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Caractère d’un disciple de Christ

 

Lire : Luc 14 : 26-27

            Comment faut-il comprendre le passage ? Doit-on voir quelque modification de ces paroles dans les directions apostoliques à d’adresse des parents et des enfants (Eph. 6 : 1-4 ; Col. 3 : 20) ?

            Les Ecritures étant toutes inspirées de Dieu (2 Tim. 3 : 16), il n’y a en elles aucune contradiction. Nous ne devons pas voir non plus dans les passages indiqués des épîtres de Paul, une modification de ce que le Seigneur dit dans les évangiles. Si l’on examine les chapitres 19 de Matthieu et 10 de Marc, on voit que les relations entre mari et femme sont clairement établies par le Seigneur, avant que la question de Pierre l’amène à faire ressortir le privilège de consentir à des sacrifices « pour son nom ». De même il insiste sur la bénédiction préparée pour les enfants, montrant combien son cœur était tourné vers eux, et avertissant chacun de ne rien faire qui puisse les empêcher de venir à Lui. Dans l’évangile de Matthieu surtout, on découvre la large place qu'ont les enfants dans les pensées du Père ; ils sont au bénéfice de l’œuvre du Fils qui est venu accomplir la volonté du Père en sauvant ce qui était perdu (18 : 1-14). Il ne s’agit nullement d’être indifférent quant aux enfants ou de négliger de les élever dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, bien au contraire. Et les enfants sont tenus d’obéir à leurs parents : leur obéir en toutes choses est « agréable dans le Seigneur ».
            Il faut donc chercher ailleurs l’explication des passages en question. Le Seigneur venait de montrer l’influence qu’ont les richesses sur le cœur de l’homme et Il veut que rien ne nous empêche de Le suivre. Le cœur ne fait pas tout naturellement l’abandon des choses qu’il aime. Il faut pour cela l’intervention divine ; ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. Dans sa bonté Il ne nous laisse pas à nous-mêmes. Des cieux Il a considéré la terre (Ps. 102 : 19), et Il a envoyé son Fils bien-aimé pour nous sauver. De plus, Il nous attire à Christ (Jean 6 : 44). En même temps, le Seigneur nous avertit des obstacles qui s’opposent à la marche de la foi, des barrières élevées soit par notre propre cœur, soit par l’ennemi de nos âmes, et Il veut que nous pesions ces choses dans sa présence dès le début de notre carrière chrétienne. En Matthieu, le motif que le Seigneur place devant nous est « son nom ». Dans l’évangile de Marc, le sujet est un peu développé du côté du service de la Parole, en ce que « l’évangile » y a sa place, aussi bien que sa Personne. Le Seigneur déclare : « En vérité, je vous le dis : il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou mère, ou père, ou ou enfants, ou champs, à cause de moi et à cause de l’évangile, et qui n’en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, maisons, et frères, et sœurs, et mères, et enfants, et champs, avec des persécutions et, dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (Marc 10 : 29-30). On comprend qu’il ne s’agit pas de se soustraire à sa responsabilité, mais bien de faire des sacrifices, de faire comme pendant les temps de persécution. On entre alors pleinement dans le sens de cette Ecriture pour y puiser la force et la consolation dont on a besoin. Le principe moral demeure et a son application pour tous les temps, et l’âme pieuse qui suit le Seigneur dans un monde qui L’a rejeté, éprouve la réalité de ses paroles, et peut ajouter son témoignage à celui de tant d’autres à la gloire de Christ. Ce que l’on perd ici-bas, on le retrouve d’une manière plus excellente en communion avec un Christ souffrant et rejeté, et la récompense sera infiniment augmentée durant la gloire de son règne.
            Luc, comme toujours, insiste sur le principe au point de vue de la conscience, en des  termes incisifs. Il ajoute : « et même aussi sa propre vie » (Luc 14 : 26), faisant ainsi ressortir qu’il ne faut rien permettre au cœur qui l’empêcherait de suivre le Seigneur. Il faut porter la croix, en suivant Christ, si l’on veut être son disciple.

            Il est évident que l’on ne doit nullement chercher à diminuer la force de ces paroles du Seigneur. Ce n’est que dans l’évangile de Luc que nous trouvons le mot « haïr » introduit en rapport avec les relations naturelles ; Luc va plus loin que les autres évangélistes en montrant comment Dieu met fin à tout ce qui vient du « vieil homme ». Il s’agit de le dépouiller, car il se corrompt selon les convoitises trompeuses (Eph. 4 : 22). Il faut un renoncement complet : la vérité qui est en Jésus suppose un changement radical, un renouvellement de l’esprit de notre entendement. Les vieilles choses passent, toutes choses deviennent nouvelles. Ce qui retenait le cœur et dominait les affections doit être soumis à une puissance supérieure où tout se règle selon Dieu et selon son amour parfait. Pour opérer ce changement en nous, il faut nécessairement que Dieu intervienne. Nous sommes par nature ténèbres ; et les ténèbres ne peuvent produire la lumière. Mais le chrétien est « lumière dans le Seigneur » (Eph. 5 : 8) ! Chez le vieil homme, le « moi » domine et règle tout ; chez le nouvel homme, le « moi » est mis de côté et remplacé par Christ (voyez Gal. 2 : 20-21). Or, nous avons beaucoup de peine à saisir la nécessité absolue pour nous de ce changement moral. Les foules croyaient qu’elles pouvaient suivre Jésus, jouissant de tous les bienfaits dont sa grâce les comblait, sans que leur cœur soit changé. Voilà pourquoi le Seigneur montre toute la gravité de ce qu’elles avaient si légèrement entrepris. Il est facile de dire : « Seigneur, je te suivrai » ; mais plusieurs se retirent dès qu’ils commencent à s’apercevoir des difficultés de la course (Jean 6 : 66 ; Act.15 : 38)) ; ou bien on veut poser des conditions, et lorsque Jésus dit : « Suis-moi », on trouve des difficultés imprévues dans le chemin (Luc 9 : 57-62). L’homme croit qu’il peut se rendre agréable à Dieu et s’approcher de Lui : c’était la pensée de Caïn, qui apporta à Dieu les fruits d’une terre maudite. Le Seigneur nous fait voir que le cœur est entièrement mauvais, en sorte qu’il faut haïr même sa propre vie : « Quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple » (14 : 33). Il n’est pas question ici de remplacer une affection et une responsabilité par une autre qui est plus forte, comme dans le cas du mariage (Matt. 19 : 5). Il s’agit d’entrer dans une sphère nouvelle où tout est de Dieu et non pas de l’homme. On aime alors non pas pour la satisfaction personnelle qu’on tire de l’affection, mais selon la révélation que Dieu a faite de lui-même en Christ, puisant à la source intarissable de l’amour parfait dans la lumière de sa présence, et trouvant un objet divin et éternel pour le cœur dans la personne du Sauveur. Le Saint Esprit est le mobile de cet amour dans le cœur ; toutes les relations naturelles se trouvent introduites dans cette sphère divine, car elles sont établies de Dieu ; mais elles sont assises sur une base nouvelle : le cœur y entre selon Dieu et ses pensées, et non pas d’une manière volontaire et charnelle.
            Pour réaliser cela, il faut avant tout la nouvelle naissance ; puis, il faut être délivré de soi-même, afin de servir Dieu en nouveauté d’esprit (Rom. 7 : 6) ; il faut ensuite de la vigilance afin de rester dans la dépendance de Dieu et résister aux séductions de l’adversaire : nous avons â revêtir l’armure complète de Dieu, à nous servir de l’épée de l’Esprit, à prier sans cesse. Dans l’évangile de Luc, il est précisé que l’on doit prendre sa croix chaque jour (9 : 23).

W. J. Lowe – article paru dans un ancien  périodique d'évangélisation : « le Salut de Dieu »