SOUVENEZ-VOUS DE LA FEMME DE LOT
Abraham et Lot
La famille de Lot
Le jugement de Sodome et la délivrance de Lot
Le jugement de la femme de Lot
« Souvenez-vous... » : cette expression se trouve une vingtaine de fois dans l’Ecriture, et nous sentons généralement l’importance de l'injonction qu'elle nous adresse. Citons par exemple : « Souvenez-vous de la parole que Moïse… vous a commandée » (Jos. 1 : 13), ou : « Souvenez-vous de ses œuvres merveilleuses » (Ps. 105 : 5), ou encore : « Souvenez-vous de vos conducteurs » (Héb. 13 : 7). En revanche, l'appel à se souvenir de la femme de Lot (Luc 17 : 31) paraît peu fondée en raison de l'absence de précisions données par l’Ecriture à l’égard de cette femme. Mais les silences de Dieu sont aussi importants que ses paroles, même si leur signification nous échappe souvent (Deut. 29 : 29). Demandons-Lui de nous aider à retenir toutes ses leçons, même celles qui restent implicites dans sa Parole.
Après le déluge, l’idolâtrie avait fait d’effrayants ravages sur la terre. Dieu appelle alors un homme, Abram, à s’en séparer (Héb. 11 : 8) ; il doit se rendre dans le pays que l’Eternel lui montrera. « Il part les yeux fermés, mais Dieu le conduisait par la main » (J-G Bellet). Son neveu Lot, sans avoir été appelé, décide de le suivre. Mais sa conduite ultérieure, durant une grande partie de sa vie, est si fâcheuse qu’il faut attendre la seconde épître de Pierre pour apprendre, de Celui qui seul lit dans un cœur, que Lot était bien un « juste » (2 Pier. 2 : 7) ; il souffrait secrètement de la conduite des incrédules au milieu desquels il vivait, hélas, volontairement - et Dieu seul connaissait son état réel, semble-t-il (Ps. 139 : 1-3).
Abram est au contraire pour nous un modèle de foi ; il cherchait habituellement à obéir à Dieu - malgré quelques défaillances. Obéissant à la pensée divine (Gen. 12 : 1), il a commencé par abandonner les choses visibles autour de lui. Il avait désormais un but invisible : la cité céleste (Héb 11 : 16). Etranger sur la terre, il devient, avec son autel et sa tente, un adorateur et un pèlerin ; c’est une bonne compagnie pour Lot, qui commence par suivre l'exemple de son oncle, sans avoir, hélas, la même ferme décision de cœur.
Cependant, quand Dieu permet une famine en Canaan, Abram veut échapper à cette épreuve. Il ne cherche pas les instructions divines et ne sait pas les attendre ; il descend avec sa famille en Egypte, toujours suivi par son neveu. Il n’est plus alors un bon exemple pour Lot. Dans ce pays étranger, Abram devient inquiet du fait de sa fausse position ; il cherche à se protéger personnellement et adopte dans ce but une attitude équivoque à l’égard de sa femme : il la présente aux Egyptiens comme sa sœur. C’était, si l’on ose parler ainsi, une « demi-vérité », et en réalité un mensonge. Après avoir entendu parler de la beauté de Sara, le Pharaon la fait venir dans son palais ; mais Dieu envoie des plaies sur ce monarque et sur son peuple. La supercherie du patriarche est découverte et le Pharaon, qui l’avait comblé de cadeaux à cause de Sara, le renvoie sèchement : « Voici ta femme : prends-la, et va-t’en » (Gen. 12 : 19). Il quitte l'Egypte et retourne en Canaan avec son neveu, qui a été témoin de sa faute.
Abram avait acquis en Egypte des servantes, dont Agar, et beaucoup de troupeaux. C'était également le cas pour Lot ! Dès lors, leurs bergers se disputent les pâturages. Abram estime avec sagesse qu’une séparation entre eux est préférable à ce genre de querelles répétées devant les Cananéens incrédules (Gen. 13 : 5-8 ; 1 Cor. 6 : 6 ; Jean 13 : 35).
Abram étant de beaucoup l'aîné de Lot, il aurait pu faire valoir ses droits. Cependant, animé d’un esprit de douceur, il invite Lot à choisir : « Si tu prends la gauche, j’irai à droite ; et si tu prends la droite, j'irai à gauche » (Gen. 13 : 9). La Parole montre alors les critères qui ont guidé le choix de Lot. Il lève les yeux et… que peut-il voir en se servant de sa vue naturelle ? La plaine du Jourdain arrosée partout, comme le pays d’Egypte - un pays qu’il vient de quitter, à regret très probablement (13 : 9-10). Son séjour dans un pays si opulent a laissé des traces dans son cœur ; il est attiré par le monde et le sera, malheureusement, de plus en plus. Il ne demande pas au préalable à Dieu sa pensée. Il ne cherche pas à vivre, comme son oncle, à l’écart d’un monde incrédule.
Abram attend que Dieu lui dise de lever les yeux et Celui-ci lui fait part de sa décision de lui donner ce bon pays de Canaan. Toutefois, en attendant, il doit s’y promener de long en large avec sa famille et ses troupeaux. C’est la pensée divine à son égard.
Lot avait vu « au loin » les villes de la plaine. Il dresse ses tentes jusqu’à Sodome et il y habite. Son attitude ressemble à celle d’un chrétien devenu « mondain ». Lot a perdu - définitivement, hélas - son caractère d’étranger et de forain. « Or les hommes de Sodome étaient méchants et grands pécheurs devant l’Eternel » (v. 13). Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs (1 Cor. 15 : 33) - une pomme pourrie peut en gâter tout un panier, mais l’inverse ne pas possible.
Lot, dès lors, est « accablé par la conduite de ces hommes pervers » ; en les voyant et en les entendant, il « tourmentait jour après jour son âme juste » (2 Pier. 2 : 7-8). Mais quels sont les raisons qui l’ont fait rester dans un lieu si corrompu ? Dieu seul le sait. Le Seigneur sait délivrer les hommes pieux ; encore faut-il qu’ils cherchent la compagnie de ceux qui craignent Dieu en se séparant du mal (Ps. 119 : 63).
La Parole ne nous dit rien au sujet du mariage de Lot ; elle ne précise pas quand et où Lot a fait connaissance de sa femme, ni quels ont été ses motifs pour l’épouser. Il est à craindre qu'il n'ait pas cherché la pensée de Dieu avant de faire pourtant un choix si lourd de conséquences. Au cours de ce récit biblique, on n'entend guère parler de cette femme ; souvent, rien n’indique même sa présence. Elle ne semble pas avoir été une aide pour le neveu d’Abram, qui avait longtemps connu une atmosphère de piété. Comment aurait-elle pu lui faire du bien tous les jours de sa vie, et tenir le rôle précieux d’une femme vertueuse (Prov. 31 : 12), vu sa conduite à la fin de sa vie ? Les enfants de ce couple ont sûrement souffert de l’atmosphère familiale. Dans leur vie personnelle, on ne voit pas de fruit à la gloire de Dieu. La Parole dit seulement que certaines de leurs filles se sont mariées avec des incrédules qui vivaient à Sodome - une ville où l’on marchait ouvertement dans le péché. Certaines sont restées célibataires, mais elles ont sombré dans l’immoralité. Leurs enfants ont été à l’origine de nations acharnées contre Israël : Moab et Ammon.
Lot et sa femme avaient sans doute un goût commun pour le côté clinquant du monde dans lequel ils vivaient. Nos cœurs « naturels » apprécient souvent une « promotion sociale » - une de ces « positions » enviées dans ce monde, qui provoque des regards d’envie chez nos concitoyens incrédules. On se plaît à faire partie des « notables », à devenir éventuellement comme Lot, un de ces « juges » qui s’asseyaient alors « à la porte » de l’une de ces grandes villes de ce monde.
Sans qu'il s'en doute peut-être, Lot était détesté ; il l’a appris en tout cas durant cette nuit où la folie meurtrière de ces concitoyens s’est dévoilée dans toute son horreur (19 : 9). Sa femme prenait probablement plaisir à partager avec ses filles les distractions des autres femmes de la société. La notoriété de son mari lui ouvrait probablement bien des portes. Combien toutes ces « distinctions » terrestres sont éphémères et décevantes. La désobéissance ouverte de la femme de Lot, au moment où elle aurait dû être prête à tout abandonner pour sauver sa vie, montre à quel point son cœur était « lié » à Sodome, cette ville violente et corrompue !
Mais auparavant Lot se trouve soudain mêlé à une guerre qui ne le concerne pas (Gen. 14). Il est fait prisonnier avec d’autres habitants de la ville. Abram apprend que les « vainqueurs » du jour ont déporté son neveu. Rien ne l’arrête pour lui porter secours, avec ses trois cent dix-huit hommes exercés (v. 14). C’était en apparence peu de chose pour affronter cette grande armée de rois coalisés. Mais l’amour et la persévérance ont le dessus. Dieu lui donne la victoire : son neveu, et probablement sa femme et ses filles, sont libérés.
Mais Lot ne tient aucun compte du sérieux avertissement que Dieu voulait lui donner. Il retourne à Sodome, fort probablement avec l’assentiment de sa famille. C'est à ce moment-là qu’il devient juge. Satan sait très bien ce qui attire notre faible cœur. Lot fera bientôt à Sodome une expérience plus tragique encore !
Dans la suite du récit, on apprend qu’Abraham, cet « ami de Dieu », offre son hospitalité, avec l’aide de Sarah, à trois voyageurs dont il apprend l’origine divine - en contraste avec Héb. 13 : 1-2. L’Eternel se cachait sous les traits de l’un d’eux et Il annonce à Abram la destruction de Sodome. « Le secret de l'Eternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25 : 14). Aussitôt, ce patriarche intercède en faveur des justes qui pouvaient se trouver encore dans la ville. En réalité, le seul qui s’y trouvait bien à tort, c’est Lot. Mais notre Dieu fidèle ne fera pas périr le juste avec le méchant (18 : 23).
Deux anges poursuivent leur voyage solennel vers Sodome. Arrivés sur la place de la ville, c’est avec beaucoup de réticence qu’ils acceptent finalement l’invitation pressante de Lot (19 : 2). Ils entrent chez lui pour le protéger et le délivrer le moment venu. Il leur fait un festin, cuit pour eux des pains sans levain qu’ils mangent (v. 2-3).
Mais où se trouve le reste des habitants - l’épouse de Lot et ses deux filles ? Il sera question d’elles seulement plus tard, à la fin de cette nuit tragique. Elles ne s’associent pas à l’hospitalité offerte aux anges par Lot. Il semble qu’elles restent indifférentes. Lot, lui non plus, ne semble pas se préoccuper beaucoup de son épouse. Il aurait dû être son gardien, par amour. Avait-il cherché à la nourrir spirituellement, à la sanctifier avec les ressources d’en haut ? (Eph. 5 : 25-26). Rien, dans la Parole, ne le laisse entendre. Nous ne pouvons apporter aux autres que ce que nous avons nous-mêmes reçu du Seigneur. Chaque époux, chaque épouse, devra rendre compte devant Dieu de la façon dont il a agi à l’égard de son conjoint.
Le jugement de Sodome et la délivrance de Lot
C’est bien vite, le même soir, que les hommes de Sodome vont étaler sans honte leur perversité. « Malheur à leur âme ! », dit le prophète, « car ils ont fait venir le mal sur eux-mêmes » (Es. 3 : 9). Ces hommes pervertis serrent Lot de près, mais les anges le font entrer dans sa maison et ils ferment la porte. Ces criminels cherchent à la briser. Mais les anges les frappent de cécité, de sorte qu’ils se lassent d’en chercher l’entrée (Gen. 19 : 9-11).
Les deux anges parlent ensuite à Lot : « Qui as-tu encore ici ? Gendre, et tes fils, et tes filles, et tout ce que tu as dans la ville, fais-les sortir de ce lieu ; car nous allons détruire ce lieu » (v. 12-13). Lot s’adresse alors à ces gendres, en dépit de leur état lamentable, mais ils restent sourds à son appel tardif à quitter la ville, et il leur semble même qu’il se moque d’eux (v. 14) ! Peut-être ses paroles manquaient-elles d'assurance ; était-il lui-même pleinement convaincu de ce qu’il disait ? Sommes-nous vraiment conscients de la proximité du jugement quand nous invitons nos proches à fuir « la colère qui vient » (1 Thes. 1 : 10 ; Apoc. 6 : 17) ? Lot ne l’était pas véritablement ; son comportement, peu après, le montrera.
Le jour se lève et les anges pressent Lot de s'en aller : « Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans l’iniquité de la ville » (v. 15). Or Lot tardait encore ! Alors les anges le prennent par la main pour l’arracher à la ville, car l’Eternel avait pitié de lui. Ils prennent aussi la main de sa femme et celle de ses deux filles célibataires (v. 16). Ils agissent ainsi selon les compassions infinies de Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il vive (Ezé. 18 : 23 ; 1 Tim. 1 : 15). Encore faut-il accepter d’écouter les avertissements divins !
Une fois que ce petit groupe est sorti de la ville, les anges s’adressent à nouveau à Lot : « Sauve-toi pour ta vie ! ne regarde pas derrière toi, et ne t’arrête pas dans toute la plaine ; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses » (v. 17). C’était un très bon conseil et tous les membres présents de la famille l’ont entendu.
Lot ne semble pas réaliser qu’il est un « tison arraché au feu » (Zach. 3 : 2 ; 1 Cor. 3 : 15). Il aurait dû être prêt à tirer enfin un trait définitif sur sa vie antérieure, et à laisser toutes ses mauvaises habitudes de côté. Au lieu de cela, il cherche à persuader Dieu qu’il lui est impossible de se sauver dans la montagne. Il demande à rester à Tsoar, une « petite ville » toute proche - un « petit lambeau » du monde qui plaisait à certains égards à son cœur souillé. Hélas, il a perdu tout goût pour la montagne accueillante où il se serait pourtant trouvé en présence de Dieu. Il restait tenté par l’atmosphère agitée de la ville - si néfaste pour celui qui veut s’adonner à la méditation de la Parole de Dieu.
Dieu, dans sa miséricorde, accepte la requête de Lot. Il faudra qu’il soit entré dans Tsoar avant que les anges poursuivent l’œuvre d’un Dieu « ému de colère ». Ils accompliront son travail inaccoutumé (Es. 28 : 21). Au terme de ce travail, Sodome et Gomorrhe sont réduites en cendres, et tous leurs habitants - et même toutes les plantes de la terre ! C’est un solennel avant-goût de ce qui attend les impies (2 Pier. 2 : 6 ; Jude 7).
Le jugement de la femme de Lot
Sur le chemin entre Sodome et Tsoar, la femme de Lot regarde en arrière, et elle devient une statue de sel (Gen. 19 : 26) ; celle-ci se dresse désormais comme une sorte de poteau indicateur - un avertissement solennel que Dieu adresse à chacun (Jér. 31 : 21). Nous sommes ainsi prévenus de ce qu’il en coûte de lier son sort à un monde condamné. Pour cette femme, quitter Sodome était un exil insupportable ! Son cœur, attiré par les délices du péché (Héb. 11 : 25), était resté dans ce monde. Elle périt donc avec lui ! Une question très sérieuse se pose à chacun : se « séparer » de ce monde est-ce pour nous un exil ou une rédemption ? Donnons notre réponse à Celui qui lit dans notre cœur.
La Parole insiste sur la tragique erreur de regarder en arrière. Au chapitre 9 de l'évangile de Luc, Jésus lui-même dit : « Nul homme, qui après avoir mis la main à la charrue regarde en arrière, n’est propre pour le royaume de Dieu » (v. 62). Là, il s’agit a priori d’un enfant de Dieu qui, au lieu de garder les yeux fixés sur Jésus, se laisse décourager par les épreuves et les difficultés et perd pied. Ce fut le cas de Jean Marc, après peut-être la confrontation difficile avec le magicien Elymas (Act. 13 : 8-13). Mais un enfant de Dieu n’est jamais abandonné et par Sa grâce, ce serviteur a été lui aussi restauré. Le Saint Esprit l’a employé plus tard pour écrire le second évangile, celui du Serviteur parfait.
A la fin du chapitre 17 de Luc, il s’agit d’une désobéissance ouverte à un ordre divin formel - avec ses terribles conséquences. La femme de Lot est restée insensible à l’amour de Dieu qui voulait, à cause de son mari, l’arracher à la perdition. Elle a péché volontairement, il n’y avait plus pour elle qu’une « certaine attente terrible de jugement » (Héb. 10 : 26). Lecteurs encore incrédules, ne refusez pas d’écouter les appels de la grâce divine. La grande patience de Dieu va avoir son terme.
Ph. L - Le 18. 06. 2016