MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (8)
La victoire et les difficultés qui suivent (Jug. 7 : 15 à 8 : 21)
Les préparatifs qui conduiront Gédéon à la victoire
L'enseignement moral du combat de Gédéon à la lumière de 2 Corinthiens 4
Le son de la trompette et le cri de la victoire
Une première difficulté après la victoire : la jalousie d'Ephraïm
Une autre épreuve : Le mépris et le rejet de Succoth et de Penuel
La victoire et les difficultés qui suivent (Jug. 7 : 15 à 8 : 21)
Les préparatifs qui conduiront Gédéon à la victoire
Jusque-là, le travail de Dieu dans l’âme de Gédéon et dans ceux qu’Il avait rassemblés autour de lui, avait été lent et graduel, pour qu’ils soient propres au service. Il en est toujours ainsi. Si Dieu veut se glorifier par notre moyen, Il le fera par des vases sanctifiés et utiles au Maître. Le vase doit être préparé avant d’être utilisé pour manifester Sa puissance. Chaque étape de l’histoire de Gédéon est marquée par cela. Il ne peut y avoir ni vrai service, ni réelle victoire, si Dieu n’a pas préparé le vase pour Son usage.
Au chapitre précédent, nous avons vu comment le peuple avait été épuré jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une seule poignée de soldats et comment Dieu avait encouragé la foi de Gédéon, en lui donnant un dernier signe, gage d’une victoire certaine. C’était le message de Dieu lui-même, prononcé par des lèvres ennemies. C'était sa propre faiblesse qui frapperait de terreur le cœur de ses ennemis.
Il n’y a rien qui sème plus de terreur dans le cœur de l’Ennemi que de voir le peuple de Dieu réaliser sa faiblesse. Un vieux couplet dit ceci, à juste titre : « Satan tremble en voyant un faible saint s’agenouillant ». Etre sur ses genoux indique que l’on ressent sa faiblesse, et ce n’est qu’ainsi que la force de Dieu peut intervenir.
Le gâteau de pain d’orge semble une comparaison grossière ; il témoigne que l’impuissance de l’homme est totale, mais que Dieu est à l’œuvre. L’orge parle d’une grande pauvreté et d’une grande faiblesse. Pourtant, c’est ce simple pain d’orge, roulant dans le camp qui va détruire la puissance de l’ennemi. Il n’est pas étonnant que Gédéon prenne courage quand de la bouche même de ses ennemis, il prend connaissance de la faiblesse du peuple de Dieu. Cette faiblesse qui les a rejetés sur Lui, est un gage de Sa victoire. Si je suis fort, alors c’est moi que Satan va rencontrer. Si je suis faible et rejeté sur Dieu, l'Ennemi sait qu’il doit rencontrer l’Eternel des armées, et c’est tout autre chose que de rencontrer des hommes sûrs d’eux, dont la force est leur honte. Il n’est pas étonnant que Gédéon se prosterne et adore quand il comprend cette leçon.
Dès lors, la victoire sera facile parce que la crainte a disparu du coeur. Affronter le monde et nos adversaires spirituels n’est pas difficile si ce combat a déjà été livré dans le jugement de nous-mêmes, si nous nous sommes tenus devant Dieu dans le secret de notre âme.
Il est à nouveau insisté sur le vrai caractère du combat. C’est une leçon que nous connaissons bien, mais qui ne doit pas pour autant être oubliée. Ces 300 hommes sont divisés en trois corps, comme si ce nombre était trop grand pour s’y fier. Ils ont tous le même étrange équipement : ni épée à la main, ni arc, ni lance, rien que des cruches - des vases de terre - dans lesquelles se trouve une lumière cachée, et dans l’autre main une trompette pour publier la victoire.
L'enseignement moral du combat de Gédéon à la lumière de 2 Corinthiens 4
Il y avait des lumières dans les cruches. « Le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres brille la lumière, c'est lui qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Cor. 4 : 6). Dieu a brillé dans le vase de terre. Il est lumière, et sa grâce qui nous a été révélée est cette lumière qui a brillé dans nos cœurs. Et si elle a brillé dans nos cœurs, ce n’est pas pour la cacher. Or si la cruche est entière, la flamme qui est à l’intérieur est occultée. Mais, comme nous le voyons ici, le brisement de la cruche permettra à la lumière de luire au dehors ; c’est la seule façon de faire. Or, plus la cruche a de la valeur, plus il sera difficile de la briser ; et plus nous réaliserons que le vase qui contient le trésor n'est qu'en terre, plus il sera facile à briser, afin que son contenu apparaisse dans tout son éclat.
Nous connaissons bien cette leçon, mais la mettons-nous en pratique ? Savons-nous laisser briser ce vase, ce moi excellent, sous toutes ses formes, que l’on a façonné avec tant de soin et que l’on chérit tant ; il est devenu le réceptacle de la lumière divine : Dieu a relui dans nos cœurs. Et maintenant, que faire ? La lumière éclaire l’intérieur, et le vase l’empêche de briller au dehors. La lumière est reçue, par grâce, et cette même grâce ne peut se montrer dehors que si le vase est brisé.
Tant qu’il n’a pas reçu la lumière, le pécheur tient à son vase de terre, il ne veut pas le perdre. Dans ce monde où l’on se vante de sa propre excellence, de tout ce que l’on possède, pourquoi ne le ferait-il pas ? Mais voici qu’un jour son cœur est éclairé par l’excellence de la connaissance de la gloire de Dieu, dans la puissance du Saint Esprit. Nous voici donc devant cette alternative : soit le vase reste intact et la lumière intérieure est cachée, soit le vase est brisé, et alors la gloire divine peut briller au dehors. Si la gloire de Dieu remplit notre âme du sentiment de son amour, de sa grâce, et de tout ce qu’Il nous a donné en Christ, quelle place aura le moi ? Si nous avons pleinement conscience de la grâce, nous ne pouvons épargner le vase en le mettant soigneusement de côté pour le réutiliser, il faut en finir avec lui, et le briser pour que la lumière brille au dehors. C’est une question de foi. C’est ainsi que sera vu que « l’excellence de la puissance » est de Dieu et non pas de nous (v. 7).
Oh, ce misérable moi ! Pourquoi le peuple de Dieu n’a-t-il aucun pouvoir sur le monde ? En lisant Romains 7, il est frappant de voir que les pronoms à la première personne - je, moi, mes - sont employés quarante fois ! Ce vase empêchait sûrement la lumière de reluire au dehors, aussi ne la voyons-nous pas briller dans ce chapitre. Le je obscurcit tout. Il ne reste donc qu’à nous estimer morts, comme l’apôtre nous le montre. C’est le brisement effectif du vase. Alors, seulement, l’excellence de la puissance de Dieu pourra se manifester.
Qui penserait pouvoir affronter untel ennemi par ses propres forces ? Il n’est pas étonnant que de chers enfants de Dieu soient oppressés, voire effrayés à cette idée. Mais, en faisant confiance à Dieu, nous comprenons que tout ce qu’Il attend de nous, c’est que nous soyons des vases brisés sans aucune force. Alors quel réconfort, quelle consolation ! Et quand le vase est brisé, nous sommes prêts à sonner de la trompette.
En 2 Corinthiens 4, l’apôtre évoque donc de façon évidente cet épisode de Gédéon. Nous avons déjà cité le verset parlant de la lumière ; le reste du chapitre est une illustration de la façon dont le vase est brisé par des circonstances extérieures. Vient tout d’abord, l’estimation de la foi par laquelle le moi est mis de côté, puis suivent les choses fâcheuses – difficultés, persécutions, perplexité, mort – qui ne sont que le brisement pratique de ce que la foi a déjà mis de côté : la force de la vieille nature. En conséquence, le croyant est conduit en triomphe, en Christ. Pierres, cachots, longues années de captivité ne servent qu’à laisser briller l’excellence de la puissance de Dieu, une lumière qu’aucune épreuve ne peut assombrir.
Le son de la trompette et le cri de la victoire
Sonner de la trompette, qui parle du témoignage, est nécessairement lié au brisement du vase. Ces choses vont de pair. Dieu désire que le témoignage soit accompagné de la lumière et non pas des ténèbres. Il ne veut pas seulement des paroles, aussi puissantes, aussi claires ou aussi vraies soient-elles. Il veut que le vase soit brisé pour que la lumière apparaisse. La trompette est associée à la lumière, ou le témoignage à la vie, comme nous l’avons dans l'épître aux Philippiens : « Que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles, au milieu d'une génération dévoyée et pervertie, parmi laquelle vous brillez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie » (2 : 15-16). Briller comme des luminaires, c’est la lumière divine qui brille ; présenter la parole de vie, c’est le témoignage de la trompette qui accompagne la lumière. Le monde ne peut résister devant le plus faible rassemblement de croyants détenant la parole de vie, et brillant comme des luminaires dans le monde.
Ainsi, Gédéon et ses compagnons n’avaient qu’à se tenir simplement là avec leur lumière, et à sonner de leur trompette en proclamant : « L’épée de l’Eternel et de Gédéon ! » (Jug. 7 : 20). Alors l'Eternel « tourne l'épée » de chaque ennemi contre son compagnon et l’armée se disperse (v. 22). Cette puissante armée fuit comme un troupeau de brebis effrayées devant la puissance irrésistible de Dieu. Nous aussi, étant faibles, nous pouvons être rendus forts, devenir vaillants au combat et repousser des armées étrangères (Héb. 11 : 34), si nous apprenons cette leçon et la réalisons pratiquement.
Une première difficulté après la victoire : la jalousie d'Ephraïm
Le peuple s’assemble pour la victoire, comme c’est le cas chaque fois que la foi individuelle ouvre le chemin ; c’est encourageant de voir cela. Nous l’avons vu avec Ehud : après avoir tué le roi de Moab, lui seul, il sonna de la trompette, et Israël s’assembla après lui. De même ici, quand la bataille est gagnée et l’ennemi mis en fuite, le reste d’Israël s’assemble et se joint à la poursuite. En fait, pour leur montrer qu’il ne veut pas s’attribuer la victoire, Gédéon envoie des messagers à Ephraïm, pour descendre et prendre les gués du Jourdain, afin qu’ils puissent anéantir entièrement l’ennemi. Et c’est là qu’arrive ce qui n’est que trop commun dans ce livre : des querelles liées à la victoire, voire produites par elle.
De la jalousie se manifeste, non pas chez Gédéon, mais chez Ephraïm qui la montre envers l’homme de foi. Dès le livre de Josué, Ephraïm avait montré cette jalousie en tant que tribu, et s’était sans doute enorgueilli de ce que Josué, qui était un des leurs, ait été conducteur d’Israël. Lorsque la tribu avait reçu son lot, ils avaient objecté qu’il n’était pas assez grand pour eux, car ils étaient un grand peuple. Voilà ce qu’Ephraïm a manifesté tout au long de son histoire : c’est un grand peuple. Mais Gédéon n’était pas un grand homme, et un homme qui réalise sa petitesse, ne va pas se laisser entraîner dans un conflit avec un grand peuple.
En son temps, la réponse de Josué à Ephraïm avait été : « Si tu es un peuple nombreux, monte à la forêt, et coupe-la pour t’y faire de la place… Tu es un peuple nombreux… tu dépossèderas le Cananéen, quoiqu’il ait des chars de fer » (Jos. 17 : 15-18) - autrement dit : Que votre grandeur se montre au travail, et non par la vanterie. Mais depuis lors, cette tribu a toujours été jalouse de sa position dans la nation d’Israël, et de ceux qui faisaient quelque chose pour Dieu. Nous les voyons se mettre en avant tout au long des Juges, et du temps de David, jusqu’à ce que la jalousie porte ses fruits dans la division du royaume.
Jacob avait déclaré qu’Ephraïm, le plus jeune, aurait la préséance sur Manassé. Ephraïm devait tenir à cette promesse, et l’initiative de Manassé devait donc l’irriter particulièrement. Mais les voies de Dieu ne sont pas les nôtres, et tout orgueil humain doit être abaissé. La préséance d’Ephraïm en était une illustration, en ce que lui, le plus jeune, avait été mis au-dessus de son aîné, de même que Ruben avait dû être destitué. Dieu manifeste sa souveraineté en exaltant celui qui est humble et en abaissant celui qui est élevé.
Mais maintenant, cet état de fait reconnu, Ephraïm estime sa position de chef comme un droit. Manassé, en revanche, comme son nom l’indique, représente celui qui oublie le passé, et avance avec l’énergie de la foi présente.
Un enseignement spirituel d’une grande portée est à tirer de la jalousie d’Ephraïm. Ephraïm représente le fait de porter du fruit ou de faire des œuvres, d’une manière générale. Mais les œuvres ne peuvent jamais être en tête, elles doivent toujours suivre ; c’est Juda, la louange ou l’adoration qui doit venir en premier.
Ah, combien facilement les œuvres semblent plus importantes. C’est le différend entre Marthe et Marie, si fréquent dans l’Eglise aujourd’hui. Là où la foi faiblit, les œuvres sont considérées comme primordiales, et passent de leur place de second rang à une place d’autorité qu’elles ne doivent jamais occuper.
Partout où le moi est mis en avant il y aura jalousie et mécontentement. Gédéon nous montre le moi mis de côté, Ephraïm, le moi mis en avant. Ils querellent donc Gédéon, demandant pourquoi ils n’ont pas été appelés à combattre et à renverser l’ennemi dès le début. Gédéon aurait très bien pu répondre : Madian, notre ennemi, a submergé tout le pays, pourquoi ne l’avez-vous pas chassé ? Dieu m’a suscité pour le faire, et je l’ai fait avec son aide. Pourquoi ne l’avez-vous pas combattu au lieu de trouver à redire à celui qui l’a fait ?
Avons-nous déjà éprouvé de tels sentiments de mécontentement, d’envie et de jalousie, en voyant d’autres utilisés par Dieu ? Paul se réjouissait toujours, lorsque l’évangile était prêché, peu importe par qui. Si Christ était prêché par esprit de parti, de rivalité ou par jalousie et non avec sincérité, il pouvait quand même rendre grâce à Dieu, car d’une manière ou d’une autre, Dieu serait glorifié (Phil. 1 : 12-20). Ici, Ephraïm est jaloux parce que Dieu avait utilisé un instrument plus spirituel que lui. Le fait qu’il soit jaloux de l’état spirituel, de la puissance spirituelle d’un autre, est la raison même pour laquelle Dieu ne peut s’en servir. Si nous sommes jaloux de nos frères, nous devons nous juger nous-mêmes et nous humilier devant Dieu, en reconnaissant que nous ne sommes pas des instruments fidèles. C’est ce qu’Ephraïm aurait dû apprendre, mais il ne l’a pas fait.
Gédéon leur parle avec grâce, montrant qu’il a été enseigné de Dieu. Dans mes relations avec les frères, il est bon d’appliquer la leçon que j’ai apprise de Dieu. Quelle grâce manifeste Gédéon en leur disant : « Qu’ai-je fait maintenant en comparaison de vous ? Les grappillages d’Ephraïm ne sont-ils pas meilleurs que la vendange d’Abiézer ? Dieu a livré en votre main les princes de Madian, Oreb et Zeëb ; et qu’ai-je pu faire en comparaison de vous ? » (Jug. 8 : 2-3a). « Alors leur esprit s’apaisa envers lui, quand il leur eut dit cette parole » (v. 3b). Il pourrait sembler déplacé de les louer pour les apaiser, mais cela montre que Gédéon n’était pas jaloux. Il leur dit qu’en raison de sa faiblesse, il n’avait pas combattu l’ennemi mais avait seulement proclamé la puissance de Dieu ; il n’avait pas fait grand-chose, alors qu’Ephraïm avait pris les gués et avait capturé les princes. Aux yeux de Dieu le travail de Gédéon était sûrement bien plus précieux que celui d’Ephraïm, mais à ses propres yeux, son service était moindre que celui de ses frères. Puissions-nous apprendre cette belle leçon de cet homme vidé de lui-même, que Dieu avait suscité pour son peuple.
Il ne semble pas que c’était une flatterie de la part de Gédéon, il le croyait sincèrement. Il appréciait le travail d’Ephraïm à sa juste valeur, sans dire que c’était à son initiative. On peut supposer qu’il était si près de Dieu qu’il s’oubliait lui-même au point de ne voir que Dieu. Qu’il est bon que le moi soit éclipsé !
Il ne serait pas juste de déprécier le travail d’Ephraïm ; Oreb (corbeau) et Zeëb (loup), les princes de Madian, étaient tombés entre leurs mains près des gués du Jourdain. Leurs noms indiquent le caractère destructeur de ce monde dont le « prince » n’épargne rien. Mais les fruits de l’Esprit surmontent les armées de ce monde, ainsi que les « pouvoirs et les puissances » qui les dirigent. Quand elles sont faites à leur vraie place – au bord du Jourdain, le fleuve de la mort – les « œuvres » alors sont efficaces.
Une autre épreuve : le mépris et le rejet de Succoth et de Penuel
Gédéon ne peut s’attarder, il s’avance jusqu’à la victoire complète. Il traverse le Jourdain, et poursuit l’armée en fuite, « avec les 300 hommes qui étaient avec lui, fatigués, mais poursuivant toujours » (Jug. 8 : 4). Quel est le rapport entre ces deux mots poursuivre et fatigué ? Nous pourrions presque lire : les poursuivant parce qu’ils étaient fatigués - « de faibles qu’ils étaient furent rendus forts » (Héb. 11 : 34). L’impuissance même de l’homme l’amène à continuer, car c’est Dieu qui travaille en lui. Comme l’un des hommes forts de David dont la main « demeura attachée à l’épée » (2 Sam. 23 : 10), Gédéon n’avait plus que Dieu en vue, et ne se reposa que lorsqu’il eut renversé toute la puissance de l’ennemi.
Fatigué physiquement, il demande de la nourriture aux gens de Succoth et de Penuel, qui étaient Israélites et devaient partager la victoire. Mais la réponse que donnent ces hommes est une honte. Elle contredit la signification de leurs noms ! Succoth, qui signifie « tentes », évoque le pèlerin et Penuel signifie « la face de Dieu » ; or ceux qui habitent des tentes et ceux qui voient la face de Dieu devraient être prêts à aider à renverser la puissance du monde dont Madian est un type. Hélas, leur conduite fait mentir leurs noms. Ils répondent : l’ennemi est-il en vos mains, que nous vous aidions ?
Gédéon n’usera pas de douceur envers ceux qui se moquent de lui comme il l’avait fait pour les hommes d’Ephraïm. La situation est très différente. Ephraïm était allé au champ de bataille contre l’ennemi, mais les hommes de Succoth, en restant en arrière, se mettaient vraiment du côté de Madian. Une fois que la ligne entre Christ et le monde est tracée, celui qui est neutre est du côté de l’ennemi. « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi », dit le Seigneur (Matt. 12 : 30). Aussi, ces hommes étaient de plus grands ennemis que Madian, parce que c’étaient des professants.
Gédéon continue donc sans leur aide. Dieu livre entre ses mains toute l’armée de Madian, ainsi que les rois Zébakh et Tsalmunna. L’honneur de détruire les rois de Madian revient à Gédéon. Le fait qu’ils soient deux suggère la variété qu’il y a dans le monde, et les formes variées sous lesquelles se présente Satan lui-même.
Zébakh (sacrifice) ne suggère pas ici la façon de s’approcher de Dieu, mais plutôt le massacre sans pitié que le monde se plaît à infliger au peuple de Dieu, ce que Tsalmunna (abri refusé) indiquerait. C’est pourquoi ils seraient à leur tour châtiés sans miséricorde : « Le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas usé de miséricorde » (Jac. 2 : 13). Cette victoire sur Madian est prise comme exemple pour la chute finale des ennemis d’Israël, dans la prière du résidu souffrant (Ps. 83 : 9-12), et dans l’accomplissement prédit par Esaïe (9 : 4).
Après cela, Gédéon revient vers ce peuple qui prétendait appartenir à Dieu, mais restait neutre dans une journée comme celle-là. Il enseigne les hommes de Succoth avec les ronces et les épines du désert qui parlent de la malédiction apportée sur ce monde à cause du péché de l’homme.
Certains enfants de Dieu sont fouettés par les ronces et les épines de cette vie, parce qu’ils ne prennent pas clairement position pour Christ dans ce monde. Une telle neutralité conduit à être enseignés par les épines, au lieu de l’être par la Parole de Dieu. Que de vies gâchées, que de croyants sont enseignés par les épines de la vie au lieu d’être des pèlerins ! Quelle façon amère d’apprendre par de tristes expériences, loin de Dieu, au lieu de battre le blé et d’être un instrument sanctifié, utile au Maître ! Ainsi, ces hommes de Succoth, pour avoir été neutres, récoltent le fruit de leur folie.
L’ennemi est donc entièrement jeté à terre, Gédéon (celui qui abat) a véritablement renversé « ...toute hauteur qui s’éleve contre la connaissance de Dieu » (voir 2 Cor. 10 : 5). C’est un puissant vainqueur.
D'après S. Ridout