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La lettre de Christ connue et lue de tous les hommes


            L’apôtre Paul était un évangéliste zélé, mais aussi un fidèle berger. Il veillait avec sollicitude sur les saints à Corinthe, où il avait passé plus de dix-huit mois (Act. 18 : 11). Il leur déclare : « Vous êtes manifestés comme la lettre de Christ, rédigée par notre ministère » (2 Cor. 3 : 2-3). Ils étaient la lettre de Paul parce qu’ils étaient celle de Christ ! L'apôtre connaissait pourtant les faiblesses de cette assemblée à Corinthe ; mais elle était, comme beaucoup d’autres, l’objet de sa sollicitude : il était tenu assiégé tous les jours devant Dieu à leur sujet (2 Cor. 11 : 28-29).

 

La première épître aux Corinthiens

                        Les destinataires

            Remarquons que cette épître est adressée aux « sanctifiés dans le Christ Jésus, saints par appel, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (1 Cor. 1 : 2). L’universalité de l’enseignement contenu dans cette lettre est ainsi affirmée. Fidèle à son habitude - seule l’épître aux Galates fait exception - Paul commence par rendre grâces à Dieu pour les Corinthiens, mettant en évidence que les richesses spirituelles qu’ils avaient reçues venaient de la merveilleuse grâce de Dieu dans le Christ Jésus (v. 4-5).
            A l’époque, cette grande ville de Corinthe était très riche, mais aussi extrêmement dissolue. L'apôtre y avait prêché « Christ crucifié » et Dieu s’était plu à appeler à lui « les choses folles du monde… les choses faibles… les choses viles… celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas » (1 : 23, 27-28). Par cet appel de Dieu, les Corinthiens convertis étaient maintenant « de lui, dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption, afin que… celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (v. 30-31). Ils avaient été enrichis en Christ « en toute parole et toute connaissance » (v. 5). Ils ne manquaient « d’aucun don de grâce », dans l’attente de la révélation du Seigneur - « la journée de notre Seigneur Jésus Christ» (v. 7-8). Confiant en Dieu qui les affermirait jusqu’à la fin, Paul leur dit : « Dieu est fidèle, lui par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur (v. 9).

                        Les désordres, l’orgueil

            Toutefois, après le départ de l'apôtre, divers désordres étaient apparus dans cette assemblée, à commencer par des dissensions. On suivait l’homme, en se réclamant de Paul, d’Apollos, de Céphas, et même de Christ, considéré simplement comme un docteur. Paul s’écrie : « Le Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous ? » (1 Cor. 1 : 12-13).
            La racine de toutes ces discordes était l’orgueil (Prov. 13 : 10). Les croyants à Corinthe avaient oublié - et nous courons toujours le même danger - qu’ils avaient tout reçu par pure grâce. Alors, étant « encore charnels » (3 : 1-2), tous cherchaient à faire valoir leurs dons spirituels et leurs connaissances ! Pour rester humbles, petits à nos yeux, il faut toujours nous laisser sonder par cette question : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (4 : 7). « Enflés d’orgueil » (4 : 18 ; 5 : 2), certains hommes s’étaient attribué une place prépondérante dans l’assemblée. Ils en étaient venus à contester l’autorité de l’apôtre Paul, et donc aussi l’enseignement qu’il leur avait apporté de la part de Dieu !

                        Le péché moral, le levain

            Un grave péché moral souillait l’assemblée. Mais au lieu de « mener deuil », les frères à Corinthe continuaient à se vanter ! Paul, soucieux de la gloire de Dieu, plein d'amour pour eux, n’avait pas hésité à dénoncer ce mal devenu public (5 : 1). La sainteté de Dieu exige que les croyants non seulement s’abstiennent du mal dans leurs propres voies, mais se tiennent séparés des personnes qui vivent dans le péché et se réclament cependant du nom du Seigneur (5 : 11). « Un peu de levain fait lever la pâte tout entière » ; aussi l'homme coupable de fornication devait-il être exclu, afin que l’assemblée soit « une nouvelle pâte », sans levain, telle qu’elle a été faite en Christ (v. 6-7).

 

La deuxième épître aux Corinthiens

                        La restauration des Corinthiens

            Grâce à Dieu, un travail de conscience s’était produit, tant dans l’assemblée que chez le coupable. L’apôtre avait dû alors exhorter les Corinthiens à ne pas manquer de grâce. Après une indifférence coupable, ils étaient en danger de manifester une sévérité sans amour. Satan cherche toujours à nous faire tomber d’un excès dans l’autre.
            L’obéissance des Corinthiens avait réjoui et réconforté l’apôtre. Mais beaucoup de progrès spirituels restaient à faire.

                        Paul suivant Christ de près

            Quel chagrin pour Paul de voir les motifs intéressés et les ruses que certains à Corinthe lui prêtaient (2 Cor. 12 : 16-18), malgré sa conduite irréprochable (Actes 20 : 33). Il marchait sur les traces de Christ et il répandait en tout lieu sa « bonne odeur » (2 Cor. 2 : 15).

 

                        La lettre de Christ : les Corinthiens

            Il est vraiment remarquable que l'apôtre Paul parle des chrétiens à Corinthe comme de « la lettre de Christ », rédigée par son ministère (2 Cor. 3 : 3).Il est toutefois obligé de dire en même temps à ceux qu’il appelle bien-aimés : « Je crains que, à mon arivée, je ne vous trouve pas tels que je voudrais… qu’il y ait des querelles, des jalousies, des colères, des intrigues, des médisances, des insinuations, des enflures d’orgueil, des désordres, et qu'à mon retour parmi vous mon Dieu ne m’humilie à votre sujet. Je crains d'être affligé » (12 : 19-21).
            L’Assemblée est donc cette lettre qui apporte le message de Christ au monde. Selon la pensée de Dieu, Christ doit être formé en nous par la présence du Saint Esprit (Jean 16 : 14). « Une amabilité naturelle ne signifie pas que Christ est gravé dans le cœur. Etre un chrétien suppose qu’un travail positif, réel, de Dieu a été opéré » (J. N. Darby). Pour le croyant, Christ devient l’objet exclusif de son cœur, il vit désormais pour lui (Phil. 1 : 21). Les pensées, les paroles, la manière d’agir de Christ, doivent devenir les nôtres.

                        Une lettre peu lisible

            A la suite de manquements répétés, non jugés, la « lettre de Christ » devient de moins en moins lisible. Elle présente des taches et des souillures. Comment ceux qui voient notre conduite pourraient-ils alors reconnaître que nous avons été « avec Jésus » (Act. 4 : 13) ?
             Hélas, par notre faute, le Saint Esprit est souvent « attristé » et entravé dans son action (Eph. 4 : 30). Il doit travailler dans notre conscience et dans notre cœur pour nous faire ressentir notre infidélité. La conviction de péché est produite et nous conduit à confesser et à abandonner tout ce qui doit l’être. La communion avec le Seigneur peut ainsi être retrouvée.

                        La lisibilité dépend de la conduite

            En utilisant une autre image, le chrétien peut être comparé à une pierre gravée soigneusement, mais dont les caractères ont été partiellement effacés au cours du temps et des intempéries. Notre conduite personnelle ou notre vie d’assemblée - les deux sont intimement liées - peuvent nous contraindre à garder le silence, alors que pourtant « c’est un jour de bonnes nouvelles » (2 Rois 7 : 9).
            Parler du Seigneur utilement demande une préparation personnelle dans le jugement de soi-même. C’est une grâce immense que de « marcher dans la vérité » et l’apôtre Jean s'était beaucoup réjoui de constater que les enfants de la « dame élue » marchaient dans la vérité (2 Jean 4) et d'apprendre que Gaïus, lui aussi, avait une telle marche (3 Jean 3).

                        Quelques exhortations actuelles

            Ne nous lassons pas, imitons l’apôtre Paul qui suivait de si près son Maître ! (Phil. 3 : 17). Il avait entièrement renoncé aux choses honteuses qui se font en secret, il ne marchait pas avec ruse et il ne falsifiait point la parole de Dieu, mais « par la manifestation de la vérité », c’est-à-dire par sa conduite, il se recommandait « à toute conscience d’homme devant Dieu » (2 Cor. 4 : 2).
            Laissons-nous instruire par la parole de Dieu, pour savoir comment nous conduire dans la maison de Dieu (ce n’est pas la nôtre !) ; elle est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15). Si, par amour pour Christ, nous désirons rendre un témoignage fidèle et utile, nous devons veiller à ce que notre conduite personnelle soit pure.
            Le « Dieu de paix » veut nous « sanctifier entièrement » et il adresse cette exhortation à tous ses enfants : « Que votre esprit, votre âme et votre corps tout entiers soient conservés sans reproche à la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Thess. 5 : 23). Les souillures de l’esprit et de l’âme échappent parfois à ceux qui nous entourent, mais « tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4 : 13).

                        Des actes qui témoignent de l’état du cœur

            Nos actes sont un témoignage, parfois muet, de notre état intérieur. Joseph, dans la maison de Potiphar (Gen. 39 : 2-12), ou quand il se trouvait injustement en prison (v. 20-23), agissait toujours avec droiture. Il faisait tout prospérer et l’Eternel était avec lui.
            Daniel, habité par la crainte de Dieu, avait arrêté dans son cœur « qu’il ne se souillerait pas par les mets délicats du roi » (Dan. 1 : 8). Dieu lui a fait trouver faveur et grâce auprès du prince des eunuques et auprès des rois successifs qu’il a été appelé à servir.
            La reine de Sheba a été confondue par l’étendue de la sagesse de Salomon, mais aussi très frappée de voir « la tenue de ses serviteurs, l’ordre de service de ses officiers et leurs vêtements » (1 Rois 10 : 4-5).

                        Des paroles qui ont de l’impact

            Serviteurs de Christ, produisons-nous un effet comparable sur ceux que nous côtoyons ? Si nos actes sont à la gloire de Dieu, alors nos paroles, sous la direction du Saint Esprit, pourront avoir un grand impact sur les âmes qui ont besoin d’être sauvées ou édifiées.
            Une des pièces de « l’armure complète de Dieu », qu’il faut revêtir pour résister victorieusement à l’Adversaire, retient notre attention : nos pieds doivent être « chaussés de la préparation de l’évangile de paix » (Eph. 6 : 15). Un enfant de Dieu, dont la douceur n’est pas connue de tous les hommes (Phil. 4 : 3), qui se montre agressif et revendicateur, perd le privilège d’être un témoin du Seigneur. Il ne peut plus parler de la grâce de Dieu dans la dépendance de l’Esprit.

                        La vigilance nécessaire dans l’assemblée locale

            Dans une assemblée locale il faut veiller en tout premier lieu à l’ordre intérieur, au maintien de la séparation. Si cela est nécessaire, il faut se purifier du mal qui peut exister au milieu d’elle. L’assemblée ne doit jamais perdre de vue qu’elle est la « lettre de Christ ». En elle, le monde doit pouvoir lire Christ. Alors Dieu amènera des âmes dans le rassemblement. « S’assembler autour de Christ est toujours un grand privilège pour des chrétiens. Il faut le désirer… mais il ne faut pas dépasser sa force véritable. Sinon on risque d’éloigner les âmes, quand elles constatent le manque de bénédiction » (J. N. Darby).
            Dieu seul peut nous secourir et nous accorder de montrer Christ collectivement, dans l’humilité qui convient à un temps de ruine.

      Goûtons, en la présence du souverain Berger,
      La vie en abondance qu’il nous fait partager ;
      Et dans sa dépendance, marchant en liberté,
      Gardons la jouissance de son intimité.
 

Ph. L – article paru dans le « Messager évangélique » (juin 2017)