Séparer ce qui est précieux et ce qui est vil.
(Jér. 15 : 19)
« Seigneur, n'as-tu pas semé de bonne semence dans ton champ ? D'où vient donc qu'il a l'ivraie ?» (Matt. 13 : 27), demandent les esclaves au maître de la maison. L'ivraie est une plante vénéneuse. Quand le froment et l'ivraie sont en herbe, il est pratiquement impossible de les distinguer. Il ne faut pas supposer que Dieu soit à l'origine de cette situation anormale mais il faut tout simplement écouter l'explication que le Seigneur donne et apprendre les leçons pratiques qui en découlent. Il y a maintenant dans ce champ un mélange entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. C'est le résultat du travail de l'ennemi au milieu de la profession chrétienne; il l'a accompli « pendant que les hommes dormaient » précise Matthieu 13 : 25. Ce n'est certes pas le Semeur, c'est à dire le Fils de l'Homme qui dormait ! Si l'on tombe dans le sommeil spirituel on est à la merci de toutes les mauvaises influences ! D'où les exhortations constantes à la vigilance qui nous sont adressées (1 Pi. 5 : 8). N'oublions pas les desseins de Satan (2 Cor. 2 : 11) !
Quand le Seigneur expose à ses disciples la signification de cette parabole, Il précise que le champ c'est le monde. Dans cette parabole, qui concerne le royaume de Dieu, le maître ordonne à ses esclaves : « Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu'à la moisson ; et au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l'ivraie et liez-la en bottes pour la brûler, mais assemblez le froment dans mon grenier ». Une séparation éternelle sera alors établie (Matt. 13 : 30).
Mais il y a une autre sphère, aux dimensions plus restreintes, dans laquelle doit être séparé « ce qui est précieux » de « ce qui est vil ». Les enfants de Dieu qui en font partie doivent faire face à la responsabilité collective qui est la leur. Il s'agit de l'Assemblée de Dieu ; la discipline doit présentement s'y exercer. Aussi en s'adressant de la part du Seigneur à ses frères à Corinthe, l'apôtre Paul les reprend sévèrement. Il y avait au milieu d'eux un grave péché moral. Bien que commis par un seul individu, il souillait l'assemblée tout entière. Or, malgré la présence de ce levain qui aurait dû produire chez les Corinthiens une profonde humiliation, ils continuaient à se vanter, du fait en particulier qu'ils ne manquaient d'aucun don de grâce (1 Cor. 1 : 7) ! « Vous êtes enflés d'orgueil, et vous n'avez pas plutôt mené deuil, afin que celui qui a commis cette action fût ôté du milieu de vous» (1 Cor. 5 : 2). L'apôtre précise leur responsabilité : « Car qu'ai-je affaire de juger ceux de dehors aussi? Vous, ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? Mais ceux de dehors, Dieu les juge. 0tez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5 : 12).
Faute de veiller et de prier, un mélange ne tarde pas à se former dans l'assemblée entre « ce qui est précieux et ce qui est vil ». L'Ecriture met en garde contre ceux qui ont la forme de la piété mais qui en ont renié la puissance : il faut absolument s'en détourner (2 Tim. 3 : 5) ! Ailleurs il est question en particulier de bâtards, de fornicateurs et de profanes (Héb. 12 : 8, 16). Et pourtant toutes ces personnes se réclament du christianisme ! Il est aussi question de ceux « dont le dieu est le ventre, et dont la gloire est dans leur honte, qui ont leurs pensées aux choses terrestres » (Phil. 3 : 19). De son côté, Jude dénonce ceux qui, dit-il, « sont des taches dans vos agapes, faisant des festins avec vous sans crainte, se repaissant eux-mêmes » (Jude 12) ! Pierre déclare : Il y aura parmi vous (il ne s'agit donc pas du monde !) des faux docteurs « qui introduiront furtivement des sectes de perdition, reniant aussi le maître qui les a achetés, faisant venir sur eux une prompte destruction » (2 Pi. 2 : 1). Dans son épître aux Galates, Paul avertit également de la présence au milieu des saints de faux frères, furtivement introduits, qui se sont insinués pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire à la servitude. La servitude dont il s'agit ici est celle de la loi (Gal. 2 : 4).
La Parole avertit les croyants de ne pas tolérer au milieu d'eux des choses viles. Il faut les rejeter et conserver uniquement ce qui est précieux aux yeux de Dieu! Comme l'argent, les croyants doivent être affinés. Ils le sont souvent par le feu de l'épreuve : le Seigneur s'assied lui-même pour purifier ses bien-aimés en ôtant du vase les scories (Mal. 3 : 3). Si Jérémie ou un autre serviteur de Dieu, en particulier ceux qui sont appelés à présenter la Parole, discernent dans leurs pensées une appréciation inconvenante à l'égard de Dieu, ils doivent se purifier«par le lavage d'eau par la Parole» (Eph. 5 : 26). Estimer trop sévère un jugement divin revient à mettre en question Sa sagesse et s'élever aussi contre Sa justice et Son amour. Trouver au contraire très-mauvaises les compassions de Dieu, comme le fait Jonas (4: 1-2) c'est en fait soulever les mêmes questions! Or « Toi, ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu ? » (Rom. 9 : 20).
Quelqu'un oserait-il soutenir que ces exhortations relèvent d'un passé révolu ou concernent au contraire un temps à venir ? Ce serait prétendre que nous vivons dans ces jours heureux, où «la multitude de ceux qui avaient cru étaient un coeur et une âme» (Act. 4 : 32). En ce temps-là, il n'y avait dans l'Assemblée que de vrais croyants, nés de nouveau. Ils avaient été baptisés par le Saint Esprit pour être un seul corps (Rom. 8: 9; 1 Cor. 12. 13). Maintenant, hélas, il est assez facile de faire profession de christianisme, sans pour autant faire vraiment partie de ce qui est, aux yeux de Dieu, son Assemblée. Il est aisé de se joindre à un rassemblement, sans être réellement un croyant, c'est-à-dire un membre du corps de Christ. Il y a de tels exemples dans la Parole de Dieu (Jean 13 : 21 ; Héb. 6 : 4-6).
Il faut avoir reçu la vie de Dieu et être pénétré du désir sincère d'obéir aux commandements divins, pour partager une communion réelle avec le Seigneur et ses rachetés. Il faut être devenu participant de la nature divine (2 Pi. 1 : 4) de Celui qui en entrant dans ce monde a dit à Dieu: «Voici je viens pour faire, ô Dieu, Ta volonté » (Héb. 10 : 7). Les oeuvres de foi font connaître la réalité de notre vie spirituelle: en effet « la foi sans les oeuvres est morte » (Jac. 2 : 20). La conduite du croyant montre s'il a un réel dévouement au Seigneur ou si, en réalité, il manifeste de l'indifférence à l'égard de Ses droits. Jésus demande à certaines personnes qui professaient avoir de la considération à son égard: « Pourquoi m'appelez-vous : Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ?» (Luc 6 : 46).
Chargé d'annoncer le jugement imminent de l'Eternel contre son peuple Israël, Jérémie qui représente le résidu pieux d'Israël, rencontrait l'opposition et la moquerie des hommes qui s'élevaient contre Dieu : « Sache que pour toi, je porte l'opprobre » (Jér. 15 : 15; 20 : 8). Même l'Homme parfait a été un objet de mépris et de dérision à cause de Sa fidélité envers Dieu (Ps. 69 : 7-9). Mais Jérémie se nourrissait abondamment des paroles de l'Eternel: elles étaient l'allégresse et la joie de son coeur (Jér. 15 : 16; Ezé. 2 : 8). Il y trouvait la force spirituelle nécessaire pour rester séparé des moqueurs et pour accepter de s'asseoir solitaire (Jér. 15 : 17).
Pourtant, comme Moïse avant lui, dans des circonstances similaires, il est ébranlé en constatant le refus obstiné de ce peuple d'Israël d'écouter les avertissements de Dieu (Jér. 9 : 13-14). Sa douleur est continuelle, sa plaie est devenue incurable (Jér. 15 : 18)! Alors avec droiture il exprime ce qu'il ressent à l'Eternel : « Me serais-tu bien comme une source qui trompe »? D'autres serviteurs de Dieu aussi ont eu des moments de doute. Jean le baptiseur, reclus dans sa prison, où il va finalement mourir, envoie ses disciples demander au Seigneur : « Es-tu Celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ?» (Matt. 11 : 3).
Mais Dieu, Lui, ne change pas. Il est toujours prêt à recevoir celui qui revient, qui retourne de coeur vers Lui, Il promet ici à Jérémie : « Je te ramènerai et tu te tiendras devant moi : si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche ». Pour avoir une part aussi précieuse, le disciple s'attache à avoir toujours une conscience délicate. Elle lui permet de discerner le bien et de le pratiquer ; de juger le mal et de s'en séparer (comparer avec 1 Pi. 3 : 10-11). Il peut alors être fidèle dans son service. Il reçoit jour après jour la force de persévérer, malgré la peine et le mépris liés à sa séparation par amour pour Dieu. Après avoir été lui-même éclairé, il doit rester séparé d'une assemblée de moqueurs (Jér. 15 : 17) qui refusent d'obéir à l'Eternel : « Qu'ils reviennent vers toi mais toi ne retourne pas vers eux » (Jér. 15 : 19). Mais cette ferme attitude doit toutefois s'accompagner de douceur et d'humilité, afin de recevoir l'approbation divine !
Même si Jérémie chancelle un peu, Dieu reste fidèle à Ses promesses. Il avait déjà dit à Jérémie au moment où il l'envoyait prophétiser : « Moi, voici je t'établis aujourd'hui comme une ville forte... Ils combattront contre toi, mais ils ne prévaudront pas sur toi, car moi je suis avec toi, dit l'Eternel, pour te délivrer » (Jér. 1 : 18-19). Il affirme encore ici, à la fin du chapitre, que ni la méchanceté de l'homme ni sa violence ne peuvent prévaloir contre Jérémie : sa sauvegarde est de rester près du Seigneur (Jér. 15 : 20-21).
Le Saint Esprit désire appliquer constamment la Parole de Dieu à notre conscience et à notre coeur. Restons attentifs à Ses enseignements, sinon du mélange pourrait persister et même s'aggraver dans nos pensées. Elles seraient polluées par des principes humains au lieu d'être amenées captives à l'obéissance de Christ (2 Cor. 10 : 5).
La chair est toujours présente dans le croyant et donc toujours prête à produire de mauvais fruits. C'est seulement avec le secours de la puissance de la vie nouvelle, le Saint Esprit qui habite en nous, (Gal. 5 : 16) qu'elle est tenue dans la mort. Elle a été crucifiée avec Christ et maintenant nous devons réaliser de façon pratique que nous sommes morts avec Christ. Il faut s'attacher à dépouiller le vieil homme et ses actions et à revêtir le nouvel homme qui produit le fruit de l'Esprit, à la gloire de Dieu ( Col. 3 : 9-10; 1 Cor. 6 : 9 ; 1 Cor. 9 : 27 ; Gal. 5 : 19-23).
Prendre position pour se séparer du mal est de plus en plus impopulaire au milieu de la profession chrétienne. Ceux qui désirent rester fidèles doivent s'attendre à rester plutôt solitaires. Mais Dieu les connaît et daigne les employer pour Le servir. Il met Son sceau sur eux: «Ils seront à moi, mon trésor particulier» (Mal. 3 : 17). A son serviteur, Il promet : « Tu seras comme ma bouche ». Certains objectent que l'amour des âmes et l'activité bénie des évangélistes se trouvera plus ou moins freinée si l'on suit un chemin aussi étroit. Mais c'est élever des doutes sur la grâce du Seigneur. En réalité plus nous sommes proches de Celui qui est le « Saint et le Véritable » et plus nous sommes près de cette fontaine de la grâce qui jaillit de Son coeur. La véritable évangélisation se fonde sur l'Evangile, qui seul est « la puissance de Dieu en salut à quiconque croit» (Rom. 1 : 16). Evidemment, au temps de l'Ancien Testament, il n'y avait pas un si précieux message à proclamer !
Ph. L. le 16. 9. 05
Seigneur sanctifie nos jours, nos moments;
Fais que notre vie t'honore en tout temps.
Que de Ta présence au milieu de nous
L'heureuse influence nous pénètre tous.
PRÉC.doc