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Jésus veut enseigner ses disciples en les menant à l'écart
Dans sa grâce, le Seigneur utilise les siens, et avec Lui leurs faibles ressources sont multipliées
La portée générale de ce récit pour notre vie quotidienne
Lire : Marc 6 : 34-52
L'épreuve de notre foi ne se présente pas toujours sous la forme de circonstances qui atteignent notre corps ou nos affections, ou par des difficultés exceptionnelles survenant dans notre vie quotidienne. Le Seigneur agit par toutes sortes de moyens, toujours appropriés à l'enseignement qu'Il veut nous donner - « Qui enseigne comme lui ? » (Job 36 : 22) - et si nous vivions habituellement près de Lui, nous nous apercevrions certainement qu'il ne nous arrive rien qui n'ait une raison et un but précis de sa part. Le chrétien Paul pouvait ainsi dire : « Je sais être dans le dénuement, je sais aussi être dans l'abondance ; en toute circonstance et à tous égards je suis enseigné…» (Phil. 4 : 12).
Le récit de Marc 6 nous montre comment le Seigneur veut enseigner ses disciples au sujet du service. Mais certainement, ces choses ont été écrites « pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Ecritures, nous ayons espérance » (Rom. 15 : 4). Et elles ont ainsi une portée générale pour tous les enfants de Dieu.
Jésus veut enseigner ses disciples en les menant à l'écart
Le Seigneur avait envoyé les douze (Marc 6 : 7), leur donnant autorité sur les esprits immondes. Un peu plus tard, les disciples se rassemblent autour de Lui et Lui racontent tout… (6 : 30), mais l'Esprit Saint ajoute : « ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné ». Nous comprenons bien qu'il leur tardait de parler des choses merveilleuses qu'ils avaient accomplies et, dans sa grâce, le Seigneur les invite à venir à l'écart dans un lieu désert et à se reposer un peu (v. 31). Il semble qu'Il veut tout d'abord les retirer de la scène de leur activité. A l'écart, dans un lieu désert, que vont-ils faire ? Qu'auraient-ils dû faire ? C'était pourtant un moment privilégié, et le Seigneur nous en propose souvent de tels, où tout ce qui nous a occupés - peut-être même un service qu'Il nous a confié et en tout cas des tâches qui nous paraissent indispensables - est mis de côté. Une maladie, un changement profond des circonstances de notre vie, seront peut-être le « lieu désert, à l'écart », où le Seigneur mettra à l'arrière-plan ce qui accapare nos pensées et nos cœurs ; et Il nous y conduit pour que nous y soyons seuls avec Lui.
Car quel est alors son but, sinon de se placer Lui-même devant nos yeux et dans nos cœurs ? C'est là le repos, le moyen de reprendre les forces qu'Il nous sait nécessaires, mais les disciples ici semblent n'avoir pas saisi l'intention de leur Maître.
Il va donc éprouver leur foi, leur montrer combien vite ils ont oublié que c'est en Lui seul que sont la puissance, la sagesse et l'amour. Il les place devant les foules, mais ils ne peuvent partager ses compassions pour elles et ne pensent qu'à les lui faire renvoyer (v. 35-36). Ils ne voient que les circonstances extérieures, l'heure avancée, le manque de pain, l'impossibilité d'en acheter… Et pourtant, peu de temps avant, ils racontaient au Seigneur ce qu'ils avaient fait ! On peut alors penser qu'ils n'avaient pas su profiter des instants de repos que Jésus leur avait donnés en les rassemblant auprès de Lui. Certes, nous ne jugeons pas les disciples ; nous nous reconnaissons si bien en eux. Et nous pouvons nous demander en effet dans quelle mesure nous profitons du repos que nous pouvons trouver dans le rassemblement autour du Seigneur, ou dans les moments où Il nous mène seuls, à l'écart, avec Lui.
Dans sa grâce, le Seigneur utilise les siens, et avec Lui leurs faibles ressources sont multipliées
Ce qui empêchait les disciples de jouir de ces instants, c'est qu'ils pensaient à eux-mêmes, à ce qu'ils avaient fait et à ce qu'ils avaient enseigné. Le service avait pris la place de Celui qui en était l'objet et la puissance. Alors le Seigneur leur dit, en quelque sorte : Puisque vous voulez servir, puisque vous pensez pouvoir servir, voilà une occasion, servez ! « Vous, donnez-leur à manger » (v. 37). Or, quand on est occupé de soi, on cherche les ressources en soi-même et on doit constater qu'il n'y a rien en nous. C'est alors que le Seigneur nous invite à aller voir (v. 38), comme de sa part, et à ne pas négliger ce qui pouvait paraître petit à nos yeux - « Car qui a méprisé le jour des petites choses ? » (Zach. 4 : 10). Il ne dit pas : Avez-vous des pains ? mais : « Combien de pains avez-vous ? ». Quelle douce répréhension ! C'est nous dire : Si peu que ce soit que vous ayez saisi de ma Personne, de ma grâce, de mon amour, ce peu de chose est là. Il est en effet impossible que nous soyons venus au Seigneur sans qu'il en soit résulté quelque chose dans nos cœurs. Notre œil naturel ne peut voir cela ou le juge insignifiant, mais la foi, même faible, le discerne. Allons voir, à la parole du Seigneur, et nous trouverons certainement les « cinq pains », figure de la faiblesse qui nous caractérise ici-bas. Il convient d'abord que nous nous souvenions de ce que nous sommes, mais le Seigneur nous encourage alors en nous rappelant qu'Il le sait mieux que nous et, quand nous réalisons que nous sommes « un gâteau de pain d'orge » (Jug. 7 : 13), nous pouvons comprendre que « Dieu est pour nous » (Rom. 8 : 31). Nos yeux se portent sur l'Homme Christ Jésus, que les cinq pains nous présentent, disant à nos cœurs qu'Il « dut, à tous égards, être rendu semblable à ses frères, afin qu'il soit un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur… il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés (Héb. 2 : 17-18). Au milieu d'un monde dont le contact nous souille et nous affaiblit, ce qui nous manque trop souvent, c'est l'énergie pour tout surmonter et tenir ferme, telle que nous l'admirons dans la vie parfaite de Christ. Nous avons donc à nous nourrir de ce que représentent les deux poissons, protégés par leurs écailles du milieu même où ils vivent - « dans le monde », mais « pas du monde » (Jean 17 : 11, 14) - et rendus capables, par leurs nageoires, de lutter contre le courant. Rappelons que le serpent opposé au poisson en Matthieu 7 : 10, correspond à toutes les influences qui mettent en doute la Parole de Dieu, selon le caractère de celui qui était plus rusé qu'aucun animal des champs et qui aujourd'hui encore répète : « Quoi, Dieu a dit… ? » (Gen. 3 : 1).
Le Seigneur nous montre donc que sa grâce a pourvu à tout et que dans sa main, nos faibles ressources sont surabondantes.
La portée générale de ce récit pour notre vie quotidienne
Dans notre passage, le Seigneur enseigne ses disciples au sujet du service qu'il leur confie ; mais nous pouvons retenir pour nous-mêmes qu'Il ne nous demandera jamais plus que ce que sa grâce met à notre disposition. S'Il nous demande : D'où achèterons-nous des pains afin que ceux-ci mangent ? Il le dit pour nous éprouver, car « Lui-même savait ce qu'il allait faire » (Jean 6 : 5-6).
Combien de fois, lorsqu'une difficulté se présente, demandons-nous au Seigneur : Enlève cette difficulté ! Puissions-nous L'entendre nous dire : Combien de pains avez-vous ? Allez et regardez. Et nous avons peut-être appris qu'aller et regarder constitue un exercice profond, qui entraîne la découverte humiliante de notre indigence, et le Seigneur doit nous dire : « Je suis depuis si longtemps avec toi et tu ne me connais pas…» (Jean 14 : 9). Mais, parce qu'Il nous aime, Il nous apprend quelque chose de nouveau de Lui-même, de son amour, de la ressource parfaite qu'Il est et veut être pour nous ! Peut-être avons-nous pensé parfois, dans nos réunions, que nous n'avions rien pour répondre au besoin du moment. Le Seigneur nous invite alors à aller et à regarder, et à Lui apporter avec confiance ce que nous aurons trouvé, les cinq paroles qui, par sa puissance, seront une abondante bénédiction.
Les cinq pains, avons-nous déjà dit, parlent de notre faiblesse et de notre insuffisance et nous rappellent que nous ne connaissons qu'en partie, mais nous disent aussi que Lui qui est infini suffit à tout, si ce que nous avons entendu est mêlé en nous avec de la foi (Héb. 4 : 2), et si nous savons mettre à sa disposition ce que sa grâce nous a donné.
Et comme Il veut que nous croissions en toutes choses jusqu'à Lui, Il permet un nouvel exercice. Il envoie ses disciples sur la mer tandis qu'Il prie sur une montagne. Quelle tristesse sans doute pour Lui lorsque, venant vers eux à la fin de la nuit, il les trouve troublés… frappés et étonnés en eux-mêmes, « car ils n'avaient pas été rendus intelligents par les pains » (v. 52) !
Nous sommes, nous aussi, parvenus sans doute à ce moment si proche de son retour où, voyant les difficultés de notre voyage, Il veut encore nous consoler et nous fortifier. Il vient à nous, marchant sur la mer, faisant son chemin de cela même qui est hostile aux siens, afin de nous apprendre à trouver la consolation et la paix de nos cœurs dans Sa présence et dans Ses paroles : « Ayez bon courage ; c'est moi ; n'ayez pas peur » (v. 50).
N'avons-nous pas là ce qui est bien souvent notre histoire ? Le Seigneur éprouve notre foi, nous montre sa puissance et son amour, puis nous fait faire un pas de plus et nous éprouve à nouveau… Puissions-nous alors être comme David qui, devant le Philistin, ne se souvenait que de la manière dont l’Eternel l'avait délivré de la patte du lion et de la patte de l'ours, de sorte qu'il voyait dans les cinq pierres lisses choisies du torrent, les gages assurés de la victoire de la foi (1 Sam. 17 : 34-35, 40).
« Bienheureux l'homme dont la force est en toi… Ils marchent de force en force… Bienheureux l'homme qui se confie en toi ! » (Ps. 84 : 5, 7, 12).
D'après J-P. Fuzier - « Messager évangélique » (1987)