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MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (10)


Jephté – ses prédécesseurs et ses successeurs (Jug. 10 à 12)
            Thola et Jaïr – un temps de paix pour Israël
            Le nouveau déclin du peuple d'Israël
            La repentance du peuple et la promesse d'une délivrance

            Jephté, le huitième juge
            Les successeurs de Jephté

 

Jephté – ses prédécesseurs et ses successeurs (Jug. 10 à 12)

            La dernière partie du chapitre 9 présentait l’aboutissement inévitable d’un chemin de propre volonté tel que celui de l’autoritaire Abimélec. Son ascension, son parcours et sa chute, sont illustrés par le règne de la ronce, en contraste avec le service des arbres portant du fruit. Prêtons attention à la parabole de Jotham, c’est une des leçons caractéristiques du livre des Juges concernant les relations parmi le peuple. Auparavant, nous avions vu principalement les relations du peuple avec leurs ennemis ; dans l’épisode d’Abimélec il s’agit des relations internes les uns envers les autres. Un témoignage collectif ne pourra être maintenu pour Dieu que sur la base des principes présentés dans la parabole de Jotham.

 

                        Thola et Jaïr – un temps de paix pour Israël

            Le début du chapitre 10 contraste avec ce qui précède. La brièveté des deux premiers paragraphes dont l’un présente le règne de Thola, et l’autre celui de Jaïr, semble indiquer la simplicité de leur règne. Généralement, les Abimélec font les longs chapitres dans la Bible, car l’histoire de la propre volonté que Dieu doit briser et humilier rend de nombreux détails nécessaires pour notre instruction. Mais quand il y a la bénédiction divine, un véritable travail selon Dieu peut souvent être décrit en quelques mots. Comme disent les historiens, ce sont les moments les plus difficiles qui rendent les chapitres d’histoire les plus passionnants, tandis que les meilleurs moments, comme une ère de calme et de prospérité, rendent les pages d’histoire ternes et sans intérêt. Aucun détail frappant en rapport avec ces deux juges n’est révélé. Pourtant, le fait qu’ils viennent immédiatement après Abimélec, présente un contraste. « Et après Abimélec, Thola, fils de Pua… se leva pour sauver Israël » (Jug. 10 : 1). A part son nom, peu de choses nous indiquent ce que nous pouvons apprendre de lui. Si le nom d’Abimélec suggérait son orgueil en ce qu’il revendiquait la succession : Mon père était roi, je serai donc roi ; le nom de Thola suggère une pensée opposée.

                                    Thola

            Thola signifie : un ver - un ver pour juger Israël ! Quel contraste avec l’orgueil de celui qui est fier de sa généalogie et de sa propre valeur, et qui écrase tout ce qui ne s’inclinerait pas devant sa propre volonté ?
            La généalogie de Thola est donnée jusqu’à deux générations en arrière. Dodo -bien-aimé - est le premier, puis vient son fils Pua – discours -, et enfin Thola - un ver. Ainsi, l’amour de Dieu est la source d’où tout découle ; celui qui en jouit parlera de l’abondance de son cœur, et sera conduit à une humble mise de côté de lui-même, ce qui est suggéré dans le « ver ». Pua - discours ou expression - vient d’une racine signifiant respirer ; cela évoque l’Esprit soufflé en chaque croyant d’une part, et la louange et la confession exprimées dans la puissance de ce même Esprit.
            Thola est un homme d’Issacar (récompense), évoquant la récompense d’une vie de foi, soit ici-bas soit dans l’au-delà. Il est frappant de voir qu’il n’habite pas une ville de sa propre tribu, mais à Shamir dans la montagne d’Ephraïm. Humblement, il laisse la pensée de la récompense, ne servant pas pour cela, mais ayant une vie de renoncement fructueuse. Un Thola en Ephraïm n’est pas en danger de s’enorgueillir contrairement à cette tribu qui y est particulièrement exposée.
            Il habitait Shamir. Ce nom est dérivé d’une racine signifiant être raide ou ferme. Le principal mot dérivé qui en est issu est « observer ». Ceci suggère la vigilance nécessaire à un conducteur, quelqu’un qui conduit avec diligence.
            Thola mourut et fut enterré où il avait vécu. Fermeté et immutabilité sont indiquées par ce fait. On pourrait dire que la mort n’a rien changé aux principes auxquels il tenait.
            Thola et Jaïr, ainsi que quelques juges venant après Jephté, représentent peut-être plus distinctement que les autres juges, des types de Christ Lui-même. Beaucoup de choses en Jephté et Gédéon, entre autres, ne pourraient être attribuées à notre Seigneur, mais ici, si peu de choses sont dites, que la position et le nom même semblent évoquer Christ. Dans le Psaume 22, Il dit de Lui-même : « Je suis un ver, et non point un homme » (v. 6). Le fait que Celui qui était couronné de la plus grande gloire dans les cieux prenne la dernière place, s’humilie et ne prétende à aucun honneur, nous montre le caractère de Celui qui vient sauver son peuple, que ce soit Israël ou l’Eglise. C’est Celui qui prend sa place dans l’humiliation qui est apte à juger son peuple et le rassembler, comme ce psaume le montre. Il a pris sa place comme un ver et non un homme, et, mourant ainsi sur la croix, Il se lève d’entre les morts, centre de la bénédiction pour ses frères - le résidu d’Israël, et pour la grande congrégation - la nation tout entière. Alors, toutes les familles de la terre entendront et se rassembleront vers lui pour être bénies. Ainsi, c’est de la croix, comme centre, que rayonne toute bénédiction, et c’est par Lui, dont l’humilité l’a mené à la croix que vient tout espoir de délivrance.
            En fait, Thola évoque Christ plus qu’il n’en est un type. Et parce qu’il l’évoque dans son humiliation, il nous offre un tableau du véritable esprit de gouvernement. Contrairement à l’affirmation du moi qui règne ou qui écrase tout ce qui ne se plie pas à sa propre ambition, Thola, avec calme, sans aucun conflit apparent, que ce soit avec des ennemis extérieurs ou avec le peuple, juge fidèlement Israël. C’était un vrai travail, très efficace, et il en sera toujours ainsi.

                                    Jaïr

            Ce Galaadite (nous reviendrons sur Galaad) jugea Israël 22 ans, et il eut de vrais successeurs qui ont gouverné. « Il avait trente fils, qui montaient sur trente ânons ; et ils avaient trente villes qu’on a nommées jusqu’à aujourd’hui les bourgs de Jaïr » (v. 4). Les descendants de Jaïr sont donc des conducteurs. Ils ne réclament pas cette place, mais ils l’occupent pratiquement. Chacun, dans son propre cercle d’influence peu étendu, a une position d’autorité sur une ville. Ces villes sont nommées d’après leur père, Havoth-Jaïr (les vies de Jaïr) ; elles perpétuent, pour ainsi dire, la vie de Jaïr, même après sa mort.
            Jaïr signifie : celui qui donne la lumière. Thola avait suggéré la pensée de l’humiliation de notre Seigneur jusqu’à la mort, Jaïr évoque la pensée qu’Il donne à son peuple sa lumière pour leur croissance. Ces trente villes suggèrent que cette croissance par la vérité se poursuit chez les descendants.
            Tout est simple, il n’y a pas de bruit d’armes ! Au milieu de la ruine, après le chaos apporté par Abimélec, il peut y avoir une restauration s’il y a un gouvernement humble et paisible, dans un abaissement qui va jusque dans la poussière. Celui qui règne se tient dans la poussière ; il a d’humbles pensées de lui-même, et est souvent méprisé par les autres. La puissance qui gouverne le peuple de Dieu est celle de la faiblesse qui se repose sur le Tout-puissant. Si, dans notre petitesse, nous prenons place à côté de l’Homme de douleurs dans l’humiliation, nous avons la clé du gouvernement, de la puissance et de l’autorité parmi le peuple de Dieu. On n’a jamais vu le peuple de Dieu prendre sa place avec Thola dans un abaissement complet, sans voir de délivrance.
            Dès lors, la connaissance de la vérité divine va transformer le peuple. Les progrès sont alors beaux à voir, et, bien qu’elle puisse ne pas être très visible, il y a là une véritable autorité, ainsi qu’une croissance réelle.
            Il est très intéressant de voir que cela se passe en Galaad, de l’autre côté du Jourdain, le côté terrestre de l’héritage. Galaad signifie témoin ou témoignage. Ainsi, en croissant, le peuple de Dieu maintient un véritable témoignage devant le monde. Là où l’ennemi attaque en premier, c’est du côté de Galaad, du côté de notre témoignage, comme nous le verrons plus loin. Il est consolant de voir le peuple de Dieu s’accroître par la lumière de la vérité et maintenir un témoignage, de sorte que le monde lui-même voit la vie de Jaïr.
            En fait, ce qui est un vrai témoignage aux yeux du monde, c’est la vie ; ce sont ces villes de Jaïr, ces villes de la vie établies par la lumière de la vérité. Le monde ne peut pas nier la marche avec Dieu ou la croissance spirituelle. Il peut nier la profession et s’en moquer, mais il ne peut mépriser, même s’il affecte de le faire, une vraie croissance spirituelle.
            Notons également que la croissance est liée au gouvernement, car c’est ce que signifie le fait de monter des ânons. En Orient, c’était le signe distinctif du souverain. Deborah fait allusion à cette coutume dans son cantique (5 : 10). En entrant à Jérusalem, monté sur un ânon, le Seigneur a été salué comme roi (Jean 12 : 13-14).
            Jaïr meurt et est enterré à Kamon. Différentes significations ont été données à ce mot qui dérive de la racine croître. L’une d’elles, champ de céréales, est très significative. En effet, de telles vies ont la promesse de la résurrection avec une récolte abondante.
            Quel contraste avec Abimélec, ou plutôt quel remède après lui ! Puissions-nous en apprendre la leçon : être humble et reluire.


                        Le nouveau déclin du peuple d'Israël

            Nous arrivons maintenant à un récit qui, par sa longueur, comme nous l’avons vu, présage de conflits entre les principes de Dieu et les pratiques du peuple. La vie de Jephté va nous fournir matière à réflexion. Nous avons tout d’abord le récit d’un nouveau déclin des fils d’Israël, ce qui n’était pas le cas avec Thola ou Jaïr. Ici, le nombre de leurs dieux est accru au point d’inclure tous les dieux des païens qui les entouraient. « Ils servirent les Baals, et les Ashtoreths, et les dieux de Syrie, et les dieux de Sidon, et les dieux de Moab, et les dieux des fils d’Ammon, et les dieux des Philistins » (v. 6).
            L’apostasie semble être plus profonde qu’aucune autre ; elle est telle qu’ils servent tous les dieux possibles, sauf le Dieu vivant. Si la vérité est exclusive, l’erreur, elle, est tolérante. La chair, qui a dix mille façons de se manifester, adore et sert des milliers de dieux. Il n’y en a qu’un devant qui elle ne peut s’incliner, c’est le Dieu vivant ; plus elle multiplie ses dieux, plus elle s’écarte du vrai Dieu. C’est ce que nous avons ici avec Israël. Les livres des prophètes présentent abondamment cette triste situation ainsi que le plaidoyer de la patience divine envers Israël.
            Le résultat est inévitable. Si nous avons perdu le sens de l’autorité de Dieu, il ne peut que nous abandonner à l’autorité de ce que nous avons suivi. C’est très important. Cela nous montre, et c’est touchant, que Dieu ne prend pas plaisir à juger ou à châtier. Il laisse simplement son peuple récolter le fruit de sa propre folie. C’est comme s’Il disait : Je ne vous inflige pas ce châtiment, je vous montre simplement le résultat de votre propre mal. - Puisqu’ils servaient les dieux des Philistins et des Ammonites, ils ont donc été livrés à ces peuples pour être écrasés sous leurs talons de fer.
            Rendons ce témoignage à Dieu : Son règne est-il parfois pénible ? Son service est-il dur et amer ? Epreuves et difficultés peuvent s’y rattacher, et la chair s’y manifester, mais notre cœur ressent-il comme étant pénible, un joug qui est pourtant « facile à porter » et un fardeau qui est « léger » (Matt. 11 : 28-30) ? L’apôtre de l’amour, l’apôtre qui était le plus près du cœur de Christ, dit que « ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean 5 : 3). Mais si nous devions témoigner au sujet de la domination du mal, dirions-nous qu’il est léger, ou qu’il est une tyrannie écrasante ? Quel que soit le mal auquel l’âme est asservie, de la simple mondanité à la plus grossière immoralité, de la simple indifférence à Dieu à l’infidélité la plus totale, cet esclavage n’est-il pas terrible et amer pour l’âme ?
            Il en était ainsi avec Israël. L’asservissement aux Philistins, dont il est parlé ici, va se poursuivre jusqu’à ce que David les en délivre complètement. Les Philistins ne sont pas encore vraiment vus ici, il y en avait déjà des allusions dans le récit de Shamgar. Cet ennemi, situé sur leur frontière occidentale, entre Canaan et l’Egypte, menaçait de venir à la première occasion. Ici, dans son éloignement de Dieu, le peuple avait ouvert les bras à diverses idolâtries ; aussi, répondant pour ainsi dire à l’invitation, les Philistins prenaient le pouvoir qu’Israël mettait dans leurs mains, et dès lors, allaient dominer.
            Mais c’est avec la puissance des fils d’Ammon qui habitent sur la rive Est du Jourdain que Jephté a surtout affaire. Ammon était l’autre fils de Lot. Nous avons déjà vu ce que Moab représentait ; le même enseignement s’applique à Ammon, mais avec des différences propres à son caractère. Ammon, comme Moab, étant lié à Israël par nature, fait penser à la profession qui ressemble extérieurement à la vérité de Dieu, en contraste avec d’autres ennemis qui ne lui ressemblent pas du tout.
            Moab représente une profession entièrement vide, accordant toute indulgence à la chair, car Moab était en étroite relation avec Amalek – les convoitises de la chair. La profession que représente Ammon est plus marquée par le pouvoir d’un dominateur que par la satisfaction de la chair. Sihon, roi des Amoréens, roi de Hesbon, dominait de fait les fils d’Ammon, même s’ils préservaient leur identité naturelle. Les Amoréens parlent beaucoup, comme nous l’avons déjà vu ; leurs grands discours ne sont que vanités. Pleins d’eux-mêmes et de leurs propres paroles, ils évoquent donc l’activité de l’esprit humain. C’est la capitale de ce roi qui nous donne la clef du caractère des Ammonites. Hesbon signifie raisonnement. C’est donc l’introduction de l’esprit de l’homme, de la raison, de l’intellect, dans les choses de Dieu.
            Nous l’avions déjà vu avec Jabin, roi de Hatsor, l’ennemi du Nord. Une grande similitude existe entre Jabin et Ammon. Dans le cas de Jabin, l’attaque de l’infidélité qui renie totalement le christianisme est plus franche ; ses ressources sont en dehors de la révélation, même si elle applique son raisonnement à la Parole de Dieu, ou formule une théologie. Dans le cas d’Ammon, c’est l’attaque de la profession qui prétend être le christianisme, mais qui ne l’est pas. Elle revendique sa parenté avec le peuple de Dieu, mais détruit sa foi. C’est l’utilisation de l’intellect au sujet de la vérité divine, construisant des systèmes erronés d’après de fausses interprétations de la Parole de Dieu.
            Il serait intéressant de retracer l’histoire de l’hérésie parmi le peuple de Dieu. Elle est toujours venue en s’appuyant sur la vérité divine et en y greffant quelque chose de faux. C’est ce qui fait la différence entre le règne d’Ammon et celui de Jabin. Celui-ci vient de l’extérieur introduire sa philosophie, alors qu’Ammon se sert de la vérité pour enseigner l’erreur. Il ne nie pas la révélation, ni l’explique, mais à partir de termes ou de certaines doctrines bibliques, il bâtit un système qui finit par être absolument anti-scripturaire. C’est l’hérésie.
            Ceux qui connaissent l’histoire des fausses doctrines, savent comment le gnosticisme, entre autres hérésies, a surgi très tôt dans l’histoire de l’Eglise, et s’est répandu jusqu’à envelopper presque toute l’Eglise professante. Ce système philosophique a utilisé des noms divins, et la vérité divine, mais a anéanti le pouvoir de la vérité en faisant usage de celle-ci sans la puissance et l’aide du Saint Esprit, et sans la soumission à la Parole de Dieu. Il est frappant de constater que ce système gnostique soit toujours d’actualité, et que ses enseignements soient, dans une certaine mesure, répandus en Europe. Ce n’est que l’une des nombreuses formes d’hérésie qui est suggérée par cette invasion ammonite.
            L’invasion a lieu à l’Est d’Israël, qui est son côté terrestre. Les hauteurs sont plus sûres, mais il faut traverser le Jourdain pour s’y trouver, il faut être associés à Christ dans sa mort et dans sa résurrection. Si nous y sommes en réalité et non pas formellement, la puissance du mal ne peut nous toucher.
            La puissance de la fausse doctrine est inimaginable. L’état de la chrétienté envahie par les hérésies est consternant. Elles sont dirigées par des Ammonites, des gens qui ont le nom de chrétien, qui utilisent le langage chrétien, qui parlent avec la Bible en main. Les Ammonites ne sont pas morts à l’heure actuelle : ce sont tous ceux qui, tout en faisant profession de christianisme, utilisent la Parole de Dieu pour servir Satan au lieu de Christ. Cet état de chose est dû non seulement aux attaques venant de l’extérieur, mais aussi à celles venant de l’intérieur, de la profession qui veut reprendre à la foi son ancien territoire ammonite.
            La puissance de la fausse doctrine domine toute la partie orientale. Tous sont sous sa domination en Galaad, et à l’est du Jourdain ; elle s’est aussi introduite dans le pays lui-même et a assailli les forteresses de Benjamin, de Juda et d’Ephraïm, qui représentent le cœur et les remparts de l’héritage de Dieu. Il y a eu des moments dans l’histoire de l’Eglise où une hérésie, comme l’arianisme qui niait la divinité de Christ, s’est tellement propagée dans l’église professante, que les témoins de Christ, comme Athanase, le grand défenseur de la vérité quant à la Personne de notre Seigneur, étaient bannis. De fait, l’empereur Constantin était lui-même un Arien, et la multitude ne faisait que suivre leur leader. Telle est donc la puissance de la fausse doctrine qui envahit le peuple de Dieu par la profession.

 

                        La repentance du peuple et la promesse d'une délivrance

            L’oppression est si intense que, grâce à Dieu, les fils d’Israël finissent par crier à Dieu, confessant que leur éloignement avait conduit à cet état de choses. Tant que la cause qui a conduit à l’hérésie n’est pas confessée, il n’y aura aucune puissance pour la combattre. Pourquoi la fausse doctrine s’introduit-elle parmi le peuple de Dieu et le tient sous sa puissance ? Si Christ occupait la place qu’Il devrait occuper dans nos cœurs, et s’Il régnait vraiment sur l’Eglise, l’hérésie pourrait-elle s’introduire sur les lieux élevés de l’héritage de Dieu ? Non, c’est impossible. La profession trouve l'occasion d’introduire de mauvaises doctrines lorsque le cœur se refroidit, et que notre vigilance se relâche. Il est effarant de réaliser combien ce mal s’est propagé dans l’Eglise aujourd’hui.
            Il y a confession, mais Dieu, qui est fidèle, doit leur montrer que s’éloigner de Lui est une chose, mais que c’en est une autre de revenir. Reconnaître la puissance de l’Ennemi après s’être éloigné est un premier pas, mais cela ne nous rapproche pas de Dieu. Après un long châtiment, nous pouvons prendre conscience de notre péché, nous tourner vers Dieu et le Lui confesser sincèrement. Mais pour autant, allons-nous retrouver tout ce que nous avons perdu d’un coup ? Non, il nous faut boire l’eau sur laquelle la poussière du veau d’or a été répandue, et récolter ce que nous avons semé. C’est ce qu’Israël a dû faire. Avec une ironie solennelle, Dieu leur dit : « Allez, et criez aux dieux que vous avez choisis ; eux, vous sauveront au temps de votre détresse ! » (v. 14).
            La discipline a un effet béni : ils se tournent vers Dieu. Leur misère les oblige à se détourner de l’ennemi qui les avait séduits, et les conduit à la confession, au moment où le pouvoir de l’ennemi est le plus grand. Etant forcés d’avouer leur péché, ils secouent le joug, ôtent les faux dieux du milieu d’eux, servent l’Eternel et s’abandonnent entre ses mains : « Nous avons péché ; fais-nous selon tout ce qui sera bon à tes yeux ; seulement, nous te prions, délivre-nous ce jour-ci » (v. 15). Dieu ne peut rester impassible devant la misère, quand bien même elle est produite par le péché : « Son âme fut en peine de la misère d’Israël » (v. 16).

 

                        Jephté, le huitième juge

            Chaque fois qu’il y a une vraie repentance, Dieu ne laissera pas son peuple ; Il le délivrera, au moins partiellement.
            Cela nous conduit à considérer la vie de celui qui va délivrer le peuple de Dieu de cette hérésie. Comme Thola, il est méprisé et rejeté. Hormis certaines choses dans la vie de Jephté, celui-ci est un type du Seigneur en plusieurs circonstances. Ses frères le rejettent, ils ne voulaient rien avoir affaire avec lui, ils en avaient honte, et lui n’avait pas d’apparence pour se faire désirer. Jephté nous rappelle Celui qui a été rejeté par ses frères, comme Joseph, autrefois, et comme David plus tard, quand il fut méprisé par ses frères auxquels il apportait un message d’amour, sur le champ de bataille. Ainsi rejeté, Jephté doit quitter son pays. Dans un pays lointain, il rassemble autour de lui ceux qui, comme lui, sont méprisés, les hommes légers, comme ceux qui sont en compagnie de David dans la caverne d’Adullam (1 Sam. 22 : 1-2). C’est avec hésitation que nous disons que Jephté est un type du Seigneur, car il y avait une raison morale pour que Jephté soit rejeté par ses frères – il était « fils d’une femme étrangère » - alors que le Fils de Dieu était pur et sans tache. En gardant cela à l’esprit, son rejet évoque néanmoins Celui qui était « séparé de ses frères ».

                                    La victoire sur Ammon

            Le seul qui peut donc libérer le peuple de Dieu de la puissance du mal et de la fausse doctrine, est celui qui a lui-même été rejeté par ses frères ; Christ seul a la puissance de délivrer. Le nom même de Jephté est très frappant, il signifie celui qui ouvre, et suggère celui qui nous ouvre la Parole de Dieu. Comment pouvons-nous être délivrés de la fausse doctrine ? C'est quand la Parole de Dieu nous est ouverte, et que la vérité nous illumine. Nos cœurs étant ouverts à son action sur nous, notre œil étant ouvert pour voir les merveilles de la loi de Dieu, la puissance de l’erreur s’enfuira.
            Aucun détail stratégique n’est donné sur ce conflit avec Ammon, car la simple lecture de la Bible suffit pour remporter la victoire. Jephté va vers les fils d’Ammon et leur lit, pour ainsi dire, un chapitre de l’Ecriture relatant l’histoire des voies de Dieu, où l’on voit comment Dieu avait renversé Sihon, roi des Amoréens, et avait introduit son peuple dans cet héritage qu’Ammon leur réclamait maintenant. Pendant 300 ans, les fils d’Israël avaient joui de cet héritage de Dieu, sans conflits avec Ammon qui avait été contraint de reconnaître leurs droits. Jephté prend clairement parti contre eux en leur ouvrant cette Ecriture.
            Pour agir contre la fausse doctrine, il faut lui opposer la vérité. Si nous sommes nourris de la Parole de Dieu, nous pourrons l'ouvrir à un hérétique, qu’il ait ou non une Bible en main. Si notre cœur a été ouvert par l’Esprit de Dieu à sa vérité, nous pouvons faire face à celui qui détient une mauvaise doctrine, et le vaincre par la puissance de cette Parole.
            Sans anticiper, l’alliance que contracte Jephté avec Galaad présage sa défaillance, même s’il a agi pour Dieu. Il dit à Galaad que si l’Eternel lui livrait l’ennemi, il serait leur chef. Il eut été bon que ces hommes fassent alliance pour être soumis à la Parole de Dieu et se laissent diriger par elle. Mais, comme Abimélec avant lui, Jephté a la volonté de régner. Il est, certes, bien supérieur à Abimélec qui n’avait aucune spiritualité, alors que lui se tient pour Dieu, mais il veut être chef et le sera. Il n’a pas accepté d’avoir été rejeté ; il considère cela comme un mauvais traitement au lieu d’y voir la main de Dieu. Il leur rappelle donc qu’ils l’avaient méprisé et que, s’il leur rend service, ils doivent le reconnaître et lui donner une place élevée. Ce désir d’être à la tête, est une des causes qui a conduit à de tristes défaillances.
            Il rassemble le peuple et va à la rencontre d’Ammon, sur le terrain de la vérité. Il déploie simplement devant eux leur titre de propriété de cet héritage, leur montrant comment Dieu le leur avait offert et comment, en dépit de l’opposition de Sihon, d’Og et de toutes les puissances ennemies, ils en avaient pris possession. Puis, revendiquant pour Dieu leurs droits à l’héritage, il se moque d’Ammon en face, disant : « Ne possèdes-tu pas ce que ton dieu Kemosh t’a fait posséder ? » (Jug. 11 : 24). Il lance le défi, puis, dans ce conflit dont nous n’avons aucun détail, il remporte une victoire complète et absolue sur la puissance du mal.
            Cela nous montre que la victoire sur l’hérésie s’obtient avec la Parole ouverte, avec une conscience et un cœur ouverts. Nous devons d’abord tracer une ligne de séparation entre la fausse doctrine et nous. Le peuple de Dieu ne peut se permettre un seul instant de faire alliance avec ceux qui détiennent une fausse doctrine. En revanche, supporter l’ignorance, et ceux qui n’arrivent pas à saisir pleinement la portée de la vérité divine, est la pensée de Dieu. Un chrétien peut ignorer les vérités prophétiques, ou l’étendue de la rédemption et de ses résultats, cela ne nous empêche pas d’avancer patiemment avec lui.
            Mais si un homme remet en question la divinité du Fils de Dieu, niant la véritable humanité et l’incarnation de notre Seigneur, pouvons-nous le suivre ? S’il nie la valeur de l’œuvre expiatoire de Christ, ou tout ce qui touche aux fondements de notre très sainte foi, nous soumettre à lui un seul instant est déloyal envers Celui qui nous a rachetés. Comme Jephté, la seule chose à faire devant une fausse doctrine est de la renier entièrement, avec l’aide de la Parole de Dieu. C’est ainsi qu’il remporte la victoire, et conserve l’héritage qui avait été le leur pendant tant d’années.

                                    La défaillance de Jephté et la guerre civile parmi le peuple

            Jephté avait fait le vœu que si l’Éternel livrait les fils d’Ammon en sa main, il offrirait en holocauste à l’Eternel tout ce qui sortirait de sa maison. Nous n’approfondirons pas la question de ce qu’a fait Jephté avec sa fille. Malgré tout ce qui a été écrit sur le sujet, il semble que Jephté a fait simplement ce qui est écrit. On ne peut penser qu’un propre juste aux idées bien arrêtées de la trempe de Jephté qui, peu après, prenait les gués du Jourdain et, en toute bonne conscience, égorgeait 42 000 compatriotes, ait été un homme trop tendre pour faire à sa fille ce qu’il avait dit, à savoir de l’offrir en holocauste à l’Eternel. Il n’y a pas plus tyrannique que la conscience d’un propre juste, ni de souffrance plus grandes que celles infligées par une conscience légale.
            Plusieurs considèrent que c’est la consécration symbolique de sa fille à la virginité perpétuelle. Mais il semble que le caractère entier de Jephté était tel qu’il était bien capable d’accomplir un tel vœu. On avance qu’il connaissait trop bien les Ecritures, et notamment l’histoire d’Abraham. Mais une conscience faussée pouvait facilement se méprendre sur le commandement de Dieu à Abraham, oubliant que Dieu avait arrêté sa main et qu’il ne l’avait pas sacrifié (Gen. 22 : 12) ; un propre juste égoïste, ayant toujours été irrité par le mépris de ses frères, pouvait bien s’en faire une fausse idée.
            Il est triste de voir que ceux qui sont parfois les plus fidèles pour combattre l’hérésie, ne savent pas faire la distinction entre combattre le vrai hérétique, et détruire ce qui nous est le plus cher. L’expérience montre qu’une fermeté inébranlable avec l’Ennemi est souvent suivie d’une même fermeté avec nos frères. Le sacrifice de la fille de Jephté n’est-il pas suivi du massacre de ses frères ? Il semble que l’homme réduise toujours tout à néant ! L’épée de Jephté était tirée, et tout comme il avait tué les Ammonites, il tuerait sa fille, puisqu’il l’avait promis à Dieu, et il tuerait les hommes d’Ephraïm aux gués du Jourdain, car ils s’étaient dressés contre la vérité. La sévérité et la dureté de l’homme l’emportent hélas souvent sur une simple fidélité à Dieu, allant jusqu’à détruire ses propres frères. Ne devons-nous pas en tirer leçon pour nous-même ? Gardons-nous de cet esprit qui ne fait aucune distinction, qui ne discerne pas les âmes qui doivent être sauvées avec crainte, comme le dit l’épître de Jude (v. 23) ? Le peuple de Dieu a trop souvent été traité de la même façon que les ennemis de Dieu.
            Il semble que la défaillance de Jephté consiste à utiliser brutalement l’Ecriture sans discernement. Pouvons-nous traiter quelqu’un dont le cœur est rempli d’amour pour Christ et qui désire Lui plaire, de la même manière que quelqu’un qui enseigne des blasphèmes, et des fausses doctrines sur la Personne du Seigneur ? Les Ammonites et les Ephraïmites sont-ils les mêmes pour qu’un même jugement leur soit infligé ? Certainement pas. L’Ephraïmite est un frère israélite, même s’il est prétentieux, même s’il traite les Galaadites de fugitifs d’Ephraïm, même s’il est jaloux de la victoire de Galaad.
            Nous pouvons être amenés à devoir faire face à Ephraïm, mais certainement pas en leur prenant les gués du Jourdain, en les contraignant de dire shibboleth, et en éliminant ceux qui ne le prononcent pas assez bien. Shibboleth qui signifie un courant, ce qui divise, fait allusion à ce qui séparait Galaad d’Ephraïm ; c’était donc passer au fil de l’épée ceux d’Ephraïm qui ne pouvaient pas bien se prononcer sur ce qui divisait. Ce n’était plus de la fidélité, mais une destruction insensée. Avec Abimélec, la faillite du gouvernement de l’homme était liée à la recherche de sa propre grandeur, avec Jephté elle est liée à une conscience légaliste, marquée par la dureté et la sévérité. C’est la prétention de l’ascète qui se rend malheureux, et rend tout le monde malheureux autour de lui, surtout lorsqu’il se sert de l’Ecriture par laquelle il juge les hérétiques, et l’applique implacablement à ceux qui ne comprennent pas cela.
            Dans l’histoire de l’Eglise, il y a eu beaucoup de Jephté. Nous sommes horrifiés en pensant aux persécutions du peuple de Dieu menées tant par les catholiques romains que par les protestants.
            Si nous voulons exercer une autorité de la part de Dieu, il faut ne pas avoir une vue partielle de l’Ecriture, et ne pas avoir une conscience qui se plaît à faire des choses parce qu’elles sont pénibles.
            Jephté semblait penser que Dieu voulait qu’il fasse ce qui lui était pénible, juste parce que c’était pénible. C’est pourquoi il pouvait sacrifier sa fille – ou la bannir de la maison, le principe est le même – puis, ayant goûté au sang, il pouvait tuer 42 000 de ses frères. N’est-il pas solennel que, dans l’histoire de l’Eglise, ceux qui ont vaincu les hérésies sont ceux qui ont ensuite croisé le fer avec leurs frères, et se sont battus au sujet de choses non vitales ? Aujourd’hui, si nous ne voulons pas être des Jephté, veillons à ne pas avoir une conscience maladive caractérisant l’âme sous la loi, qui presse le peuple de Dieu de questions qui ne sont pas vitales, et qui ne font que diviser les enfants de Dieu entre eux, sans les séparer de leurs ennemis.

            Revenons au massacre des hommes d’Ephraïm. Le contraste avec l’attitude de Gédéon dans des circonstances similaires est frappant. L’effronterie d’Ephraïm était peut-être plus grande cette fois-ci, mais l’esprit dans lequel il y a été fait face, complètement différent ! Gédéon, en toute humilité, reconnaît les hommes d’Ephraïm non seulement comme des frères, mais comme plus excellents que lui-même. « Qu’ai-je fait en comparaison de vous » (8 : 2). Gédéon ne cherchait pas à être chef, et n’était pas atteint par leurs reproches. Il rejetait le moi, mais sans le sacrifier, comme si c’était agréable à Dieu.
            Si Jephté avait été animé du même esprit que Gédéon, il aurait trouvé d’autres moyens que cette tuerie pour corriger les hommes d’Ephraïm. Sans plaider pour l’indifférence ou la faiblesse, il faut du discernement. C’est là que Jephté a failli, il se vengeait d’un affront personnel, ce n’était pas du zèle pour le Seigneur. C’est parce qu’Ephraïm les avait maltraités, menacés et insultés, que leur colère s’enflamma contre eux.
            Ephraïm ne montre que les fruits mûrs d’un orgueil non jugé ; ils s’étaient déjà montrés mais n’avaient jamais été extirpés. C’est un orgueil cherchant une position et une dignité. Il justifie sa prééminence par son passé ou ses dons présents, mais ce n’est qu’orgueil, et volonté propre.
            L’orgueil doit être brisé. Dieu ne pourra jamais rien en faire s’il n’est pas jugé ; tout témoignage fidèle mais basé sur l'orgueil sera détruit. Dieu peut patienter, comme dans le cas de Gédéon, ou se servir de la sévérité excessive de Jephté pour l’enseigner. Si Ephraïm avait appris ces leçons, la division du royaume sous Roboam n’aurait pas eu lieu. Il y a ainsi des leçons à apprendre et de Jephté et d’Ephraïm.

 

                        Les successeurs de Jephté

            En contraste avec la défaillance de Jephté, la dernière partie du chapitre 12 présente le remède à cette triste condition. Comme nous l’avons déjà vu, la brièveté de la description des successeurs de Jephté indique que l’accent sera mis sur le côté de Dieu, plutôt que sur celui de l’homme.

                                    Ibstan

            Après la mort de Jephté, Ibtsan de Bethléem fut juge en Israël. La signification du nom Ibtsan est probablement pureté, venant d’une racine signifiant être blanc. La pureté est le remède à la dureté impitoyable qu’exerçait Jephté. La sagesse qui vient d’en haut est « premièrement pure, ensuite paisible » (Jac. 3 : 17). Nous parlons de la dureté de Jephté, sans oublier que l’infidélité du peuple est aussi condamnable. Mais la dureté de Jephté doit être reprise comme elle le mérite. Nous n'avons pas à tuer nos frères sans discernement. Mais nous ne pouvons pas non plus ignorer ce que nos frères détiennent, ce qu’ils font, s’ils sont soumis à Dieu ou non, sans quoi ce serait tomber dans le travers inverse. La sagesse qui vient d’en haut est premièrement pure, et il ne peut y avoir de paix sans la pureté. Sacrifier cela, c’est tout sacrifier.
            Ibtsan, à la différence de Jephté, a 30 fils et 30 filles. C’est à nouveau un signe de croissance selon Dieu. Au lieu de tuer ses frères et sa fille unique, et mettre fin à tout espoir de perpétuer les principes qu’il défend, ce juge rassemble et peut ainsi multiplier sa famille. Il peut propager les principes de pureté auxquels il tient. Rien de plus n’est dit de son règne. Soyons certains que si la pureté règne, il sera fait face à l’orgueil d'Ephraïm d’une façon ou d’une autre. Il ne lui sera pas permis de se mettre à la tête pour créer une division parmi le peuple de Dieu ; il ne sera pas traité avec indifférence.

                                    Elon

            Elon le Zabulonite juge Israël pendant dix ans. Il n’est rien dit de plus sinon qu’il a jugé le peuple. Zabulon évoque la communion avec Dieu. Elon (le fort) montre qu’après la pureté vient la force, et en ce sens la prospérité.
            Il doit y avoir de la force dans le gouvernement du peuple de Dieu. Ce serait pure folie de l’ignorer. Plaider pour l’insouciance ou l’infidélité aux principes divins serait un grand mal. L’ordre de la maison de Dieu doit être maintenu d’une main ferme. Si nous sommes indifférents à la volonté de Dieu, c’est la fin de tout témoignage à Christ.
            Le nombre ne peut entrer en ligne de compte. Si nous n’arrivons pas à nous plier à l’autorité du Christ, de peur de perdre quelqu’un ou de ne pas en gagner, nous n’agissons ni selon la pureté, ni par la force divine. Elle est solennelle la responsabilité de ceux qui entraverait les frères qui s’efforcent de maintenir l’ordre de Dieu.
            Il y a un grand besoin de soins pastoraux parmi les saints. Ceux qui ont besoin d’être repris et corrigés, devraient l’être sans retard. « Nous vous y exhortons, frères : avertissez les déréglés, consolez ceux qui sont découragés, venez en aide aux faibles, soyez patients envers tous » (1 Thes. 5 : 14). Ce sont là des provisions complètes pour des soins pastoraux fermes mais tendres. Un mal non repris se répandra jusqu’à devoir être jugé avec une vigueur beaucoup plus grande que s’il l’avait été fidèlement dès le début.
            De plus, il ne peut y avoir de gouvernement ferme dans la maison de Dieu s’il n’y a pas le plus grand soin pour la réception des enfants de Dieu à la communion. S’il y a de la faiblesse ici, elle sera partout. Tout doit se faire dans l’amour, mais aussi selon la vérité. Des problèmes surviendront inévitablement si les soins à la réception et les soins pastoraux sont négligés. Que les expériences passées nous servent de leçon pour l’avenir.

                                    Abdon

            Abdon (servir), est le fils d’Hillel (louange), le Pirhathonite : cela nous parle du service qui émane d’un cœur rempli de louanges. Il habite un lieu qui parle de rédemption et de délivrance. Ce n’est pas un Jephté qui n’avait qu’une règle pour mesurer ceux du peuple à retrancher s’ils n’arrivaient pas à la hauteur. Abdon est disposé à servir par l’amour qui jaillit d’un cœur rempli de louanges. Là où le peuple de Dieu demeure dans Sa maison et déborde de louanges, le service envers les frères s’accomplira, et la maison de Dieu sera gouvernée non par la violence, mais dans la puissance et la force de la pureté. C’est cela et non la négligence qui est l’antidote à la dureté de Jephté. Puissions-nous retenir que pour réagir contre la sévérité il faut ces trois choses : pureté, force et service. Tenons fermement à la pureté de la vérité, soyons fermes là où elle est remise en question, ayons un cœur rempli de louanges, et nous verrons qu’il n’est pas nécessaire d’être des Jephté pour tenir ferme pour Dieu. Usons « des armes de justice de la main droite et de la main gauche » (2 Cor. 6 : 7), nous serons alors gardés des erreurs de toutes parts. Que le Seigneur imprime sur nos cœurs cette leçon dont nous avons tant besoin.

 

D'après S. Ridout