bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LE  SECRET  DE  LA  VICTOIRE (5)

 

LA  VICTOIRE  SUR  LES CHOSES TERRESTRES – Madian


            « Et les fils d'Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel ; et l'Eternel les livra en la main de Madian pendant sept ans. Et la main de Madian fut forte sur Israël. A cause de Madian, les fils d'Israël se firent les antres qui sont dans les montagnes, et les cavernes, et les lieux forts. Et il arrivait que, quand Israël avait semé, Madian montait, et Amalek et les fils de l'orient ; et ils montaient contre lui. Et ils campaient contre eux, et détruisaient les produits du pays jusqu'à ce que tu viennes à Gaza, et ils ne laissaient point de vivres en Israël, ni mouton, ni bœuf, ni âne. Car ils montaient, eux et leurs troupeaux et leurs tentes ; ils venaient nombreux comme des sauterelles ; et eux et leurs chameaux étaient sans nombre ; et ils venaient dans le pays pour le ravager. Et Israël fut très appauvri à cause de Madian ; et les fils d'Israël crièrent à l'Eternel. Et il arriva que, lorsque les fils d'Israël crièrent à l'Eternel à cause de Madian, l'Eternel envoya aux fils d'Israël un prophète qui leur dit : Ainsi dit l'Eternel, le Dieu d'Israël : Je vous ai fait monter d'Egypte, et je vous ai fait sortir de la maison de servitude, et je vous ai délivrés de la main des Egyptiens et de la main de tous vos oppresseurs ; et je les ai chassés de devant vous, et je vous ai donné leur pays. Et je vous ai dit : Moi, je suis l'Eternel, votre Dieu ; vous ne craindrez point les dieux de l'Amoréen, dans le pays duquel vous habitez. Et vous n'avez pas écouté ma voix. Et un ange de l'Eternel vint, et s'assit sous le térébinthe qui est à Ophra, lequel était à Joas, l'Abiézerite. Et Gédéon, son fils, battait du froment dans le pressoir, pour le mettre en sûreté de devant Madian. Et l'Ange de l'Eternel lui apparut, et lui dit : L'Eternel est avec toi, fort et vaillant homme. Et Gédéon lui dit : Ah! mon seigneur, si l'Eternel est avec nous, pourquoi donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et où sont toutes ses merveilles que nos pères nous ont racontées, en disant : L'Eternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d'Egypte ? Et maintenant l'Eternel nous a abandonnés, et nous a livrés en la main de Madian. Et l'Eternel le regarda, et [lui] dit : Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t'ai-je pas envoyé ?-  Et il lui dit : Ah ! Seigneur, avec quoi sauverai-je Israël ? Voici, mon millier est le plus pauvre en Manassé, et moi je suis le plus petit dans la maison de mon père. Et l'Eternel lui dit : Moi je serai avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme » (Jug. 6 : 1-16).

                        Comment vaincre les choses terrestres

            Les Madianites sont une image frappante des choses terrestres. Ils ont dérobé aux Israélites la jouissance de l’héritage que Dieu leur avait donné, et leur ont rendu la vie dure et misérable. C’est précisément l’effet que produisent les choses terrestres sur le chrétien, lorsqu’il se laisse dominer par elles.
            Or celles-ci ne sont pas nécessairement un mal ou des péchés grossiers. Il y a des choses qui peuvent être bonnes et convenables, lorsqu’elles sont tenues à leur juste place. Des bénédictions temporelles de Dieu envers nous peuvent en faire partie. Mais si elles deviennent notre priorité dans la vie, elles évincent les réalités qui concernent Christ et le ciel ; en conséquence la lumière du soleil cesse de luire sur notre vie, le chant s’éteint sur nos lèvres, et la prospérité de notre âme est compromise.
            Pour les résumer brièvement, les choses terrestres représentent les « soucis », les « richesses », les « plaisirs » et les « nécessités » de la vie. Elles comportent le doux et l’amer, la joie et le chagrin, la prospérité et les malheurs de notre existence. On les trouve dans le cercle familial, social et professionnel. Et, si l’esprit se laisse absorber par elles, la semence de la Parole est étouffée dans le cœur et ne porte pas de fruit. Cela ressort clairement des paroles du Seigneur Lui-même : « Ce qui est tombé au milieu des épines, ce sont ceux qui, après avoir entendu, poursuivent leur chemin sous l'emprise des soucis, des richesses et des voluptés de la vie : ils sont étouffés et ne portent pas de fruit à maturité » (Luc 8 : 14). « Ne soyez pas en souci pour la vie, de ce que vous mangerez ; …ou ce que vous boirez, et n'en soyez pas en peine ; …cherchez plutôt son royaume, et cela vous sera donné par-dessus » (Luc 12 : 22-31).
            Ceux qui ne connaissent pas Dieu et dont la vision se restreint au présent, c’est-à-dire les nations du monde, recherchent ces choses terrestres et temporelles (Luc 12 : 30). Mais, de même que l’aigle étend ses larges ailes, et s’élève au-dessus de la terre, baignant dans la clarté lumineuse du soleil, le chrétien a reçu le droit et la puissance de s’élever au-dessus des choses de la terre, pour jouir des riches trésors de ce lieu où Christ a la première place. Si, au lieu de répondre à cet appel élevé de Dieu, il est trouvé occupé à ce qui est de la terre, il ne produit pas de fruit pour Dieu, ni de lumière pour les autres car le Seigneur lie étroitement ces deux éléments (Luc 8 : 15-16).
            Les choses terrestres sont mises en contraste avec les choses célestes, et il y a entre elles une rivalité constante. Les réalités célestes et divines appartiennent au chrétien, mais les choses de la terre réclament trop souvent son attention ; celles-ci cherchent à exclure de son cœur et de ses pensées ce qui lui appartient de droit. D’où la nécessité de cette exhortation : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ… pensez à ce qui est en haut, non pas à ce qui est sur la terre » (Col. 3 : 1-2). Ceux qui se préoccupent des choses temporelles sont dans un piètre état, tout chrétiens qu’ils soient, car l’apôtre est contraint d’écrire : « Beaucoup marchent (je vous le disais souvent et maintenant je le dis même en pleurant) comme des ennemis de la croix du Christ : …eux qui ont leurs pensées aux choses terrestres. Car notre cité à nous se trouve dans les cieux » (Phil. 3 : 18-20).

                        Comment les Madianites traitèrent Israël

            « Et ils campaient contre eux… et ils ne laissaient point de vivres en Israël… et Israël fut très appauvri à cause de Madian » (Jug. 6 : 4-6).
            « Et la main de Madian fut forte sur Israël. A cause de Madian, les fils d'Israël se firent les antres qui sont dans les montagnes, et les cavernes, et les lieux forts » (Jug. 6 : 2). En bref, ils se sont cachés dans la terre. Dieu les avait établis dans ce pays pour être des témoins pour Lui ; et s’ils avaient marché dans son chemin, leur lumière aurait continué à briller d’un vif éclat. Les autres nations auraient ainsi appris combien il faisait bon avoir le Dieu d’Israël. Cependant, quand ils étaient cachés dans les antres et les trous de la terre, ils n’étaient pas des témoins pour Dieu. De même aujourd’hui, les enfants de Dieu dont les âmes sont sous l’emprise des choses de la terre ne peuvent luire pour Dieu ; leur lumière est cachée plutôt que d’être placée sur le pied de lampe afin que tous la voient.
            Dieu avait amené son peuple dans ce pays afin qu’il en jouisse, et il avait fait l’expérience que c’était un pays ruisselant de lait et de miel – un pays de joie et de bonheur – où le blé poussait en abondance, et où le bétail paissait sur des collines verdoyantes. Mais quand les Madianites ont envahi le pays et y ont élu domicile, les Israélites ont tout perdu parce que leurs ennemis sont arrivés comme des sauterelles dévorant tout ce qui poussait ; le peuple d’Israël s’en est trouvé grandement appauvri, et entièrement dépossédé des bénédictions que Dieu leur avait données.
            Chrétiens, vous trouvez-vous dans une situation semblable ? Vous avez permis aux choses de la terre d’occuper vos pensées et votre cœur. Elles ont envahi la place, chassant dehors les choses plus brillantes et meilleures. Vous pouvez regarder en arrière, au temps où les réalités divines concernant Christ étaient la joie et les délices de votre âme. Mais vous en avez perdu le goût ; le Saint Esprit en a été attristé et votre âme grandement appauvrie. Maintenant, vous n’avez plus de temps pour jouir d’une paisible communion avec le Seigneur parce que les Madianites sont venus, « avec leur bétail et leurs tentes, nombreux comme des sauterelles ; et ils ont pénétré dans le pays pour le ravager ».
            Comme il est regrettable que ceci soit aujourd’hui le triste cas de milliers de chrétiens, autrefois prospères spirituellement. Ils ont été vaincus, non pas par des péchés grossiers, ni même par la mondanité, mais par les « choses de la terre ». La famille, le travail, les contingences de cette vie, il faut bien s’en occuper, disent-ils. En conséquence les choses qui concernent Christ, qui leur appartiennent en tant qu’enfants de Dieu, sont négligées.
            Trois conséquences découlent de cet état de choses :
                  - Pas de fruit pour Dieu
                  - Pas de lumière pour les autres
                  - Pas de nourriture pour eux

                        Le premier pas vers la délivrance

            Dans sa détresse, Israël a crié à l’Eternel à cause des Madianites, et son cri a été le commencement de choses meilleures. Les Israélites ont dû reconnaître que, si Dieu ne leur venait pas en aide, il n’y avait aucun espoir pour eux ; il nous faut tous apprendre cette grande leçon. Nous ne répéterons jamais assez que la délivrance, dans chacune de ses étapes, doit venir de Dieu – nos propres efforts ne servent à rien. Vous avez peut-être tenté à plusieurs reprises de vous débarrasser du joug des choses terrestres, mais en vain. Si vous êtes arrivés au bout de vos propres efforts, vous êtes là où Dieu peut vous bénir, parce que, lorsque vous êtes sans recours, Dieu peut intervenir ; or ses moyens sont infinis. Si votre âme est appauvrie, criez vers Lui. Il ne change pas; c’est votre propre conduite qui a attiré sur vous le désastre, comme  les Israélites souffraient à cause de leur propre désobéissance (Jug. 6 : 10).
            En réponse à leur cri de détresse, Dieu leur a suscité un sauveur - ou libérateur, dont nous avons une description très intéressante et instructive. Nous voudrions attirer l’attention du lecteur sur son caractère et sa conduite qui ressortent distinctement :
                  - Il réussit à mettre de côté pour lui-même certains produits du pays, dont le reste du peuple d’Israël a été volé.
                  - Il est très préoccupé par la condition du peuple de Dieu.
                  - Il a une faible estime de lui-même.
                  - Les évènements principaux menant à  sa victoire se sont déroulés de nuit ou en secret.

            (I) On rencontre Gédéon pour la première fois tandis qu’il bat du froment dans le pressoir pour que les Madianites ne puissent pas le découvrir. Ce froment appartient de plein droit au peuple, car il est le produit du pays que Dieu leur a donné ; pour nous il représente Christ. Israël a été privé de sa subsistance, mais Gédéon a réussi à en mettre une partie au moins à l’abri des voleurs. Manifestement, il attribue de la valeur à ce qu’il conserve si soigneusement, et dans toute la mesure du possible, il ne veut pas se le faire voler. C’est à un tel homme que le Seigneur peut se révéler, et Il peut l’appeler « fort et vaillant homme », car Gédéon est en route sur le chemin qui mène à la victoire finale.
            Christ a-t-Il de la valeur pour vous ? Avez-vous l’habitude de vous retirer dans un lieu secret, loin du stress et des soucis de la vie quotidienne, dans le but de vous nourrir de Lui et de ce qui Le concerne, et qui est votre part ?
            Allez-vous être contraint d’avouer que vous n’avez pas de temps pour Lui ? Que, du lever au coucher du soleil, vous êtes complètement absorbé par les devoirs quotidiens ? Alors, à coup sûr, vous vous trouvez sous le joug oppressant de cet ennemi de votre âme, hautement tyrannique, que sont les choses terrestres.
            Prenez le temps de vous nourrir de Christ dans le secret. Vous réaliserez rapidement quel bien cela procure. Les journées seront plus sereines, les fardeaux moins lourds, votre esprit moins oppressé. Peut-être votre visage perdra-t-il son expression inquiète. Bref, une ère nouvelle s’ouvrira pour vous, si vous prenez vraiment la peine de vous détourner pour « battre le vrai grain » dans le secret de la présence de Dieu. Il vous faudra préserver jalousement ces moments paisibles, car si on les laisse faire, les préoccupations de la terre chercheront à faire intrusion dans les moments les plus sacrés.
            C’est pendant que Gédéon bat le froment que l’Ange de l’Eternel lui apparaît, avec cette salutation propre à le faire tressaillir : « L’Eternel est avec toi, fort et vaillant homme ». C’est à celui qui a été capable de tenir ferme à ce que Dieu avait donné, qu’une telle salutation peut être adressée.

            (2) La salutation de l’Ange n’a cependant pas transporté Gédéon de joie. Il pense à l’état du pays, et exprime sa profonde préoccupation à ce sujet. Les jours ne sont plus ce qu’ils étaient ; il le ressent profondément. Tout laisse croire que l’Eternel a oublié son peuple, et ce fait le préoccupe grandement. Il a du froment pour lui-même ; mais il ne peut se satisfaire d’en avoir pour lui seul, en restant indifférent à la condition d’appauvrissement de l’héritage de Dieu.
            L’Eternel le regarde avec une satisfaction évidente, et dit : « Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t'ai-je pas envoyé ? » (Jug. 6 : 14).
            Celui qui a affaire avec Dieu avec droiture, ressent douloureusement le fait que beaucoup de croyants sont légers d’esprit, et réalise combien les réalités qui concernent Christ sont peu connues et appréciées. Ressentant cela, il ne se satisfera pas de « manger sa portion » tout seul ! Au contraire ! Faire cela, signifierait se montrer bien éloigné des pensées de Dieu. Nous ne pouvons pas nous séparer, en pensée, du reste du peuple de Dieu. Sa pauvreté et ses peines sont aussi les nôtres.
            Gédéon refuse de se séparer lui-même du reste du peuple, car quand l’Eternel lui dit : « L’Eternel est avec toi », Gédéon répond : « Si l’Eternel est avec nous… ». Plus nous serons attachés à Christ, plus nous aimerons son peuple et plus nous soupirerons après la délivrance de tous ceux qui sont sous un joug de servitude.

            (3) Le troisième trait de caractère de Gédéon, c’est une faible estime de lui-même. Il ne se vante pas de la manière dont on s’adresse à lui, mais parle plutôt de la pauvreté de sa famille, et de sa propre petitesse ; cela le désigne tout naturellement comme un vase choisi pour l’Eternel. Ainsi, ce qui a déjà été annoncé peut maintenant être confirmé : « Tu frapperas Madian comme un seul homme ».
            Trois choses vont toujours ensemble et démontrent chacune une marque distinctive de la grâce de Dieu dans les siens : (1) l’appréciation de Christ ; (2) l’amour et la sollicitude pour son peuple ; (3) l’humilité.

                        Reconnaître les droits de Dieu

            Gédéon ignore encore l’identité de Celui qui converse avec lui. Mais il est beau de voir qu’au moment convenable, il sait apporter les pains sans levain, un épha de farine, et un chevreau. L’Eternel accepte son offrande et lui dit : « Ne crains point, tu ne mourras pas ». A une lumière croissante, répondent une foi et une vigueur spirituelle croissantes du côté de Gédéon, car il construit un autel à l’Eternel et l’appelle « Jéhovah Shalom », ce qui signifie « l’Eternel de paix ». Il se fonde sur les propres paroles de grâce de Dieu envers lui, et réclame la paix pour tous.
            Le fait de construire cet autel signifie que les droits de Dieu doivent être reconnus - ces droits dont Il a été frustré pendant si longtemps - et c’est uniquement lorsqu’ils sont reconnus qu’Il peut donner la paix.
            Dieu peut se servir d’un tel homme pour délivrer son peuple. Les caractères de grâce et de foi que nous voyons chez Gédéon sont représentatifs de l’état qui doit nous caractériser, si nous voulons connaître la délivrance, et être des instruments pour délivrer les autres. L’homme dont l’âme se nourrit des choses du ciel sera un adorateur de Dieu, car son cœur sera rempli des choses divines. Ce même homme peut aussi construire un autel avec l’intention, placée par Dieu dans son cœur, de rendre à Dieu ce qui Lui appartient. Et il ne dépensera pas non plus ses pensées, son cœur et son temps à s’occuper des choses de cette terre !
            Jusqu’ici, les activités et les progrès de Gédéon se sont déroulés dans le secret et en présence de Dieu. Nous en arrivons maintenant à sa première action contre la domination de l’ennemi.
            Un autel au faux dieu « Baal » avait été élevé dans le pays ; c’est d’ailleurs pour cette raison qu’Israël souffrait de la tyrannie des Madianites. Baal est le dieu du soleil. Le soleil est ce qui domine sur le jour. L’autel de Baal établi dans le pays symbolise l’ascendance qu’exercent les choses de la terre sur les cœurs et les esprits du peuple de Dieu. Il doit disparaître pour faire place à l’autel de Dieu, car les deux ne peuvent pas coexister.
            Dans l’épître qui nous exhorte à diriger nos affections vers ce qui est en haut et non vers ce qui est sur la terre, nous lisons : « afin qu’en tout il tienne, lui (Christ), la première place » (Col. 1 : 18). Si nous voulons être libres de tout esclavage et marcher dans la liberté, Christ doit avoir la première place. Chrétien, ceci trouve-t-il un écho dans ton cœur ? Le Seigneur est réellement digne de cette place, et s’il est dit « en tout », c’est donc aussi dans ton cœur et dans ta vie. Si les influences de l’époque et les réalités de la vie exercent leur ascendant sur toi, les choses qui concernent Christ sont forcément mises de côté. Le faux dieu « Baal » exerce sa domination sur ta vie et, en conséquence, tu es sans joie et sans fruit. Détruis cet autel, détruis-le sans délai, et donne toute la place à Christ. « Enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5 : 21).
            Mais, notez-le bien, c’est l’homme qui a été en relation avec Dieu dans le silence qui peut renverser l’autel idolâtre. Personne n’a de pouvoir contre l’Ennemi à moins d’avoir passé du temps avec Dieu dans le secret.

                        Une nécessité absolue

            Abordons maintenant l’incident très intéressant qui nous est rapporté à la fin du chapitre 6 (v 33-40). Les Madianites (figure des choses terrestres), avec leurs alliés les Amalékites (figure de la chair) viennent combattre contre Gédéon. C’est une chose naturelle, et il en va de même aujourd’hui. Vous pouvez être certain que, si les aspirations de votre cœur sont tournées vers le ciel, vous aurez à vous battre contre ces deux puissances ; car la chair n’a aucun goût pour les choses qui concernent Christ, et trouve au contraire sa satisfaction dans les choses de la terre.
            Mais Gédéon n’est pas effrayé. Il sonne la trompette en avertissement, et assemble le peuple de Dieu. Cependant, avant d’aller au combat, il lui faut de nouveau parler avec Dieu seul à seul. Dans l’intimité de la présence divine, il réclame l’accomplissement d’un signe mais d’un genre très particulier. Un signe dérisoire, diront les moqueurs en critiquant. Nous répondons : un signe essentiel pour nous, si nous voulons être des vainqueurs ! Gédéon demande que la toison soit saturée de rosée et que la terre en soit privée : « …si la rosée est sur la toison seule, et que la sécheresse  soit sur toute la terre ». Ce qui caractérise un animal, c’est sa toison. Ainsi, la toison représente notre caractère extérieur dans ce monde. Mais souvenons-nous que ce caractère est formé de ce qui est intérieur, de ce dont le cœur et l’esprit sont occupés. Sommes-nous disposés à dire à Dieu : « Que la rosée soit sur la toison », autrement dit : « que nous soyons abreuvés, immergés, entièrement caractérisés par ce que la terre ne possède pas » ? Il s’agit assurément de Christ. C’est seulement dans la mesure où nos cœurs et nos esprits se nourrissent de Lui que nous porterons le caractère céleste, et que nous nous démarquerons clairement de ce qui provient de la terre. Vous me direz que c’est bien votre désir, mais que tous vos efforts pour y parvenir ont été entièrement vains. Laissez-moi vous assurer que vos efforts seront toujours inutiles. Vous ne pouvez faire un miracle et produire ce que seule la puissance de Dieu peut accomplir.
            Gédéon ne se propose pas de le faire lui-même. Il remet la toison à Dieu et lui demande d’agir. Voilà le secret : « Livrez-vous vous-mêmes à Dieu » (Rom. 6 : 13). Vous ferez l’expérience que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Il prend plaisir, dans une grâce parfaite et par la puissance de l’Esprit, à remplir nos cœurs et nos esprits de Christ, afin que nous puissions porter ses caractères dans un monde qui ne veut rien savoir de Lui. Mais Gédéon fait plus que de remettre la toison à Dieu. Il manifeste en même temps de l’énergie, et le désir d’être exaucé, car il se lève tôt le matin pour voir la réponse de Dieu à sa prière.
            Dieu veuille que nous manifestions la même énergie, en rapport avec nos besoins spirituels. Nous nous contentons très souvent - hélas, trop souvent ! - de désirer une chose, et de prier. C’est très bien, mais il nous faut aller plus loin. Nous devons nous abandonner nous-mêmes à Dieu. Rien ne peut remplacer cela. Ensuite, rechercher sa face avec sérieux et attendre les réponses.
            Gédéon avait encore une requête à présenter avant de se rendre sur le champ de bataille. Il voulait que la toison soit sèche et toute la terre arrosée. C’est l’aspect négatif de la chose, qui suit tout naturellement le côté positif. Pour nous, cela signifie que nous devons rester indépendants, de cœur et de caractère, de ce dont la terre est abreuvée ; ses maximes, ses principes, ses espoirs et ses aspirations ne doivent avoir aucune place dans nos vies. La croix de Jésus nous a séparés d’eux, et nous devons en être libérés en pratique, si nous voulons Le représenter dignement.
            Il est intéressant de constater que c’est dans l’aire que ces requêtes ont été exprimées à l’endroit où Gédéon a rencontré le Seigneur pour la première fois, et où il a montré combien il appréciait les bénédictions de Dieu. Pour nous, soyons assurés que de tels désirs découlent tout naturellement du fait de se nourrir de Christ dans la présence de Dieu, loin des influences du jour et de l’intrusion des choses de la terre.
            A partir de ce moment, Gédéon avance vers la victoire. Il avait eu beaucoup affaire avec Dieu dans le secret, et, par la force, le courage et la sagesse acquis là, il est en mesure de dresser son plan de campagne contre l’ennemi.
            Mais nous avons encore d’autres leçons à apprendre, avant d’en arriver à la délivrance finale du peuple et celles-ci ne font que confirmer ce que nous avons déjà dit.

                        La mise à l’épreuve du peuple

            Le peuple est trop nombreux, et risque de s’attribuer le mérite de la victoire, et de tomber ainsi dans un état encore pire que celui dans lequel il se trouve. Plus de deux tiers du peuple sont des lâches. Ils tiennent plus à leur propre peau qu’au combat de l’Eternel, et sont satisfaits de retourner chez eux. Nous dérobons-nous devant les exercices d’âmes ? Préférons-nous nos aises et notre confort au conflit qu’il nous faut affronter si nous voulons être des vainqueurs ? Nous pouvons fréquenter réunions et services religieux, lire et débattre de sujets doctrinaux ; mais nos âmes sont-elles rendues fortes d’un courage donné par Dieu ? Si tel n’est pas le cas, nous sommes impropres pour le combat ; et tant que nos âmes ne sont pas réellement revigorées, nous sommes disqualifiés.
            Il en reste donc dix mille, qui ne sont pas lâches comme leurs camarades. Mais, pour la plus grande partie d’entre eux, ils ne sont pas dans un état dans lequel Dieu peut les utiliser. Il leur fait passer un test supplémentaire plus difficile.
            « Fais-les descendre vers l’eau, et là je les épurerai » (Jug. 7 : 4), commande Dieu. L’eau est l’une des plus grandes bénédictions de Dieu et, dans cette occasion, une provision abondante est mise à la disposition de l’armée. La manière dont les soldats en usent détermine leur aptitude à être ou non des combattants pour Dieu. Neuf mille sept cents hommes s’agenouillent pour en prendre autant qu’ils le peuvent et semblent oublier temporairement la bataille. Par contre, trois cents hommes prennent juste de quoi répondre au besoin du moment, et rien de plus ; pour eux, le combat de l’Eternel est leur priorité et tout le reste est tenu pour accessoire.

                        Un usage approprié des bénédictions divines

            Ce passage nous révèle comment faire bon usage des bénédictions de Dieu. Nous avons besoin de nourriture, de vêtements, et d’un logement et ces choses sont toutes à notre disposition. Comment les considérons-nous ? Si notre objectif est d’en acquérir le plus possible, nous en sommes devenus serviteurs. Si nous commençons à nous soucier des choses terrestres, nous faisons partie de ceux qui sont inaptes à faire face à l’Ennemi. Mais si, au contraire, nous usons seulement de ces choses comme des grâces de Dieu envers nous et que nous en sommes satisfaits - nous souvenant que nous ne sommes pas là pour accumuler des trésors sur la terre, mais pour y témoigner du Seigneur - nous prouverons alors que nous sommes des vases adaptés pour son service.
            Ce louable trait de caractère se manifeste également dans la suite chez les trois cents vaillants soldats puisqu’ils emportent leurs victuailles dans leurs mains. Ils en prennent assez pour leurs besoins, et pas plus. Voilà des hommes qualifiés pour la guerre, qui ne veulent pas se laisser « embarrasser par les affaires de la vie » (2 Tim. 2 : 4).

                        Les munitions pour la guerre

            C’est une armée étrangement équipée pour le combat. Les armes de ces soldats ne ressemblent en rien aux armes traditionnelles et on n’aurait pas pu apprendre leurs tactiques dans les écoles militaires. Mais ce sont toutefois des hommes à l’œil simple, obéissants et, de plus confiants, et c’est tout ce qui est requis d’eux.
            Ces hommes ont un seul but, et leur regard est fixé sur leur chef, dont le commandement est : « Regardez ce que je vais faire » (Jug. 7 : 17). S’ils considéraient les soldats ennemis, leur nombre les aurait découragés. Mais ils n’avaient pas à le faire, car le chef que Dieu leur a donné réclame leur attention et exige leur obéissance. Tant qu’ils regardent vers lui, « ils se tiennent chacun à sa place » (Jug. 7 : 21) ; et, ce faisant, ils forment une compagnie unie et soudée.
            Leurs armes de guerre sont étranges : des trompettes, des cruches destinées seulement à  être brisées, et des torches. Ils ne portent pas d’épée en acier trempé, mais leur cri de guerre est glorieux et prouve que ce sont des hommes assurés de la victoire. Et en effet, ils ne sont pas désappointés car, alors qu’ils crient « l’épée de l’Eternel et de Gédéon ! », toute l’armée de Madian se met « à courir, et à pousser des cris, et à fuir » (Jug. 7 : 20-21).
            Dans la seconde épître de Paul à Timothée, nous avons la contrepartie du Nouveau Testament à ce sujet. Cette épître a été qualifiée de sombre, et elle a certainement un aspect préoccupant, car nous y constatons le terrible abandon de la vérité par l’église professante, triste conséquence de la poursuite des choses de la terre.
            L’état de choses décrit dans le troisième chapitre de cette épître pourrait difficilement être pire. Et cependant nous avons bien là une description de l’état actuel de la chrétienté. Si nous plaçons nos espérances, ou cherchons notre refuge ou le salut dans l’Eglise ou l’une de ses confessions, alors nous sommes perdus. Mais ce n’est pas dans cette direction que regarde Paul : il regarde au-delà de cette scène de conflit et de ruine, et fixe ses yeux sur un Christ ressuscité à la droite de Dieu. C’est ce regard ferme vers Christ qui fait de sa vie un triomphe continuel. Vue de cette perspective, cette épître est donc l’une des plus brillantes du Saint Livre, car la déchéance de l’homme ne sert qu’à mettre en relief la fidélité du Seigneur, et son immuable stabilité.

                        Le cri de guerre de Paul

            Paul a donc un cri de guerre, exactement comme Gédéon. Il peut se présenter comme lié au témoignage du Seigneur et s’écrier : « N’aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier » (2 Tim. 1 : 8). Et avec un tel cri de guerre, il déclare : « Je n'ai pas honte, car je sais qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu'à ce jour-là » (2 Tim. 1 : 12). Au terme du combat, il peut dire aussi : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tim. 4 : 7).
            Comme les hommes de Gédéon, Paul se tient à son poste parce qu’il connaît la puissance et la grâce de son Chef, qui a anéanti l’Ennemi et triomphé de la mort. Si nous nous souvenons de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, et si nous fixons nos yeux sur Celui en qui tous les plans de Dieu en bénédiction sont assurés, soyons certains que nous serons capables, nous aussi, de nous tenir « chacun à son poste ». Nous ne connaîtrons ni peur, ni crainte ou découragement, car nos cœurs seront soutenus par le triomphe du Seigneur. Et, nous tenant ainsi à notre place, nous ferons retentir le cri du combat du chrétien avec confiance.

                        Le témoignage du Seigneur

            C’est la proclamation du grand fait que personne ne peut empêcher Dieu d’accomplir ce qu’Il veut, et que l’accomplissement de tout son plan en grâce est tenu dans la main ferme de Celui qui a annulé le pouvoir de la mort. Bref, c’est le glorieux évangile de Dieu touchant son Fils, l’Homme ressuscité à travers lequel toute la volonté de Dieu sera accomplie. La connaissance de cet évangile nous rend triomphants, et c’est sans honte que nous le prêchons, car son sujet, ce n’est pas nous, mais Christ ; ce n’est pas l’Eglise, mais son puissant Sauveur - le Fils de Dieu.
            Puissions-nous être réellement gouvernés par un esprit d’amour, de puissance et de sobre bon sens (2 Tim. 1 : 7), afin de répandre avec détermination ce glorieux message. Nous pouvons être confus de l’état de l’Eglise comme témoin de Christ ici-bas et  de notre triste état. Mais de ce message-là nous n’aurons jamais à être confus, car il est la puissance et la sagesse mêmes de Dieu.

                               Les cruches et les torches

            Les hommes qui ont crié « L’épée de l’Eternel et de Gédéon ! » (Jug. 7 : 20) tenaient leurs torches dans des cruches de terre qu’ils ont brisées pour que la lumière puisse briller. Le jaillissement de cette lumière dans les ténèbres doit accompagner le cri de guerre et le son des trompettes. Nous trouvons une allusion à cette scène en 2 Corinthiens 4 : 7. Les croyants possèdent un merveilleux trésor: la connaissance de Dieu dans leur cœur. C’est de la face de Jésus Christ que la lumière émane dans toute sa perfection, et cette lumière a brillé dans nos cœurs (v. 6). Mais s’il en est ainsi, c’est afin qu’elle resplendisse à l’extérieur. Il ne faut pas que la lumière soit cachée. Elle doit briller au dehors, à partir des cruches de terre qui la contiennent. Seule la puissance de Dieu nous en rend capables, nos efforts sont entièrement vains.
            La lumière reluit en Paul, et sa manière de vivre est en accord avec le témoignage qu’il rend. S’il prêche que toute bénédiction se trouve en Christ dans la gloire, il ne cherche pas cette bénédiction sur la terre. Il ne regarde pas aux choses qui se voient, mais aux choses qui ne se voient pas. Ce sont les réalités éternelles, et non les choses temporelles, qui gouvernent son âme ; c’est pourquoi il est véritablement un vainqueur, jouissant de la délivrance pour lui-même, et capable d’être aussi un instrument pour en délivrer d’autres.
            Le fait de faire briller la lumière et de rendre témoignage doivent aller de pair. C’est à cela que le Seigneur nous a appelés, et c’est notre privilège de nous réclamer du Nom du Seigneur et de son témoignage. Mais n’oublions pas que, si nous sommes occupés des choses terrestres, la lumière sera obscurcie et nous cesserons de nous préoccuper du témoignage du Seigneur.

            Les facteurs suivants ont contribué à la victoire de l’armée de Gédéon sur l’ennemi :
                  - Ce sont des hommes courageux (7 : 3).
                  - Ils se contentent de prendre uniquement ce dont ils ont besoin (v. 6).
                  - Ils sont obéissants à leur chef (v. 17).
                  - Ils ont laissé jaillir la lumière contenue dans les cruches (v. 20).
                  - Ils poussent le cri de guerre (v. 20).
                  - Ils se tiennent chacun à sa place (v. 21).

            Que Dieu nous accorde d’être caractérisés par les mêmes qualités !

                        Un avertissement

            L’histoire de Gédéon renferme encore bien d’autres leçons instructives et du plus profond intérêt, mais elles ne rentrent pas dans le cadre de notre sujet. Cependant, retenons-en une en particulier pour notre avertissement.
            Les Israélites voulaient proclamer Gédéon comme leur roi ; ils parlent de lui comme de leur libérateur, et ne semblent pas avoir attribué toute la victoire à Dieu (8 : 22). L’histoire se répète, car le cœur de l’homme est le même ; et, dans l’Eglise, beaucoup sont tombés dans ce piège. Des hommes ont été choisis par Dieu pour venir en aide à son peuple et le délivrer, et beaucoup les ont admirés, suivis et sont même allés jusqu’à se nommer eux-mêmes du nom du serviteur que Dieu avait utilisé, faisant ainsi de lui un roi sur eux. A ce sujet, les chapitres 1 et 3 de la première épître aux Corinthiens nous avertissent, et cette recommandation est plus nécessaire que jamais aujourd’hui. Car au lieu de regarder au Seigneur et de s’attacher à Lui seul, une grande majorité des chrétiens cherche ici et là quelqu’un qu’elle puisse appeler « l’homme de Dieu » du moment, et qui lui fournira lumière et direction. Gédéon a tenu ferme dans cette mise à l’épreuve et a dit : « L’Eternel dominera sur vous » (Jug. 8 : 23).
            Les hommes de Sichem n’ont pas tenu compte des sages paroles de Gédéon car, à sa mort, ils ont intronisé son fils Abimélec. Pour finir, il les a détruits et ils lui ont fait de même.
            Le neuvième chapitre des Juges nous rapporte les fruits amers que l’orgueil d’Abimélec et la folie du peuple ont récoltés. Il nous avertit de ne pas mettre notre confiance en l’homme - l’épine de la parabole de Jotham - et en particulier quand il s’agit des choses de Dieu.
            Le Seigneur seul nous suffit. Son amour, sa grâce et sa puissance ne nous manqueront jamais. Il est le vrai Cep, l’Olivier et le Figuier dont Jotham parle, en contraste avec l’épine inutile. Oui, tout ce dont son peuple a besoin se trouve en Lui.

            Puissions-nous trouver en Lui notre satisfaction, et triompher en son Nom !


D’après J. T. Mawson


A suivre