ACCROISSEMENT
Le désir de l'homme d'accroître ses richesses
La croissance que le chrétien doit désirer
Le coeur humain est tel que chacun désire accroître ce qu'il possède, que ce soit ses richesses, ses connaissances, son importance, et il est fréquent que des hommes n'aient pas d'autre but en vue que celui-là, se créant eux-mêmes beaucoup de soucis pour essayer de satisfaire semblable désir.
Le croyant devrait être en garde contre cette tendance du coeur naturel et se souvenir des paroles du Seigneur, telles qu'elles nous sont rapportées dans l'évangile de Matthieu, en particulier de celles-ci : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… Qui d'entre vous, par le souci qu'il se donne, peut ajouter une coudée à sa taille?… Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice…» (6 : 19-34).
Le désir de l'homme d'accroître ses richesses
L'expérience de Salomon
Ce roi a fait l'expérience de la vanité des biens terrestres et ce qu'il a écrit à ce sujet a été conservé pour notre instruction dans la Parole inspirée : « Quel profit a l'homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ? … J'ai été roi sur Israël à Jérusalem, et j'ai appliqué mon coeur à rechercher et à explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c'est une occupation ingrate que Dieu a donnée aux fils des hommes afin qu'ils s'y fatiguent. J'ai vu tous les travaux qui se font sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent… Voici, je suis devenu grand et j'ai acquis de la sagesse plus que tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem… J'ai connu que cela aussi, c'est la poursuite du vent… J'ai dit en mon coeur : Allons ! je t'éprouverai par la joie : jouis donc du bien-être. Et voici, cela aussi est vanité… J'ai fait de grandes choses… Et je suis devenu grand et je me suis accru plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem… Et quoi que mes yeux aient désiré, je ne les en ai point privés ; je n'ai refusé à mon coeur aucune joie… et voici, tout était vanité et poursuite du vent, et il n'y en avait aucun profit sous le soleil » (Ecc. 1 : 3, 12-14, 16-17 ; 2 : 1, 4-11). Nous rappelons seulement quelques-unes des pensées que Salomon a été conduit à exprimer, mais il faut lire dans leur entier les premiers chapitres du livre de l'Ecclésiaste. Doit-on être surpris que les expériences qu'il a pu faire à un si haut degré ne soient d'aucun profit pour les hommes, souvent même pour des croyants qui perdent leur vie en la consacrant à la recherche des biens de ce monde, méconnaissant que tout cela est « vanité et poursuite du vent » ? Sans doute pas, tant il est vrai que les expériences faites par d'autres nous sont rarement profitables.
Les agissements de Jacob
Il arrive même que, dans cette tentative d'accroître leurs biens, certains se laissent entraîner d'une manière telle qu'ils finissent par ne pas y regarder de trop près quant au choix des moyens à employer pour parvenir à leurs fins. La Parole nous donne l'exemple de Jacob, agissant avec ruse pour accroître ses troupeaux ; nous en avons le récit dans le chapitre 30 de la Genèse, à la fin duquel nous lisons : « Et l'homme s'accrut extrêmement, et eut un bétail nombreux, et des servantes et des serviteurs, et des chameaux et des ânes » (v. 43). Oui, Jacob « s'accrut extrêmement », mais grâce à l'emploi de moyens combien répréhensibles ! Hélas ! son exemple n'est-il pas imité ? Au sujet de ceux qui agissent de semblable manière, Dieu peut dire ce qu'il disait autrefois de son peuple Israël : « Selon qu'ils se sont accrus, ainsi ils ont péché contre moi » (Os. 4 : 7 - voir aussi 5 : 6).
La croissance que le chrétien doit désirer
C'est une tout autre croissance que nous, croyants, avons à désirer et à rechercher, celle à laquelle nous exhorte l'apôtre Pierre : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pier. 3 : 18). Tel doit être le but de la vie chrétienne : croître dans la connaissance de Christ - tout doit nous conduire à cela !
Lire la Parole de Dieu
Lisons-la pour Le rechercher Lui, pour apprendre à Le connaître toujours mieux. Désirons « ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait de la Parole », nous « croîtrons par lui à salut » (1 Pier. 2 : 2). Si la Parole n'apporte pas Christ à nos âmes, c'est parce que nous l'avons sans doute mal lue, c'est-à-dire sans le secours de la prière, sans le secours du Saint Esprit qui se plaît à nous occuper de Christ et à Le glorifier.
La Parole sera pour nous une riche nourriture, nous en retirerons un réel profit selon la mesure dans laquelle nous vivrons ses enseignements, réalisant une marche dans la crainte de Dieu, dans la droiture de cœur ; en revanche, elle sera pour nous sans grande saveur et sans grand fruit si nous nous contentons de la lire par devoir, étant des « auditeurs oublieux », méconnaissant l'enseignement de Jacques 1 : 21-25.
Apprendre à connaître Dieu au travers des circonstances de la vie
Il est une autre connaissance que nous pouvons faire de Lui et dans laquelle il nous convient de croître : celle que nous sommes appelés à acquérir dans les circonstances du chemin, qu'elles soient heureuses ou difficiles. Les vivre avec Lui, expérimenter ce qu'Il est pour nous dans la joie ou les larmes, entendre sa voix d'amour, tout cela est enrichissant pour l'âme du racheté. Expérimenter dans notre vie la réalité de ce que nous avons appris dans l'Ecriture est d'une inestimable valeur pour nous. Donnons un seul exemple : la Parole nous présente Christ comme notre « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur », Celui qui nous porte avec puissance sur ses épaules et avec amour sur son cœur, et les passages qui nous occupent de Lui sous ce caractère sont pour nous un encouragement et un rafraîchissement, mais quelle valeur ils acquièrent pour nos âmes lorsque, en suivant un chemin difficile, nous goûtons les tendres soins de ce « grand souverain sacrificateur… Jésus, le Fils de Dieu » (Héb. 2 : 17-18 ; 4 : 14-16) ! Dieu permet des circonstances éprouvantes dans nos vies pour nous amener à croître dans la connaissance de Celui dont Il nous a fait don. Ne vaut-il pas la peine de les traverser en vue d'un tel résultat ?
Contempler Christ
Dans les jours les plus douloureux, nous pouvons dire comme David autrefois : « Qui nous fera voir du bien ? Lève sur nous la lumière de ta face, ô Eternel ! Tu as mis de la joie dans mon cœur, plus qu'au temps où leur froment et leur moût ont été abondants » (Ps. 4 : 6-7). Aucune des richesses de ce monde ne peut donner au cœur du racheté la joie qu'il trouve dans la contemplation et la connaissance de Christ ! Le froment et le moût - dont il est question si souvent dans les écrits de l'Ancien Testament comme symbolisant une abondance de biens, de bénédictions matérielles (Gen. 27 : 28, 37 ; Nomb. 18 : 12 ; Deut. 7 : 13 ; 11 : 14 ; 12 : 17....) - nous parlent aussi de nourriture spirituelle. C'est en lui donnant cette signification que nous citerons Zach. 9 : 17 : « Le froment fera croître les jeunes gens, et le moût, les jeunes filles ». Que jeunes gens et jeunes filles aient l'ardent désir de se nourrir du « froment » et du « moût », de la « moelle du froment » (Ps. 81 : 16), c'est le secret de la croissance spirituelle !
Croître en force
« Celui qui a les mains pures croîtra en force » (Job 17 : 9) : la pureté de cœur, fruit de l'opération de la Parole et de l'Esprit en nous, se manifestant extérieurement par la pureté de nos actions, nous « croîtrons en force ». L'âme vraiment nourrie, la force divine se manifestera au sein de la faiblesse qui est la nôtre. Au milieu des ténèbres de ce monde, le croyant peut ainsi réaliser une marche dans les « sentiers de justice » où le bon Berger conduit ses brebis. Son « sentier » est véritablement alors « comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu'à ce que le plein jour soit établi » (Ps. 23 : 3 ; Prov. 4 : 18). C'est une marche « digne du Seigneur afin de lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre » qui permet de « croître par la connaissance de Dieu » (Col. 1 : 9-11).
L'exercice des dons dans l'assemblée
La lecture, la méditation de la Parole sont indispensables à notre vie individuelle, en vue de notre accroissement ; mais nous avons aussi de précieuses ressources dans la vie et les réunions de l'assemblée. Si nous n'en profitons pas ou si nous n'en profitons que trop peu, notre croissance en souffrira certainement. Christ a donné à l'Assemblée les dons nécessaires « en vue du perfectionnement des saints… afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là à tout vent de doctrine… mais que, gardant la vérité dans l'amour, nous croissions en tout jusqu'à lui qui est le chef, le Christ » (Eph. 4 : 11-15). L'exercice des dons au sein de l'assemblée est en vue de la croissance de chacun de ceux qui en font partie. La Parole est présentée par les serviteurs que le Seigneur se plaît à employer ; l'un « plante », un autre « arrose », Dieu seul peut « donner l'accroissement » (1 Cor. 3 : 5-8). Mais l'exercice du ministère ne produit pas seulement l'accroissement individuel, il doit avoir aussi comme résultat l'accroissement collectif, l'accroissement du corps de Christ, « de qui tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure qui le soutient, produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, la croissance de ce corps pour être lui-même édifié en amour » (Eph. 4 : 16) ! Dans son épître aux Colossiens, l'apôtre nous exhorte à « tenir ferme le chef », « de qui tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des ligaments, s'accroît de l'accroissement de Dieu » (2 : 19). L'accroissement ne peut être produit que par ce que Christ donne, par ce qui vient de Lui, la seule source à laquelle nous ayons à puiser !
Un accroissement « en profondeur »
Cet accroissement peut être un accroissement en nombre. Ne perdons pas de vue cependant que, dans des jours de ruine, un témoignage fidèle est peu nombreux et sans apparence (voir Jug. 7 : 1-8) et soyons gardés par conséquent de rechercher activement le nombre et l'apparence, de les rechercher au prix d'un abandon plus ou moins marqué des vérités que nous sommes appelés à maintenir. Dans les premiers jours de l'histoire de l'Eglise, les assemblées « croissaient par la consolation du Saint Esprit » (Act. 9 : 31). Il y avait, à ce moment-là, tout à la fois un accroissement en nombre et un accroissement que nous appellerons « en profondeur », c'est-à-dire dans la connaissance de Christ, de la Parole. Ce double accroissement est nettement indiqué en Actes 16 : « Les assemblées, donc, étaient affermies dans la foi et croissaient en nombre chaque jour » (v. 5). Remarquons que l'affermissement dans la foi, la croissance en profondeur, précède l'accroissement en nombre et il doit toujours en être ainsi : c'est parce que l'état de l'assemblée à Jérusalem était celui qui est dépeint dans les versets 42 à 47 d'Actes 2 que « le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui étaient sauvés ». Point n'était besoin de « rechercher » l'accroissement en nombre, que ce soit à Jérusalem ou dans d'autres assemblées. Dans ces temps-là, la Parole, présentée dans toute la puissance du Saint Esprit, avait de l'écho dans les cœurs, atteignait les consciences, de sorte qu'elle portait beaucoup de fruit : « Et la parole de Dieu croissait, le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » - « Mais la parole de Dieu croissait et se multipliait » - « C'est avec une telle puissance que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force », la Parole étant identifiée, dans ces divers passages, avec le fruit qu'elle produisait (Act. 6 : 7 ; 12 : 24 ; 19 : 20).
Un temps précieux pour croître, à ne pas gaspiller !
Dieu veuille nous accorder la grâce de ne pas gaspiller notre temps, de ne pas perdre notre vie - comme on l'a souvent dit, nous n'avons qu'une vie à vivre - en ne pensant qu'à accroître des biens dont un jour il ne restera plus rien ! Qu'Il nous donne d'employer notre temps, notre vie, à une activité dont le résultat sera l'accroissement spirituel de nos âmes, comme aussi « l'accroissement du Corps », et dont les fruits pourront être manifestés à la gloire de Christ!
Fixons les yeux sur le parfait Modèle et imitons-Le : homme sur la terre, encore jeune enfant, il « grandissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la faveur de Dieu était sur lui », Il « avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc 2 : 40, 52). Il est, tout à la fois, la source à laquelle nous devons puiser et l'exemple parfait à imiter.
Oh ! si mes yeux pouvaient sans cesse
Suivre cet astre glorieux,
Si je pouvais de ta tendresse
Voir tous les reflets radieux,
Mon âme alors, pleine de zèle,
Saurait t'aimer plus ardemment,
Et, connaissant mieux son modèle,
Prendrait tout son accroissement.
P. Fuzier - « Messager évangélique » (1974)