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La médisance de Marie et d’Aaron

 

Lire : Nombres 12


Marie et son frère, Aaron
Le récit du chapitre 12 des Nombres
Une sérieuse mise en garde pour nous, chrétiens

 

            « Tu n’iras point çà et là médisant parmi ton peuple » (Lév. 19 : 16). C’était l’un des commandements de l’Eternel sous la Loi. Quand Moïse lit devant tous le Livre de l’alliance, le peuple d’Israël, absolument inconscient de son état réel, affirme : « Tout ce que l’Eternel a dit, nous le ferons, et nous écouterons » (Ex. 24 : 7) - une affirmation vite bafouée ! La médisance de Marie et Aaron à l'égard de leur frère est particulièrement humiliante. Ce qui a eu lieu avec ces deux serviteurs est d’autant plus douloureux qu’ils faisaient partie de ceux qui se trouvaient « à la tête » du peuple, et les regards de tous se portaient forcément sur eux. L’Ennemi cherche à frapper d’abord ceux qui ont une responsabilité particulière au milieu du peuple de Dieu.
            Avant de considérer ce récit de Nombres 12, rappelons brièvement ce que l'Ecriture relate précédemment au sujet de Marie et d'Aaron.
 

Marie et son frère, Aaron

                        Marie

            Elle était l’aînée des enfants d’un couple de lévites qui avait toujours servi fidèlement l’Eternel. Elle avait sans doute 12 ou 13 ans au moment de la naissance de son frère Moïse. Elle avait partagé, dans la mesure possible à son âge, les douloureux exercices de ses parents. En effet, le Pharaon avait donné l’ordre formel de faire mourir dès leur naissance tous les nouveau-nés mâles d’Israël. Les parents avaient d’abord caché Moïse aussi longtemps que la chose restait possible.
            Marie est avec eux quand ils doivent prendre la douloureuse décision de déposer cet enfant « divinement beau » sur le Nil, dans un coffret préparé avec amour (Act. 7 : 20). Elle se cache au milieu des roseaux pour voir ce qu’il adviendra à son frère. C'est à ce moment précis que la fille du Pharaon vient se baigner ; elle découvre le coffret et se montre très émue en voyant ce bel enfant pleurer. Elle comprend qu’il s’agit de l’un des enfants destinés à la mort. Marie accourt et lui propose alors, avec à propos, d’aller chercher parmi les femmes hébreues une nourrice qui allaitera l’enfant (Ex. 2 : 7). La fille du Pharaon accepte, Marie va en hâte chercher sa mère ! Ainsi, Dieu dans sa bonté permet à Jokébed et à son mari, Amram, d’élever Moïse pour l’Eternel, durant les premières années si importantes de la vie.
            Il est à nouveau parlé de Marie environ 80 ans plus tard. Le peuple d’Israël, délivré de l’esclavage, vient de traverser la mer Rouge (Ex. 15). Moïse est maintenant devenu leur conducteur ; c’est lui que Dieu dans sa souveraineté a choisi ! Sur la rive « de résurrection », Moïse et tout le peuple avec lui chantent de tout leur cœur un très beau cantique, à la gloire de l’Eternel qui les a délivrés de leur terrible ennemi et les plantera dans leur héritage ! C’est le premier cantique dans l’Ecriture. Marie « la prophétesse » se saisit d’un tambourin, et toutes les femmes sortent et chantent avec elle. Marie leur répond et ses paroles sont conservées dans le saint Livre : « Chantez à l’Eternel, car il s’est hautement élevé ; il a précipité dans la mer le cheval et celui qui le montait » (v. 21) ; il s’agissait de la redoutable armée égyptienne, avec tous ses chars et ses cavaliers (Ex. 14 : 23).
            Cependant la fin de la vie de Marie est rapportée pour nous rappeler que la piété passée ne met personne à l’abri d’une chute !
 

                        Aaron

            Il avait trois ans de plus que Moïse (Ex. 7 : 6-7). Au chapitre 4, ce dernier a terminé cette « école de Dieu », suivie depuis quarante ans dans le désert de Madian. Il a perdu toute confiance en lui-même, mais il ne se confie pas encore pleinement en son Dieu. Il soulève d’abord toutes sortes d'objections pour refuser le poste d’honneur que l’Eternel a pourtant décidé de lui donner. La colère de Dieu s’embrase contre lui et Il lui envoie comme « assistant » son frère Aaron : il sera son « prophète » (Ex. 4 : 14, 27 ; 7 :1). Moïse lui dira tout ce que l’Eternel lui a commandé et Aaron devra ensuite le faire courageusement savoir au Pharaon.
            Ensemble, ils ont donc à affronter ce terrible despote et avec le secours divin, ils vont devenir de plus en plus fermes et hardis. Dieu va délivrer « à main forte et à bras étendu » son peuple de l’Egypte - une figure de ce monde. Mais ensuite au désert, et durant près de quarante ans, Moïse et Aaron vont être éprouvés de bien des manières, à la suite de tous les égarements coupables de leurs frères incrédules, qui semblent prendre plaisir à se vautrer dans le péché sous toutes ses formes (1 Cor. 10 : 5-10).
            Aaron, « appelé par Dieu », est devenu souverain sacrificateur. Il a été revêtu « pour gloire et ornement » de vêtements magnifiques (Héb. 5 : 4 ; Ex. 28 : 1-4). Il est souvent à la brèche avec Moïse et il n’a jamais paru aussi uni à son frère, dans leur service commun pour Dieu et le peuple Israël… jusqu’au jour où de sérieuses failles vont être dévoilées.

 

Le récit du chapitre 12 des Nombres

            Déjà, au chapitre précèdent, le peuple avait ouvertement montré combien les « convoitises qui font la guerre à l’âme » avaient d’attrait pour eux (1 Pier. 2 : 11). La chute de Marie et d’Aaron va montrer à quel point le désastre est général ! Nous avons toujours grand besoin, même si nous sommes des serviteurs de Dieu « avancés en âge », d’être gardés par le Seigneur jusqu’à la fin de notre course ici-bas.

 

                        Marie et Aaron parlent contre leur frère

            Aaron et Marie ont montré ce qui était probablement depuis longtemps en germe dans leur cœur. Ils étaient jaloux vis-à-vis de leur frère cadet - la jalousie vient du diable - et leur orgueil inné en souffrait. Ce sont des péchés souvent latents dans notre cœur ; ils peuvent faire de grands ravages, comme ce fut le cas chez Coré et ses complices qui se sont révoltés contre Dieu (Nom. 16).
            Moïse est un type de Christ. Devant cette attaque certainement très douloureuse, il se tait ! Lorsqu’il s’agit des droits de l’Eternel, sa colère s’embrase ; mais quand il s’agit de lui-même, il manifeste une extrême douceur (Nom. 12 : 3) et reste silencieux. Il ressemble à cet égard au Seigneur, « doux et humble de cœur » (Matt. 11 : 29).
 

                        « L’Eternel l'entendit »

            Rien jamais ne Lui échappe (Ps. 139 : 4 ; Héb. 4 : 13). Nos plus secrètes confidences sont entendues au ciel. Les paroles malveillantes de Marie et d’Aaron avaient peut-être été « chuchotées » à l’oreille, dans le plus grand secret (Luc 12 : 3). Dieu les a écoutées et Il intervient. Soudain, Il dit à Moïse, Aaron et Marie de sortir vers la tente d’assignation. Chose rare, Il descend dans la colonne de nuée et se tient à l’entrée de la tente. Il appelle les deux coupables et s’adresse à eux seuls : « Ecoutez mes paroles : s’il y a un prophète parmi vous, moi l’Eternel, je me ferai connaître à lui en vision, je lui parlerai en songe. Il n’en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison ; Je parle avec lui bouche à bouche… Il voit la ressemblance de l’Eternel » (v. 5-8). Quelle heureuse communion existait entre l’Eternel et Moïse ! Pourtant cette scène se déroule dans l’Ancien Testament ; l’œuvre de la croix n’a pas encore eu lieu, la liberté pour s’approcher de Dieu était bien moindre.

 

                        Marie frappée de lèpre

            Dieu interroge Marie et Aaron : « Pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ? Et la colère de l’Eternel s’embrasa contre eux, et Il s’en alla, et la nuée se retira de dessus la tente : et voici, Marie était lépreuse, comme la neige » (v. 8-10).
            Dans l’Ecriture, cette terrible maladie mutilante est une figure du péché. Naturellement notre chair est toujours disposée à pécher.

 

                        Aaron confesse sa faute

            Aaron constate certainement avec horreur que la main de Dieu a frappé sa sœur (v. 10b). Sa conscience le reprend, il s’humilie devant Moïse : « Ah, mon seigneur ! Ne mets pas, je te prie, sur nous, ce péché par lequel nous avons agi follement (il associe Marie à sa confession) et par lequel nous avons péché » (v. 11). Quoique sacrificateur, Aaron n’est plus qualifié pour prier Dieu en faveur de sa sœur, il comprend qu’il convient de s’en ouvrir à Moïse. Marie avait chanté - et nous le faisons aussi - les louanges de l’Eternel. Va-t-elle rester dorénavant « exclue du camp d’Israël » et mener une vie misérable jusqu’à ce que la mort la délivre enfin de la décadence progressive produite par cette affreuse maladie, si démoralisante pour celui qui en est atteint ?
 

                        Moïse intercède pour sa sœur

            En réponse à la requête implicite d’Aaron, Moïse ouvre la bouche, pour la première fois dans cette scène. Il n’y a pas trace du moindre ressentiment. Son intercession est très simple, mais percutante ; elle est courte et ardente : « O Dieu ! je te prie, guéris-là, je te prie » (v. 14). La réponse divine est positive. La discipline doit suivre son cours mais Marie sera restaurée, par pure grâce de la part de Dieu ! Seulement il faut tout d’abord qu’elle soit « sept jours dans la honte », hors du camp. Le peuple attendra (v. 15), et chacun souffrira avec Marie, leur sœur (1 Cor. 12 : 26). Il en est ainsi pour chaque cas de discipline qui survient au milieu de l’Assemblée. Par ce moyen, le Seigneur parle à chacun des membres de son Corps, encore sur la terre.

 

Une sérieuse mise en garde pour nous, chrétiens

            La médisance de Marie et d’Aaron s’était probablement rapidement propagée, comme dans tant d’autres cas. Soyons sur nos gardes, une médisance peut souvent être pour nous une véritable « friandise » (Prov. 18 : 8 ; 26 : 22). Elle peut se transformer rapidement en véritable calomnie (Prov. 10 : 18) : on exagère et même, hélas, on en vient à falsifier volontairement son récit.
            L’apôtre Paul exhorte les femmes chrétiennes à être « dignes, non médisantes, sobres, fidèles à tous égards » (1 Tim. 3 : 11), et il dit à Tite : « Que les femmes âgées soient, dans toute leur manière d’être, comme il convient à de saintes femmes : ni médisantes… » (2 : 3).
            Notre Ennemi sait très bien se servir des médisances pour faire au peuple de Dieu tout le mal en son pouvoir. C’est, dans ses mains une arme redoutable. Satan l’utilise dès qu’il pressent que nous sommes disposés à nous laisser entraîner à un terrible mal. Dans le livre de Job, Dieu demande à Satan d’où il vient. Il répond : « De courir çà et sur la terre et de m’y promener » (1 : 7). En réalité, cet être malfaisant rôde comme un lion rugissant autour de nous, cherchant qui dévorer » (1 Pier. 5 : 8).
            Nous avons une tendance naturelle à tout nous pardonner, et rien aux autres ! Si cette médisance qui surgit parfois brusquement en nous n’est pas promptement jugée et confessée, elle peut devenir habituelle. L’épître aux Hébreux nous exhorte à poursuivre la paix et la sainteté avec tous, « de peur… que quelque racine d’amertume, poussant des rejetons, ne vous trouble et que par elle un grand nombre ne soit souillé » (Héb. 12 : 14-15).
            Notre conduite personnelle a de l’influence, en bien ou en mal, sur les autres membres du Corps de Christ . Dans le cas de Marie, la marche de tout le peuple de Dieu a été arrêtée une semaine entière - jusqu’au jour où, selon sa promesse, le Seigneur a retiré la lèpre qui couvrait Marie (Lév. 14 : 9, 20 ; Ps. 32 : 5).
            Que d’occasions précieuses perdues de glorifier Dieu !  Nous devrions toujours être, par notre conduite, des modèles du troupeau (1 Pier. 5 : 3). Il faut que Dieu soit glorifié par les siens, « en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté » (1 Tim. 4 : 12). Marie et Aaron croyaient avoir trouvé une raison « valable » à leurs yeux de parler contre Moïse. Mais en réalité, ils ont manifesté leur état réel par leur façon prétentieuse d’affirmer : « L’Eternel... n’a-t-il pas parlé aussi par nous ? » (v. 2). Ce « nous » n’est qu’une forme collective du moi ; nous sommes invités à ne pas regarder à ce qui est à « nous » mais à ce qui est aux autres (1 Pier. 2 : 1).
            Nous devons faire un sérieux examen de conscience devant Dieu et nous interroger, en particulier sur ce point : Pourquoi n’ai-je pas craint, en telle ou telle circonstance, de parler contre mon frère ? Il est celui « pour lequel Christ est mort » (Rom. 14 : 15). A-t-il vraiment ce prix à mes yeux ? Il sert, lui aussi, le Seigneur ; chacun aura à rendre compte pour lui-même à Dieu. Mon frère a sans doute - comme moi - des manquements, des déficiences à confesser. Certes, je suis responsable d’avertir parfois directement avec un véritable amour un de mes frères qui s’égare - mais après seulement être passé moi-même à la cuve d’airain, pour laver mes pieds salis par les fondrières du chemin.
            N’oublions pas que « l’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pier. 4 : 8). Nous devons prier souvent l’un pour l’autre, en particulier s’il s’agit d’un frère qui nous a accusé à tort.

            Que Dieu nous préserve de toute médisance à l'égard de nos frères et sœurs. Retenons l'exhortation de l'apôtre Pierre : « Rejetant donc toute méchanceté, toute fraude, les hypocrisies, les envies et les médisances de toute sorte, désirez ardemment comme des enfants nouveau-nés, le pur lait de la Parole » (1 Pier. 2 : 1). Que notre conduite soit en accord avec cette excellente nourriture que Dieu nous fournit sans cesse.

 

Ph. L - Le 05. 03. 2016