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Elisée monte à Béthel


            « Et il (Elisée) monta de là à Béthel ; et, comme il montait par le chemin, des petits garçons sortirent de la ville, et se moquèrent de lui, et lui dirent : Monte, chauve ! monte, chauve ! Et il se tourna en arrière et les vit, et il les maudit au nom de l’Eternel. Et deux ourses sortirent de la forêt, et déchirèrent d’entre eux quarante-deux enfants » (2 Rois 2 : 23-24).


            Béthel était l'une des villes les plus saintes en Israël. Son nom signifie maison de Dieu ; c'est Jacob qui le lui avait donné, après avoir eu la vision de l'Eternel se tenant sur une échelle qui atteignait jusqu'aux cieux (Gen. 28). Le souvenir de cette vision, perpétué parmi le peuple, aurait dû éviter que Béthel soit souillée. Mais c’est pourtant là que Jéroboam institue le culte d'un veau d'or pour attirer le peuple loin de Jérusalem, le lieu où l'Eternel devait être adoré. L'Etat et la religion se sont alliés dans un triste but. Un accord impie en a résulté, et les convictions ont été abandonnées au profit d'un soutien du pouvoir politique. Ainsi, par crainte des conséquences sur le peuple, Jéroboam n’a pas supprimé la religion d'Israël, mais il l'a canalisée à sa convenance.
            Le monde ne nous demande pas de renoncer à la religion, il s'oppose seulement à un christianisme authentique et fervent. Il ne fait pas d'objections à un service religieux léger, de tenue respectable. Loin de là! Il l'approuve même, le recommande, y participe. Il désire avoir quelqu'un qui officie aux baptêmes, aux mariages, aux funérailles. Il a besoin d'un homme consacré officiellement à la religion pour les cérémonies destinées à rendre la vie plus facile sans froisser la conscience. Il le demande près d'un lit de mort et il fait appel à lui pour qu'il dise quelques mots lors des cérémonies et festivités.
            Ces hommes d'église sont parfaitement respectés, à condition de n'avoir qu'une apparence religieuse, liée à leur charge, et beaucoup de tolérance à l'égard du mal et du monde. Pour tout dire, ce n'est pas à la religion que Jéroboam et ses imitateurs font objection, mais à sa réalité spirituelle. Alors, Beth-El, la maison de Dieu, devient Beth-Aven (voir Osée 10. 5), une maison de vanité.

            La visite qu'Elisée, le successeur d'Elie, projetait de faire était probablement déjà connue à Béthel. Il est peu important de savoir si ces adolescents ont été poussés à agir ainsi par les prêtres du veau d'or de Béthel, ou s'ils l'ont fait de leur propre initiative. Mais il est certain que, lorsqu'Elisée a atteint la forêt proche de la ville, il a été immédiatement reconnu par cette bande de jeunes moqueurs. Et ils l'ont accueilli par cette injure répétée : « Monte, chauve ! ».
            Ces jeunes ne connaissaient pas encore réellement le prophète, ni le but de sa visite. Cependant son arrivée a provoqué ce que nous devons considérer comme une insulte envers lui et envers son Dieu. Au Moyen-Orient, la calvitie était considérée comme une honte, et ces paroles injurieuses exprimaient le mépris et cherchaient à ridiculiser le prophète. La mise au défi de monter faisait allusion à l'enlèvement d'Elie au ciel dans un char de feu ; ces adolescents s’en moquaient et niaient le miracle par lequel Dieu avait enlevé le prophète. C'est une injure du même type que celle qui sera adressée plus tard au Seigneur lui-même : « Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix » (Matt. 27 : 40). Le mépris et le ridicule déversés sur le serviteur de Dieu, le blasphème et le déni de la vérité de Dieu, telles étaient les armes employées par ces jeunes contre Elisée. N'est-ce pas la forme prise encore aujourd’hui par l'opposition? L'Ennemi dirige deux armes puissantes contre tout ce qui concerne Dieu : il se moque et il nie la vérité divine. Et n'est-il pas vrai que nous y sommes sensibles nous aussi, dans notre faiblesse, lorsqu'elles nous atteignent ?

            Les moqueries de ces jeunes de Béthel visaient Elisée personnellement. Ils voulaient aussi tourner en ridicule le fait qu'Elie avait été enlevé miraculeusement au ciel - ils niaient ainsi la vérité divine. La ridiculisation et la négation des vérités divines sont de puissants instruments que l'Ennemi dirige contre nous.
            D'une manière générale, nous devons avoir comme principe de ne pas faire confiance à ceux qui tournent en ridicule des choses que d'autres considèrent comme sacrées. Ridiculiser est dangereux, car cette manière d'agir agressive peut causer des ravages chez beaucoup d'entre nous. Il arrive souvent que des personnes, incapables de discuter sérieusement sur des sujets religieux, ni même sur un sujet quelconque, l'emportent sur leur contradicteur, non par de la sagesse, mais par d'habiles moqueries. Tout le monde a ses points faibles, et les croyants également, parfois plus que les autres. Leurs points faibles seront scrutés, exposés à la vue de tous, et fortement exagérés. Il n'est pas difficile de rire des croyants et de leurs prétendus travers. Mais en réalité, c'est à la foi chrétienne elle-même qu'on en veut !
            Ces jeunes garçons de Béthel ne se sont pas seulement moqués du serviteur de Dieu ; ils se sont également moqués, comme cela arrive souvent, de la Parole et de l'œuvre de Dieu. Le cri « Monte…! monte…! », qui faisait référence à l'ascension d'Elie, avait pour but d'exprimer leur incrédulité au sujet de tout cet événement. Beaucoup, de nos jours, se joindraient certainement à eux. Il y a une sorte d'incrédulité grossière et banale exprimée par les gens ignorants et vaniteux, ayant couramment des arguments et des preuves à la bouche – comme si les mystères de nos âmes et du monde éternel pouvaient être percés par quelques paroles légères, superficielles et sans fondement.
            « Bienheureux l'homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s'assied pas au siège des moqueurs, mais qui a son plaisir en la loi de l'Eternel, et médite dans sa loi jour et nuit ! » (Ps. 1 : 1-2).

            La punition qui atteint ces jeunes blasphémateurs est saisissante. Que personne n'imagine que c'était simplement, comme on le dit parfois légèrement, le genre de vengeance que l’on trouve dans l'Ancien Testament. C'est Dieu qui a exercé ce châtiment. Il connaissait la nature et la gravité de la faute, et Il jugeait nécessaire que son autorité soit reconnue dans son serviteur. La révélation divine s'est précisée progressivement ; en revanche, l'affirmation de l'autorité de Dieu est restée la même dans tous les temps. Le Nouveau Testament, comme l'Ancien, affirme : « A moi la vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur » (Rom. 12 : 19).
            Nous devons faire la distinction entre des torts personnels et des attaques contre Dieu et sa Parole - ce que nous avons trop tendance à négliger. Par exemple, Paul dit : « Alexandre, l'ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres » (2 Tim. 4 : 14). Mais ce n'est pas dans un esprit de vengeance qu'il le dit, car il ajoute immédiatement : « Garde-toi aussi de lui, car il s'est violemment opposé à nos paroles » (v. 15) - c'est-à-dire à la Parole de Dieu que Paul prêchait. D'une façon bien différente, Paul dit ensuite : « Dans ma première défense, personne n'a été à mes côtés ; tous m'ont abandonné ; que cela ne leur soit pas imputé » (v. 16). Ces hommes qui avaient abandonné Paul avaient mal agi envers lui, mais Alexandre s'était opposé à la Parole du Dieu vivant, et avait fait obstacle au travail de Dieu - d'où la distinction qui est faite.
            Cela ne veut pas dire que nous devions recevoir absolument tout ce que dit un prédicateur, ou être effrayés par ses menaces au cas où nous ne nous soumettrions pas à son enseignement. Nous avons avec nous la Parole de Dieu, infaillible, pour vérifier toutes choses, et c'est à elle, et non pas à une autorité humaine quelconque, vraie ou prétendue, que nous sommes tenus de nous soumettre.


D'après A. Edersheim - « LE SEIGNEUR EST PROCHE » (01, 14, 21/09 ; 01/10/2015)