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LE LIVRE DE L’APOCALYPSE  (17)


CHAPITRE  17


Babylone, la prostituée

            Dans ce qui précède, ont été mentionnées deux puissances qui occupent une place de premier plan dans les événements de la fin :
                   – La Bête (13 : 1), le chef de l’empire romain qui doit se reformer et qui se présente aussi sous la forme de « la grande ville » (16 : 19).
                   – La grande Babylone (16 : 19), qui représente le pouvoir religieux corrompu qui subsiste après l’enlèvement des croyants.
            Dans les chapitres 17 et 18, qui forment une sorte de parenthèse, nous sommes informés de leur caractère, de leurs liens, puis de leur antagonisme, et de la destruction finale de la grande Babylone. Le jugement de celle-ci est célébré au ciel au début du chapitre 19 alors que la destruction de la Bête romaine (en même temps que celle du faux prophète, l’Antichrist), est décrite à la fin de ce chapitre 19.


                        • La sentence de la grande prostituée (v. 1-2)

            L’apôtre Jean est ici spécialement invité par l’un des sept anges qui avaient les sept coupes à venir voir une scène de jugement : « Je te montrerai la sentence de la grande prostituée ». Cette invitation souligne l’importance de la vision qui occupe les chapitres 17 et 18. C’est le jugement définitif de celle « avec laquelle les rois de la terre ont commis fornication ». Son identité n’est pas révélée tout de suite, mais l’ange décrit son caractère avant de la montrer, pour susciter l’horreur qu’elle mérite, tellement son aspect extérieur pourrait induire en erreur. « Assise sur de grandes eaux », elle a contrôlé pendant longtemps les courants qui animent les pensées des hommes et elle a participé activement à la corruption de ceux qui exercent le pouvoir sur la terre. Son influence corruptrice était telle que « ceux qui habitent sur la terre » en ont subi les effets pernicieux, leur faisant perdre tout sens moral.


                        • La femme vêtue de pourpre (v. 3-4)

            Jean est transporté en esprit dans le désert pour observer un spectacle étonnant : une femme dominatrice, somptueusement parée, mais impie et corrompue, qui paraît être la contrefaçon de l’épouse de Christ. Plusieurs traits sont en évidence :
                   – Elle est assise sur une Bête écarlate, pleine de noms de blasphèmes, ayant sept têtes et dix cornes ;
                   – Elle est vêtue de pourpre et d’écarlate ; elle est parée d’or, de pierres précieuses et de perles ;
                   – Elle tient dans la main une coupe d’or pleine d’abominations et les impuretés de sa fornication ;
                   – Sur son front, un nom est écrit : Mystère.

            Quel spectacle inimaginable qu’un tel mélange d’apparences somptueuses et de corruption intérieure ! Deux puissances de grande apparence sont étroitement liées : la femme et la Bête. Elles sont cependant bien distinctes. La femme domine la Bête, au moins pour un temps, car la puissance par laquelle elle domine n’est pas la sienne.
            Jean sera invité de la même manière à la fin du livre et sera transporté sur une haute montagne (21 : 9). Là, alors que le sujet des sept plaies est clos depuis longtemps et que d’autres événements ont été présentés dans les chapitres 19 et 20, il est bien précisé que l’invitation est faite par l’un des sept anges qui avaient eu les sept coupes des sept dernières plaies. C’est donc qu’un lien existe entre ces deux scènes. Dans les deux cas, Jean est amené à considérer une femme, mais quel contraste ! Au chapitre 21, c’est « l’épouse, la femme de l’Agneau… la sainte cité, Jérusalem », vue dans toute sa pureté et sa splendeur.


                        • Le mystère (v. 5-7)

            Un nom est écrit sur le front de cette femme : « Mystère, Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre ». C’est un mystère, un secret que seule la révélation divine dévoile alors. Paul avait déclaré aux Thessaloniciens : « Le mystère d’iniquité opère déjà » (2 Thes. 2 : 7), mais il n’avait pas alors pris la forme d’une puissance religieuse organisée assise sur le pouvoir politique. Le véritable caractère de cette femme est bien différent de ce qui peut se discerner à vue humaine. Non seulement elle est corrompue, mais elle est la mère, la source de toutes sortes de corruptions religieuses et morales. De plus, elle est coupable d’avoir persécuté à mort des saints, ceux qui sont sanctifiés par la foi (13 : 7) et spécialement les témoins de Jésus (11 : 3, 7), qu’elle l’ait fait elle-même ou par le moyen de la puissance politique qu’elle domine.
            A ce spectacle, Jean est profondément étonné, et l’ange lui confirme qu’il va lui donner les explications nécessaires, notamment ce que sont :
                   – la femme elle-même ;
                   – la Bête qui la porte ;
                   – les sept têtes et les dix cornes de la Bête.
L’étonnement de Jean empêche d’identifier la femme, soit avec la Babylone historique dont les caractères d’impiété et de corruption étaient bien connus, soit avec un pouvoir politique tel que la Rome païenne dont la corruption était aussi patente que ses fastes. Le jugement prononcé sur la Babylone historique indique clairement qu’elle ne doit pas être rétablie (Jér. 51 : 64). Ces versets nous montrent que la femme prostituée porte les caractères et la responsabilité de tout système religieux qui, au cours des siècles, en collusion avec le pouvoir politique (v. 2), s’est enrichi (v. 4) et a persécuté les saints jusqu’à la mort (v. 6). Elle représente la profession chrétienne sans vie, unifiée à la fin sous une autorité romaine (v. 9) qui subsistera après que le Seigneur aura enlevé tous ceux qui ont la vie éternelle par la foi en Lui. Alors, pendant un certain temps, un tel système composé de ceux qui ne sont chrétiens que de nom, sera associé au pouvoir blasphématoire du chef de l’empire romain, la Bête (v. 3). On comprend l’étonnement de l’apôtre en voyant ainsi désigné comme l’objet d’un si sévère jugement un système religieux de grande apparence qui, après l’enlèvement de la vraie Eglise, assume encore la prétention de l’être.


Les dix cornes et la Bête romaine


                        • La Bête qui a repris vie (v. 8)

            La Bête que voit Jean, celle qui porte la femme, c’est celle qu’il avait déjà vue montant de la mer, « qui avait dix cornes et sept têtes ; et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème » (13 : 1). Ici elle monte de l’abîme : l’origine diabolique de sa réapparition et de sa puissance est ainsi démontrée. Elle avait existé, puis elle avait été frappée à mort, mais sa plaie mortelle guérie, elle a repris vie et reparaît, admirée par toute la terre. Le paragraphe suivant nous montrera qu’elle est le chef de l’Empire romain, reconstitué après avoir disparu pendant plus de quinze siècles. Le dernier empereur romain d’occident Romulus Augustulus a été détrôné en 476. Sa réapparition sera un sujet d’étonnement et d’admiration servile pour « ceux qui habitent sur la terre », ceux qui n’ont pas la vie divine, « dont les noms ne sont pas écrits dès la fondation du monde dans le livre de vie » (comp. 13 : 8).


                        • Les sept têtes (v. 9-11)

            L’ange donne de l’image des sept têtes une double explication qui permet de comprendre la signification de la prophétie et de situer la Bête géographiquement et historiquement :
                   – Les sept têtes sont sept montagnes où la femme est assise ; cela désigne clairement Rome, la ville aux sept collines, universellement connue sous ce titre, comme le siège de cette puissance.
            On pourrait aussi y voir un ensemble de puissances qui donneront leur pouvoir à la Bête, mais c’est plutôt l’image des cornes qui correspond à cela (v. 13).
                   – Les sept têtes sont aussi sept rois dont l’un existe au moment où Jean reçoit la révélation : c’est donc un empereur romain. Il est plus difficile d’interpréter la succession des cinq rois qui l’ont précédé : on a pu y voir, soit les diverses formes d’autorité qui ont gouverné Rome, soit les empires successifs mentionnés dans l’Ecriture : l’Egypte, l’Assyrie, Babylone, les Médo-perses et la Grèce, ou encore les empereurs qui ont particulièrement marqué l’histoire de Rome… Aucune interprétation n’est réellement convaincante. Toutefois, il est clair que la puissance romaine a effectivement disparu avec la forme impériale, sous les assauts et les invasions des Barbares. Cette puissance doit renaître pour peu de temps sous une forme imprécise, la septième ; celle-ci sera ensuite remplacée par une puissance impériale, la huitième, qui est en fait la renaissance d’une forme disparue, la forme romaine. Nous le voyons en rapprochant le verset 11 des versets 3 et 12 du chapitre 13. Mais quelle que soit sa puissance et la fascination qu’exerce son pouvoir diabolique sur les hommes, son jugement est prononcé : elle s’en va à la perdition.
            On pourrait s’étonner de considérer cette puissance impériale, qui s’opposera à Christ quand Il viendra établir son règne, comme une renaissance de l’empire romain plutôt que comme puissance nouvelle issue de la compétition ou des alliances des nations modernes. En effet, c’est Dieu qui dispose de tout selon ses desseins, même s’Il laisse, pendant assez longtemps, les hommes et les nations poursuivre leurs propres ambitions. Or, l’Eternel, Dieu, avait établi son trône à Jérusalem et Il châtie Israël désobéissant et idolâtre, en lui retirant son trône, pour confier le pouvoir universel sur la terre à Nebucadnetsar et à ses successeurs. Il a révélé à Daniel que quatre empires se succéderaient jusqu’à ce que soit établi le règne du Messie : « Et, dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple ; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours » (Dan. 2 : 44). Quelles que soient les péripéties de l’histoire, Dieu les résume selon le dessein qu’Il a formé et annoncé d’avance. Le dernier empire universel sera donc un rétablissement pour un temps du « quatrième royaume » (Dan. 7 : 23), l’empire romain, qui doit être détruit pour faire place au royaume de Christ.


                        • Les dix cornes (v. 12-14)

            Les dix cornes sont dix rois qui représentent dix nations étroitement alliées (ils ont une seule et même pensée). D’abord pourvus d’autorité, ils l’exercent un temps (une heure) avec la Bête. Ils constituent sans doute ensemble la septième puissance. Puis, ils abdiquent leur autorité et mettent leur puissance à la disposition de la Bête qui domine seule et constitue la huitième puissance qui est en fait la réapparition de la forme impériale romaine. Ces rois paraissent conserver leur identité, bien qu’ils aient remis tous leurs pouvoirs à la Bête. Celle-ci les rassemblera finalement avec leurs armées « en vue du combat du grand jour de Dieu le Tout-puissant » (16 : 14), pour combattre contre l’Agneau, dernier effort de Satan et de ses instruments pour s’opposer à Christ venant établir son règne.
            L’Agneau les vaincra. Il sera enfin publiquement manifesté comme « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs ». Aucune confédération de rois et d’armées ne pourra tenir devant Lui quand Il sortira du ciel pour juger et combattre en justice (19 : 11, 16). Il est souligné ici que ceux qui sont avec Lui, « sont appelés, élus et fidèles » ; ils sont associés à la victoire de l’Agneau (comp. 19 : 14). Quel encouragement pour la foi, de savoir que Dieu, quelles que soient les prétentions des peuples et de leurs dirigeants, garde ainsi le contrôle de tout et que Christ sera bientôt manifesté en puissance et en gloire (Col. 3 : 4).

 

Le jugement de la prostituée


                        • La femme assise sur les eaux (v. 15)

            Bien qu’elles soient étroitement associées au moment où Jean les voit, la femme et la Bête doivent être bien distinguées l’une de l’autre. La femme, la prostituée, a été vue dès le début du chapitre comme assise sur beaucoup d’eaux, et le verset 15 nous en donne l’explication : son influence s’exerce sur « des peuples, des foules, des nations et des langues », alors que la Bête a réuni en sa main le pouvoir des dix rois confédérés. Il semble que le pouvoir de la femme soit d’une autre nature. D’un côté, elle se sert de la puissance civile et militaire de la Bête qu’elle domine ; d’un autre côté, elle exerce sa propre influence, moralement, sur tout ce qui constitue la vie intellectuelle, les communications et les liens qu’un grand nombre de peuples ont établis entre eux pour gérer leurs intérêts communs. De plus, elle est assise et paraît disposer d’une solidité qui s’appuie sur d’anciennes structures. Elle croit à sa pérennité et s’en glorifie, comme on le voit plus loin (18 : 7). Mais c’est bien illusoire, comme tous les caractères qu’elle affiche avec ostentation.


                        • La destruction de la prostituée (v. 16-17)

            Nouvelle surprise pour celui qui contemple cette vision. Alors qu’une harmonie et une unité complètes paraissent lier la femme avec la Bête sur laquelle elle est assise, et ses dix cornes, la scène change brusquement : les dix cornes et la Bête se retournent contre la femme pour la détruire. Il semble que l’initiative en revienne plutôt aux cornes qu’à la Bête qui se joint à elles et les y aide. Cela ne se produit pas en un moment. La femme est d’abord haïe, peut-être en secret puis de façon de plus en plus ouverte. Elle est progressivement délaissée (rendue déserte), puis dépouillée de ses attributs et rendue méprisable (nue). Ses ennemis s’approprient ses biens et la détruisent par morceaux (ils mangent sa chair), puis par pans entiers jusqu’à la détruire (ils la brûlent au feu). Ce revirement spectaculaire et inattendu trouve alors son explication : une nouvelle fois, en croyant affirmer leur volonté et leur puissance, les hommes et leurs associations ne feront qu’accomplir, à leur insu, ce que Dieu s’est proposé et qu’Il a déclaré à l’avance. Les dix cornes accompliront les paroles de Dieu de deux façons :
                   – en exécutant le jugement de Dieu sur la grande prostituée ;
                   – en donnant leur royaume à la Bête, ce qui va préparer le rassemblement des nations pour le jour du combat où l’Agneau les vaincra.


                        • La grande ville (v. 18)

            Le chapitre 17 présente Babylone la grande sous la forme d’une femme, la grande prostituée. Ce terme correspond à son caractère de système religieux corrompu et corrupteur. D’autres exemples se trouvent dans l’Ecriture : Ohola et Oholiba (Ezé. 23) ; Jésabel (2 : 20 ; 1 Rois 21 : 25-26). Au dernier verset, l’ange identifie cette femme avec « la grande ville qui détient la royauté sur les rois de la terre ». Cela confirme le caractère dominateur de celle à qui les dix rois remettent leur pouvoir, et l’étendue de son influence. Cela fait aussi comprendre la gravité de l’ébranlement consécutif à sa chute qui est décrit au chapitre 18.
            Plus nous considérons les caractères de Babylone, femme prostituée et grande ville, plus nous apercevons en elle l’antithèse de celle qui est présentée au chapitre 21 : « la sainte cité, nouvelle Jérusalem… préparée comme une épouse ornée pour son mari » (v. 2), « l’épouse, la femme de l’Agneau » (v. 9). Avant que celle-ci, qui est l’Eglise ou l’Assemblée, soit présentée publiquement, il faut que la fausse Eglise soit entièrement détruite sur la terre.

            Le tableau suivant montre les traits qui soulignent le parallélisme et les contrastes.
 

      La grande Babylone                         La sainte cité, Jérusalem

. La grande prostituée                             . L’épouse, la femme de l’Agneau
. La femme prostituée est vue                 . L’épouse est vue d’une grande et haute 
     dans le désert                                          montagne   
. Elle est vêtue de pourpre                      . Elle est vêtue de fin lin qui sont les
      et d'écarlate                                            justes actes des saints
. Elle est prostituée et ne veut                 . Elle est sainte et préparée comme une
     pas se soumettre à l'autorité                     épouse pour son mari
     d'un mari
. Elle se glorifie                                       . Elle a la gloire de Dieu
. Les nations ont bu du vin de sa            . Les nations marcheront par sa lumière ;
    fornication ; les rois de la terre                 les rois de la terre lui apporteront
    ont commis fornication avec elle              leur gloire
         

            Jean est spécialement appelé par l’un des sept anges à considérer Babylone puis l’Eglise sous la forme d’une femme et sous la forme d’une ville.


D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 15)
 

A suivre