LA DISCIPLINE DE JOB (4)
Job appelé à écouter Elihu
L’offre de la grâce
Elihu justifie Dieu
Un but pour l’épreuve
Maintenant Elihu ouvre la bouche pour s'adresser à Job. Il dit : « Mes paroles seront selon la droiture de mon cœur » (Job. 33 : 3). Quel délicieux changement, lorsque, fatigué de mes efforts à chercher la justice en moi-même, l'Esprit de Dieu met devant moi le Seigneur, ma justice, dans le ciel !
Ce qui répondait au besoin si profondément senti de Job se trouve en Elihu. « L'Esprit de Dieu m'a fait, et le souffle du Tout-puissant m’a donné la vie… Voici, je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d’argile, moi aussi. Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas » (v. 4-7).
Quelle illustration frappante nous avons ici de la réelle humanité de notre précieux substitut, le Seigneur de gloire ! Il fut conçu du Saint Esprit, et cependant né de femme. Le Médiateur, l'arbitre entre Dieu et l'homme, ce fut l'homme Christ Jésus. N'est-il pas des plus précieux que Dieu se soit ainsi manifesté à nous en chair ? La frayeur que nous avons de Lui ne peut nous épouvanter. Voyez-le au milieu de pauvres pécheurs coupables, tels que la femme de Samarie, la pécheresse de la ville, le brigand à la croix. Oh ! ne viendrions-nous pas avec assurance à un tel Sauveur ?
Elihu tance Job de ce qu'il a voulu à tout prix se justifier lui-même, et de ce qu’il a eu l'affreuse pensée que Dieu était contre lui. Il lui dit ensuite : « Voici, je te répondrai qu'en cela tu n'as pas été juste, car Dieu est plus grand que l'homme. Pourquoi contestes-tu avec lui ? » (v. 12-13). Comme la question du combat du chrétien devient simple, une fois que cette lumière vient l'éclairer : tu n'es pas juste, tu es coupable - c'est un fait, c’est la déclaration de la Parole de Dieu ! Il n'y a pas de différence, car tous ont péché. Comme pécheur, tu es jugé dans la mort de Jésus ; et comme pécheur jugé, condamné, mort, par cette mort tu es réputé mort, et mis de côté à jamais. En tant que fils d'Adam, tu ne peux jamais être juste ; et ainsi tout ce que tu pourrais tenter pour relever ta vieille nature, le vieil homme coupable, en quelque manière que ce soit, c'est tout simplement combattre contre Dieu. Dieu n'est pas contre toi, mais il est contre tes efforts pour te justifier. Et je te répondrai que Dieu est trop fort pour toi. Ce ne sera que confusion pour toi, si tu oses combattre contre Dieu. - On vient de me raconter une anecdote, qui montre cela d'une manière frappante. Un cher enfant de Dieu fut grièvement éprouvé sur son lit de mort. Tous les péchés de sa vie passée lui apparaissaient distinctement, et le sentiment de sa culpabilité et de sa honte devint si accablant qu'il fut près de tomber dans le désespoir. A la fin il apprit et comprit la leçon de Job, et dit : « Je vois maintenant que si j'avais été seulement un peu meilleur, cela aurait tourné à ma condamnation. Si j'avais pu faire reposer mon salut sur la plus petite chose en moi, je l'aurais fait et j’aurais été perdu dans mon égarement ; mais maintenant il n'y a que le sang de Christ. - Tel est, chez tout enfant de Dieu, l'effort désespéré du cœur humain contre Dieu. Il faut que la leçon de Job s'apprenne. D'une manière ou d'une autre, la pensée de l'homme est de se justifier lui-même. Ce peut être en gardant la loi, ou en mêlant la justice de Christ avec la sienne, en cherchant à répondre aux exigences de la loi, afin de rendre ainsi sa cause juste devant Dieu. Peu importe la manière ; tout effort que je fais pour me justifier moi-même devant Dieu n'est autre chose que combattre contre Dieu. C'est travailler à rétablir ma vieille nature adamique que Dieu a renversée et ensevelie pour toujours. Dieu « ouvre l'oreille aux hommes et scelle l‘instruction qu'Il leur donne, pour détourner l'homme de ce qu’il fait ; et il cache l'orgueil de l’homme » (v. 16-17). Il faut que l'homme passe par cette dure affliction. Il peut arriver que ce soit à la suite de quelque chute que toute confiance en lui-même soit détruite. Et peut-être qu'à moins d'une chute aucun chrétien n'arrive réellement à comprendre. Ah! certes, ce n'est pas chose facile d'estimer comme une perte - comme des ordures - tout ce qui tient au moi religieux (Phil. 3 : 7-8) ; de n'avoir aucune confiance en la chair (v. 4) - d'être trouvé uniquement en Christ.
Elihu nous montre que le but de Dieu est la pleine délivrance de Job. Et c'est dans ce même but qu'Il permet tous les combats par lesquels le croyant peut avoir à passer. Alors quand il arrive au point le plus humiliant, « s'il y a pour lui un messager, un interprète, un entre mille, pour montrer à l'homme ce qui, pour lui, est la droiture, il lui fera grâce, et il dira : Délivre-le pour qu’il ne descende pas dans la fosse : j'ai trouvé une propitiation » (v. 23- 24).
Quel bonheur pour nous d'avoir un véritable Messager du ciel, un véritable interprète de Dieu pour nous montrer sa Justice. Le Saint Esprit, envoyé du ciel, est le meilleur interprète du dessein de Dieu dans la croix de Christ. Dans la bonne nouvelle qu'il a apportée, la justice de Dieu est révélée. Oui, c'est son œuvre bénie de faire voir la justice de Dieu en justifiant le pécheur - de montrer que Dieu est conséquent avec lui-même, avec sa sainteté, en étant miséricordieux envers le pauvre pécheur coupable. Comment Dieu peut-il dire : « Délivre-le pour qu'il ne tombe pas dans la fosse » ? Est-ce que l'homme est juste ? Oh ! non. Est-il innocent ? Non. Ne mérite-t-il pas de descendre dans la fosse ? Alors donc comment Dieu peut-il être juste en l'épargnant ? « J'ai trouvé une propitiation (ou une rançon) ».
L'homme est coupable. Il n'a pas de justice. Mais Dieu a trouvé une rançon. Ceci change tout et explique tout. Je ne suis plus un pécheur tremblant devant Dieu, envisagé comme mon Juge ; mais je suis devant Dieu qui est Celui qui me justifie. Dieu a trouvé une rançon, une propitiation dans le sang de Jésus, dans le but exprès de manifester sa justice, en justifiant gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Quatre fois cela nous est montré comme étant la justice même de Dieu, dans Romains 3 : 21-26. Remarquez bien que ce n'est pas que moi, comme enfant d'Adam, je suis juste. Cela ne peut jamais être. Les chapitres 5 à 7 de cette épître montrent que par la mort de Christ je suis mort et enseveli. Et si je suis justifié, c'est uniquement et entièrement dans le Christ ressuscité ! Christ n'est pas mort pour les justes, mais pour les injustes, afin de les amener à Dieu.
Maintenant, cher lecteur, où en êtes-vous ? Est-ce que vous combattriez encore contre Dieu en essayant d'être par vous-même juste devant lui comme Juge ? S'il en est ainsi, il n'est pas étonnant que votre âme soit tourmentée, remplie de confusion et de ténèbres. Ou bien, est-ce que vous vous reposez entièrement sur la valeur de ce sang expiatoire, de cette rançon qui fait que Dieu est juste en vous justifiant ? Ah ! chaque fois que votre âme est abattue par un simple doute, vous pouvez dire avec certitude : « Voilà de nouveau que je cherche à me justifier moi-même, au lieu de me réjouir en Dieu qui me justifie ». Si Dieu est votre juge vous ne pouvez être sauvé. Si Dieu est votre justificateur, vous ne pouvez être perdu. « Qui intentera une accusation contre les élus de Dieu ? - C'est Dieu qui justifie ! Qui est celui qui condamne ? - C’est Christ qui est mort, bien plus, qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ! » (Rom. 8 : 33-35).
Ce n'est pas vous qui avez trouvé la rançon. Dieu l'a trouvée. Satan peut lui parler de tous vos péchés, et surtout de votre profonde ingratitude et de vos manquements depuis que vous êtes enfant de Dieu. La réponse de Dieu est toujours celle-ci : « J'ai trouvé une propitiation ».
Alors certainement je dois avoir une parfaite délivrance - en ayant Dieu pour mon justificateur, Jésus pour mon avocat. Oh ! quel rafraîchissement cela procure à l'âme : « Sa chair aura plus de fraîcheur que dans l’enfance ; il reviendra aux jours de sa jeunesse » (33 : 25). Ce n'est plus à présent : « Oh! qui me ferait être comme j'étais autrefois ! ». Maintenant j'en ai fini avec le moi. Ce n'est plus moi, mais Christ en moi - ce ne sont plus de misérables efforts pour me justifier moi-même, ou mon vieil homme. Oh ! non, c'est mon âme toute remplie de fraîcheur en contemplant la rançon que Dieu a trouvée et la perfection de Dieu en me justifiant par cette rançon. Comme la prière est douce maintenant : « Il suppliera Dieu, et Dieu l’aura pour agréable ; et il verra sa face avec des champs de triomphe, et Dieu rendra à l’homme sa justice » (v. 26). Que c'est merveilleux ! L'homme qui n'a aucune justice en propre, possède maintenant la justice de Dieu. « Elle est envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3 : 22). Quelle bénédiction ! Christ est fait justice aux croyants - ils sont la justice de Dieu en lui ; et par-dessus tout, notre justification dans le Christ ressuscité est, pour ainsi dire, la justice même de Dieu. Et rien n'arrête plus le plein déploiement de toutes ces bénédictions et jouissances, sinon les efforts de la propre justice, le travail pour être juste en soi-même. Confessez simplement la vérité telle qu'elle est : « Il chantera devant les hommes, et dira : J'ai péché et j’ai perverti la droiture, et il ne me l’a pas rendu. Il a délivré mon âme pour qu’elle n’allât pas dans la fosse, et ma vie verra la lumière » (Job 33 : 27-28).
Comme ce verset est simple. Oh ! dira peut-être quelqu'un de mes lecteurs, maintenant je commence à voir clairement que je n'ai jamais été chrétien du tout. Ma religion n'a été autre chose que de la confiance en moi-même. « Il dira, j'ai péché ». Est-ce là le langage de votre cœur maintenant ? Pouvez-vous vous jeter aux pieds de Christ comme un pécheur avoué ? Vous pouvez prendre cette place sans aucune crainte d'être hypocrite. En vous reconnaissant pour ce que vous êtes, un pécheur devant Dieu, vous n'avez pas à craindre de vous tromper vous-même, bien moins encore de tromper Dieu ! Si c'est là l'état dans lequel vous confessez être, Dieu délivrera votre âme de la fosse, et vous serez éclairé de la lumière des vivants. Ne demeurez pas satisfait, jusqu'à ce que vous soyez assuré que « Tous ceux qui croient sont justifiés gratuitement par sa grâce(de Dieu), par la rédemption qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 3 : 24). C'est assurément une grande chose que Dieu dit dans ce passage ; cependant il faut qu'elle soit vraie, car c'est la parole de Dieu. Il ne se trouvera donc jamais dans la fosse, un seul de ceux qui auront été amenés à venir à Dieu comme des pécheurs perdus. « Il a délivré mon âme pour qu'elle n’allât pas dans la fosse et ma vie verra la lumière ». Combien, par conséquent, il importe de vous assurer, si vous avez été ainsi amené à faire devant Dieu une confession sincère et réelle. Il n'est pas dit : si quelqu'un m'a servi, ou si quelqu'un n'a pas péché ; mais si quelqu'un a péché. « Si quelqu'un dit : j'ai péché ». Maintenant, lecteur, Dieu discerne vos pensées dans ce moment-ci. Que dites-vous à Dieu ? Pouvez-vous dire : j'ai péché ?
Elihu dit : « Sois attentif, Job, écoute-moi ; tais-toi, et moi je parlerai. S’il y a quelque chose à dire, réponds-moi ; parle, car je désire que tu sois trouvé juste » (33 : 30-31). Certes c'est un fait merveilleux que le propre but de Dieu, son désir, son intention en envoyant son Fils bien-aimé dans ce monde, était de justifier des pécheurs impies. Que le pécheur réveillé et inquiet apprenne donc ceci, c'est qu'en venant à Lui, il rencontre un Dieu tout disposé en sa faveur, un Dieu qui désire le rendre juste. Oui, du moment que vous croyez en Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts pour notre justification, dès ce moment-là vous êtes justifié de toutes choses (voyez Act. 13 : 38 ; Rom. 4 : 24-25 ; 5 : 1).
Elihu parle maintenant à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il montre en quoi Job avait si gravement erré. Premièrement, en disant : « Je suis juste », et ensuite en disant qu'il ne servait à rien de servir Dieu. C'est ainsi que la « propre justice » est mise à nue comme conduisant à l'infidélité et à la plus profonde méchanceté spirituelle. Ensuite Elihu fait voir que Dieu est juste dans toutes ses voies. Que l'homme s’en rende compte ou non, il y a une raison, une nécessité pour chaque acte, chaque permission de Dieu dans ses voies, soit envers une nation, soit envers un individu ; « car ses yeux sont sur les voies de l’homme, et il voit tous ses pas. Il n'y a pas de ténèbres, il n’y a pas d’ombre de la mort, où les ouvriers d'iniquité puissent se cacher » (34 : 21-22).
Quelle que puisse donc être la Providence de Dieu à l'égard du monde, ou sa discipline à l'égard de ses enfants, que ce soit un châtiment, ou même la mort du corps (1 Cor. 11 : 30-31)), toutes ses voies sont justes et véritables.
Au chapitre 35, Elihu applique tout cela à Job lui-même, et il en vient ensuite à justifier Dieu, à parler en faveur de Dieu, à lui attribuer la justice. Il est très frappant de voir comment toute l'affaire d'Elihu consiste à justifier Dieu. Cela nous rappelle les paroles de Jésus. « Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi, je t'ai connu ». La grande affaire de Jésus, le Fils, était, par sa mort, de glorifier le Père en justifiant les impies. Il est de toute importance pour l'âme qu'elle comprenne bien ceci, savoir que Dieu est parfaitement juste en justifiant les impies par le sang de Jésus. Et que, étant ainsi justifiés, ils sont considérés comme justes dans le Christ ressuscité. Il a constamment les yeux sur eux en Christ. « Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste, et celui-ci est avec les rois sur le trône, et il les fait asseoir à toujours, et ils sont élevés » (36 : 7). Certainement il faut qu'il en soit ainsi: Quand Dieu voit une fois le pauvre pécheur, coupable, devenu juste en Christ, et qu'il ne retire plus ses yeux de dessus lui, alors il doit être établi pour toujours; car Christ est établi pour toujours. Si Christ est élevé pour toujours, alors le croyant est aussi, en lui, élevé pour toujours. Je peux détourner mes yeux de Christ, ma justice vivante devant Dieu, pour regarder ce que je suis, moi. Dieu ne le fera jamais. O mon frère ! ton cœur ne bondit-il pas de joie à la pensée que, dans ce moment, Dieu te voit juste en Christ pour toujours ? Mais, diras-tu, « alors il est bien étrange que je doive passer par tant d'angoisses et d'afflictions, que je sois ainsi comme un captif dans les fers, retenu dans les chaînes de l'adversité ! ». Ah! c'est que la leçon de Job n'est pas encore apprise.
Les quelques versets qui suivent exposent le but de Dieu dans la discipline. « Si,liés dans les chaînes, ils sont pris dans les cordeaux du malheur, Il leur montre ce qu'ils ont fait, et leurs transgressions parce qu’elles sont devenues grandes ; et il ouvre leurs oreilles à la discipline, et leur dit de revenir de l'iniquité. S'ils écoutent et le servent, ils accompliront leurs jours dans la prospérité et leurs années dans les choses agréables de la vie ; mais s'ils n'écoutent pas, ils s’en iront par l’épée, et expireront sans connaissance » (36 : 8-12). Il est des plus important de ne pas confondre la position du croyant et son salut en Christ avec sa marche et la discipline du Père envers lui. Quant à sa position en Christ, elle est, comme nous l'avons vu, établie pour toujours. La faire dépendre, le moins du monde, de nos œuvres, ce serait nier la grâce de Dieu. Cependant combien de choses dépendent en effet de la marche avec Dieu. Ce ne sera pas sans doute la prospérité terrestre, ni les plaisirs du monde ; plus nous marcherons près de Dieu, moins nous aurons part à ceux-ci. Témoin l'apôtre Paul, et tous ceux qui veulent vivre pieusement dans ce présent siècle mauvais.
Mais qui peut dire combien notre prospérité spirituelle, combien la jouissance des joies célestes dépendent d'une marche avec Dieu et près de Dieu. La question est très fermement posée ici, et c'est la Parole de Dieu. Le but béni qu'Il se propose dans toutes nos afflictions, dans toute sa discipline et ses châtiments, c'est de nous rendre participants de sa sainteté. Oh ! pensez à ce qu'Il nous a fait être en Christ, et puis dites, si vous le pouvez, que vous avez été affligé sans cause ! Ah ! il y avait quelque accommodement avec l'iniquité. Et si Dieu n'était pas intervenu avec le châtiment, qui peut dire si nous n'aurions pas continué dans cette voie à tel point que Dieu aurait dû nous retrancher par la mort. Le Seigneur discipline celui qu'Il aime (Héb. 12 : 5-9).
Qui peut dire les résultats bénis d'un abandon complet de soi-même à Dieu ? Quelle honte pour le croyant de servir le monde, la chair ou le diable ! Quelle puissance dans cette parole : « Si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et... il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5 : 14-15) !
D’après Ch. Stanley - « Messager évangélique » 1861 p. 291-300
A suivre