NOTES SUR L'EPITRE AUX PHILIPPIENS (2)
1- Une même pensée : v. 1-4
2- L'exemple de Christ : v. 5-11
3 - La marche des Philippiens résultant de la contemplation de Christ : Phil. 2 : 12- 16a
4 - Les exemples de Paul, de Timothée et d'Epaphrodite : Phil. 2 : 16b-30
- Paul
- Timothée
- Epaphrodite
2- L'exemple de Christ : v. 5-11
3 - La marche des Philippiens résultant de la contemplation de Christ : Phil. 2 : 12- 16a
4 - Les exemples de Paul, de Timothée et d'Epaphrodite : Phil. 2 : 16b-30
- Paul
- Timothée
- Epaphrodite
« Qu'il y ait en vous cette pensée, qui a été aussi dans le Christ Jésus » (v. 5)
Dans les deux premiers versets, l'apôtre reconnaît avec joie le témoignage pratique de l'amour des Philippiens. Par leur dévouement et leur générosité, il avait goûté quelque chose des consolations de Christ. Son coeur avait été rempli de réconfort au milieu de ses afflictions. Il avait éprouvé la communion de l'Esprit, faisant l'expérience de la compassion de Christ, manifestée à travers ses frères.
Toutefois, l'ennemi cherchait à ruiner le témoignage des Philippiens en suscitant des querelles parmi eux. Dans chaque chapitre de l'épître, Paul fait allusion à ce sujet : (1 : 27 ; 2 : 2 ; 3 : 16 ; 4 : 2).
Des germes de division se manifestaient dans l'assemblée, en particulier entre deux soeurs. Aussi, Paul doit dire à tous ici : « Rendez ma joie accomplie en ceci que vous ayez une même pensée, ayant un même amour, étant d'un même sentiment, pensant à une seule et même chose » (v. 2).
Avec beaucoup de délicatesse, il signale leur manque d'unité. Sa joie serait parfaite si leur vie collective présentait les quatre aspects de l'unité qu'il signale au v. 2 :
- une même pensée, empreinte de l'humilité de Christ (v. 5)
- un même amour, selon les caractères décrits en 1 Cor. 13
- un même sentiment, état d'un seul coeur et d'une seule âme (Act. 4 : 32)
- occupés d'un seul et même objet, Christ (le « but » vers lequel Paul « courait » -3 : 14).
L'apôtre présente ensuite 4 obstacles qui s'opposent à cette unité :
- l'esprit de parti : c'est ce qui animait certains frères qui annonçaient l'évangile (1 : 17), l'autorité de l'homme se substituant à celle de Christ
- la vaine gloire : elle exalte l'homme et le moi, elle ne vient pas de Dieu (Jean 5 : 44) et pervertit la vie chrétienne
- l'orgueil : s'il est occupé de lui-même, le chrétien ne reflète pas l'humilité de Christ, oubliant qu'il est un objet de sa grâce
- l'égoïsme et l'absence d'égard pour les autres.
Le remède à ces différents maux est la mise de côté de soi-même, dans l'humilité et un esprit d'abaissement. Nous serons gardés des querelles qui brisent l'unité des saints. Qu'est-ce qui pourra davantage harmoniser nos pensées que la grâce du coeur de Jésus ? En regardant au parfait modèle, nous serons maintenus dans un bon état moral devant lui qui se traduira par une marche humble dans le sentier de l'obéissance de la foi, à la suite du Seigneur.
L'apôtre dirige nos regards vers Christ (v. 5), avant de nous donner une merveilleuse description de son chemin d'humilité, de la gloire divine jusqu'à la honte de la croix.
Considérons avec respect et adoration Celui qui s'est abaissé volontairement en descendant, par obéissance, dans l'abîme où le péché entraîne l'homme à cause de sa désobéissance.
Dans le chemin glorieux de Christ, de sa demeure céleste à la croix du Calvaire, sept étapes descendantes sont indiquées (v. 6-8) :
- il accepte de faire la volonté de Dieu pour réaliser son dessein (Héb. 10 : 7)
- il s'anéantit lui-même, comme Dieu, pour devenir un homme
- il prend, comme homme, la forme d'esclave (Marc 10 : 44-45)
- il est fait à la ressemblance des hommes, mais n'a rien de commun avec le péché (2 Cor. 5 : 21)
- il est trouvé en figure comme un homme ; lui, le Créateur se soumet aux limites de l'espace et du temps
- il s'abaisse, « apprenant », dans cette situation nouvelle, l'obéissance par ses souffrances (Héb. 5 : 8)
- il n'affronte pas seulement la mort, mais il se soumet à la mort la plus infamante qu'un homme puisse endurer : « la mort de la croix ».
Nous avons besoin de la grâce pour que la contemplation des souffrances et de la mort du parfait serviteur produise des effets pratiques dans nos vies : « qu'il y ait en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » (v. 5). Ayant jugé cette « vaine gloire » qui nous est tellement naturelle, nous pourrons alors servir les autres avec amour et manifesterons quelque chose de l'humanité de Christ.
Nous voyons ensuite, à partir du v. 9, la réalisation parfaite de la vérité énoncée par le Seigneur Jésus à ses disciples : « Celui qui s'abaisse sera élevé (Luc 14 : 11). « L'abaissement va devant la gloire » (Prov. 15 : 33). Dieu élève son Fils, le vrai serviteur de l'Eternel (Es. 52 : 13), en 7 étapes ascendantes :
- Dieu l'a haut élevé : en tant qu'homme, il est glorifié (Jean 13 : 32)
- Il lui a donné un nom au-dessus de tout nom
- tout genou devra se ployer au nom de Jésus (le nom de son abaissement), sa seigneurie sera reconnue par toutes les créatures :
- les êtres célestes
- les êtres infernaux, contraints de rendre gloire à l'Agneau (Apoc. 5 : 13-14)
- toute langue confessera Jésus Christ comme Seigneur (le nom de son élévation), à la gloire de Dieu le Père.
L'apôtre rappelle l'obéissance des Philippiens, quand il était au milieu d'eux ; il les exhorte à obéir maintenant de la même manière, en son absence. Il dirige leurs regards sur Dieu en qui se trouvent toutes les ressources pour la marche. « Travaillez à votre propre salut » signifie : « soyez vigilants, exercés pour être délivrés de la puissance du péché ». Paul ajoute : « car c'est le Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire » (v. 13) ; il les engage ainsi à désirer que cette opération de Dieu se fasse en eux.
Rappelons que le salut consiste :
- dans la délivrance de la condamnation du péché : c'est une chose passée ; nous ne pouvons rien faire pour l'obtenir.
- dans la délivrance de la présence du péché : c'est le futur ; nous ne pouvons rien faire non plus pour l'obtenir. Il faudra la puissance de Christ, à son retour, qui « transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3 : 21)
- dans la délivrance de la puissance du péché : c'est le présent ; notre responsabilité est engagée (Rom. 6). Auparavant, le péché dominait et aucune puissance dans l'homme ne pouvait l'en délivrer.
Le chrétien doit être rempli de paix et de confiance, mais aussi être maintenu dans la crainte et le tremblement. La crainte se rapporte à la conscience des dangers auxquels il est exposé ; le tremblement est lié à sa faiblesse pour faire face à ces dangers.
En « travaillant » à notre propre salut, nous pouvons murmurer (Jude 16 ; 1 Cor. 10 : 10) et raisonner, ce qui est de nature à introduire des pensées humaines. Un peu de murmure aura pour résultat de nous détourner de Christ, notre but. Pour être gardé de murmurer, ou de raisonner, il faut se soumettre à la volonté de Dieu, à l'action de son Esprit.
La pureté (« sans reproches et purs » - v. 15) est la séparation des principes du monde. Aux yeux de Dieu, la souillure est tout ce qui est dans le monde. Les chrétiens, placés au milieu de cette « génération tortue et perverse », doivent y « reluire comme des luminaires ». Cette génération est « tortue » : sa voie n'est pas droite, elle est perverse. Le coeur est corrompu, l'esprit incapable de se diriger. Un luminaire ne produit pas de lumière par lui-même, à l'image des astres qui reflètent la lumière du soleil, pour autant qu'ils soient tournés de son côté. « Reluire » est l'état normal du croyant : le plus faible enfant de Dieu, ayant vraiment la vie, peut refléter quelque chose de Christ.
La « parole de vie » (v. 16) est ce par quoi nous avons été engendrés. « Par la Parole de la vérité » (Jac. 1 : 18), nous possédons la vie qui se manifeste dans notre témoignage. La présenter, c'est plus que la prêcher : c'est la vivre, « afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4 : 10). La Parole nous montre les caractères de cette vie qui doit s'exprimer dans ce monde. La vie des Philippiens devait porter des fruits pour « la gloire » de Christ. Paul pouvait déclarer, à propos des Thessaloniciens qu'ils seraient « sa couronne au jour de Christ » (1 Thes. 2 : 19). De Moïse, il est dit : « Son visage rayonnait, parce qu'il avait parlé avec Dieu » (Ex. 34 : 29). Au commencement du christianisme, on pouvait reconnaître des croyants pour avoir « été avec Jésus » (Act. 4 : 13).
L'expression « au jour de Christ » (v. 16) ne se trouve que dans cette épître ; ailleurs, on trouve le « jour du Seigneur » ou « ce jour-là ». Ici, Paul emploie cette l'expression en rapport avec les résultats qui seront vus dans ce jour.
L'apôtre qui a en vue le « jour de Christ » est animé de la « pensée de Christ », ayant devant lui l'exemple de son obéissance, de son humilité et de son dévouement jusqu'à la mort (v5-8). Il est lui-même « en témoignage » (v. 16) devant les Philippiens.
« Afin que je n'aie pas couru en vain », fait penser au verset de 1 Jean 2 : 20 : « afin que nous ne soyons pas couverts de honte, à sa venue » ; il s'agit au contraire de recevoir « un plein salaire » (2 Jean 8).
Plusieurs autres passages présentent la vie chrétienne sous l'image d'une course : Phil. 3 : 14 ; 1 Cor. 9 : 24 ; 2 Tim. 4 : 7. Dans sa course et dans son travail, l'apôtre envisage la possibilité d'être mis à mort : « si même je sers d'aspersion sur le sacrifice et le service de votre foi, j'en suis joyeux » (Phil. 2 : 17). Dans cette épître, ce qui pourrait engendrer de la tristesse devient un sujet de joie, parce que Dieu fait concourir toutes choses pour le bien de ceux qui lui appartiennent (Rom. 8 : 28). Ainsi, l'apôtre dit : « Toutefois, de toute manière, soit comme prétexte, soit en vérité, Christ est annoncé ; et en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai » (Phil. 1 : 18). Il se met complètement de côté. Ici, sa mort (supposée survenir pour le service), ainsi que la foi des Philippiens, forment un tout ; ils ont à s'en réjouir ensemble, c'est un sacrifice complet.
L'aspersion est en rapport avec le sang, tandis que la libation est faite de vin, à l'exception de celle mentionnée au Ps. 16 : 4 : « Je ne répandrai pas leurs libations de sang » (le psalmiste fait allusion aux idoles). La libation de vin est toujours l'expression de la joie. L'aspersion prenait place au commencement du sacrifice, la libation le couronnait.
Au milieu du triste tableau du déclin signalé au verset 21 (« tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ »), l'apôtre rend un beau témoignage à Timothée.
La recommandation de l'apôtre concernant son enfant dans la foi, est remarquable. Son nom est mentionné à maintes reprises, associé à divers caractères :
- Actes 13 : 17 ; 18 : 5 ; 19 : 20 ; Rom 16 : 21 : « compagnon d'oeuvre »
- 1 Cor. 4 : 17 : « l'enfant bien-aimé »
- 1 Cor. 16 ; 2 Cor. 1 ; Phil. 1 : 1 : « esclave de Jésus Christ »
- Phil. 2 : 23 ; 1 Thes. 1 : 1 : il est « uni à l'apôtre pour rendre grâce »
- 1 Tim. 1 : 2 : « mon véritable enfant »
- 2 Tim. 1 : 2 : « mon enfant bien-aimé ».
Timothée a été « connu à l'épreuve » (v. 22) : c'est en vivant, dans la pratique, ce que nous connaissons que la foi, la fidélité, la persévérance, le degré d'attachement au Seigneur seront manifestés. Timothée a été mis en prison pour le témoignage.
Aujourd'hui encore, Dieu permet des choses pénibles pour nous éprouver et pour mettre en évidence si nous avons ou non la crainte de son nom et si sa Parole seule dirige nos voies. Le seul moyen d'être gardés, c'est de s'attacher au Seigneur et à sa Parole. David demandait à Dieu : « Sonde-moi, ô ! Dieu, et connais mon coeur….regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps 139 : 23-24). L'épreuve, sous tous ses caractères, est une dispensation de Dieu, envoyée pour le bien de ceux qu'il aime.
« Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ » (v. 21). Marie, elle, cherchait son Seigneur. « Qui cherches-tu ? », lui demande Jésus. Tout enfant de Dieu devrait avoir comme première pensée les intérêts du Seigneur, au sein de sa famille, et au milieu de l'assemblée.
Ne pas chercher ses propres intérêts, c'est « chercher premièrement le royaume de Dieu » (Matt. 6 : 33), c'est s'interroger en tout lieu, et toute circonstance : notre activité est-elle à la gloire du Seigneur ? C'est quelquefois très difficile de laisser de côté ses propres intérêts pour servir ceux du Seigneur. Les droits de Dieu ne doivent pas être sacrifiés à ceux de la chair. « Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère … et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Luc 14 : 26). Il n'est pas possible de maintenir les droits du Seigneur et d'en éprouver une perte ! C'est pourquoi il est dit qu'il en recevra, « en ce temps-ci, cent fois autant…et dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (Marc 10 : 30).
Si nous recherchions les intérêts du Seigneur, nous réaliserions les exhortations de cette épître : nous tiendrions fermes dans un seul et même esprit, combattant ensemble d'une même âme, nous aurions une même pensée, un même amour !
Paul subordonnait son désir d'envoyer Timothée auprès des Philippiens à la tournure que prendraient ses propres affaires (v. 23). Timothée pouvait lui être utile. Un lien étroit les unissait. En 2 Tim. 4 : 9, l'apôtre lui écrit : « Empresse-toi de venir auprès de moi ». Au chapitre premier, Paul n'est pas sûr de demeurer avec les Philippiens. Ici, il ne sait pas la tournure que prendront ses affaires. Quelle différence avec l'omniscience du Seigneur ! Paul pouvait bien recevoir, dans certaines circonstances, une direction particulière du Seigneur. Mais il ne savait pas toujours discerner son chemin ; c'est ce que nous montre ce récit : « Ayant été empêchés par le Saint Esprit d'annoncer la parole en Asie ; et étant venus jusqu'en Mysie, ils essayèrent de se rendre en Bithynie, mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas » (Act. 16 : 6-7).
En attendant de pouvoir envoyer Timothée à Philippes, Paul leur renvoie Epaphrodite ; celui-ci était venu à Rome, afin d'apporter un don à Paul de la part des saints de Philippes. Il fait ressortir les caractères de ce serviteur qu'il nomme « son frère » ; ce terme insiste sur la relation intime qui les unissait ; mon « compagnon d'oeuvre » implique l'idée du service, tandis que « compagnon d'armes » suggère celle du combat.
Epaphrodite était associé à Paul, dans son service, pour répandre la semence de la parole de Dieu et pour prêcher, en combattant les raisonnements des sages. L'oeuvre a un sens plus général que le service. Une soeur, dans son dévouement à l'égard d'un frère, est associée à son oeuvre. Celui qui aura reçu un prophète en qualité de prophète recevra la récompense du prophète (Matt. 10 : 41).
Avec ce serviteur, nous avons un bel exemple de l'amour qui ne cherche pas son propre intérêt ! Il était affligé à la pensée que ses amis, mis au courant de sa maladie, pouvaient en éprouver du chagrin. Mais Dieu a répondu aux prières des Philippiens, en le délivrant de la mort. Aussi Paul leur demande de le recevoir dans le Seigneur ; en le revoyant, ils réaliseraient la grâce particulière du Seigneur qui l'avait rétabli, sa faveur à leur égard, et ils pourraient alors réaliser une joie commune. Il ne s'agissait pas de fêter l'homme qui revenait, mais de le recevoir dans le Seigneur et d'éprouver une joie telle que les chrétiens, au commencement, savaient la réaliser.
« Honorez de tels hommes » (v. 29), recommande Paul ; il convenait de les estimer, les aimer et les recevoir dans le Seigneur. En Rom. 16 : 13, l'apôtre fait saluer Rufus, « l'élu dans le Seigneur » : il fait simplement ressortir son caractère d'élu. Quand on ne trouve rien de particulier à honorer chez un frère en rapport avec sa responsabilité, il faut chercher en lui ce qui dépend de la souveraineté de Dieu ; on trouvera alors toujours de bonnes raisons pour le faire. L'apôtre emploie cette expression : « le frère pour lequel Christ est mort » (1 Cor. 8 : 11). Quand il est dit de recevoir dans le Seigneur, il est aussi question de l'autorité du Seigneur et de ses droits.
Epaphrodite avait été proche de la mort, ayant exposé sa vie » (v. 30); on peut penser qu'il avait fait ce long voyage de Philippe à Rome, en contournant l'Adriatique, un voyage de trois mois au moins, une route de 2000 km environ, semée de dangers divers. Le fait que le Seigneur ait eu pitié de lui fait présumer qu'il s'agissait d'une maladie plutôt que d'une agression.
Le parfait modèle de Christ se reflète ainsi brillamment sous trois aspects dans ce chapitre :
- l'humilité de l'apôtre Paul
- la sollicitude de Timothée
- la délicate affection d'Epaphrodite.
Encouragés par ces exemples, fixons nos yeux sur Christ, seul modèle parfait, afin d'être pour Lui, dans une petite mesure, ses témoins dans ce monde.