Naaman (3)
Lire : 2 Rois 5
Naaman se lave dans le Jourdain et il est guéri !
Naaman rend témoignage de sa guérison et exprime sa gratitude
La demande de Naaman
Il est bien vrai qu’un homme est prêt à faire de grandes choses pour être guéri de sa lèpre, plutôt que d’accepter simplement de se laver afin d’être pur ! Un résultat aussi immense que le salut semble impossible à atteindre par un moyen si simple – c’est pourquoi certains font toutes sortes d'exercices de piété, allant jusqu'à se flageller et s'imposer de grands sacrifices, dans lesquels il n'y a rien pour Dieu.
Les remarques des serviteurs de Naaman ont suffi – sous l'influence de la providence divine – pour qu'il fasse demi-tour et se rende au Jourdain. Quelles conséquences heureuses ont résulté de chacun de ses pas – et de chacun des pas que nous faisons pour retourner à Dieu ! Prenons garde de ne pas supprimer l'éveil de la vie spirituelle qui cherche à prendre forme et à se développer – l'Esprit de Dieu « ne contestera pas à toujours avec l'homme » (voir Gen. 6 : 3). Nombreux sont ceux qui s'endurcissent et courent à leur ruine parce qu'ils se sont dérobés à l'action de l'Esprit.
Naaman se lave six fois sans qu'un changement se produise. Mais il doit se plier aux directives de Dieu, aussi se lave-t-il une septième fois. Et voici qu’en sortant de l'eau, sa chair est « comme la chair d'un jeune garçon ». Quelle tempête de sentiments a dû l'envahir ! Seul celui qui a fait cette expérience – être passé de la mort à la vie, du désespoir à une joie sereine, de l'esclavage à la liberté – peut, en regardant en arrière, éprouver les mêmes sentiments.
Ce récit de la guérison de Naaman illustre bien le chemin du salut annoncé par l'évangile. Celui qui est lavé dans le sang précieux de Christ est immédiatement, complètement et définitivement purifié.
Il a dû s’écouler très peu de temps entre le moment où Naaman s'est lavé dans le Jourdain et son retour vers Elisée. Pourtant, quels changements avaient eu lieu ! Pour Naaman, toutes choses avaient été faites nouvelles (voir 2 Cor. 5 :17-18). Bien conscient de sa guérison, ayant une ferme conviction donnée par l'expérience qu’il venait de faire, Naaman croyait maintenant en l'Eternel, le Dieu d'Israël. On ne peut jamais être aussi fortement convaincu de la vérité que si l'on en a fait personnellement l'expérience.
De la même manière, lorsque quelqu'un qui a cru au Seigneur Jésus se relève de sa prière, pardonné et accepté par Dieu, c'est un enfant de Dieu, né de nouveau. Tout lui apparaît comme changé, non seulement dans le monde spirituel, mais aussi dans le monde matériel qui l'entoure. Si une personne est passée de la mort à la vie, on comprendrait difficilement qu'elle ne soit pas consciente du grand changement qui est intervenu pour elle – même si, au début, il peut lui être difficile de démêler les sentiments qui agitent son esprit. Il est vrai que notre guérison spirituelle n'est pas visible comme l'était la guérison physique de Naaman, mais notre conscience du pardon et de l'acceptation ne peut pas tromper. Faisons confiance à Dieu.
La première réaction de Naaman est de rendre publiquement témoignage de sa conversion à Dieu et d'exprimer sa gratitude. La froideur chez une personne réellement convertie est pour le moins inconséquente. De nos jours, les difficultés entraînées par une franche profession de foi sont, du moins dans bien des pays, sans comparaison avec celles que Naaman a pu rencontrer. Pourtant, une déclaration de foi spontanée, chaleureuse et joyeuse, est malheureusement une exception. Certains ont peur de se rendre ridicules, d'autres craignent qu'on profite d'eux. De telles personnes commencent leur vie avec Dieu en refusant de le servir ! Soyons toujours prêts à rendre témoignage de notre foi. L'œuvre du Saint Esprit et l'expérience spirituelle individuelle sont les preuves les plus convaincantes de la vérité du christianisme. C'est pourquoi, face à des opposants, il est conseillé de toucher d'abord la conscience tout en donnant les raisons de notre foi.
Naaman désire retourner à la maison du prophète : il veut déclarer publiquement sa conversion à Dieu et exprimer son affection et sa reconnaissance. Le moment de la conversion devrait certainement être l'occasion d'une affirmation claire des sentiments les plus profonds et les plus saints. Malheureusement, un tel témoignage public ne se voit pas souvent de nos jours ; pourtant, dans les pays occidentaux, les difficultés d'une telle confession ne sont pas à comparer avec celles que l’on pouvait connaître au temps de Naaman.
Elisée ne refuse plus de rencontrer Naaman, comme lors de son arrivée (v. 10). L'attitude du chef de l’armée a changé, et il peut maintenant être accueilli comme un frère bien-aimé dans le Seigneur. Quelle joie a dû remplir le cœur du prophète lorsque Naaman a confessé le vrai Dieu ! Il est impossible, pour celui qui n’en a pas fait l’expérience, de décrire ni même de concevoir la joie profonde qui remplit le cœur d'un témoin de Christ lorsqu'il contemple ainsi le fruit de son travail.
Naaman offre un présent, non pour obtenir quelque chose, mais pour exprimer sa gratitude. La reconnaissance envers Christ n'est jamais muette – elle parle avec chaleur et persuasion, elle est pleine d'imagination pour rendre un témoignage clair. Offrir à Dieu quelque chose de nous-mêmes est une forme humble de service, qui nous est donnée comme un grand privilège. Malgré l'insistance sincère de Naaman, Elisée refuse pourtant de recevoir ce cadeau : il montre que Dieu donne gratuitement. Plutôt que de recevoir des contributions, le désir de celui qui sert véritablement le Seigneur est le bien des âmes et la gloire de Dieu.
La demande faite par Naaman après sa conversion (v. 17) était naturelle de la part d'un étranger comme lui. Voulait-il employer « la charge de deux mulets » de terre du pays d'Israël pour construire un autel à l'Eternel ? Ce n'était certainement pas en accord avec un enseignement plus approfondi – un autel ne pouvait être bâti à l'Eternel que là où il avait mis la mémoire de son nom (Ex. 20 : 24), à Jérusalem désormais –, mais Naaman émergeait tout juste du paganisme avec un cœur plein de dévouement pour le Dieu d'Israël, et il désirait lui offrir l'adoration.
Par ailleurs, la perspective d'accompagner son maître dans le temple de Rimmon interpellait la conscience de Naaman. Sa position officielle de serviteur le plus proche du roi lui imposait cela et il n'était sans doute pas encore préparé à la quitter.
Nous devrions avoir, comme Naaman, la conscience délicate au point que tout ce qui pourrait avoir chez nous une apparence de mal nous soit intolérable. Naaman était conscient que sa foi s'appliquait à tous les éléments de son existence, et il désirait vraiment la mettre en pratique, non seulement quant à l'adoration, mais dans tous les devoirs de sa vie, tant publique que privée. Toute sa vie, dorénavant, devait être au service de Dieu, et la pensée qu'il pourrait être trouvé en faute dans sa vie pratique lui était insupportable. Alors, que faire ?
Elisée, avec sagesse, n'approuve pas ce qui paraît inévitable à Naaman, mais il lui dit : « Va en paix » (v. 19), le confiant au Seigneur pour qu'il l'éclaire. La réponse d'Elisée à la requête de Naaman est en accord avec l'enseignement de l'apôtre Paul, qui demande aux forts de porter les infirmités des faibles (Rom. 15 : 1).
Que le Seigneur, dans sa miséricorde, aide chacun de nous à avancer pas à pas, de la même manière, en paix.
D'après A. Edersheim
A suivre