LA DERNIERE PAQUE ET LA CENE DU SEIGNEUR
Jésus désire manger la Pâque avec ses disciples avant de souffrir
Le déroulement du souper de la Pâque
La Cène, le repas du souvenir pour les rachetés du Seigneur
Jésus s’adressant à son Père
Le Fils de l’homme s’en va…
C’était le temps de la Pâque. Jésus, accompagné de ses disciples, était monté à Jérusalem. Sachant que le jour de son élévation au ciel allait bientôt s’accomplir, Il avait « dressé sa face résolument » pour se rendre à la ville « qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés » (Luc 9 : 51 ; Matt. 23 : 37) et où devait s’accomplir ce qui concernait le Fils de l’homme (Matt. 20 : 17-19 ; Luc 18 : 31-33). Le Fils de Dieu était venu du ciel dans ce monde, envoyé par le Père, et Il allait maintenant remonter au ciel, auprès du Père (Jean 16 : 27-28). « Venu de Dieu », Il s’en allait « à Dieu » (Jean 13 : 3). Il allait « passer de ce monde au Père » (v. 1). Mais son chemin de dépendance et d’obéissance totale à la volonté de Celui qui l’avait envoyé le conduisait à Jérusalem où Il allait donner sa vie sur la croix, « hors de la ville » (Jean 19 : 17 ; Héb. 13 : 12), avant d’être élevé « au-dessus de tous les cieux », à la droite de Dieu (Eph. 4 : 10 ; Héb. 10 : 12).
Les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient à se saisir de Jésus pour le faire mourir. Ils craignaient le peuple et ne voulaient pas l’arrêter pendant la fête (Matt. 26 : 1-5 ; Marc 14 : 1-2 ; Luc 22 : 1-2). Mais, si Christ devait être « livré entre les mains des hommes » afin qu’ils le fassent mourir, cependant Il s’est livré Lui-même, au moment convenable, dans un plein dévouement et une entière obéissance à son Père, afin de Le glorifier. S’Il s’est laissé prendre et lier à Gethsémané par ceux qui venaient contre Lui alors qu’Il aurait pu passer au milieu d’eux et s’en aller (voir Luc 4 : 30 ; Jean 10 : 39), c’était parce que « son heure » était venue (Jean 12 : 23 ; 17 : 1). Si les Juifs l’ont livré et renié, toutefois Il a été « livré selon le dessein arrêté et la préconnaissance de Dieu » (Act. 2 : 23). Si Hérode, et Pilate, et Israël, et les nations se sont assemblés contre le saint serviteur de Dieu, toutefois, c’était pour faire « tout ce que ta main et ton dessein (la main et le conseil de Dieu) avaient déterminé à l’avance » (Act. 4 : 28).
Jésus désire manger la Pâque avec ses disciples avant de souffrir
Trois évangélistes (les 3 « synoptiques » : Matthieu, Marc et Luc) décrivent ce qui s’est passé au soir de cette dernière pâque que le Seigneur a partagée avec ses disciples, selon le profond désir de son cœur (Luc 22 : 15) et à la suite de laquelle Il a institué le repas de la Cène. Jean nous parle peu de la pâque et ne parle pas de la Cène, mais son évangile nous donne des informations qui nous permettent d’entrer - pour ainsi dire - dans la chambre haute, alors que Jésus avait rassemblé ses disciples autour de Lui en cette dernière soirée avant qu’Il aille à la croix. Là, Il accomplirait pour la gloire de Dieu l’œuvre qu’Il Lui avait donnée à faire, Il porterait nos péchés, souffrirait l’abandon de son Dieu et donnerait sa vie pour le salut éternel de ceux qui croiraient en Lui et en son œuvre expiatoire. La cène du Seigneur est pour ses rachetés le souvenir de Lui-même et de son sacrifice.
Ainsi, « le premier jour des Pains sans levain, lorsqu’on sacrifiait la pâque », Jésus envoie Pierre et Jean préparer ce qu’il fallait pour la fête (Luc 22 : 7-13 ; Marc 14 : 12-16). Une « grande salle garnie » était déjà prête pour le Seigneur ; c’était une pièce à l’étage supérieur de la maison, souvent aménagée sur la terrasse, qui pouvait, entre autres usages, être meublée et servir de salle à manger privative. Là, le Seigneur va réunir ses chers disciples avant les souffrances qu’Il va endurer dans ce moment où, comme l’exprime un cantique, Il sera « seul sur la croix, buvant la coupe amère, sans qu’un cœur vint répondre à son cri douloureux ». Les disciples trouvent tout comme le Seigneur leur avait dit, et ils préparent là la Pâque (Marc 14 : 16 ; Luc 22 : 13).
« Et le soir étant venu », « quand l’heure fut venue », Jésus vient avec les douze et se met à table avec eux (Matt. 26 : 20 ; Marc 14 : 12 ; Luc 22 : 14).
Le déroulement du souper de la Pâque
Le souper de la Pâque est prêt : l’agneau rôti, accompagné d’une sauce épaisse (qui représentait le mortier avec lequel les Israélites faisaient les briques en Egypte), le pain et les herbes amères, ainsi que plusieurs coupes de vin. Il y avait alors 4 coupes : elles ne faisaient pas partie des instructions données par Dieu, mais avaient été ajoutées par les rabbins.
Les convives s’étendaient chacun sur un lit bas entourant la table où la Pâque avait été apprêtée. Jean est tout prêt de son Seigneur. Judas, « celui qui allait le livrer » - le diable ayant saisi son cœur pour cela (Jean 13 : 2) - était sans doute aussi assez proche de Lui. Quelle souffrance ajoutée au cœur du Seigneur en cet instant où l’ombre de la croix se faisait toujours plus présente (Ps. 41 : 9 ; Matt. 26 : 21 ; Marc 14 : 10, 11, 18 ; Luc 22 : 21-22 ; Jean 13 : 11, 18, 21-30) !
Alors qu’ils sont à table avec Jésus une contestation surgit entre les disciples afin de savoir lequel serait le plus grand (Luc 22 : 24-30). Tel est le cœur de l’homme, qui pense à sa propre gloire dans la présence même de Celui à qui revient toute gloire et qui est infiniment au-dessus de tous et de tout, mais qui s’est « anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave » pour venir jusqu’à nous, puis s’est « abaissé Lui-même » jusqu’à la mort de la croix (Phil. 2). Pendant le souper, Il va se mettre Lui-même aux pieds des disciples et leur montrer par l’exemple ce qu’est la vraie grandeur (Jean 13 : 3-11). « Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 : 27). Son abaissement constant est le témoignage de sa grandeur infinie. Puissions-nous apprendre de telles leçons de sa part !
Une fois les convives en place, le maître de la maison rendait grâces, buvait à une première coupe à laquelle tous participaient après lui (cette coupe n’est pas mentionnée dans les évangiles). Ensuite, tous se lavaient les mains avant de commencer le repas. Puis on lisait dans les livres de Moïse les passages se rapportant à la Pâque et à la sortie d’Egypte. On récitait les Psaumes 113 et 114 (le « petit Hallel »), les deux premiers de la série des Psaumes 113 à 118, connus par les Juifs sous le nom de « grand Hallel » - (« prie Dieu », recueil de louanges). La lecture se terminait par une prière.
On buvait alors la deuxième coupe et on mangeait l’agneau, avec du pain sans levain et des herbes amères. Cette coupe est la première mentionnée en Luc 22 : 17 et le Seigneur n’en a pas bu - en Luc 22, les versets 14 à 18 se rapportent à la Pâque ; la cène du Seigneur est introduite au verset 19. Il ne pourra se réjouir en un Israël restauré que lorsqu’Il aura établi son royaume millénaire. « Pendant qu’ils étaient en train de souper », Jésus s’est levé du repas, a déposé ses vêtements pour se ceindre d’un linge et a lavé puis essuyé les pieds de ses disciples, avant de se remettre à table (Jean 13 : 4-12). Précieux service du Seigneur envers les siens afin de les maintenir dans sa communion dans le monde souillé dans lequel ils auraient à vivre ! Et Il nous invite à suivre son exemple les uns en faveur des autres (13 : 14) afin que nous puissions jouir pleinement de sa communion - ayant « une part avec Lui » (13 : 8) et pouvant aussi goûter la communion les uns avec les autres (voir 1 Jean 1 : 7).
A la fin du souper les convives prenaient tous un morceau de pain et des herbes amères, le trempaient dans la sauce et le mangeaient. A ce moment, le Seigneur Jésus, troublé (profondément ému) dans son esprit par l’acte qu’allait accomplir Judas (Jean 13 : 21 ; voir Ps. 41 : 9), annonce aux disciples que l’un d’entre eux allait Le livrer. Les disciples se sentent tous capables d’accomplir un tel geste - et tel est notre cœur naturel (Matt. 26 : 22 ; Marc 14 : 19 ; Luc 22 : 23 ; Jean 13 : 22). Dans son évangile, Matthieu nous donne la réponse du Seigneur aux disciples qui L’interrogent avec anxiété, Lui demandant tous : « Seigneur, serait-ce moi ? ». Il leur dit que Lui-même allait volontairement vers la mort dans la pleine obéissance du Serviteur de l’Eternel et selon tout ce qui était mentionné de Lui dans les Ecritures. Mais Judas, qui livrait le Fils de l’homme, se dirigeait tout droit vers les conséquences éternelles de son acte terrible (Matt. 26 : 24-25 ; Marc 14 :21). Jean nous rapporte que Pierre lui fait signe - car il était tout proche de Jésus - de Lui demander quel serait celui qui allait le livrer. Jean se penche sur la poitrine du Seigneur et reçoit la réponse quant à la manière dont le traître serait démasqué (Jean 13 : 21-30 ; voir Matt. 26 : 23, 25). Cependant les disciples ne semblent pas avoir compris qu’il s’agissait de Judas (Jean 13 : 27-29).
Lorsque le maître de maison donnait à l’un des convives le morceau trempé dans le plat, c’était un gage d’affection envers celui qui le recevait. C’est ce morceau que le Seigneur Jésus a donné à Judas ; l’ayant reçu, celui-ci est sorti aussitôt dans la nuit, saisi par Satan (Jean 13 : 30) - nuit physique, mais aussi affreuse nuit morale dans le cœur de cet homme et de ceux qu’il allait rencontrer pour leur livrer son maître.
Ce n’est qu’après le départ du traître que Jésus, le cœur moins oppressé maintenant, va pouvoir révéler les secrets de son cœur à ceux qui avaient « persévéré avec Lui dans ses épreuves » (Luc 22 : 28), ceux qui composaient ce cercle intime autour de Lui dans ces derniers instants avant qu’Il soit seul (Jean 16 : 32). « Maintenant » dit le Seigneur, « le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui » (Jean 13 : 31). Par sa mort, Il allait glorifier Dieu dans un monde où régnait le péché. Il allait quitter ce monde et retourner au Père, mais en « accomplissant sa mort » - sa « sortie », ou son « départ » - à Jérusalem (voir Luc 9 : 31). Ces dernières paroles de Jésus se sont certainement gravées dans leurs cœurs. Combien elles ont été encourageantes et profondément instructives pour les disciples alors, et surtout par la suite lorsque le Seigneur n’était plus avec eux. Ne le sont-elles pas pour nous aujourd’hui, pour qui elles ont été conservées dans la Parole de Dieu ? En les lisant nous entendons, comme cela a été dit, « la voix de Jésus se perpétuer au cours des siècles, aussi fraîche aujourd’hui … qu’alors dans la chambre haute à Jérusalem ». Puissions-nous être particulièrement attentifs pour écouter ces paroles d’encouragement, de consolation et d’avertissement, car elles sont pleinement appropriées à notre situation ici-bas et elles répondent à nos besoins spirituels pendant le temps de son absence.
La Cène, le repas du souvenir pour les rachetés du Seigneur
La fin du souper de la Pâque était marquée par une troisième coupe dont tous les convives buvaient. C’est « la coupe… après le souper » mentionnée en Luc 22 : 20. Après le départ de Judas, le Seigneur Jésus, en-dehors du rituel de la Pâque, prend un pain et, après avoir béni (ou rendu grâces), Il le rompt et le donne à ses disciples pour qu’ils le mangent. En le leur tendant, Il leur dit : « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ».
En Israël, on avait l’habitude de rompre le pain et de boire la coupe des consolations au sujet d’un mort (voir Jér. 16 : 7).
Puis Jésus prend la coupe qui suivait le souper de la Pâque, rend grâces à nouveau et la donne aux disciples en leur disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est versé pour vous » (Luc 22 : 20) ; « Buvez-en tous » (Matt. 26 : 28). Et Marc nous dit : « et ils en burent tous » (Marc 14 : 23). Le Seigneur institue ainsi simplement le nouveau repas qui remplace désormais celui de la Pâque, le repas du souvenir pour les siens, en mémoire de Lui jusqu’à ce qu’Il vienne du ciel pour prendre auprès de Lui ceux qu’il a aimés et pour lesquels Il a donné sa vie. « Notre pâque, Christ, a été sacrifiée », rappellera l’apôtre Paul (1 Cor. 5 : 7). C’est une œuvre accomplie, achevée, scellée par Jésus Lui-même sur la croix : « C’est accompli » (Jean 19 : 30) ; une œuvre dont les croyants ont le privilège de se souvenir selon que le Seigneur l’a désiré pour eux en cette nuit où Il a été livré. Tout ce qui a trait à la Pâque est mis de côté par le Seigneur Jésus et remplacé par le repas en mémoire de Lui, la cène du Seigneur.
Jésus s’adressant à son Père
La fête se terminait par une lecture en commun et le chant des Psaumes 115 à 118, deuxième partie du « Hallel ». On buvait ensuite une quatrième coupe de vin pour clôturer la fête. Nous lisons dans les évangiles : « après avoir chanté une hymne, ils sortirent et allèrent au mont des Oliviers… en un lieu appelé Gethsémané » (Matt. 26 : 30,36 ; Marc 14 : 32 ; Luc 22 : 39). Avant de quitter la chambre haute, le Seigneur Jésus se tourne vers son Père par la prière. Cette prière du Fils remettant ses disciples au Père nous a été conservée dans la Parole, dans le chapitre 17 de l’évangile de Jean. « Nous n’avons pas ici, comme on le dit quelquefois, la prière sacerdotale du Seigneur. L’épître aux Hébreux nous présente le Seigneur comme notre grand souverain sacrificateur ; Mais ici, dans l’évangile selon Jean, le souverain sacrificateur ne s’adresse pas à Dieu, mais le Fils s’adresse au Père. Cela va beaucoup plus loin. C’est Dieu le Fils, qui parle à Dieu le Père, et les disciples écoutent. Ils sont certes les objets de la prière du Seigneur ; mais ce qu’il dit va infiniment au-delà de ses soins comme souverain sacrificateur » (M. Billeter).
Quelle grâce que nous soyons de ceux qui sont aimés du Père et qui appartiennent à Jésus ! Il nous présente à son Père afin que nous soyons gardés du monde où nous avons à vivre, jusqu’à ce que Lui-même nous fasse entrer dans les places préparées auprès de Lui, dans la maison du Père.
Le Fils de l’homme s’en va…
Enfin, « ayant dit cela, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron, où se trouvait un jardin, dans lequel Il entra, Lui et ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait aussi l’endroit… » (Jean 18 : 1-2).
Ainsi « le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet » (Matt. 26 : 24) dans les Ecritures, pour laisser (litt. : déposer) sa vie sur la croix, obéissant au commandement de son Père (Jean 10 : 18).
Et maintenant, tout est accompli. Après avoir souffert sur la croix, Jésus est ressuscité et glorifié à la droite du Père, et ceux qui Lui appartiennent, achetés pour Dieu par son sang (Apoc. 5 : 9), attendent son appel pour entrer dans sa présence au ciel. En attendant que la « bienheureuse espérance » (Tite 2 : 13) de son retour se réalise, notre précieux Sauveur adresse à nos cœurs une douce invitation : « Faites ceci en mémoire de moi ». Puissions-nous y répondre avec amour et reconnaissance, en participant au pain et à la coupe de la Cène, nous souvenant ainsi de Lui – jusqu’à ce qu’Il vienne !
« Que rendrai-je à l’Eternel pour tous les biens qu’Il m’a faits ? Je prendrai la coupe du salut, et j’invoquerai le nom de l’Eternel » (Ps. 116 : 12-13)
Ph.F - juillet 2015