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LE  SECRET  DE  LA  VICTOIRE (3)

 

LA  VICTOIRE  SUR  LA CHAIR -  Moab

 
            « Et les fils d'Israël firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel, et l'Eternel fortifia Eglon, roi de Moab, contre Israël, parce qu'ils faisaient ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel. Et [Eglon] assembla auprès de lui les fils d'Ammon et Amalek, et il alla et frappa Israël ; et ils prirent possession de la ville des palmiers. Et les fils d'Israël servirent Eglon, roi de Moab, dix-huit ans. Et les fils d'Israël crièrent à l'Eternel ; et l'Eternel leur suscita un sauveur, Ehud, fils de Guéra, le Benjaminite, qui était gaucher. Et les fils d'Israël envoyèrent par lui un présent à Eglon, roi de Moab. Et Ehud se fit faire une épée à deux tranchants, longue d'une petite coudée, et il la ceignit par dessous ses vêtements, sur la hanche droite. Et il offrit le présent à Eglon, roi de Moab ; or Eglon était un homme très gras. Et il arriva que, lorsqu'il eut achevé d'offrir le présent, il renvoya les gens qui avaient apporté le présent. Mais lui s'en revint des images taillées, qui étaient près de Guilgal, et dit : J'ai pour toi une parole secrète, ô roi ! Et il dit : Silence ! Et tous ceux qui étaient près de lui sortirent d'auprès de lui. Et Ehud entra vers lui ; or il était assis dans une chambre haute de rafraîchissement, qui était pour lui seul ; et Ehud dit : J'ai une parole de Dieu pour toi. Et [le roi] se leva de son siège ; et Ehud étendit sa main gauche, et prit l'épée de dessus son côté droit, et la lui enfonça dans le ventre ; et même la poignée entra après la lame, et la graisse se referma sur la lame ; car il ne retira pas l'épée de son ventre, et elle sortit entre les jambes. Et Ehud sortit par le portique, et ferma sur lui les portes de la chambre haute, et mit le verrou. Et quand il fut sorti, les serviteurs du roi vinrent, et virent : et voici, les portes de la chambre haute étaient fermées au verrou ; et ils dirent : Sans doute il se couvre les pieds dans la chambre de rafraîchissement. Et ils attendirent jusqu'à en avoir honte ; et voici, on n'ouvrait pas les portes de la chambre ; et ils prirent la clef et ouvrirent, et voici, leur seigneur gisait par terre, mort. Et Ehud s'était échappé pendant qu'ils tardaient, et avait dépassé les images taillées ; et il se sauva à Sehira.
            Et quand il y fut entré, il arriva qu'il sonna de la trompette dans la montagne d'Ephraïm ; et les fils d'Israël descendirent avec lui de la montagne, et lui devant eux. Et il leur dit : Suivez-moi, car l'Eternel a livré en votre main vos ennemis, les Moabites. Et ils descendirent après lui, et enlevèrent à Moab les gués du Jourdain, et ne laissèrent passer personne. Et en ce temps-là, ils frappèrent Moab, environ dix mille hommes, tous forts et tous vaillants, et pas un n'échappa. Et en ce jour-là, Moab fut abattu sous la main d'Israël ; et le pays fut en repos quatre-vingts ans » (Jug. 3 : 12-30).

 

                        Qu’est-ce que la chair ?

            Quand nous parlons de la « chair », il ne s’agit pas de ce qui est physique, c'est-à-dire de notre corps. Ce terme désigne le principe de mal qui habite en nous, et qui fait du moi le centre de nos pensées et de notre conduite, à la place de Dieu. La chair est opposée à la volonté de Dieu et est incapable de Lui plaire (Rom. 8 : 8). Elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et, si on la laisse agir, elle servira toujours la loi du péché (Rom. 7 : 25). Elle s’est manifestée pour la première fois sous ce caractère, quand Eve a étendu sa main pour prendre le fruit de l’arbre défendu, croyant qu’ainsi elle allait s’élever au-dessus de ce que Dieu avait fait d’elle. Le moi était l’objet de son acte, et non pas Dieu ; et depuis ce jour, tous les hommes qui naissent dans ce monde sont, par nature, « dans la chair » ; ce qui veut dire que ce qui les gouverne toujours, c’est l’amour du moi plutôt que l’amour de Dieu. Telle est la nature de toute personne non régénérée.
            Mais, chez ceux qui ont cru l’évangile de la grâce de Dieu, un grand changement s’est opéré : ils sont nés de nouveau par l’Esprit de Dieu, et ont reçu le Saint Esprit. Il habite en eux, de sorte que la Bible peut dire à leur sujet : « Or vous, vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous » (Rom. 8 : 9). Ils ont reçu une vie et une nature nouvelles : au lieu de faire du moi le centre de toutes leurs pensées, c’est vers Dieu Lui-même qu’ils élèvent leurs désirs et leurs espérances.

            Voilà la nature et la vie nouvelle que tous ceux d’entre nous qui sont sauvés ont reçues. Mais la chair demeure en nous ; et c’est seulement en marchant par l’Esprit, que nous serons libérés de l’esclavage de ses convoitises (Gal. 5 : 16).


                        Les Moabites, saisissante image de la chair

Au sujet des Moabites, notons que :
            - Leur ancêtre était né d’une relation illicite (Gen. 19 : 37).
            - Ils ne pouvaient pas entrer dans la congrégation (Deut. 23 : 3 ; Néh. 13 : 1).
            - Ils devaient être entièrement détruits ; la dernière mention d’eux dans l’Ecriture se trouve en Sophonie 2 : 9 : « C'est pourquoi, je suis vivant, dit l'Éternel des armées… que Moab sera comme Sodome … une désolation, à toujours ».

            Nous lisons des passages parallèles à ceux-ci quant à la chair en 1 Cor. 1 : 29 : « Afin que personne ne se glorifie devant Dieu », et en Gen. 6 : 13 : « La fin de toute chair est venue devant moi ».


                        « Pour lui seul »

            Mais, dans le récit qui est devant nous, nous trouvons d’autres indications qui confirment que le roi Eglon et les Moabites représentent la chair : Eglon possédait un palais d’été, un lieu d’aisance et de plaisir, et il l’avait « pour lui seul » (Jug. 3 : 20).
            En une courte phrase, le caractère de la chair est entièrement dévoilé. Elle est foncièrement égoïste ; elle n’a rien à offrir à Dieu ; toutes ses pensées, ses espérances et ses ambitions tournent autour du moi. Tout ce que le moi possède est « pour lui seul ». Hélas, n’avez-vous pas souvent fait l’expérience que cette chose détestable qui s’appelle le moi s’est souvent imposée à vous au grand jour alors que vous vous y attendiez le moins ? Vous venez d’accomplir une bonne œuvre motivée par l’amour et la sympathie. A peine était-elle accomplie, que surgit sournoisement cette pensée : Que vont-ils penser de moi, maintenant ?
            Vous avez peut-être été considérablement secourus dans un service pour le Seigneur. Mais, au lieu d’être humbles devant la grâce qui s’est servie de vous, et de donner toute la gloire à Celui qui en est la source, vous vous êtes vantés et félicités intérieurement, comme si vous aviez accompli tout cela par vous-mêmes. Peut-être au contraire le service a-t-il été un échec ? Vous êtes alors abattus et déprimés, non pas parce que le Seigneur a été déshonoré, mais parce que vous n’avez pas brillé comme vous l’aviez espéré ! Quelqu’un d’autre a fait mieux que vous, ou vous a surpassé en dévouement, en savoir ou en compétence ; et aussitôt, des pensées de rivalité et de jalousie se sont emparées de vous. C’était la chair, vile et incorrigible ; elle cherchait à s’approprier tout « pour elle seule ». Il nous faut la voir sous son vrai jour dans son caractère foncièrement haïssable et nous en détourner  avec répugnance !
 

                        La chair n’a aucun droit sur le chrétien

            Les Moabites n’avaient en réalité aucun droit sur Israël. Pourtant nous apprenons qu’Eglon avait érigé son trône dans la cité des palmiers (située précisément à la porte d’entrée du pays, Jéricho était la ville que Dieu avait conquise « à main forte » pour son peuple). De là, Eglon imposait ses lois à Israël, et lui faisait payer le tribut ; ainsi, ce que Dieu seul était en droit d’exiger d’eux était rendu au roi de Moab. Quelle description fidèle de la condition dans laquelle se trouvent des milliers de chrétiens. La chair n’a nullement le droit de nous imposer ses lois. « Nous sommes débiteurs, non pas envers la chair pour vivre selon la chair » (Rom. 8 : 12). Nous ne sommes nullement redevables à ce principe de mal en nous, qui donne toute la place au moi en excluant Christ ; nous sommes parfaitement autorisés à ignorer ses revendications, et à marcher par l’Esprit ; et cependant, comme le roi de Moab percevait d’Israël ce que Dieu seul aurait pu réclamer, ainsi, hélas, certains chrétiens ne consacrent-ils pas souvent leur temps, leurs pensées et leur énergie à la chair ? En faisant ainsi, ils oublient ce que dit l’Ecriture : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8 : 13).

            Soulignons de nouveau le fait que, pour un chrétien, la chair est un usurpateur si elle domine sur lui. En effet, « vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (Rom. 8 : 9). Quand nous avons cru à l’évangile de notre salut, l’Esprit de Dieu a fait sa demeure en nous. En nous scellant de son Saint Esprit (Eph. 1 : 13), le Seigneur revendique comme Sien ce qu’Il a acquis par son propre sang. Désormais, l’œuvre de l’Esprit en nous vise à détrôner le moi, et à rejeter définitivement la domination de la chair, en accordant à Christ la première place dans nos affections.
            Il est incontestable que la chair n’abdiquera pas facilement et tentera toujours de s’affirmer. « Car la chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair ; et ces deux sont opposés l'un à l'autre » (Gal. 5 : 17).

 

                        Tous nos efforts pour subjuguer la chair sont vains

            Ne croyons pas que la chair puisse être améliorée et rendue acceptable pour Dieu. On lit au sujet de Moab : « Son goût lui est demeuré, et son parfum ne s'est point changé » (Jér. 48 : 11). Il est tout aussi vrai que « ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3 : 6). On peut la rendre religieuse mais elle demeure dans l’indépendance de Dieu, et en rébellion contre Lui. Elle s’immisce souvent dans les choses divines mais même là, sa devise reste « pour moi seul ». On ne peut l’instruire, la convaincre ou la contraindre à se soumettre à la loi de Dieu, car sa nature est absolument contraire à cette loi.

            C’est une leçon que nous devons apprendre ; cet apprentissage est toujours une expérience amère et pénible. Les étapes de cette leçon nous sont données en Romains 7 :
                        - Vous aspirez à faire le bien, et êtes amèrement déçus de découvrir que vous ne pouvez que faire le mal.
                        - Vous en recherchez la raison. Vous découvrez alors avec dégoût que rien de bon ne peut venir de vous, c’est-à-dire de votre chair. Et ceci, pour la simple raison qu’il n’existe en elle rien de bon.
                        - Vous déployez de grands efforts pour sortir de ce cauchemar mais le désespoir envahit votre cœur quand vous constatez que vous vous débattez en vain. Quand enfin, à bout de ressources, vous abandonnez la lutte, quelqu’un d’autre soulève votre fardeau. Le jour se lève, et la manière d’être tiré de ce bourbier terrible dans lequel vous vous êtes débattus, se révèle à vous. Cependant cette délivrance ne peut être atteinte que par le chemin divin.


                        Comment la victoire est remportée

            Dieu a trouvé en Israël un prince, qui a non seulement échappé lui-même au joug de Moab, mais qui est parvenu à affranchir aussi d’autres personnes du peuple. En étudiant la manière d’agir d’Ehud, nous apprendrons quel a été le moyen de la délivrance. Ehud a reçu la mission d’apporter le tribut des Israélites au monarque de Moab ; comme la suite nous le montre, il ne s’agissait pas d’une tâche agréable ; Ehud doit avoir senti combien il était dégradant pour le peuple de Dieu d’être ainsi réduit à l’esclavage. Il n’y a pas de victoire sans exercice d’âme. Si nous nous satisfaisons d’une marche selon la chair et de la vie chrétienne ordinaire que nous voyons chez les chrétiens tout autour de nous, nous ne connaîtrons jamais la joie et la liberté liées au fait de tenir la chair en bride.
            « Ehud » signifie « celui qui loue ». Il était un digne fils de son père Guéra, dont le nom signifie « combats » ou « conflits ». Soyez certain que, si vous voulez devenir « celui qui loue » et vous réjouir de la victoire, vous devrez connaître au préalable des conflits dans votre âme. Car la victoire, la joie et la louange sont toujours le fruit qui résulte d’un vrai exercice d’âme.


                             Les pierres de Guilgal

            Après s’être acquitté de sa mission envers Eglon, Ehud s’est rendu aux carrières de pierres de Guilgal. C’était l’endroit approprié pour l’homme qui souffrait de l’esclavage sous lequel gémissait Israël. A Guilgal un tel sentiment allait pouvoir se renforcer, puisque c’était en ce lieu que l’opprobre de l’Egypte avait été roulé (Jos. 5 : 9). Le peuple de Dieu avait été esclave dans un pays étranger. Mais lorsqu’il avait atteint Guilgal, non seulement il était libre, mais il était parvenu dans un pays de liberté. C’est ici que la circoncision avait eu lieu et celle-ci était le symbole de sa liberté ou de son affranchissement.
            De Guilgal, ce peuple libéré par Dieu était allé de victoire en victoire. Et, s’il n’avait pas oublié cet endroit et ses leçons, il n’aurait jamais connu la défaite et l’esclavage ; les cris de victoire n’auraient jamais fait place aux lamentations de Bokim !
            En se rendant à Guilgal, Ehud était revenu au point de départ ; le lieu où, effectivement, la vraie vie avait commencé, la vie que Dieu voulait pour son peuple qu’Il avait si merveilleusement racheté.
      Guilgal était l’endroit du pays le plus digne d’intérêt :
                        - Les douze pierres tirées du lit du Jourdain s’y trouvaient.
                        - La circoncision y avait eu lieu.
                        - La Pâque y avait été célébrée.
                        - Le peuple avait mangé du vieux blé du pays.
                        - Le Chef de l’Armée de l’Eternel s’était placé à la tête, comme leur conducteur et leur guide.

            Nous n’allons approfondir seulement que les deux premiers de ces importants évènements, puisque ceux-ci sont particulièrement appropriés à notre sujet; et, si nous en saisissons le sens, nous n’éprouverons aucune difficulté à saisir ceux qui les suivent.


                             Les douze pierres

            Celles-ci avaient été prises du lit de la rivière, là où les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche s’étaient tenus à sec (Jos. 3 et 4). Elles devaient être un mémorial, pour rappeler aux générations à venir que l’arche s’était tenue au cœur de la mort, afin que le peuple puisse la traverser sain et sauf et atteindre le lieu de la vie.
            L’état dans lequel nous nous trouvions - nous gisions dans la mort - est de ce fait éloquemment représenté, ainsi que ce que Dieu a fait pour nous.
            « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et… la mort a passé à tous les hommes, du fait que tous ont péché... » (Rom. 5 : 12).  Mais Jésus, la véritable « arche de l’alliance », s’est tenu à notre place dans la mort, afin que nous puissions en être délivrés pour toujours, et nous tenir avec Lui en ressuscités. Pouvons-nous penser au moyen que Dieu a utilisé pour nous délivrer, sans en être profondément touchés ? L’amour était à l’origine de l’œuvre qu’Il a accomplie ; l’amour que beaucoup d’eaux ne submergent pas, et qui n’a pu être éteint par tous les flots de la mort (Cant. 8 : 7). Et si les eaux de la mort ne pouvaient éteindre la fervente flamme de cet amour, les siècles ne pourront pas non plus en atténuer l’éclat. Il est éternel et tout-puissant. En voyant resplendir cet amour, en contraste si direct avec le détestable égoïsme de la chair, ne sommes-nous pas émerveillés de savoir que, dans ses plans pleins de grâce et de sagesse, Dieu voulait pour nous que tout lien avec la chair soit rompu, et que nous soyons associés à cet amour pour toujours ?
            Mais les douze pierres étaient placées bien à l’écart des vagues débordantes du Jourdain. Elles étaient établies dans le pays de la promesse, où les riches bénédictions de l’Eternel constituaient le patrimoine du peuple ; elles représentent ainsi la position actuelle du chrétien. Nous ne sommes plus sous la condamnation et la mort, mais en Christ dans la pleine lumière de la faveur de Dieu, dans le pays de la promesse qui est ruisselant de lait et de miel. Cette position de bénédiction devant Dieu n’a été obtenue par aucune œuvre ou aucun mérite de notre part. C’est Dieu qui nous a établis en Christ et qui nous a oints ; c’est Lui qui nous a scellés, et nous a donné le témoignage de son Esprit dans nos cœurs (2 Cor. 1 : 21-22). Nous avons été rendus agréables dans le Bien-aimé, et bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ  (Eph. 1 : 3, 6).

            Nous ne saisissons peut-être pas pleinement tout ce que cela signifie, mais de toute évidence, il s’agit de quelque chose d’élevé et précieux ; c’est l’œuvre de Dieu accomplie pour nous.  A cette nouvelle, nos cœurs se mettent à battre plus vite, et nous sommes remplis du désir ardent de goûter à toutes ces merveilles. Plus nous comprendrons que c’est par la grâce que nous avons été sauvés, et non pas par nous-même, plus notre désir sera grand de comprendre et d’apprécier cette position d’acceptation et de faveur.


                             La circoncision

            La circoncision du peuple est intimement liée aux douze pierres déposées sur les rives du Jourdain. Si ces dernières sont le témoignage de la grâce de Dieu envers nous, la circoncision proclame le jugement inflexible qu’Il porte sur la chair - elle doit être « coupée ».  Ceux qui étaient jadis les objets de ces actes de grâce devaient porter dans leur corps les marques de la condamnation de la chair.
            Lorsqu’un homme a commis un crime, il est puni, puis réintégré dans la société après avoir purgé sa peine. Mais le jugement que Dieu porte sur la chair n’a rien de comparable avec cela. Sa signification est totalement différente. C’est la mise de côté totale de la chair, comme moyen de glorifier Dieu et de procurer la bénédiction à l’homme. Les paroles de Jésus sont éloquentes : « la chair n’est d’aucun profit » (Jean 6 : 63). Elle est absolument et désespérément dépourvue de bien. Vous pouvez en être persuadé, sinon Dieu ne l’aurait pas mise de côté. Mais s’Il l’a fait, c’est afin que toute bénédiction provienne de Lui, et repose ainsi sur un fondement immuable et éternel.
            Si nous avons encore des doutes quant à son inutilité, et son incapacité totale à apprécier ce qui vient de Dieu, de manière à Lui rendre ce qui Lui est dû, il nous suffit de regarder au Calvaire.
            Le Fils béni de Dieu a vécu sous les yeux des hommes. Ils l’ont vu marcher et ont entendu ses paroles. Il a manifesté au milieu d’eux la tendresse et la grâce du Père. Et, à la fin de son chemin, ils Lui ont craché au visage. Il a été frappé, trahi et crucifié, comme étant à leurs yeux un objet de haine. C’est là, dans ce moment, que la chair a révélé son entière hostilité contre Dieu, et a démontré de façon concluante et définitive qu’il n’y avait aucun profit en elle, ni pour Dieu ni pour nous. Elle a prouvé qu’elle était en vérité une vigne sauvage, ne produisant aucun fruit. La venue du Fils de Dieu a été le grand test final ; Il a été rejeté de sorte que Dieu l’a mise de côté, et cela pour toujours.
            Mais quel bonheur pour nous d’apprendre que la mort de Christ, qui a pleinement manifesté le vrai caractère de la chair, a aussi révélé tout l’amour qui est dans le coeur de Dieu. Elle a montré qu’Il ne voulait pas se laisser arrêter dans son intention de bénir l’homme. Elle a aussi prouvé que cette bénédiction devait reposer uniquement sur ce qu’Il est et ce qu’Il peut opérer, et en aucune manière sur ce que nous sommes !
            « Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu » (Eph. 2 : 8). Une seule phrase suffit pour résumer toute la question : « Vous êtes sauvés par la grâce » représente les pierres placées dans le pays promis. « Cela ne vient pas de vous » nous parle de la circoncision.
            Pendant 4000 ans, la chair a pu agir librement ; mais toute sa soi-disant sagesse, puissance, propre suffisance, culture et religion, se sont seulement révélées inutiles et sans profit. Elle ne peut lever la tête et se glorifier dans la présence du Seigneur. La condamnation et la mort sont le juste sort qui lui revient.
            Christ Lui-même a été retranché au terme de sa vie, bien que la mort n’eût aucun droit sur Lui. Il aurait pu vivre éternellement dans la condition humaine qu’il avait prise mais « il n’y avait pas de péché en Lui » (1 Jean 3 : 5) ; chaque fibre de son Etre saint était dévouée à Dieu. Il a assumé parfaitement chacune de ses responsabilités, et aucune trace de péché n’a jamais altéré Sa parfaite humanité (1 Pier. 2 : 22 ; 2 Cor. 5 : 21). S’Il avait continué à vivre dans cette condition, Il aurait vécu seul : mais Il est mort et, dans Sa mort, le péché dans la chair a été condamné.
            Dans la mort de Christ, nous voyons la mise de côté totale de la chair, car la mort constitue sa fin - elle a rencontré son jugement. Désormais, nous ne nous tenons pas devant Dieu en vertu de ce que nous sommes, car nous ne pourrions qu’être condamnés ! Mais nous nous tenons devant Lui en Christ, et ne rencontrons que sa faveur. Nous sommes « ensevelis avec Lui … ressuscités avec Lui … vivifiés avec Lui » (Col. 2 : 12,13). Nous avons été « ensevelis avec Lui par le baptême » (Rom. 6 : 4). Le sceau de la mort est apposé sur nous, et par conséquent nous nous tenons pour morts à cette vie de péché, gouvernée par la chair.
            Pour un homme incroyant, la mort signifierait la séparation de tout ce qui lui rendait la vie agréable. Mais je suis persuadé que, pour une personne née de nouveau, si l’on considère cette question à la lumière divine, nous y découvrirons la porte de la liberté : car la réalité de la circoncision de Christ, « non pas faite de main », symbolise la liberté chrétienne.
            La chair servira toujours la loi du péché, et ce dernier est un maître cruel, qui, à la manière des Egyptiens faisant peiner les Israélites, impose un dur labeur à ses esclaves ; le seul chemin pour se libérer de ce puissant propriétaire d’esclaves, c’est la mort. Un homme peut posséder un serviteur et le maintenir dans un esclavage cruel. Mais un jour l’esclave meurt et  ne répond donc plus à l’appel du maître. Alors, la domination de son maître prend fin. Vous me direz : Mais je ne suis pas mort, je n’ai pas reçu les gages du péché (voir Rom. 6 : 23). C’est vrai, mais il est aussi vrai que Jésus, dans un amour parfait, les a reçus à votre place, afin que, prenant place dans la mort avec Lui, vous puissiez être libérés de l’ancien propriétaire pour désormais servir Dieu. C’est en effet votre privilège de considérer la mort de votre Substitut comme étant la vôtre.

            L’histoire suivante, bien connue, qui date de l’époque de Napoléon illustre ma remarque. Un citoyen avait été appelé au combat ; mais un autre s’était substitué à lui en prenant son nom et son numéro d’immatriculation, et avait été tué dans la bataille. Peu de temps après, d’autres hommes furent réquisitionnés pour les guerres de Napoléon, y compris ce citoyen. Mais il demanda à être exempté de service, en faisant valoir le fait que, lors de telle bataille, il était mort en la personne de son remplaçant. Le cas fut soumis à l’empereur, qui lui donna raison. « De même vous aussi, considérez-vous vous-mêmes comme morts au péché, mais comme vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6 : 11).  De cette manière, vous serez libres de vous livrer vous-mêmes à Dieu, de marcher dans la liberté bénie de l’Esprit, et de jouir de l’abondance du pays dans lequel Il vous a introduits.
            Mais nous anticipons ce que notre récit nous fait découvrir.

            Soulignons encore une fois le lien qui existe entre ces deux choses :
                        - Les pierres sur les rives du Jourdain témoignent de notre association avec Christ dans la faveur de Dieu - position qui nous vient de sa seule grâce.
                        - La circoncision signifie que la chair n’a aucune place là : elle ne saurait l’obtenir ni davantage s’y maintenir, car elle est absolument sans valeur, et profondément mauvaise et détestable aux yeux de Dieu. « Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu » (Rom. 8 : 8).
 

                        La mort d’Eglon

            De Guilgal, Ehud retourne auprès du roi Eglon, mais cette mission diffère beaucoup de la précédente. Cette fois, il n’apporte pas un cadeau de la part d’un peuple esclave, mais un message de la part d’un Dieu libérateur. « J’ai une parole de Dieu pour toi » (Jug. 3 : 20), parole de jugement ; car l’épée à double tranchant, plongée dans le ventre du roi, représente le jugement de Dieu sur celui qui avait maintenu Israël en esclavage.
            Nous avons déjà vu que Dieu a condamné la chair une fois pour toutes, et qu’Il ne reviendra jamais là-dessus, car Il a démontré qu’elle était sans profit ; il nous faut arriver à la même conclusion dans notre expérience. Nous devons apprendre que la chair ne nous est d’aucun profit ; ainsi nous serons préparés à accepter la condamnation de Dieu sur elle, en image, à « plonger l’épée à double tranchant dans le ventre de l’ennemi ».
            L’homme qui avait passé du temps à Guilgal ne pouvait tolérer la présence et la domination d’Eglon, dans le pays et sur les vies du peuple de Dieu. Nous ne tolérerons pas non plus la chair et ses actions dans nos vies, si nous avons vraiment appris les leçons que Guilgal nous enseigne. Au contraire, nous serons impitoyables pour juger ses moindres manifestations.
            Il y a une grande confusion, dans les esprits de beaucoup de croyants, sur ce que signifie vraiment « juger la chair ». Certains déplorent sans cesse leur méchanceté et leurs manquements, et se sentent en conséquence très misérables ; et ils s’imaginent que cela, c’est le jugement de soi-même. C’est tout le contraire !


                        L’occupation de soi n’est pas synonyme de jugement de soi-même

            On a dit souvent, et avec raison, que le diable ne se soucie pas que nous soyons occupés à nous féliciter nous-mêmes ou à nous faire des reproches, aussi longtemps que nous sommes occupés de nous-mêmes. Car vous savez bien qu’il est impossible que votre esprit s’élève plus haut que ce qui occupe vos pensées. Et aussi longtemps que le moi occupe toute la place, Christ est éclipsé.
            Si vous avez dit qu’il n’y a aucun bien dans la chair, vous n’avez plus rien à ajouter. Vous avez désormais le droit et le privilège de vous en détourner afin de vous tourner vers Celui qui est parfaitement et éternellement bon, et pour être occupés de Lui. Paul avait, en image, « plongé le couteau » dans la chair, lorsqu’il écrivait : « Car c'est nous qui sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu, qui nous glorifions dans le Christ Jésus et qui n'avons pas confiance en la chair » (Phil. 3 : 3).

            Lorsqu’une motion de censure est proposée et votée par le Parlement (britannique), elle entraîne la chute du gouvernement qui sera remplacé par un nouveau. Voilà ce que vous devez faire: voter une motion de censure contre la chair. Comment cela ? Cessez de soutenir le « gouvernement » de la chair. Détournez-vous d’elle et tournez-vous vers le Seigneur ; laissez le Saint Esprit de Dieu prendre les rênes et vous guider dorénavant. Vous ne faites pas confiance à une personne que vous n’estimez pas fiable ; vous ne lui confieriez pas vos secrets, et vous la laisserez encore bien moins diriger et contrôler votre vie ; et cependant, n’est-ce pas ainsi que vous avez agi à l’égard de la chair ? D’où l’échec et l’esclavage qui en résultent. Prenez donc l’épée à deux tranchants de la vérité, qui démontre l’inutilité de la chair, et en image, enfoncez-la dans le ventre jusqu’au manche. Ne vous en occupez plus, mettez-la de côté, ne soyez plus en bons termes avec elle et désormais, marchez dans l’heureuse liberté de l’Esprit, en étant occupés de Christ.
            Il sera ainsi évident que vous êtes parvenus à la conclusion divine sur cette question ; et vous serez fidèles à votre circoncision.


                        Heureux  résultats

            Ehud se rendit ensuite à la montagne d’Ephraïm. Ephraïm signifie : « lieu au fruit abondant ». C’est précisément dans la mesure où la chair est jugée que nous sommes capables de porter du fruit pour Dieu. Nous avons été associés à Christ par l’Esprit, dans une vie de résurrection, afin que nous portions du fruit pour Dieu. Et le Saint Esprit de Dieu est au-dedans de nous, pour reproduire en nous les traits de Jésus, afin que Dieu soit glorifié à travers nous.
            C’est en Ephraïm qu’Ehud peut sonner de la trompette et rallier le peuple pour lui faire partager la victoire qu’il a remportée. Tel est le résultat de la délivrance : si les canaux ne sont pas obstrués, la vie nouvelle que nous possédons dans l’Esprit coulera, et il y aura de la bénédiction pour d’autres. Contrairement à la chair, la devise du nouvel homme n’est jamais « pour moi tout seul ». Il se réjouit de partager ses joies, et démontre ainsi qu’en vérité : « Tel disperse, et augmente encore » (Prov. 11 : 24).
            Vous me direz peut-être que vous avez bien tenté de juger la chair, mais que vos tentatives ont toujours échoué - qu’elle est décidément trop forte pour vous. Mais, assurément, vous avez oublié que Dieu a envoyé son Esprit dans votre cœur, et qu’Il est là pour chasser la chair et faire place à Christ. Tout dépend désormais de ce que vous désirez. Christ vous est-il devenu indispensable ? Avez-vous trouvé en Lui, et dans son amour, une part si précieuse que vous vous écriez : Lui seul peut me suffire ? Alors, dans la dépendance de l’Esprit, votre chemin sera vraiment lumineux.
            Mais ne perdez jamais de vue la mort de Christ : que sa croix soit votre gloire, car elle est le chemin de la victoire. C’est sur les rives du Jourdain, image de notre mort avec Christ, qu’Ehud a frappé dix mille Moabites.


                             Et le pays se reposa quatre-vingts ans

            Quelle douceur dans cette parole ! C’est atteindre le port après avoir connu la mer agitée ; c’est la maison après la fatigue du combat ; c’est l’expérience de celui qui peut dire : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 7 : 25), et qui trouve désormais ses délices et sa nourriture en Lui seul.

 

                        Pesons bien les choses

            Y a-t-il le moindre avantage à vivre selon la chair ? Qu’en dit l’Ecriture ?
            « La pensée de la chair est la mort » (Rom. 8 : 6). « Celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption » (Gal. 6 : 8). C’est le résultat présent, et l’expérience invariable de tous ceux qui sèment pour la chair. Le moment des semailles peut avoir apporté de la satisfaction, mais la moisson a produit esclavage et chagrin, regret et mort spirituelle. « Si vous vivez selon la chair vous mourrez » (Rom. 8 : 13). Tel est l’aboutissement de ce chemin.

            Mais quel est l’avantage de vivre et marcher par l’Esprit ?
            « La pensée de l’Esprit, vie et paix » (Rom. 8 : 6). « Si, par l’Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8 : 13). « Celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle » (Gal. 6 : 8).

            Il peut nous être utile, pour la suite de notre étude, de comparer les œuvres de la chair et le fruit de l’Esprit en citant Galates 5 : 19-23 :
                        - les œuvres de la chair : « Or les œuvres de la chair sont évidentes ; ce sont : la fornication, l’impureté, l’impudicité, l’idolâtrie, la magie, les haines, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les divisions, les sectes, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les orgies, et tout ce qui y ressemble ».
                         - le fruit de l’esprit : « Mais le fruit de l’esprit est  l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi ».

             « Le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice, et vérité » (Eph. 5 : 9) 
      
                       
                        La victoire finale

            Mais le moment vient où la chair n’exercera plus son influence. En effet : « Une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s’élèvera d’Israël, et transpercera les coins de Moab » (Nom. 24 : 17). Dans sa vision prophétique, Balaam annonce la domination future du Messie sur Moab. Christ doit se lever comme l’étoile de l’espérance pour son peuple asservi, prendre le sceptre, et, en gouvernant avec justice, délivrer à jamais Israël de ses oppresseurs. Ce qui est encore à venir pour Israël, doit s’accomplir dès maintenant pour nous. Jésus Christ doit être l’Etoile qui nous guide, notre lumière, notre espérance, celui qui nous conduit. Il doit avoir autorité dans notre vie. Puisse-t-il en être ainsi ! Mettons-le « sur le trône » de nos cœurs, couronnons-le de notre affection entière. Qu’Il ait, Lui, la première place.

            Qu’Il soit Seigneur de tout !

 

D’après J. T. Mawson


A suivre