LE LIVRE DE JOSUE (19)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ
Les villes de refuge (Jos. 20)
Six villes de refuge
L’annonce de la grâce divine à l’égard d’Israël
Christ, à la fois ville de refuge et grand sacrificateur
Les villes des Lévites (Josué 21)
Les villes de refuge (Jos. 20)
« Afin que... nous ayons un puissant encouragement, nous qui nous sommes enfuis pour saisir l'espérance proposée… » (Héb. 6 : 18).
Maintenant que le pays a été assujetti à Israël (ch. 12), que le culte de l'Eternel a été établi à Silo (ch. 18 : 1), et que toutes les tribus ont reçu chacune leur héritage, l'Eternel ordonne de prendre les dispositions nécessaires pour que son peuple soit gardé de verser le sang innocent.
Conformément aux instructions données à Moïse à la fin du livre des Nombres, six villes sont choisies, afin que celui qui avait tué un homme par mégarde puisse s’y réfugier ; elles étaient une ressource merveilleuse de la grâce de Dieu à l’égard de celui qui avait tué son prochain sans le vouloir. Il pouvait ainsi échapper au « vengeur du sang » qui poursuivait le meurtrier dans le but de le tuer à son tour.
Le nombre six - inférieur au nombre sept, symbole biblique bien connu de la perfection - caractérise l'imperfection humaine. La situation de ces villes, trois de chaque côté du Jourdain (Nom. 35 : 14, Jos. 20 : 7-8), montre qu'un parfait témoignage à la grâce divine était établi par Dieu sur les deux rives du fleuve. Nous ne pouvons que constater notre état de péché et d'imperfection absolu ; et pourtant, « là où le péché abondait, la grâce a surabondé » de sorte que la miséricorde de Dieu s'étend à tous (Rom. 5 : 20 ; 11 : 32).
Dans le pays de la promesse, chacune de ces villes était, semble-t-il, située sur une hauteur, bien en évidence. De larges routes y conduisaient, et leur tracé avait été conçu pour en faciliter l'accès. Les portes des villes de refuge devaient toujours être ouvertes. De la part de l’Eternel, Moïse l’avait bien stipulé : « Tu t’en prépareras le chemin… afin que tout homicide s'y enfuie » (Deut. 19 : 3).
Quand l’homicide se trouvait à l'abri dans la ville de refuge, les anciens avaient la responsabilité d’instruire l'affaire, à l'endroit où se rendait officiellement la justice, c'est-à-dire à la porte de la ville. Alors, s'il était prouvé que l’homme n'avait pas frappé son prochain à dessein et qu'il ne le haïssait pas auparavant, le droit d'asile lui était accordé à l'intérieur des murs. Toutefois, bien que la vie de l'homicide fût ainsi protégée, son héritage lui était confisqué, et cela aussi longtemps qu'il demeurait à l'intérieur de la ville de refuge. Il n'était qu'un réfugié, bénéficiant d'un droit de protection. A la mort du grand sacrificateur qui était en ces jours-là, sa situation changeait radicalement. A l'avènement d'un nouveau grand sacrificateur, l'homicide recevait un plein pardon pour son acte meurtrier, la liberté et la restitution de son héritage. Il pouvait s'en retourner et revenir « dans sa ville et dans sa maison, dans la ville d'où il s'était enfui » (Jos. 20 : 6).
L’annonce de la grâce divine à l’égard d’Israël
Comment se fait-il qu'au moment même où tout le pays venait d'être distribué entre les tribus, et que la tente d’assignation dressée à Silo est le centre reconnu de tout le peuple de l’Eternel, il soit fait mention de ces villes de refuge et de ce commandement plein de grâce relatif à l'homicide ? Dans les principes de justice que Dieu exige de son peuple, et dans la manière avec laquelle Il veille à ce que le pays ne soit pas souillé par le sang innocent, on trouve certes une réponse à cette question, mais, au-delà, nous découvrons ce qu’en type nous enseigne cette ordonnance dont la portée actuelle est du plus vif intérêt.
Il y a deux mille ans, l’homme leva la main contre le Seigneur, le sang innocent a été versé, et depuis ce jour, le pays de Canaan en est resté souillé et les Juifs, principaux responsables de cet homicide, ont été bannis de leur pays. Des étrangers se sont établis dans les lots que l'Eternel avait assignés aux tribus ; l'héritage est confisqué et, apparemment, perdu. Mais au-dedans du voile, dans le sanctuaire céleste, le Grand Sacrificateur demeure. Le Seigneur a traversé les cieux et, bien qu'à l'insu de la nation qui, de ses mains cruelles, l'a mis à mort, Il vit là-haut. Aussi longtemps qu'Il y demeurera, Israël restera privé de son héritage. Mais quand Il reviendra, l’Israël fidèle recevra un plein pardon, et chacun héritera à nouveau de sa demeure. Ce jour-là, dans la gloire millénaire, le Nom du Seigneur et sa présence seront le centre, le vrai Silo, gages de la paix de l'héritage promis sur la terre.
« Et l'Eternel parla à Josué, disant : Parle aux fils d'Israël, en disant : Etablissez-vous les villes de refuge... » (Jos. 20 : 1-2) ; ces paroles, prononcées immédiatement après cette déclaration : « Ils achevèrent le partage du pays » (19 : 51), font ressortir les soins miséricordieux de l'Eternel envers les fils d'Israël. Chassés du pays que l'Eternel leur avait donné, ils n'en sont pas moins aujourd’hui les objets de la miséricorde providentielle de Dieu, jusqu'au jour où ils rentreront dans leur héritage. C'est pourquoi, bien qu'Israël ne le comprît point alors, le « chemin préparé » qui conduisait à chacune de ces villes, annonçait la grâce divine à l’abri de laquelle ils seraient placés au terrible jour de leur crime, lorsqu'ils mettraient à mort le Fils de Dieu.
Alors qu'aux yeux des hommes, ces jours où Israël vainqueur demeurait en Canaan ne sont qu'une scène auréolée d'une gloire nationale révolue, aux yeux de la foi le retour de la nation dispersée dans la terre promise est subordonné à l'apparition du Grand Sacrificateur qui est présentement dans le ciel. Si les Juifs s'étaient repentis lorsque le Saint Esprit, le jour de la Pentecôte, rendit témoignage par les apôtres à la mort, à la résurrection et à l'élévation de Christ dans le ciel, l'héritage aurait alors été rendu à Israël, car nous lisons : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés : qu’ainsi des temps de rafraîchissement puissent venir du Seigneur, et qu'il envoie Jésus Christ, celui qui vous est destiné ; lui, il faut que le ciel le reçoive, jusqu'aux temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps » (Act. 3 : 19-21). Ils ne se repentirent point, et ces temps promis du « rétablissement de toutes choses » ne sont pas encore venus ; mais la ferme promesse demeure, car il est impossible que Dieu mente (Héb. 6 : 18), et la parole jurée aux pères aura son accomplissement.
Aujourd’hui donc le Sacrificateur est caché au-dedans du voile. Jésus est dans le ciel où il exerce son ministère dans la présence de Dieu. « Grand souverain sacrificateur », Il est occupé des besoins constants des siens et, compatissant à leurs faiblesses (Héb. 4 : 14-15), Il les conduit vers la céleste patrie. Mais Il introduira son peuple dispersé, Israël, dans son héritage promis, lorsque les cieux, qui aujourd'hui Le cachent, s'ouvriront pour Le laisser paraître. Ce jour est proche. « Lui, il bâtira le temple de l'Eternel, et il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône » (Zach. 6 : 13). Au titre doublement glorieux de Sacrificateur et de Roi, il introduira Israël dans son héritage ; chaque tribu aura son lot. Le temple et le trône seront exaltés, et les vieillards autant que les jeunes gens se réjouiront en l'Eternel dont les paroles sont infaillibles comme l’écrit le prophète : « Ainsi dit l'Eternel des armées : Il y aura encore des vieillards et des femmes âgées, assis dans les rues de Jérusalem, chacun son bâton à sa main, à cause du nombre de leurs jours. Et les places de la ville seront pleines de jeunes garçons et de jeunes filles, jouant dans ses places » (Zach. 8 : 4-5).
Christ, à la fois ville de refuge et grand sacrificateur
Dans les jours qui suivirent la mort de Christ, l'Esprit de Dieu, par la bouche de l'apôtre Pierre dit aux fils d'Israël : « Vous avez mis à mort le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d'entre les morts… Maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance, comme aussi vos chefs » (Act. 3 : 15, 17). Dans sa grâce, en réponse à la prière de Jésus : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 34), Dieu admettait que ceux qui avaient été les meurtriers de Jésus avaient péché par ignorance. En fait, Il parle des Gentils d'une manière un peu semblable lorsqu'il dit, à propos de la sagesse de Dieu : « Cette sagesse, aucun des chefs de ce monde ne l’a connue (car s'ils l'avaient connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire) » (1 Cor. 2 : 8). Le meurtre voulu, arrêté d'avance, du Seigneur en tant que l'Envoyé de Dieu aurait été un péché impardonnable.
Le Seigneur Jésus est maintenant tout à la fois la vraie ville de refuge et le Sacrificateur, non seulement pour les Juifs mais aussi pour les nations ; notre sécurité et notre héritage sont également liés à lui. « Nous… nous sommes enfuis pour saisir l’espérance proposée que nous avons comme une ancre de l'âme, sûre et ferme, qui pénètre jusqu’à l’intérieur du voile » (Héb. 6 : 18-19). Le chrétien doit toujours prendre très à cœur cette pensée solennelle que la culpabilité de l'homme qui a versé le sang de Christ pèse sur le monde, tandis que le pécheur qui se repent de ses péchés trouve toujours la ville de refuge prête à le recevoir, de jour comme de nuit.
Selon la tradition juive, les routes conduisant aux villes de refuge étaient toujours parfaitement entretenues ; des poteaux indicateurs portant ces mots : « Refuge ! Refuge ! » se dressaient aux carrefours pour indiquer le chemin. Et des « coureurs », très versés dans la loi de Dieu, étaient postés le long du chemin pour guider le fugitif vers le lieu de son salut. Ces traditions sont des plus suggestives pour ceux qui aiment les âmes, et ces « coureurs » sont une image heureuse des évangélistes dont les pieds doivent être rapides et le cœur ému de compassion pour venir au secours de ceux qui réalisent qu’ils sont perdus et les conduire jusqu'à Christ et à la connaissance de la vérité de Dieu.
Le sang de Christ a fait valoir en grâce les exigences de la justice divine, et les portes du salut sont toutes grandes ouvertes pour recevoir le transgresseur. Dieu révèle la plénitude de son amour, et par ses serviteurs - ses « Lévites » - qui exposent sa Parole, Il invite les pécheurs à entrer et à jouir de sa grâce. La voix de l'amour retentit aujourd'hui, du haut du trône de la Majesté, proclamant que le Seigneur Jésus dans le ciel se porte garant de la vie de ceux qui l'ont mis à mort. Cette sécurité est la part de ceux qui se sont enfuis et réfugiés en Christ. Parce que c’est « en espérance » qu’ils ont été sauvés (Rom. 8 : 24) - l'espérance de la gloire à venir - un glorieux héritage leur appartient, des bénédictions et des arrhes duquel ils peuvent déjà jouir dès ici-bas dans la pleine certitude de la foi.
Les villes des Lévites (Josué 21)
« Il (Christ) a fait des dons aux hommes… C’est lui qui a donné les uns comme… pasteurs et docteurs » (Eph. 4 : 8, 11).
A la différence des autres tribus, les Lévites n'avaient ni terres ni héritage en Canaan, et lorsque les villes de refuge eurent été assignées par l'Eternel, ils s'approchèrent du grand sacrificateur, Eléazar, et de Josué, à Silo, pour faire valoir leurs droits sur les villes et les banlieues au sujet desquelles Moïse avait commandé aux tribus de les prendre de leur héritage pour les donner aux Lévites.
Les lots pour les familles de Lévi leur échurent de telle manière que les fils d'Aaron, le sacrificateur, reçurent leurs villes dans l'héritage de Juda - au milieu duquel Siméon avait aussi sa part - et dans celui de Benjamin. Ainsi, par la main de l'Eternel, il fut décrété que les familles des sacrificateurs seraient établies aux alentours de la cité royale, Jérusalem. Il y a toujours une intention derrière chaque détail de la prise de possession de l'héritage d'Israël, et cet héritage tout entier porte le sceau d'une beauté et d'un ordre divins.
« Quarante-huit villes » étaient échues aux Lévites « au milieu de la possession des fils d'Israël » (v. 41) : quatre fois douze. Ce nombre recouvre aussi un dessein divin : il revient souvent dans les voies de Dieu envers Israël et parle de l'administration dans son royaume. Quant au nombre quatre, on le retrouve dans toute la Bible ; il donne une idée de plénitude. C'est pour cela que ces villes, attribuées aux Lévites et réparties çà et là dans l'héritage d'Israël, indiquent que Dieu avait tout bien ordonné et qu’il avait pourvu à la parfaite administration de sa Parole dans le pays qu'Il avait donné à Israël.
C'est aux Lévites qu'incombait la responsabilité solennelle - qui était aussi un privilège insigne - d'instruire Israël dans la loi de l'Eternel. « Ils enseigneront tes ordonnances à Jacob et ta loi à Israël » (Deut. 33 : 10). Au jour de la bénédiction d'Israël qui est encore à venir, le prophète déclare au sujet de Lévi : « Ils instruiront mon peuple à distinguer entre ce qui est saint et ce qui est profane, et lui feront connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur. Et, dans les contestations, ils se tiendront là pour juger ; ils jugeront par mes jugements » (Ezé. 44 : 23-24). « Car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont irrévocables » (Rom. 11 : 29), et Il accomplira son grand dessein selon la promesse faite aux pères, et Il établira encore sa parole au pays de Canaan.
Les Lévites étaient mis à part du reste d'Israël pour le service du sanctuaire et l’enseignement de la Parole de Dieu, et, tandis qu'ils montaient par le chemin pour aller adorer Dieu, puis s'en retournaient vers leurs villes après s'être acquittés de leur service sacré, le peuple tout entier gardait ainsi en mémoire la Loi de l'Eternel qu’ils lui avaient encore une fois rappelée.
Ainsi, dans l'agencement final des possessions dans le pays de la promesse, l'Eternel avait pourvu au maintien de la connaissance de sa Parole parmi son peuple. Sans cela, il en aurait été, inévitablement, fini de sa prospérité car, sans l'obéissance à la Parole de Dieu, les fils d'Israël auraient été, à coup sûr, déchus de leurs privilèges inouïs.
Sur les collines d’Ebal et de Garizim, l'Eternel avait établi Israël dans le pays, lui enjoignant d'obéir aux commandements solennels de sa Loi. Ce jour-là, Israël était entré formellement en possession de son héritage ; et maintenant que tout le pays avait été partagé, cette répartition des Lévites au sein de la nation couronnait le tout de façon remarquable. Les différents actes relatifs à la prise de possession du pays sont encadrés par le premier et le dernier qui ont trait à la Loi. La prospérité d'Israël, du début jusqu'à la fin, dépendait de son obéissance à la Parole de l’Eternel. La position des Lévites était donc des plus importantes, et il en est de même de celle des serviteurs de Dieu que Lui-même a choisis pour instruire son peuple aujourd’hui.
D’après H. F. Witherby