REFLEXIONS SUR LES ACTES DES APOTRES (1-3)
Chapitre premier
Jésus ressuscité, donnant des ordres à ses apôtres avant d’être élevé au ciel
Les apôtres avant la venue du Saint Esprit
Chapitre 2
La venue du Saint Esprit
Pierre prêche l’évangile
Les croyants sauvés et rassemblés
Chapitre 3
La puissance du nom de Jésus
Une offre de grâce au peuple, en tant que nation
Le début des Actes des Apôtres se relie d’une manière évidente à l’évangile selon Luc. Ces deux « récits » sont adressés au même Théophile et, si l’on excepte quelques détails supplémentaires concernant les paroles du Seigneur après sa résurrection et une présentation un peu différente de son ascension, le premier chapitre des Actes reprend le récit au point précis où l’évangile de Luc s’est arrêté. L’évangile conduit jusqu’à sa résurrection et son ascension ; les Actes partent de ces faits glorieux et développent leurs conséquences.
Dans le premier verset, Luc décrit son évangile comme un « premier récit... sur tout ce que Jésus commença de faire et d’enseigner ». Il vaut la peine de relever le mot « commença ». Il implique que Jésus n’a pas cessé de faire et d’enseigner au moment où Il a été élevé au ciel, disparaissant de la vue des hommes. Les Actes nous disent ce qu’Il a fait ensuite, en répandant de la part du Père le Saint Esprit pour pouvoir agir par lui dans des apôtres et d’autres serviteurs. De même, en lisant les épîtres, nous apprenons ce qu’Il a enseigné par les apôtres au temps convenable. Avant d’être élevé, Il a donné aux apôtres les ordres nécessaires « par l’Esprit Saint », alors qu’à ce moment-là ils ne l’avaient pas encore reçu. Dans son évangile, Luc nous a présenté le Seigneur comme l’Homme parfait, agissant toujours dans la puissance de l’Esprit ; dans les Actes, nous le voyons sous le même caractère plein de lumière et de céleste beauté.
Jésus ressuscité, donnant des ordres à ses apôtres avant d’être élevé au ciel
Pendant quarante jours, Jésus s’était présenté comme Celui qui vit au-delà du pouvoir de la mort ; « beaucoup de preuves certaines » de sa résurrection avaient été ainsi données (v ; 3). À l’occasion de ces contacts avec ses disciples, Il leur avait parlé des choses concernant le royaume de Dieu, et leur avait commandé de ne pas s’éloigner de Jérusalem et d’attendre la promesse du Père dont Il les avait déjà entretenus. Jean, qui avait baptisé avec de l’eau, avait désigné le Seigneur comme Celui qui baptiserait de l’Esprit Saint. Et c’est ce « baptême » qu’ils devaient recevoir dans peu de jours.
Le Seigneur avait parlé du royaume de Dieu, mais leurs esprits étaient encore occupés de la restauration du royaume pour Israël. Ils ressemblaient en cela aux deux disciples d’Emmaüs, avec cette différence qu’ils savaient maintenant que le Seigneur était ressuscité. Leur question Lui fournit l’occasion d’indiquer le caractère de leur mission dans la dispensation qui allait s’ouvrir : celle de la pleine manifestation de la grâce divine. Nous voyons déjà en Luc 24 que le Centre du programme n’est pas Israël mais Christ. La venue de l’Esprit donnerait aux apôtres de la puissance, non pas pour travailler à la restauration d’Israël, mais pour être ses témoins - pour rendre témoignage de Christ jusqu’au bout de la terre.
Les quatre cercles du témoignage mentionnés à la fin du verset 8 nous indiquent comment nous pouvons subdiviser ce livre :
- chapitres 1-7 : le témoignage rendu à Jérusalem et en Judée ;
- chapitre 8, l’évangile annoncé dans la Samarie ;
- chapitre 9, l’appel de l’apôtre Paul qui portera l’évangile aux Gentils ;
- dès le chapitre 13, la mission est donnée : « jusqu’au bout de la terre ».
Il pourrait sembler qu’il y a une contradiction entre le fait de « connaître les temps et les saisons » du verset 7 et l’expression semblable que nous trouvons en 1 Thessaloniciens 5 : 1-2 : « Au sujet des temps et des saisons, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive ; car vous savez… ». Ces croyants savaient parfaitement quelles seraient les voies de Dieu à l’égard de la terre, tandis qu’ici nous voyons que nous ne pouvons pas savoir quand cela arrivera, puisque le Père a réservé cet aspect à sa seule autorité. Notre affaire est de rendre un témoignage vrai et fidèle à Christ. Il faut arriver au chapitre 15 pour entendre l’apôtre Jacques établir clairement l’effet et le but de ce témoignage : « …Dieu a commencé à visiter les nations pour en tirer un peuple pour son nom… » (v. 14).
Ayant dit ces choses, Jésus fut élevé de la terre et une nuée - sans doute celle dont il est parlé en Luc 9 : 34 - le « déroba » aux yeux des disciples. Mais deux messagers célestes se tinrent à côté d’eux pour compléter la déclaration que le Seigneur venait de leur faire. Leur mission consistait à rendre témoignage d’un Christ glorifié, et l’espérance placée devant eux était son retour car, disent-ils, « ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous au ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller au ciel ». Son départ n’était pas figuratif, typique ou mystique, mais réel et littéral. De même, Sa venue sera réelle et littérale.
Les apôtres avant la venue du Saint Esprit
Dix jours devaient s’écouler avant la venue de l’Esprit Saint, et le reste du chapitre nous relate comment ces jours d’attente furent remplis. Le nombre des disciples à Jérusalem s’élevait à environ 120 et leur temps était consacré à la prière et la supplication. L’existence d’un témoignage à proprement parler n’était pas possible avant le don de l’Esprit, mais ces croyants pouvaient se tenir sur le terrain sûr de la dépendance totale de Dieu, et y demeurer.
En outre, ils pouvaient se référer aux Écritures et en faire l’application à la situation dans laquelle ils se trouvaient, puisque le Seigneur leur avait ouvert l’intelligence pour comprendre, comme nous le voyons en Luc 24 : 45. Il est remarquable que Pierre soit celui qui prenne l’initiative à cette occasion, lui qui avait péché si gravement quelque six semaines auparavant seulement. Complètement restauré par le Seigneur, il peut alors, d’une manière frappante, citer à propos de Judas deux versets des Psaumes : « Que sa demeure soit déserte, et que personne n’y habite » (v. 20 ; Ps. 69 : 25) et « Qu’un autre prenne sa charge de surveillant » (Ps. 109 : 8). Par « charge de surveillant », il faut entendre « ce service et cet apostolat » dont il est parlé plus loin. Le contenu de la parenthèse des versets 18 et 19 n’a bien évidemment pas été prononcé par Pierre ; c’est Luc lui-même qui nous donne des détails sur la fin horrible de Judas.
Un caractère essentiel de l’apostolat était la connaissance directe du Sauveur ressuscité. Un apôtre devait pouvoir rendre témoignage de lui comme l’ayant vu personnellement dans son état de résurrection ; contraint de revendiquer devant les croyants de Corinthe l’authenticité de son appel, Paul pose entre autre deux questions : « Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? » (1 Cor. 9 : 1). Il l’avait vu, non pas pendant les quarante jours, mais plus tard, sur le chemin de Damas, dans tout l’éclat de Sa gloire ! Toutefois, dès le début il devait y avoir douze témoins de la résurrection du Seigneur, et ainsi Matthias fut choisi. Aux jours de l’Ancien Testament, avant le don du Saint Esprit, on jetait le sort. Au chapitre 13, on voit que cette pratique avait disparu puisqu’il est écrit : « L’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (v. 2).
A la lumière du Nouveau Testament, nous pouvons comprendre que le chapitre 23 du Lévitique nous montre que la Pâque parlait prophétiquement de la mort de Christ : « Notre pâque, Christ, a été sacrifiée » (1 Cor. 5 : 7). De même que la « fête des semaines » selon l’expression de Nombres 28 : 26, la Pentecôte, cinquante jours plus tard, annonçait la venue de l’Esprit dans la puissance duquel « une offrande de gâteau nouvelle » était présentée à Dieu : deux pains des premiers fruits, des croyants tirés d’entre les Juifs et d’autres d’entre les Gentils, sanctifiés par le Saint Esprit. Et comme ce que la Pâque préfigurait a eu lieu le jour même de Pâque, c’est lors de la Pentecôte que s’est réalisé « le jour des premiers fruits ».
Sur Jésus, l’Esprit est descendu comme une colombe ; sur les disciples, Il est venu un son, « comme d’un souffle violent et impétueux » et il leur est apparu sous la forme de « langues divisées, comme des flammes de feu » (v. 2-3). Le vent, perceptible à l’oreille, évoque ce que le Seigneur lui-même a fait en Jean 20 : 22 : « Il souffla en eux ». Les flammes de feu faisaient appel aux yeux, et étaient absolument uniques. Le vent remplit tout ; les langues se posèrent sur chacun. Nous pouvons lier au premier la puissance intérieure et aux secondes, l’expression de la puissance dans ces « autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer ». Lorsque Jésus était ici-bas, on pouvait l’entendre, le voir et le toucher ; l’apôtre Jean peut dire : « ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux… et que nos mains ont touché… la Parole de la vie… » (1 Jean 1 : 1). Lorsque l’Esprit vint, on l’entendit et on le vit, mais sous cette forme mystérieuse.
Il est important de faire d’emblée la distinction entre d’une part le grand fait de la présence de l’Esprit et, d’autre part, les signes et manifestations de sa présence qui sont très variés. Le premier est le don effectif de l’Esprit auquel ces deux passages de l’évangile de Jean font allusion : « L’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore venu, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié (7 : 39) et aussi : « Moi, je ferai la demande au Père, et il vous donnera un autre Consolateur… l’Esprit de vérité… (14 : 16). En Actes 2, il ne s’agit certes que de Juifs mais plus tard, l’Esprit sera répandu sur les Gentils croyants dans la maison de Corneille (10 : 45). Venu ainsi, l’Esprit demeure avec les saints pendant toute cette dispensation de la grâce de Dieu. Suite à ce don de l’Esprit, ils en furent tous remplis ; l’Esprit avait ainsi le plein contrôle de chacun d’eux. Il importe également de distinguer entre le don de l’Esprit et le fait d’être rempli de l’Esprit, puisqu’il est possible de posséder l’Esprit sans en être rempli, comme nous le verrons plus loin. Ici nous trouvons les deux ensemble.
Ceux sur qui l’Esprit descendit étaient des gens qui priaient, imitant en cela leur Seigneur. Ils étaient aussi tous d’un commun accord et par conséquent tous ensemble dans un même lieu. Ce lieu n’est pas spécifié ; ce peut très bien avoir été la chambre haute du chapitre 1, mais il est plus vraisemblable qu’il s’agissait d’une cour du temple, comme le portique de Salomon, vu que les foules entendirent ce que l’Esprit donnait d’énoncer. Quoi qu’il en soit, c’était quelque chose de réel et puissant qui ne pouvait demeurer caché. Dans une sphère limitée, c’était l’inverse de ce qui s’était produit à Babel. Là, la construction de la tour que l’homme dans son orgueil bâtissait avait été arrêtée par la confusion des langues ; ici Dieu signalait le début de l’édifice spirituel qu’il construisait en donnant aux hommes la maîtrise des langues connues à cette époque et en soumettant celles-ci à un ordre car « chacun les entendait parler dans sa propre langue ».
Une autre remarque peut être faite : Lorsque la construction du tabernacle dans le désert fut achevée, l’Eternel prit possession de son habitation par sa présence dans la nuée. Il commença aussitôt à donner à Moïse des instructions au sujet des sacrifices. La liaison entre Exode 40 : 35 et Lévitique 1 : 1-2 le montre : « Moïse ne pouvait entrer dans la tente d’assignation… La gloire de l’Eternel remplissait le tabernacle » et : « L’Eternel appela Moïse, et lui parla, de la tente d’assignation… Quand un homme d’entre vous présentera une offrande à l’Eternel… ». Dans notre chapitre, Dieu prend possession de sa nouvelle maison spirituelle, et parle tout de suite par ses apôtres inspirés. De grandes foules de différents pays entendent annoncer « les choses magnifiques de Dieu » (v. 11).
La perplexité des auditeurs fournit l’occasion de rendre témoignage. Pierre est le porte-parole des onze, qui sont là pour confirmer ce qu’il dit. Il commence par leur citer le passage qui donne l’explication de tout ce qui s’est passé. Le prophète Joël avait annoncé que l’Esprit serait répandu sur toute chair aux derniers jours, et ce qui venait de se produire n’en était qu’un accomplissement partiel, et non pas l’accomplissement définitif. L’expression dont Pierre se sert : « C’est ce qui a été déclaré… » implique que ce qui avait eu lieu était de la même nature que l’événement annoncé par Joël, mais n’était pas nécessairement la réalisation pleine et complète que la prophétie avait en vue. Jean le Baptiseur avait dit de Jésus : « Celui-là... baptise de l’Esprit Saint » (Jean 1 : 33). Le prophète avait annoncé que l’Esprit serait répandu sur toute chair après la repentance d’Israël et la destruction de leurs ennemis. Le jour de la Pentecôte, il y en eut une sorte de « prémices » quand l’Esprit fut répandu sur ceux qui constituaient dès lors le noyau de l’Église. Telle était la véritable explication de ce qui s’était produit. Les apôtres n’étaient pas pleins de vin doux mais remplis de l’Esprit.
Pierre ne s’arrête toutefois pas là ; il va montrer pourquoi ce baptême de l’Esprit a eu lieu. Il venait directement de Jésus, exalté maintenant à la droite de Dieu. Dès le verset 22, Pierre replace ses auditeurs devant les scènes de la crucifixion, de la résurrection et de l’exaltation du Seigneur. Jésus le Nazaréen avait été, de manière très manifeste, accrédité de la part de Dieu pendant les jours de son ministère, et pourtant ils l’avaient fait périr par la main d’hommes iniques. Il avait été livré « selon le dessein arrêté et la préconnaissance de Dieu », car Dieu sait tourner la colère de l’homme à sa louange et accomplir ainsi ses desseins de bénédiction. Mais cela ne diminue en rien la responsabilité de l’homme. Le verset 23 montre clairement que la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme ne s’opposent pas l’une à l’autre, même si dans nos raisonnements incrédules et tortueux nous avons de la peine à les concilier. « Jésus… a été livré selon le dessein arrêté et la préconnaissance de Dieu - vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr… ».
Ce que les hommes ont fait dans leur méchanceté, Dieu l’a anéanti en triomphe. L’opposition entre leurs plans et ceux de Dieu était complète ! Cela annonçait leur défaite et leur rejet total le moment venu, d’autant plus que la résurrection avait été prévue par Dieu et prédite par David dans le Psaume 16. Or David ne peut pas avoir dit cela au sujet de lui-même, car il a été enseveli et à cette époque, l’emplacement de son sépulcre était bien connu d’eux tous. C’est de Christ qu’il parle lorsqu’il dit : « Tu ne laisseras pas mon âme en hadès et tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption » (v. 27). Et ces choses ont eu leur accomplissement : son âme n’a pas été laissée en hadès et sa chair non plus n’a pas vu la corruption ; non seulement Jésus a été ressuscité, mais Il a été élevé dans le ciel.
Comme Homme exalté, Jésus a reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis et l’a répandu sur ses disciples. À son baptême, Il a reçu l’Esprit Saint pour lui-même comme Homme dépendant ; Il reçoit maintenant ce même Esprit Saint pour d’autres comme étant leur Représentant. Lorsque cet Esprit fut répandu, ces croyants furent baptisés en un seul corps et furent constitués les membres de Christ. Ce sera l’enseignement des apôtres, de Paul en particulier.
Dans les versets 34 à 36, Pierre fait un pas de plus dans son argumentation et la porte à son point culminant. David avait annoncé prophétiquement que son Seigneur serait exalté à la droite de Dieu. David lui-même n’était pas monté dans les cieux, il n’était pas non plus ressuscité d’entre les morts. Celui dont il parlait devait occuper le siège de l’administration et de la puissance jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds. D’où la conclusion qui s’impose : ce qu’ils avaient vu et entendu, l’Esprit répandu, prouve sans aucun doute possible que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus qu’ils avaient crucifié :
- comme Seigneur, Il est le grand Administrateur pour Dieu soit en bénédiction soit en jugement. Le fait de répandre l’Esprit était un acte administratif qui a révélé qu’Il était le Seigneur.
- en tant que Christ, Il est le Chef oint sur toutes choses, et en particulier sur la petite poignée des siens laissés sur la terre. Le fait que, pour eux, Il a reçu du Père l’Esprit avant de le répandre a manifesté qu’Il était le Christ !
S’il a été « fait » Seigneur et Christ, cela n’implique nullement qu’il n’ait pas été l’un et l’autre pendant qu’il était ici-bas. Il a toujours été Seigneur et Christ, mais maintenant, comme Homme exalté et glorifié, Il était établi officiellement en tant que tel. Quelle nouvelle merveilleuse pour nous, croyants, mais qu’elle était terrible pour ceux qui s’étaient rendus coupables de la crucifixion du Seigneur ! Elle ne faisait que confirmer leur condamnation s’ils persistaient dans leur voie.
Les croyants sauvés et rassemblés
L’Esprit qui vient de descendre sur les disciples se met maintenant à travailler la conscience de nombreux auditeurs. Commençant à réaliser la situation désespérée dans laquelle la résurrection du Seigneur les a placés, ils sont saisis dans leur cœur et réclament du secours. Pierre indique la repentance et le baptême au nom de Jésus Christ comme étant le chemin pour le pardon des péchés et le don du Saint Esprit. Et au verset 39, il montre que la promesse de Joël s’adresse aux Israélites repentants, à leurs enfants, et aussi à « tous ceux qui sont loin » : les Gentils. Ainsi l’extension des bénédictions de l’évangile aux Gentils est présentée dans le premier sermon chrétien. Le pardon des péchés et le don de l’Esprit englobent toutes les bénédictions chrétiennes.
Il est frappant que Pierre ne mentionne pas la foi. Mais celle-ci est comprise, car celui qui n’aurait pas cru au Seigneur Jésus ne se serait pas soumis au baptême pour Son nom. La signification du baptême d’eau, c’est la mort (Rom. 6 : 3-4), et par conséquent, pour ces nouveaux convertis, il signifie la rupture avec la vie basée sur le culte des idoles et les relations marquées par le paganisme. Or personne n’aurait voulu interrompre son ancien genre de vie s’il n’avait pas une foi réelle en Celui qui était le Seigneur de la vie nouvelle. Par plusieurs autres paroles Pierre les conjurait et les exhortait à briser leurs liens et à se sauver ainsi de cette « génération perverse ».
Trois mille personnes environ reçurent avec foi les paroles de Pierre. Une heure auparavant elles avaient le cœur saisi d’angoisse et tourmenté. Maintenant elles reçoivent l’évangile et rompent leurs liens avec le passé par le baptême d’eau. S’étant ainsi séparées de leur nation coupable dans son ensemble d’avoir crucifié son Seigneur, elles viennent s’ajouter aux cent vingt du début, dont le nombre se trouve semble-t-il de ce fait multiplié par vingt-six en un jour. De plus, elles ne s’arrêtent pas à ce premier pas, mais, au contraire, elles sont caractérisées par la persévérance.
Les quatre traits qui sont attribués à ces croyants au verset 42 valent la peine d’être relevés :
- Ils persévéraient d’abord dans la doctrine, ou l’enseignement, des apôtres. C’est la base de tout. Les apôtres étaient ceux à qui le Seigneur avait dit : « Quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16 : 13). Leur doctrine était par conséquent le fruit de la direction de l’Esprit. L’Eglise existait maintenant, et elle avait pour première caractéristique sa soumission aux enseignements de l’Esprit par les apôtres. L’Eglise n’enseigne pas ; elle est enseignée et elle est soumise à la Parole donnée par l’Esprit.
- Ils persévéraient non seulement dans la doctrine des apôtres, mais aussi dans la communion des apôtres. Leur vie pratique et communautaire était ancrée dans la compagnie des apôtres. Auparavant ils avaient tout en commun avec le monde : maintenant leur communion avec le monde a pris fin ; elle a été remplacée par la communion avec le cercle des apôtres - et la communion apostolique est « avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1: 3).
- Ils persévéraient également dans la fraction du pain, le signe de la mort de leur Seigneur et aussi, comme nous l’apprenons par 1 Corinthiens 10 : 17, une expression de la communion des croyants entre eux. Ils avaient ainsi constamment devant eux la mort de leur Seigneur et étaient préservés de retourner à leurs anciennes associations.
- Enfin ils persévéraient dans les prières. Ils n’avaient pas de puissance en eux-mêmes ; celle-ci venait tout entière de leur Seigneur dans la gloire et de l’Esprit qui leur avait été donné. Aussi une dépendance continuelle de Dieu était-elle nécessaire pour le maintien de leur vie et de leur témoignage de chrétiens marchant dans la puissance de l’Esprit Saint.
Ces traits distinguaient l’Eglise primitive et ils devraient également caractériser l’Eglise aujourd’hui. Les points mentionnés dans les derniers versets du chapitre n’ont pas un caractère aussi permanent. Les apôtres, et avec eux les prodiges et les miracles, ont disparu. La vie communautaire chrétienne, telle qu’elle était pratiquée au début, a également cessé d’exister, de même que la persévérance d’un commun accord dans le temple et la jouissance de la faveur de tout le peuple. Cependant c’était Dieu qui dirigeait tout. La vente de leurs biens entraîna une grande pauvreté parmi les saints lors de la famine qui survint quelques années plus tard ; elle devint l’occasion de ce ministère d’assistance de la part des assemblées formées au milieu des nations (voir Act. 11 : 27-30) qui a contribué dans une si large mesure à unir les Juifs et les Gentils dans l’Église de Dieu. Pour le moment il y avait simplicité, joie et unité de cœur, accompagnées de beaucoup de louange montant à Dieu. Et le travail de Dieu, qui consistait à ajouter à l’Église le résidu croyant, se poursuivait.
Les Actes sont bien un livre historique, mais ils ne donnent pas un simple récit chronologique. Une très grande partie du service apostolique ne s’y trouve pas relaté ; seuls sont mentionnés quelques incidents qui servent à montrer comment l’Esprit de Dieu opérait pour rendre témoignage de Jésus ressuscité et glorifié, et pour conduire les disciples dans la plénitude de la bénédiction chrétienne. Le livre des Actes couvre la période de transition allant du début de l’Eglise à Jérusalem au rassemblement complet de ceux d’entre les nations.
Le chapitre s’ouvre sur la guérison de l’infirme qui, boiteux dès le ventre de sa mère, se tenait à la porte du temple, appelée la Belle. Le chapitre suivant nous apprend que cet homme avait plus de 40 ans (4 : 22) : il avait ainsi passé par une période complète de mise à l’épreuve. Il n’avait pas été guéri par le Seigneur Jésus qui pourtant avait si souvent enseigné dans le temple quand il était ici-bas, mais il l’a été par la puissance de Son nom, maintenant qu’Il était glorifié dans le ciel. Pierre n’avait ni argent ni or, mais il pouvait invoquer le nom de Jésus Christ le Nazaréen, et à l’instant l’homme connut une guérison triomphante. Combien de chrétiens sérieux se préoccupent aujourd’hui principalement de récolter de l’argent et de l’or pour soutenir l’œuvre du Seigneur, et négligent de faire appel à la puissance du nom du Seigneur ! Ne nous sentons-nous pas nous-mêmes repris ?
A cause de son infirmité, l’homme boiteux était soumis à certaines restrictions selon la Loi ; maintenant, la grâce l’ayant délivré de son handicap, il pouvait entrer librement dans le temple, et les apôtres qui avaient été les instruments de sa guérison ne pouvaient pas demeurer cachés, puisqu’il les tenait par la main. Cela donne à Pierre l’occasion de rendre témoignage. D’emblée il s’efface de la scène, avec Jean, afin que Jésus glorifié la remplisse.
La hardiesse de Pierre est remarquable. Il accuse le peuple d’avoir renié « le Saint et le Juste », alors qu’il avait lui-même renié son Seigneur peu de semaines auparavant ! Ils avaient eu à choisir entre « le Prince et l’Auteur de la vie » et « un meurtrier », c’est-à-dire quelqu’un qui ôte la vie. Ils avaient mis à mort le premier, lui préférant le second. Mais Dieu avait ressuscité d’entre les morts Celui qu’ils avaient tué et ainsi ils ont été pris en rébellion flagrante contre Dieu. En outre, cet infirme avait retrouvé l’« entière disposition de tous ses membres » par la puissance de ce nom de Jésus Christ, par la foi. Ils ne pouvaient pas voir la gloire de Jésus dans le ciel, mais ils avaient été les témoins du miracle opéré en Son nom sur la terre. La guérison sur la terre était liée à la gloire dans le ciel.
Une offre de grâce au peuple, en tant que nation
Le verset 17 montre que Dieu était prêt à traiter leur crime odieux comme un péché par ignorance - comme un homicide involontaire, pour lequel il y avait la ressource d’une ville de refuge, - et non pas comme un meurtre. C’était une réponse directe à la prière du Seigneur sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 34). Par leur acte coupable, Dieu avait accompli son propos en relation avec les souffrances de Christ ; aussi subsistait-il encore une offre de grâce qui s’adressait à eux en tant que nation. Pierre leur présente cette offre dans les versets 19 à 26 de notre chapitre. Tout dépendait de leur repentance et de leur conversion comme peuple !
Nous ne pouvons pas affirmer que Pierre ait eu à l’esprit le passage d’Esaïe 35 : 6-7 lorsqu’il parle « des temps de rafraîchissement », mais il semble bien que ces versets aient été dans la pensée de l’Esprit qui parlait par le moyen de Pierre. Lorsque « le boiteux sautera comme le cerf », alors « des eaux jailliront dans le désert, et des rivières dans le lieu stérile ». Mais tout ce rafraîchissement annoncé par Esaïe sera pour Israël, pour les tribus de Juda et de Benjamin en particulier, ou pour ceux seuls, qui en leur sein, se seront repentis d’avoir rejeté Christ. C’est pourquoi ces temps ne pourraient être introduits que par la repentance et une conversion complète ; si elles étaient réalisées tout de suite, Dieu enverrait Jésus Christ pour apporter ces bénédictions.
On s’est servi à tort de l’expression « rétablissement de toutes choses » pour lui faire dire qu’à la fin Dieu sauverait et restaurerait tout le monde - même le diable. Mais le verset dit : « le rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé.. ». Il s’agit de choses et non de personnes, et de choses dont Dieu avait parlé par ses prophètes dès le commencement. Dieu accomplira chacune de ses paroles et Il établira en Christ tout ce qui a failli entre les mains des hommes. Ce temps ne viendra pas avant que Jésus lui-même soit venu et, puisqu’Il est le prophète dont Moïse avait parlé, toutes choses seront rétablies quand Il viendra, et tous ceux qui ne l’écouteront pas seront exterminés du milieu du peuple. Il y aura ensuite une période de bénédiction telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde, qui s’étendra, semble-t-il, sur la terre entière. Nous, rachetés du Seigneur, nous serons avec Lui dans le ciel.
Pierre fait donc là, de la part de Dieu, une offre positive : si à ce stade la nation comme telle se repentait et se tournait vers Dieu, Jésus reviendrait et établirait les temps de bénédiction qui avaient été annoncés. Dans le dernier verset de ce chapitre, il ajoute encore qu’indépendamment de leur réponse, Dieu avait suscité Jésus et l’avait envoyé pour les bénir, en les détournant de leurs méchancetés. Nous avons tous besoin de ces deux éléments : premièrement, avoir nos péchés judiciairement effacés ; secondement, être détournés de nos méchancetés, afin que celles-ci perdent leur puissance sur nous.
Les cieux béniront la terre et la terre aux cieux répondra.
Toute chair dans la poussière devant Lui se prosternera.
D’après F. B. Hole
A suivre