UNE VIERGE CHASTE, FIANCEE A CHRIST
Paul et les Corinthiens
L’amour étreignant le cœur des croyants
« Fiancés à un seul mari », pour être présentés à Christ comme « une vierge chaste »
Caractères distinctifs d’une « vierge chaste » dans l’Ecriture
« Je suis jaloux à votre égard d’une jalousie de Dieu : oui, je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste. Mais je crains qu’en quelque manière, comme le serpent séduisit Eve par sa ruse, ainsi vos pensées ne soient corrompues et détournées de la simplicité à l’égard de Christ. Car si quelqu’un vient prêcher un autre Jésus que nous n’avons pas prêché, ou si vous recevez un esprit différent que vous n’avez pas reçu, ou un évangile différent que n’avez pas accepté, vous pourriez bien le supporter » (2 Cor. 11 : 2-4).
La venue de Paul à Corinthe
Au cours de son second voyage missionnaire, après avoir présenté l’évangile aux intellectuels d’Athènes, Paul arrive à Corinthe, une ville caractérisée par son luxe et la corruption de ses mœurs. L’apôtre et ses nouveaux amis récemment convertis, Aquilas et Priscilla, commencent par donner le bon exemple ; ils travaillent ensemble à faire des tentes (1 Cor. 9 : 15, 18 ; 2 Cor. 11 : 8-9).
Puis Silas et Timothée viennent rejoindre Paul ; il est « étreint par la parole », sous l’influence du Saint Esprit libre d’agir en lui (Act. 18 : 5). Fidèle à l’enseignement de l’Ecriture (Rom. 1 : 16 ; Act. 13 : 46), l’apôtre s’applique à rendre d’abord témoignage aux Juifs ; or ceux-ci résistent et blasphèment. Il décide alors de se tourner vers les nations et entre dans une maison, proche de la synagogue ; elle appartenait à « un nommé Juste qui servait Dieu » (Act 18 : 7). A ce moment-là, Crispus, le chef de cette synagogue, se convertit, ainsi que toute sa maison, et beaucoup de Corinthiens qui écoutaient, croient et sont baptisés (v. 8).
« Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : Ne crains pas, mais parle, ne te tais pas, parce que je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville. Paul demeura donc là un an et demi, enseignant parmi eux la parole de Dieu » (v. 9-11).
Ainsi, dans cette ville dissolue de Corinthe, Dieu s’est plu à rassembler un grand nombre de croyants. Des liens se sont tissés avec Paul, resté si longtemps parmi eux pour les évangéliser. Deux épîtres au moins suivront. Paul écrit la première au moment où, par le moyen des proches de Chloé, il reçoit de fâcheuses nouvelles sur l’état spirituel des frères en Christ à Corinthe (1 Cor. 1 : 11).
Contenu des deux lettres de l’apôtre
Dans la première, Paul commence par leur rappeler leurs grandes richesses spirituelles, qu’il attribue à juste titre à la grâce de Dieu (1 Cor. 1 : 4-7). Il aborde ensuite, avec tristesse mais beaucoup de fermeté, un autre sujet : il les avertit au sujet de plusieurs fautes d’ordre moral au milieu d’eux. Il les reprend et les exhorte de la part du Seigneur. Il voudrait leur parler comme à des hommes « spirituels » ; hélas, ils sont encore charnels, ce sont de « petits enfants en Christ » (3 : 1) !
Cependant, guidé par l’Esprit, il leur prodigue en même temps - et à nous aussi - des enseignements précieux. Il s’agit surtout des différents aspects de la vie d’assemblée, concernant en particulier la Table du Seigneur. Il termine cette épître par un exposé magistral sur la doctrine de la résurrection.
Paul a su attendre ensuite le temps nécessaire pour que sa lettre puisse avoir l’effet désiré. Grâce à Dieu, le travail de conscience espéré chez ses frères s’est produit ; il est réjoui de l’apprendre par Tite. Il va alors leur adresser une seconde épître. Il y exprime sa joie de constater leur soumission et leur adresse de nombreuses exhortations. Elles concernent, en particulier, la communion des saints, le témoignage collectif de l’assemblée, le ministère chrétien, la bienfaisance et les épreuves.
L’amour étreignant le cœur des croyants
Contempler le Seigneur pour être des « lettres de Christ »
Tous les chrétiens sont des « lettres de Christ » (2 Cor. 3 : 3). Dieu les adresse à ceux qui ne lisent pas la Bible. Ils ont ainsi sous leurs yeux, en principe du moins, un évangile vécu. Que peut-on lire sur notre lettre ? Si nous contemplons à face découverte la gloire du Seigneur, alors « nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (3 : 18).
Paul était de ceux-là ! Il désirait avec ardeur la gloire céleste (2 Cor. 5 : 2), mais tout en espérant le retour du Seigneur, il s’appliquait toujours avec la même ardeur à Lui être agréable (v. 9). Nous trouvons ici, dans la bouche de cet apôtre, ce même verbe « étreindre » que celui qu’il emploie en Actes 18 au sujet de la Parole. Ici, en 2 Cor. 5, il dit : « L’amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons discerné ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que tous ceux qui vivent (les croyants) ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (v. 14-15). L’apôtre en donnait l’exemple, il ne vivait plus pour lui-même. Corps et âme, il était l’esclave de Christ, mort et ressuscité pour lui !
Pour qui vivons-nous ?
Il convient de se poser cette importante question de fond. Nous devons alors, sans doute, reconnaître avec humiliation que souvent nous avons considéré les choses en fonction de notre propre intérêt. Ce « prisonnier de Jésus Christ », écrivant plus tard aux Philippiens, leur dira : « Je n’ai personne qui soit animé d’un même sentiment avec moi pour avoir une sincère sollicitude pour ce qui vous concerne ; en effet, tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ » (Phil. 2 : 20-21). Cette parole nous attriste fort. L’égoïsme, si courant dans ce monde, a vite fait d’envahir le cœur des croyants.
En nous, « ce qui est spirituel n’est pas le premier, mais ce qui est animal ; ensuite ce qui est spirituel » (1 Cor. 15 : 46). Agir ainsi, c’est se comporter tout différemment du Seigneur quand Il vivait ici-bas. Il n’a jamais rien fait pour Lui-même (Rom. 15 : 3) ; son dévouement et son abnégation ont été absolument parfaits !
« Fiancés à un seul mari », pour être présentés à Christ comme « une vierge chaste »
L’apôtre est jaloux à l’égard des Corinthiens d’une « jalousie de Dieu »
A Corinthe, à ce moment-là, de faux apôtres cherchaient à remplacer Paul dans le cœur de ces Corinthiens. Celui-ci se voit contraint de parler de lui-même, ce qu’il appelle sa « folie » (2 Cor. 11 : 1). Mais ce n’est pas pour revendiquer à son profit l’affection des croyants que l’apôtre s’adresse ainsi à eux. Il est jaloux pour Christ - c’était « une jalousie de Dieu » - il les avait « fiancés à un seul mari » et il réclame instamment que leur amour soit strictement réservé à Christ, le seul époux de l’Eglise !
« Nous sommes membres de son corps - de sa chair et de ses os » (Eph. 5 : 30) - tous les rachetés font partie de l’assemblée, de cette « vierge chaste » que le Seigneur va se présenter bientôt à lui-même, « glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle soit sainte et irréprochable » (v. 27). Christ s’est livré pour elle et elle est l’objet de tous les soins de son amour. « Il la sanctifie, en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole (v. 26). « Il la nourrit et la chérit » (v. 29).
L’apôtre fait part de ses craintes à l’égard des Corinthiens. Il rappelle la ruse de Satan (le serpent) : il a très bien su « séduire » Eve (2 Cor. 11 : 3a). Prenons garde ! Nos pensées peuvent être « corrompues et détournées de la simplicité à l’égard de Christ » (v. 3b).
Recevons avec simplicité la Parole, elle contient toute la révélation et place devant nous essentiellement ce qui a trait à la Personne et à l’œuvre de notre adorable Sauveur et Seigneur. Avec des pieds « déchaussés », sur une terre sainte (Ex. 3 : 5), nous sommes appelés à Le contempler dans sa majesté, sa dignité et sa sainteté. La foi accepte les expressions choisies par le Saint Esprit ; elle se soumet par la foi à ce qui est trop grand pour que Dieu nous l’explique présentement (Deut. 29 : 29).
Si notre cœur abandonne la crainte due à Dieu, nous ne tarderons pas à accepter les vaines spéculations de l’esprit humain et nos pensées seront corrompues ! La Parole nous incite formellement à « amener toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10 : 5). Sinon, propageant avec succès leurs erreurs, les faux docteurs bouleversent les saints et contribuent à les désunir (voir Act. 15 : 1 ; Gal. 3 : 1-2 ; 5 : 10).
L’apôtre estimait que les Corinthiens avaient déjà montré beaucoup trop de complaisance en recevant ceux qui cherchaient à les entraîner ! Car certains de leurs visiteurs prêchaient un autre Jésus - que Paul n’avait pas prêché. D’autres venaient vers eux avec un esprit différent de celui de l’apôtre ou présentaient un évangile différent de celui qu’ils avaient jusqu’ici accepté. Paul conclut donc sa mise en garde en disant : « Vous pourriez bien le supporter » (2 Cor.11 : 4).
Une « vierge chaste »
L’apôtre a donc comparé Jésus Christ à un mari, l’assemblée de Corinthe à une fiancée qui Lui est destinée, et il se compare lui-même à la personne dont le rôle autrefois était de conduire la fiancée, le jour de son mariage jusqu’au fiancé. Il désirait amener à son céleste époux une fiancée vraiment pure (Lév. 21 : 13). Or à ce moment-là, Paul avait bien lieu d’être « jaloux », de la même jalousie que l’Epoux, au sujet de Corinthe que lui-même suivait de si près !
Dans l’Ancien Testament, l’alliance qui existe entre Dieu et Israël est souvent typifiée par un mariage. L’Epoux divin garde avec un soin jaloux celle qu’Il s’est fiancée et à laquelle Il va bientôt s’unir (lire à ce sujet : Es. 54 : 5 ; 62 : 5 ; Ezé. 16 : 8-14 ; Osée 2 : 18-20).
La crainte de Paul était malheureusement fondée. L’exemple qu’il prend de Satan séduisant Eve était bien choisi ! Les séducteurs qui s’attaquaient à cette assemblée à Corinthe étaient de faux docteurs et Paul se défend contre eux avec une sainte énergie. Ces suppôts de Satan voulaient égarer les fidèles par un enseignement erroné et subversif.
Caractères distinctifs d’une « vierge chaste » dans l’Ecriture
Les exhortations que Paul donne ici ont un caractère collectif, mais elles s’adressent aussi à chaque enfant de Dieu. Chaque vrai croyant fait partie de la « fiancée » de Christ. Demandons-nous si, aux yeux de Dieu, nous portons de façon claire les signes distinctifs d’une « vierge chaste », tels que la Parole les met en évidence. Voyons deux exemples.
Rebecca
Le patriarche Abraham cherchait une femme pour son fils ; il est, à cet égard, un type de Dieu le Père. Le serviteur qu’il envoie est une figure du Saint Esprit. A peine a-t-il formulé son désir de faire une heureuse rencontre que Rebecca arrive à la fontaine. Elle était « très belle de visage, vierge, et nul ne l’avait connue » (Gen. 24 : 15-16).
Elle se montre aussitôt un modèle de dévouement et d’empressement (v. 17-21) et le serviteur qui l’observe a bientôt l’heureuse certitude que Dieu a fait « prospérer » son voyage. Il comprend qu’elle peut être pour Isaac une épouse dévouée, active, vertueuse, comparable à celle que présente Proverbes 31 : 10-29. Quel beau témoignage le serviteur rend alors au sujet de son maître à Rebecca qui l’écoute ! Elle reçoit de lui un avant-goût des richesses d’Isaac (un type de Christ) qui touchent son cœur (v. 53). A la question : « Iras-tu avec cet homme ? », elle répond aussitôt : « J’irai » (v. 58). Elle est prête à partir aussitôt. Avons-nous les mêmes affections pour le Seigneur, sommes-nous disposés à sortir immédiatement à la rencontre de l’époux ? Le Seigneur sait si tout ce que nous faisons est pour Lui, il discerne tous les sentiments qui nous animent !
Le voyage à travers le désert pour rejoindre Isaac était long. Mais l’activité du serviteur se poursuit auprès de Rébecca. Il est une image du Saint Esprit prenant de ce qui est à Christ pour nous le communiquer (Jean 16 : 14). « Des beautés de l’époux, jamais, jamais lassée, elle l’écoutera jusqu’au bout du chemin », dit un cantique.
Chers frères et sœurs, est-ce notre heureuse part ? L’Eglise, l’épouse de Christ, poursuit elle aussi son chemin à travers le monde, devenu pour elle un désert. Ce n’est pas sans peine ni fatigue, mais c’est avec joie aussi, si le Saint Esprit n’est pas « attristé » par notre conduite. Il veut nous occuper à plein temps du Bien-aimé !
Rebecca ne connaissait pas encore Isaac… mais il était sorti à sa rencontre (v. 65). Le Seigneur le fera aussi et viendra chercher les siens ! Rebecca lève les yeux et voit Isaac venir. Elle descend de son chameau et s’enquiert auprès du serviteur : « Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? Et le serviteur dit : C’est mon Seigneur. Et elle prit son voile et se couvrit » (v. 64-65). Sa beauté devait être pour Lui seul ! Elle s’était déjà séparée volontairement dans ses pensées de ce monde qu’elle quittait, pour être entièrement à Lui ! Avons-nous le même saint désir : répondre un peu à son merveilleux amour déployé à la croix ?
Il faut retenir que le comportement de Rebecca n’a pas toujours eu un si beau caractère jusqu’à la fin de sa vie sur la terre ; c’est aussi un avertissement pour nous.
La bien-aimée du Cantique des cantiques
L’amour divin nous est présenté de façon intense dans le Cantique des cantiques. C’est le seul amour qui peut combler le « vide » d’un cœur humain jusqu’ici sans Dieu et sans espérance. Il s’agit d’abord dans ce livre des relations futures du Roi, de Christ, avec Israël, son épouse terrestre : les affections pour Lui seront « ranimées », et répondront à celles du vrai Salomon. Mais l’essentiel de l’enseignement divin s’applique aux besoins actuels d’un chrétien.
L’amour est le lien vital qui unit personnellement chaque racheté à son Sauveur. De Son côté, cet amour est infini, immuable ; du nôtre, confessons-le, il est plutôt faible et souvent inconséquent. Demandons-Lui avec ferveur de nous tirer afin de nous faire « courir » après Lui (Cant. 1 : 4), ce qui est essentiel.
On voit l’amour de la « bien-aimée » car elle cherche la présence du Berger (v. 7-8), du Roi (v.12) ! Il est constamment sur son cœur, comparable à un bouquet de myrrhe parfumée (v. 13 ; 2 Cor. 2 : 15-16). Elle prend plaisir aussi à s’asseoir à son ombre ; elle compare le Bien-aimé à un pommier dont le fruit est doux à son palais (2 : 3). La joie du Seigneur est de voir les mêmes désirs d’amour se développer chez son racheté.
Frères et sœurs, de quel côté se portent nos regards ? La bien-aimée était en danger de se laisser éblouir par les attraits brillants et exaltants de ce monde ! Ecoutons la voix du Seigneur : « Viens avec moi du Liban, ma fiancée » (4 : 8). Ce qui nous éloignera décidément de tous les lieux dangereux sur cette terre, c’est l’amour pour Lui. Restons pour Lui un « jardin clos », une « source fermée », une « fontaine scellée » (v. 12). Exprimons, avec joie et liberté, notre saint désir : « Que mon Bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange ses fruits exquis » (v. 16b). Il répondra, c’est la joie de son cœur.
L’ardente description que la Sulamithe fait spontanément de son bien-aimé (5 : 10-16) attire d’autres personnes : elles sont prêtes à Le rechercher avec elle (6 : 1). C’est le résultat d’un fervent témoignage, auquel nous sommes appelés aussi. La beauté « morale » des rachetés du Seigneur incite les incrédules à écouter et à recevoir l’évangile.
Retenons les paroles que la bien-aimée adresse à son Bien-aimé : « A nos portes il y a tous les fruits exquis, nouveaux et anciens : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi ! » (7 : 13). « De l’abondance du cœur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34). Chrétiens, nous jouissons avec l’Epoux de relations fermement établies et définitives. Appliquons-nous à devenir, avec son secours, celle que Son cœur attend de se présenter à Lui-même, sans tache ni ride…
Dans ce récit, le sommeil importun de la bien-aimée, l’affaiblissement momentané de son amour pour son bien-aimé, sa chute, sont autant d’avertissements donnés par le Seigneur à veiller avec son aide, à ranimer si besoin est, la flamme. Elle doit briller dans notre cœur pour Lui seul.
« C’est la veille d’un jour de fête : Voici l’Epoux ! », rappelle un cantique. Le cri va retentir : « Les noces de l’Agneau sont venues ; sa femme s’est préparée ; et il lui a été donné d’être vêtue de fin lin, éclatant et pur, car le fin lin, ce sont les justes actes des saints » (Apoc. 19 : 7-8). Appliquons-nous à tisser cette parure, dans l’antichambre où nous nous trouvons encore. Il dit : Mon Eglise, es-tu prête ?
Ph. L Le 09. 11. 2015