LE DISCERNEMENT SPIRITUEL
Le « discernement » (du grec diakrinô : séparer complètement) est la faculté de bien juger, de bien évaluer. Le sens de « discerner » se rapproche de celui du verbe « éprouver » - faire un choix, un tri entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Sur le chemin de la vie, nous sommes sans cesse devant la nécessité de faire des choix, de prendre des décisions. Mais ce qui est primordial, c’est d’avoir d’abord connu Dieu dans notre vie : sa puissance, sa grandeur, son amour, sa lumière. C’est le connaître comme notre Père en Jésus Christ - avoir avec Lui une relation vivante d'enfant avec son Père. Cette connaissance personnelle nous poussera à avancer ou non, à discerner, à décider… En effet, croire en son amour nous permet de nous confier en lui pour la conduite de notre vie. Pouvons-nous dire avec l’apôtre Jean : « Nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous (1 Jean 4 : 16) ?
Deux sens un peu différents du mot « discerner » dans le Nouveau Testament
Bien distinguer, percevoir distinctement (diakrinô)
C’est, au sens propre du mot, ce que fait un chercheur d’or : il retire de la terre aurifère de la rivière, la met dans un tamis, le secoue pour rejeter le sable et conserver les petites pépites d'or.
Ceux qui sont expérimentés dans la Parole de Dieu « ont les sens exercés à discerner le bien et le mal » (Héb. 5 : 14).
Il y a un tri à opérer au niveau de nos pensées, des propositions qui nous sont faites par d’autres personnes ou par les événements qui surviennent dans notre vie.
Examiner, scruter, éprouver (dokimadzô)
A l’origine ce verbe s’appliquait au « changeur » qui examine une pièce de monnaie pour voir si elle est vraie ou fausse.
Dans ses prières pour les Philippiens, l’apôtre Paul demandait ceci : « que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que vous discerniez les choses excellentes » (Phil. 1 : 10). C’est ce verbe que l’on trouve le plus souvent dans ses épîtres (Rom. 12 : 2 ; Eph. 5 : 10).
Pour nous, chrétiens, discerner c’est ici examiner nos pensées, nos motivations, nos choix possibles, pour voir s’ils sont conformes à Dieu, à sa Parole, à ses pensées, à son Esprit.
Le discernement spirituel acquis dans la lumière de la présence de Dieu
Ce qui me permet de bien voir, et donc de discerner, c'est la lumière. Et ce qui m'empêche de voir ce sont les ténèbres. Or nous vivons dans un monde ténébreux, et nous étions nous-mêmes dans cette nuit morale avant notre conversion.
« En ta lumière nous verrons la lumière », dit David (Ps. 36 : 9). Le discernement spirituel s'apprend d'abord en se tenant soi-même dans la lumière de la présence de Dieu. C'est un exercice de tous les jours, et jusqu'au dernier jour ! Cet exercice me conduira progressivement à la maturité spirituelle. Quelles sont, peut-être, les ténèbres que j'ai à démasquer sans hésiter dans ma vie ?
Dieu nous parle aussi par notre conscience : elle nous alerte quand nous sommes tentés de mal agir. Mais elle-même a besoin d’être éclairée. Comme l'œil ne peut rien distinguer sans lumière, la conscience a besoin de la lumière de Dieu pour avoir un discernement juste. Celui-ci nous est donné par la Parole de Dieu. Nous devons donc nous placer dans cette lumière pour que notre conscience nous indique la bonne direction.
Ecouter Dieu en lisant sa Parole
Au début du règne de Salomon, dans un songe de nuit, l’Eternel lui apparaît et lui dit : « Demande ce que tu veux que je te donne » (1 Rois 3 : 5). Ce jeune homme rappelle d’abord la bonté dont Dieu avait usé à l’égard de son père ; il reconnaît qu’il n’est qu’un « jeune garçon », il ne sait pas sortir et entrer. Or le peuple sur lequel il devait régner était très nombreux (v.7-8). Il demande à l’Eternel : « Donne donc à ton serviteur un cœur qui écoute, pour juger ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal ; car qui est capable de juger ton si grand peuple ? » (v. 9). Sa requête plaît au Seigneur. Il y avait tant de choses qu’il aurait pu égoïstement demander ! Il l’approuve : « Tu as demandé pour toi du discernement » (v.11) et en réponse Il lui accorde un cœur sage et intelligent - plus que tous les autres hommes, avant ou après lui ! Il ajoute aussi beaucoup de choses que Salomon n’avait pas demandées (v.13).
C’est un cœur qui aime le Seigneur, qu’il nous faut d’abord pour L’écouter et Lui obéir. On doit « entrer » d’abord dans le sanctuaire, et là, dans la présence divine, prendre part au culte. Ensuite, on peut en « sortir » et marcher d’une façon digne du Seigneur, en Lui rendant témoignage au milieu de ce monde.
La Parole inspirée est à notre disposition. Le Saint Esprit l’éclaire en s’adressant à notre intelligence spirituelle. On trouve dans l’Ecriture des faits, des enseignements qui aident à établir les principes qui doivent faire agir un enfant de Dieu. L’amour pour Christ doit remplir son cœur et être le motif de sa conduite. Nous devons Lui rester fidèles, rechercher de plus en plus ce qui Lui plaît - et aussi ce qui Lui déplaît !
Il existe une grande différence entre de « petits enfants » spirituels - c’était le cas de ces chrétiens hébreux, ils étaient devenus tels - et des hommes « faits ». Ils ne se nourrissent pas de la même manière et leur discernement est donc bien différent. Il y a dans la Parole de Dieu du « lait spirituel » et aussi de la « nourriture solide ». Cette dernière rend un croyant capable de discerner « le bien du mal » ; mais s’il reste, ou redevient, un « petit enfant », la sagesse d’en haut, indispensable pour comprendre la volonté du Seigneur, lui fait défaut.
Etre guidés par le Saint Esprit
Le Saint Esprit de la promesse, qui a scellé chaque racheté lors de sa conversion, habite en lui définitivement (Eph. 1 : 13). S’il n’est pas attristé par le comportement du croyant, son activité de prédilection sera de le conduire dans toute la vérité, en rendant témoignage à Christ (Jean 15 : 26-27).
Le Nouveau Testament présente la manifestation de l’Esprit « de puissance, et d’amour, et de sobre bon sens » (2 Tim. 1 : 7). Il agit pour le bien de tous chez un croyant ; il est devenu à sa conversion le temple du Saint Esprit (1 Cor. 6 : 19). Chaque racheté est responsable de parler et d’agir dans sa dépendance afin que le Saint Esprit ne soit ni attristé ni contristé (Eph. 4 : 30 ; Es. 63 : 10). Ainsi Dieu est servi et les siens sont bénis.
Laissons-nous l'Esprit Saint nous « remplir», comme nous y sommes tous exhortés (Eph. 5 : 18) ? Les Corinthiens, bien que ne manquant d'aucun don de grâce (1 Cor. 1 : 7), étaient « charnels » et non spirituels ; de ce fait, ils marchaient « à la manière des hommes ». (3 : 3). Paul, rempli de l'Esprit Saint, a pu confondre le magicien Elymas (Act. 13 : 9), car « celui qui est spirituel discerne tout » (1 Cor. 2 : 15).
Prier
La prière permet d’entrer constamment en relation avec notre Père ; ainsi le cœur est déchargé de tout ce qui serait susceptible de le tourmenter. L’exaucement à nos prières n’est pas toujours immédiat et peut être très différent de ce que nous avions pensé. Mais le Seigneur verse aussitôt sa douce paix dans un cœur qui se confie pleinement en Lui. Après avoir exposé notre demande au Seigneur, sachons attendre paisiblement sa réponse.
Prions pour demander à Dieu qu'Il nous révèle sa volonté, mais aussi pour qu'il nous donne de l’accepter, de savoir lâcher prise et de nous remettre en toute confiance au Père.
Paul nous invite à « prier sans cesse » juste avant de nous parler de discerner ce qui est bon, de tout mettre à l’épreuve et de retenir ce qui est bon. Il ajoute : « Abstenez-vous de toute forme de mal » (1 Thes. 5 : 16-22).
Jahbets, un descendant de Juda, a invoqué le Dieu d’Israël, en demandant : « Si tu me bénissais abondamment, et si tu étendais mes limites, et si ta main était avec moi, et si tu me mettais à l’abri du mal, en sorte que je sois sans douleur ! ». Et Dieu a fait arriver ce que Jahbets avait demandé (1 Chr. 4 : 9-10). Sa foi vivante éclairait son intelligence. Il a reçu du discernement et il est devenu clairvoyant. Il demande alors à l’Eternel une bénédiction abondante ! Il avait bien compris qu’il ne pouvait pas étendre lui-même ses « limites ». Il s’est adressé à Dieu qui se plaît à user de grâce et à bénir ceux qui viennent à Lui (Ps. 123 : 2). Il demande aussi le puissant secours divin ; c’était chez lui un signe d’humilité. Sa tribu était reconnue pour son énergie naturelle. Eclairé par la sagesse reçue d’en haut, cet homme ne se fie pas aux ressources d’origine « humaine ». Il a compris que seule une intervention divine permanente pouvait le mettre à l’abri du mal ambiant au milieu duquel nous vivons. Soyons soumis à Dieu, avec un seul désir : Le servir fidèlement. Il peut ôter la douleur - s’Il le juge bon - mais la souffrance est liée à la condition humaine sur la terre. La Parole de Dieu met en évidence que « l’évangile de prospérité » actuellement répandu repose sur des bases fausses.
Que sait discerner celui qui est conduit par l’Esprit et éclairé par la Parole de Dieu ?
La volonté de Dieu
Elle nous est révélée principalement par la Bible mais son étude ne suffit pas pour connaître la volonté personnelle de Dieu pour moi. Il faut pour cela apprendre à écouter (1 Sam. 3 : 10) la voix du Seigneur : quand nous lisons un texte biblique, il y a tout ce que le texte dit et ce qu’il me dit.
Plusieurs fois dans les épîtres, le discernement de la volonté de Dieu est associé à l’intelligence (ou l’entendement), c’est-à-dire la capacité donnée de Dieu à comprendre ses pensées. « Vous êtes dans l’erreur, vous ne connaissez pas les Ecritures ni la puissance de Dieu », a dû dire Jésus aux sadducéens (Matt. 22 : 29).
La Bible n’est pas un code de lois à appliquer dans chaque situation pour savoir ce qu’il convient de faire. Elle doit « habiter » en nous (Colossiens 3 : 16). Il faut demander au Seigneur que je sois touché personnellement en la méditant, que cela me mette en mouvement pour accomplir peut-être un acte de pardon, pour prendre une décision pour Lui.
L’apôtre Paul nous exhorte « par les compassions de Dieu » à savoir discerner la volonté divine ; cela implique de ne pas se conformer au monde, et aussi d'être renouvelé dans notre intelligence spirituelle (Rom. 12 : 1-2). L’apôtre Jean avertit : « N'aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde… le monde s'en va, lui et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2 : 15-17). Et c’est en ayant nos pensées occupées de Christ et des choses célestes, en Le contemplant dans sa gloire (2 Cor. 3 : 18), que nous jouirons de sa communion et que nous pourrons discerner la volonté de Dieu, « bonne et agréable et parfaite ». Le Seigneur nous « donnera de l’intelligence en toutes choses » (2 Tim. 2 : 7).
Le bien et le mal
Dans le passage du chapitre 5 de l’épître aux Hébreux cité au début, nous voyons que la croissance spirituelle de ces croyants hébreux s'était arrêtée. Il fallait de nouveau que les vérités élémentaires de la Parole - « les premiers rudiments des oracles de Dieu » (v. 12) - leur soient enseignées. Ils avaient besoin de « lait » et non de « nourriture solide » ; celle-ci est « pour les hommes faits qui, par la pratique, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal » (v. 14).
Au chapitre 10 du Lévitique, les deux fils aînés d’Aaron, récemment consacrés sacrificateurs, présentent un feu étranger, en désobéissance flagrante au commandement de l’Eternel. Leur jugement est immédiat et exemplaire : le feu sort de devant Dieu et les consume. A la suite de ce terrible drame, qui laisse leur père profondément meurtri, l’Eternel donne des instructions à Aaron concernant les sacrificateurs ; elles sont aussi pour nous, car à présent tous les chrétiens sont des sacrificateurs. « Vous ne boirez point de vin ni de boisson forte, toi et tes fils avec toi, quand vous entrerez dans la tente d’assignation, afin que vous ne mouriez pas. C’est un statut perpétuel, en vos générations, afin que vous discerniez entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est impur et ce qui est pur, et afin que vous enseigniez aux fils d’Israël tous les statuts que l’Eternel leur a dits par Moïse » (v. 8-11). Pour les croyants actuels, les conseils de l’apôtre Paul à ce sujet ont la même valeur (1 Tim. 4 : 3 ; 5 : 23 ; Tite 2 : 2-3).
Il convient de lire à ce sujet d’autres passages, en particulier Lévitique 11 : 47 ; 20 : 25-26 ; Ezé. 22 : 26 et 44 : 23. Dieu déclare par le prophète Jérémie : « Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche » (15 : 19). Pour exercer un ministère prophétique il faut beaucoup de discernement !
Le « temps actuel »
Dans le chapitre 13 de l’épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit : « Nous connaissons le temps actuel : c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ; la nuit est très avancée et le jour s’est approché… » (v. 11-12). Ici le verbe connaître (éidô) a le sens de comprendre, être instruit ; Paul l’emploie par exemple pour dire à Timothée : « Tu connais les Saintes Lettres » (2 Tim. 3 : 15), et au début de ce chapitre, il lui parle du comportement des hommes dans les « derniers jours » (3 : 1-9). Alors que ces « temps difficiles » annoncés par l’apôtre sont arrivés et que les ténèbres morales sont de plus en plus épaisses dans ce monde, le croyant fidèle peut discerner que « le jour s’est approché » et que le salut est « prêt à être révélé » (1 Pier. 1 : 5). L’Etoile du matin est déjà levée dans son cœur (2 Pier. 1 : 19), et il est appelé à se « réveiller du sommeil » pour attendre le retour du Seigneur.
Du temps de David, un « réveil » s’était produit au milieu du peuple d’Israël ; toutes les tribus se sont réunies avec le désir de l’établir roi. Parmi elles, se trouvait la tribu d’Issacar (1 Chr. 12). Leurs princes avaient déjà autrefois rejoint Debora et Barak. Avec le secours de l’Eternel, ils avaient remporté un combat contre Sisera, chef de l’armée de Jabin, roi en Canaan (Juges 5 : 15, 23). La Parole précise que les fils d’Issacar « savaient discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël » (v. 32). Ce discernement spirituel n’avait rien de commun avec celui que peut avoir un homme naturel (Est. 1 : 13). Les fils d’Issacar n’avaient pas ce comportement hautain et prétentieux, si fréquent chez les « sages » de ce monde. On ne trouvait pas dans cette tribu d’abus ou au contraire de refus d’autorité. Les chefs étaient reconnus et leurs fils prenaient simplement leur place au milieu des autres. C’est une leçon que les chrétiens de nos jours doivent retenir !
Les esprits
Le discernement d’esprits est un don permettant de juger si ce qui est dit est selon Dieu ou non (1 Cor. 12 : 10), si la source de telle ou telle manifestation spirituelle est bien de Dieu - sinon elle est de Satan. Toutes choses pourront être révélées par le Seigneur à celui à qui Il a confié un tel don. Il dit à chaque assemblée, en Apocalypse 2 et 3 : « Je connais… », ou « Je sais… ». Et Il peut reconnaître au sujet d’Ephèse : « Tu as mis à l’épreuve ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs » (2 : 2).
Quelques exemples de femmes dans l’Ecriture ayant eu un discernement remarquable
Sarah
« Par la foi », cette femme « reçut la force de fonder une postérité, bien qu’elle en ait passé l’âge, parce qu’elle estima fidèle Celui qui avait promis » (Héb. 11 : 11). Lors d’une décision importante - le renvoi d’Agar et de son fils Ismaël -, l’Eternel dira à Abraham : « Dans tout ce que Sara t’a dit, écoute sa voix, car en Isaac te sera appelé une descendance » (Gen. 21 : 12). Sarah peut être donnée en exemple aux femmes chrétiennes : soumise à son mari, elle lui obéissait, « l’appelant seigneur » (1 Pier. 3 : 5-6). Pierre ajoute que les femmes chrétiennes sont devenues ses enfants « en faisant le bien ».
Debora
Dieu a répondu par le moyen de cette « mère » en Israël au cri de détresse de son peuple. Elle se lève et intervient, humiliée par la lâcheté et la paresse honteuse des fils d’Israël (Jug. 5 : 7). C’est un bel exemple de « foi opérant par l’amour » (Gal. 5 : 6) chez cette personne humble que Dieu envoie à son peuple. Elle le juge avec sagesse et discernement et ainsi l’ordre revient. Elle appelle Barak au combat (Jug. 4 : 6). Avant d’accepter d’y aller, celui-ci réclame la présence de Debora qui ne se dérobe pas (v. 8). Elle suit avec une foi confiante le chemin que l’Eternel trace devant elle et c’est par son moyen que sont transmis à Barak les ordres de Dieu (v. 14).
L’Eternel opère une grande délivrance pour son peuple ; la prophétesse chante alors un cantique d’action de grâces en présence de Barak. Pour le composer, il lui fallait beaucoup de discernement. Ses paroles devaient traduire la sûre appréciation divine devant une situation donnée et décrire aussi le véritable état moral de chacun.
Anne
Elkana vivait à une époque où l’état spirituel était une fois encore déplorable en Israël. Sa femme, Anne, qui n’a pas d’enfant, répand sa plainte devant « le Dieu de toute consolation » (2 Cor. 1 : 3). Elle ne se limite pas à ses besoins personnels ; sa piété la pousse à désirer un enfant mâle qui puisse être utile à Dieu et à son peuple. Elle n’ignorait pas la ruine présente du sacerdoce et prend solennellement l’engagement de rendre à l’Eternel celui qu’Il lui donnera.
Le contraste est grand avec Eli, pourtant souverain sacrificateur, qui manquait totalement de discernement ; il avait été incapable de reprendre nettement ses fils, qui sont appelés des « fils de Bélial » (1 Sam. 2 : 12). Il se méprend sur l’attitude d’Anne : il pense qu’elle est ivre. Elle lui répond avec douceur et respect, déclarant simplement ce qu’elle a sur le cœur. Eli est vite convaincu de son erreur. Il regrette ses paroles et lui donne un bel encouragement (1 Sam. 12-18). Anne prend le chemin de retour, mange et « n’a plus le même visage » ; la paix de Dieu remplit son cœur avant même la réponse qui ne tardera pas (Phil. 4 : 7).
Abigaïl
Cette femme pieuse vivait dans une étroite communion avec Dieu, alors que son « châtiment » revenait chaque matin. Nabal, son mari, était violent, au bord de la folie. David, qui avait fui loin de Saül, vivait alors dans le désert. Il pensait avoir été utile à cet homme qui vivait dans l’abondance. Les serviteurs de David avaient en effet souvent veillé sur les troupeaux de Nabal. Dans la pénurie, David avait espéré recevoir un don de sa part. Il lui envoie une délégation qui lui parle avec douceur. Or sa demande est violemment rejetée par cet homme égoïste, rempli de mépris à l’égard de David. Celui-ci se laisse alors aller à la colère, ordonne à ses hommes de ceindre leur épée ; il est décidé à se venger sans attendre !
Un serviteur a averti Abigaïl : elle se hâte à la rencontre de cet homme furieux, en lui présentant une offrande de paix. Manifestement, Dieu l’a préparée pour une démarche si délicate. Brisée par sa propre épreuve, elle a appris auprès du Seigneur à parler avec discernement à son prochain. Elle plaide de façon exemplaire. Il y a beaucoup d’humilité dans son attitude. Ses paroles sont mesurées, remplies de la sagesse d’en haut (Jac. 3 : 17). Clairvoyante sur l’état de son mari, elle ne cherche pas à le justifier, mais prend sur elle la culpabilité de Nabal (1 Sam. 25 : 24, 28). Elle montre avec délicatesse à David dans quel grand mal il a failli tomber - elle parle au passé - et lui montre tout le regret qu’il ressentirait sûrement, après s’être ainsi vengé (v. 26, 31). A 13 reprises, elle l’appelle « seigneur » et elle reconnaît que dans ses combats il a cherché jusqu’ici à plaire à Dieu. Assurée que la bénédiction de l’Eternel repose sur lui, elle ne doute pas que sa vie sera préservée. Avant de le quitter, elle lui dit : « Souviens-toi de ta servante ». David reconnaît qu’elle a agi à la gloire de Dieu, avec la sagesse qu’Il était seul à pouvoir lui donner. Après la mort de Nabal, elle deviendra la femme de David, sans jamais se départir d’une profonde humilité.
Une sage, du temps de David
Dieu a employé cette « femme sage » (2 Sam. 20 : 16) pour contrecarrer les plans de Joab, toujours prêt à verser le sang sans cause. Il venait d’ailleurs de commettre son troisième meurtre, celui de son cousin Amasa (2 Sam. 17 : 25). Il s’apprêtait à détruire tous les habitants de cette ville d’Abel, renommée en Israël. Un certain Shéba s’y était réfugié, après avoir cherché à persuader les hommes d’Israël à se révolter contre le roi David. Mais cette femme sage fait approcher Joab et se présente humblement - « ta servante » - tout en lui disant avec fermeté : « Moi, je suis paisible et fidèle en Israël ; toi, tu cherches à faire périr une ville et une mère en Israël » (v. 19). Joab s’en défend ; il explique qu’il poursuit un homme qui a levé la main contre le roi. Alors elle lui promet que la tête de Shéba va lui être envoyée par-dessus la muraille. Elle est visiblement très écoutée du fait de son discernement et Shéba est décapité. Chacun a reconnu la sagesse de ses paroles (v. 22). Il ne reste plus à Joab qu’à sonner de la trompette et ses troupes se dispersent.
Cette scène en rappelle une autre : il s’agit d’un homme « pauvre et sage » qui sauve la ville où il se trouve, mais qui est cependant oublié ensuite par ses concitoyens (Ecc. 9 : 12). Cet homme est une belle image de Jésus Christ lui-même.
Marie de Béthanie
Elle a su prendre le temps nécessaire pour être assise aux pieds du Seigneur. Son cœur était ouvert et elle L’écoutait sans se lasser (Luc 10 : 38-42). Aussi Jésus veillait à ce que cette part précieuse ne lui soit pas ôtée. Il agit de même envers ceux qui ont les mêmes dispositions. Cette bonne occupation porte des fruits précieux chez Marie, et le cœur du Seigneur en est fort réjoui.
C’est elle qui, lors du souper, six jours avant la Pâque, va prendre une livre de parfum de grand prix, oindre les pieds du Seigneur et les essuyer avec ses cheveux. « La maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jean 12 : 1-3). Jésus magnifie l’acte de Marie. Au moment du culte, Il sanctifie ce que nous savons, en général, si peu mettre en évidence !
Marie avait gardé ce parfum pour cette occasion unique. Avec le discernement acquis en Sa compagnie, elle a compris que c’était le moment d’honorer le corps du Seigneur. Tous les aromates préparés par d’autres femmes « après la crucifixion » se révéleront inutiles : le Seigneur était déjà ressuscité !
Cet acte de Marie a été incompris par les hommes, mais Dieu l’a approuvé. Il montrait son amour pour Jésus. Il mettait en évidence son intelligence spirituelle qui permettait de discerner un peu la valeur incomparable de la Personne et de l’œuvre de Christ. Marie avait acquis ce discernement aux pieds de son Maître. Dieu invite chacun de ses rachetés à rechercher ces moments d’intimité profonde où l’on peut Lui apporter la louange et l’adoration.
Le discernement spirituel dans la vie de l’assemblée
Le discernement spirituel est d’un grand prix durant le culte et les autres rassemblements autour du Seigneur, mais aussi pour toute la vie des assemblées. Pensons en particulier à ce verset de la Parole de Dieu : « Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence ; je chanterai avec l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence » (1 Cor. 14 : 15). Il peut s’appliquer pour toute action dans l’assemblée. Une participation de notre intelligence est nécessaire. Nous sommes parfois très distraits dans la présence du Seigneur ; pensons davantage à ce que nous exprimons devant notre Dieu ! Appliquons-nous à méditer sur la profondeur des sujets abordés à cette occasion. Notre esprit doit être conduit par le Saint Esprit.
Trois conditions doivent être réunies pour qu’une « action » soit en bénédiction à l’assemblée réunie : la dépendance du Saint Esprit, la réflexion de notre propre esprit et l’intelligence spirituelle. Si l’une de ces trois « composantes » fait défaut, l’action exercée par un frère ne peut pas être en bénédiction pour l’assemblée.
Ce discernement spirituel s’exerce également en dehors de l’assemblée réunie. Ce n’est d’ailleurs pas l’apanage des frères, il y a des sœurs qui ont un discernement remarquable. Les exemples de femmes de foi citées plus haut nous l’ont montré. Elles ont parfois le discernement qui fait défaut aux frères et peuvent alors être très utiles en exprimant une pensée spirituelle - au moment par exemple d’une demande d’admission à la Table du Seigneur. Ce discernement chez une sœur peut éventuellement faire partie de l’aide qu’elle peut apporter à son mari.
Le discernement spirituel est indispensable au moment où quelqu’un doit être averti ou repris. Nous n’avons pas tous assez de discernement dans le choix des paroles à apporter de la part du Seigneur. Il faut le faire au moment propice et d’une manière adaptée à l’état spirituel du frère ou de la sœur. Dieu seul les connaît et nous les dictera, si nous sommes dépendants. Les enfants de Dieu ont besoin d’être, selon le cas, enseignés ou plus simplement encouragés (Prov. 15 : 23). Quel exemple d’à-propos et de concision donne le frère Ananias, que rien ne semblait destiner à ce service, au moment où il s’approche avec crainte d’un homme redouté. Il l’appelle simplement « Saul, frère », c’était une parole décisive que le Seigneur, en l’envoyant, lui avait dictée (Act. 9 : 17). Quel baume souverain pour celui que Jésus avait arrêté et s’estimait être le premier des pécheurs !
Amis chrétiens, notre vie s'inscrit dans le projet de Dieu : « tout réunir en un dans le Christ » (Eph. 1 : 10). Ne l’oublions-nous pas parfois, en cherchant notre voie, notre vocation, de manière plutôt individualiste ? Demandons au Seigneur qu’Il nous montre son chemin afin qu’Il oriente notre liberté, notre créativité, nos choix, moins vers un projet personnel que vers l’accomplissement du dessein de Dieu. Pensons à David qui, « en sa propre génération, a servi les desseins de Dieu » (Act. 13 : 36). Sachons mettre la Parole de Dieu en relation avec chacune des situations où nous pouvons nous trouver, et laissons-la nous sonder, nous montrer quels sont les motifs qui nous conduisent ; elle pourra alors éclairer notre chemin et nos actions (Ps. 119 : 105).
Que le souhait de l'apôtre Paul à l’égard des Philippiens soit aussi le nôtre : que notre amour abonde... que nous discernions les choses excellentes... afin que nous soyons purs et sans reproche pour le jour de Christ (1 : 9-10).
Ph. L le 26-12-2015