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MEDITATIONS  SUR  LE  MINISTERE  D'ELISEE (16)

 

« LES FRAPPERAI-JE ? »

Comment le bien peut triompher du mal
 

L’armée syrienne à la merci de ses ennemis
Elisée, image de Christ, communique la grâce
Manifester la grâce envers nos frères et sœurs

 

            « Il arriva, quand ils furent entrés à Samarie, qu'Elisée dit : Eternel, Ouvre les yeux à ces hommes, afin qu'ils voient. Et l'Eternel ouvrit leurs yeux, et ils virent : et voici, ils étaient au milieu de Samarie. Et le roi d'Israël dit à Elisée, quand il les vit : Frapperai-je, frapperai-je, mon père ? Et il dit : Tu ne frapperas point ; ceux que tu aurais faits captifs avec ton épée et ton arc, les frapperais-tu ? Mets du pain et de l'eau devant eux ; et qu'ils mangent et boivent, et qu'ils s'en aillent vers leur seigneur. Et il leur prépara un grand festin, et ils mangèrent et burent ; et il les renvoya, et ils s'en allèrent vers leur seigneur. Et les bandes des Syriens ne revinrent plus dans le pays d'Israël » (2 Rois 6 : 20-23)

 

 L’armée syrienne à la merci de ses ennemis

                Ce sont ceux qui pensaient faire des prisonniers qui sont faits prisonniers ; en dépit de tout leur déploiement de puissance, ils ne sont que d'impuissants prisonniers lorsque le Seigneur manifeste sa puissance en faveur de son serviteur. Si nous sommes gardés et soutenus par le merveilleux fait que Dieu est pour nous, et rendus sans crainte face aux menaces de nos ennemis, nous pouvons bien remporter la victoire grâce à cela. Mais c'est alors qu'il est nécessaire d'être particulièrement vigilants. Si l'Ennemi n'est parvenu, ni par ses ruses ni par sa puissance, à nous détourner du Seigneur et d'une vie de foi, il va s'efforcer de provoquer la chair en nous pour nous faire réagir, au moment de l’épreuve, selon nos instincts naturels. Nous trouvons une illustration de ce danger particulier dans les sentiments du roi d’Israël envers ces captifs syriens. Ils sont ses ennemis, ils lui ont causé bien du trouble, bien des nuits sans sommeil et bien des jours d’angoisse. Ils ont comploté sa perte et seraient parvenus à leurs fins, s’il n’était pas resté en constante communication avec l’homme de Dieu. Or maintenant, ils sont en son pouvoir, et il peut leur rendre tout le mal qu’ils lui ont fait et se venger d’eux, son tour est venu. Il met prestement la main au fourreau, et s'écrie à l'intention de l’homme de Dieu, avec plus d'enthousiasme qu'il n'en montre  habituellement : « Mon père, les frapperai-je, les frapperai-je ? ».

                Il n’est pas difficile de se représenter son empressement, et nous pouvons fort bien le comprendre. Ce roi est très humain, et si semblable à nous. Je crois que nous aurions exactement le même réflexe, si nous étions à sa place. Certainement, je n'en doute pas, un sentiment de honte se fait jour et monte dans nos cœurs, alors que nous nous reconnaissons dans ce roi cruel. Nous avons été traités injustement par quelqu’un qui aurait dû se conduire autrement, et nous décidons que, dès que l’occasion se présentera, nous allons frapper, et nous venger nous-mêmes. Nous savons que ce sentiment est mauvais, et en le nourrissant, nous perdons notre joie et notre paix ; mais le sentiment est bel et bien là, car la vengeance est douce pour la chair, et nous voulons être vengés. Que de fois le diable se réjouit-il de son triomphe sur les enfants de Dieu, alors qu'ils cultivent et manifestent un tel état d’esprit.

            Il nous faut apprendre que, si Dieu avait exercé une vengeance envers nous à cause de nos péchés, nous aurions péri pour toujours. Mais Il n’a pas fait cela. Il a surmonté le mal qui était en nous par le bien qui était en Lui, et nous a sauvés par sa grâce. Alors que nous étions ses ennemis, il nous a pardonné à cause de Christ. Désormais, nous ne sommes pas dans la chair, mais dans l’Esprit (Rom. 8 : 9), et ce sont les fruits de l’Esprit, et non les œuvres de la chair que nous devons manifester. La vie de Jésus doit maintenant être vue en nous, nous sommes appelés à Lui ressembler. Ses ennemis étaient sans miséricorde et implacables, ils L’ont poursuivi de leur haine féroce durant toute sa vie, et n’ont pas été satisfaits avant de L'avoir cloué à une croix. Qu’a-t-Il fait, lorsqu’ils Lui ont fait subir les pires choses ? Il a prié : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23 : 34).

                Mais il n’est pas facile de pardonner. Telle personne a été si désagréable envers vous, les choses qu’elle a dites étaient si fausses, elle vous a si profondément blessé ; elle a dépassé la mesure, et s'est montrée si obstinée dans son hostilité, que vous vous sentez incapable de pardonner. Non, vraiment vous ne le pouvez pas ! Pourtant vous le ferez quand même, si vous vous tenez assez près du Seigneur, exactement comme le roi d’Israël a pardonné parce qu'il se tenait près d’Elisée.

 

Elisée, image de Christ, communique la grâce

            Elisée est le prophète de la grâce, et c’est une occasion pour que la grâce se manifeste. Il faut que ces Syriens retournent vers leur maître, avec la conviction qu’il existe en Israël un état d'esprit inconnu en Syrie. C'est pourquoi Elisée dit : « Tu ne frapperas point. ... Mets du pain et de l'eau devant eux ; et qu'ils mangent et boivent, et qu'ils s'en aillent vers leur seigneur ». Il ne semble pas avoir été difficile pour le roi d’Israël de faire ainsi. Il paraît être pénétré par l'état d'esprit d’Elisée, et semble agir en accord avec lui avec beaucoup de bonne volonté, car « il leur prépara un grand festin ». Et lorsqu'ils ont mangé et bu, il les renvoie, et ils s'en retournent vers leur maître. Finalement le roi remporte une plus grande victoire par sa bonté que celles qu'il aurait gagnée par ses prouesses sur le champ de bataille, car désormais les bandes des Syriens ne le troublent plus.

                Voilà le chemin de la victoire : souffrir et supporter avec patience, surmonter le mal par le bien, rencontrer l’inimitié avec un esprit de grâce et de pardon. Telle était la manière d’agir du Seigneur envers ses ennemis, et Il nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces : « Lui qui n'a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n'a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas l'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement ;  qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts aux péchés nous vivions pour la justice ; par la meurtrissure de qui vous avez été guéris" (1 Pier. 2 : 22-24). Et c'est seulement lorsque sa propre vie et sa propre grâce se manifestent en nous, que nous vivons à la justice.
 

Manifester la grâce envers nos frères et sœurs

                Or si cette grâce doit être manifestée envers ceux qui sont du dehors, que dire de nos frères ? Combien de fois devons-nous leur pardonner ? C’est une impulsion généreuse qui fait mouvoir le cœur de Pierre quand, ayant vécu longtemps dans la compagnie du Seigneur, il est conduit à  suggérer qu’il pourrait aller jusqu'à pardonner sept fois à son frère ! Et quel sentiment de satisfaction doit l'envahir alors qu'il fait cette suggestion. Le Seigneur le félicitera certainement et le mettra en avant comme un exemple de grâce devant les autres disciples !
            Mais que dit le Seigneur ? « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante dix fois sept fois » (Matt. 18. 22).
                Il nous semble presque entendre l’exclamation d’étonnement de Pierre et voir sa mine déconfite. Comme ses conceptions de la grâce et du pardon sont en réalité mesquines,  lorsqu'on les confronte au vrai standard ! Et pourtant Pierre devance de loin beaucoup de chrétiens ! Lorsque Pierre a surmonté le choc que lui ont causé ces paroles merveilleuses, nous comprenons aisément qu’il dise : Mais, maître, cela est impossible. La nature humaine ne peut pas faire ça. Tu m'en demandes trop ! - Avec quelle patience et quelle tendresse le Seigneur doit répondre : Voilà la manière dont je te traite, Pierre ! Je ne fais que te demander et attendre de toi que tu traites les autres comme je te traite. - Seule une connaissance intime et profonde de cette grâce illimitée de notre Seigneur, connaissance que nous ne pouvons acquérir qu'en nous tenant près de Lui, nous rendra prêts à accomplir les paroles du Seigneur. Nous dirons : Seigneur, nous obéissons à ta parole, nous y obéissons avec joie, nous ne pouvons rien faire d'autre. - Et nous découvrirons que la joie de pardonner est une joie inexprimable. C’est la joie même de Dieu qu’Il nous permet de partager avec Lui.
                Mais il y a plus que cela dans la merveilleuse révélation de la grâce et des pensées de Dieu  envers nous dans le Christ Jésus. Dieu nous a pardonné pour l'amour de Christ, et c’est la raison qui est donnée pour que nous soyons bons les uns envers les autres, compatissants, nous pardonnant les uns aux autres (Eph. 4 : 32). Mais dans l’épître aux Colossiens, une grâce inconcevable nous est révélée. Nous apprenons, par des paroles qui touchent nos cœurs, que nous sommes unis à Christ. Il est la Tête dans le ciel, et nous, ses saints achetés par son sang et scellés du Saint Esprit, nous sommes son Corps sur la terre. Nous apprenons ce fait merveilleux que la vie de la Tête dans le ciel, habite dans son corps sur la terre. Désormais, dans le monde même où Christ a été crucifié et où Satan a poussé les hommes à détruire le temple de son Corps, il possède un Corps. Un Corps dans lequel sa vie est manifestée, avec toutes ses grâces, une vie dans laquelle le pardon tient une place prééminente. Considérez le passage qui nous montre cela : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d'affection miséricordieuse, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience,  vous supportant l'un l'autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l'un a un sujet de plainte contre un autre ; comme le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même » (Col. 3 : 12-13). Quel standard merveilleux que celui-ci ! Le pardon de Christ est complet et éternel, car Il a fait de nous des membres de son propre Corps. Mais, en faisant ainsi, Il a fait de nous, croyants, des membres les uns des autres. Si nous nous souvenons de cela, nous ne supporterons de pensée de rancune envers aucun chrétien. « Comme le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même », voilà ce qui sera notre mesure et notre manière d’agir.
                Alors les efforts de Satan pour attiser dans nos cœurs la colère, le courroux et la malice à l'égard de ceux qui ne nous traitent pas bien, échoueront. Et, au lieu d’être surmontés par ces sentiments charnels, nous manifesterons la grâce de notre Seigneur, la Tête du Corps, et même dans ces choses-là, nous serons plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés (Rom. 8 : 37).

 

D'après J.T. Mawson

 

A suivre