dieu avait menacé le peuple longtemps auparavant, était écarté. Individuellement ils étaient coupables, et devaient être jugés comme tels ; néanmoins là où la repentance était manifestée, Dieu pardonnerait car Il ne prend pas plaisir à la mort du méchant (v. 23). On doit garder à l’esprit qu’il est parlé ici de jugement temporel, de mort physique, à cause du péché. Il ne faut pas en tirer d’enseignement quant au jugement éternel du péché qui est enseigné ailleurs.
La complainte sur les princes d’Israël du chapitre 19 donne, sous forme d’allégorie, l’assujettissement de Jehoïakim (2 Rois 24 : 1), puis la captivité de Jehoïakin. Ainsi se termine la puissance royale de la maison de David qui n’a plus de « sceptre pour dominer » (v. 14).
Le chapitre 20 commence une nouvelle prophétie qui se termine au chapitre 23. Dieu rappelle à Israël ce qu’il avait fait pour eux en les faisant sortir du pays d’Egypte et en les amenant dans un « pays ruisselant de lait et de miel, qui est un ornement entre tous les pays » (v. 6). En route pour le pays, ils s’étaient rebellés dans le désert. « Mais » dit-Il, « mon œil eut compassion d’eux pour ne pas les détruire, et je ne les consumai pas entièrement dans le désert » (v. 17). En dépit de Sa grâce ils s’étaient souillés, et Dieu décida de les disperser parmi les nations. Mais Dieu accomplirait tous ses desseins et les rassemblerait encore, disant : « Si je ne vous fais sortir d’entre les peuples, et ne vous rassemble hors des pays dans lesquels vous êtes dispersés, avec une main forte et un bras étendu » (v. 34). Mais de même qu’Il est entré en jugement avec leurs pères et les a purifiés dans le désert, ainsi il fera encore à la maison d’Israël qui revient. Et les rebelles mourront sur le chemin vers le pays (v. 34-38).
Le chapitre 21 expose dans un langage très frappant l’attaque de Jérusalem par Nebucadnetsar qui semblait se demander s’il attaquerait Jérusalem ou Ammon. « Car le roi de Babylone se tient au point d’embranchement de la route, à la tête des deux chemins (vers Jérusalem et Ammon), pour pratiquer la divination, il secoue les flèches, il interroge les théraphim, il examine le foie » (v. 26). Jérusalem pouvait penser que c’était « une divination fausse » (v. 28), mais le jugement de Dieu devait être exécuté, aussi l’épée est dégainée et ne retourne pas dans son fourreau. Le trône de Dieu avait quitté la terre, le temps des nations avaient commencé ; le jour du jugement du méchant prince d’Israël - Sédécias le profane - était arrivé, et Dieu en ferait une ruine, une ruine, une ruine - jusqu’à ce que vienne Celui dont c’était le trône et la couronne - précisément Christ lui-même (v. 32).
Au chapitre 22, l’Eternel résume et récapitule les péchés de ce qu’Il appelle maintenant « la ville de sang » (v. 2), des princes, des prophètes, des sacrificateurs et du peuple d’Israël. Il dit, cependant : « J’ai cherché parmi eux un homme qui fermât l’enceinte, et qui se tînt à la brèche devant moi pour le pays, afin que je ne le détruisisse pas ; mais je n’en ai point trouvé » (v. 30). Le jugement devait avoir son cours, mais on ne peut que remarquer la tendresse de Dieu pour son peuple, avant que le coup tombe, nous rappelant de façon frappante les paroles du Seigneur plus tard : « Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Luc 13 : 34).
Au chapitre 23, les péchés de Samarie (Israël) et de Jérusalem (Juda) sont décrits solennellement. Dans chaque cas, les relations avec les païens, qu’Il avait interdites, sont la raison du jugement de l’Eternel. Elles étaient sœurs dans le péché et seraient jugées semblablement (v. 32). Dieu justifie son jugement, en disant : « Parce que tu m’as oublié et que tu m’as jeté derrière ton dos, toi aussi porte ton infamie et tes prostitutions » (v. 35). Elles allaient récolter ce qu’elles avaient semé.
Le chapitre 24 note le fait que « le roi de Babylone s’approche contre Jérusalem, en ce jour même » (v. 2). Le siège de la ville commence maintenant. Le même jour, comme nous l’avons vu, la femme d’Ezéchiel meurt (v. 18). Le jugement terrible tombant sur Jérusalem est décrit très clairement sous la figure d’une marmite sur le feu.
Deuxième partie : jugement des nations à l’entour
Les chapitres 25 à 32 s’occupent en détail des jugements imminents de Dieu sur les diverses nations autour d’Israël, à cause de leur conduite passée et de leur haine envers Israël. Elles se réjouiraient de la destruction de Jérusalem et de la mise de côté du sanctuaire terrestre de Dieu, mais Il leur ferait savoir que bien que son peuple terrestre ait failli, Il était encore Dieu. Si le jugement tombait sur son propre peuple qu’Il était obligé de châtier à cause de leur péché, sa main serait aussi sur ceux qui haïssaient les objets de son amour.
Le chapitre 25 place devant nous Ammon, Moab, Edom et les Philistins, comme les objets des voies prophétiques de Dieu. C’était vraiment des intrus habitant sur le territoire d’Israël. Les trois premiers étaient apparentés au peuple de Dieu, selon la chair (voir Gen. 19 : 36-38 pour Ammon et Moab et Gen. 25 : 25-30 pour Edom). Quand Israël a pris possession de la Palestine, selon le commandement de Dieu, sous la direction de Josué, la Philistie, une bande de terre d’environ soixante-cinq kilomètres de long et quinze à trente de large, s’étendant entre Joppé et Gaza, sur la côte, n’avait pas été soumise (voir Jos. 13 : 2). En conséquence de ce manquement de la part d’Israël, les Philistins étaient toujours des épines dans leurs côtés, et étaient parfois leurs maîtres. Ils ont été finalement subjugués aux jours de Samuel (voir 1 Sam. 7 : 13). Ces quatre nations qui s’étaient alliées pour s’opposer au peuple de Dieu, étaient maintenant désignées comme les objets spéciaux de la vengeance divine, car qui touche le peuple de Dieu, le touche Lui.
Le plaisir qu’ils prenaient à ce que Dieu humilie Israël n’améliorait pas leur cas. Le jugement d’Edom est décrit avec beaucoup de détails par Abdias ; les versets 17 et 18 de sa prophétie confirment les menaces de Dieu de notre chapitre : « J’exercerai ma vengeance sur Edom par la main de mon peuple Israël » (v. 14). Une instruction supplémentaire remarquable est donnée par Daniel qui dit que, quand le roi du nord attaquera Israël (voir Ezé. 38-39), « ceux-ci échapperont de sa main : Edom, et Moab, et les principaux des fils d’Ammon » (Dan. 11 : 41). La raison en est facile à comprendre. Dieu les punira bien, ainsi que les Philistins, mais par le peuple même qu’ils ont persécuté avec tant de persistance. Quand le Messie établira son royaume et qu’Ephraïm et Juda seront de nouveau un, Esaïe nous dit : « Ils voleront sur l’épaule des Philistins vers l’ouest, ils pilleront ensemble les fils de l’orient : Edom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils d’Ammon leur obéiront » (Es. 11 : 14). Le jugement de Dieu en châtiment sera exécuté par Israël sur ces nations, qui depuis longtemps l’ont tant opprimé.
Les chapitres 26 à 28 forment une prophétie distincte concernant Tyr qui était sur le territoire d’Israël. Cette ville impie, à laquelle le Seigneur Jésus fait allusion dans les évangiles (voir Mat. 11 : 21), représente le monde avec ses richesses et ses convoitises. Elle haïssait Dieu et le peuple de Dieu, et se réjouissait de la chute d’Israël, ce qui satisfaisait son égoïsme. Par conséquent Dieu coupe court à son triomphe, disant au chapitre 26 : « Fils d’homme, parce que Tyr a dit touchant Jérusalem : Ha ha ! elle est brisée, la porte des peuples ! elle est tournée vers moi ; je serai remplie ; elle a été rendue déserte ; … à cause de cela, ainsi dit le Seigneur, l’Eternel : Voici, j’en veux à toi, Tyr ! » (v. 2-3) ; « Et je ferai de toi un rocher nu ; tu seras un lieu pour étendre les filets ; et tu ne seras plus bâtie » (v. 14) ; « Je ferai de toi une terreur, et tu ne seras plus ; et on te cherchera, et on ne te trouvera plus, à jamais » (v. 21). Alexandre le Grand a été le moyen de l’accomplir (A.C. 332).
Les motifs qui animent le monde sont exposés dans ces prophéties de manière extraordinaire par Dieu. Le monde déteste Dieu et son peuple, mais il répondra néanmoins de ses actes, et recevra de Lui le jugement.
Le chapitre 27 décrit la grandeur de Tyr et ses relations commerciales avec le monde entier. Il lui est annoncé qu’au jour de sa chute (v. 27), tous ses amis d’autrefois siffleraient sur elle, qu’elle deviendrait une terreur et ne serait plus, à jamais (v. 36). Tel est le monde et sa fin, inconstant comme les eaux qui transportaient les navires de Tyr. Cette ville représente la gloire commerciale du monde qui s’éteint.
Le chapitre 28 dépeint le prince et le roi de Tyr, tous les deux jugés pour leur orgueil. Celui qui est le prince de la gloire de ce monde (Jean 14 : 30, 16 : 11) est représenté ici comme un homme et il est dit de lui : « Parce que ton cœur s’est élevé et que tu as dit : Je suis Dieu, je suis assis sur le siège d’un dieu, au cœur des mers (et tu es un homme, et non pas Dieu) … tu mourras de la mort de ceux qui sont tués au cœur des mers » (v. 2, 8). Dans les versets 11 à 19, le roi de Tyr pourrait représenter Satan - le prince et le dieu de ce siècle. Etant une créature de Dieu, son cœur s’était élevé ; il avait corrompu sa splendeur, était devenu un apostat et l’ennemi de Dieu et de l’homme. Ses avantages avaient été l’occasion de sa chute. Il s’est exalté contre Dieu et a été précipité de la montagne de Dieu comme une chose profane.
Le sort de Sidon nous est ensuite donné. Sidon avait été associée avec Tyr comme un « aiguillon qui blesse » et une « épine qui cause de la douleur » pour la maison d’Israël (v. 24). Son jugement est annoncé, puis Dieu déclare qu’Il rassemblera la maison d’Israël, quand le jugement des nations sera exécuté. Il dit : « ils habiteront en sécurité, quand j’aurai exécuté des jugements sur tous ceux qui les méprisaient, tout autour d’eux ; et ils sauront que je suis l’Eternel, leur Dieu » (v. 26). Les desseins de Dieu ne sont annulés, ni par les péchés de son peuple, ni par l’orgueil de ses ennemis.
Les chapitres 29 à 32 exposent le jugement de l’Egypte, l’ancien oppresseur d’Israël. Dieu avait donné à Nebucadnetsar le pouvoir suprême. L’Egypte, comme nation, était fière de sa puissance gouvernementale. Elle avait dit : « Le fleuve est à moi, et moi je l’ai fait » (29 : 9). Dieu n’admettait pas cette présomption, ni ne lui permettait d’avoir ce qu’Il avait donné à Nebucadnetsar selon ses propres desseins. Toutes les nations devaient se courber devant Lui. C’était le décret de Dieu, car Il est le « puissant des nations ». L’Assyrie était déjà tombée (voir 31 : 10-11). Le Pharaon devait tomber aussi. Si Tyr que Nebucadnetsar avait assiégé par terre et par mer pendant treize années sans succès, ne lui avait pas procuré de gain, l’Egypte serait sa récompense, et son jugement conduirait à la bénédiction d’Israël (29 : 18-21).
En lisant ces prophéties, il est important de voir que Nebucadnetsar est considéré comme le serviteur de Dieu, en exécutant Son jugement sur Jérusalem et sur les nations à l’entour, et en libérant la terre d’Israël de ces nations. Dans tout cela, qui a eu lieu historiquement, nous avons un tableau de ce qui arrivera encore dans l’histoire future d’Israël, quand Dieu opérera pour les relever, les restaurer et les bénir dans leur pays, puis pour les délivrer de tout oppresseur.
Troisième partie : restauration d’Israël
Le chapitre 33 nous fait entrer dans une nouvelle phase des voies de Dieu envers son peuple. Il s’agit des derniers jours encore à venir. Le peuple est vu comme ayant été jugé. Dieu a accompli sa parole prononcée dans Osée ; ils sont « Lo-Ammi », c’est-à-dire « pas mon peuple ». Leur jugement n’a été que partiel, mais si ce qu’Ezéchiel décrit était déjà terrible, avant le retour du Messie leur cas sera encore plus terrible, quand ils souffriront sous les deux bêtes décrites en Apoc. 13 : l’Empire Romain ressuscité et l’Antichrist.
Il est encore question de conduite individuelle dans le chapitre 34. La conduite des bergers d’Israël envers le troupeau est totalement en contraste avec les tendres soins de Dieu, qui déclare expressément : « Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j’en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité profonde. Et je les ferai sortir d’entre les peuples, et je les rassemblerai des pays, et les amènerai dans leur terre ; et je les paîtrai sur les montagnes d’Israël, auprès des ruisseaux et dans toutes les habitations du pays ; je les ferai paître dans un bon pâturage, et leur parc sera dans les hautes montagnes d’Israël ; elles seront là, couchées dans un bon parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes d’Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Eternel. La perdue, je la chercherai, et l’égarée, je la ramènerai, et la blessée, je la banderai, et la malade, je la fortifierai, mais je détruirai la grasse et la forte. Je les paîtrai avec jugement » (v. 11-16). Il dit plus loin : « Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David, lui les paîtra, et lui sera leur pasteur. Et moi l’Eternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux. Moi, l’Eternel, j’ai parlé » (v. 23-24). Il ajoute ensuite : « ce seront des pluies de bénédiction ». C’est Dieu qui délivrera les brebis, et les amènera au vrai David, le Seigneur Jésus qu’Il appelle « un plant de renom » (v. 29). Il dit au sujet d'Israël : « Et vous, mon troupeau, le troupeau de ma pâture » (v. 31). Dieu les reconnaît de nouveau comme son peuple.
Le chapitre 35 parle de nouveau d’Edom, parent d’Israël selon la chair, et son ennemi perpétuel (voir v. 5). Le jugement de Dieu sur eux sera selon leur haine envers son peuple.
Dans le chapitre 36 la restauration et la bénédiction d’Israël sont exposées d’une manière très touchante. Il est parlé aux montagnes d’Israël. « Vous pousserez vos branches, et vous porterez votre fruit pour mon peuple Israël, car ils sont près de venir » (v. 8). Leurs ennemis avaient déclaré que le pays dévorerait ses habitants, c’est-à-dire qu’il serait aride. Dieu le rendra fertile au-delà de toute mesure et multipliera les bénédictions terrestres à son peuple (v. 30). De plus, Il les bénira spirituellement. Les versets 24 à 29 décrivent leur régénération spirituelle. Le Seigneur y fait allusion quand il parle à Nicodème. Les Juifs doivent être nés de nouveau pour entrer dans la partie terrestre du royaume de Dieu, tout comme le chrétien est né de nouveau pour participer aux joies célestes du royaume.
Le chapitre 37 nous parle de la résurrection nationale d’Israël. Le prophète voit une vallée remplie d’ossements secs qui se rapprochent puis sont revêtus de chair et de peau, vivent et se tiennent sur leurs pieds, une immense armée. Il apprend que c’est toute la maison d’Israël (v. 11). Dieu fera alors sortir les douze tribus de leur sépulcre parmi les nations où elles sont maintenant, mettra son Esprit en elles et les fera vivre (v. 12-14). Sous la figure des deux bois rapprochés l’un de l’autre pour qu’ils soient un, nous avons la réunion des royaumes divisés d’Ephraïm et de Juda. Ils sont faits une seule nation. Dieu dit : « Je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël, un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes » (v. 22). Alors le vrai David, le Seigneur Jésus Christ, sera leur roi. Purifiés de leurs péchés (v. 23), ils marcheront dans la crainte de l’Eternel. Ils seront sous la bénédiction d’une alliance éternelle de paix (v. 26). Dieu mettra son sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Quelle grâce infinie, vu tout le péché de cette nation – qui a culminé dans le meurtre de leur Messie, le Fils de Dieu – car Dieu dit : « Ma demeure sera sur eux ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (v. 27) !
Chapitres 38 et 39 présentent l’attaque finale de Gog contre eux, à savoir l’Assyrien, leur plus ancien ennemi, quand ils seront revenus en Palestine, jouissant de la bénédiction de Dieu. Le prince de Rosh, de Méshec et de Tubal - probablement la Russie, la Moscovie et Tobolsk (v. 2-3) - s’élèvera contre Israël, mais sera complètement engloutis par Dieu, qui gardera son peuple selon sa parole. Le Gog et Magog d’Ezéchiel ne doit pas être confondu avec le Gog et Magog d’Apocalypse 20. Le premier attaque Israël avant le règne millénial de Christ, tandis que le dernier vient contre les saints en général, à la fin des mille ans du règne du Seigneur.
Les chapitres 40 à 46 révèlent les instructions divines quant à la reconstruction du sanctuaire de Dieu au milieu de Son peuple. « Et la maison d’Israël ne rendra plus impur mon saint nom » (43 : 7). Lié à la reconstruction du temple, on trouve inévitablement le rétablissement des sacrifices et d’un sacerdoce terrestre.
La gloire du Seigneur revisite la terre et, au chapitre 44, l’Eternel revient dans sa maison pour y rester, d’où cette parole frappante : « Cette porte sera fermée ; elle ne sera pas ouverte, et personne n’entrera par elle ; car l’Eternel, le Dieu d’Israël, est entré par elle ; et elle sera fermée » (v. 2).
Au chapitre 45, la portion du prince, des sacrificateurs et des Lévites est fixée, et la Pâque est rétablie (v. 21).
Le chapitre 46 fixe les règles pour l’adoration de Dieu, connu maintenant sur le vrai terrain de la rédemption.
Au chapitre 47, des eaux coulent du sanctuaire, guérissant d’un côté et de l’autre, et les eaux abondent en poissons. C’est une figure frappante de la bénédiction qui abondera pendant le règne millénial de Christ, car il est dit : « Tout être vivant qui se meut partout où parvient la double rivière, vivra » (v. 9). La bénédiction abondera vraiment, mais elle ne sera pas complète, même dans ce jour-là, car « ses marais et ses étangs ne seront pas assainis, ils seront abandonnés au sel » (v. 11). Ainsi, le jour de gloire millénial ne sera pas parfait, car Gog et Magog s’opposeront de nouveau à Dieu. Ce n’est qu’au jour de Dieu, l’éternité, que tout sera selon Dieu, pour sa gloire éternelle. Béni soit Son nom.
La division de la terre sainte entre les douze tribus, comme aussi le lieu où Jérusalem sera rebâtie, occupent le chapitre 48. La prophétie se termine sur la déclaration bénie : « et le nom de la ville, dès ce jour : l’Eternel est là » (v. 35).
Combien sont merveilleuses les voies de Dieu ! Combien sa grâce est profonde ! Qui, si ce n’est Lui, aurait prédit une fin si merveilleuse à l’histoire du peuple d’Israël qui avait été aussi coupable et désobéissant ? Mais Dieu est Dieu, et le jour millénial convaincra le monde que « Dieu est amour », ce que nous savons déjà.
Extrait et adapté de la traduction de l'ouvrage : "Les quarante jours de l'Ecriture" (W.T.P. Wolston)
A suivre