Je suis comme toi (Job 33 : 6 ; 2 Chr. 18 : 3)
« Je suis comme toi » - dans la bouche d’Elihu
« Je suis comme toi » - dans la bouche de Josaphat
Nous trouvons ces mots dans la bouche de deux hommes de l’Ancien Testament, Elihu et Josaphat, qui tous deux connaissaient l’Eternel et le craignaient. Dans les deux cas, ils expriment l’attitude d’un homme qui ne veut pas se mettre au-dessus de celui à qui il s’adresse. Ils traduisent donc la douceur et l’humilité. Mais leurs contextes respectifs nous montrent que dans un cas c’est une parole de grande valeur, tandis que dans l’autre, c’est une parole déplacée et hautement répréhensible.
« Je suis comme toi » - dans la bouche d’Elihu
« Voici, je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d’argile, moi aussi. Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas » (Job 33 : 6-7).
Le contexte
Job était un homme « parfait et droit, craignant Dieu et se retirant du mal » (Job 1 : 1). Cependant, l’Eternel a permis pour lui d’immenses épreuves. Ses biens ont été enlevés, ses enfants sont morts, un ulcère malin l’a couvert des pieds à la tête, et sa femme l’a incité à maudire Dieu. Trois de ses amis qui étaient venus vers lui « pour le plaindre et le consoler » (2 : 11), n’ont fait qu’ajouter à sa douleur en prétendant que ses malheurs étaient un jugement de Dieu à cause de ses péchés. Leurs insinuations et leurs accusations ont eu un triste résultat : Job a perdu la remarquable soumission à Dieu dont il avait fait preuve au commencement (1 : 21 ; 2 : 10), il s’est laissé aller à des paroles d’irritation contre ses amis et il a prononcé des paroles inconvenantes à l’égard de Dieu.
Mais quand ses trois amis n’ont plus été en mesure de dire quoi que ce soit, et que Job lui-même, après avoir clamé hautement sa propre justice (chap. 31), a terminé tous ses discours, Elihu est intervenu. Il avait écouté sans mot dire le flot de paroles déplacées prononcées par les divers interlocuteurs, et au moment opportun, Dieu a pu l’utiliser pour donner à Job un message qui venait de lui. Elihu a apporté à Job la répréhension dont il avait besoin, mais il l’a fait avec humilité, délicatesse et mesure. Et ainsi, par la grâce de Dieu, malgré la sévérité de ce qu’il a dû entendre, Job a accepté la répréhension.
Humilité et douceur
Les mots d’Elihu : « Je suis comme toi quant à Dieu » expriment le fait qu’il ne se met pas au-dessus de celui qu’il doit reprendre. Devant Dieu, nous sommes tous au même niveau. Je suis exposé aux mêmes dangers que mon frère. Elihu confesse que lui aussi est fragile « Je suis fait d’argile, moi aussi ». Il se gardera d’effrayer Job : « Ma terreur ne te troublera pas ». Il ne l’écrasera en aucune manière : « Mon poids ne t’accablera pas ».
Quel exemple pour nous ! L’histoire de Job nous enseigne que le service de la répréhension ne peut être accepté que s’il est effectué avec humilité et crainte. « Moi, je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi je redoutais et je craignais de vous faire connaître ce que je sais », dit Elihu en commençant son discours (32 : 6).
Le lavage des pieds
En Jean 13, le Seigneur Jésus lave les pieds de ses disciples et nous donne un enseignement quant à la signification spirituelle de ce service. Le lavage des « pieds » de ceux qui ont « tout le corps lavé » (v. 10), est une figure du service nécessaire envers les croyants, lorsque leur marche a manifesté des choses regrettables qui doivent être confessées et jugées. Pour accomplir ce service envers les siens, Jésus prend la position la plus humble. Il s’abaisse et se met à leurs pieds. Il prend la place d’un serviteur, lui qui pourtant est « le Seigneur et le Maître ». Puis il leur dit : « C'est un exemple que je vous ai donné : comme je vous ai fait, moi, vous aussi faîtes de même » (v. 15).
« Je suis comme toi » - dans la bouche de Josaphat
« Moi, je suis comme toi, et mon peuple comme ton peuple ; et je serai avec toi dans la guerre » (2 Chr. 18 : 3). Ce sont les paroles que Josaphat, roi de Juda, adresse à Achab, roi d’Israël, lors d’un festin.
Un roi fidèle
Josaphat nous est présenté comme un roi fidèle, qui a marché dans les voies de David son père, qui a recherché l’Eternel et a observé ses commandements – « et non comme faisait Israël » (2 Chr. 17 : 3-4). Après le règne de Salomon, le royaume avait été divisé. Deux tribus seulement, Juda et Benjamin, étaient restées sous l’autorité de la maison de David. Les dix autres avaient eu plusieurs rois, qui tous avaient fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel et avaient entraîné le peuple dans le mal, en particulier dans l’idolâtrie.
Ainsi, Josaphat est un roi qui se distingue par sa fidélité à l’Eternel et dont le comportement fait un grand contraste avec l’égarement des dix tribus. Au début de son règne, il prend courage dans les voies de l’Eternel et ôte de Juda les lieux où se pratique le culte des idoles (v. 6). Plus que cela, il entreprend de faire connaître la loi de Dieu dans tout son royaume. Dans ce but, il envoie une mission des sacrificateurs et des lévites, avec ses chefs. « Et ils enseignèrent en Juda, ayant avec eux le livre de la loi de l’Eternel ; et ils firent le tour de toutes les villes de Juda, et enseignèrent parmi le peuple » (v. 9). C’est un acte peut-être unique dans l’histoire d’Israël.
Une liaison désastreuse
Mais voilà qu’apparaît une ombre dans ce beau tableau. Lorsqu’il s’agit de donner une femme à son fils Joram, qui sera son successeur, Josaphat se laisse diriger par des considérations de gloire terrestre – pour un fils de roi, il faut bien une fille de roi. Et ainsi « Josaphat… s’allia par mariage avec Achab » (18 : 1). Son fils Joram devient l’époux d’Athalie, fille d’Achab. Les conséquences en seront catastrophiques. Joram marchera « dans la voie des rois d’Israël, selon ce que faisait la maison d’Achab, car il avait pour femme une fille d’Achab » (21 : 6). Son fils Achazia, lui aussi, marchera « dans les voies de la maison d’Achab ; car sa mère était sa conseillère à mal faire » (22 : 3). Les gens de la maison d’Achab ont été « ses conseillers après la mort de son père, pour sa ruine » (v. 4). Et après sa mort Athalie, « cette méchante femme », accèdera à la royauté sur Juda par violence, cherchera à faire mourir tous les descendants de la maison de David et dévastera la maison de Dieu (22 : 10 ; 24 : 7).
Josaphat ne pouvait pas ignorer le misérable comportement du roi Achab et de sa femme Jézabel, une fille du roi de Sidon (1 Rois 16 : 29-33). Plusieurs chapitres bien connus nous le décrivent, en particulier les chapitres 18, 19 et 21 du premier livre des Rois. Il nous est dit : « Certainement il n’y eut point de roi comme Achab, qui se vendit pour faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel, sa femme Jézabel le poussant » (1 Rois 21 : 25). La grave erreur commise par Josaphat en se liant avec un tel roi est incompréhensible.
Une erreur en entraîne une autre
« Au bout de quelques années, Josaphat descendit vers Achab à Samarie ; et Achab tua pour lui et pour le peuple qui était avec lui du menu et du gros bétail en abondance » (2 Chr. 18 : 2). Visite royale, festivités royales ! Quel témoignage pour Dieu Josaphat serait-il en mesure de rendre dans cette situation ?
Achab annonce à Josaphat qu’il se prépare à partir en guerre pour reconquérir une ville d’Israël que les Syriens ont prise. Et il lui pose la question : « Viendras-tu avec moi à Ramoth de Galaad ? » (v. 3). Dans le cadre de ce festin, où les paroles plaisantes et agréables sont seules de mise, Josaphat ne peut rien faire d’autre que d’accepter la demande. Il n’interroge pas l’Eternel et répond à Achab : « Moi, je suis comme toi, et mon peuple comme ton peuple ; et je serai avec toi dans la guerre ». Quelle triste réponse !
Bien sûr, ces deux hommes étaient tous deux descendants de Jacob, tous deux rois, et leurs deux peuples étaient « frères ». Au moment de la division du royaume, l’Eternel avait dit : « Ne faites pas la guerre à vos frères » et « c’est de par moi que cette chose a eu lieu » (2 Chr. 11 : 4). Mais n’y avait-il pas des éléments essentiels qui les différenciaient, eux et leurs deux peuples ? L’un de ces rois avait orienté son cœur et sa vie vers l’Eternel, tandis que l’autre s’était voué au culte de Baal (1 Rois 16 : 32). Cette parole aimable de Josaphat à Achab ne correspondait aucunement à la réalité. C’était même un mensonge. Cela mettait de côté l’immense différence qu’il y avait, aux yeux de Dieu, entre Josaphat et Achab.
Il nous est peut-être arrivé, hélas ! de nous trouver dans une compagnie où il était pratiquement impossible de rendre témoignage pour Dieu, où la vérité divine ne pouvait pas être dite parce que seules des paroles plaisantes pouvaient être prononcées. Evitons soigneusement de telles situations.
Demandons à Dieu ce que nous avons à faire
Dans cette situation critique, Josaphat a néanmoins un bon mouvement. Il dit au roi d’Israël : « Enquiers-toi aujourd’hui, je te prie, de la parole de l’Eternel » (2 Chr. 18 : 4). Achab est bien d’accord. Il rassemble quatre cents prophètes et leur soumet la question : « Irons-nous à la guerre contre Ramoth de Galaad ? » (v. 5). Tous sans exception répondent : oui, allez-y, vous aurez la victoire. Mais Josaphat n’est pas tranquille. Il discerne que ce sont de faux prophètes. Il demande alors à Achab : « N’y a-t-il pas ici encore un prophète de l’Eternel, pour que nous nous enquérions auprès de lui ? » (v. 6).
En lisant ce récit, on voit de quelle manière le vrai Dieu et les faux dieux étaient confondus dans le royaume d’Israël. Les faux prophètes disent sans hésiter : « Ainsi dit l’Eternel… » (v. 10), « Monte à Ramoth de Galaad, et prospère ; et l’Eternel la livrera en la main du roi » (v. 11). Mais ils n’avaient aucun contact avec le vrai Dieu. Quant au roi Achab, ce qu’il voulait, c’était des prophètes qui lui disent ce qui correspondait à sa propre pensée et à sa propre volonté. Un vrai « prophète de l’Eternel », comme Michée, qui osait lui dire la vérité, il ne pouvait que le haïr (v. 7).
Néanmoins, sur l’insistance de Josaphat, Michée est appelé (v. 8). De la part de l’Eternel, il annonce que l’issue de cette guerre sera la mort d’Achab, mais que l’ensemble du peuple sera épargné (v. 16). Le roi d’Israël dit alors à Josaphat : « Ne t’ai-je pas dit qu’il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal ? » v. 17). Comme résultat de sa fidélité, Michée est mis en prison.
Quelle situation que celle de Josaphat ! Il est moralement associé à ce roi impie et cruel qu’est Achab. Quel « Prends garde » pour nous !
La guerre à Ramoth de Galaad
Achab a contesté ouvertement les déclarations de Michée. Il a affirmé qu’il reviendra en paix (v. 26). Néanmoins il n’est pas tranquille. Se sentant l’objet du jugement terrible annoncé par Michée, il fait à Josaphat une proposition peu charitable : « Je me déguiserai, et j’irai à la bataille ; mais toi, revêts-toi de tes robes » (v. 29). Ainsi, pense-t-il, les Syriens frapperont plutôt Josaphat, et moi, j’échapperai. Dans un premier temps, c’est bien ce qui arrive. Josaphat est à deux doigts de la mort. Mais dans la détresse, il crie à l’Eternel. Et Dieu porte ses adversaires à s’éloigner de lui (v. 31).
Merveilleuse grâce de Dieu, qui répond au cri de l’un des siens, bien que ce soit par sa propre faute qu’il se trouve dans une situation inextricable ! Dans d’autres cas semblables, Dieu a permis que les faux pas des siens entraînent leurs conséquences naturelles (par exemple : Josias en 2 Chroniques 35 : 20-24). Dieu use de grâce envers Josaphat, indépendamment d’un mérite quelconque.
Et qu’en est-il d’Achab ? Va-t-il aussi échapper à la mort ? Un homme de l’armée des Syriens tire de l’arc à l’aventure (v. 33). Il ne sait pas pourquoi il tire, ni où sa flèche aboutira. Mais Dieu le sait. Il tient tout entre ses mains, aussi bien les pensées et les gestes de ce soldat que la flèche elle-même. Elle se fraie un passage entre des pièces de la cuirasse d’Achab. Son déguisement n’a servi à rien. La flèche accomplit la parole de l’Eternel. Achab est frappé à mort.
La répréhension d’un prophète
L’Eternel prend soin de son serviteur Josaphat, non seulement en lui conservant la vie, mais en lui envoyant un messager pour le placer devant la gravité de sa faute. Alors qu’il revient en paix à Jérusalem, Jéhu, fils de Hanani, le voyant, sort au-devant de lui, et lui dit : « Aides-tu au méchant, et aimes-tu ceux qui haïssent l’Eternel ? A cause de cela il y a colère sur toi de la part de l’Eternel » (19 : 2). Cette question solennelle met en évidence l’erreur profonde de la déclaration que Josaphat avait faite à Achab : « Je suis comme toi ».
Les chapitres 19 et 20 de 2 Chroniques nous montrent que Josaphat a accepté cette répréhension et a été entièrement restauré dans sa relation avec Dieu. Nous voyons chez ce roi un attachement à Dieu et une confiance en lui exemplaires.
La suite de l’histoire de Josaphat
Nous aimerions que l’histoire de ce roi fidèle s’arrête ici. Mais, pour notre instruction, Dieu nous donne un tableau véridique des dangers auxquels nous sommes tous exposés, et de notre tendance naturelle à retomber dans les mêmes fautes. Malheureusement, Josaphat contractera de nouveau des associations qui ne sont pas selon Dieu. Il se liera imprudemment avec deux des descendants d’Achab :
- Il se liera avec Achazia, « qui agissait méchamment », pour construire des navires. Les navires ont été brisés et finalement, Josaphat a refusé de poursuivre cette collaboration (2 Chr. 20 : 35 ; 1 Rois 22 : 49-50).
- Il se liera aussi avec Joram, fils d’Achazia, pour aller à la guerre contre Moab, et lui dira à peu près les mêmes paroles qu’à Achab (2 Rois 3 : 7).
Pour terminer, rappelons deux versets des Proverbes : « Qui marche avec les sages devient sage, mais le compagnon des sots s’en trouvera mal » (13 : 20). « Eloigne-toi de la présence de l’homme insensé, chez qui tu n’as pas aperçu des lèvres de connaissance » (14 : 7).
J.A. Monard – « Messager évangélique » 2012 (p. 323-331)