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MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (12)

 

 

 

Samson – Alliances et conflits (Jug. 14 à 15)

            Le chapitre précédent était une introduction à la vie de Samson. Nous avons vu peu de chose sur lui, sinon ce qui caractérisait sa vie, son service selon le dessein de Dieu, et le caractère particulier de l’ennemi contre lequel Dieu allait l’utiliser pour délivrer Israël.
            Nous avons vu aussi que les Philistins représentent la religion charnelle et mondaine, qui introduit la chair dans les choses de Dieu. Cette religion, centrée sur la nature humaine, n’offre aucune certitude par rapport à Dieu, et tyrannise l’homme. Elle introduit le légalisme, le ritualisme et le formalisme de toutes sortes, mais aussi le cléricalisme, le despotisme du clergé, et toutes les contraintes imposées dans le but d'asservir les vrais sacrificateurs de Dieu qui sont affranchis de la loi du péché.
            Pour renverser tout cela, il faut être un Nazaréen, et être séparé du mal. Seul le chrétien qui marche et rend témoignage dans la séparation du monde, même religieux, peut manifester puissance et persévérance dans la lutte constante contre les attaques venant de l'extérieur, de ce qui est toujours charnel et formel. Tout le chapitre 13 insiste sur le fait que Samson devait être un vrai Nazaréen ; il devait représenter Dieu lui-même dans sa relation avec les Philistins en demeurant séparé de leur idolâtrie. C’est ainsi qu’il aurait de la puissance sur eux. C'est aujourd'hui encore le propos de Dieu.

 

Les premières étapes de la vie de Samson

            Nous avons maintenant devant nous l’histoire de Samson. En la considérant, et bien que nous sachions ce qu’est la grâce, nous réalisons combien le dessein de Dieu pleinement révélé et la manière avec laquelle nous nous l'approprions dans toute sa profondeur sont deux choses bien différentes. Par exemple, quand nous disons que nous sommes en Christ, il semble exagéré de dire que nous sommes des êtres pécheurs par nature sauvés par la grâce de Dieu, mais ces mots ne le sont pas, car ce sont les mots de l’Ecriture qui nous assurent de notre position en Lui. Comment nous la réalisons pratiquement dans notre vie, comment nous traduisons la grâce et les conseils de l’amour de Dieu d’une manière concrète, tangible et visible aux yeux du monde, c’est autre chose. Ainsi, dans le dessein de Dieu, Samson était un Nazaréen, mais sa vie pratique ne reflétait pas cette position. Nous allons le voir, et c’est une leçon bien humiliante !

 

                        La descente à Thimna

            On ne saurait trop insister sur l’importance de la première étape, car c’est elle qui détermine les suivantes. Pour un jeune homme qui désire se consacrer au service de Dieu, il est impératif que son premier pas soit dans la bonne direction. Quant à Samson, il est dit de son premier pas qu’il descendait !
            Nous avons lu, au début du chapitre 2, que l’Ange de l’Eternel avait dû monter de Guilgal à Bokim, car le peuple n’y était plus. Guilgal est la place d’humilité qui nous sied dans la présence de Dieu. Quitter Guilgal, c’est s’élever, c’est une folie, alors que descendre à Guilgal est une attitude bénie. Mais ici, si Samson descend, ce n’est pas sur un chemin d'humilité, car il ne descend pas à Guilgal. Devant Dieu, nous devons descendre, nous abaisser ; mais par rapport au monde, nous devons monter en nous éloignant de lui, et non y descendre.
            Les sentiments de la sainteté de Dieu et de notre néant doivent nous garder humbles devant Lui, dans une position d’abaissement. Quant à l’homme, dans nos relations l’un envers l’autre en tant que chrétiens, nous devons nous ceindre d’humilité, mais quant au monde, nous ne devons pas nous abaisser, mais maintenir notre position élevée comme des hommes célestes, séparés des pécheurs.
            La première étape de Samson est donc une étape descendante. Il descend à Thimna, et y voit une femme d’entre les filles des Philistins. Il va dans un endroit revendiqué par les Philistins comme leur lot, et là, il fait alliance avec ses ennemis. Par cette première étape, Samson signe donc un pacte avec les ennemis de Dieu.
            Il est important qu’un jeune homme qui entre au service de Dieu ne contracte pas d’alliance qui entrave son service, et que chaque décision soit prise dans la dépendance de Dieu avec prière, pour être guidé, surtout pour le choix aussi important que celui d’un conjoint. Il est capital que la jeune fille soit d’une même pensée avec lui, qu’elle appartienne au peuple de Dieu, et qu’elle manifeste la même foi et le même esprit d'obéissance que lui.
            La première chose que fait Samson, alors que son témoignage aurait dû être caractérisé par la séparation, est de se lier à l’ennemi ! La question de ses relations et de son témoignage est fixée d’un coup. En se liant intimement aux Philistins, il ne peut être un témoin impartial contre eux. Quant à nous, pouvons-nous porter un témoignage fidèle contre le monde si nous nous lions intimement à lui ? Qui pourrait embrasser une religion charnelle,basée sur le formalisme, ou le cléricalisme et espérer maintenir un témoignage divin qui condamnent de telles pratiques ?
            Beaucoup désirent être nazaréens pour Dieu, mais dès la première étape, ils se lient à un état de choses qui est contre sa volonté. On ne peut pas maintenir un témoignage contre un système si l’on s'est identifié étroitement avec lui. Il en coûte pour tout croyant qui désire être fidèle à Christ, et ça fait mal, de maintenir une position de séparation du mal. Samson a détruit tout son témoignage par ce premier acte, et n’a jamais vraiment retrouvé ce qu’il a perdu dès le début de sa vie.
            Samson n’a pas la pensée de Dieu dans le pas qu’il fait, mais Dieu a Sa pensée en le laissant le faire, béni soit-Il. Il est au-dessus de nos folies et de nos erreurs. Les parents de Samson ne savaient pas que l’occasion qu’il cherchait pour renverser les Philistins venait de l’Eternel. Le propos de Dieu est une chose, pour nous, l’accomplir en est une autre ; Dieu arrivera à ses fins malgré nos désobéissances, mais nous ne pouvons jamais prétexter ce propos pour les justifier. Nous ne pouvons être collaborateurs de Dieu si nous Lui désobéissons. Ici, bien que Dieu passe par-dessus cette désobéissance pour amener Samson à entrer en conflit avec ses alliés, celui-ci ne peut retirer aucun réconfort d’un tel compromis, car les intérêts de Dieu n'occupent pas ses pensées.


                        Samson attiré par celle qui « plaît à ses yeux »

            « Prends celle-là pour moi, car elle plaît à mes yeux » (Jug. 14 : 3). Normalement, par la force donnée de Dieu, un Nazaréen refuse ce qui satisfait les tendances de sa nature pécheresse, il renonce aux mondanités dont beaucoup se régalent. Ici, Samson agit d’abord pour son plaisir. Combien de fois nous empruntons un chemin qui nous unit avec le monde, juste parce qu’il nous plaît ! Samson n’a pas demandé si c’était agréable à l’Eternel. N’avons-nous pas souvent demandé la direction du Seigneur avec la conviction que nos désirs étaient selon lui ? Ne soyons pas surpris de ne pas recevoir de réponse claire, si le Seigneur n’a que la deuxième place. Si nous avons choisi de suivre un chemin, avant de demander le consentement de Dieu, il est certain que sa réponse ne sera pas reçue et ne nous fera pas changer d’avis. Dieu doit être honoré, et il ne peut l’être que s’il a la première place.
            Samson entraîne ses parents dans cette souillure, les associant à sa propre folie. Ils avaient été instruits directement de Dieu, aussi, n’avaient-ils aucune excuse. Que pouvait dire Manoah à l’Ange de l’Eternel qui lui avait donné des instructions aussi précises quant à la façon d’élever leur fils qui les entraînait dans son propre chemin ? Ils ne pouvaient pas dire : nous l’avons bien élevé comme un Nazaréen, mais il a quitté le chemin de l’obéissance quand il a grandi. Eux-mêmes l’accompagnaient dans sa désobéissance, malgré quelques protestations.
            Il y a un avertissement solennel dans le parcours de ces parents et dans la faiblesse dont ils font preuve en se soumettant à ce qui plaît à Samson. Que de croyants pensent satisfaire leurs consciences en contestant les principes mêmes auxquels ils sont associés ! De nos jours, beaucoup se trouvent dans des systèmes qui ne sont pas selon Dieu. Conscients de cela, ils expriment leur désaccord, mais restent dans ces « églises » malgré tout.

 

                        Un premier exploit de Samson

            Alors qu’il descendait chercher sa femme philistine, Samson exécute son premier exploit. Sans rien en sa main, il « déchire » un lion qui l’avait attaqué (v. 6). Il n’avait encore rien perdu de sa force ni de la fraîcheur de sa vigueur spirituelle. Il ne s’était pas encore souillé par association avec les Philistins.
            Mais retirons-en une leçon spirituelle. Faut-il s’étonner de voir un lion rugir contre lui alors qu’il descend au pays des Philistins ? En abandonnant le terrain de Dieu pour un terrain charnel, on ne doit pas être surpris de rencontrer l’assaut de l’adversaire, Satan, qui est « comme un lion rugissant... cherchant qui dévorer » (1 Pier. 5 : 8). Satan excelle dans le chemin de la désobéissance ; il n’y a pas de lion dans le chemin de l’obéissance. C’est le paresseux qui dit : « Il y a un lion rugissant sur le chemin, un lion dans les rues » (Prov. 26 : 13), car personne n’a jamais été tué par un lion dans la rue. Il peut avoir été assailli quand il était désobéissant, mais, comme John Bunyan l’a si bien dit : les lions sont enchaînés pour qu’ils n’atteignent pas le chemin de l’obéissance. Dans le chemin de Dieu, Satan ne peut jamais attaquer, on y est en sécurité ; c’est en le quittant, que l’on risque de rencontrer le lion.
            Le chemin de Dieu pour le prophète qui descendait de Juda en Israël était clair, il devait aller témoigner contre le roi d’Israël, sans manger ni boire, et s’en retourner (1 Rois 13). Ce chemin pouvait paraître dangereux, mais il était protégé ; en effet, le roi d’Israël étendit sa main pour se saisir de lui, mais elle sécha, et il ne put la recouvrer qu’à la parole du prophète. Le pouvoir du roi ne pouvait l’atteindre. Mais lorsqu’il a quitté le chemin de l’obéissance, lorsqu’il a écouté le vieux prophète et est allé manger et boire avec lui, alors un lion l’a rencontré et l’a tué (1 Rois 13). C’est en quittant le chemin de Dieu que l’on trouve le lion rugissant.
            Les rugissements du lion auraient au moins dû avertir Samson qu’il arrivait sur le territoire de Satan. Certes, il « déchire » le lion comme il l'aurait fait d’un chevreau, ce qui témoigne peut-être d’une certaine foi, mais on devrait éprouver de la honte à rencontrer certains ennemis. Israël ne pouvait retirer aucune gloire d’avoir vaincu Amalek, car s’il a eu à le combattre, c’est parce qu’il était à la traîne. S’ils s’étaient hâtés, Amalek ne les aurait jamais rattrapés (Ex. 17 : 13, Deut. 25 : 17-18). Si quelqu’un dit qu’il a eu un terrible combat avec Satan et que, grâce à Dieu, il a remporté la victoire, il doit se demander pourquoi ce combat avec Satan a dû avoir lieu. A-t-il quitté le chemin de la foi où Dieu le voulait, pour se trouver en territoire ennemi ? C’est très bien de remporter une victoire, mais certaines victoires montrent clairement quelle erreur a nécessité le combat.


                        L'énigme que Samson propose aux Philistins

            Plus tard, quand Samson redescend chercher sa femme, il constate qu’un essaim d’abeilles s’est abrité dans la carcasse du lion. Il prend le miel de la carcasse, le mange, en donne à ses parents, puis continue à descendre, forcé de respecter l’alliance qu’il a contractée. Il propose alors cette énigme à ses amis : « De celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sortie la douceur » (v. 14).
            Nous connaissons l’interprétation généralement donnée, mais il en existe certainement d’autres. La première est celle-ci : Satan est le lion, celui qui cherche à dévorer. Nous étions captifs de Satan et de sa puissance, et c’est pour cela que Christ est descendu pour le renverser « afin que, par la mort, il rende impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2 : 14). De même que la victoire sur le lion est l’occasion de fournir de la nourriture, la victoire de Christ devient la source de notre nourriture spirituelle. Assurément, de la croix de Christ nous viennent douceur et nourriture. Une fois Satan vaincu à la croix, nous avons eu accès aux trésors de Dieu, ces ressources inépuisables que nous pouvons faire nôtres pour nous en nourrir. Cette scène peut servir de base pour prêcher l’évangile, mais nous n’y insisterons pas.
            Quant à nous, il a pu nous arriver de subir des attaques de Satan par telles menaces ou telles tentations, et, après avoir résisté par la foi, nous avons trouvé de la douceur et une nourriture spirituelle pour nos âmes. C’est ce que semble suggérer le Psaume 23 : « Tu dresses devant moi une table, en la présence de mes ennemis » (v. 5a).
            Sur le plan collectif, le diable peut menacer un rassemblement, et les saints, en lui résistant, le feront s’enfuir au loin ; c’est comme s’ils le déchiraient, tandis que, pour la foi, il n’a pas plus de force qu’un chevreau. De cette victoire résulte un riche repas spirituel pour les saints. Par la grâce de Dieu, ces attaques de l’Ennemi ont souvent été l’occasion de grandes bénédictions.
            Ces applications évidentes nous sont familières. Cependant, sans les contredire, en considérant les nombreux manquements de Samson et en pensant au but qu’il poursuivait lorsqu’il a rencontré le lion, puis comment il a persisté dans ce chemin après l’avoir tué, nous pouvons y trouver un avertissement très actuel pour nous. Nous nous proposons donc d'aborder...


                        D'autres enseignements à retirer de cette scène du jeune lion

            Le pays de Canaan est décrit comme une terre où ruisselaient le lait et le miel. Le miel, qui exprime la douceur, est bon en Canaan, nous pouvons en manger sans aucun danger (Prov. 24 : 13). Grâce à Dieu, dans les champs célestes, nous nous délecterons éternellement de douceur et de graisse. Mais, en territoire Philistin, le miel suggère sûrement autre chose. En rapport avec les sacrifices offerts à Dieu, il était interdit de manger du miel (Lév. 2 : 11), qui symbolise la douceur selon la nature. La douce nourriture céleste convient dans un lieu céleste, mais jouir des douceurs de la nature sur le terrain de l'Ennemi est autre chose. Dans ce sens, manger du miel, c’est se nourrir de ce qui peut vite être un piège pour l’âme. « As-tu trouvé du miel, manges-en ce qu’il t’en faut » (Prov. 25 : 16). « Manger beaucoup de miel n'est pas bon » (v. 27).
            Satan peut s’être présenté comme lion rugissant, et avoir été vaincu, mais, de sa carcasse apparemment inoffensive, il se présente sous une autre forme : telle un miel délicat et savoureux, une amitié peut attirer l’âme loin de Dieu. Cette interprétation ne contredit pas l’autre. Si on regarde la parabole du point de vue du vrai nazaréat, comme nous le voyons pour notre Seigneur qui l’a vraiment réalisé, le miel peut représenter les douces et précieuses bénédictions de l’Evangile, mais en l’examinant à la lumière des faits, nous voyons que Samson s’éloignait de Dieu sur un chemin descendant ; Satan, voyant que son rugissement ne l'avait pas effrayé, a essayé de voir quel effet le miel aurait sur lui.
            Pauvre Samson ! Il dévoile toujours ses secrets que personne ne devrait savoir, et encore moins les Philistins. Notons qu’il ne les leur révèle pas ouvertement, mais par une énigme. Pourquoi ? N’aurait-il pas dû voir qu’il était en train de se mêler gravement à ce peuple ? Il descendait se marier avec une femme et se retrouve avec trente compagnons philistins - mais quels compagnons pouvaient-ils être pour un homme qui serait leur ennemi acharné ? Il se lie à une seule femme et le voilà associé avec toute une compagnie de Philistins dans sa maison.
            L’enseignement est très clair : vous faites un compromis sur un seul point, vous n’adoptez qu’un seul principe pas contraire à la Bible (la femme représente les principes de conduite), et ce seul principe anti-scripturaire en entraînera certainement une foule tout aussi faux. N’en retenir qu’un vous marie à une Philistine, et ses trente compagnons spirituels rempliront votre maison.
            Il n’est pas sûr que l’énigme de Samson, dans la bouche d’un homme aussi infidèle, signifie la victoire de Christ sur Satan. En raison de son infidélité, nous ne pouvons guère parler de lui comme un type de Christ dans sa rédemption. Le cœur répugne à y voir en aucune façon notre Seigneur, nous pouvons tout au plus y voir un contraste. Aurait-il été fidèle, Samson aurait été un type de Christ, mais tel qu’il était, il le pouvait difficilement. Pouvons-nous imaginer le Seigneur Jésus descendre s’allier avec ses ennemis de cette façon ? Il est descendu au plus bas, certes, mais pour rencontrer des âmes en grâce. Il est impensable qu’Il se soit associé intimement à des ennemis, ou fait quelque chose qui ait compromis la sainteté de son Père. La pensée de Dieu est bien que « de celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sorti la douceur », et que tous ceux à qui Il révèle ce secret aient un vêtement de rechange, c’est-à-dire soient revêtus de la plus belle robe, cependant, en considérant le côté personnel de Samson, nous avons là plutôt un avertissement.

 

                        L'énigme révélée par Samson à sa femme

            Samson finira par révéler son secret, même s’il semble se refuser à le faire. Celui qui fraye avec les ennemis de Dieu, leur proposant d’entrer un peu dans son intimité spirituelle, toutefois sans se confier complètement à eux verra que cette façon de faire même tournera à sa confusion. C’est ce qui est arrivé à Samson. Ses compagnons - bien misérable compagnie pour un Nazaréen - amis de sa femme, menacent d’incendier sa maison, et de la brûler, elle et son père, si elle ne lui extirpe pas le secret. Alors, remplie de peur, elle passe son temps à pleurer - temps de fiançailles qui aurait pu être heureux - sachant que ses compagnons sont assez cruels pour exécuter leur menace, et qu’elle sera tuée si elle n’obtient pas la solution du secret.
            Samson voit sa fin arriver parce qu’il a dû tout raconter ; il devra finir par parler de son entière séparation à Dieu, le secret du témoignage et de sa puissance.
            Il y a d’autres choses bien tristes dans ce chapitre, mais nous avons vu les grandes lignes des leçons que nous pouvons en tirer pour nous-mêmes. Nous pouvons aussi en faire une application ecclésiastique. Même un homme spirituel qui désire plaire à Dieu, peut être tenté de former des alliances qui ne sont pas selon Dieu. Cela est particulièrement vrai de nos jours où la chrétienté est marquée par de nombreuses activités religieuses, dont beaucoup sont philanthropiques à caractère peut-être évangélique, pour atteindre le cœur des gens.
            Par exemple, prenons un croyant sérieux désirant faire quelque chose pour Dieu. Il trouve, peut-être, sa position de Nazaréen plutôt terne, et voit que ceux avec qui il marche dans le chemin de séparation ne sont pas aussi bouillants et zélés pour l’évangile que d’autres qu’il connaît. Il sera tenté de se lier à ceux-ci juste pour des activités évangéliques, en pensant : ces activités ne sont pas très scripturaires, ce n’est pas exactement ce que Dieu veut, mais je vais néanmoins m’y associer. Beaucoup se sont retrouvés entourés par les Philistins, pour avoir simplement sacrifié ce seul point. Ces vérités doivent nous servir d’avertissement dans les questions d’assemblée ; partout où nous cédons sur un seul point, nous verrons à nos dépens que nous devrons céder sur bien d’autres points.
            Pour le moment Samson l’emporte sur ses ennemis. Il raconte l’énigme à sa femme qui le rapporte, bien sûr, à leurs compagnons qui lui donnent la réponse. S'apercevant de la trahison, il dit : « Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous n’auriez pas trouvé mon énigme » (v. 18). Ah, si seulement il avait inversé l’expression : Si je n’avais pas labouré avec votre génisse - Non, il leur reproche une alliance que lui-même avait conclue, et à cause de laquelle son secret leur avait été dévoilé. Ce secret ne leur appartenait-il pas ? Comment avait-il eu ce secret, si ce n’est en rencontrant le lion parce qu’il descendait au pays des Philistins. N’avaient-ils donc pas le droit de le connaître ?

 

                        La descente de Samson à Askalon

            Maintenant, il est en opposition ouverte et rompt avec eux, car Samson avait une foi vivante ; il n’était pas mort mais seulement souillé par cette alliance. Il descend donc dans une autre ville, tue des Philistins et rapporte leurs vêtements. Il leur donne, comme pour se moquer, non pas des habits de rechange au sens spirituel, mais simplement d’autres vêtements philistins, semblables à ceux qu’ils portaient. En effet, l’homme qui connaît le secret de l’évangile sans être dans le chemin de Dieu peut changer de vêtement. Beaucoup de gens le connaissent dans leurs têtes, mais pas dans leurs cœurs ; ils peuvent dire que la douceur de la bénédiction de Dieu est venue du renversement de la puissance de Satan, parce qu’ils ont entendu quelqu’un d’autre le dire, mais ne l’ont pas appris pour eux-mêmes. Ils peuvent changer de vêtement, mais que pour un autre de la vieille création ; ils tournent une nouvelle page, ils changent d’attitude, sans que l’âme soit vraiment libérée. Revêtir la plus belle robe signifie qu’un travail de cœur a eu lieu dans la présence de Dieu.

 

                        La dernière visite à Thimna

            Au chapitre 15, l’état de Samson s’aggrave. A l’époque de la moisson, il descend avec un chevreau, pour visiter sa femme, et découvre qu’elle lui a été prise. Assurément, une alliance philistine n’engage personne, que ce soit de leur côté ou du côté de la foi. Samson proteste ; son beau-père, croyant qu’elle avait été abandonnée, l’avait donnée à un ami ; il lui en propose une autre. Les Philistins sont toujours prêts à proposer une nouvelle alliance.
            Samson va maintenant se venger personnellement pour cette offense. Cette atteinte personnelle arrive pour essayer de le remettre sur le bon chemin.
            Il y a beaucoup d’instructions ici, elles ne nécessitent pas d’illustration. Si nous nous associons à ce qui n’est pas selon Dieu, nous nous exposons à être traités injustement et à en éprouver du ressentiment personnel. Combien de fois des gens disent être maltraités par leurs amis croyants pour lesquels ils ont tant fait. Ils ont travaillé, donné leur argent et leur temps, et n’ont rencontré qu’ingratitude, ce qui a fait naître en eux de la colère et l’envie de se venger. Dans l'assemblée, une querelle est souvent le résultat d’une animosité personnelle, plutôt que d’un zèle pour l’honneur de Dieu.
            Ainsi, en colère à cause du traitement qui lui a été infligé, Samson s’en va prendre des chacals (15 : 4) – chose étrange pour un Nazaréen que de toucher aux bêtes les plus immondes de Palestine. Ces animaux se nourrissent de charognes, cachant dans la terre les os qu’elles rongent, pour leur prochain repas putride. Ils sont une image saisissante de la chair, qui se nourrit d’impuretés et de corruption. Samson attrape ces trois cents chacals, les lie, queue à queue, met une torche entre eux et les laisse s’enfuir sans se soucier de ce qu’ils font. Il n’est pas dit qu’il ait tué un seul Philistin par ce moyen ; en revanche il a brûlé les champs de blé et les plantations d’oliviers qui représentent des bénédictions spirituelles auxquelles le peuple de Dieu avait droit dans le pays. Pourquoi ne pas chasser le Philistin et profiter du blé, des olives et des vignes ? Pourquoi les brûler et laisser l’ennemi en vie ?
            Trop souvent les conflits personnels et les vengeances ne font que consumer les choses spirituelles que nous devons apprécier, au lieu de consumer l’ennemi. Que de fois, ces chacals lâchés viennent brûler la nourriture de nos âmes ! Comme le dit l’apôtre : « Si vous vous mordez et vous dévorez l’un l’autre, prenez garde que vous ne soyez détruits l’un par l’autre » (Gal. 5 : 15). Ce n’est donc pas une conduite spirituelle de lâcher des chacals comme Samson, pour qui cela semble un jeu.
            Même Jephthé, qui était dur, n’a pas lâché de chacals contre l’ennemi. Gédéon, lui, tenait sa torche à la main non pas pour enflammer la chair, mais pour maintenir un témoignage ; la torche et la trompette proclamaient l’épée du Seigneur (Jug. 7 : 20). Samson ne leur ressemble pas, il était dans un bas état moral en faisant cela, il ne combattait pas pour Dieu. Gardons-nous de nous battre avec des chacals, c’est-à-dire de lutter l’un contre l’autre par la chair ou de l’exciter et de l’enflammer. Si vous chuchotez un mot en sachant qu’il va attiser du ressentiment, ou créer des hostilités, c’est que vous êtes prêt à mettre le feu en lâchant un chacal. « Comme un fou qui jette des brandons, des flèches, et la mort, ainsi est l’homme qui trompe son prochain, et qui dit : N’était-ce pas pour plaisanter ? » (Prov. 26 : 18-19).
            Les Philistins se vengent sur la femme de Samson et son beau-père en les brûlant au feu. Alors, après avoir attendu trop longtemps, Samson se place enfin à terrain découvert et public, et frappe les Philistins, leur cassant bras et jambes dans un grand carnage (v. 8a). Mais combien est vaine et indigne d’un serviteur de Dieu cette exhibition de force qui, bien que surhumaine, ne semblent pas être une manifestation de la puissance divine.
            Ces pensées sont sérieuses ; elles ne sont pas habituellement présentées au sujet de Samson. En considérant sa carrière, on trouve bien des choses sur lesquelles pleurer, et très peu d’heureuses, comme celle que nous avons maintenant à partir du verset 9, tel un trait de lumière dans toute son histoire.

 

La victoire de Samson sur les Philistins

            Nous trouvons maintenant un fait significatif : « Samson descendit, et habita dans une caverne du rocher d’Etam » (15 : 8b), comme « les damans, peuple sans puissance, et qui ont placé leurs maisons dans le rocher » (Prov. 30 : 26). Quand Samson vient loger dans le rocher, ce qui nous parle de se cacher en Christ, nous pouvons nous attendre à quelque chose de mieux.

 

                        L'intervention des hommes de Juda en faveur des ennemis !

            « Les Philistins montèrent, et campèrent en Juda, et se répandirent en Lékhi. Et les hommes de Juda dirent : Pourquoi êtes-vous montés contre nous ? Et ils dirent : Nous sommes montés pour lier Samson, afin de lui faire comme il nous a fait » (v. 9-10). Samson, qui était devenu hors la loi, s’était retiré du combat, avait battu en retraite hors du territoire des Philistins, et s’était réfugié en Juda. Loin de s’avouer vaincus, les Philistins voulaient prendre leur revanche, ils voulaient sa vie.
            Mais quel triste tableau dans ce qui suit ! Les hommes de Juda, horrifiés de voir que Samson ose se battre contre les Philistins viennent lui dire : « Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous ? » (v. 11). Leur esclavage était si grand, ils étaient si misérables, qu’ils étaient effrayés de voir quelqu’un résister à l’autorité de leurs oppresseurs.
            Combien il est vrai que beaucoup de croyants semblent être terrifiés à l’idée qu’un de leur frère résiste aux Philistins qui s’introduisent parmi le peuple de Dieu.
            Nous avons déjà fait allusion aux grands principes adoptés parmi les chrétiens professants, telles des pensées non-scripturaires sur la justification, le culte... Nous avons vu comment les Philistins adaptent ces choses à leur façon. Si quelqu’un ose affirmer que ce n’est pas la vérité, et que ce système relève du pouvoir de l’Ennemi, les gens crient au scandale. Il est inconcevable de dire que ces choses ne sont pas scripturaires, il est impossible d’admettre qu’un homme qui n’est pas ordonné prenne de l’action, il est impossible de se réunir sans organisation humaine ! « Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous ? », dit-on. Pourquoi soulever des questions qui ne peuvent que déchaîner la puissance de l’Ennemi sur nous ?
            Est-ce vraiment exagéré de dire que le peuple de Dieu tremble à la seule pensée de s’opposer à l’autorité du pouvoir qui tient les saints dans sa main ?


                        Livré aux Philistins, Samson remporte une très grande victoire

            Samson ne demande qu’une chose aux hommes de Juda : Jurez-moi que vous ne vous jetterez pas sur moi. « Non, disent-ils, nous allons te livrer aux Philistins mais nous ne te tuerons pas » (cf. v. 13). Puisque le lien vital avec le peuple de Dieu est maintenu et qu’ils ne vont pas le retrancher, spirituellement parlant, il accepte d’être livré aux Philistins.
            Ils le lient donc avec des cordes pour le livrer aux Philistins en toute sécurité, pensent-ils. Mais - et c'est là le seul rayon de lumière de toute son histoire - en présence de l’Ennemi, la foi réagit, et ces cordes neuves - ces règles que les siens lui ont imposées pour le contenir - brûlent comme de l’étoupe au feu, et n’ont aucun pouvoir sur lui. Cela est étroitement lié au fait d’avoir habité dans la caverne du rocher. C’est très beau de voir cela. Ses frères n’avaient pas la foi pour agir comme lui et ils étaient dans un état moral si bas qu’ils faisaient tout pour le livrer aux mains de l’ennemi, et le rendre prisonnier de ce système contraire à la pensée de Dieu. Mais ici, Samson manifeste une foi simple et Dieu va s’en servir. Les Philistins n’ont aucun pouvoir sur lui, et ce champ de bataille étant dégagé, il va combattre ouvertement contre eux, dans l’énergie de la foi.
            Samson prend une arme impure pour l’utiliser contre les Philistins. Il se sert de la mâchoire d’un âne (v. 15), un animal impur, mort qui plus est. L’homme naturel est comme un âne sauvage réputé avoir une forte volonté propre. Samson remporte une victoire, certes, mais avec une arme impure - la chair ou la volonté propre qui ne peuvent que faire souffrir. Que ce soit pour une juste cause ou non, si une mauvaise arme est utilisée, tôt ou tard il y aura des conséquences. Samson n’honore pas son nazaréat, il ne réalise pas que « les armes de notre guerre... ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu » (2 Cor. 10 : 4). Pour les combats spirituels, il faut utiliser des armes spirituelles et non celles de l’Ennemi, il ne faut pas descendre à son niveau. Samson peut se vanter d’empiler des « monceaux » de Philistins tués avec cette mâchoire comme seule arme (v. 16), mais cette arme est impure, aussi s'étend une ombre sur le moment le plus brillant de sa vie.


                        Le cri de Samson adressé à l'Eternel

            Une fois la victoire remportée, une autre lueur survient. C’est la première fois que nous entendons la voix de Samson s’élever vers Dieu (v. 18). « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant » (Ps. 42 : 2). Même après cette grande victoire, son âme desséchée est terriblement assoiffée ; mais il ne pouvait en être qu’ainsi, après avoir utilisé une arme impure. Alors, il se tourne vers Dieu, l’appelle à l’aide et, dans cet endroit qui porte le nom de sa victoire, Lékhi (« mâchoire »), Dieu fend le rocher creux, et l’eau jaillit pour étancher sa soif (v. 19). Ce rocher, cette eau rafraichissante ne nous parlent-ils pas de Christ ?
            Cet épisode de l’histoire de Samson commence et se termine avec le rocher. Il habitait là et Dieu en faisait jaillir l’eau pour le rafraîchir. Le puits est appelé En-Hakkoré, « la source de celui qui crie » à Dieu. C’est en relation avec cette période brillante de sa vie qu’il est dit qu’il jugea Israël vingt ans (v. 20). Ce n’est que séparé des Philistins, en conflit ouvert avec eux, que Samson a pu exercer sa fonction de juge. Il ne pouvait pas juger le peuple quand il s’abaissait à s’allier avec ses ennemis ; il ne le pourra pas quand il tournera la meule dans la maison des prisonniers. Mais pendant cette période de séparation, quand il habitait dans le rocher, quand il brisait les liens avec lesquels son propre peuple l’avait attaché, quand il allait avec l’énergie de la foi, alors, et alors seulement, il pouvait juger le peuple de Dieu.

            Nous verrons, avec le chapitre 16, que la fin de la vie de Samson a été une sombre période marquée par la faillite. La lueur a été brève. Il est à espérer qu’il y a eu d’autres actes de fidélité pour Dieu non enregistrés dans ces chapitres.
            De ce sixième et dernier des héros d’Israël, nous apprenons quelques leçons qui sont des plus importantes. Elles concernent surtout des échecs, et comme nous le disions au début, tout effort pour voir chez Samson un type de Christ fait violence au sens spirituel. Nous pouvons voir en David un type de Christ dans son rejet, ou dans son royaume final, mais certes pas quand il a péché. Nous pouvons voir en Salomon dans toute sa splendeur et sa gloire un type de Christ, mais pas quand il s’écarte de Dieu à la fin de sa vie. Quand un enfant de Dieu désobéit, est-il une figure de Celui qui a été parfaitement obéissant ? Si nous sommes loyaux envers Lui, une telle interprétation qui heurte la conscience doit être refusée. Cet homme qui aurait pu être un type merveilleux de Christ, n’est, hélas, qu’un phare nous avertissant des écueils sur lesquels il s’est brisé, au lieu de nous inviter à entrer au port.
            Cet avertissement tient en cinq mots : « Elle plaît à mes yeux ». Gardons notre nazaréat ; à l’instar de Christ qui « n’a pas cherché à plaire à Lui-même » (Rom. 15 : 3), ne cherchons pas à nous plaire à nous-même.
            Puissions-nous nous rappeler que par la croix du Christ, « le monde m’est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6 : 14), et que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (5 : 24). « Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit » (5 : 25), avec l'aide du Seigneur.

 

D'après S. Ridout