Sommeil physique et sommeil spirituel
Quelques mentions du sommeil dans la Parole
Adam
Abram
Jacob
David
Assuérus
Joseph, l'époux de Marie
Les disciples de Jésus dans la barque
Lors de la transfiguration du Seigneur
Lazare
Pierre
Dieu peut se servir de notre sommeil pour nous parler
Le sommeil physique, image du sommeil spirituel
Le prophète Elie
Le prophète Jonas
La parabole des dix vierges
Eutyche
Le sommeil chez l’homme est une fonction périodique normale. Pendant celui-ci le corps suspend sa vigilance, il y a un certain relâchement musculaire, un ralentissement de la circulation sanguine et de la respiration. Il est indispensable pour que nous reprenions des forces et puissions poursuivre normalement notre activité au service du Seigneur. Le sommeil fait partie, comme d’ailleurs toutes les autres fonctions de notre corps, des dons précieux reçus de notre Créateur. Lui-même Il soutient également « par la parole de sa puissance », le déroulement de notre sommeil - comme Il le fait pour tout dans l’univers créé (Héb. 1 : 3).
Associons-nous à David qui s’écrie : « Je te célébrerai de ce que j’ai été fait d’une étrange et admirable manière. Tes œuvres sont merveilleuses, et mon âme le sait très bien » (Ps. 139 : 14). Le Seigneur veille ainsi de façon continuelle sur ses créatures ; un poète chrétien a exprimé, dans la strophe de cantique ci-dessous, la reconnaissance de ses rachetés pour les soins dont ils sont les objets.
Ta sagesse, ta grâce et ton pouvoir s’unissent
Pour nous conduire au séjour bienheureux.
O Dieu ! jamais pour nous tes soins ne s’affaiblissent :
La nuit, le jour, tu nous suis de tes yeux.
Nous allons voir ensemble que si le sommeil physique, voulu par Dieu, est bon pour notre corps, il existe un tout autre « sommeil » qui a des conséquences néfastes pour notre âme. Ainsi, dans plusieurs passages de l’Ecriture, le sommeil évoque une perte de la jouissance de notre relation avec Dieu, un relâchement de nos affections pour Christ.
Quelques mentions du sommeil dans la Parole
Il est question de sommeil pour la première fois au chapitre 2 de la Genèse. Adam avait besoin de partager ses pensées avec quelqu’un qui serait aussi capable de bénéficier, avec lui, des dons divins. L’Eternel déclare : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide qui lui corresponde » (v.18). Dans ce but, Il fait tomber un profond sommeil sur l’homme ; Il prend une de ses côtes et en tire une femme qu’Il amène à Adam (v. 21-22). C’est un symbole du « mystère » de l’Eglise, de l’épouse d’un Christ entré dans le « sommeil de la mort ». Il a reçu son épouse de la main de Dieu, pour la « nourrir » et la « chérir » (Eph. 5 : 29). Ce mystère est grand, s’écrie l’apôtre : « Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os » (Gen. 2 : 23).
Abram
Au chapitre 15 de ce même livre « des commencements », l’Eternel apparaît à Abram, peu après sa victoire remportée, avec le secours reçu de Melchisédec, sur le roi de Sodome. Il lui dit : « Ne crains point ; moi je suis ton bouclier et ta très grande récompense » (v. 1). Pour nous, enfants de Dieu, posséder Christ, c’est posséder tous ses dons !
Dieu lui annonce que sa descendance sera aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel ! Or, Abram était déjà âgé et il n’avait pas encore d’héritier légitime ; mais il croit Dieu, « étant pleinement convaincu que ce que Dieu a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4 : 21). Dieu lui dit alors de prendre plusieurs animaux – génisse, chèvre, bélier, tourterelle et pigeon - et de les partager par le milieu (sauf les oiseaux). Le soleil se couche et un profond sommeil tombe sur lui. Là, en pleine nuit, l’Eternel lui annonce l’avenir de sa descendance (v.13-16). Un brandon de feu passe entre les pièces des animaux (v. 9-12) ; l’Eternel fait une alliance avec Abram : « Je donne ce pays à ta semence… » (v. 18).
Au chapitre 28 de la Genèse, Jacob a supplanté son frère : il s’est emparé de l’héritage en trompant Isaac, son père aveugle. Il s’enfuit de Béer-Shéba devant la vindicte d’Esaü. Il veut se rendre à Charan ; la nuit venue, il se couche pour dormir sur des pierres qu’il a amoncelées. C’est à ce pauvre fugitif que l’Eternel, dans un songe, fait en grâce de grandes promesses (v. 13-15). Quand Jacob se réveille de son sommeil, il est terrifié. Il dit : « Que ce lieu-ci est terrible ! Ce n’est autre chose que la maison de Dieu, et c’est ici la porte des cieux ! (v.17).
Levé de bon matin, il dresse une stèle, verse de l’huile sur son sommet et appelle le lieu : Béthel - c’est-à-dire la maison de Dieu (v.18. Il y reviendra plus tard, sur l’ordre de l’Eternel (35 : 1).
De grandes choses ont donc eu lieu cette nuit-là, durant le sommeil de Jacob ! Il fait un vœu à l’Eternel, Lui proposant un étrange marché. « Si Dieu est avec moi et me garde…qu’il me donne du pain…un vêtement pour me vêtir… l’Eternel sera mon Dieu » (v. 20-21). Mais la faveur divine ne s’obtient pas par des efforts personnels !
Dans le chapitre 26 du premier livre de Samuel, nous voyons David s’emparer de la lance et de la cruche d’eau de Saül alors que celui-ci dort, abrité, du moins le croit-il, dans l’enceinte de ses chars (v.7). David est accompagné par Abishaï : « Personne ne les vit, et personne ne le sut, et personne ne s'éveilla, car ils dormaient tous, car un profond sommeil envoyé par l’Eternel était tombé sur eux » (v.12). Ce sommeil profond (Jardemah, en hébreu) est surnaturel.
Dans le livre d’Esther Dieu ne se manifeste pas ouvertement. Sa main, invisible, conduit silencieusement les événements et dispose les cœurs. On lit au chapitre 6 que « cette nuit-là » le roi de Perse, Assuérus, ne pouvait pas dormir : le sommeil le fuyait ! Alors, de guerre lasse, il se fait apporter le livre des annales et il y « découvre » la bonne démarche de Mardochée en sa faveur, lors d’un complot contre lui (v. 1-4). Après cette « découverte » permise, en accord avec le propos divin, la chute définitive d’Haman, l’Agaguite - un instrument dans la main du diable qui cherchait à faire mourir tous les Juifs - entre dans sa phase finale.
Un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, fils de David : « Ne craint pas de prendre auprès de toi Marie ta femme, car ce qui a été conçu en elle est de l’Esprit Saint…tu l’appelleras du nom de Jésus… Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur le lui avait ordonné… » (Matt. 1 : 20-24).
Les disciples de Jésus dans la barque
Le Seigneur monte dans une barque et ses disciples le suivent (Matt. 8 : 23). Une grande tempête s’élève sur la mer, leur esquif est couvert par les vagues mais Lui dort ! Ses disciples s’approchent, ils Le réveillent en Lui disant : « Seigneur, sauve-nous ! Nous périssons. Il leur dit : Pourquoi êtes-vous si craintifs, gens de petite foi ? » (v. 26). Il se lève, reprend les vents et la mer, et il se fait un grand calme.
Quel merveilleux exemple nous donne toujours le Seigneur ! Il réalise ce que disait le Psaume 4 : « Je me coucherai, et aussi je dormirai en paix ; car toi seul, ô Eternel ! tu me fais habiter en sécurité » (v. 8). En vain, la tempête fait rage et nulle clarté ne luit (voir aussi Marc 4 : 38).
Maître, entends-tu la tempête et ses terribles accents ?
Parle, Seigneur, et l'arrête ; sauve, sauve tes enfants !
Mais aucun bruit ne l’éveille ; Il dort et nous périssons.
A nos cris prête l’oreille, sauve-nous, nous t’en prions !
Il parle aux flots en démence : Paix vous soit !
La mer, les vents font silence ; Paix vous soit ! paix vous soit !
Il est notre délivrance ; paix vous soit !
Lors de la transfiguration du Seigneur
Pierre, Jacques et Jean se trouvent sur la montagne où se déroule cette scène d’une sublime grandeur (Matt. 17 ; Marc 9 ; Luc 9). Ils ont été choisis par le Seigneur. Cependant Pierre - et ceux qui sont avec lui - sont accablés de sommeil. Luc est seul à le préciser. Mais, après cette éclipse, « quand ils furent réveillés, ils virent Sa gloire et les deux hommes - Moïse et Elie - qui se tenaient avec Lui » (Luc 9 : 32). Une voix vient alors du ciel, Dieu le Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (v. 35). Jésus se trouve seul avec eux (Matt. 17 : 8). Ils dormiront aussi à Gethsémané !
Jésus, en parlant à ses disciples, emploie une expression remarquable, en usage depuis lors, au moment du départ des croyants : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais pour le réveiller » (Jean 11 : 11). Les disciples se méprennent sur le sens de ses paroles et rétorquent : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera guéri ! Or Jésus avait parlé de sa mort ; mais eux pensaient qu’il avait parlé du repos du sommeil » (v. 13).
Ce disciple est prisonnier. Cependant les chaînes, la soldatesque qui l’entoure et les intentions meurtrières d’Hérode, ne l’empêchent pas de dormir paisiblement entre deux gardiens. Il y avait aussi des sentinelles qui veillaient devant la lourde porte de fer de la prison (Act. 12 : 6 ; 1 Pier. 5 : 7).
Aucun obstacle ne peut empêcher le Seigneur de délivrer son cher serviteur ; il répondra ainsi aux instantes prières de l’assemblée. Un ange réveille Pierre et le fait sortir avec puissance de la terrible prison (v. 7-10).
Dieu peut se servir de notre sommeil pour nous parler
Avons-nous discerné pourquoi Dieu permet parfois des « insomnies » durant nos nuits personnelles ? Il veut, dans son amour fidèle, nous tirer à l’écart pour nous instruire (Ps. 32 : 8). Il veut peut-être aussi nous montrer un ou des sujets urgents de prière, ou encore nous reprendre « en privé ». La nuit est propice, loin des bruits si gênants parfois dans ce monde.
Arrêtons-nous un instant sur ces versets du livre de Job 33 : « Dans un songe, dans une vision de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils dorment sur leurs lits : alors il ouvre l’oreille aux hommes et scelle l’instruction qu’il leur donne, pour détourner l’homme de ce qu’il fait ; ...et sa vie de se jeter sur l’épée (v. 15 -18) ». Le songe, un moyen parfois choisi par Dieu pour entrer en relation avec l’homme, était plus fréquent autrefois. Maintenant, après l’œuvre de la croix, la présence du Saint Esprit dans l’Assemblée et son habitation chez le chrétien, a de précieuses conséquences !
Si notre conduite ne l’attriste pas, Il nous enseigne. Il prend de ce qui est de Christ, il nous le communique (Jean 16 : 14). Si nous avons péché, Il parle directement à notre conscience et à notre cœur ! Le Seigneur se sert parfois du songe, même chez un croyant ! Attention toutefois à ne pas interpréter tous nos rêves. Quand Dieu parle, nous reconnaissons sa voix, car nous sommes ses enfants.
Le Psaume 121 donne une assurance à Israël - et à fortiori aux chrétiens : « Il ne permettra point que ton pied soit ébranlé ; Celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, Celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas » (v. 3-5).
Retenons aussi l’avertissement du Psaume 127 - psaume de Salomon : « C’est en vain que vous vous levez matin, que vous vous couchez tard, que vous mangez le pain de douleurs. Ainsi, Il donne le sommeil à son bien-aimé » (v. 2). L’activité paisible et confiante d’un chrétien, suivie par son sommeil tranquille contraste avec l’agitation fiévreuse et ambitieuse des hommes de ce monde (Ecc. 2 : 22- 23 ; Aggée 1 : 6-11). Ce prophète nous invite à plusieurs reprises à « considérer nos voies » !
Le Psaume 132 montre à quel point David était attaché à l’Arche ! Elle avait une place primordiale dans ses pensées : « J’ai juré à l’Eternel…si j’entre dans la demeure de ma maison, si je monte sur le lit où je couche, si je permets à mes yeux de dormir, à mes paupières de sommeiller, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Eternel, des demeures pour le Puissant de Jacob ! » (v. 2-7) ! Dieu avait entendu sa prière ; il avait trouvé grâce à ses yeux quand il lui demande la faveur de trouver une demeure pour le Dieu de Jacob (Act. 7 : 46). Avons-nous pour Christ le même attachement que David pour l’Arche qui en était le type ?
Dans le livre de Daniel, il est aussi question de deux autres rois païens qui ne trouvaient pas leur sommeil ! Nebucadnetsar, le « roi des rois », était tourmenté par un songe inexpliqué (ch. 2). Furieux devant leur incapacité à l’éclairer, le roi avait décidé de tuer tous les sages. Mais Daniel, informé, répond avec prudence à Arioc, le chef des gardes et obtient un délai avant l’exécution de la menace du roi. Puis, avec ses amis, il prie Dieu avec ferveur et il est exaucé ! Il peut tout expliquer à Nebucadnetsar, tout en veillant à donner toute la gloire à Dieu, auteur de cette révélation ! Au chapitre 6, Dieu permet que la conscience du roi Darius l’empêche de dormir ! Il se lamente intérieurement au sujet de Daniel. Ses grands ont obtenu, par jalousie, l’autorisation de le jeter dans la fosse aux lions ! Mais le prophète, par sa foi, ferme la gueule des lions (Héb. 11 : 37) et sort de leur affreuse tanière, sans la moindre blessure.
Dans ces deux circonstances, Dieu s’est servi de Daniel, un témoin fidèle, pour commencer dans le cœur et la conscience de ces deux souverains, le travail qu’Il s’était proposé de faire à leur égard. Il voulait les amener à Le connaître, le seul Dieu vivant et vrai. Les résultats du travail de la grâce divine sont donnés dans Daniel 4 : 34-37 et 6 : 16, 22-27.
Le jeune Zacharie, auquel un ange venait souvent parler, le voit soudain revenir vers lui. Ce prophète raconte lui-même la scène : « Il me réveilla comme un homme qu’on réveille de son sommeil » (4 : 1). Il demande à Zacharie : « Que vois-tu ? » (v. 2). Un chandelier tout d’or, répond le prophète : C’était un beau type de Christ, la lumière du monde : « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8 : 12). Cher lecteur, êtes-vous parmi ceux qui souhaitent être réveillés de leur sommeil pour avoir une telle vision de Christ ? « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3 : 18).
Le sommeil physique, image du sommeil spirituel
Jusqu’ici, la plupart des passages considérés avaient une connotation positive. Mais il en est tout autrement quand on aborde des passages concernant le sommeil spirituel ; celui-ci peut envahir subrepticement nos pensées et troubler notre cœur ! Nous n’avons plus de vraie communion avec notre Seigneur.
Apprenons à limiter au strict minimum le temps pourtant nécessaire passé à s’occuper des choses de la terre. Jeûnons volontairement, en veillant à ne pas encombrer notre esprit des choses d’ici-bas, comme la Parole nous y invite ; sinon une chute nous menace ! Plusieurs, sans doute, se souviennent des versets qui évoquent la chute progressive de Démas. Au début de la « voie » (Act. 24 : 14), il était un proche de l’apôtre Paul (Col. 4 : 14), mais plus tard celui-ci écrit avec tristesse : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle » (2 Tim. 4 : 10) ! Que de choses scintillent autour de nous dans ce monde et cherchent à nous attirer. Il est ainsi dès que l’Ennemi comprend que nos affections pour Christ ont diminué.
Ce sommeil spirituel peut survenir même après un travail fidèle accompli à la gloire de Dieu ; nous avons « dépassé » nos forces, nous n’avons pas assez veillé à nous laisser restaurer par la lecture de la Parole et la prière. Ces erreurs laissent des traces durables.
Qui aurait pu reconnaître Elie, ce brillant témoin devant Achab (1 Rois 18), dans cet homme découragé qui fuit devant les menaces de la réputée « terrible » Jézabel (19 : 2-4). Un homme pourtant longtemps remarquable par sa foi et sa fermeté peut ainsi brusquement manquer totalement s’il ne lui reste que ses très faibles ressources humaines, car il a perdu le Seigneur de vue (Prov. 29 : 25).
Elie est désespéré, sa conduite le montre. Il se lève et s’en va pour sa vie ; il se rend seul au désert. Assis sous un genêt, il demande la mort pour son âme (1 Rois 19 : 3-4). Puis il se couche et s’endort sous cet arbre. Mais Dieu prend soin de lui ! Nous avons sans doute bien des fois fait avec reconnaissance l’expérience de son tendre et fidèle amour.
Un ange touche Elie et lui dit : « Lève-toi, mange ». Le prophète voit à son chevet un gâteau cuit sur les pierres chaudes et une cruche d’eau. Il se nourrit, boit et se recouche ! L’ange revient, le touche et lui dit : « Lève-toi, mange, le chemin est trop long pour toi » (v. 7). Il mange, boit et avec la force de ces aliments « d’origine divine », marche quarante jours et quarante nuits jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu.
Là, à l’écoute de la « voix douce et subtile de l’Eternel », il entre en convalescence spirituelle. Dans sa grâce immense, Dieu se servira encore de lui durant sept ans, avant d’enlever au ciel son cher serviteur, dans un char de feu ! Ne perdons pas courage ! Si nous traversons soudain un « douloureux sommeil spirituel ». Soyons de ceux dont le psalmiste disait : « Ils ont regardé vers Lui et ils ont été illuminés, et leurs faces n’ont pas été confuses » (Ps. 34 : 5).
Son exemple montre aussi la très grande patience et la grâce infinie de notre Dieu. Jonas était coupable et très obstiné aussi (Ps. 32 : 9). Il avait auparavant annoncé la « bonne nouvelle » du rétablissement des frontières d’Israël (2 Rois 14 : 25). Mais il reçoit maintenant une mission qui lui déplaît - on comprendra pourquoi en lisant le début du chapitre 4 : il redoutait de proclamer à Ninive son châtiment, car il connaissant « un peu » le cœur de Dieu et craignait qu’Il ne fasse finalement grâce dans sa miséricorde à cette grande métropole, si coupable - si elle se repentait ! Lui aussi fera pourtant bientôt l’expérience - répétée - de cette miséricorde divine.
Il s’enfuit donc de devant la face de l’Eternel. Sa propre volonté - elle nous fait souvent tant de mal - le pousse à cette conduite insensée (Ps. 139 : 7-12). Ce mauvais chemin est d’abord plaisant (signification de « Joppé »). Mais en empruntant ce bateau qui semble l’attendre, il part pour Tarsis (qui signifie destruction). La suite du récit montre qu’il ne cesse pas de descendre (1 : 3, 5 ; 2 : 3, 7).
Le Seigneur intervient : une tempête furieuse se déchaîne. Jonas ne partage pas les craintes de ses compagnons de voyage apeurés. Il peut nous arriver aussi de nous montrer insensibles, du fait de notre égoïsme latent : Jonas dort profondément au fond de la cale !
Le maître d’équipage l’arrache à son inconscience : « Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton dieu ! » (1 : 6). Etre ainsi rappelé à l’ordre par les hommes de ce monde, quoi de plus humiliant pour un enfant de Dieu ? Jonas doit être jeté à l’eau, alors seulement la tempête s’apaise. Devant la grande puissance divine, la conscience de ces marins est touchée ; ils s’approchent de Dieu, avec une crainte de bon aloi (v. 15-16).
L’Eternel a commandé à un poisson d’avaler Jonas. Il restera trois jours dans ses entrailles. Le prophète désobéissant élève vers Dieu une prière douloureuse et fervente : elle sera exaucée. Le chemin sera long, très long encore - à vue humaine - avant qu’il soit enfin tiré de ce grand sommeil spirituel. Mais Dieu ne se lasse pas, dans sa grâce envers lui, ni envers nous non plus. Dieu prépare et commande beaucoup de choses pour humilier Jonas et lui faire « du bien à la fin » (Deut. 8 : 16). C’est son désir pour chacun des siens.
Cette parabole de l’évangile de Matthieu (25 : 1-13) aide à comprendre ce qui, en pratique, peut se passer dans notre cas. Les vierges semblaient toutes attendre avec ferveur l’époux. Or, cinq d’entre elles étaient « prudentes » : elles avaient de l’huile dans leur lampe, figure du Saint Esprit ; les cinq autres étaient « folles » : elles n’avaient pas d’huile ! Pourtant, toutes, aux yeux de tous, partageaient la même attente, avec leur lampe à la main ! Mais, l’époux tardait ; alors, lassées par cette attente, « elles s’assoupirent toutes et s’endormirent » (v. 5).
C’est un grand danger qui nous guette tous. C’est progressif : on commence par sommeiller « un peu » - si peu, pensons-nous – mais on s’endort finalement pour de bon ! On a oublié le dernier avertissement du Seigneur, en quittant ses disciples pour s’en aller au Père : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible » (Matt. 26 : 41 ; Marc 14 : 38). La tentation a un caractère polymorphe : chacun est attiré et amorcé par sa propre convoitise (Jac. 1 : 14).
Le sommeil spirituel vient souvent de la paresse et de l’oisiveté (Prov. 6 : 9-10, Matt. 20 : 3) Ne nous relâchons pas, de crainte de devenir « pauvre », spirituellement parlant (Prov. 20 :13). Salomon conseille au contraire : « N’aime pas le sommeil…Ouvre les yeux, et rassasie-toi de pain » (Prov.20 : 10). Nous le connaissons, par grâce, ce vrai pain qui descend du ciel ; le Père nous l’a envoyé (Jean 6 : 32).
Ce jeune homme, assis sur une fenêtre, semblait écouter Paul, au milieu d’une nombreuse assistance (Act. 20 : 9). L’apôtre parle très longuement - jusqu’à minuit. Or il y avait beaucoup de lampes dans cette chambre haute ; et vu le type d’éclairage probablement utilisé alors, la température dans la pièce devait être élevée. Toujours est-il que le jeune Eutyche, « accablé d’un profond sommeil », tombe du troisième étage jusqu’en bas : il est relevé mort. Paul descend et se penche sur lui, le prend dans ses bras et dit aux assistants : « Ne soyez pas troublés, car son âme est en lui » (v. 10). L’entretien se poursuit et plus tard, ils ramènent dans la chambre haute le jeune garçon vivant ; ce qui est pour tous une immense consolation (v. 10-12).
C’est ce même apôtre qui annonce, dans l’épître aux Romains : « De plus, nous connaissons le temps actuel : c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ; la nuit est fort avancée et le jour s’est approché ; rejetons donc les œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière » (13 : 11-12).
Vers Jésus élevons les yeux :
Bientôt ce Sauveur glorieux
Redescendra du haut des cieux.
Dans cette bienheureuse attente,
Que notre âme soit vigilante :
Soyons prêts, craignons de dormir.
Chrétiens, le Sauveur va venir.
La vie de notre âme doit profiter du sain conseil et de la réflexion : « Alors tu iras ton chemin en sécurité, et ton pied ne heurtera point….Tu te coucheras et ton sommeil sera doux » (Prov. 3 : 21-24). C’est indispensable - pour que notre marche s’affermisse et que nous puissions reposer en paix durant la nuit - ne pas garder de faute sur notre conscience ou de crainte dans notre esprit !
La paix parfaite de Dieu, qui surpasse toute intelligence, peut seule garder nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus (Phil. 4 : 7). Quel repos nous goûtons alors ! Ne nous laissons pas attirer par une « fenêtre » qui permettrait de s’intéresser plus que de raison à ce qui remplit ce monde qui ne connaît pas Dieu.
Nous sommes exhortés à ne pas dormir comme les autres qui n’ont pas d’espérance (1 Thes. 5 : 6 ; 4 : 13). Ils n’ont devant eux que les choses d’ici-bas. Elles pourraient devenir pour nous aussi un piège et cela pourrait même tourner au désastre si elles parvenaient à remplir notre cœur !
Retenons, pour nous en souvenir en temps utile, l’exhortation adressée au chrétien qui s’est laissé surprendre par le sommeil spirituel : « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Eph. 5 : 14).
Ph. L le 16. 12. 17