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LE LIVRE DE L’APOCALYPSE  (9-11)


CHAPITRE  9
CHAPITRE  10
CHAPITRE  11
 


CHAPITRE  9


Les cinquième et sixième trompettes

                        • La cinquième trompette (v. 1-12)

            Elle proclame un jugement particulier sur l’Israël apostat. En effet, il n’est plus question ici de « tiers » (les nations de l’Occident). Ceux qui sont séduits et se soumettent à l’Antichrist sont ceux « qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leur front » (v. 4). Ils ne font pas partie des 144 000 qui, eux, sont divinement protégés pour remplir leur mission.
            Les événements annoncés ici se déroulent pendant la seconde demi-semaine de la grande tribulation, alors que les plus affreuses ténèbres morales envahissent la terre. C’est le temps où « toute sorte de tromperies d’injustice » se manifestent au milieu des apostats (2 Thes. 2 : 3, 10, 12).
            On trouve plus loin un message analogue à celui apporté par l’aigle (8 : 13) : « Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous, dans une grande fureur, sachant qu’il a peu de temps » (12 : 12).
            « L’étoile tombée du ciel sur la terre » représente un homme qui, par sa position, aurait dû être un instrument pour répandre la lumière et maintenir l’ordre sur la terre. Qu’il s’agisse ou non de l’Antichrist, il est clair que c’est un conducteur apostat. Il reçoit « la clef du puits de l’abîme » et en ouvre aussitôt l’entrée. L’abîme est mentionné sept fois dans l’Apocalypse (9 : 1-2, 11 ; 11 : 7 ; 17 : 8 ; 20 : 1, 3). C’est le même que celui qui est cité en Luc 8 : 31 : « Et ils (les démons) priaient Jésus de ne pas leur commander de s’en aller dans l’abîme ». C’est un lieu où les instruments du mal – en particulier les anges déchus, et Satan lui-même pendant le millénium – sont retenus « dans des chaînes d’obscurité en vue du jugement » (2 Pier. 2 : 4). Mais ce n’est pas l’étang de feu, là où ils seront éternellement tourmentés.
            Une fois ce lieu ouvert, il n’y a plus de retenue. En premier lieu, de la fumée en sort, « comme la fumée d’une grande fournaise ». L’air et le soleil (c’est-à-dire l’état ordinaire de la terre) s’en trouvent obscurcis. Ensuite, de cette fumée jaillissent aussitôt des instruments directs et nombreux de la puissance satanique.
            Les sauterelles « morales » qui apparaissent ne sont pas comparables à celles qui, dans la nature, détruisent toute la végétation sur leur passage, comme autrefois lors de la huitième plaie sur l’Egypte (Ex. 10 : 12-15). Ici, ces sauterelles sont emblématiques des puissances démoniaques. Sous les ordres de Satan, ce sont des instruments directs de son pouvoir dans le domaine des puissances occultes.
            Leur description détaillée effrayante est bien digne d’attention :
                    - 1. Elles ont le pouvoir des scorpions : à cet effet, elles reçoivent un aiguillon semblable à celui des scorpions de la terre pour inoculer le venin des fausses doctrines. Les peines qu’elles infligent seront essentiellement morales. Elles ne s’attaquent pas aux circonstances de la vie humaine (herbe, verdure, arbres), mais aux hommes eux-mêmes, pour les harceler et les torturer pendant un temps que Dieu a limité à « cinq mois » (la durée de vie normale d’une sauterelle dans la nature). Dans l’Ecriture, l’année est la mesure du temps du salut ; le mois est l’instrument de mesure du jugement ; le jour est le temps du témoignage. Le tourment dure ici 5 mois, soit 150 jours, précisément la durée du déluge (Gen. 8 : 3). Mais ces sauterelles ne doivent pas tuer les hommes ; elles leur infligent un tourment pire que la mort : la peine et l’angoisse du cœur. Pourtant, ce ne sont pas encore les tourments éternels, dont il sera question plus loin (14 : 10). Dans une telle détresse, les hommes désireront la mort, mais sans la trouver (v. 6 ; Job 3 : 21-22).
                    - 2. « L’aspect des sauterelles était comme celui de chevaux préparés pour le combat », elles poursuivent avec énergie et agressivité leur activité redoutable, un travail de tortionnaires. Les mauvais enseignements répandus ne laissent derrière eux que détresse morale.
                    - 3. Les couronnes sur leurs têtes, « semblables » à de l’or, indiquent probablement la séduction qu’elles exercent : elles brillent et donnent aux hommes l’illusion de posséder une véritable dignité. L’Antichrist se présentera personnellement à la fois comme roi (Dan. 11 : 36) et comme Dieu (2 Thes. 2 : 4).
                    - 4. « Leurs faces étaient comme des faces d’homme » mettent en évidence leur caractère hautement intelligent et leur puissance apparente.
                    - 5. Leurs cheveux, « comme des cheveux de femme », suggèrent que leur enseignement se recommande par sa douceur et sa soumission extérieure aux autres. Leur état réel n’est que faiblesse ; elles sont de fait dominées par Satan.
                    - 6. « Leurs dents comme des dents de lion » : mais, quel que soit leur impact sur les pensées des hommes, elles montrent qu’elles sont toutes prêtes à s’emparer d’eux avec férocité.
                    - 7. « Leurs cuirasses comme des cuirasses de fer » forment un contraste avec la cuirasse de la justice du croyant (Eph. 6 : 14). C’est peut-être l’image d’une conscience endurcie, où aucune crainte de Dieu ne subsiste.
                    - 8. « Le bruit de leurs ailes… comme le bruit de chariots à plusieurs chevaux courant au combat », évoque peut-être l’incroyable promptitude avec laquelle elles s’emparent des pensées des hommes.
                    - 9. « Des queues comme des scorpions, avec des aiguillons » : La description commence et se termine par l’analogie avec le scorpion (v. 3, 10). Leur pouvoir est dans leur queue, allusion probable à l’activité des faux prophètes. En Israël, le magistrat était comparé à la tête, et ceux qui enseignaient le mensonge, étaient assimilés à la queue (Es. 9 : 13-14). L’esprit d’erreur, inoculé par le venin de ces scorpions spirituels, enveloppera leurs victimes (ceux qui ne sont pas scellés) comme dans un filet d’aveuglement moral. L’entendement des hommes devient à la fois obscurci (Eph. 4 : 18) et corrompu (1 Tim. 6 : 5 ; 2 Tim. 3 : 8). C’est un mal pire que la mort !
                    - 10. Le nom de leur roi : ange de l’abîme (Apollyon en grec). Dans la nature, les sauterelles n’ont pas de roi (Prov. 30 : 27), tandis que celles-ci en ont un. Elles forment une compagnie indivisible, placée sous la direction d’un chef unique qui règne sur les ténèbres sataniques. C’est l’ange de l’abîme dont le nom, donné en hébreu ou en grec signifie : « Destruction » ou « Destructeur » pour caractériser les résultats de son œuvre.
            Un seul mot convient pour décrire ce terrible état de choses : « Malheur » (v. 12), expression d’une grande lamentation jointe à une affreuse malédiction. Ce premier malheur, qui sort de la bouche de Dieu, tombe sur un peuple qui avait été l’objet d’un amour éternel de sa part ; mais ici, il est question du sort de ceux qui n’ont pas été scellés (7 : 4-8).


                        • La sixième trompette (v. 13-21)

            Une voix sort des quatre cornes de l’autel d’or. L’absence de sang sur les cornes montre que Dieu agit en vue d’un jugement général. Cet autel, placé devant Dieu dont la gloire a été outragée, évoque l’intercession de Christ en faveur des siens. Une réponse est maintenant donnée à la requête des âmes qui étaient sous l’autel (6 : 9). C’est le temps de la vengeance (Rom. 12 : 19). Les cornes parlent de force et leur nombre (quatre) montre que toute la terre doit être frappée.
            La voix ordonne au sixième ange, qui vient de sonner de la trompette, de délier les quatre anges liés sur le grand fleuve Euphrate. Ces quatre anges liés étaient préparés pour « l’heure, le jour, le mois et l’année », donc pour une intervention à un moment très précis. De fait, ils sont sous la direction de Satan et exercent leur influence démoniaque pour soutenir le roi du nord, l’Assyrien, qui anime une puissante coalition dirigée contre Israël. Mais tous les jugements sont ordonnés du ciel : le mal ne peut donc se déchaîner qu’au moment voulu par Dieu.
            Ayant Ninive comme capitale, l’important empire d’Assyrie incluait autrefois l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, une partie de l’Iran et de la Turquie. À un moment donné, les dix tribus d’Israël étaient aussi sous sa domination. L’Assyrie ne doit pas être confondue avec la Russie, qui est le roi du nord et auquel se rattachent les princes de Rosh, de Méshec et de Tubal qui viennent du « fond du nord » (Ezé. 38 : 15 ; 39 : 2).
            A la suite de l’ordre donné, un grand nombre de cavaliers, deux myriades de myriades (soit 200 millions), sont désormais prêts au combat. Ils ont été préparés pour exécuter ce jugement au temps convenable. Il paraît difficile d’assimiler le chiffre indiqué ici à l’expression « myriades de myriades et milliers de milliers » employée pour désigner la multitude innombrable des anges (5 : 11).
            Ce malheur ressemble au précédent, à ceci près que le premier concernait ceux qui, en Israël, n’étaient pas scellés, tandis qu’ici le jugement tombe sur le « tiers des hommes », expression utilisée pour parler de la sphère de l’empire romain (12 : 4), celle de la chrétienté professante. En outre, les hommes ne sont plus seulement tourmentés, leur vie est atteinte.
            La mention de l’Euphrate montre que le jugement vient de l’Orient. Il en est à nouveau question au moment où la sixième coupe est versée. Il semble que le jugement introduit par cette sixième coupe explique qui sont ces cavaliers (v. 17).
            L’Euphrate, l’un des fleuves qui sortaient d’Eden, marquait la limite orientale de la terre d’Israël (Jos. 1 : 4), bien que le peuple n’ait pas habité longtemps à l’est du Jourdain. Les deux tribus et demie (Ruben, Gad et Manassé) ont eu leur héritage au-delà du Jourdain (Jos. 13 : 32). Elles y ont résidé de 1444 av. J.-C. (Jos. 22. 1-6) à 884 av. J.-C. (2 Rois 10 : 32-33). Ce fleuve Euphrate servait en fait de frontière naturelle entre l’ouest et l’est, c’est-à-dire entre l’empire romain et les royaumes de l’orient. La marée montante de ces nations a été longtemps retenue. Il n’en sera plus ainsi alors et une grande invasion s’ensuivra. Comme le pays d’Israël est le plus proche, il sera le premier à en souffrir, mais l’objectif de ces hordes envahissantes sera l’empire romain reconstitué. Le « tiers » correspond à la confédération européenne qui se met déjà en place aujourd’hui. C’est le dernier jugement partiel, il y aura encore un délai : l’arc-en-ciel est mentionné (10 : 1).
            Cette invasion est conduite par le roi du nord. On voit ici le début de l’offensive et la sixième coupe décrit la manière dont tout doit se terminer. A ce moment-là, les rois situés du côté du soleil levant sont concernés. Au moment de la sixième coupe, ils seront réunis en vue du grand jour de Dieu, le Tout-Puissant.

            Comme dans le jugement précédent (les sauterelles de la cinquième trompette), la description des chevaux et de leurs cavaliers est terrifiante :
                    - Les cavaliers : ils ont des cuirasses de feu, d’hyacinthe et de soufre (v. 17). L’hyacinthe est une des pierres précieuses de l’Ecriture, mentionnée plus loin comme le onzième fondement de la sainte cité (21 : 20). Elle est de couleur rouge, comme du sang, et possède la particularité de perdre sa couleur sous l’action du feu.
                    - Les chevaux : leurs têtes sont semblables à des lions, et leurs bouches crachent le feu, la fumée et le soufre. En outre, « le pouvoir des chevaux est en effet dans leur bouche et dans leur queue » (v. 19). Ainsi, leur force séductrice se présente sous la forme d’une éloquence persuasive. Derrière celle-ci, apparaît la puissance de Satan, symbolisée par les queues, « semblables à des serpents, ayant des têtes », au moyen desquelles les chevaux (image des autorités) nuisent, avec ruse et traîtrise.
                    - Leurs armes sont infernales : le feu, la fumée et le soufre. Le feu et le soufre sont la puissance du jugement, de la mort et de l’enfer entre les mains de Satan pour persécuter les hommes. Le tiers des hommes est atteint par ces trois fléaux. Il ne s’agit peut-être pas de mort physique mais, avant tout, de cette misère morale extrême qui résulte de l’apostasie.
            Apparemment, un certain nombre d’hommes échappent à cette terrible séduction (v. 20-21) ; mais même ces désastres sans précédent ne les conduisent pas à cesser de rendre hommage aux démons et aux idoles. De fait, « Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thes. 2 : 11). Satan est déjà entré en eux, car ils « ont mieux aimé les ténèbres que la lumière » (Jean 3 : 19). Ces hommes sont la proie de l’occultisme, du spiritisme, de la sorcellerie et de la magie. Quel terrible jugement !
            Déjà aujourd’hui l’idolâtrie, sous diverses formes, a pris dans le monde et même dans la chrétienté une place grandissante.


CHAPITRE  10

L’intervalle avant la septième trompette (1)

                        • Un autre ange puissant, Christ (v. 1-3)

            Le premier récit de ce chapitre rapporte la proclamation d’un ange puissant. Qui est cet ange ? Sous une forme voilée, il s’agit probablement de Christ lui-même, ce que confirme l’expression : « qui descendait du ciel » (v. 1). Il a semblé que le Seigneur apparaissait sous la forme d’un ange à l’ouverture du septième sceau (7 : 2), puis dans l’exercice de ses offices sacerdotaux (8 : 3). Ici, avant la septième trompette, il apparaît de nouveau sous une forme angélique. Sa dignité royale se montre, accompagnée des signes de la grâce. La nuée dont il est revêtu était déjà l’expression de la gloire au milieu d’Israël et rappelait les soins de Dieu au désert (Ex. 13 : 21-22). Elle était le signe de sa présence au milieu de son peuple. Plus tard, elle est venue dans le temple (1 Rois 8 : 10). Mais maintenant la présence de Dieu est visible dans son Fils, sous les traits du Fils de l’homme.
            L’arc-en-ciel sur sa tête rappelle l’alliance de Dieu avec la terre (Gen. 9 : 13). Son visage est « comme le soleil », signe de son autorité suprême (1 : 16). Ses pieds sont « comme des colonnes de feu » ; le pied droit est posé sur la mer, et le pied gauche sur la terre, pour affirmer ses droits sur toutes choses (1 Cor. 15 : 26-28).
            Sa voix est semblable à celle d’un lion qui rugit (5 : 5).
            Et les sept tonnerres se font entendre, la voix même de Dieu, comme pour approuver ce qui vient d’être prononcé. Ne cherchons pas à connaître les choses cachées (Deut. 29 : 29). C’est d’ailleurs la seule partie du livre de l’Apocalypse qui doit être scellée, au moins pour un temps ; pour tout le reste, il est dit à Jean : « Ne scelle pas les paroles de la prophétie de ce livre » (22 : 10).
            « Ange » ou « Fils de l’homme » sont des titres, et n’impliquent pas que celui qui les porte soit un être créé. L’Ancien Testament mentionne fréquemment l’Ange de l’Eternel. Ce sont des préfigurations de Christ, appelées théophanies (manifestations divines au cours desquelles a normalement lieu la révélation d'un message divin aux hommes) ou christophanies (apparences de Jésus sous une forme  humaine). Christ porte aussi le titre particulier de « l’Ange de sa face » (Es. 63 : 9).


                        • Le terme du mystère de Dieu (v. 5-7)

            L’heure approche rapidement où tous les royaumes de la terre formeront le royaume de Christ. Mais, pour l’instant, tenant dans la main un petit livre ouvert, Christ lève la main droite vers le ciel et jure « par Celui qui vit aux siècles des siècles » (v. 6-7) qu’il n’y aura plus de délai.
            Quelle joie pour les martyrs qui demandaient : « Jusqu’à quand ? » (6 : 9-11) ! Le jour de l’homme s’achève. Quand le septième ange sonnera de la trompette, le « mystère de Dieu » sera terminé, comme la bonne nouvelle en a été annoncée « à ses esclaves les prophètes ».
            Combien ce mystère est insondable ! Quelle chose étonnante, en effet, de voir les méchants prospérer et le bien foulé aux pieds. Jusqu’alors, le mal triomphait en apparence et les cieux restaient silencieux (Job 24 : 12 ; Ps. 83 : 1-5) ; Hab. 1 : 13). Satan, le « dieu de ce siècle », séduisait les nations. L’aveuglement d’Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée (Rom. 11 : 25), était aussi un mystère. Il en était de même du « mystère d’iniquité » (2 Thes. 2 : 7) et de tout ce qui avait paru obscur dans les voies souveraines de Dieu. Tout deviendra clair quand la gloire du Seigneur sera manifestée.
            Le temps vient donc où ce « mystère de Dieu » va s’achever. C’est le seul mystère dont la révélation ne soit pas encore complète à l’époque actuelle. Les bonnes nouvelles des prophètes concernant la bénédiction d’Israël et l’établissement du royaume de Christ vont enfin s’accomplir, dans un règne de justice et de paix.


                        • Le petit livre ouvert, douceur et amertume (v. 8-11)

            Que signifie le petit livre que l’ange tient dans sa main ? Ce n’est pas un livre scellé, mais ouvert. Son contenu est révélé au chapitre suivant : ce dont parlaient déjà les prophètes de l’Ancien Testament – comme aussi le Seigneur (Luc 19 : 41-44) – au sujet d’Israël. Tout se déroule pendant la grande tribulation, pour s’achever par l’apparition glorieuse du Seigneur à l’aube de son règne. La même voix qui a défendu à Jean de révéler les paroles des sept tonnerres (v. 4), lui ordonne maintenant de prendre le petit livre dans la main de l’Ange (v. 8), puis de le dévorer (v. 9), de se l’approprier ainsi avidement, en sorte qu’il devienne une partie intégrante de lui-même. On aurait pu penser que Jean, avec sa grande connaissance et son intelligence, serait un instrument dont Dieu allait se servir immédiatement. Au contraire, pour être rendu capable de parler comme oracle de Dieu, l’apôtre doit d’abord goûter la vérité divine pour lui-même, avant de déclarer ce qu’il a vu. Alors, son message sortira de son cœur (Ezé. 2 : 8-10).
            Dans la bouche de Jean, le livre est doux comme du miel (Ps. 119 : 103 ; Ezé. 3 : 3). Le miel est souvent l’image des affections naturelles, qui ne sont pas toujours contrôlées par l’Esprit de Dieu. Mais David, pour faire ressortir la valeur de la parole de Dieu, la compare au miel (Ps. 19 : 10). Que le Seigneur ait mangé quelque peu d’un rayon de miel après sa résurrection, montre bien que le miel n’est pas mauvais en soi.
            Mais ce livre va remplir ensuite le ventre de l’apôtre d’amertume. Avant que le jugement ne s’exécute, Dieu en a mesuré chaque détail, comme aussi toutes les conséquences sur la création. Il veut que son prophète ressente aussi quelque chose de la solennité de ses prophéties. Jean peut éprouver de la joie en réalisant que, par l’accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament, le Seigneur achèvera l’œuvre qui soumettra toutes choses sous ses pieds. Mais il en résulte aussi de l’amertume, car des conséquences terribles et éternelles vont frapper tous ceux qui ne se seront pas soumis au Dieu saint, en acceptant sa grâce souveraine. Enfin, Jean apprend qu’il doit prophétiser de nouveau « sur des peuples, des nations, des langues et beaucoup de rois » (v. 11). C’est une tâche qui ne peut manquer de produire aussi de l’amertume chez le prophète, car la plupart des hommes ne voudront pas croire. De la même manière, le croyant qui connaît quelque chose de la vérité divine a l’obligation de la transmettre aux autres. Celui qui mettrait des réserves à annoncer tout le dessein de Dieu (Act. 20 : 27) serait tenu pour responsable devant lui (Ezé. 33 : 7-9).

 

CHAPITRE  11

L’intervalle avant la septième trompette (2)

                        • Le temple (v. 1-2)

             Nous sommes de nouveau transportés à Jérusalem : la mention du temple de Dieu, de l’autel, du parvis et de la cité sainte montre clairement que les événements annoncés dans cette portion de l’Apocalypse sont en relation avec le peuple d’Israël. Il serait absolument erroné d’y voir l’Assemblée et de lui attribuer ce temple.
            Après l’enlèvement de l’Eglise, le peuple juif, de retour dans sa terre, bâtira à Jérusalem un nouveau temple où le service sacerdotal sera repris selon les ordonnances lévitiques ; mais Dieu ne pourra avoir qu’en abomination ces sacrifices présentés par des Juifs apostats (Es. 66 : 1-4). L’Antichrist, la Bête qui monte de la terre (13 : 11) voudra s’y faire adorer comme Dieu (2 Thes. 2 : 3-4). Israël apostat le recevra (Jean 5 : 43) et s’associera aux nations, notamment l’empire romain, par une alliance corrompue (Es. 28 : 14-15).
            Mais, au milieu de cette masse souillée qui suivra l’Antichrist et acceptera l’homme de péché comme son Messie, des fidèles seront manifestés. D’où l’ordre donné à Jean de mesurer avec un roseau le temple « de Dieu » et l’autel (v. 1), où Dieu reconnaît qu’il y a pour lui de vrais adorateurs.
             Pour l’homme de Dieu, opérer de telles mesures, c’est prendre connaissance de ce que Dieu s’est réservé et qui a son approbation (21 : 15 ; Zach. 2 : 1-4 ; Ezé. 40 et 41).  Symboliquement, le temple représente le lieu où Dieu demeure, et l’autel, le moyen de s’approcher de Lui sur la base d’un sacrifice. Pendant cette période de jugement, Dieu ne trouvera-t-il pas sa joie à voir des Juifs fidèles s’approcher de Lui pour l’adorer ?
            Par contre, il ne fallait pas mesurer le parvis, car il était livré aux nations. Celles-ci fouleront aux pieds la sainte cité pendant quarante-deux mois (v. 2). Il est clair que, durant cette période finale du temps des nations, Dieu se réservera un résidu fidèle, alors que la majeure partie de la nation juive sera livrée à la violence des nations, qui piétineront Israël. Le monde manifestera une sauvagerie païenne et une corruption éhontée. Comme des chiens ou des truies, ils fouleront aux pieds ce qui est saint pour déchirer le peuple de Dieu (Matt. 7 : 6 ; 2 Pier. 2 : 22).
             La mention des quarante-deux mois (trois ans et demi) rattache immédiatement la révélation confiée à Jean à celle donnée à Daniel qui mentionne une période de soixante-dix semaines, à la fin desquelles la justice éternelle sera établie sous le règne de Christ (Dan. 9 : 24-27).
             Les 70 semaines débutent avec le commandement de rebâtir Jérusalem sous le règne de Cyrus. Daniel précise qu’après sept et soixante-deux semaines, « le Messie sera retranché et n’aura rien ». Chaque jour de ces semaines représente une année et les 69 premières semaines d’années (soit 483 ans) se sont achevées à la croix de Christ. Une seule semaine de sept ans reste donc à accomplir. Au commencement de celle-ci, Daniel annonce que le chef de l’empire romain conclura une alliance avec les Juifs pour une période de sept ans, et qu’au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice continuel pour introduire une idole abominable dans le temple. Alors, « il consumera les saints des lieux très hauts » et pensera changer les saisons et la loi, qui seront livrées en sa main jusqu’à un temps, des temps et une moitié de temps, soit, en d’autres termes, pendant trois ans et demi ou 1 260 jours (v. 3 ; Dan. 7 : 25). L’opposition des nations au peuple juif atteindra alors son paroxysme.


                         • Les deux témoins mis à mort (v. 3-10)

            Pendant cette période terrible, la grande tribulation, mais de durée limitée, car abrégée par Dieu (Matt. 24 : 22), les Juifs fidèles et pieux s’enfuiront de Jérusalem (Matt. 24 : 16).Toutefois, un témoignage sera laissé dans la sainte ville, confié à deux témoins. Le nombre « deux » est utilisé symboliquement pour en établir la valeur, en dépit de sa faiblesse (Deut. 19 : 15).
            Deux figures (les lampes et les oliviers) sont employées pour décrire le caractère de ces deux témoins et de leur message (Zach. 4 : 14). Comme chandeliers, ils rendent témoignage devant les hommes, vêtus de sacs, dans la douleur et dans l’opprobre. Comme oliviers, ils sont oints du Saint Esprit. Leur message rappelle les droits de Christ sur la terre, en rapport avec ses deux dignités (la royauté et la sacrificature). A l’image d’Elie en Israël, ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe pas de pluie durant les jours de leur prophétie (1 Rois 17 : 1) et, comme Moïse en Egypte, ils peuvent frapper la terre de toutes sortes de plaies. Ces deux témoins se tiennent devant le Seigneur de la terre et personne ne peut leur nuire jusqu’à ce qu’ils aient achevé leur service. On a beaucoup écrit au sujet de ces deux témoins qui apparaîtront à Jérusalem. Il est clair que la scène est à venir et qu’elle se déroule dans cette cité. Certains les rapprochent d’Enoch et d’Elie ; d’autres pensent qu’il s’agit de Moïse et d’Elie, revenus en personne sur la terre. Mais aucune seconde venue de Moïse n’est annoncée dans l’Ecriture. On trouve bien quelque chose sur le travail d’Elie dans l’avenir (Mal. 4 : 5-6). Mais les paroles du Seigneur (Matt. 11 : 14 ; 17 : 12) à l’égard de Jean-Baptiste, semblent montrer qu’un retour physique d’Elie, enlevé sans passer par la mort, ne doit pas être envisagé.
            Pour la première fois dans ce livre, il est question de la Bête romaine (v. 7), dont le symbole même montre qu’elle est dénuée de toute conscience. Elle « monte de l’abîme » (17 : 8) : il s’agit de l’empire romain qui s’est reconstitué. Ailleurs, elle est présentée sous l’aspect de la petite corne, vue par Daniel. Dominant sur les nations, elle tournera aussi sa fureur contre ces Juifs fidèles en Judée et les deux témoins seront mis à mort (Dan. 7 : 8, 21). Le caractère ignoble des apostats aveuglés se manifestera en particulier par la manière dont ils traiteront les corps de ces serviteurs de Dieu, exposés là « où leur Seigneur a été crucifié » (v. 8), c’est-à-dire à Jérusalem. La cité sainte (v. 2), est maintenant appelée « Sodome » à cause de la corruption révoltante de ceux qui la dominent, et « Egypte » à cause de leur indépendance orgueilleuse vis-à-vis de Dieu. Transportés d’une joie malsaine par la mort des deux témoins, les méchants de toutes les nations de la terre refuseront leur enterrement pour continuer à se repaître de ce spectacle. Leurs corps seront vus par « ceux des peuples, des tribus, des langues et des nations » ; les moyens modernes et performants de communication permettront la réalisation littérale de cette prophétie. Mais les méchants sont loin de penser qu’ils préparent par ce moyen la démonstration éclatante de leur défaite. « Ceux qui habitent (ou qui sont établis) sur la terre » font des réjouissances et s’envoient des présents. Cette expression se trouve sept fois dans l’Apocalypse : 3 : 10 ; 6 : 10 ; 8 : 13 ; 11 : 10 ; 13 : 8 ; 14 : 6 ; 17 : 8. Ce sont des apostats (chrétiens de nom ou Juifs infidèles) entièrement aveuglés et endurcis. L’apôtre Paul précise leur caractère et leur destinée (Phil. 3 : 18-19). Ils prétendent posséder la terre, oubliant que Dieu n’est pas seulement le « Dieu des cieux », mais aussi de la terre (v. 4).


                        • La résurrection des deux témoins

             La puissance de Dieu se montre bientôt par leur résurrection et leur enlèvement au ciel. « Après les trois jours et demi, l’esprit de vie venant de Dieu entra en eux » (v. 11). Ils se tiennent sur leurs pieds et une grande voix venant du ciel leur commande : « Montez ici ». Leurs ennemis apostats, semblables à ceux qui se moquent aujourd’hui de la résurrection du corps et tournent en ridicule l’espérance bienheureuse de l’enlèvement des saints, contempleront ce double miracle. On comprend qu’une grande crainte tombe sur ceux qui les regardent monter au ciel dans la nuée. C’est probablement la même nuée dont l’Ange puissant, figure de Christ, était revêtu auparavant (10 : 1). Ainsi, ces deux témoins auront part à la première résurrection (20 : 4).
            La terreur grandit quand la ville est secouée « à cette heure-là » par un puissant tremblement de terre. Ce n’est pas un acte symbolique, mais un bouleversement de la nature qui produit la destruction du quart de la ville et la mort de 7 000 personnes.
            Cet événement marque la fin du second malheur. Alors ceux qui ont échappé à cette visitation en jugement donnent gloire au Dieu des cieux, mais seulement sous l’effet de la peur. L’avertissement donné par Dieu ayant été rejeté, il n’y a plus de repentance possible : « Voici, le troisième malheur vient rapidement » (v. 14).


La septième trompette (v. 14-18)

            La septième trompette sonne, pour annoncer le troisième et dernier malheur. C’est l’occasion pour que nous soyons transportés au ciel pour entendre de grandes voix annoncer de bonnes nouvelles, l’introduction du millénium sur la terre : « Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles » (v. 15 ; Dan. 7 : 14). Ce grand jour est enfin venu, où le gouvernement de ce monde est entre les mains du Seigneur Jésus (Es. 2 : 11).
            Le ciel tout entier se réjouit et les vingt-quatre Anciens (désignant les saints célestes) adorent en rendant grâces à Dieu (v. 16 ; 19 : 4). Ils apparaissent pour la quatrième fois (4 : 10 ; 5 : 8 ; 7 : 11), et se prosternent ici comme auparavant, en exposant leurs motifs pour le faire : « Tu as pris ta grande puissance… et tu es entré dans ton règne » (v. 17).
            L’introduction du règne de Christ apporte la bénédiction au peuple de Dieu, mais, par contre, il annonce un « malheur » (v. 14) pour ceux qui habitent sur la terre, ceux qui ont rejeté Christ et son message pour attacher leurs désirs et leurs affections aux choses de la terre. Ces derniers jugements avant le règne seront détaillés dans la section suivante du livre (ch. 16). Les sept coupes se superposent à la septième trompette, au moment du troisième malheur.
            Les anciens annoncent alors un dernier message : les nations irritées contre Christ et les siens (Ps. 2, 83 ; Joël 3 : 9-13 ; Zach. 14 : 2-4) vont rencontrer la colère de Dieu (v. 18 ; Rom. 3 : 5-6 ; Act. 17 : 31). Ce n’est plus un « commencement de douleurs » pour le monde, mais le jour de la colère de Dieu et de l’Agneau.
            Ce sera le « temps pour les morts d’être jugés ». Cette déclaration concerne seulement les incrédules (Jean 5 : 29). Le jugement des vivants a lieu avant le millénium (Matt. 25 : 31-41). Par contre, la résurrection des morts qui n’ont pas la vie de Dieu et leur jugement devant le grand trône blanc n’auront lieu qu’à la fin du règne de Christ (20 : 5, 12). La prophétie donnée ici est générale, pour présenter le gouvernement de Dieu dans son ensemble.
            C’est aussi le temps des récompenses. Les esclaves et prophètes de Dieu, les saints et tous ceux qui, à travers les âges, ont montré leur crainte de Dieu, recevront leur récompense, tandis que ceux qui ont refusé la grâce de Dieu subiront le châtiment d’une destruction éternelle (2 Thes. 1 : 9).


Conclusion

             Le son de la septième trompette, annonçant la venue du troisième malheur, conclut cette partie du livre (ch. 6 à 11 : 18), par la venue du royaume du monde de Dieu et de son Christ.
            Les prophéties qui suivent sont introduites par la vision du temple de Dieu ouvert et de l’arche de son alliance. Israël et l’aspect religieux des événements qui le concernent, seront plus particulièrement en évidence.
            L’Apocalypse est le livre des choses qui sont ouvertes, en sept grandes occasions :
                    - 1. Une porte est ouverte dans le ciel (4 : 1) ;
                    - 2. Les sceaux sont ouverts (6 : 1 ; 8 : 1) ;
                    - 3. Le puits de l’abîme est ouvert (9 : 2) ;
                    - 4. Le temple de Dieu est ouvert (11 : 19) ;
                    - 5. Le temple du tabernacle du témoignage est ouvert (15 : 5) ;
                    - 6. Le ciel est ouvert (19 : 11) ;
                    - 7. Les livres de jugements sont ouverts (20 : 12).


D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 15)


A suivre