LA PRESENCE ET L'ACTIVITE DU SAINT ESPRIT (6)
DANS L'EPITRE AUX GALATES
La loi, les œuvres, la chair – la foi, l’Esprit
L’Esprit nous conduisant à crier : Abba, Père
Par l’Esprit, nous attendons
Etre conduits par l’Esprit
La chair et l’Esprit
L’apôtre Paul a écrit cette lettre alors qu’il était en « grande perplexité » au sujet des croyants de Galatie. Ceux-ci avaient reçu l’évangile par son moyen, mais subissaient l’influence de docteurs judaïsants qui les troublaient et les bouleversaient (voir 5 : 10-12). Ces docteurs voulaient placer les chrétiens sous la Loi, en particulier en leur imposant la circoncision. Cette tendance pernicieuse s’est souvent manifestée parmi les croyants juifs, au début du christianisme. On disait aux croyants des nations : « Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés » (Act. 15 : 1). Ce qui était en cause, ce n’était pas simplement un rite extérieur, mais toute la vérité chrétienne. La circoncision étant le symbole de la loi, exiger des croyants qu’ils s’y soumettent revenait à les placer sous la Loi entière, et par conséquent à les séparer « de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ » (Gal. 5 : 3-4). C’était les priver de la bénédiction promise à Abraham pour toutes les nations (3 : 8-9), et les mettre sous la malédiction (3 : 10). Malheureusement, les Galates n’avaient pas rejeté énergiquement ces mauvais enseignements.
Le revirement de ces croyants, qui avaient très bien commencé leur course chrétienne, conduit l’apôtre à leur dire : « Etes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (3 : 3). L’Esprit, la chair – deux notions opposées sur lesquelles l’apôtre reviendra plusieurs fois dans l’épître.
La loi, les œuvres, la chair – la foi, l’Esprit
La loi – sous laquelle Dieu avait placé son peuple Israël depuis l’époque de Moïse jusqu’à la venue de Christ (3 : 19) – exigeait des œuvres. Elle s’adressait à l’homme dans la chair, le mettant à l’épreuve pour voir s’il pourrait acquérir la justice par son obéissance aux commandements de Dieu. Le résultat a été désastreux, mais éloquent. La Loi ne peut être ni le moyen de justification du pécheur ni la règle de vie du croyant.
Alors, Christ est venu. « Il nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous » (3 : 13). Comment devenons-nous participants de cette délivrance ? Par la foi. Nous sommes sauvés « sur la base de la foi » - expression répétée de nombreuses fois, dans l’épître, notamment dans le chapitre 3.
Or la bénédiction caractéristique de la dispensation actuelle, en contraste avec celle de la loi, c’est le don du Saint Esprit. C’est ce qui ressort des questions que l’apôtre pose aux Galates. Il leur demande : « Est-ce sur la base des œuvres de loi que vous avez reçu l'Esprit, ou sur celle de la foi qui écoute ? » (v. 2). « Celui donc qui vous fournit l’Esprit et qui opère des miracles au milieu de vous, le fait-il sur la base des œuvres de loi, ou sur celle de la foi qui écoute ? » (v. 5). Le verbe « écouter » est utilisé ici parce que la foi vient de ce que l’on entend par la parole de Dieu (Rom. 10 : 17). C’est la réception du témoignage que Dieu a rendu.
La bénédiction promise à Abraham en faveur de toutes les nations se résume ici par : « afin que nous recevions, par la foi, l’Esprit promis » (3 : 14).
L’Esprit nous conduisant à crier : Abba, Père
Il y a beaucoup de similitude entre les thèmes de l’épître aux Galates et ceux de l’épître aux Romains ; la grande différence, c’est que l’une est l’appel pressant que l’apôtre anxieux adresse à des croyants en danger de s’égarer, tandis que l’autre est l’exposé calme et méthodique que l’apôtre fait à des croyants en bon état, afin de les instruire et de les fortifier dans la foi.
Au chapitre 4 de notre épître, nous trouvons : « Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père » (v. 6). Cela correspond à ce que nous avons trouvé en Romains 8 : 15. C’est par l’Esprit qui habite en nous que nous avons conscience de notre relation filiale avec Dieu, et que nous nous adressons à Lui dans une entière liberté.
C’est aussi l’Esprit qui fortifie notre espérance chrétienne, qui nous fait jouir dès maintenant de ce que nous possèderons bientôt pleinement. « Car nous, par l’Esprit, sur la base de la foi, nous attendons l’espérance de la justice » (5 : 5). Nous avons été justifiés sur la base de la foi (3 : 24 ; Rom. 5 : 1). Notre justice n’est pas une chose future, nous la possédons maintenant. Mais nous attendons ce que Dieu a promis à ceux qui la possèdent, la gloire qui leur appartient déjà. Et l’Esprit, fortifiant notre foi, nous soutient dans cette espérance.
Nous retrouvons ici cette expression de Romains 8 : 14. Dans notre épître, elle est en rapport avec le besoin particulier de ceux auxquels l’apôtre écrit, et qui étaient en danger de se placer sous la Loi. « Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la Loi » (5 : 18). Les chrétiens sont conduits, non par des règles – « ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ! » (Col. 2 : 21) – mais par l’Esprit qui leur fait discerner ce qui est agréable à Dieu et leur donne l’énergie de l’accomplir.
« Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit » (5 : 25). Notre vie tire son origine de l’œuvre de l’Esprit en nous. Nous sommes « nés de l’Esprit » (Jean 3 : 5-6, 8). Par cette action de l’Esprit en nous, conjointement à celle de la Parole de Dieu, nous sommes rendus participants de la nature divine. De plus, nous sommes unis à Christ, vivant de sa vie. Son Esprit est en nous. Quelles raisons nous avons là de marcher par l’Esprit ! Il faut que les caractères de notre vie pratique soient en accord avec la vie de Dieu qui est en nous.
Mais nous avons un ennemi intérieur : la chair. L’épître aux Romains nous montre avec beaucoup de clarté quelle est la place que Dieu lui a donnée. Ici l’apôtre résume le même enseignement en un seul verset : « Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (v. 24). Ils ont accepté, ratifié pour eux-mêmes, le jugement que Dieu a prononcé sur elle (voir Rom. 6 : 6).
Néanmoins, la chair est toujours présente dans le croyant, et toujours prompte à se manifester. « Car la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ; et ces deux sont opposés l’un à l’autre, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez » (v. 17). L’Esprit qui demeure en nous, si nous le laissons agir, si nous ne l’entravons pas, nous conduit à ne pas pratiquer les choses que la chair voudrait. Et ainsi ce ne sont pas les détestables « œuvres de la chair » qui caractérisent notre vie pratique (v. 19-21), mais ce qui porte l’empreinte divine : « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (v. 22). Ce que produit l’Esprit en nous n’a rien de spectaculaire. Ce sont les vertus chrétiennes, les caractères que Christ, l’homme parfait, a manifestés dans sa vie sur la terre.
Après cette description, l’apôtre ajoute : « contre de telles choses, il n’y a pas de loi » (v. 23b). La Loi n’a rien à objecter, elle est satisfaite. Mais ce n’est pas elle qui a amené ce résultat, c’est l’Esprit. Nous rejoignons ici l’enseignement de Romains 8 : 4 : « … afin que la juste exigence de la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit ».
Cependant, des semailles impliquent des moissons, et cela non seulement dans le cours de la nature, mais dans nos vies, selon le gouvernement de Dieu. « Celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle » (6 : 8). Une marche selon la chair aura de fâcheuses conséquences, et une marche selon l’Esprit amènera des bénédictions – dont le couronnement sera l’entrée dans la gloire. Ce qui est dit ici ne contredit en rien ce que d’autres passages nous enseignent, à savoir que celui qui croit en Jésus a maintenant la vie éternelle. Mais ce verset présente la vie éternelle comme l’aboutissement de notre vie de croyants. Cela attire notre attention sur le fait qu’une vie chrétienne normale est une vie dans laquelle nous sommes conduits par l’Esprit et, par conséquent, pratiquons le bien (voir Jean 5 : 29).
J-A Monard