LE LIVRE DE L’APOCALYPSE (14-15)
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 14
Dans les chapitres 6 à 11, nous avons assisté aux événements qui surviendront sur toute la terre lorsque l’Agneau brisera les sceaux du livre des jugements (les sept sceaux et les sept trompettes). Cette partie s’achève sur la célébration de l’entrée de Christ dans son règne et la mention des jugements et des récompenses qui auront lieu à l’issue de ce règne, sans autre précision. Les jugements qui interviendront sur les nations rebelles à la fin du règne de mille ans, ainsi que l’arrivée du « temps pour les morts d’être jugés », événements décrits en Apocalypse 20 : 7-15, sont évoqués au verset 18 du chapitre 11. Au verset 19, s’ouvre jusqu’au chapitre 15 un tableau des principaux acteurs de la scène finale, celle qui précède immédiatement l’introduction du royaume.
Les chapitres 12 et 13 nous présentent le dessein de Dieu et les efforts de Satan et de ses instruments pour s’y opposer et tenter de faire prévaloir sa puissance. Mais Dieu ne reste pas inactif, même s’Il permet que cette domination subsiste pour un temps. Le chapitre 14 constitue une sorte de parenthèse dans laquelle Dieu fait connaître en sept tableaux successifs ce qu’Il va faire en rapport avec différents acteurs de la scène finale, en bénédiction et en jugement :
– l’Agneau et les 144 000 sur la montagne de Sion ;
– l’annonce du jugement et l’évangile éternel ;
– la chute de Babylone ;
– le jugement de ceux qui rendent hommage à la Bête ;
– le bonheur des martyrs ;
– le jugement séparatif de la moisson ;
– le jugement destructif de la vendange.
L’Agneau et les 144000 sur la montagne de Sion
Qu’advient-il de ceux qui n’ont pas voulu rendre hommage à l’image de la Bête et dont l’Antichrist a fait mettre à mort un grand nombre ?
L’Agneau ne règne pas encore sur la terre, mais le prophète le contemple déjà sur la montagne de Sion, le lieu où Il doit venir établir son règne (Ps. 48 : 2), avec toute une compagnie de fidèles en étroite relation avec Lui. Là où Il a souffert, rejeté par son peuple, Il doit régner, reconnu comme l’Agneau de Dieu et le Fils de Dieu. Cette pensée nous réjouit parce qu’alors s’accomplira la parole prophétique : « J’ai oint mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté » (Ps. 2 : 6). Christ recevra ce qui Lui est dû, « car il faut qu’il règne » (1 Cor. 15 : 25).
Cent quarante-quatre mille portent écrits sur leur front le nom de l’Agneau et le nom de son Père. C’est la marque distinctive des fidèles qui ont refusé de prendre sur eux la marque de la Bête (13 : 16), au prix de leur propre vie. Ils ne connaissent pas Dieu comme leur Père, car il n’est pas dit qu’ils portent le nom « de leur Père », mais « de son Père ». Ils ont été « achetés de la terre » et appartiennent à l’Agneau et à son Père. Ceux qui ont souffert pour son nom doivent aussi régner avec lui (2 Tim. 2 : 12).
Le fait qu’ils soient associés à l’Agneau sur la montagne de Sion laisse penser qu’il s’agit ici des Juifs fidèles pendant la période de tribulations qui s’écoule entre l’enlèvement des croyants et la venue de Christ en gloire, alors qu’au chapitre 7, les 144 000 scellés étaient issus des douze tribus d’Israël. Chacun de ces groupes forme un corps complet mis à part pour Dieu.
La scène se passe sur la terre, mais on entend une voix puissante qui vient du ciel : c’est celle d’une autre compagnie qui chante au ciel un cantique nouveau devant les quatre Vivants et les Anciens (5 : 9), et ne peut donc être confondue avec eux. Les 144 000 apprennent à chanter ce cantique et sont seuls, sur la terre, à pouvoir le faire. Nous avons ici en pleine harmonie de pensée, d’attitude et d’occupation tous ceux qui ont été fidèles sous la terrible oppression de l’Antichrist :
– Les martyrs, ceux qui ont été mis à mort, seront ressuscités pour régner avec Christ (20 : 4-6). Ils auront part à la résurrection d’entre les morts, c’est-à-dire la première résurrection, et leur place sera dans le ciel (Matt. 22 : 30).
– Ceux qui ont été épargnés ont leur part bénie sur la terre.
Les uns et les autres chantent le même cantique nouveau, soit dans le ciel, soit sur la terre.
Plusieurs traits ont caractérisé la conduite de ces vainqueurs :
– Ils ne se sont point souillés avec les femmes : ils n’ont pas participé à la corruption religieuse caractérisée par Jésabel (2 : 20), puis par Babylone, la grande prostituée (17 : 1). Ils sont associés à Christ dans son administration sur la terre : « Ils suivent l’Agneau où qu’il aille ». Il y aura sur la terre, pendant le règne millénaire, une multitude d’humains qui jouiront paisiblement de la bénédiction dans l’obéissance au Roi, sans avoir connu la souffrance pendant le temps de son rejet. Ils n’auront pas auprès de Lui la place privilégiée des saints mentionnés ici, qui ont souffert alors que le Roi était méconnu et rejeté : ceux-là sont « des prémices pour Dieu et pour l’Agneau ». On pense ici aux hommes forts profondément attachés à David. S’ils ont souffert pendant qu’il était rejeté, ils ont été à l’honneur après son accession au trône.
– Il n’a pas été trouvé de mensonge dans leur bouche, alors que tout, autour d’eux, n’était que séduction et mensonge.
– Ils sont irréprochables. Si les caractères de leur conduite en présence du mal qui les assaillait de toute part sont reconnus par Dieu, ils sont vus ici dans la position qui leur est donnée par l’œuvre de Christ. Irréprochable est le caractère de tous ceux qui ont été « réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (Rom. 5 : 1 ; Col. 1 : 22), en qui ils ont « la rédemption par son sang, le pardon des fautes » (Eph. 1 : 4, 7).
Quel puissant encouragement pour ceux qui, dans tous les temps, traversent la persécution, de savoir que Dieu leur porte un tel intérêt ! Il leur prépare une place d’honneur dans la compagnie de Celui qui les a sauvés et qu’ils n’ont pas renié.
Les habitants de la terre
• L’annonce du jugement et l’évangile éternel (v. 6-7)
Nous avons déjà remarqué que ce chapitre nous montre comment Dieu agit, alors que le pouvoir de l’homme paraît atteindre son apogée sur la terre entière. L’exécution du jugement final est imminente, mais Dieu fait encore annoncer « l’évangile éternel », le seul moyen d’échapper à ce jugement.
Ce n’est pas l’évangile de la grâce par la foi au Seigneur Jésus, tel qu’il est actuellement prêché en vue de la formation de l’Eglise, car cette période aura pris fin avec l’enlèvement des croyants. C’est l’injonction faite aux hommes, depuis la fondation du monde, de craindre Dieu et de Lui rendre gloire comme Créateur de tout l’univers (Rom. 1 : 20-21). Les hommes seront plus que jamais poussés à toutes sortes d’idolâtrie, spécialement en rendant hommage à la Bête. Craindre Dieu et Lui donner gloire sera alors un acte d’obéissance qui mettra en danger de mort, puisqu’il s’agira de refuser tout hommage à la Bête.
• La chute de Babylone (v. 8)
Un second ange est chargé d’annoncer un autre message d’une grande importance : la chute de « Babylone la grande ». C’est ici qu’apparaît pour la première fois dans le livre de l’Apocalypse le nom symbolique et mystérieux de cette « grande ville » décrite au chapitre 17. La description qui y est donnée permet d’identifier Babylone comme le système religieux de la profession chrétienne sans vie, qui subsistera après que le Seigneur aura enlevé tous ceux qui auront cru en Lui. Mais n’anticipons pas. D’abord assise sur la Bête, la femme identifiée à Babylone cherchera à imposer son influence par le moyen de la Bête, mais celle-ci et ses associés la détruiront promptement. La destruction de Babylone sera considérée par les habitants de la terre comme un triomphe de la Bête, mais ils sont avertis par le message de l’ange que cette chute est l’exécution du jugement de Dieu sur celle qui avait entraîné toutes les nations à toutes sortes d’égarements.
La chute définitive de Babylone la grande est un événement d’une immense importance, car cette ville est l’exemple même de l’orgueil et de la puissance de corruption. Mais bien loin de contribuer à la stabilité du pouvoir de la Bête, cette chute précède de peu la destruction de la Bête et est d’ailleurs ressentie très profondément dans le monde entier. C’est le sujet du chapitre 18, mais l’annonce en est donnée ici comme dernier avertissement à ne pas rendre hommage à la Bête.
• Le jugement de ceux qui rendent hommage à la Bête (v. 9-12)
Rendre hommage à la Bête et à son image, accepter de porter sa marque, est en effet la terrible tentation à laquelle tous sont soumis, sous menace de mort (13 : 15). Le troisième ange annonce clairement quel terrible jugement atteindra les hommes qui céderont. Ici encore, c’est par l’obéissance à Dieu et par la foi que les saints seront démontrés fidèles dans cette mise à l’épreuve.
• Le bonheur des martyrs (v. 13)
Une voix se fait encore entendre, riche d’encouragement pour tous ceux qui sont ainsi persécutés jusqu’à la mort. Beaucoup ont laissé leur vie à cause de leur fidèle témoignage pendant ce temps d’épreuve terrible. Mais son terme est venu ; la souffrance va prendre fin par l’apparition publique de leur Seigneur. Le temps du repos et des récompenses est arrivé. Ceux qui sont morts parce qu’ils ont refusé de rendre hommage à la Bête, vont connaître la première résurrection pour régner avec Christ (20 : 4-6).
Ce verset 13 s’applique ainsi directement aux martyrs de la grande tribulation qui s’achèvera par l’introduction du règne de Christ. Nous pouvons aussi y trouver un encouragement, non seulement pour ceux qui, dans tous les temps, ont exposé leur vie par leur fidélité au Seigneur, mais aussi pour tous ceux qui « meurent dans le Seigneur », ceux que l’apôtre Paul appelle « les morts en Christ » (1 Thes. 4 : 16), ceux qui sont morts dans la foi en Christ. Le jour vient où le Seigneur lui-même les ressuscitera (Jean 6 : 40) pour qu’ils soient avec Lui pour toujours.
Les croyants sont aussi encouragés à travailler pour Lui tant qu’ils vivent sur la terre. Ils n’ont rien à faire pour eux-mêmes, rien à présenter à Dieu pour être acceptés, car ils sont « dans le Seigneur », à l’abri du jugement à cause de son œuvre à Lui, accomplie une fois pour toutes sur la croix. Mais « leurs œuvres les suivent ». Dieu n’oublie rien de ce qui aura été fait pour Lui plaire et Il saura récompenser les « œuvres de foi » et le « travail d’amour » (1 Thes. 1 : 3 ; Héb. 6 : 10 ; 11 : 6). Jouissant déjà du repos de nos âmes à cause de l’œuvre de Christ, travaillons avec joie pour Lui, car notre travail « n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15 : 58). Bientôt, dans sa présence, nous nous reposerons aussi de nos travaux.
La crise finale : la moisson et la vendange
Voici maintenant arrivé le moment où le jugement va être exécuté sur la terre par Celui qui est vu au ciel, assis sur la nuée, semblable au Fils de l’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or. Au chapitre 1, c’est la même Personne glorieuse, Christ lui-même, qui est apparue pour juger la maison de Dieu. Alors, Il ne portait pas encore la couronne d’or, car le moment de régner n’était pas encore venu. Maintenant Il va établir le royaume en justice par le jugement. Deux jugements distincts vont être exécutés, respectivement figurés par la moisson et par la vendange (Joël 3 : 11-14). Chacun a son propre caractère : l’un a pour effet de rassembler pour le jugement, l’autre a un effet destructif ; mais d’autres traits les distinguent encore.
Le jugement de la moisson s’étend à toute la terre, alors que le jugement de la vendange est plutôt circonscrit au territoire d’Israël. Si c’est la terre qui est moissonnée, la vendange s’effectue sur « la vigne de la terre », et dans l’Ancien Testament la vigne représente plusieurs fois Israël (Ps. 80 : 8 ; Es. 5 : 7). Mais, comme dans ces passages la vigne figure le peuple que Dieu a établi, dont Il a pris soin, et qu’Il considère alors sous l’angle de sa responsabilité après sa déchéance, on peut aussi étendre la signification de « la vigne de la terre » à toute religion sans vie.
• Le jugement de la moisson (v. 14-16)
Une faucille tranchante est dans la main de Celui qui apparaît sous le caractère du Fils de l’homme, et c’est Lui qui lance la faucille sur la terre, lorsque l’ange sorti du temple annonce que le moment est venu. On peut faire le rapprochement avec l’enseignement du Seigneur : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui ramasseront de son royaume tous les scandales » (Matt. 13 : 41). « Les moissonneurs sont des anges » (Matt. 13 : 39), dit-Il aussi, mais c’est Lui qui dirige personnellement ce travail accompli en perfection (Ps. 18 : 30), travail qui sépare les justes des méchants, le bon grain de l’ivraie, mais aussi le froment de la balle (Matt. 3 : 12). Et l’expression : « la moisson de la terre est desséchée », plus que mûre, prouve que la patience du Seigneur a attendu jusqu’à la dernière limite. Alors que dans la parabole de l’ivraie (Matt. 13 : 24-30), qui s’applique à la fin de la période chrétienne, le Seigneur insiste sur la séparation des justes d’avec les méchants, ici l’accent est mis sur l’exécution du jugement sur toute la terre : « et la terre fut moissonnée ».
• Le jugement de la vendange (v. 17-20)
La mention du « temple qui est dans le ciel » montre que Dieu a repris ses relations avec son peuple : cela commence par le jugement. La vendange et le foulage de la cuve désignent les jugements guerriers qui s’exécutent sur la terre et entraînent la mort d’un grand nombre d’hommes (Lam. 1 : 15 ; Es. 63 : 1-6). La faucille est ici dans la main d’un ange, et non du Fils de l’homme. Le jugement paraît s’exercer par le moyen d’un intermédiaire. On voit, par exemple en Zacharie 12 : 6, que Juda sera l’instrument d’un jugement guerrier contre les peuples qui assaillent Jérusalem. Le signal est donné par un autre ange qui sort de l’autel, peut-être en réponse aux prières des saints (8 : 3). Il a « pouvoir sur le feu » ; il dispose du moyen d’exécuter le jugement. La cuve est celle de la colère de Dieu. Le jugement s’exerce « hors de la ville », indistinctement sur tous les ennemis d’Israël. La destruction d’un grand nombre d’hommes fera que des torrents de sang seront versés et qu’ils couvriront une grande étendue. Plusieurs, suivant la suggestion de Jérôme, au 4ème siècle, estiment que les mille six cents stades représentent la longueur du territoire de la Palestine.
C’est un jugement limité dans le temps, qui s’exerce sur des hommes qui vivent sur la terre et qui doit toujours être distingué du jugement éternel qui atteindra ceux qui seront jetés dans l’étang de feu et de soufre (20 : 15).
Après avoir présenté, dans les chapitres 12 à 14, le dessein de Dieu et les efforts de Satan pour s’y opposer, ainsi que les issues en jugement ou en bénédiction pour les principaux acteurs de la scène finale, la prophétie reprend (ch. 15 et 16) le cours des jugements qui précèdent l’introduction du règne de Christ : les sept plaies, les dernières, « les sept coupes du courroux de Dieu ».
Les dernières plaies du courroux de Dieu
• Un signe grand et merveilleux (v. 1)
Une nouvelle scène se présente maintenant dans le ciel. Sept anges sont prêts à déverser les dernières plaies par lesquelles s’achève la colère de Dieu sur la terre. C’est pour l’apôtre « un signe grand et merveilleux » qui s’ajoute aux deux signes du chapitre 12 (v. 1, 3). Si terribles que soient les effets de ces jugements, l’achèvement de cette « œuvre étrange » (Es. 28 : 21) du Dieu saint, prélude à l’introduction de la bénédiction finale, suscite une profonde admiration. Aucun lien direct n’est mentionné entre les jugements annoncés par la septième trompette (11 : 15) et ceux qui sont introduits par les sept coupes. Cependant, il semble bien que ces dernières soient le développement du troisième et dernier « malheur » appelé par le son de la septième trompette (11 : 14). Les jugements des sept coupes ne sont pas forcément distincts de ceux des sept trompettes et postérieurs à eux.
Nous verrons qu’ils paraissent en être plutôt l’achèvement ou le caractère final.
• La compagnie des martyrs (v. 2)
Un heureux tableau vient d’abord éclipser celui des sept anges porteurs des plaies : une compagnie de vainqueurs est contemplée dans le ciel. Ce sont ceux qui ont traversé la terrible période pendant laquelle la Bête contraignait tous les hommes, sous peine de mort, à rendre hommage à son image et à porter sur eux sa marque, le nombre de son nom. Ceux-là n’ont pas cédé et ont remporté la victoire. Ils ont été mis à mort, mais ils reçoivent maintenant leur récompense : ils sont dans le ciel, debout sur une mer de verre, mêlée de feu. La mer de verre, déjà mentionnée au chapitre 4, symbolise la pureté céleste que rien ne peut troubler ; elle est ici mêlée de feu qui rappelle les terribles persécutions qu’ont traversées ceux qui se tiennent là. Ils ont en main des harpes, les harpes de Dieu, et chantent un cantique. Trois groupes de joueurs de harpe nous sont présentés dans le livre de l’Apocalypse, tous dans le ciel : d’abord les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens (5 : 8), les saints de l’Ancien Testament enlevés à la venue de Christ ; ensuite les martyrs juifs mis à mort sous la persécution de la Bête, ceux dont on entend le chant, « une voix venant du ciel » qui « ressemblait au son des joueurs de harpe » (14 : 2) ; enfin ici un troisième groupe composé de martyrs, comprenant des gens des nations, probablement plus étendu que le précédent sans qu’on puisse l’en distinguer nettement. On voit au chapitre 14, groupés autour de l’Agneau sur la montagne de Sion, ceux qui, sur la terre, apprennent le cantique nouveau dont le son leur parvient du ciel. Nous contemplons ici ceux qui chantent dans le ciel. Tous ceux qui ont traversé fidèlement les persécutions sous le pouvoir de la Bête chantent en harmonie, ceux qui ont été mis à mort sont au ciel, et ceux qui ont été épargnés, sur la terre. Quel encouragement pour ceux qui, dans tous les temps, ont à subir la persécution, même jusqu’à la mort !
• Le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau (v. 3- 4)
Les vainqueurs chantent le cantique de Moïse ; c’est le cantique de la délivrance de l’oppresseur (Ex. 15 : 1), le cantique de la rédemption, le premier cantique mentionné dans l’Ecriture, chanté à nouveau pour célébrer la délivrance finale.
Ils chantent aussi le cantique de l’Agneau, car c’est Lui qui délivre effectivement Israël et les croyants de toutes les nations. L’accent ne porte pas sur la délivrance, mais sur les caractères glorieux des actes de Dieu, connu sous les divers noms sous lesquels Il s’est révélé dès le commencement (déjà mentionnés : 4 : 8 ; 11 : 17) :
– Seigneur, qui correspond à l’Eternel (Jéhovah), le nom de sa relation avec Israël (Ex. 6 : 2).
– Dieu (Elohim), son nom en relation avec toute la création (Gen. 1 : 1).
– Le Tout-puissant (El-Shaddaï), qui s’est révélé ainsi aux patriarches, à Abraham (Gen. 17 : 1), à Job (Job 6 : 14).
Moïse avait composé ce cantique et l’avait chanté avec le peuple d’Israël. Son titre de gloire, c’est : « esclave de Dieu ». Il en est tout autrement pour l’Agneau : la louange lui est adressée comme à Dieu lui-même. Il est salué comme « Roi des nations » et la justice des actes de jugement est proclamée. La colère de Dieu sera suivie par la colère de l’Agneau (6 : 16) lorsqu’Il viendra personnellement pour établir son règne. Alors, non seulement Israël, mais toutes les nations, exaltent le Redoutable (Ps. 76 : 11), celui qui règne sur toute la terre : « Ô Roi des nations ! Qui ne te craindrait ? » (Jér. 10 : 7).
Quel contraste entre cette exclamation de ceux qui n’ont pas cédé sous la persécution de la Bête et cette orgueilleuse menace : « Qui est semblable à la Bête, et qui peut combattre contre elle ? ». Toutes les actions de la Bête étaient mensonge, violence et blasphème. Mais toutes les voies du Roi, et en particulier ses jugements, sont justes et véritables. Sa sainteté et sa justice seront publiquement reconnues et toutes les nations viendront se prosterner devant Lui. La part des nations n’est pas mentionnée dans le cantique de Moïse en Exode 15, mais elle est la note finale du second cantique de Moïse en Deutéronome 32 : 43. Ce verset est cité par l’apôtre Paul en Romains 15 : 10 comme montrant l’accomplissement des promesses faites à Abraham. « Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice » (Es. 26 : 9).
Dès maintenant, nous connaissons la grandeur infinie de Celui qui est le Seigneur des seigneurs. Il est notre Sauveur, son amour dissipe toute frayeur, mais servons-Le avec la révérence qui Lui est due.
• Le temple ouvert dans le ciel (v. 5-8)
Une nouvelle vision occupe maintenant le prophète : « Le temple du tabernacle du témoignage dans le ciel fut ouvert ». Déjà à plusieurs reprises, il a vu le temple de Dieu ouvert dans le ciel (11 : 19 ; 14 : 15, 17). Ce temple n’est jamais présenté comme un lieu d’adoration ou d’intercession comme l’a été le temple de Jérusalem. Le temple de Dieu dans le ciel est le point de départ des jugements et il en montre les caractères : justice et sainteté. La mention du « tabernacle du témoignage » (Ex. 38 : 21 ; Act. 7 : 44) nous reporte au dessein de Dieu pour Israël en route pour le pays promis et souligne la fidélité de l’Eternel à ses promesses. Elle rappelle aussi que le « témoignage », c’est-à-dire, ici, les tables de la loi écrites du doigt de Dieu, demeure la base des jugements de Dieu à l’égard des hommes.
Sept anges sortent du temple, vêtus de lin pur et éclatant, symbole de pureté et de justice. Ils sont ceints sur leurs poitrines de ceintures d’or, comme le Seigneur dans son vêtement de juge (1 : 13). Autrefois, l’Eternel a maintes fois employé comme instruments de son jugement gouvernemental sur la terre, des hommes, des nations qui ont mal agi, en abusant de la mission que Dieu leur avait confiée, pour assouvir leurs propres passions. Maintenant les instruments du jugement sont des anges dont les caractères sont en parfaite harmonie avec ceux du Juge suprême. L’un des quatre Vivants (voir 4 : 6-11) leur donne les « sept coupes d’or, pleines du courroux de Dieu qui vit aux siècles des siècles ».
Les coupes sont d’or : les jugements ont la perfection divine ; elles sont pleines, preuve que la patience de Dieu a été complète, mais qu’elle a un terme. Il est rappelé que Celui qui exerce son juste jugement « vit aux siècles des siècles ». Il est et demeure le Même éternellement dans tout ce qu’il fait. Et la fumée remplit le temple. Ce n’est pas la nuée caractéristique de la présence glorieuse de Dieu (Ex. 40 : 34 ; 2 Chr. 5 : 13) : c’est la fumée qui rappelle que « Dieu est un feu consumant » (Ex. 19 : 18 ; Es. 6 : 4 ; Héb. 12 : 29). Cette fumée procède de la gloire de Dieu et de sa puissance qui doivent se manifester par des jugements. Personne ne peut entrer dans le temple jusqu’à ce que les sept plaies soient achevées : rien ne peut en arrêter le cours.
D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 15)
A suivre