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MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (4)

 

Othniel, Ehud, et Shamgar - Premières captivités et délivrances (Jug. 3)
            La situation du peuple d'Israël
            Les nations au milieu desquelles habitait Israël
            Les mariages profanes et le jugement de Dieu par le roi Aram
            Othniel, un sauveur qui délivre
            Les nouveaux ennemis du peuple d'Israël
            La délivrance par le moyen d'un autre sauveur, Ehud
            Shamgar

 

Othniel, Ehud, et Shamgar - Premières captivités et délivrances (Jug. 3)

                        La situation du peuple d'Israël

            Au chapitre précédent, nous avons vu que Dieu n’allait pas chasser les ennemis du pays, mais les laisser comme des épines dans le côté des fils d’Israël, comme témoins permanents de leur infidélité, parce qu’ils n’avaient pas achevé la conquête du pays. De plus, ils seraient une menace constante pour leur témoignage et leur existence nationale. En effet, toute nation ayant au milieu d’elle d’autres peuples très différents, voire hostiles, résidant sur une partie de son territoire, peut craindre pour son existence. C’est le côté politique, mais si cette nation doit rendre un témoignage religieux envers Dieu, ce sera pire, pour elle, de laisser subsister des ennemis en son sein, et de se mêler à eux. C’était la situation d’Israël ; il lui était impossible de rester fidèle à Dieu, de garder sa loi et d’être soumis à son gouvernement. La présence de ces nations invaincues dans le pays de Canaan était un témoignage de la faillite du peuple, et une menace perpétuelle pour leur intégrité et leur fidélité ; ce danger a finalement porté ses fruits, et leur infidélité a été la cause de leur déportation en captivité.
            D’un autre côté, Dieu a laissé ces nations pour mettre à l’épreuve leur fidélité. C’est une leçon très importante. La présence de ces peuples témoignait des défaillances passées, mais Dieu n’en reste pas là. Si son peuple, par sa désobéissance et son incrédulité, s’est compromis et l’a déshonoré, Il ne l’abandonne pas. Avec une patience infinie, Il use de longanimité envers eux. Il les laisse aux conséquences de leur désobéissance, pour en tirer de nouvelles circonstances afin de tester à nouveau leur soumission et celle des générations futures, pour voir s’ils allaient finalement accomplir Sa volonté en chassant l’ennemi de leur territoire. Autrement dit, la présence même de ces peuples témoignait toujours des défaillances passées, mais invitait Israël à être restauré.
            Tirons-en une application. Il arrive que de chers enfants de Dieu soient découragés, à juste titre, par les résultats de leur propre désobéissance. Quelqu’un dira : J'ai déshonoré le Seigneur par des alliances et en me mettant sous un joug dont je ne peux pas être délivré. A quoi bon essayer d’obéir à Dieu plus longtemps, autant abandonner - Le chemin de Satan est toujours celui-là : il vous enserre d’abord dans des liens, puis vous dit que vous ne pouvez pas en être libérés ; il vous attire dans le chemin de l’insoumission, puis vous dit qu’il est inutile d’essayer de faire le moindre pas dans le chemin de Dieu, et vous êtes son esclave jusqu’à votre dernier jour.
            Ne baissons pas les bras. Rappelons-nous qu’il n’existe pas de situation dans laquelle notre désobéissance envers Dieu nous aurait placés, pour laquelle tout espoir de compter sur sa puissance pour en être délivrés serait perdu. Les victoires ne seront peut-être pas aussi complètes que celles que nous avons déjà pu expérimenter, mais la foi n’abdique pas. Il est faux de dire qu’il n’y a plus aucun espoir. Faire appel à l’Eternel des armées, c’est implorer Celui qui ne sera jamais vaincu. Sous sa bannière, la victoire est assurée même si nous avions battu en retraite ; si, comme Ephraïm, nous avions tourné le dos au jour du combat, le Seigneur veut encore nous rassembler pour affronter à nouveau l'Ennemi. C’est toujours son chemin, jusqu’à notre dernier jour.
            Ne soyons pas résignés devant des situations qui semblent inévitables. Rien n’est inévitable pour la foi ; seule la toute-puissance de Dieu ne peut être évitée pour remporter la victoire. Prenons courage, la présence même de l’Ennemi, que notre incrédulité et notre désobéissance ont laissé nous enserrer, n’est qu’une nouvelle mise à l’épreuve. Comptons sur Dieu, faisons-Lui confiance, et coopérons aux plans qu’Il a définis pour nous dès le début.
            Individuellement, cela concerne nos associations dans la vie de tous les jours : toute alliance passée avec le monde, avec l’Ennemi, avec ce qui compromet notre témoignage et nous-mêmes. Collectivement, cela peut s’appliquer à notre témoignage à l’unité, si nous avons laissé s’établir au milieu de nous des principes contraires à la volonté de Dieu et à sa Parole. Si nous sommes confrontés à quelque épreuve ou opposition de l’Ennemi, rappelons-nous ceci : elles sont maintenues afin de nous apprendre ce qu’est la guerre, ce que sont les batailles du Seigneur, afin de ceindre l’armure pour engager, dans ces derniers jours, une bataille qui aurait dû être remportée depuis longtemps.
            N’est-ce pas une belle façon encourageante d’agir de la part de Dieu ? N’est-ce pas touchant de parler ainsi de la présence de l’Ennemi parmi nous ? C’est comme s’Il disait : je l’ai laissé là pour tester la loyauté de votre obéissance envers Moi.


                        Les nations au milieu desquelles habitait Israël

            Au verset 5, il est dit : « Les fils d’Israël habitèrent – ils s’installèrent – au milieu des Cananéens, des Héthiens, et des Amoréens, et des Phéréziens, et des Héviens, et des Jébusiens ». Chacun de ces noms a une signification particulière : les Cananéens sont des trafiquants ; les Héthiens sont des fils de terreur ; les Amoréens sont des bavards ; les Phéréziens sont des dominateurs ; les Héviens sont des villageois ; les Jébusiens sont des gens qui foulent aux pieds. Ils représentent des principes spirituels qui influencent notre conduite. Si l’un de ces principes prévaut dans notre position ou nos associations, que ce soit individuellement ou en assemblée, nous nous trouvons alors dans les mêmes circonstances qu’Israël, et Dieu mettra certainement notre obéissance à l’épreuve. Considérons un moment ces principes.

                                    Les Cananéens 

            Ils s’occupent de choses seulement pour le bénéfice qu’ils en retirent. Ils n’ont pas à cœur la vérité divine mais la marchandent ; ils l’utilisent à diverses fins, certains pour un gain financier ou social, d’autres seulement pour éviter des conflits avec ceux qu’ils aiment. Cette façon de se servir de la vérité divine n’est qu’un trafic cananéen qui utilise la Parole de Dieu de façon trompeuse. Si, comme les Athéniens, nous ne la traitons qu’intellectuellement, en cherchant à retirer quelque nouveauté de la Parole de Dieu, non pour la conscience et le cœur, mais pour l’intelligence seulement, alors c’est un principe cananéen. Si nous trouvons, parmi nous ce principe de faire un trafic de la vérité de Dieu, si pénible que ce soit d’avoir à le reconnaître, rejetons-le.
            Il est souvent question de ce peuple cananéen. En Zacharie 14, nous lisons qu’il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Eternel des armées, en ce jour-là. C’est le nom général donné aux différentes formes sous lesquelles l’ennemi se présente sur le territoire de Dieu ; c’est le trafiquant, celui qui manipule la vérité divine sans y avoir un intérêt vivant.
             Ce sont des principes du mal. Or il est dit, dans l'épître aux Ephésiens que notre lutte est contre « les puissances spirituelles de méchanceté » (6 : 12) ; ainsi, un principe du mal est toujours lié au Méchant. Satan qui s’exalte lui-même, est l’incarnation même de l’orgueil. Les hommes croient en son existence, mais il cherche à s’effacer de leurs esprits en suscitant le doute quant à son existence, sa présence ou son vrai caractère. Satan aime se faire passer pour un être terriblement immoral, mais il ne l’est pas, au sens ordinaire du mot. La chair, elle, l’est ; toutes ses convoitises font d’elle une servante utile de Satan, mais elle n’est pas Satan lui-même. Un homme marchant dans l’immoralité n’a, pour ainsi dire, pas besoin de Satan pour l’aider à sa propre destruction.
             Quand Satan se transforme en ange de lumière, il se sert des principes. Derrière tout principe erroné se trouve Satan lui-même. Si des croyants ont tendance à ne trafiquer la Parole qu’intellectuellement, c’est là un principe cananéen cachant de mauvais esprits ; c’est cette puissance de Satan à combattre. Il en est ainsi pour tous les autres principes que nous allons voir.

                                     Les Héthiens

            Leur empire était l’un des plus grands de l’Antiquité. Les vestiges montrent que c’était une race énergique, différente de toutes les autres, et que le territoire qu’ils avaient conquis, à une époque, était immense. Leur nom - « fils de terreur » - évoque la peur, la timidité, la crainte d’avancer là où Dieu nous voudrait ; c’est cela le principe des Héthiens. Il est étrange de dire qu’une grande puissance évoque la faiblesse, mais la peur peut être très osée. Il n’est pas surprenant que la première chose que l’apôtre Pierre dise de joindre à la foi, soit « la vertu » – le courage (2 Pier. 1 : 5). La peur, qu’elle soit de l’homme, des conséquences, de marcher sur l’eau ou sur l’étroit chemin de l’obéissance, s’empare trop souvent du peuple de Dieu, et l’empêche de lutter pour Lui, par son esprit et par sa force !
            Les Héthiens sont partout ; si nous les laissons faire, ils s’établiront parmi nous et nous fermeront la bouche. Alors, nous aurons peur de dire une parole de la part du Seigneur, peur de prendre position pour Christ – de Le confesser pleinement, peur de faire ce que dit la Parole de Dieu et ce que nous dit notre conscience. Pourquoi y a-t-il tant de silence parmi le peuple de Dieu ? Pourquoi si peu de voix s’élèvent en témoignage pour l’évangile, en ministère parmi les saints, en prière ou en action de grâces dans les assemblées ? N’est-ce pas parce que nous laissons les Héthiens demeurer au milieu de nous ? Leur présence témoigne que nous n’avons pas réussi à les anéantir. Cependant, Dieu soit béni, Il nous invite dès maintenant à les chasser, à en finir avec cette frayeur et cette retenue, et à être forts dans le Seigneur et « dans la puissance de sa force » (Eph. 6 : 10).

                                    Les Amoréens

             Après les timides, les bavards, ce sont les vantards – c’est la parole sans la puissance. N’est-il pas facile de parler et d’exposer nos propres pensées, même quand on a peur de confesser le Seigneur ? Il va sans dire que confesser Christ, et parler de sa part, par la foi, n’est pas la manière d’agir des Amoréens qui n’ont rien d'autre qu’un vain babil. Si parmi nous se trouvent de grands discours sans une marche qui corresponde, de beaux sermons sans réalité pratique, c’est l’Amoréen qui doit être jeté dehors.

                                    Le Phérézien et le Jébusien

            Le Phérézien représente l’hégémonie de l’homme. Ce n’est pas une autorité morale, divine, à travers laquelle on se soumet à la volonté de Dieu et à sa Parole, dans les moindres détails. Non, le Phérézien représente l’esprit autoritaire d’une classe qui gouverne et qui doit être respectée, non en raison de ce qu’elle enseigne, mais pour ce qu’elle est en elle-même. Qui dit classe gouvernante, dit aussi classe inférieure. C’est pourquoi, nous avons aussi les Héviens, les deux vont ensemble, ils représentent le clergé et les laïcs.
            De là découle le Jébusien qui foule aux pieds tout ce qui est de Dieu.


                        Les mariages profanes et le jugement de Dieu par le roi Aram

            Voilà donc les ennemis qui habitaient au beau milieu du peuple de Dieu. Ils sont toujours parmi nous aujourd’hui, et trouvent souvent place dans nos cœurs. Satan les utilise pour faire du tort, autant qu’il peut. Qu’allons-nous en faire ?
            Cela nous conduit à considérer le premier esclavage du peuple. Ils s’étaient unis étroitement, par mariage, avec ces nations ennemies. Les considérant comme faisant partie d’Israël, ils avaient adopté leurs dieux, leurs pratiques et leurs services religieux. Ah, qu’ils sont nombreux les croyants pris au piège par des mariages avec des personnes du monde ! « Quelle part a le croyant avec l’incrédule ? » (2 Cor. 6 : 15). Oh que de maisons sans Christ, de cœurs souffrants, de vies brisées, résultats d’une désobéissance à la Parole de Dieu !
            C’est pour cette raison que l’Eternel « vendit » les fils d'Israël aux mains de leurs ennemis (v. 8). Chose remarquable, il ne s’agit pas de ceux que nous venons de voir au milieu d’eux, mais d’un adversaire lointain, Cushan-Rishhathaïm, roi de Mésopotamie, qui les gouverna avec une verge de fer pendant huit ans, jusqu’à ce qu’ils crient à l’Eternel et qu’Il leur envoie un sauveur en la personne d’Othniel.
            Tous ceux qui connaissent des circonstances semblables passent par cette même première étape. Encore une fois, cet ennemi n’est pas le premier qu’ils épargnent et à qui ils s’unissent, mais le premier qui les asservit. Le fait qu’il soit très éloigné géographiquement du pays que Dieu a donné, évoque l’idée de séparation et d’éloignement de Dieu. Il s’agit du roi d’Aram dont le nom signifie exaltation, orgueil. Dans un autre contexte, Aram suggèrerait notre glorification en Christ ; mais s’il y a glorification en dehors de Lui, celui qui usurpe la place de Christ est le pire ennemi qui soit, à l’instar de l’Antichrist qui s’oppose et s’exalte lui-même. Or, ce roi d’Aram, ce roi qui s’exalte, s’appelle justement Cushan-Rishhathaïm signifiant : noirceur d’une méchanceté double (Cushan, de Cush, Ethiopie, signifiant : noir). La pensée ici, c’est que toute personne ou principe qui prend la place de Christ a, moralement, un caractère ténébreux accentué. Il n’est pas question ici d’immoralité ou de pratique, mais de principe.
            Chaque fois que la créature s’exalte, en dehors de Christ et de Dieu Lui-même, cela correspond à la servitude au roi d’Aram de Mésopotamie.
            Aram, en Mésopotamie (entre les deux fleuves) – le Tigre et l’Euphrate – est le berceau de l’humanité. C’est là que la puissance de Babylone, qui y est étroitement liée, s’est développée, et que le peuple de Dieu a finalement été emmené captif.
            C’est très typique, et cela nous rappelle que dans la lettre à l’Assemblée à Ephèse, en Apocalypse 2, la pensée de leur éloignement de Dieu - « souviens-toi donc d’où tu es tombé » (v. 5) - fait suite à celle de l’abandon du premier amour (v. 4). Ayant substitué Christ par l’exaltation de soi, le jugement est prononcé : « J’ôterai ta lampe de son lieu » ; autrement dit, la captivité finale est la conséquence de ce premier pas qui s’éloigne de Christ.
            La première puissance à régner sur eux est donc Aram ou Babylone – Babel. C’est le résultat de leur orgueil et de leur indépendance envers Dieu. Cette captivité à Babylone se renouvellera lorsque le dernier vestige du royaume de Juda y sera transporté, et que le temps des nations commencera ; le gouvernement de Dieu passera alors de la maison de David aux rois des Gentils (ou : Nations). Cette dernière étape fait partie de la toute première. C’est le principe quasi universel des voies de Dieu : le dernier pas est inclus dans le premier. La domination du roi de Babylone sur le peuple est le premier avertissement de Dieu montrant où aboutissent l’orgueil et l’indépendance à son égard. Tolérer de faux principes ou les racines de toute espèce de mal conduira inévitablement à en récolter les tristes résultats. Dans le cas de nos premiers parents, leur désobéissance envers Dieu, montrée en mangeant le fruit défendu, a conduit l’homme à être séparé de Lui et a amené toute la misère qui a cours depuis.
             Un chrétien a beau se trouver parmi le peuple de Dieu, s’il s’enorgueillit, sa communion avec Dieu est interrompue et il s’éloigne de Lui. Il est comme un bateau dont la solide amarre a été coupée ; le bateau peut rester près du bord sans dériver ; en regardant les choses superficiellement, on le croirait en sûreté comme n’importe quel autre bateau, mais il n’est besoin que d’un petit reflux de marée, d’un brin de vent – un peu de vent de doctrine -, et il s’en va au loin. Pourquoi de chers enfants de Dieu semblent s’éloigner de Lui parfois soudainement ? C’est que la corde qui les maintenait en communion avec Lui était coupée depuis longtemps, et quand le vent de doctrine ou les tentations de ce monde sont venues, ils n’ont pu que dériver.


                        Othniel, un sauveur qui délivre

            Voyons maintenant comment le peuple est restauré de cet état d’indépendance envers Dieu, et quelle vérité les délivre de cette incrédulité. Dieu suscite Othniel. Remarquons l’ordre scripturaire dans lequel les choses sont rapportées : « Il jugea Israël ; et il sortit pour la guerre » (v. 10) : le jugement de soi d’abord, la lutte contre l’Ennemi ensuite. Souvenons-nous que Dieu a laissé l’ennemi vaincre Israël sur de nombreux champs de bataille. En effet, Il ne pouvait pas lier son saint Nom à eux, en allant au combat, sans qu’ils se soient jugés. Othniel agit ainsi ; pour les délivrer de la puissance de l’indépendance envers Dieu, il les amène d’abord à s’incliner sur leurs faces (on pourrait dire qu'ils vont à Bokim, le lieu des pleurs), pour les juger de la part de Dieu avant d’aller à la guerre.
            Comment se fait-il que de chers enfants de Dieu, confrontés à un principe absolument contraire à la pensée de Dieu, aient si peu de puissance pour le combattre ? Pourquoi le mal relève-t-il la tête sans que nous puissions l’affronter, comme nous le devrions, par la force de Dieu ? N’est-ce pas parce que nous commençons à avancer sans nous juger, et que nous n’arrivons pas à nous courber devant Dieu pour lui demander de sonder nos cœurs et d’amener « toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10 : 5) ? Si tel était le cas, nous pourrions faire face au mal. Celui qui se juge lui-même devant Dieu peut vaincre et abattre les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu.
            Mais continuons avec Othniel. Nous l’avons déjà vu, dans le grand combat au Sud du pays, comme le héros de Debir qui a donné au peuple la puissance de la communion avec Dieu. Ayant pris Kiriath-Sépher, la ville du livre, il l’a appelée « la vivante Parole de Dieu ».
            Othniel, qui signifie lion de Dieu (la puissance de Dieu, et non de l’homme), fait en sorte que ce livre – les Ecritures inspirées – soit reconnu par le peuple comme étant la Parole de Dieu qui sonde et éprouve les cœurs, l’amenant ainsi au jugement de soi. Si l’orgueil et l’indépendance surviennent, nous en serons délivrés en nous laissant sonder par la Parole de Dieu et nous y soumettant, la reconnaissant comme étant vivante. On aime entendre parler de réveil, ou plutôt de foi ranimée parmi le peuple de Dieu. Ce qui le caractérise n’est pas une sorte d’excitation ou de sentiment merveilleux qui nous réunit tous par une sorte d’amour naturel, non, un véritable esprit de réveil, comme ceux qui ont marqué les grandes époques de l’histoire de l’Eglise, ramène la Parole de Dieu à la conscience, à l’esprit et au cœur, conduisant le peuple à s’incliner sous son autorité.
            Seule la soumission à la Parole de Dieu peut nous délivrer de la propre volonté. Mais comment agir si je vois mon frère manifester sa propre volonté ? Je ne peux pas m’opposer à lui, car ma volonté propre est aussi mauvaise que la sienne ; je dois lui présenter la Parole de Dieu, et l’inviter à s’y soumettre. C’est ainsi que la puissance de cette double méchanceté, qu’est l’indépendance envers Dieu, sera chassée, et que Dieu nous délivrera de cet esprit de propre volonté. Telle est la leçon à tirer de cette première victoire : ce premier esclavage à la propre volonté et à l’indépendance est vaincu par la soumission à la Parole de Dieu et par la puissance d’une foi vivante.


                        Les nouveaux ennemis du peuple d'Israël

            Considérons maintenant les deux ennemis suivants et les victoires qui s’y rapportent. Leur puissance est très différente de celle que nous avons considérée, et ils sont plus près. Nous voyons le premier (v.12-30) – Moab, à l’Est, de l’autre côté du Jourdain, et le second au verset 31 – les Philistins, du côté Ouest, vers la grande mer.
            Moab avait un lien de sang avec Israël. Il descendait de Lot, le neveu d’Abraham. Les Moabites étaient donc apparentés aux Israélites. Mais, comme nous l’avons déjà vu, la relation de Lot avec Abraham était essentiellement charnelle. Dans le cas de ses descendants, elle n’était plus que charnelle. Israël n’avait pas d’ennemis plus amers et acharnés que ces Moabites et ces Ammonites, leur propre famille.
             Notre Seigneur a dit que « les ennemis d’un homme  seront les gens de sa maison » (Matt.10 : 36). Ainsi, dans les choses de Dieu, les relations selon la nature sont souvent un obstacle plutôt qu’une aide. De plus, Moab étant lié extérieurement au peuple de Dieu, sans aucun lien vital ou divin, pourrait-on dire : Nous sommes parents, pourquoi serions-nous inimitié l’un contre l’autre ? Profitant alors du relâchement d’Israël, cet ennemi pourrait s’introduire petit à petit, et aller jusqu’à régner sur ses frères selon la chair, puis finalement les asservir. L’inimitié spirituelle est bien réelle ; si Satan séduit au début, à la fin il frappe. De même, tel principe étroitement lié aux choses divines peut finir par asservir le peuple de Dieu.
             La profession ressemble fort aux réalités divines. Vis-à-vis de la foi, en revendiquant ses relations naturelles, elle peut affirmer être le peuple de Dieu, être séparée du monde et appartenir à Christ. S’il en est ainsi, le roi de Moab règne sur le peuple de Dieu, la profession l’emporte et amène le peuple à son propre niveau de mondanité.
             Eglon s’associe avec Ammon et les Amalékites. Ceux-ci suggèrent diverses formes de la nature et de la chair. Nous verrons Ammon plus tard dans le combat de Jephté. Amalek parle des œuvres de la chair qui sont les compagnes inévitables d’une simple profession.
            Il est très frappant de voir que le roi de Moab vient sur le territoire du peuple de Dieu jusqu’à Jéricho. Cette ville est un type du monde avec tous ses parfums de séduction, c’est le tout premier ennemi que le peuple de Dieu dût renverser. Ici, Moab – la profession – y établit son quartier général. Aujourd’hui, la profession chrétienne est partout dans le monde, le peuple de Dieu en est criblé. Quel que soit le nom éminent qu’elle porte, elle a son siège à Jéricho. Elle a beaucoup d’influence sur les enfants de Dieu, parce qu’elle leur procure un lien pratique avec le monde.
            La profession chrétienne est une chose terrible. Il est triste et solennel de penser que ceux qui ont le nom de Christ sur les lèvres, ont le cœur dans le monde. Il est encore plus triste de voir tout le peuple de Dieu être assujetti à une puissance qui les lie au monde – non à Jéricho, parce que l’Ennemi est trop intelligent pour donner un nom clair aux choses. Jéricho est appelée la ville des palmiers, qui sont de beaux arbres, majestueux. Au Psaume 92, il est dit que « le juste poussera comme le palmier » (v. 12). La ville des palmiers sous-entend donc justice, morale, honnêteté, droiture pratique dans la marche – or si Moab y a son trône, il ne peut en aucun cas être mauvais ! Rappelons-nous bien où est son trône. La puissance de Moab produit une réforme extérieure très séduisante ; la profession fait qu’un ivrogne renonce à son ivresse et devient un citoyen respectable. Moab a plus d’une corde à son arc : honnêteté politique, droiture morale, bienfaisance. Oui, le professant sans Christ peut bien vivre dans la ville des palmiers, il peut parler de droiture, mais ça ne lui fait pas aimer Christ pour autant, ni s’unir à Lui. Ah, combien la profession s’est établie dans le territoire de Dieu.
             Nous avons lu qu’Eglon était « un homme très gras » (v. 17). Cela dénote une absence de vigueur et de force, qui l’empêche d’être actif. La profession est une masse morte, inerte, qui, par son poids même, étouffe la spiritualité du peuple de Dieu. Eglon signifie : un circuit - c’est quelqu’un qui tourne en rond, faisant toujours le même circuit, tout comme les aiguilles d’une montre, ou les saisons de l’année. Un tel professant prend les choses comme elles viennent ; il est peu exigeant, et n’entreprend jamais un acte qui demande un exercice. Cette nonchalance entrave complètement la relation d’une âme envers Dieu, quant à la communion ou au témoignage.


                        La délivrance par le moyen d'un autre sauveur, Ehud

             Qui va débarrasser le peuple de Dieu d’un tel cauchemar ? C’est Ehud, un Benjaminite qui va nous libérer de la puissance d’une profession sans réalité. Benjamin, nous l’avons déjà vu, représente un esprit de soumission absolue à Christ – l’Esprit de Christ en nous, contrôlant et animant nos cœurs et nos vies. Benjamin, « fils de ma droite » (Gen. 35 : 18), suggère la perfection de notre position devant Dieu. Nous sommes en Christ, Christ est en nous, en puissance ici-bas. Il est frappant de voir que ce Benjaminite, fils de ma droite, est gaucher !
            Notre position est parfaite ; nous sommes accomplis en Christ devant Dieu, et Christ en nous est souverain. Cela signifie qu’il n’y a pas de puissance en nous-mêmes. Ehud n’est qu’un pauvre gaucher, sans force en lui-même, comme beaucoup d’hommes de cette tribu. Cela suggère la pensée que nous avons à nous glorifier dans nos faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur nous. Paul était Benjaminite à double titre : en tant que descendant de la tribu de Benjamin, et spirituellement ; il disait se glorifier dans ses faiblesses, car quand il était faible, alors il était fort (2 Cor. 12 : 10). « Enlevé jusqu'au troisième ciel » (v. 2), sa main droite a été, en figure, paralysée, et il est revenu ici-bas faible, gaucher, pour être un témoin de Dieu, et un témoignage à la puissance de Christ. Ehud a la même signification que Juda : louange, ou plutôt confession. Confesser est très différent de professer comme Moab.
             Ehud avoue sa propre faiblesse et la puissance de Christ. C’est lui qui va délivrer le peuple de Dieu. Notons bien qu’il vient de Guilgal ; cela renforce la pensée de l’absence de force en nous, et de la mort du vieil homme. Ehud vient vers le roi de Moab avec une épée à deux tranchants d’une longueur d'une coudée. La coudée qui est la longueur du coude à la main, est une mesure de dimension humaine. Ehud a fourbi une épée qu’il va appliquer à la profession – et nous savons que l’épée de l’Esprit est « la parole de Dieu » (Eph. 6 : 17). L’épée n’est pas toute l’Écriture, mais tel passage qui, avec ses deux bords tranchants, convient à tel ou tel cas. Elle coupe des deux côtés ; la Parole de Dieu tranchera toujours de tout côté. Vous ne pouvez pas utiliser l’épée pour certaines personnes et en épargner d’autres ; la Parole de Dieu ne fait pas acception de personnes.
            Ehud rencontre le roi de Moab, cette masse de graisse inerte, cette chose méprisable qu’est la profession qui écrase de son poids le peuple de Dieu. Il dit au roi de Moab : « J’ai une parole de Dieu pour toi » (v. 20). Quelle est-elle ? C’est la parole qu’il sait manier. Il fait rentrer toute l’épée jusqu’à la garde, y compris la poignée, dans la masse devant lui. Cette épée de longueur humaine représente la compréhension que j’ai de la Parole de Dieu, appliquée par la faiblesse humaine, mais avec une puissance divine. Le roi de Moab est alors tué.
             Cette masse professante - et tout son peuple qui a maintenu l’Israël de Dieu en captivité - est tuée. Les gués du Jourdain sont pris, le peuple de Dieu est réveillé par la trompette, et aucun Moabite n’échappe. L’héritage de Dieu est pour l’instant délivré de ce terrible cauchemar qu’est la profession.
             Avons-nous remporté une telle victoire, et ressenti en nous-même l’effet de « la parole de Dieu vivante et opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants » (Héb. 4 : 12), frappant toute profession dans nos propres cœurs, les débarrassant de simples apparences ? Que le Seigneur nous en fasse faire l’expérience.
             Ayant déjà vu la ressemblance qu’il y a entre la domination d’Aram et la suffisance d’Ephèse et la froideur de cœur, nous ne pouvons qu’être frappés de la similitude entre la domination de Moab – l’emprise de la profession, et le mélange avec le monde se trouvant à Pergame. C’est le monde qui entre dans l’Eglise, éteint son témoignage et étouffe sa spiritualité, et l’Eglise qui s’unit au monde, s’installant confortablement à Jéricho, « où est le trône de Satan » (Apoc. 2 : 13).
             A Pergame, il est aussi parlé d’Ehud, de « l’épée aiguë à deux tranchants » : c’est Christ, dans les siens, combattant avec l’épée qui sort de sa bouche pour délivrer les siens captifs de la profession. Dans un jour à venir, Il l’utilisera pour juger les professants.


                         Shamgar

            Le dernier verset du chapitre évoque l’ennemi situé à l’Ouest. Nous y reviendrons plus loin. Il s’agit de la victoire d’un homme sur 600 Philistins, et non d’une victoire nationale. Quand Samson les combattra, il n’aura pas non plus une entière victoire. Les Philistins, sur la côte Ouest, étaient étroitement liés à l’Egypte. Comme leur nom l’indique, ce sont des nomades venus dans le pays sans exercice, ayant emprunté le raccourci et non pas le Jourdain ; ils sont là comme des professants. A la différence de Moab qui n’est jamais resté dans le pays, les Philistins s’y sont installés. Ils prétendaient y avoir des droits, bien qu’étant là sans être passés par le Jourdain, c’est-à-dire sans être passés par la mort et la résurrection. C’est encore la profession, mais sous un aspect différent. Ce n’est plus seulement une simple façade, mais une imitation ; on y trouve le principe de succession, des rites, des cérémonies... C’est le ritualisme qui n’en est ici qu’à ses débuts, mais qui finira par être incarné et dirigé par Rome.
            Nous en avons une illustration avec les Galates qui voulaient introduire le judaïsme dans le christianisme, mêlant des ordonnances du monde avec les choses de Dieu. Nous l’avons à nouveau dans l’épître aux Hébreux où certains voulaient retourner aux formes vides du judaïsme duquel ils avaient été délivrés.
            Nomades et pèlerins peuvent se ressembler, mais sont très différents. Un pèlerin étranger a un objectif précis devant lui ; un nomade erre ici et là sans but précis. Les pèlerins sont étrangers ici-bas, mais bien connus là-haut ; ils se rendent vers un repos certain, avec une espérance certaine.
            Shamgar, l’étranger, fait face à la horde nomade venant asservir le peuple de Dieu en apportant ses doctrines mondaines et charnelles. Il prend un « aiguillon à bœufs » – qui représente bien un bâton de pèlerin - et s’en sert pour tuer des centaines de nomades Philistins qui ne savent pas où ils sont. L’enseignement à tirer est simple. Si nous sommes de vrais pèlerins, tout ce qui, dans nos mains, manifeste notre faiblesse, suffit à Dieu pour remporter la victoire. Une simple exhortation agira comme un aiguillon à bœufs – cet instrument sert à faire marcher les animaux de trait un peu plus vite ou les faire avancer dans la bonne direction s’ils s’écartent – en aiguillonnant la conscience, et en détruisant la profession qui semble si forte. Sachons donc l’utiliser plus souvent !
            De même que les Philistins sont liés à Moab pour représenter la masse professante gouvernant l’Eglise, Thyatire est aussi étroitement liée à Pergame. Le vainqueur, à Thyatire, reçoit comme puissance pour vaincre l’espérance de la venue du Seigneur propre au pèlerin, ce qui correspond bien au pèlerin Shamgar.
            Nous n’identifions pas de façon absolue ces églises aux trois ennemis que nous avons considérés, et ne limitons la comparaison à ceux-ci seulement, mais nous trouvons cependant une forte ressemblance dans les principes impliqués chez les uns et chez les autres.

            Pour l’Eglise, les enseignements à tirer de ce chapitre sont des mises en garde contre l’orgueil et la profession ; et bien qu’elles concernent historiquement les premières étapes du déclin de l’Assemblée, elles ont toute leur pertinence de nos jours où la glorification de l’homme et la profession rappellent le temps d’Aram.
            Dans ce triste état de choses, que des âmes brisées puissent crier au Dieu vivant pour trouver du secours, et que des hommes de foi se lèvent et frappent ces ennemis pour délivrer le peuple !
            Pour cela, il faut avoir le sentiment de la souveraineté de Dieu qui brise toute suffisance, le sentiment de faiblesse qui permet de frapper la profession, avec l’épée aigüe de la Parole de Dieu, et l’esprit de séparation du pèlerin qui peut terrasser la religion charnelle.

            Puissions-nous avoir un tel sentiment !

 

D'après S. Ridout