SHALLUM ET SES FILLES A L’OUVRAGE
Jérusalem dans la misère et dans l’opprobre
Le constat affligeant de Néhémie
Tout Juda à l’ouvrage !
Shallum et ses filles
Une tâche difficile pour des filles
La muraille entièrement rebâtie !
Au moment où chacun, ou presque, travaillait à réparer la muraille autour de Jérusalem, qui était depuis longtemps en ruine, Shallum et ses filles sont mentionnés brièvement (Néh. 3 : 12). Avant de nous arrêter un peu sur ce que nous enseigne l’Ecriture par l’exemple de ces trois personnes travaillant avec zèle pour Dieu, rappelons quelle était la situation de Jérusalem et celle de ses habitants à ce moment-là.
Jérusalem dans la misère et dans l’opprobre
Non content de détruire la ville, l’ennemi s’était acharné en brûlant même ses portes ; sept d’entre elles au moins ont été fortement endommagées. L’importance de cette muraille est évidente : elle était censée protéger la ville et séparer ses habitants de l’influence néfaste des ennemis impies environnants.
Cyrus était entré sans coup férir à Babylone ; Dieu avait incliné son cœur à user de miséricorde à l’égard des restes de Juda. Ils étaient captifs, dans un état de péché invétéré. Mais 50 000 personnes environ sont « réveillées » par l’offre de ce roi, et elles peuvent revenir en Israël. Avec ferveur, ce petit résidu remet l’autel sur son emplacement et reconstruit le temple (Esd. 3 : 3 ; 6 : 16). Le service de la louange peut reprendre ; mais le zèle décline rapidement et tout travail de réparation cesse.
Aussi, après une visite de Jérusalem, Hanani se rend chez Néhémie son frère, qui était alors l’échanson du puissant roi des Perses : Artaxerxès (Néh. 1 : 11). Hanani lui dépeint l’état désastreux de ce résidu ; ces Juifs sont dans la misère et dans l’opprobre, et la muraille de la ville est toujours en ruine (v. 3). En l’écoutant parler, Néhémie se met à pleurer. Son peuple était l’objet constant de son cœur devant Dieu. Ensuite, il jeûne et prie. En s’associant à Israël, il confesse leurs péchés et reconnaît : « Nous avons très mal agi contre toi » (v. 7). Toutefois, il rappelle ensuite les promesses formelles de Dieu faites à Moïse : ramener tous ceux qui étaient dispersés au loin, s’ils se repentaient (v. 9). Puis Néhémie Lui demande : « Que ton oreille soit attentive à la prière de ton serviteur » (v. 11), et il prie l’Eternel de lui faire trouver miséricorde aujourd’hui devant « cet homme » - Néhémie parlait ainsi du roi.
La réponse divine se fait attendre ; mais quelques mois après, pendant que Néhémie sert à boire au roi, celui-ci l’interroge subitement sur son « mauvais visage ». Perspicace, aidé par Dieu, Artaxerxès a décelé qu’il s’agit chez Néhémie d’une tristesse de cœur. D’abord très effrayé, l’échanson ouvre pourtant son cœur à son souverain : Jérusalem, le lieu où se trouvent les sépulcres de ses pères, est dévasté. Et il insiste sur ce fait très significatif : les portes sont « consumées par le feu » (2 : 3).
Dans cette circonstance encore, comme le déclare Proverbes 21 : 1, Dieu a disposé le cœur de ce monarque, et ce dernier dit à son serviteur : « Que demandes-tu ? ». Néhémie prie d’abord - certainement très brièvement. Enfin, il expose au roi ses désirs qui paraissent un peu fous à vue humaine (v. 5).
Néhémie est un homme de haute capacité, également rempli d’amour pour son peuple. Débordant d’énergie, il désire se rendre sur la terre de ses ancêtres. Son but est d’aider ses frères à se ressaisir. Il s’attend à Dieu seul pour recevoir les matériaux nécessaires aux réparations. « Il plut au roi de m’envoyer », dit-il (v. 6). A la demande d’Artaxerxès, il lui fixe un temps, qui sera d’ailleurs très largement dépassé. Il est investi par son suzerain d’une autorité sur le plan civil. Il lui donne aussi des lettres pour les gouverneurs. Il pourra recevoir d’eux, au fur et à mesure, les matériaux indispensables à la reconstruction. Avec reconnaissance, Néhémie déclare : « La bonne main de mon Dieu était sur moi » (v. 8). Rien d’étonnant alors à ce que les ennemis, tels que Sanballat ou Tobija se montrent très mécontents en apprenant le projet de Néhémie (v.10).
Le constat affligeant de Néhémie
Néhémie arrive sans encombre à Jérusalem et tient à prendre connaissance par lui-même, de nuit, de l’étendue des destructions. Il agit la nuit suivante, et rencontre à certains endroits de tels obstacles que son cheval même ne peut pas passer (v. 14) ! Le jour venu, il réunit tous ses frères juifs, avec les chefs et les sacrificateurs. Il leur rappelle brièvement la misère dans laquelle ils se trouvent et les encourage : « Venez et bâtissons la muraille de Jérusalem, afin que nous ne soyons plus dans l’opprobre ». Il en rend à nouveau témoignage : la main de son Dieu a été bonne sur lui ! Il rapporte également à ses auditeurs les récentes paroles du roi (v. 17-18). Il reçoit alors de ses frères une belle réponse. Dieu a travaillé dans ces cœurs : « Levons-nous et bâtissons. Et ils fortifièrent leurs mains pour bien faire » (v. 18). Une telle décision ne peut manquer de susciter l’opposition de leurs ennemis. Elle se manifestera d’ailleurs tout le long des travaux. Ils commencent ici à se moquer d’eux. Ils sont pleins de mépris et leur demandent s’ils ont l’intention de se révolter contre le roi.
La réponse de Néhémie est claire, très ferme : « Le Dieu des cieux, lui, nous fera prospérer, et nous, ses serviteurs, nous nous lèverons et nous bâtirons ; mais vous, vous n’avez ni part, ni droit, ni souvenir à Jérusalem » (v. 20). Ce sont des paroles courageuses au milieu d’une telle misère visible pour tous. Dieu les a conservées dans l’Ecriture ; elles sont encore là aujourd’hui, exemplaires, propres à fortifier tous les chrétiens qui ont à connaître, eux aussi, le dénuement et la persécution.
Tous se sont mis au travail, même ceux dont la qualification professionnelle n’avait rien à faire avec la maçonnerie - il est par exemple question d’orfèvres ou de commerçants. Et tout au long du chapitre 3, le Saint Esprit nous « conduit » à faire le tour de la ville et à rencontrer ainsi de petits groupes successifs de travailleurs. Leur nombre, leurs noms, leurs particularités nous sont présentés l’un après l’autre. Ils travaillent tous côte à côte avec leurs frères, bien unis devant l’Eternel. Avons-nous la même attitude de cœur ? Frères et sœurs en Christ, travaillons-nous ensemble à la maison de Dieu ?
Ils sont tous responsables devant Dieu de reconstruire la muraille devant leur propre maison. La Parole mentionne, quand elle le juge utile, le nom de certains d’entre eux (v. 10, 28, 30). Toutefois, cette attitude de cœur n’est pas montrée par tous ; certains s’estiment assez occupés ailleurs. C’est un avertissement pour nous !
Eliashib, le souverain sacrificateur, s’affaire avec ses frères (les sacrificateurs) à réparer une porte, certes très importante, celle des brebis (voir Jean 10). Elle est en tête de la liste. C’est Merémoth, le fils d’Urie, qui prend en charge la protection de sa maison « à la place d’Eliashib » (v. 21 ; 1 Tim. 3 : 5)). Ce travailleur fait partie de ceux qui, pleins d’un zèle selon Dieu, ont réparé une « seconde portion » (v. 11, 19, 21, 24, 27, 30).
Sous la forte impulsion de Néhémie, chacun entreprend donc la réparation d’une porte, d’une tour, d’une partie de mur. Au cours du périple, nous rencontrons ainsi au verset 12 un petit groupe de travailleurs : il s’agit de Shallum - son nom signifie « récompense » -, assisté de ses deux filles ; leur nom n’est pas précisé, mais il est certainement écrit dans le livre de vie (Luc 10 : 20).
Shallum, le fils d’Hallokhesh, occupait une place « en vue » ; chef de la moitié du district de Jérusalem, il était certainement considéré et influent, mais heureux de servir humblement le Seigneur au milieu de ses frères. Il ne faisait pas partie de ces quelques Thekohites « qui avaient refusé de plier leur cou au service de leur Seigneur » (3 : 5) - comparer avec Matt. 20 : 27-28 ; 2 Cor. 5 : 15. Ce triste témoignage à leur sujet se trouve aussi dans le livre de Dieu.
Il n’est pas question de « jeunes gens » dans cette famille de Shallum. La Parole reste également muette sur d’autres sujets, en relation avec leurs conditions de vie : habitat, domesticité. Vu le rang occupé par leur père, il semblerait plausible d’apprendre que ses filles habitaient avec Shallum dans une belle maison, avec peut-être des serviteurs. Dieu prend plaisir à rappeler leur participation active à la reconstruction de cette muraille. Elles ne se sont pas laissé retenir par des motifs - si fréquents - en relation avec leur sexe, leur relative faiblesse ou leur rang social. Leur attitude montre en pratique qu’elles aimaient l’héritage (Ps. 16 : 5-6).
Les filles de Shallum nous rappellent d’autres filles, celles de Tselophkhad (Nom. 27 : 1-11). Celles-ci n’avaient plus leur père, et elles n’avaient pas de frères mais désiraient ardemment conserver l’héritage paternel en terre d’Israël (Ps. 16 : 5-6). Elles se sont présentées à l’entrée de la tente d’assignation au désert, mues par une foi audacieuse. Là, en présence de Moïse et des autres dignitaires à la tête du peuple, elles présentent leur humble supplique. L’Eternel répond à Moïse, qui L’a interrogé humblement à ce sujet : « Les filles de Tselophkhad ont bien parlé » (v. 7). Leur requête est acceptée, la disposition prise en leur faveur devient même désormais habituelle pour régler des cas similaires en Israël (v. 8). Dieu peut-il trouver, à sa gloire, dans nos cœurs, un tel désir à l’égard de notre précieux héritage céleste ? Il nous engage à nous en « emparer », peu à peu. Tout lieu que notre pied a foulé, Il nous le donne (Jos. 1 : 3).
Il faut souligner que des « avantages » fort prisés par les hommes - y compris, hélas, par des croyants - seront sans valeur dans l’éternité, et le sont aussi déjà pour le service de Dieu, dans le temps présent. Christ seul est digne d’être l’objet de notre cœur. Si tel est le cas, nous serons beaucoup plus enracinés dans la foi, l’espérance et l’amour.
Vers Jésus lève les yeux, contemple son visage merveilleux
Et les choses de la terre pâliront peu à peu, si tu lèves vers Jésus les yeux.
Il est pour moi un Sauveur admirable, un Conseiller, un Ami merveilleux ;
Son Nom béni n’a rien de comparable, ni sur la terre, ni là-haut dans les cieux.
Une tâche difficile pour des filles
Le groupe de travailleurs qui œuvrait à côté de Shallum a réparé une « seconde portion », outre la tour des fours (v. 11). Ces deux groupes travaillaient en bonne intelligence ; c’est une condition avantageuse qui doit toujours être recherchée (Ps. 119 : 63). Le mot « réparer » revient constamment dans ce texte ; cette tâche de réparation de la muraille était particulièrement pénible : les pierres de taille (2 Rois 12 : 12) étaient, à cette époque, bien moins aisées à remuer. On devait se servir essentiellement de ses mains ; ayant découvert quelle place elles seraient susceptibles d’occuper dans l’édifice, il fallait ensuite les y transporter (1 Chr. 22 : 2). Pensons un instant à ce que ces « pierres » pourraient représenter sur le plan spirituel ; parmi des hommes encore loin de Dieu, certains ressemblent à des blocs mal équarris difficilement maniables ; il faut se servir avec reconnaissance de toutes les ressources qui sont en Dieu seul. Celui-ci s’est réservé le domaine de l’impossible ! On peut penser à un cas difficile, à Saul de Tarse. Ananias, d’abord réticent, est encouragé à aller le voir et Dieu lui donnera la parole à propos.
La plupart de ces pierres de la muraille de Jérusalem avaient sans doute éclaté sous l’action du feu dont les ennemis avaient maintenu volontairement l’intensité. Elles étaient probablement sous les décombres, et leurs dimensions et leurs formes devenues inattendues. Il fallait avec patience les regrouper et les ajuster entre elles ! Leur accès devait parfois être très difficile. Toutefois, les travailleurs étaient décidés à s’en servir à nouveau. Pour obtenir le résultat harmonieux souhaité, il fallait des efforts soutenus et de la ténacité !
En participant à ces travaux, les jeunes filles s’exposaient volontairement à beaucoup de salissure et à se blesser les mains. Mais les filles de Shallum avaient choisi d’aider à réparer la muraille ! Agissons-nous comme elles, de façon délibérée, positive ? Ou notre conduite relâchée contribue-t-elle plutôt à élargir et à multiplier les brèches ? C’est essentiellement par nos paroles, par nos actes ou notre tenue que nous pouvons nous comporter comme des aides ou, au contraire, comme des entraves. Le monde a constamment les yeux sur nous, de même que les yeux de la reine de Shéba se portaient sur les serviteurs de Salomon (1 Rois 10 : 5). A l’attention de nos jeunes filles, rappelons qu’une femme peut « gagner » son mari désobéissant à la Parole par une conduite pure, dans la crainte de Dieu, et la parure incorruptible d’un esprit doux et paisible (1 Pier. 3 : 3-5).
La muraille entièrement rebâtie !
Dans le chapitre suivant, il est précisé que le peuple « avait le cœur » à l’ouvrage, et la muraille était déjà reliée jusqu’à la moitié (4 : 6). Mais l’Ennemi ne désarme jamais, ne l’oublions pas. Ceux de Juda en sont conscients ; ils prient et ils établissent une garde – c’est un bon exemple pour ceux qui sont appelés à travailler à la « muraille », ou du moins à la sécurité et à la séparation du mal. La ruine est tellement grande de nos jours ! La façon éhontée avec laquelle nous imitons parfois le monde le montre.
Or on apprend qu’ici aussi « les forces des porteurs de fardeaux faiblissent » et qu’il y a « beaucoup de décombres » (v.10). Il y a du découragement au milieu d’eux et on les entend dire : « Nous ne pouvons pas bâtir la muraille ». Mais, soutenu par une communion constante avec l’Eternel par la prière, Néhémie tient bon et leur dit : « Ne les craignez pas ; souvenez-vous du Seigneur, qui est grand et terrible, et combattez pour vos frères » (v. 14).
Finalement 52 jours vont suffire aux travailleurs pour fermer les brèches et rebâtir entièrement la muraille. Ils étaient pourtant, pour la plupart, inexpérimentés au maniement de la truelle et de la pioche, peu habitués aussi à porter de lourds fardeaux.
Le dévouement a plus de valeur aux yeux du Seigneur que des « capacités ». Il donne celles-ci, au fur et à mesure, à ceux qui s’attendent vraiment à Lui. Il l’a fait pour Shallum et ses filles, ainsi que pour beaucoup d’autres qu’Il a appelés à travailler pour Lui. En faisons-nous partie ? Ne nous tourmentons pas à ramer (Marc 6 : 38) ; nous serons ainsi plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés (Rom. 8 : 37).
Ph. L Le 29. 01. 2016