Les sept paroles de Jésus sur la croix (8)
CONCLUSION
La doctrine du Christ
Apprendre de Lui
Contempler Jésus crucifié
Connaître Celui qui est dès le commencement
Notre méditation sur les paroles de la croix ne tend en aucune manière à remplacer la lecture directe et personnelle de la Parole de Dieu, que tout croyant doit faire aux pieds du Seigneur, comme Marie de Béthanie qui écoutait paisiblement la voix captivante du Sauveur et jouissait des grâces de sa Personne adorable (Luc 10 : 39-42 ; Jean 7 : 46).
D’assez nombreux passages du Nouveau et de l’Ancien Testament se rattachent aux sept paroles du Sauveur sur la croix et aux enseignements qui en découlent. Il n’y a pas lieu d’énumérer ces versets un à un. Chacun peut les lire et les méditer dans l’intimité, avec le Seigneur de gloire. Si le Sauveur a quitté ce monde pour retourner dans le ciel, auprès du Père, nous possédons, selon sa promesse, le Saint Esprit, l’Esprit de vérité, cet autre Consolateur, qui prend de ce qui appartient au Seigneur pour nous l'annoncer (Jean 16 : 14). Et le Sauveur, avant de quitter les siens, leur a enseigné les bienfaits de la prière ; son secours doit accompagner sans cesse l’activité de la foi et l’étude des sujets divins.
Mais la lecture et la méditation de l’Ecriture dans l’intimité avec le Seigneur de gloire conduisent à faire, sur l’esprit qui doit inspirer toutes les manifestations de la vie chrétienne, des remarques qui sont de la plus haute importance pour les enfants de Dieu. Ces considérations s’imposent, à vrai dire, comme le couronnement naturel d’une étude sur les sept paroles du Sauveur mis en croix.
Parmi les dangers qui menacent sans cesse la chrétienté il y a, d’une part, le relâchement doctrinal et moral et, d’autre part, l’absence ou l’affaiblissement de cet esprit évangélique qui se présente à nous comme le seul et véritable esprit chrétien parce qu’il est, par excellence, l’esprit de notre Seigneur Jésus Christ lui-même.
La vraie doctrine chrétienne, « la doctrine du Christ » (2 Jean 9 ; voir Jean 7 : 16), n’est pas autre chose que l’ensemble des vérités fondamentales du christianisme considérées et mises en pratique dans le rayonnement lumineux et vivifiant de la personne de Celui qui est lui-même « la vérité », comme Il est « le chemin » et « la vie » (Jean 1 : 17 ; 14 : 6 ; 17 : 17). La vérité est l’expression parfaite de la pensée de Dieu, telle que nous la trouvons manifestée dans la personne du Christ, Parole de Dieu qui « devint chair » (1 : 14). Le Nouveau Testament nous offre un ensemble complet de portraits de la personne du Christ, que nous sommes appelés à étudier, à admirer, à refléter avec le secours du Saint Esprit, qui prend, comme nous l’avons rappelé, ce qui est du Christ pour nous l’annoncer, et qui, à ce titre, est appelé lui-même « la vérité » (1 Jean 5 : 7).
Les vérités les plus belles et les principes les plus corrects du christianisme perdent toute justesse et donnent lieu à de pernicieuses déviations dès que nous cessons de les contempler et de les mettre en pratique dans le resplendissement (chaleureux) de la personne du Christ. La claire intelligence de ce fait est d’une importance capitale pour les serviteurs du Seigneur.
Dans celle de ses épîtres qui est consacrée au ministère chrétien, l’apôtre Paul s’exprime en ces termes : « Notre capacité vient de Dieu, qui nous a aussi rendus capables d’être des ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit, car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie », et : « Or le Seigneur est l’esprit ; mais là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » (2 Cor. 3 : 5-6, 17). Et l’apôtre Jean dit formellement : « Quiconque mène plus avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ n’a pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine, celui-là a le Père et le Fils » (2 Jean 9. Cf. Jean 7 : 16). Ces citations montrent toute l’attention qui doit être donnée à « la doctrine du Christ » et à « l’Esprit du Seigneur ».
« La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ ». Et Jésus dit à ceux qui ont cru en lui : « Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8 : 31-32). Pour reproduire dans notre vie chrétienne et pour manifester, devant les croyants et devant tous les hommes, les caractères distinctifs du Seigneur de gloire, qui est l’expression parfaite de la pensée divine, nous avons besoin d’être affranchis de tout ce qui n’est pas conforme à sa Personne et à son enseignement. Nos tendances particulières et nos défauts naturels doivent s’effacer complètement à l’école du Sauveur, selon l’admirable formule de Jean Baptiste : « Il faut que lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3 : 30).
Or, le Seigneur a dit : « Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11 : 29). Ces sublimes paroles - qui résument toute la vie et toute l’activité terrestres du Sauveur, et par lesquelles notre modèle, le divin Maître, nous invite expressément à son école - le Seigneur de gloire les a prononcées en Galilée au temps où, méconnu dans sa dignité royale et frustré des honneurs et des privilèges qui devaient être son apanage, il se voyait avec douleur ouvertement rejeté par son peuple qu’il aimait ; mais ce sont les scènes de Gethsémané, de l’arrestation, du procès et du crucifiement du Sauveur qui en fournissent la plus riche illustration.
La soumission humaine du Seigneur à la volonté divine de son Père s’est affirmée dans sa plénitude magnifique au jardin de Gethsémané. La douceur et l’humilité de cœur du Seigneur, entre le moment de son arrestation et celui de sa mort - au milieu de l’injustice, de la souffrance, de la détresse suprêmes - ont brillé d’un éclat sans pareil. L’étude doctrinale et pratique des sept paroles du Sauveur sur la croix, qui fournissent, comme nous l’avons montré, un sommaire magistral du christianisme, est une partie essentielle de la tâche que le Seigneur de gloire, en disant : « Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur », propose à tous ses rachetés.
Notre activité au service de Dieu est « chrétienne » dans la stricte mesure où elle se conforme à l’enseignement et à l’exemple du Christ ! Les événements et les circonstances ne nous autorisent jamais, en aucun cas, ni sous aucun prétexte, à délaisser le modèle et les instructions du Seigneur pour agir, envers nos frères ou envers les hommes, autrement que dans la puissance de cet esprit évangélique que le Sauveur a préconisé durant sa vie terrestre et qui a paré de ses grâces bienfaisantes le ministère du Seigneur lui-même.
Seul le spectacle de Jésus Christ crucifié est propre à nous maintenir, comme il convient, dans la fidélité à l’état d’esprit indiqué et à la ligne de conduite tracée par le Seigneur. En cas d’écart, seul le spectacle de Jésus Christ crucifié peut nous ramener à la connaissance et à la pratique de la vérité.
Aux Galates qui avaient entendu décrire les scènes de la croix et s’étaient néanmoins laissés détourner du pur et unique « évangile du Christ », l’apôtre Paul écrivait : « Je m’étonne de ce que vous passiez si rapidement de Celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent, qui n’en est pas un autre » et : «Ô Galates insensés, qui vous a ensorcelés ? C'est pourtant devant vos yeux que Jésus Christ a été dépeint, crucifié ! » (Gal. 1 : 6-7 ; 3 : 1).
Il y a, d’après le Nouveau Testament, un seul christianisme, comme il y a un seul évangile, « l’évangile du Christ ». Et nous sommes, pour notre part, d’autant plus responsables de ne pas nous en éloigner que nous possédons, dans l’Ecriture, bien des passages présentant Jésus Christ crucifié dont l’ensemble forme un « tout » complet en harmonie et parfait en beauté. Et ces portraits sont d’autant plus instructifs et plus précieux pour nous qu’ils sont parlants : le Nouveau Testament nous apporte, en effet, l’immortel et saisissant écho des sept paroles que le Seigneur de gloire, notre Sauveur, a prononcées du haut de la croix…
Connaître Celui qui est dès le commencement
Tout notre effort de chrétiens doit tendre à connaître le Christ et à nous placer, pour ainsi dire, à son propre point de vue. La connaissance pratique du Christ est, en vérité, le faîte du christianisme.
Au chapitre 2 de sa première Epître, l’apôtre Jean parle en termes touchants des membres de la famille de Dieu. Tous sont des enfants, que l’apôtre réunit dans les versets 12 et 28. Cependant, les enfants qui composent la famille de Dieu se trouvent répartis en plusieurs catégories. Il y a des pères. Il y a des jeunes gens. Il y a de petits enfants. Et l’apôtre s’adresse, par deux fois, à chacun de ces « groupes » de personnes. Lorsqu’il s’agit de jeunes gens et de petits enfants, Jean ne manque pas de faire de longues additions à ce qu’il avait dit dans la première série de ses paroles. Mais, dans le cas des pères, l’apôtre répète, purement et simplement, ce qu’il avait dit tout d’abord : « Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement » (v. 13) et : « Je vous ai écrit, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement » (v. 14). Celui qui est dès le commencement, c’est Jésus Christ lui-même, c’est Jésus Christ manifesté en chair, c’est Jésus Christ en personne (voir 1 : 1-4). Les pères ont acquis une connaissance pratique de la personne du Seigneur. Et si, dans sa seconde série de paroles, l’apôtre ne dit rien de plus à l’adresse des pères, c’est, de toute évidence, parce qu’il n’y a rien à ajouter à cette connaissance du Christ.
L’apôtre Paul recherchait et prescrivait aussi la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ : « pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances » (Phil. 3 : 10). Que le Dieu tout-puissant, le Père des lumières, l'Auteur de toute grâce excellente et de tout don parfait, nous accorde la sagesse d’en haut, qui a été manifestée ici-bas en Jésus Christ (voir Jac. 1 : 17 ; 1 : 5 ; 3 : 17). Il nous rend capables, durant notre vie, de rester à son service ; de penser et d’agir selon la manière du Sauveur qui a dit : « Apprenez de moi ; car je suis débonnaire et humble de cœur » !
Que la méditation des sept paroles du Seigneur sur la croix rende plus intime la connaissance et plus sensible l’importance de son Esprit, en attendant le jour où nous serons « tous manifestés devant le tribunal du Christ » (2 Cor. 5 : 10). Nous sommes sans doute faibles et limités ; mais la voix du Seigneur ressuscité après les tourments et l’ignominie de la croix dit à chacun, du haut des splendeurs du ciel, comme à l’apôtre Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Cor. 12 : 9).
Si, en reflétant ici-bas dans notre faiblesse l’esprit et les caractères de notre Sauveur, nous sommes incompris de nos frères et méconnus du monde, sachons trouver dans l’amour et dans la communion du Seigneur de gloire notre consolation et notre récompense !
Bientôt les rachetés du Sauveur quitteront pour toujours les misères de leur vie présente et les déceptions de la terre. Ils se trouveront réunis tous ensemble dans les joies de la résurrection, dans le bonheur parfait du sanctuaire céleste, dans les félicités de la maison du Père. Au séjour de la vérité et de la lumière, toutes leurs idées seront justes, claires, harmonieuses. Et tous leurs sentiments seront vrais, nobles et purs. Ils loueront Dieu avec un saint ravissement, au milieu de son propre bonheur. Et leurs voix unies formeront un chœur dont l’inaltérable concert célébrera, à travers l’infinité des siècles éternels, les grâces, les perfections et les gloires du Seigneur.
Pour t’exalter, ô Fils du Père,
L’hymne des cieux et de la terre
Montera dans le sanctuaire
A toujours.
Sur nous resplendira ta face,
Dans nos cœurs, remplis de ta grâce,
Toi seul auras toute la place
A toujours.
De ta souffrance expiatoire,
De ton immortelle victoire
Tes rachetés diront l’histoire
A toujours ;
Et l’Eglise, à son chef semblable,
Témoin de ta gloire admirable,
Chantera ta grâce adorable
A toujours
D'après P. Regard