LE LIVRE DE RUTH (1)
1- Les conséquences douloureuses d'un manque de foi : v. 1-5
2- Le chemin du retour : v. 6-18
3- L'arrivée à Bethléhem : v. 19-22
2- Le chemin du retour : v. 6-18
3- L'arrivée à Bethléhem : v. 19-22
Le lecteur de l'Ancien Testament découvre avec le livre de Ruth comme une oasis après avoir parcouru le désert du livre des Juges, a écrit un commentateur chrétien.
Dans une période de l'histoire du peuple de Dieu aussi sombre que celle qui est décrite dans le livre des Juges, le beau récit de Ruth nous apprend comment Dieu répond à la foi personnelle. Une femme moabite, d'un peuple méprisé, sera rendue capable d'occuper une position honorée dans la tribu royale d'Israël. Non seulement Dieu prépare le chemin du futur roi David, mais la venue du Fils de David est annoncée : Ruth entre dans la lignée qui conduit à Jésus Christ lui-même (Ruth 4 : 17 ; Matt. 1 : 5).
Le livre de Ruth illustre merveilleusement :
- la grâce souveraine de Dieu
- la foi du croyant, en réponse à l'amour de Dieu.
Le thème du rachat est aussi présenté : Boaz, homme puissant et riche est une image de Christ, le Rédempteur (le vrai « Goël »).
Ce livre se place entre deux phases de l'histoire d'Israël :
- la première période où les relations entre l'Eternel et son peuple étaient basées sur les sacrifices et maintenues par le service de la sacrificature.
- la seconde période où, après l'infidélité et la ruine de la sacrificature, Dieu établit d'autres relations avec son peuple par la prophétie et la royauté.
L'intérêt prophétique du livre de Ruth est évident. Il ne mentionne pas seulement la venue du Messie ; il se rapporte aussi à l'histoire du peuple juif dispersé parmi les nations, à cause de son infidélité. Ainsi qu'une veuve privée d'enfant (Naomi), Israël est l'objet du jugement prononcé par Dieu : « Lo-Ammi » - pas mon peuple (Os. 1 : 9). Un jour, un résidu fidèle, sans droit aux promesses (représenté par Ruth) sera reçu en grâce. La restauration nationale du peuple de Dieu dépendra de Celui qui a le droit de rachat (dont Boaz est le type) : elle est représentée par le mariage de Boaz et de Ruth, types de Christ et de son épouse terrestre.
Au temps des Juges, en Israël, « chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (Jug. 17 : 6 ; 21 : 25). « Les fils d'Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel » (Jug. 2 : 11 ; 3 : 7 ; 3 : 12 ; 4 : 1 ; 6 : 1 ; 10 : 6 ; 13 : 1).
Dans ces jours sombres, le gouvernement de Dieu s'exerce envers son peuple qui est livré en la main de ses ennemis. L'Eternel suscite des juges pour le ramener à Lui et le bénir, selon ses promesses à ceux qui écoutaient sa voix ; mais Il doit le faire passer aussi par la sévère discipline qui devait atteindre tous ceux qui refuseraient d'obéir (Deut. 28). Ainsi, au début du livre de Ruth, Dieu envoie une famine sur son peuple.
Alors que les voies providentielles de Dieu s'exercent en jugement contre Israël, un homme (Elimélec) et sa famille quittent Bethléhem pour aller chercher un refuge au milieu de la nation idolâtre de Moab.
1-1 : Le départ pour Moab : v. 1-2
Le nom d'Elimélec signifie : « dont Dieu est le Roi ». Hélas, lorsque l'épreuve survient, cet homme manque de foi envers son « Roi » : il oublie que Dieu peut entretenir son peuple aussi bien dans un jour de famine que dans un jour d'abondance. Incapable de résister à la pression des circonstances, Elimélec abandonne Bethléhem (la « maison du pain »), un village de la tribu du Juda (v. 1).
Au début de l'histoire de l'Eglise, beaucoup étaient attachés au témoignage du Seigneur ; les chrétiens étaient « un coeur et une âme », une « grande grâce » et une « grande puissance » reposaient sur tous (Act. 4 : 32-33). Mais ensuite le temps de la mise à l'épreuve ébranla la foi de plusieurs : l'apôtre Paul a dû dire : « tous cherchent leurs propres intérêts, et non pas ceux de Jésus Christ... tous ceux qui sont en Asie m'ont abandonné » (Phil. 2 : 21 ; 2 Tim. 1 : 15).
Dans la vie des croyants, il arrive des événements qui testent la réalité de leur foi. N'avons-nous pas, chrétiens, à subir l'épreuve de la « famine » aujourd'hui ? Peut-être avons-nous été éclairés au sujet du rassemblement selon la Parole et avons-nous accepté avec joie de suivre le sentier d'obéissance au Seigneur. Mais, par suite du découragement en constatant la faiblesse de ses témoins, nous tentons d'échapper à l'épreuve de notre foi en abandonnant le chemin où Dieu pourtant voulait nous bénir !
Le pays de Moab était fertile (Jér. 48 : 33 ; Es. 16 : 8-10) ; Elimélec est naturellement attiré vers ce lieu tandis que la famine sévit en Israël. En abandonnant le pays de la promesse, il s'engage dans un chemin d'éloignement de l'Eternel.
Les pays qui entouraient Israël représentent divers aspects du monde :
- l'asservissement à Satan (l'Egypte)
- la corruption religieuse (Babylone)
- la vie de facilité et d'insouciance vis-à-vis de Dieu - Jér. 48 : 11 - (Moab).
Si comme Elimélec, nous avons préféré délaisser le bon combat de la foi pour nous installer tranquillement au pays de Moab, ne devrons-nous pas connaître les amères conséquences de cette désertion du lieu de la bénédiction ?
1-2 : Les tristes conséquences de l'éloignement de la maison de Dieu : v. 3-5
Elimélec va s'établir avec les siens dans les champs de Moab. Parti pour y séjourner (v. 1), il va finalement y demeurer (v. 2). Son espoir, la famine passée, de revenir à Bethléhem ne se réalisera pas et les survivants de sa famille vont habiter (v. 4) encore dix ans loin de Juda !
L'éloignement de Dieu aura pour cette famille de tristes conséquences :
- la mort d'Elimélec (v. 3)
- le mariage de ses deux fils avec des filles étrangères (v. 4)
- la mort des deux jeunes maris (v. 5)
- l'amertume des trois femmes veuves.
Naomi, seule maintenant dans ce pays étranger avec ses deux belles-filles, aurait pu dire comme Juda : « Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l'iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44 : 16).
Un verset du livre des Proverbes est illustré par ce triste récit : « Il y a telle voie qui semble droite à un homme, mais des voies de mort en sont la fin (Prov. 14 : 12 ; 16 : 25).
Elimélec cherchant à sauver les siens de la famine, a suivi un chemin de propre volonté hors des frontières spirituelles données par Dieu : la mort en est le résultat tragique. Aucune restauration ne sera possible pour cet homme qui a cherché son repos dans le monde !
Ses fils, après avoir transgressé l'interdiction de la loi en s'alliant à des Moabites (Deut. 23 : 3-6), connaissent la mort également, de sorte que la descendance d'Elimélec semble s'être éteinte.
Toutefois, un chemin de retour sera enseigné par Dieu à Naomi « privée de ses deux enfants et de son mari » (v. 5). Dieu n'a pas abandonné cette femme affligée ; ayant reconnu son égarement, elle reviendra vers Lui « à vide » (v. 21).
Retenons les leçons fournies par ce récit :
- on ne gagne rien à s'éloigner de Dieu
- on ne quitte pas impunément le lieu où le Seigneur a promis sa présence
- le témoignage de la foi est terni à cause de notre abandon du lieu de la bénédiction
- si même la grâce de Dieu accorde une restauration, on revient appauvri de son chemin d'égarement.
2-1 : La décision de retour de Naomi : v. 6-7
Naomi n'a trouvé que l'affliction dans le pays de Moab. La grâce de Dieu va s'étendre envers elle, la discipline ayant atteint son but : elle décide de quitter les champs de Moab pour retourner au pays de Juda. Ce qui la pousse à revenir à Bethléhem, ce ne sont pas tant les souffrances et les pertes qu'elle a éprouvées dans le pays étranger, mais plutôt la bonne nouvelle de la grâce de Dieu : elle apprend que « l'Eternel a visité son peuple pour lui donner du pain » (v. 6).
« L'Eternel donne de la nourriture à ceux qui le craignent ; il se souvient à toujours de son alliance » (Ps. 111 : 5). « Il a rassasié l'âme altérée, et a rempli de biens l'âme affamée » (Ps. 107 : 9). Naomi a compris que cette nourriture est pour elle !
Pensons aux messagers que Dieu envoie dans ce monde pour annoncer le salut par la foi en l'oeuvre de Christ à la croix. Soyons prêts nous-mêmes à apporter des nouvelles de paix à des âmes altérées.
Le retour de Naomi est comparable à celui du fils prodigue (parabole de Luc 15) : dans le pays éloigné, il se souvient du lieu où il peut trouver du pain en abondance ; il se lève pour retourner vers son père dont il va éprouver toute la grâce. Naomi s'élève au-dessus de tous les manquements qui ont caractérisé sa famille : elle se met en route, accompagnée de ses deux belles-filles.
Orpa et Ruth s'étaient attachées à leur belle-mère : elles quittent tout pour la suivre (v. 7). Orpa abandonne pour le moment ses dieux, sa famille et son pays par amitié pour Naomi. Ruth quitte tout définitivement par amour pour sa belle-mère et pour son peuple.
2-2 : Le conseil de Naomi à ses belles-filles : v. 8-14
En chemin vers le pays de Juda, Naomi manifeste qu'elle n'est pas véritablement restaurée dans son âme, bien qu'elle soit animée du désir de revenir vers le lieu de la bénédiction : elle cherche à décourager ses belles-filles de la suivre, montrant qu'elle estime leur avenir matériel plus important que la connaissance du Dieu d'Israël. Aussi leur donne-t-elle un mauvais conseil : retourner « chacune vers la maison de sa mère » (v. 8).
Voyant les pleurs des deux jeunes veuves et leur détermination à suivre leur belle-mère, Naomi cherche encore à les en dissuader par un raisonnement humain dans lequel la foi est absente. Elle déclare qu'elle n'a aucun espoir d'avoir d'autres fils afin de les leur donner, comme la loi du lévirat l'autorisait (Deut. 25 : 5-10).
Ne nous arrive-t-il pas, parents chrétiens, de rechercher le bien-être matériel de nos enfants plutôt que leur prospérité spirituelle ? Craignons d'être de mauvais conseillers et d'oublier l'exhortation de Matt. 6 : 33.
Si nous sommes occupés des choses de la terre, sans véritable communion avec Dieu, nous serons une entrave pour ceux qui désirent s'approcher du Seigneur.
Naomi croit que ses deux belles-filles trouveront du repos dans la maison d'un mari idolâtre (v. 9) ; ayant perdu le discernement spirituel, elle vient à dire : « Je suis dans une plus grande amertume que vous, car la main de l'Eternel s'est étendue contre moi » (v. 13). Elle est encore loin de discerner l'oeuvre de grâce que Dieu veut accomplir envers elle pour la restaurer.
A nouveau, Orpa et Ruth élèvent leurs voix et pleurent (v. 14). Maintenant l'heure de la décision est arrivée pour les deux jeunes femmes : elle va manifester la réalité de la foi de l'une, et la simple profession de foi chez l'autre.
2-3 : L'abandon par Orpa du chemin de Bethléhem : v. 14
Orpa, dont le nom signifie « cou, nuque, opiniâtreté », a un caractère aimable, mais elle n'a pas la foi. Elle renonce à un chemin qu'elle croit sans issue, elle retourne vers son peuple et vers ses dieux (v. 15). Le secret de son coeur est maintenant dévoilé : elle s'était mêlée au peuple de Dieu sans lui appartenir.
Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11 : 6) ; la foi nous sépare d'abord des idoles, puis nous fait tourner vers le vrai Dieu (1 Thes. 1 : 9). Orpa, au contraire, se détourne de Naomi et du Dieu d'Israël pour revenir vers son peuple idolâtre. Elle s'en va en pleurant, semblable au jeune homme riche qui n'avait pu se résoudre à quitter ses biens pour suivre le Seigneur (Matt. 19 : 22).
L'Ecriture montre d'autres personnes qui ont ainsi abandonné le chemin suivi un certain temps en compagnie de croyants :
- certains disciples du Seigneur (Jean 6 : 66)
- Hyménée et Alexandre (1 Tim. 1 : 19-20).
Le coeur d'Orpa était resté attaché au pays de sa naissance ; celui de Ruth, au contraire, désirait une « patrie meilleure » (Héb. 11 : 14-16).
2-4 : La ferme résolution de Ruth : v. 15-18
Le comportement de Ruth est bien différent de celui de sa belle-soeur. Dieu a travaillé dans son coeur pour qu'elle devienne un témoin de sa grâce.
Alors que sa belle-mère l'incite à suivre l'exemple d'Orpa (v. 15), Ruth exprime sa décision formelle de ne pas retourner vers Moab. Combien de questions auraient pu pourtant la retenir ! N'allait-elle pas être rejetée comme une étrangère en arrivant à Bethléhem ? Aurait-elle du pain à manger ? N'allait-elle pas regretter son pays ? La foi de Ruth a rejeté tous ces raisonnements pour s'attacher à celle qui désormais la lie avec Israël.
Elle ne connaît sans doute encore que peu de chose concernant le pays de Juda et le Dieu de son peuple, mais elle déclare : « où tu iras, j'irai, et où tu demeureras, je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (v. 16). Son âme s'est emparée avec force de la vérité qu'elle désire « acheter » (Prov. 23 : 23) ; aussi éprouvera-t-elle la réalité des paroles du Seigneur à ses disciples : « A quiconque a, il sera donné, et il sera dans l'abondance » (Matt. 13 : 12).
La détermination de Ruth pour suivre le chemin de la foi fait penser à celle d'Itthaï, cet homme exilé au milieu d'Israël qui s'était attaché à David. Sa foi et son affection pour le roi rejeté sont exprimées par ses paroles : « L'Eternel est vivant, et le roi, mon seigneur, est vivant, que dans le lieu où sera le roi, mon seigneur, soit pour la mort, soit pour la vie, là aussi sera son serviteur » (2 Sam. 15 : 19-21).
Pierre montrera aussi son attachement au Seigneur qui constatait la défection de plusieurs de ses disciples. A la question de Jésus : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? », il répond : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu » (Jean 6 : 67-69).
Sans regarder en arrière, confiante au sujet de l'avenir, Ruth poursuit donc, en compagnie de Naomi, sa route vers Bethléhem.
Naomi et Ruth ont marché « les deux jusqu'à ce qu'elles arrivent à Bethléhem (v. 19). Leur chemin est celui des croyants animés par la foi, l'espérance et l'amour.
Comme l'apôtre Paul, puissions-nous dire : « Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3 : 14).
3-1 : Naomi (« mes délices ») est devenue « Mara » : v. 19-21
Après plus de dix ans d'absence de Bethléhem (v. 4), Naomi entre dans la ville accompagnée de Ruth. Sans doute est-elle méconnaissable : « Est-ce là Naomi ? », demandent les femmes de Bethléhem. Alors la veuve affligée déclare qu'elle n'est plus Naomi (« mes délices »), mais « Mara » (amertume).
Bien que consciente que l'Eternel lui-même l'a ramenée, elle le rend responsable de ses malheurs : « le Tout-puissant m'a remplie d'amertume... l'Eternel m'a abattue... le Tout Puissant m'a affligée » (v. 20-21).
La discipline pour le présent n'est pas un sujet de joie mais de tristesse (Héb. 12 : 11) ; cependant, c'est dans le lieu de la bénédiction que Naomi est revenue. « Ainsi Naomi revint » (v. 22).
La remarquable confession de Naomi (v. 20-21) atteste de la réalité du travail que Dieu a déjà opéré dans son coeur :
- elle reconnaît sa propre responsabilité, son égarement (« Je m'en allai »)
- elle attribue à Dieu son retour (« l'Eternel me ramène »)
- elle confesse enfin que c'est « à vide » qu'elle revient.
3-2 : Le « commencement » de la moisson des orges
Dieu permet que le retour de Naomi et de Ruth s'effectue au commencement des mois de l'année (le début du mois d'Abib - Ex. 12 : 2) : ainsi pour elles s'ouvre un nouveau commencement moral.
Naomi avait entendu dire que « l'Eternel avait visité son peuple pour leur donner du pain » (v. 6). C'est à l'époque de la moisson des orges que les deux femmes arrivent à Bethléhem, c'est-à-dire au moment même où la bénédiction est dispensée, à portée de la main. Ce n'est d'ailleurs que le « commencement » de cette moisson : Dieu aura de plus grandes bénédictions encore pour elles.