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REFLEXIONS  SUR  LES  ACTES  DES  APOTRES  (4-7)


Chapitre 4
       L’opposition de Satan ne peut entraver l’œuvre de Dieu
       Un témoignage irréfutable
       Un beau tableau de la vie de l’assemblée
Chapitre 5
       Jugement du mal dans l’assemblée
       Crainte de Dieu et progression de l’évangile
Chapitre 6
       Nouvelle difficulté dans l’assemblée
       Puissance et croissance de la parole de Dieu
Chapitre 7
       Témoignage d’Etienne
       Dernier appel à la conscience du peuple juif
       Vision glorieuse du premier martyr chrétien

      

Chapitre 4

                       
L’opposition de Satan ne peut entraver l’œuvre de Dieu

            Nous trouvons dans les premiers versets la réponse donnée par les chefs de la nation juive à l’offre de grâce de Dieu. Cette offre était basée sur la résurrection du Seigneur Jésus, ce qui la rendait particulièrement offensante pour les sadducéens et pour les sacrificateurs qui étaient de ce parti. Ils la rejettent de la manière la plus absolue en faisant arrêter les apôtres. Mais l’œuvre de Dieu se poursuit par un nombre croissant de conversions (v. 4). Et le lendemain, lorsque Pierre comparaît devant le sanhédrin, c’est pour lui une nouvelle occasion de rendre témoignage en répondant aux questions qui lui sont posées au sujet de la puissance et du nom par lesquels il a agi (v. 7).
            Le nom et la puissance étaient ceux de Jésus Christ le Nazaréen qu’ils avaient crucifié et que Dieu avait glorifié. En Lui, le verset 22 du Psaume 118 avait eu son accomplissement et Pierre va élargir son témoignage en partant du particulier pour aller au général. La puissance du Nom était manifeste devant leurs yeux dans le cas particulier de l’homme boiteux qui avait été guéri ; elle était la même pour le salut des hommes en général. La guérison physique de l’homme n’était qu’un signe de la guérison « spirituelle » que le nom de Jésus apporte. Jésus de Nazareth, le méprisé, est la seule porte du salut.

                        Un témoignage irréfutable

            Les versets 13 à 22 montrent de la manière la plus frappante combien le témoignage de Pierre était justifié. Selon les normes du monde, les apôtres étaient des hommes sans instruction et du commun, mais ils avaient été « avec Jésus » et ils avaient de la hardiesse. Cela impressionne les membres du sanhédrin qui étaient prêts à les condamner. Trois éléments les en empêchent :
                        - « ils n’avaient rien à opposer » (v. 14) ;
                        - ils doivent confesser : « nous ne pouvons pas le nier » (v. 16) ;
                        - ils ne trouvent pas « comment ils pourraient les punir » (v. 21).

            Lorsque les hommes veulent discréditer une chose quelconque, ils cherchent en général d’abord à la nier si c’est possible. Sinon, ils trouvent un moyen ou un autre de la critiquer, de la dénaturer au besoin. Enfin, si leurs plans ne réussissent pas, ils s’en prennent aux personnes impliquées : ils les noircissent et les punissent. Le sanhédrin a recouru à ces trois moyens bien connus, qui ont cependant tous échoué, parce que ces hommes combattaient contre Dieu. Ils ne peuvent que menacer les apôtres et leur enjoindre de ne plus proclamer le nom de Jésus. Pierre rejette leur ordre : Dieu ne leur avait-il pas commandé de prêcher au nom de Jésus ? C’est Lui l’Autorité suprême à qui ils devaient obéir plutôt qu’à eux.

                        Un beau tableau de la vie de l’assemblée

            Nous avons ici une belle image de l’Eglise primitive à Jérusalem (v. 23-27). Relâchés par le sanhédrin, les apôtres vont « vers les leurs ». Nous voyons par là que l’Eglise, à l’origine, était une compagnie distincte et séparée du monde, y compris du monde religieux du judaïsme. Ce point mérite une mention toute spéciale à une époque où le monde et l’Eglise sont tellement mélangés.
            L’Eglise trouve sa ressource dans la prière. Au milieu des circonstances difficiles, elle se tourne vers Dieu et non pas vers les hommes. Elle aurait pu demander d’avoir affaire à un sanhédrin moins dominé par les sadducéens, plus libéral et plus ouvert, mais les croyants ne se sont pas agités pour l’obtenir ; ils ont simplement recherché la face de Dieu, le Souverain des hommes.
            Dans leur prière, ils se fondent sur la Parole de Dieu. Le Psaume 2 répand sa lumière sur leur situation. L’interprétation de ce psaume indique qu’il est d’abord pour les derniers jours, mais ils en retirent l’application pour leur époque. L’Eglise à ses débuts était caractérisée par la soumission à la Parole ; elle y trouvait toute la lumière et toutes les directions dont elle avait besoin. C’est là aussi un point très important et instructif.
            Ces croyants du commencement étaient encore caractérisés par un souci beaucoup plus grand pour la gloire du nom de Jésus que pour la recherche de leurs aises et de leur confort. Ils ne demandent pas que les persécutions et l’opposition cessent, mais qu’ils aient toute hardiesse pour annoncer la Parole et qu’il se fasse des miracles pour la gloire de Son nom. L’Eglise est le lieu où ce Nom a tout son prix.
            En conséquence, il y a une manifestation exceptionnelle de la puissance de l’Esprit. Ils sont tous remplis du Saint Esprit ; le lieu où ils sont assemblés est ébranlé et la prière par laquelle ils demandaient pour eux une hardiesse particulière est aussitôt exaucée. Plus encore, il leur est accordé ce qu’ils n’ont pas demandé : ils sont tous « un cœur et une âme ». Cela découle évidemment de ce que le « seul et même Esprit » remplissait chacun d’entre eux. Si aujourd’hui tous les croyants étaient remplis de l’Esprit, ils seraient caractérisés par l’unité de cœur et d’esprit. C’est la seule manière de parvenir à une telle unité.
            Le trait suivant (v. 33) découle de cela. Il y a une grande puissance dans le témoignage que les apôtres rendent devant le monde. L’Eglise elle-même ne prêche pas mais, pleine de grâce et de puissance, elle soutient ceux qui annoncent la Parole. Alors comme maintenant la prédication est le fait de ceux que Dieu a appelés à ce service ; mais la puissance avec laquelle ils s’en acquittent dépend dans une large mesure de l’état qui caractérise l’Eglise entière !
            Les derniers versets montrent que si un témoigne puissant est rendu à l’extérieur, à l’intérieur on trouve l’amour et la sollicitude. La vie communautaire chrétienne, relevée à la fin du chapitre 2, continue. La distribution se faisait à chacun, « selon ses besoins » (v. 35). Il était pourvu non pas aux désirs, mais aux besoins de chacun, de sorte que personne ne manquait de rien. Plus tard, Paul a pu dire : « Je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations » (Phil. 4 : 12), mais les saints à Jérusalem à cette époque n’ont pas fait ces expériences-là. Le fait d’y avoir échappé, alors que Paul a dû les connaître, a-t-il été un avantage pour eux ? La question reste ouverte, bien que nous puissions penser qu’ils ont plutôt subi une perte. Quoi qu’il en soit, le geste de Barnabas est très beau ; et l’amour et la sollicitude manifestés dans l’Église d’alors devraient exister aujourd’hui, même si la manière de les exprimer peut varier.


Chapitre 5

                        Jugement du mal dans l’assemblée

            Ce chapitre s’ouvre sur un incident solennel qui met en évidence un dernier trait caractéristique de l’Eglise primitive : la puissance de Dieu y exerçait une sainte discipline. Sans aucun doute le cas d’Ananias et de Sapphira est exceptionnel. Lorsque Dieu institue quelque chose de nouveau, il semble qu’Il prend soin de signaler sa sainteté en faisant un exemple de ceux qui la bravent. Il l’a fait à l’égard de l’homme qui, dans le désert, n’a pas gardé le sabbat (voir Nom. 15 : 32-36), comme à l’égard d’Acan lorsque Israël commençait à entrer dans le pays de Canaan (voir Jos. 7 : 18-26) ; il le fait ici à l’égard d’Ananias et de sa femme. Plus tard dans l’histoire d’Israël plusieurs ont violé le sabbat et plusieurs ont pris des biens interdits de Babylone sans subir pareil châtiment ; et dans le cours de l’histoire de l’Eglise beaucoup ont agi avec dissimulation et ont menti sans être frappés de mort.
            Dans ce cas, deux choses mauvaises très proches, la convoitise et la vanité, se cachaient derrière le mensonge. Ananias voulait garder pour lui une partie de l’argent tout en se donnant la réputation d’avoir consacré au Seigneur la somme entière, comme Barnabas l’avait fait ! Telle est la pensée de la chair, même chez un saint. Combien d’entre nous n’ont jamais connu dans leur cœur des tentations coupables de ce genre ? Dans ce cas toutefois, Satan était à l’œuvre et, par ce malheureux couple, il lance un défi direct au Saint Esprit présent dans l’Eglise. Le Saint Esprit relève le défi et manifeste sa présence de cette façon énergique et évidente. Pierre le discerne, lorsqu’il dit à Sapphira : « Comment êtes-vous convenus entre vous de tenter l’Esprit du Seigneur ? » (v. 9).
            Ainsi, le défi de Satan n’a fait que servir les intérêts du Seigneur et de son évangile : les versets qui suivent le montrent. En premier lieu, cet incident provoque une grande crainte chez tous ceux qui en entendent parler et même dans toute l’assemblée. Nous avons ici un élément qui fait grandement défaut dans l’Eglise aujourd’hui - pour ne rien dire des hommes en général. La crainte de Dieu dans le cœur des saints est une chose très salutaire, et elle est tout à fait compatible avec le sentiment profond de l’amour de Dieu. Paul avait cette crainte en pensant à la lumière du tribunal du Christ (voir 2 Cor. 5 : 10-11), mais pour l’incrédule, il ne s’agira pas de crainte, ce sera une terreur positive. Une sainte crainte, venant d’un sentiment profond de la sainteté de Dieu, est très souhaitable.

                        Crainte de Dieu et progression de l’évangile

            Comme l’indiquent le début du verset 12 et les versets 15 et 16, la puissance miraculeuse de Dieu exercée par l’intermédiaire des apôtres n’est pas diminuée. Au contraire elle est accrue puisque la simple « ombre » de Pierre opère des miracles. La parenthèse des versets 12 à 14 permet de constater qu’après cet incident, on avait de la crainte à se joindre à la compagnie des croyants. Ce n’était cependant pas réellement une perte, car cela arrêtait tout ce qui n’aurait été qu’un mouvement de masse et qui aurait introduit de la fausseté dans l’Eglise. Le verset 14 montre que la véritable œuvre de Dieu n’a pas été entravée. De simples professants, sans la vie de Dieu, peuvent être ajoutés extérieurement à l’Église, mais seuls sont ajoutés au Seigneur ceux en qui une œuvre de Dieu s’est opérée pour la vie. Ainsi la triste affaire d’Ananias et de Sapphira a tourné au bien de l’Église, même si, pour l’observateur superficiel, elle peut sembler être un coup dur porté à son avenir.
            Après cette intervention particulière de Dieu en bénédiction, nous voyons au verset 17 Satan reprendre l’offensive. Les sacrificateurs et les sadducéens, remplis de jalousie, arrêtent de nouveau les apôtres. Dieu répond en envoyant un ange ouvrir les portes de la prison et libérer ses serviteurs. Le lendemain, lorsque leur fuite est découverte, ils sont une nouvelle fois arrêtés, mais sans violence. Par leurs paroles, les sacrificateurs reconnaissent la puissance de Dieu qui s’est exercée et admettent que Jérusalem a été remplie de l’enseignement des apôtres. Mais ils manifestent la dureté de leur cœur en déclarant : « Vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme ! » (v. 28). Ils avaient pourtant dit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (Matt. 27 : 25) En fait Dieu allait les prendre au mot et amener ce sang sur eux.
            La réponse de Pierre est brève et simple : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (v. 30). Puis une fois encore il résume pour eux leur témoignage et le répète. L’Esprit Saint et eux-mêmes étaient témoins de la résurrection de Jésus qu’ils avaient, eux, mis à mort. Mais Dieu l’avait exalté, non pas pour être en ce moment le Juge qui ferait tomber la condamnation sur leurs têtes coupables, mais « comme Prince et Sauveur, afin de donner à Israël la repentance et le pardon des péchés » (v. 31). La repentance, aussi bien que le pardon, est considérée comme un « don ».
            Quoique la grâce et le pardon soient encore le contenu du message de Pierre, les Juifs sont remplis de rage. La grâce suppose le péché et la culpabilité, ce qu’ils n’étaient pas disposés à admettre. Aussi tiennent-ils conseil pour les faire mourir. Satan est meurtrier dès le commencement, et sous son influence, leurs cœurs sont remplis de pensées de meurtre. Mais Dieu a de nombreux moyens de contrecarrer les mauvais desseins des hommes et, dans ce cas, il se sert de la sagesse humaine du célèbre Gamaliel, celui qui avait pour disciple Saul de Tarse.
            Gamaliel cite deux cas récents d’hommes qui s’étaient levés, « se prétendant être quelqu’un », le genre de personnes auxquelles le Seigneur fait allusion en Jean 10, lorsqu’il parle de ceux qui montent par ailleurs et qui sont des voleurs et des larrons. Ces hommes ont tous péri, et Gamaliel émet la pensée que si Jésus avait été l’un de ces faux bergers, et non pas le vrai Berger d’Israël, son dessein aussi aurait été réduit à néant. L’avertissement de Gamaliel est entendu et les apôtres sont relâchés, mais non sans avoir été battus et avoir reçu l’ordre de mettre fin à leur témoignage.
            Le sanhédrin voulait faire la guerre à Dieu ; les apôtres se réjouissent d’avoir été estimés dignes de souffrir pour le Nom et ils continuent à rendre témoignage avec zèle tant en public dans le temple que d’une manière plus privée, de maison en maison.


Chapitre 6

           
Le grand adversaire, Satan lui-même, était derrière toutes les attaques et les difficultés auxquelles l’Eglise primitive à Jérusalem devait faire face. C’est lui qui a poussé les sadducéens à user de violence et d’intimidation. C’est lui qui a incliné le cœur d’Ananias au mensonge et a ainsi introduit la corruption, tentant l’Esprit du Seigneur. Mais maintenant que ses premières attaques ont été déjouées, il agit d’une façon plus subtile : il va exploiter les petits différends qui existaient au sein de l’Eglise. Les « Hellénistes » mentionnés dans le premier verset de ce chapitre n’étaient pas des Gentils ; c’étaient des Juifs de langue maternelle grecque venus des pays d’où ils avaient été chassés, tandis que les « Hébreux » étaient les Juifs natifs de Jérusalem et de la Palestine.

                        Nouvelle difficulté dans l’assemblée                    

            La première difficulté survenue à l’intérieur de l’Eglise, et la plus grande - celle causée par Ananias - était en relation avec l’argent. Si la deuxième ne concernait pas l’argent, elle touchait un domaine très proche, puisqu’il s’agissait de la distribution des ressources journalières, conséquence de la mise en commun de toutes choses. Dans le premier cas, le trouble provenait de la volonté d’amasser des biens ; dans le second, il venait de la répartition de l’argent ou de son équivalent. Ceux qui venaient de loin s’estimaient défavorisés par rapport aux habitants du pays. Le grave incident du chapitre précédent n’avait donné lieu qu’à une petite difficulté, car celle-ci avait été immédiatement réglée dans la puissance de l’Esprit ; tandis que les murmures peu importants de notre chapitre ont créé un très grand problème, comme nous allons le voir. Il en a presque toujours été ainsi dans l’histoire de l’Eglise : les cas les plus difficiles à régler sont ceux où, à la base, il n’y a pratiquement rien à régler.
            C’est un « murmure » qui s’est élevé, mais les apôtres n’ont pas attendu qu’il se transforme en un cri puissant. Ils discernent le but de Satan qui était de les détourner de la prédication de la Parole pour les orienter vers un service social ; aussi prennent-ils les mesures nécessaires pour mettre fin à toutes les objections. Ils invitent l’assemblée à choisir, pour s’occuper de cette affaire, sept hommes « qui aient un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » (v. 3). Il fallait que leur service soit caractérisé par une sagesse et une honnêteté au-dessus de tout reproche.
            Dans cette affaire, l’Eglise devait choisir ceux qui rempliraient ce service ; mais alors il s’agissait de la distribution de fonds et de nourriture qu’elle-même avait fournies. Nous ne voyons jamais que l’Eglise soit appelée à choisir ou à nommer des anciens, des surveillants ou des ministres de la Parole : en effet, les dons de grâce ou dons spirituels dont ceux-ci font part ne leur sont pas donnés par l’Eglise, mais viennent de Dieu. Leur désignation et leur ordination appartiennent donc à Dieu seul. Paul, s’adressant aux anciens d’Ephèse, leur dit : « L’Esprit Saint vous a établis surveillants ». Dieu désigne ceux qu’il appelle à administrer sa grâce.
            Les apôtres continuent ainsi à persévérer dans la prière et dans le service de la Parole. Pour ceux qui sont enseignés, c’est la Parole qui vient en premier (voir 1 Tim. 4 : 5), car nous ne prierons correctement que dans la mesure où nous sommes instruits dans la Parole. Pour ceux qui servent, la prière doit avoir la première place, car sans elle, ils ne présenteront pas fidèlement la Parole.
            Tout comme la sagesse avait caractérisé les apôtres, la grâce l’emporte dans l’Eglise. En effet, les sept hommes choisis ont tous des noms qui trahissent une origine grecque plutôt que d’entre les Hébreux, et l’un d’entre eux est qualifié de prosélyte, ce qui sous-entend qu’il venait même d’entre les Gentils. De cette manière la multitude prenait soin de faire taire tous les murmures et toutes les questions, fondés ou non. Les apôtres s’identifient à ce choix en imposant les mains aux sept hommes après avoir prié. L’adversaire derrière la scène était une nouvelle fois mis en échec.

                        Puissance et croissance de la parole de Dieu

            C’était plus qu’un échec pour Satan : non seulement les apôtres n’avaient pas été détournés du service de la Parole de Dieu, mais sa diffusion connaissait une forte croissance et il y avait de nombreuses conversions ; même une grande foule de sacrificateurs avait été touchée. En outre, l’un des sept, Etienne, devint un instrument spécial de la grâce et de la puissance de l’Esprit de Dieu ; à tel point que le reste de notre chapitre et tout le chapitre 7 nous relatent ce que Dieu a opéré par son moyen jusqu’au moment de son martyre.
            La puissance opérant en Etienne est si manifeste qu’elle suscite de l’opposition dans d’autres endroits. Les hommes des différentes synagogues mentionnées dans le verset 9 appartenaient apparemment tous à la classe grecque, comme Etienne lui-même. Face à la puissance de l’Esprit en Etienne, leur habileté à raisonner n’a aucun poids, aussi ont-ils recours au stratagème habituel : les faux témoins et la violence. Ils placent Moïse avant Dieu (v. 11) ; car ils savent bien ce qui est le plus apte à exciter les passions de la foule pour laquelle Moïse, un homme, était plus réel que le Dieu invisible. De même, au verset 13, « le saint lieu » qui était là devant leurs yeux est mentionné avant la loi ; et enfin « les coutumes que Moïse nous a transmises » étaient probablement ce qui leur tenait le plus à cœur. Ils traînent alors Etienne devant le sanhédrin et l’accusent de blasphémer et de présenter Jésus de Nazareth comme le destructeur de leur saint lieu et de leurs coutumes. Leur accusation avait ceci de vrai que la venue de Jésus avait effectivement marqué un nouveau départ dans les voies de Dieu.
            La controverse entre la nation et Dieu était ainsi portée en public. Ils jettent le gant et Dieu relève le défi en remplissant Etienne de son Esprit au point que son visage en est transformé et que tout le monde le voit. Par sa bouche, le Saint Esprit va donner un dernier témoignage contre la nation. Le sanhédrin est mis en accusation devant Dieu par le Saint Esprit qui s’exprime par l’homme même qu’ils accusaient.


Chapitre 7

                        
Témoignage d’Etienne

            L’histoire du peuple a commencé lorsque Dieu a appelé Abraham à quitter son pays et sa parenté pour se rendre dans le pays qu’il lui montrerait où il deviendrait une grande nation (Gen. 12 : 1-3). C’est un événement qui a fait date. Nous ne pouvons en effet manquer de remarquer que les chapitres 1 à 11 du livre de la Genèse couvrent une période plus longue que celle qui remplit le reste de l’Ancien Testament. L’appel d’Abraham marque un nouveau départ dans les voies de Dieu envers la terre et c’est à cet endroit qu’Etienne commence son discours.
            La Genèse nous dit que l’Eternel apparut à Abraham ; mais Etienne le connaît et parle de Lui sous un jour nouveau. L’Eternel qui est apparu à Abraham est « le Dieu de gloire », le Dieu de scènes infiniment plus glorieuses que ce que le monde peut offrir, même sous ses aspects les meilleurs et les plus beaux. Cela explique sans doute comment Abraham, par la foi, a pu saisir les choses célestes dont il est parlé en Hébreux 11 : 10-16. Appelé par le Dieu de gloire, il a eu au moins un aperçu de la cité et du pays où la gloire demeure. Etienne commence son discours par cette note élevée et le termine, comme nous le savons, par Jésus dans la gloire de Dieu.
            Le but principal de ce discours remarquable était manifestement d’amener le peuple à la conviction de leur culpabilité, tant celle de leurs pères que la leur, en résistant aux opérations de Dieu par son Esprit tout au long de leur existence. Etienne insiste particulièrement sur ce qui s’est passé chaque fois que Dieu a suscité des serviteurs pour instituer quelque chose de nouveau dans leur histoire. Celle-ci a été marquée par toute une série de tournants, plus ou moins significatifs. Le premier a été l’appel d’Abraham, mais ensuite il y a eu Joseph, Moïse, Josué, David, Salomon ; tous sont mentionnés bien qu’Etienne s’attarde davantage sur les trois premiers que sur les trois derniers. Aucun d’entre eux n’a vraiment trouvé d’écho auprès du peuple, et même Joseph et Moïse ont été complètement rejetés au début. Il termine par la septième intervention, qui mettait jetait dans l’ombre toutes les précédentes : la venue du « Juste », et c’est Lui qu’ils venaient de mettre à mort.
            Etienne montre très clairement que les chefs juifs de son temps ne faisaient que répéter, sous une forme aggravée, le péché de leurs pères. Les patriarches vendirent Joseph en Egypte parce qu’ils étaient « pleins de jalousie », et Matthieu rapporte les efforts que Pilate fit pour relâcher Jésus, « car il savait qu’ils l’avaient livré par jalousie » (Matt. 27 : 18). Moïse aussi a entendu cette parole qui l’a fait fuir : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? » (Ex. 2 : 14) ; elle a été prononcée par l’un de ses frères et non pas par un Egyptien. Sa réjection n’est pas venue de l’extérieur, mais des siens. Pour Jésus, il en a été de même.
            Exode 2 ne nous parle pas de la renommée et de la puissance de Moïse à la fin des quarante premières années de sa vie dans les termes du verset 22 de notre chapitre. Il était un homme instruit, puissant dans ses paroles et dans ses actions lorsqu’il lui vint au cœur de s’identifier à son propre peuple, qui était le peuple de Dieu. Après ce pas, il a dû éprouver un choc terrible en voyant qu’il était rejeté par eux. À la parole de l’un d’entre eux, il s’enfuit. Nous lisons en Hébreux 11 : 27 qu’il ne craignit pas la colère du roi, toutefois il ne put supporter ce refus de la part des siens. Il avait agi dans la conscience de ses capacités exceptionnelles, et maintenant il devait être instruit par Dieu derrière le désert pendant 40 ans pour apprendre que ses capacités n’étaient rien et que la puissance de Dieu était tout. En cela, il est en contraste avec notre Seigneur, bien qu’il en soit un type dans la réjection qu’il a dû connaître.
            Leurs pères ont rejeté une nouvelle fois ce Moïse après qu’il les eut délivrés de leur captivité et conduits dans le désert. En le rejetant, c’est en fait l’Eternel qu’ils rejetaient, pour se livrer à l’idolâtrie sous une forme très grossière. Non seulement lorsqu’ils furent dans le pays, mais dans le désert déjà ils étaient négligents à l’égard des sacrifices à l’Eternel et se livraient aux idoles, préparant ainsi la voie de la captivité à Babylone. Dieu avait pourtant encore suscité David, et puis Salomon avait construit le temple. Mais eux se glorifiaient de la maison (voir Jér. 7 : 4), comme si la simple possession de ces bâtiments garantissait tout, alors qu’en fait Dieu habite dans les cieux des cieux, bien au-dessus des plus magnifiques édifices de la terre.

                        Dernier appel à la conscience du peuple juif

            Les dernières paroles d’Etienne (v. 51-53) sont empreintes d’une grande puissance. Elles constituent une sorte d’appendice aux paroles du Seigneur lui-même rapportées en Matthieu 23 : 31-36, et terminent l’acte d’accusation par la terrible conclusion qu’ils ont livré et mis à mort le Juste. Leur position devant Dieu était fondée sur la Loi, et bien qu’ils l’aient reçue par le ministère des anges, ils ne l’avaient pas gardée. La Loi transgressée par une idolâtrie flagrante et la mise à mort du Messie : voilà les deux grands chefs d’accusation contre les Juifs, et les deux sont mis en évidence à la fin du discours d’Etienne.
            Par la bouche d’Etienne, le Saint Esprit avait complètement retourné la situation et les persécuteurs d’Etienne se trouvent maintenant au banc des accusés au lieu d’occuper les sièges des juges. La manière abrupte dont Etienne termine son récit historique pour prononcer l’accusation de Dieu contre eux doit avoir conféré une puissance toute particulière à ses paroles. Le coup porte ; ils sont remplis de rage.
            Une seule personne est calme et c’est évidemment Etienne. Plein de l’Esprit, il a une vision surnaturelle de la gloire de Dieu et de Jésus dans cette gloire ; et il rend aussitôt témoignage de ce qu’il voit. Ezéchiel avait vu « la ressemblance d’un trône » et « une ressemblance comme l’aspect d’un homme, dessus, en haut » (1 : 26) ; Etienne, lui, voit non pas simplement une « ressemblance » ou un « aspect », mais l’Homme lui-même « debout à la droite de Dieu » (v. 56). Jésus, celui qui a été crucifié, est maintenant l’Homme de la droite de Dieu : il est le puissant Chef par lequel Dieu administrera l’univers !
            Dans son discours, Etienne avait mentionné que Joseph était devenu le sauveur de ses frères, malgré son rejet par eux, et que finalement, ils avaient tous dû se prosterner devant lui. Il avait aussi rappelé que Moïse, d’abord rejeté, était devenu à la fois le conducteur et le libérateur d’Israël. Maintenant il rend témoignage d’un fait semblable mais infiniment plus grand, en relation avec Jésus. Le Juste qu’ils ont mis à mort, va devenir leur Juge, et à la fin, pour ceux qui le reçoivent, il sera le grand Libérateur. Sa présence dans la gloire en était le gage, et Etienne le voyait là.

                        Vision glorieuse du premier martyr chrétien

            Tout à fait incapables de réfuter les paroles d’Etienne ou de leur résister, les chefs juifs se précipitent sur lui pour le mettre à mort, accomplissant ainsi les paroles du Seigneur rapportées en Luc 19 : 14, où nous lisons qu’après le départ de l’homme noble, ses concitoyens qui le haïssaient envoyèrent après lui une délégation disant : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Jésus était encore « debout » dans la gloire ; Il était prêt à accomplir ce que Pierre avait annoncé au chapitre 3 : 20, si seulement ils se repentaient. Ils ne se repentent pas, mais scellent violemment leur refus en lapidant Etienne, l’envoyant à la suite de son Maître au ciel. Un jeune homme nommé Saul occupe une place importante en relation avec ce meurtre : il consent à cette mort et joue en quelque sorte le rôle de superviseur de son exécution. Ainsi, l’histoire de Saul commence au point où s’achève celle d’Etienne.
            Etienne, le premier martyr chrétien, termine sa courte et remarquable carrière comme son Seigneur. Plein de l’Esprit, il a la vision de Jésus dans la gloire. Il n’a rien de plus à dire aux hommes ; ses dernières paroles sont adressées à son Seigneur. Il Lui remet son esprit, et s’étant mis à genoux, il prie pour ses meurtriers. Qui aurait jamais pu prévoir la réponse merveilleuse que lui accorde son Seigneur glorifié : la conversion de Saul, un meurtrier par excellence ? La prière que le Seigneur Jésus a fait monter sur la croix pour ses meurtriers a été exaucée par la prédication de l’évangile, en commençant par Jérusalem ; la prière d’Etienne l’a été par la conversion de Saul. Celui-ci ne l’a jamais oublié (Act. 22 : 20).

 

D’après F. B. Hole

A suivre